Chapitre 23

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Xavier

Avant

Installée à califourchon sur moi, Eleanor glisse les doigts dans mes cheveux pour se cramponner à mes racines. D'un geste ferme, elle tire ma tête vers elle et cueille un baiser sur mes lèvres. Sa bouche, douce et humide, titille la mienne, s'amusant à s'éloigner dès que je tente de la capturer. Ses mèches blondes m'effleurent le visage, délicate caresse qui me fait frissonner. Je glisse l'un de mes bras autour de sa taille, désireux de réduire la distance qui nous sépare afin d'enfin sentir son corps contre le mien. Poitrine contre poitrine, je peux sans mal entendre les battements frénétiques de son cœur, qui entonne le même air endiablé que le mien.

Boum, boum, pause.

Boum, boum, pause.

Boum, boum...

Nos baisers se font plus fiévreux et nos mains, plus baladeuses. L'une des siennes s'insinue sous mon t-shirt pour tracer des ronds invisibles sur ma peau. Je gémis contre sa bouche, les paupières lourdes de désir, et la bascule sur le lit. Tout en maintenant ses poignets au-dessus de sa tête, je me penche pour l'embrasser avec davantage d'avidité, comme un homme assoiffé qui se retrouve devant une fontaine d'eau. Nos lèvres se percutent, se dévorent, et nos soufflent se mêlent pour n'en former plus qu'un.

Les paumes d'Eleanor se posent sur mes joues et sa bouche s'arrache presque à regret de la mienne. Elle dépose une nuée de baisers le long de ma mâchoire, la respiration erratique. Sous moi, sa poitrine se lève et s'abaisse comme son cœur tambourine comme un fou. Je prends une profonde inspiration, le corps brûlant, et commence à tirer sur la ceinture de son jean. Eleanor se crispe d'un coup. Ses muscles se raidissent et elle bascule la tête vers l'arrière pour me dévisager.

Si un léger sourire flotte sur ses lèvres gonflées, son regard est, quant à lui, très sérieux.

— Mes parents sont en bas, me rappelle-t-elle en arquant un sourcil.

Je fais glisser un doigt sur la ligne de sa mâchoire.

— Et ils ne savent pas que je suis là, susurré-je en collant mon front au sien. Officiellement, je suis censé arriver dans vingt minutes pour goûter la nouvelle recette de brownies de ta mère.

Ma copine grimace devant mon ton ironique et je m'empare d'une mèche de ses cheveux. De la couleur du miel, on dirait presque des fils d'or. J'incline la tête pour lui voler un énième baiser, mais Eleanor grommelle, une moue d'excuse sur les lèvres, et plaque les mains sur mon torse pour me repousser. Je ne bouge pas d'un iota, ce qui me vaut un regard noir. Elle me siffle de dégager et, en levant les yeux au ciel, je roule sur le côté.

Eleanor se couche sur le flanc et je l'imite. Bien que ce soit un lit double, nous sommes très proches l'un de l'autre. Si ses parents nous voyaient, ils en feraient une crise cardiaque. Ses yeux plongent dans les miens, reflétant la lueur de déception qui brille dans le fond de mes prunelles.

Je soupire.

Pourquoi tu ne veux jamais qu'on aille plus loin ?

Il n'y a aucune note accusatrice dans ma voix, seulement de la curiosité. Je veux savoir ce qui la repousse tant à l'idée de coucher avec moi. Toutes les fois où je me suis retrouvé dans son lit, nous avons flirté avec la ligne rouge qu'elle nous a imposée, mais qu'Eleanor n'a jamais osé traverser. Nous sommes ensemble depuis plusieurs mois maintenant, pourtant elle continue à refuser qu'on saute le pas, qu'on gravisse le mur invisible qu'elle a dressé entre nous en gage de bouclier.

En déviant son regard du mien, Eleanor se redresse en position assise. Elle réajuste son pull en laine qui dévoile ses épaules et amène un genou contre sa poitrine. D'un petit geste de la main, elle repousse une mèche qui lui tombait devant les yeux.

Elle affiche une mine triste, presque dépitée :

— Tu le sais déjà, Xavier. Je veux prendre mon temps et m'assurer que notre histoire ne se base pas uniquement sur le sexe.

