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1) J'aimerais devenir jolie et joyeuse. Surtout, joyeuse en fait.

2) J'aimerais intégrer la plus prestigieuse école de théâtre une fois le lycée terminé.

3) J'aimerais me faire encrer au feutre noir la date de Henri au creux de mes reins. Et que jamais cela ne s'efface.

4) J'aimerais qu'Henri revienne. Qu'il s'asseoie au bord de mon lit et que je puisse lui confier à quel point il me manque.

5) J'aurais tant aimé porter le prénom Caroline. Ça doit être tellement plus facile à entendre.

6) J'aimerais qu'un jour, on m'invite à un musée d'art et que l'on me parle toute la soirée de peinture.

7) J'aimerais rencontrer la personne qui a mis un ticket pour aller visiter un musée d'art moderne dans mon casier.

8) J'ai envie de changer le Monde et que l'on parle de moi en tant qu'astronome épatante.

9) La soirée de vendredi était absolument divine. Horace a merveilleusement bien deviné que ce genre de peintures me plairait. J'aimerais qu'il m'invite une seconde fois.

10) J'aimerais pouvoir faire l'amour autant de fois que l'envie me prend sans jamais être effrayée de propager la saleté de maladie que ma mère m'a donnée.

11) Débauche destructrice, pourquoi as-tu pris Baudelaire et mon père?
Tu aurais dû les laisser vivre une longue vie satisfaisante avant de les emmener dans l'autre monde.

12) Parle-moi de Monet et Tchaikovsky toute la nuit.
Emmène-moi regarder les constellations magnifiques du ciel et dormons sur l'herbe humide et accueillante du mois de mai.

13) Je ne veux pas tomber amoureuse. Je veux juste qu'Ossian revienne habiter dans la maison voisine à la mienne.

****

Je sais qu'à la base, j'avais écrit toutes ces choses pour moi, pour moi seule et que je n'avais absolument pas l'intention de les faire lire à qui que ce soit. Mais j'ai très vite remarqué que tu me lisais clandestinement...
Je m'en suis rendue compte en mi-avril, lorsque j'ai écrit la première chose de cette liste.

Je me souviens de ton regard bleu persan posé avec insistance sur les quelques lignes que j'écrivais en m'appliquant. Tu devais certainement me trouver stupide de souhaiter une chose aussi futile que la beauté.
Quand j'y repense, je suis choquée de ma personne. Tu sais, je ne suis pas superficielle, en vrai.

Alors, si je t'ai donné ce carnet orange, c'est pour une raison que je dois de t'expliquer.
Si tu as lu tous mes rêves enfouis, je pense que j'ai le devoir de t'éclaircir les pensées. Ça va me faire bizarre mais je risque de ne plus jamais te revoir plus tard, donc je me lance.

Mon premier souhait était la beauté et la joie. Je pense qu'il y a plus désagréable que moi à la vue comme le contraire. Là n'est pas le problème. Il est à ma façon de marquer les esprits. En effet, je ne les marque absolument pas.
On se souvient toujours de mon amie, Gaëlle mais pas de moi. On se rappelle sans problème de ma soeur, Lyne mais jamais de moi.
Ce sentiment est excessivement frustrant. Je ne sais pas si tu l'as déjà vécu mais j'espère de tout mon être, pour toi que ce n'est pas le cas, que tu te démarques dans cette société aux valeurs médiocres.

Je n'attends pas grand chose de la beauté, en fait. Certes les belles comédiennes sont plus appréciées que toutes les autres mais j'aimerais réussir pour ce que je suis à l'intérieur de moi et non pour l'image que je renvoie et que je peux changer avec aisance.

En un second temps, j'ai parlé de mon envie d'intégrer une prestigieuse école de théâtre, car j'aimerais devenir comédienne à temps partiel. L'astronomie est le métier de mes rêves mais il est vrai que je serai comblée de pouvoir le combiner avec des scènes, des jeux, des improvisations et de nombreuses autres choses dans le même genre.

Tu dois certainement penser que je suis une personne étrange avec des lubies farfelues. Que je ne sais pas ce que je veux. Et tu as extrêmement raison. Je ne sais pas grand chose sur ma personne. Je me contredis sans cesse aussi, même si tu n'as pas fait le rapprochement en lisant.

Je tiens donc à m'excuser et vais t'expliquer pour toutes ces anomalies dont je fais preuve.
Je pars du principe que j'ai toute la vie devant moi et que faire des études est quelque chose de sublime, une grande chance pour rester en harmonie avec soi-même le plus longtemps possible.
Je compte donc intégrer le conservatoire jusqu'à mes vingt-quatre ans et ensuite, je me lancerai dans l'astronomie. Et à ce moment-là, je serais heureuse et ne ferai plus autant attention à des choses aussi stupides que mon prénom.

Pour ce qui est de mon prénom, il me plaît en me lassant. Il est étrange à la prononciation et je ne supporte pas que l'on pense à ma défunte arrière-grand-mère en m'interpellant. C'est bête mais ça me rend folle.

