6. Foutu Zabini !

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Drago

Mon corps tout entier crie un désir que je ne veux pas ressentir. Je ferme les yeux avec rage et j'efface cette envie immorale qui me picore le bas ventre. Je secoue la tête pour faire fuir les frissons qui m'envahissent quand je repense à lui. A nous. Et déjà penser à un nous, l'assimiler, lui, à moi, est une chose que je ne devrais pas faire.

Je serre les poings à m'en faire mal.

Nous. Il n'y a pas de nous. Il y a lui, qui m'aime d'un amour trop grand pour ce que je suis. Il y a dans son regard cette liberté nonchalante qu'il s'octroie à aimer qui il veut. A aimer un garçon. A m'aimer moi. Comme si rien ne lui paraissait plus étrange dans cette équation.

Alors que moi, je suis terrifié. Moins par ce que je ressens que par les sentiments que lui me porte. La détermination que je vois dans son regard me fait trembler. Comment peut-il être aussi sûr de lui ? Aussi sûr de moi ? Il y a une force tranquille dans son amour qui me fait peur. Il croit plus en moi que moi en moi-même. Il me porte plus d'estime que personne ne m'en a jamais porté. L'étrange relation née dans la grotte entre nous est devenue quelque chose de puissant. Une chose que je ne peux pas contrôler. Que je ne peux pas accepter. Si son amitié m'a troublé, son amour m'a bouleversé. Comment puis-je l'aimer alors que mon image me rend malade ? Comment le laisser m'approcher alors que je me sens misérable ? Pourquoi l'avoir embrassé alors que je m'évertue à refouler cette graine qu'il a semé en moi. Une graine qui ne cesse de grandir et me ravager les entrailles.

La nuit dernière, dans la Salle des Trophées, son regard empli d'espoir, de peine et de déception m'a obsédé tout la nuit et me rappelle sans cesse que je ne suis qu'un lâche. Je le suis et je l'ai toujours été. Fuir. Trop lâche pour rester devant lui et pas assez téméraire pour m'aventurer dans cette relation. Fuir devant le danger, devant l'incontrôlable, c'est la seule chose sensée que je sache faire. Et hier soir, il s'agissait de ce même schéma. Son amour m'a effrayé, mon propre baiser m'a paniqué. Les sentiments qui ont afflué dans ma gorge prêts à être déversés me ressemblent tellement peu, que j'ai pris les jambes à mon cou. J'ai fui. Et j'ai l'impression que l'équilibre instable de ma vie a complètement basculé. J'ai un désagréable goût dans la bouche, celui d'avoir fait une erreur. Et de ne pas savoir comment la réparer.

Il m'a hanté toute la nuit. Ses lèvres charnues sur les miennes. L'odeur de sa tignasse. Ses yeux désespérément trop verts. Son souffle dans mon cou. Sa peau chaude. Mes mains se glissant sous sa chemise et trouvant naturellement leur place sur la chute de ses reins. Les détails de lui que mon inconscient ne veut pas effacer. Il m'a hanté toute la nuit et je me suis réveillé, fiévreux, n'ayant pas pu réfréner le désir qu'il me fait ressentir. Et c'est mal. Je le sais. De rêver d'un homme à en souiller ses draps. Ce matin, en me levant, sous la douche froide, je prends la résolution de me guérir de ce mal qui me ronge. Il faut que je me perde dans les bras d'une fille et que j'oublie sa peau chaude sous mes mains.

.oOoOo.

Quand je descends dans la salle commune remplie d'élèves, j'ai la désagréable impression que tous savent. Qu'ils devinent mon trouble. C'est idiot. Zabini est le seul qui lève les yeux vers moi, il hausse un sourcil. Il me demande si je vais bien. Pourquoi est-il aussi clairvoyant ? Je me ressaisis, évidemment que tout va bien. J'ai l'immense honneur de devenir bientôt le plus jeune mangemort à servir le Lord Noir. Pourquoi donc j'irai mal ?

Je m'avance vers Parkinson. Elle est avachie sur le divan, les jambes par dessus l'accoudoir. Je me penche à son oreille et lui murmure « Tu veux bien sortir avec moi ? ».