Elle chuchote, mais j'ai l'impression qu'elle vient tout juste de me hurler à l'oreille. Avec un dictaphone.

Je m'amuse à tirer sur un fil qui dépasse de sa couverture bleue.

— Je croyais que tu connaissais mes sentiments pour toi, pourtant. Je me rappelle t'avoir dit plusieurs fois que je t'aimais, mais ce n'était peut-être pas une preuve suffisante pour toi. Je peux t'acheter des roses et des chocolats, si c'est que tu souhaites. J'ai lu que les nanas en raffolaient, marmonné-je d'un ton railleur.

Avec un petit rire, Eleanor me donne une tape sur le bras.

— Je sais que tu m'aimes, idiot. Mais... Et si cet amour n'est pas aussi fort que tu le crois ? Il y a tellement de filles plus belles, plus gentilles et mille fois plus intelligentes que moi dans cette ville, sur cette planète. Si on couche ensemble, tu te rendras peut-être compte que tu mérites mieux que moi...

Je me pince l'arête du nez.

— Parce que tu crois que je te mérite ? Je te rappelle que mes parents me considèrent comme une cause perdue parce que, contrairement à toi, je n'aurais pas mon diplôme dans deux mois.

— Ce n'est pas la même chose ! s'exclame-t-elle avant de se cacher le visage entre ses mains.

Je me redresse à mon tour et son lit grince sous mon poids, mais je n'en fais pas cas. S'il cède, je lui filerais celui de ma sœur – elle passe ses nuits chez sa meilleure amie depuis que mes parents luit ont pris son téléphone. J'oblige Eleanor à me regarder, mais elle s'évertue à fixer un point invisible devant elle. Ses mains, désormais posées sur ses genoux, tremblent.

Grâce à Tyler, je sais qu'Eleanor a eu une longue et sérieuse relation avec moi. Elle n'a jamais voulu m'en parler, j'ai dû m'informer chez son cousin. Il semblerait qu'elle ait fréquenté une fille, une certaine Kimberley, qu'elle pensait être la bonne, la deuxième partie de son âme ou une connerie dans le genre. Cependant, il s'avère qu'en réalité, Kimberley ne partageait pas les mêmes sentiments qu'Eleanor. Alors qu'Eleanor voulait son amour, Kimberley n'aspirait qu'à une seule chose : posséder son corps. Son cœur ne l'intéressait pas le moins du monde, mais elle lui a quand même brisé en la quittant pour une autre, prétextant qu'Eleanor était trop « frigide » pour elle. Plus d'un an s'est écoulé depuis, et elle en porte encore les cicatrices.

Eleanor est terrifiée par l'amour. Elle a peur d'être abandonnée de nouveau, qu'on ne voit en elle qu'une jolie fille et un alléchant morceau de viande. Elle a beau savoir pertinemment que jamais je ne la laisserais tomber comme ça, elle continue à douter et à me repousser dès que nous devenons trop intimes.

Je pose deux doigts sous son menton pour qu'elle tourne la tête vers moi. Elle résiste un moment, mais finit par capituler. Elle me laisse presser mon front contre le sien. Je l'entends soupirer.

— Même si ce n'est pas ce que mon corps souhaite, si tu veux attendre huit autres mois avant qu'on couche ensemble, c'est d'accord. On ira à ton rythme. Tu mènes la danse, je vais me contenter d'apprendre les pas. Je ne veux pas que tu te sentes obligé de coucher avec moi. Ça doit venir de toi, et seulement de toi.

Les yeux d'Eleanor se remplissent de larmes pour devenir deux billes d'un vert éclatant. Elle entrelace les doigts derrière ma nuque pour m'attirer à elle. Je tombe à la renverse sur le lit, elle collée contre mon flanc. Sa tête vient se poser dans le creux de mon épaule, cet endroit qu'elle semble beaucoup apprécier.

Mon souffle s'abat sur sa nuque.

— Je t'aime, murmure-t-elle en nouant nos doigts après avoir tourné la tête vers moi. Est-ce que tu peux prendre ton téléphone et m'envoyer un message disant que tu n'es plus dispo ce soir ? Le mien est en bas et je connais mes parents et leur incapacité à respecter mon intimité : ils vont le lire avant moi et m'avertir. (Elle sourit.) Comme ça... s'ils croient que tu ne viens pas, on sera tranquille. Ici. Ils ne se douteront jamais que tu es entré par la fenêtre.

