- 15 - Le Pot aux Roses

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Un éternuement sonore retentit dans le couloir des Chefs de Garde alors que la matinée était presque achevée. Tout le monde était déjà bien affairé et il n'y avait pas un Jipinku pour fouler le tapis écarlate du corridor.

Dans la chambre à la porte d'ébène où dormait d'ordinaire un certain Vampire, c'étaient deux Elfes qui étaient fort occupés.

- Allez, laisse-toi faire, bon sang ! râla Eweleïn.

- Non et non ! Tu ne me touches pas ! rétorqua aussitôt Ezarel.

- Mais tu sais que je ne vais pas te faire mal, quand même.

- Ahh ! Tu as les mains froides ! Dégage !

- C'est parce que tu es chaud comme la braise, ce n'est pas de ma faute !

Cette petite bagarre continua ainsi encore quelques instants jusqu'à ce que la voix et les vociférations d'Ezarel ne s'amenuisent. Visiblement, Eweleïn avait gagné. Après la nuit qu'il avait passé sous la pluie, Ezarel était malade comme un Corko. Comme sa chambre était encore inutilisable, Nevra lui avait proposé de partager la sienne.

Évidemment, l'Elfe avait hésité. Il ne voulait ni attiser, ni tenter le diable. Mais après le temps qu'ils avaient passé l'un contre l'autre à s'embrasser goulûment, Ezarel s'était dit que dormir auprès de son Vampire ne pouvait être qu'agréable. C'était sans compter sur la maladie qui lui était tombé dessus dans son sommeil. Sa température était montée en flèche, pourtant, il avait tremblé de froid malgré le fait d'être blotti contre Nevra. Son crâne s'en retrouvait coincé dans un étau et il avait la tête d'un Zombie de la Terre des Morts. L'avantage, c'était qu'il n'attisait pas grand chose dans cet état.

Nevra était parti au Labyrinthe Brumeux, la base des Ombres, pour rattraper ses nombreuses tâches laissées en suspens la veille. Il allait certainement devoir expliquer pourquoi il était resté cloîtré toute la journée. Chrome s'était réellement inquiété.

Eweleïn était venue toquer à la porte du Vampire pour savoir où Ezarel était passé, inquiète elle-aussi de ne pas le voir répondre à l'appel ce matin-là. Autant dire qu'elle avait été surprise de découvrir l'Elfe dans le lit de Nevra. Mais lorsqu'il lui avait expliqué pour l'odeur de sa chambre, elle s'était contenté de cette justification. Eweleïn restait discrète comme toujours et c'était plutôt appréciable.

En constatant l'état de son alchimiste, elle était repartie en baragouinant dans sa moustache. Ezarel commençait à se rendormir quand la jeune femme au teint mauve avait à nouveau fait irruption dans la chambre. Elle tenait une trousse de fioles et des instruments de médecine. Ezarel avait frémit en voyant cela. Il savait ce que cela signifiait. Elle voulait l'ausculter, évidemment.

Ça n'avait pas été faute de lutter vaillamment pour empêcher Eweleïn de le toucher, mais il avait la force d'une Flagadouille asthmatique et n'avait pas réussi à repousser l'infirmière. Elle lui avait même promis de rester aussi longtemps que nécessaire pour pouvoir le soigner.

- Bourtant, je bensais que tu serais bien contente de be voir dans cet état, grinça Ezarel, le nez bouché.

- C'est vrai, lui sourit-elle. Mais, tu n'en restes pas moins mon patient.

Elle lui tamponna le front avec un linge humide pour faire baisser sa température. Elle fut douce et délicate. Eweleïn savait combien Ezarel ne supportait pas qu'on le tripote et elle voyait bien tous les efforts qu'il faisait en travaillant sa phobie avec Nevra. Elle ne voulait pas interférer ou le faire régresser.

- Et mon chef de Garde, ajouta-t-elle comme s'il s'agissait d'une information sans importance.

Ezarel écarquilla les yeux et se redressa aussitôt dans le lit. Enfin, il tenta de se redresser, mais comme il était courbaturé, dû au rhume, il retomba comme une loque dans les draps moites.