Elle se redresse rapidement, tourne de grands yeux interrogatifs vers moi. Si elle croit que je vais me rabaisser à répéter ma requête, elle se fourvoie. Une teinte rosée s'étire sur ses pommettes, et elle hoche la tête. Un sourire se dessine sur ses lèvres. Je prends sa main et nous descendons vers la Grande Salle. Zabini me regarde en fronçant les sourcils. Son intelligence m'énerve.

Dans les couloirs, je me décide à affronter mon problème. Je prends Parkinson par la taille et nous nous isolons dans un angle. Elle susurre des mots que je n'entends pas, des « Drago si tu savais... », « j'ignorais Drago que je te plaisais ». Je la fais taire en plaquant mes lèvres sur les siennes. Elle répond à mon baiser avec insistance. Elle pose sa main sur ma nuque. Et quelque chose ne tourne pas rond. Aucun frisson. Aucun désir. Je ne ressens pas ce que j'ai ressenti avec lui. Je resserre mon étreinte sur sa taille, passe ma main sur ses courbes, sur ses reins. Sa peau est froide et quelconque. Les battements de mon cœur ne s'emportent pas. Les tentacules dans mon ventre ne s'affolent pas. Rien. Je ne ressens rien. Je suis pourtant à peu près sûr qu'une caresse sur le corps d'une femme devrait me faire réagir. Je mets fin à ce baiser fade, sans saveurs. Et ma peur ne fait qu'augmenter. Il y a quelque chose qui cloche chez moi. Pourrais-je un jour embrasser quelqu'un sans penser à lui ?

Quand on s'approche de la Grande Salle, je vois Potter et ses amis. Je resserre ma prise sur la main de Parkinson et lève la tête. Je me force à adopter une démarche calme, presque princière alors que je voudrais courir jusqu'à ma place et enfouir ma tête entre mes épaules. Je passe devant la bande à Potter et ignore royalement le gryffondor. La sang-de-bourbe me fusille du regard. Je ne veux en aucun cas voir son regard à lui. Je me sens mal. Je marche comme dans du coton. La tête me tourne. Je sais que je fais quelque chose de profondément mauvais à l'instant. J'ai conscience que je vais le blesser. Mais y a-t-il une autre solution ? Je rejoins enfin les bancs des serpentard et je ferme les yeux pour remettre de l'ordre dans mes idées. J'ose un regard furtif vers les gryffondor, la place de Potter est vide. Ce drôle de goût amer dans la bouche me revient. Mon ventre se serre. C'est sûrement la faim. Alors je reporte mon attention sur le banquet pour m'éviter de penser à autre chose.

.oOoOo.

Je l'ai sûrement bien cherché, Parkinson m'a collé toute la journée. Chacun sa croix. Je ne sais pas encore comment m'en débarrasser sans être trop cruel.

La journée a été longue et je n'ai pas croisé une seule fois Potter. J'ai l'impression qu'il s'est fait porter pâle. La Granger par contre n'a pas arrêté de m'assassiner de son regard – plus que d'habitude je veux dire – à croire qu'elle m'en veut pour quoique ce soit, ou pire, qu'elle sait.

La journée a été longue donc, et je profite de l'absence de Parkinson pour m'étendre dans le sofa de la salle commune. A cette heure tardive, tous les serpentard sont montés se coucher. Presque tous. Zabini apparaît soudain sans un bruit. Il m'observe tranquillement les mains dans les poches, puis il s'assoit lestement sur l'accoudoir au bout du sofa.

Il pose son menton sur ses mains jointes et m'examine. Son regard ne me plait pas. C'est celui de l'ami qui veut donner un conseil.

- A quoi tu joues Drago ?

Vlan ! Dans le mille.

- Est-ce que tu peux être plus précis Blaise ou est-ce qu'on joue aux devinettes ?

Il secoue la tête et fait la moue de celui qui ne veut pas tourner autour du pot.

- Tu devrais arrêter de jouer un rôle avec les gens que tu aimes. Et par la même occasion arrêter de jouer avec les sentiments des autres.

Si j'apprécie Zabini, c'est pour sa franchise et cette sincérité que les autres n'osent pas avoir avec moi. Même si parfois – souvent – sa sincérité me gonfle au plus haut point.