— Mais je ne pourrais pas manger les brownies de ta mère, protesté-je avec un sourire.

— Ma mère est effroyable en cuisine. Crois-moi, je te fais une faveur en te sauvant de cette dégustation.

J'éclate de rire.

— Tu es diabolique, Eleanor.

En souriant, elle me dévoile ses dents.

— Bof. Je dirais plutôt réaliste.

Je lui tapote l'épaule avant de tendre le bras pour atteindre mon blouson que j'avais jeté il y a plus d'une heure sur sa table de chevet. J'en extirpe mon téléphone pour faire ce qu'elle m'a demandé, mais le souffle me manque soudain quand je le trouve.

Mon écran est noyé sous une dizaine de notifications et elles proviennent toutes de la même personne.

Colombe : Tu es libre ? J'ai envie d'un autre chocolat chaud.

Colombe : Laisse tomber. Je ne suis plus disponible.

Colombe : Est-ce que tu fais au moins l'effort de lire les messages ou tu m'ignores comme je t'ai ignoré depuis l'envoi de ton premier message, il y a sept jours ?

Colombe : C'est vraiment nul comme coup.

Colombe : Je ne sais même pas pourquoi je t'envoie tous ces messages... Sûrement pour faire passer le temps.

Colombe : Je ne rigolais pas pour le chocolat chaud. Peut-être pas aujourd'hui, mais demain, ça serait bien... C'était sympa, la dernière fois. Je sais, je sais. Ce n'est pas l'impression que j'ai donné, mais je suis une fille assez complexe et contradictoire.

Colombe : OK. Ça va peut-être te paraître bizarre, mais j'ai besoin de toi.

Colombe : S'il te plait. C'est urgent.

Colombe : Tu peux venir me chercher au The Circle of Ghosts ?

Colombe : Je t'en prie.

— Ça va ? s'enquit soudain Eleanor. Tu es tout pâle...

Je fais un oui hésitant de la tête et quitte le matelas pour me placer au plein milieu de sa chambre. Le dernier message de Colombe d'il y a seulement six minutes. Même si ce ne sont que des mots, j'en perçois une certaine panique mêlée à un sentiment d'urgence, qui me pousse à enfiler mon blouson sans un mot.

— Je dois y aller, lancé-je à ma copine par-dessus mon épaule.

— Quoi ? Comment ça ?

Eleanor se lève à son tour et elle semble franchement perplexe. Elle m'attrape par l'avant-bras quand je fais un pas vers sa fenêtre pour m'en aller. Elle m'oblige à me tourner vers elle. Une multitude de questions se bousculent dans le fond de ses prunelles, et je me rends compte à quel point je me comporte comme un parfait idiot. Avec une dizaine de messages, Colombe a su effacer toute trace de ma copine de ma mémoire. Je n'aime pas ça. Je n'aime pas l'idée que Colombe pèse plus qu'Eleanor dans mon esprit. Je tente de me convaincre que c'est uniquement à cause de l'urgence de la situation que je m'en vais et non pas pour elle spécifiquement.

— T'as l'air bouleverser, remarque Eleanor en plissant des yeux. Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as reçu un message bizarre ?

Elle lève la main pour me prendre mon téléphone, mais je recule vivement le bras. En secouant la tête, je glisse mon portable dans la poche de mon jean.

— C'est ma sœur, mens-je en grimaçant. Elle est allée en douce à une soirée et elle est complètement torchée.

— Elle n'a pas genre... seize ans ? me demande ma petite amie en croisant les bras sur sa poitrine.

Je hausse des épaules en faisant un pas en arrière, me dégageant de sa prise.

— Ouais. Je dois aller la chercher avant que mes parents ne se rendent compte de son absence.

Eleanor grimace, mais ne tente pas de me retenir. Elle vient se poster à côté de la fenêtre tandis que je me glisse dans l'obscurité et me dirige à grandes enjambées vers ma voiture, garée à quelques rues de chez elle. Il me faut une quinzaine de minutes environ avant d'arriver au bar et dix de plus pour repérer Colombe. Je manque de m'étouffer avec ma salive.