- C'est vrai ?! s'écria-t-il, la voix pleine d'espoir. Biiko b'a rendu bon poste ?

- Non, pas encore, le calma Eweleïn. Mais tu as fait énormément de progrès et ça ne devrait plus tarder selon moi.

- Tu trouves que j'ai fait des brogrès ?

Eweleïn fit mine de réfléchir un instant comme si la question valait vraiment la peine de s'y pencher, puis finit par approuver :

- Oui. Rien qu'en ce moment-même ! Il y a quelque temps de ça, j'aurais dû faire appel à Valkyon pour te maintenir pendant que je t'auscultais. Tu t'es débattu, mais tu as abandonné. Avant, même aux portes de la mort, je n'aurais pas posé la main sur toi.

- Détrombe-toi, la corrigea Ezarel. Prebièrebent, j'ai bêbe bas la force de be redresser, alors cobbent veux-tu que je be débatte ? Deuxièbebent, j'ai déjà envie de vobir, alors un beu de blus ou un beu de boins...

- Tu es tellement charmant, Ezarel ! sourit faussement Eweleïn, refusant d'admettre qu'il l'avait vexée.

Elle essora son linge devenu chaud, sans quitter l'Elfe des yeux.

- Tu vas finir vieux garçon si tu ne fais pas preuve d'un peu plus de tact, ronchonna-t-elle.

L'alchimiste sentit une bouffée de chaleur lui monter au visage à cette réflexion. Pauvre Ewelein, si elle savait.

- Et puis, quand on a de la fièvre, il faut se découvrir ! le gronda-t-elle, en attrapant la paire de draps qui était montée jusqu'au menton de l'Elfe.

Avant qu'il ne puisse le réaliser, la jeune femme avait déjà tout arraché, exposant Ezarel en boxer à l'air frais de la pièce.

- Bais ça va bas ! s'écria-t-il, surpris en tentant de rattraper les draps.

Mais déjà, les étoffes de satin et l'édredon en plumes glissaient au sol, hors de portée de l'Elfe. Il braqua son regard sur Eweleïn pour la sommer de le recouvrir, quand il se rendit compte qu'elle s'était figée.

- Quoi ?! grogna l'alchimiste.

Puis il remarqua son regard et d'un bref coup d'oeil, il constata que son corps était parsemé d'hématomes. Sa course et sa querelle avec Nevra avait laissé des marques sur sa peau. Cependant, ce n'était pas cela qu'Eweleïn fixait. Les bleus, c'était quelque chose, mais son cou, c'était autre chose.

Rapidement, comme prit sur le fait, Ezarel plaqua une de ses mains sur les petites boursouflures de sa jugulaire.

- Ce.. ce n'est rien, balbutia-t-il en tâchant d'être le plus convainquant possible.

L'infirmière papillonna des cils pour remettre ses idées en place et un sourire coquin étira ses lèvres fines.

- Non, ce n'est pas rien, Ez'. Tu ne finiras peut-être pas vieux garçon tout compte fait.

Ezarel ouvrit grand les yeux. Elle avait compris. Elle avait tout compris ! L'Elfe devina que c'était inutile de se fatiguer en excuses bidons, cela ne convaincrait en rien Eweleïn.

- Je ne te savais pas aussi ouvert, Ezarel, ajouta-t-elle, élargissant son sourire.

Ezarel reprenait à peine son souffle que déjà, Eweleïn rangeait ses affaires, prête à partir. L'alchimiste devait la retenir, l'empêcher de parler ou au moins lui faire promettre de garder le secret professionnel. Eweleïn n'était pas une pipelette et ne divulguait pas ce genre d'information en temps normal. Mais il devait en être certain. S'il avait pu la rendre muette avec un sortilège, Ezarel l'aurait sans doute fait !