Je me redresse et m'assis correctement dans le sofa.

- Je peux savoir de quoi tu me parles ?

Un sourire énigmatique se dessine sur ses lèvres. Si ce n'était pas mon ami, je penserais qu'il se fout de ma gueule.

- Drago, je n'oserais pas insulter ton intelligence. Je suis peut-être dans le faux, mais je suis assez bon observateur en général. Pour ton bien, tu devrais arrêter de te défiler. Ose vivre ta vie ! Une bonne fois pour toutes...

Comme je ne réponds pas, il se lève, me contourne et se dirige vers le dortoir.

- Et ne fais pas espérer cette pauvre Pansy pour rien...

Foutu Zabini !

.oOoOo.

Je me demande si je pourrais passer une nuit sans songer à lui. C'est terrifiant, cette obsession. Cette constante dépendance m'agace. Je ne me sens pas libre.

Je ne suis qu'une coquille vide en attente de quelque chose. J'ai ce stupide sentiment que je ne suis pas entier. Quelque chose me manque. Et j'ose même pas imaginer que c'est lui.

Je me suis retiré en haut de la Tour d'astronomie la nuit passée. Mes pensées noires m'empêchent toujours de trouver le sommeil. J'ai attendu quelques heures avant de redescendre. Je ne veux pas m'avouer ce que j'attendais réellement. Je sais juste que j'avais froid et personne pour me réchauffer. J'avais peur et personne pour m'apaiser. J'étais seul et personne pour me tenir compagnie. Je crois qu'il me manque. Et le reconnaître me comprime le cœur. En prendre conscience me coupe le souffle. Je me sens vraiment con, parce qu'il doit me haïr à l'heure qu'il est. Il doit me maudire de tous les noms d'oiseaux qu'il connait.

J'ai un goût de sang dans la bouche et je me rends compte que je me suis mordu la langue trop fort pour ne pas crier mon désarroi.

.oOoOo.

Ce matin, je suis convoqué dans le bureau de Rogue.

Il n'a jamais rien eu à me reprocher, je suis l'élève modèle de sa maison. Mais se retrouver face à lui est toujours impressionnant. Sa stature et son expression imposent le respect. J'ai toujours eu beaucoup d'estime pour lui.

Il se lève de son bureau quand j'arrive et le contourne pour se retrouver devant moi. Sa robe noire et le col de son vêtement resserré jusque sous son menton soulignent son autorité et l'impression de sévérité qu'il donne. Il croise ses mains dans le dos et m'observe.

- Professeur Rogue.

Il incline la tête.

- Malefoy. Vous savez de quoi je veux vous parler ?

Si je n'avais pas été aussi distrait par cette histoire avec Potter toute la semaine, je l'aurais tout de suite su. Mais même les meilleurs ont des failles.

Il fronce les sourcils.

- Malefoy, où en êtes-vous de la mission que le Seigneur vous a confié ?

J'ai un frisson. Alors, il est au courant. Qui ne l'est pas ? Je serre les dents. J'ai l'impression qu'il m'a plongé la tête dans un seau d'eau glacée. Retour à la réalité.

- Je suis en train de peaufiner mon plan...

Il hoche la tête. Je le sens sceptique.

- Écoutez Malefoy, je peux vous aider dans votre entreprise. Confiez-moi vos idées, je pourrais vous aider.

Je tique. Sa soudaine aide me paraît étrange. Et s'il me testait ?

- Pourquoi vous m'aideriez ?

- Malefoy, je ne vous teste pas. Faites-moi confiance. Je veux juste vous faciliter la tâche. Vous êtes vous décidé à le faire ?

J'ai la désagréable sensation qu'il lit en moi.

- Sauf votre respect Professeur, vous n'avez pas répondu à ma question.

Il se redresse. J'ai peur de l'avoir froissé.

- J'ai promis à votre mère que je vous protègerai.

Étrangement, ça ne m'étonne pas plus que ça.

Je suis pris d'un profond doute. Confier mes peurs n'est-il pas trop risqué ? Lui avouer que je préfèrerais prendre mes jambes à mon cou plutôt que rejoindre les rangs du Seigneur ? Accepter son aide équivaudrait-il à ne pas accomplir la mission seul comme Il le veut. Était-ce la mort assurée ? C'était la première main tendue – sans compter celle de Potter – qui pouvait me venir en aide dans cette quête.