Adossée à un mur, elle est accompagnée de deux mecs qui doivent minimum avoir dix ans de plus qu'elle. Très proches d'elle, ils lui parlent, mais elle ne semble pas les écouter. Elle tripote son téléphone, faisant mine qu'ils n'existent pas. Ses cheveux habituellement fièrement bouclés sont lissés et lui tombent en cascade derrière le dos. Quelques mèches effleurent ses épaules raides et dénudées par une robe ridiculement courte d'un blanc immaculé. Elle est belle, suave, envoûtante, bien plus proche de la Colombe que j'avais rencontré la dernière fois. L'image qu'elle projette en ce moment est si loin de celle décontractée qu'elle avait lorsqu'elle a accepté mon invitation de boire un café.

Serrant le trousseau de clés de ma voiture dans mon poing, je sors mon téléphone pour lui envoyer un message.

Moi : T'es sûre que t'as besoin de moi ? Tu sembles être en excellente compagnie. PS : C'est un t-shirt ou une robe que tu portes ?

De l'endroit où je me trouve, à quelques mètres de l'entrée du bar, je peux voir Colombe lire mon message et relever la tête pour me chercher des yeux. Elle me trouve presque instantanément — après tout, je suis au plein milieu de la rue et aucun garçon baraqué ne me fait de l'ombre. Ses épaules se détendent quand nos regards se croisent et elle échange quelques mots avec les deux hommes, qui dirigent leur attention vers moi. OK... Je déglutis devant leur mine sombre et arque un sourcil en voyant Colombe s'approcher rapidement de moi, courant presque. J'ai peur qu'elle se casse la cheville avec ses talons hauts. J'ouvre la bouche pour la saluer, mais me fais couper par ses lèvres qui s'écrasent violemment sur les miennes.

Je commence à la repousser, mais elle se cramponne à moi comme une pieuvre à son rocher et ce qu'elle me souffle m'arrête dans mon élan :

— Fais semblant. Ils ne veulent pas me lâcher, et la seule façon que j'ai de les semer, c'est de leur faire croire que j'ai un copain. Joue le jeu. S'il te plait.

Sa main se pose derrière ma nuque et elle presse plus fort ses lèvres. Je ne réponds pas à son baiser, mais enroule toutefois un bras autour de sa taille pour donner l'illusion que nous nous embrassons avec passion alors que nos bouches se contentent d'être collées l'une à l'autre. C'est comme si j'étais en train de rouler une pelle à un mur, pourtant le sentiment de trahison est là.

Parce que, même si mon cerveau refuse la situation, mon cœur cogne un peu plus fort dans ma poitrine...

Je jette un regard en direction des deux hommes, mais ils ne sont plus là. Je m'assure qu'ils ne traînent pas dans les alentours et repousse Colombe. Je m'essuie la bouche du revers de la main. Elle m'imite et nous effaçons tous les deux les traces de ce baiser. Je ne sais même pas si je peux appeler ce qui vient de se produire ainsi.

— C'était quoi ça ?! m'exclamé-je en ouvrant grand les bras.

Colombe lisse ses cheveux en arrière.

— J'aurais bien dit « se rouler une pelle », mais ce serait manquer de respect à l'expression. T'es nul comme acteur, Xavier.

Elle me lance ça par-dessus son épaule, le ton espiègle, et se dirige vers ma voiture d'un pas léger. Je cours à sa poursuite et la fusille du regard.

— Je n'ai pas l'habitude d'embrasser d'autres filles que ma copine.

— Tu es fidèle, c'est cool. Tu peux ouvrir la portière ? On gèle.

Je me passe une main sur le front en l'observant comme si un troisième œil venait de lui pousser au plein milieu du front.

— Tu es sérieuse ? m'offusqué-je en fouillant dans son regard. Tu crois vraiment que je vais t'aider alors que tu viens de me sauter dessus pour m'embrasser ?

Colombe lève les yeux au ciel avant de réajuster le devant de sa robe qui commençait à glisser. Même si ce devrait être la dernière chose que je remarque, je ne peux m'empêcher de me dire que ça lui fait une poitrine d'enfer.