Mais l'infirmière se dirigeait vers la sortie et l'alchimiste n'avait même pas la force de descendre du lit. Quand soudain, le battant de la porte s'ouvrit à la volée. Nevra entra en trombe dans la chambre en lançant une pochette en cuir sur le canapé. Il était visiblement de mauvaise humeur. Quand il vit Eweleïn juste à coté et Ezarel presque nu sur le lit, il se retrouva interdit. Ezarel tenta de lui faire des signes de tête pour qu'il ne pose pas de questions. Ça ne ferait que renforcer l'idée que se faisait Eweleïn de leur relation. Mais Nevra ne voyait que le corps dénudé de son amant et l'Elfe parme affichant un grand sourire.

- Qu'est-ce que vous faisiez ? lâcha-t-il tout d'un coup, de la jalousie clairement perceptible dans sa voix.

- Mais rien, le rassura Eweleïn, radieuse. Je suis venue lui prodiguer un onguent.

Ezarel s'enfonça dans son oreiller. Il pouvait mourir maintenant. Nevra venait de confirmer tous les doutes déjà bien solides de l'infirmière. Elle s'avança encore et posa sa main sur l'épaule de Nevra avant de reprendre :

- Je te le laisse, prends bien soin de lui.

Elle glissa un clin d'oeil vers Ezarel et referma la porte derrière elle. Ezarel retourna l'oreiller pour se le mettre sur le visage, cherchant à s'étouffer pour abréger ses souffrances.

- Qu'est-ce qu'elle t'a fait ? interrogea Nevra en s'asseyant sur le lit.

- C'est une infirbière... rappela Ezarel, la voix étouffée par le coussin.

- Elle avait l'air un peu trop joyeuse, selon moi. Et qu'est-ce que tu fous à moitié à poil devant elle ?

Ezarel retira l'oreiller de son visage et souleva ses paupières. Il tenta de se redresser en s'appuyant sur ses coudes. En vain. Il darda son regard sur le visage du Vampire, dont les sourcils étaient froncés et les commissures étirées vers le bas.

- Tu... tu be fais une crise de jalousie, là ? s'étonna Ezarel.

- Pas du tout ! s'empressa de répondre Nevra. C'est juste que je me méfie. Elle aurait pu essayer de te toucher et de te faire régresser.

Ezarel flanqua un coup de poing de la force d'un mollusque dans l'épaule de l'Ombre, avant de se moucher bruyamment pour se dégager le nez.

- T'es jaloux ! C'est tordant et inespéré comme situation, pouffa Ezarel.

Nevra lui lança un regard accusateur avant de bondir sur lui. Il ne lui laissa aucune chance de fuite et monta à cheval sur sa taille avant de poser ses mains de chaque coté de la tête d'Ezarel.

- Ça te déplaît que je sois possessif ? lui demanda-t-il, réellement soucieux de la réponse.

Timidement, Ezarel posa ses mains sur les hanches du Vampire. Le sentir sur lui de cette façon n'aidait pas à faire baisser sa fièvre.

- Non, pas vraiment, mais...

Le cœur du Vampire se serra dans sa poitrine. Quand il y avait un "mais", il en ressortait rarement indemne. Ezarel remarqua la crainte de Nevra et préféra prendre des pincettes pour ce qu'il avait à dire.

- Je voudrais juste que... tu lèves le pied. Seulement quelques temps, ajouta-t-il rapidement en voyant la mine du Vampire.

- Que je lève le pied ? répéta Nevra.

- Je veux pas que tout le monde soit au courant. Eweleïn n'est pas une commère, elle ne dira rien, je pense, mais si elle l'a remarqué d'autres pourraient deviner aussi.

Nevra ne souriait plus. Il se redressa en prenant appui sur le torse de son ami.

- Je ne pensais pas que tu en aurais honte, se vexa-t-il. J'oubliais que tu es le grand Ezarel, son altesse elfique.

- C'est pas que j'en ai honte, s'empressa de rectifier Ezarel. C'est que c'est nouveau pour moi et je ne sais pas comment me comporter vis à vis des autres.

- Depuis quand tu te soucies de ce genre de détail ?

Nevra était réellement dubitatif. Il sentait l'entourloupe et préférait en avoir le cœur net. Loin de lui l'envie de se lancer dans une relation qui le ferait souffrir. Ezarel haussa un sourcil, comme si la réponse à sa question était une évidence.