Qui est Henri? Je te dois des explications, je pense.
Enfin, non, je ne te dois absolument rien. Tu n'avais pas à poser tes yeux un peu trop curieux sur ce livre. Mais bizarrement, j'ai envie d'écrire ces mots et te les faire lire donc je vais le faire.
Henri était mon voisin, le père d'Ossian. J'étais très attachée à ces deux personnes qui ont vécu treize ans à côté de chez moi.
Ossian a actuellement quatorze ans et malgré ses quelques années en moins que moi, nous sommes très proches, très fusionnels. Jamais l'un sans l'autre, pour tout te dire. C'est comme mon petit frère. Et Henri, comme mon père.
Puis ce dernier a été frappé par un cancer du pancréas et en est décédé l'an dernier.
Quel ne fut pas mon chagrin lorsque j'ai été mise au courant! Je ne suis plus sortie de chez moi durant plus de trois jours.
Il m'a fallu du temps avant de revoir Ossian sans pleurer devant lui en repensant à son géniteur adoré mais rapidement, il m'a révélé le fait que sa mère voulait quitter la maison et qu'ils déménageaient donc.
Ma peine a été amplifiée quinze fois.

Ma mère ne cesse de me répéter: "Tombe amoureuse et arrête de penser en permanence à Ossian. Il n'est pas loin". Elle a raison mais je ne veux pas l'admettre à cause de ce que ce changement a engendré chez moi.

Pour ce qui est de la peinture, je n'ai pas grand chose à dire. J'adore Monet depuis que je suis capable de m'impressionner devant de réelles oeuvres.
Puis un jour, j'ai reçu un ticket dans mon casier. Ce dernier n'était pas signé mais était attaché à un petit bout de feuille sur lequel il était inscrit: "J'espère que tu aimes l'impressionnisme. Si oui, RDV après les cours demain sur le balcon". J'ai trouvé ça minable, pour être sincère mais mon amour pour la peinture et ce mouvement pictural a tout fait tanguer.
J'y suis allée et c'était vraiment bien. Comme tu l'as curieusement lu, c'était Horace l'auteur de cette invitation et ses connaissances sur toutes ces peintures impressionnistes m'ont épatée. Le courant est très bien passé entre nous.

Quelques jours plus tard, un second ticket est apparu dans mon casier. J'ai cru que c'était encore Horace qui voulait m'emmener découvrir Edgar Degas, le misanthrope au talent fou du vingtième siècle.
J'aurais aimé y aller mais ce n'était pas Horace. Je ne connais toujours pas l'identité de l'auteur de cette invitation mais si c'était une blague, je la trouve de très mauvais goût, voire déplacée.

Je n'ai plus que deux choses à te raconter, les deux choses les plus gênantes et difficiles: mon père et ma maladie.
J'ai un peu honte d'avoir révélé ça. Je savais que tu étais derrière moi et que tu allais certainement lire ces mots mais je ne sais pas, je les ai quand même écrits. Peut-être commençais-je à avoir confiance en toi, qui lisais mais ne disais mot?

Commençons par mon père. Ce dernier est un débauché, un dépravé, comme Baudelaire mais sans le talent.
Il boit et couche avec des femmes qui vendent leurs corps. C'est écoeurant et immonde à la fois.
Enfin, mets cette phrase au passé. Il n'est pas mort mais l'alcool le détruit à petit feu et le sexe malsain dont il est friand le rend agressif et étonnant. Son pénis se redresse devant n'importe qui: la voisine, la boulangère, mes amies, moi... Tout le monde sauf ma mère.
Ils se sont séparés, mes parents, à cause du comportement enfantin de mon père.
Il vit maintenant seul, dans le Monde de la débauche et s'y laisse emporter comme ça a été le cas pour Baudelaire.
Le spleen le détruit...

Tu veux maintenant savoir pour ma maladie, je présume. J'aimerais que tu m'empêches de parler de ça, que tu me dises que c'est bien trop personnel mais je ne suis pas lâche.
Oui, j'ai parlé de ma vie sexuelle dans mon carnet et cela a dû te choquer. Je ne suis pas friande de ce sujet de conversation mais les quelques fois où la chance d'avoir du plaisir de cette façon m'ont été présentées, j'ai aimé.

Très vite, ma mère m'a prise en apparté et m'a dit que si ma soeur avait pris ses cheveux soyeux, ses yeux verts et pétillants, moi, je n'avais pris qu'une merde. Une maladie sexuellement transmissible qu'ils se coltinent depuis plusieurs décennies dans sa famille.
Je suis porteuse de SIDA et malgré le fait que Freddie Mercury soit un chanteur impressionnant, je ne souhaite nullement quitter le Monde de la même façon que lui ou de gâcher celui d'un pauvre innocent.

J'espère que je n'ai pas trop pris de ton temps dans tes révisions,

Je te souhaite énormément de courage pour la suite de ta vie,

Au plaisir,

Elga.


NB: il y a eu un changement. Elga ne lui a pas donné son carnet mauve mais un autre qui est orange.

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