Quand je sors de mes pensées, Rogue me fixe, les yeux plissés, visiblement contrarié.

- Je peux savoir ce que vous mijotez avec Potter ?!

Je sens une bouffée de chaleur me montait au visage. Il n'a pas le droit ! Sonder ainsi l'esprit des gens est complètement déloyal ! Je me maudis de ne pas avoir été sur mes gardes. J'aurais pu bloquer mon esprit connaissant ses talents d'Occlumens.

- Vous savez que si le Seigneur l'apprend, vous êtes mort.

Je me sens faible, mais j'arrive à garder ma voix forte et déterminée.

- De toute façon, je suis condamné à mourir dans un cas comme dans l'autre, non ?

Il fait volte-face. Sa robe vole autour de lui. Il fait les cent pas derrière son bureau.

Quand il s'arrête, je sens qu'il tente de me sonder à nouveau. Mais cette fois, je m'y prépare et lui bloque l'accès.

- Ce crétin de gryffondor ne vous sauvera pas ! Bon sang Malefoy ! Pourquoi lui ?! Vous auriez pu choisir n'importe quel garçon dans cette école, mais pas lui !

J'ai l'impression d'avoir raté un train. Je ne sais absolument pas de quoi il parle.

- Je ne l'ai pas choisi !

- Bien, c'est lui qui vous a choisi ? Quelle différence ? De toute façon, fricoter avec un garçon n'est pas judicieux quand on rêve de devenir mangemort !

Je ne sais pas exactement ce qui me rend malade : qu'il croit que je fricote avec Potter ou qu'il dise que je rêve de devenir mangemort. J'aimerais riposter mais je ne trouve pas mes mots.

- Pardonnez mon langage, mais vous êtes dans la merde Malefoy...

Je lève les yeux vers lui et il doit y lire ma détresse parce que les traits de son visage se radoucissent.

- Je n'ai jamais rêvé de devenir un mangemort... C'est juste que je n'ai pas le choix...

J'ai lâché ça dans un souffle, je ne sais même pas s'il m'a entendu.

Il prend appui sur son bureau et croise les bras. Il me dévisage.

- Vous aurez toujours le choix dans la vie, Malefoy. Certains choix sont juste plus difficiles que d'autres.

Je ricane. Des phrases toutes faites, ça ne m'aidera pas.

- Je vous soutiendrai Malefoy. Quelque soit votre choix.

Je vois dans son regard une inquiétude paternaliste que je n'ai pas croisée depuis longtemps.

- Revenez me voir quand vous aurez fait votre choix. Je vous aiderai dans votre mission. Et pour le reste. Mais évitez d'en parler à Potter, tenez-le à distance de vos ennuis.

Nous nous dévisageons un long moment, chacun à nos réflexions.

Il contourne son bureau et se rassoit. Je fais quelques pas vers la porte, puis me ravise.

- Je ne fricote pas avec Potter.

Il esquisse un sourire.

- Ce n'est pas ce que j'ai cru comprendre.

Une sourde colère m'envahit. J'aurais préféré qu'il me fasse la morale, qu'il vide sa bile sur Potter, qu'il crache son dégoût sur les couples homos, qu'il m'avertisse sur les dangers de cette relation. Son absence de réaction m'irrite.

Il croise les mains sous son menton et me regarde en biais.

- Malefoy, en temps de guerre imminente, nous avons tous besoin de nous sentir aimés et soutenus. Vous aussi, vous y avez droit. Même si je ne porte pas Potter dans mon cœur.

J'ai à nouveau la désagréable impression qu'il m'a sondé. Un rictus qui ressemble à un sourire s'affiche sur ses lèvres, avant de s'effacer.

- Allez-y Malefoy, vous allez être en retard en cours.

J'ai vaguement l'envie de le remercier. Avant de me demander pourquoi.

En refermant la porte, j'ai déjà mis de côté la mission, le Seigneur, la marque, les ténèbres. Il faut que je voie Potter.

.oOoOo.

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