- Depuis que je traîne avec toi ! l'accusa ouvertement l'Elfe. Si je me sens visé par les regards et les murmures, je me connais, je vais afficher mon sourire et t'ignorer.

Nevra rit. En vérité, il était attendri par l'attention de l'alchimiste. Son amant était intimidé et il trouvait ça adorable. D'autant plus qu''Ezarel admettait ne pas vouloir prendre le risque d'être un connard avec lui. Il se connaissait et préférait prendre les devants pour s'empêcher d'agir comme un idiot.

Le Vampire était complètement fou de son Elfe. Il n'avait qu'une envie à présent, c'était de lui prouver à quel point il l'aimait. Aussi, il se pencha à nouveau au dessus de son visage et respira ses lèvres avant de les embrasser.

Ezarel souffla et se détacha à contre cœur de son amant.

- J'ai le nez bouché ! râla-t-il. Tu me fais faire de l'apnée, tu veux me tuer ?

- Je te réanimerai, répondit Nevra dans un souffle en retournant à l'assaut de la bouche rebelle.

Mais Ezarel se débattait. Fébrilement, certes, mais suffisamment pour décourager le Vampire.

- Okey, okey ! J'ai compris, pas la bouche, accepta-t-il en mordillant la ligne de la mâchoire d'Ezarel tout en laissant ses doigts courir sur son ventre doux. Tu préfères peut-être que j'aille... ici !

Ezarel s'exclama de surprise. Nevra avait glissé les doigts dans son boxer. Son baiser et les caresses lui avaient déjà fait de l'effet et ça n'avait pas échappé au Vampire. Ezarel le frappa pour l'empêcher d'accéder à cette partie de son anatomie. Il ne voulait pas céder à Nevra trop vite. Il acceptait son contact et ses caresses bien volontiers mais cette partie de son corps ne lui était pas encore acquise, bien que le Vampire ait eu une grande influence dessus.

- Quoi ? rit Nevra. Tu m'as demandé de me calmer en public, non ?

Les sourcils froncés d'Ezarel obligèrent Nevra à retrouver son sérieux.

- Promis, rien de trop compréhensible en public.

- Rien de subtil non plus ! le corrigea aussitôt l'Elfe.

- T'as vraiment pas d'humour, railla Nevra.

- J'en ai, mais pas quand je suis le sujet.

N'ayant rien de plus à dire, Nevra goûta simplement cette bouche qui parlait trop. Ezarel ne se défendit pas et accepta de bon cœur les lèvres charnues du Vampire. Déjà, la température de son corps remontait dangereusement. L'effet que Nevra avait sur lui était réellement problématique.

Aussi, Ezarel tenta de repousser le brun d'un coup de menton, mais c'était sans compter sur l'acharnement de ce dernier.

- Nev... tenta-t-il d'articuler entre deux baisers. Promets-moi.

Le Vampire esquiva la question en s'engouffrant dans le cou moite d'Ezarel.

- Okey, okey, assura-t-il en griffant la peau d'albâtre de ses dents.

Ezarel dut réprimer un frisson pour ne pas céder à la tendresse de Nevra.

- Sérieusement, parvint-il à souffler d'un ton qui se voulait catégorique.

Visiblement, ce simple mot fit son effet puisque Nevra souffla longuement dans le cou d'Ezarel avant de se redresser juste assez pour que leurs regards s'accrochent.

-Promis, je ne prendrai pas de risque. En public, ajouta-t-il devant l'importance de ce détail. Mais en privé, tu es à moi.

- Oh là ! Doucement, je suis encore maître de mon corps et tu n'en es pas le propriétaire, lui rappela Ezarel.

- Tu es sûr de ça ? questionna Nevra en se dandinant sur lui.

Le Vampire était plutôt doué pour réfuter chaque défense d'Ezarel. L'Elfe savait qu'il n'était plus maître de son corps depuis un certain temps. Cependant il était bien décidé à céder les dernières parties vierges du toucher de Nevra le plus tard possible.


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