— Un : je ne t'ai pas sauté dessus, n'exagère pas. Deux : encore une fois, je ne peux pas dire que nous étions en train de nous embrasser, car seules nos lèvres étaient en contact. Trois : oui, je crois que tu vas m'aider, parce que tu es quand même venu jusqu'ici et je te vois mal m'abandonner au plein milieu de la route, dans un quartier malfamé et à la tombée de la nuit.

Je souffle, exaspéré. Je voudrais tout nier, mais elle n'a pas tort. Avec un grognement, je déverrouille les portières et l'invite à monter. Elle me sourit en s'installent du côté passager, les mains coincées entre les cuisses. Je mets le contact et lui demande l'adresse de ma maison, qu'elle me dicte. Je l'entre dans le GPS.

— Qu'est-ce que tu faisais là-bas ? l'interrogé-je en m'arrêtant à un feu rouge.

Colombe glisse une mèche de cheveux derrière son oreille.

— Je me promenais.

— Tu te promenais en petite robe dans un quartier malfamé à vingt heures ?

— C'est si difficile à croire ?

— C'est impossible à croire, marmonné-je en tapotant le volant de la voiture. T'es une piètre menteuse, Colombe.

— Les gens disent pourtant que je suis douée. (Elle se tourne vers moi.) Pose-moi une question. N'importe laquelle. Je répondrais, mais tu devras deviner si c'est un mensonge ou une vérité.

La lumière passe au vert. Je me reconcentre sur la route.

— Ce n'est pas contre toi, mais je n'ai pas vraiment envie de jouer à ce petit jeu avec une fille qui m'a embrassé par force.

— C'était soit je t'embrassais, soit ces deux garçons m'invitaient chez eux. Et, crois-moi, ils ne se seraient pas contentés de me faire le tour du proprio.

Sa dernière remarque me fait froid dans le dos, mais je me force à garder un air indifférent.

— Tu as quel âge ?

— Seize ans, répond-elle platement.

Je lui coule une œillade.

— Mensonge.

Une ébauche de sourire fait frémir ses lèvres.

— Perdu.

Je tourne complètement la tête vers elle, les lèvres entrouvertes, mais elle m'intime de me reconcentrer sur la route avant que je ne cause stupidement un accident.

— Tu as... seize ans ? bredouillé-je sans arriver à y croire.

Elle semble pourtant avoir mon âge, voire deux ou trois ans ou plus. Je grimace en me rendant compte qu'elle a le même âge que ma petite sœur.

— Bientôt dix-sept. Dans deux mois, à la mi-mai, m'apprend-elle en tirant sur le bas de sa robe. Tu vois. Tu ne peux pas savoir quand je mens ou pas !

Elle pointe un doigt dans ma direction et je me surprends à sourire. Quand je me gare devant sa maison, elle ne fait aucun geste pour sortir de la voiture et je ne l'invite pas à le faire non plus. L'habitacle du véhicule est plongé dans la pénombre, mais j'arrive à distinguer son visage.

— Merci d'être venu me chercher, souffle-t-elle alors en inclinant la tête sur le côté. D'habitude, je me débrouille seule, mais ils étaient deux et...

Je lève une main pour la faire taire.

— Aucun problème. J'aime bien prêter secours aux princesses en difficulté. Ça me fait sentir comme un preux chevalier et c'est franchement cool. Je me sens utile.

Elle glousse légèrement et son rire est l'une des plus belles mélodies que j'ai eu la chance d'entendre.

Colombe pose les mains sur ses cuisses.

— Hum... Je dois y aller, ma mère va finir par s'inquiéter, susurre-t-elle en levant la tête vers moi.

Elle pose une main sur la poignée pour l'abaisser et ce n'est que lorsqu'elle s'extirpe du véhicule que je trouve le courage de reprendre la parole :

— Et pour ce chocolat chaud ? Je crois que tu m'en dois un pour tout à l'heure ?

— Tu es encore dessus ? rigole-t-elle en arquant un sourcil.

— J'ai menti à Eleanor ce soir pour venir te chercher, lui avoué-je en fourrageant une main dans mes cheveux. Et en m'embrassant, tu n'as fait que plus me torturer l'esprit. Je mérite bien une petite récompense pour m'aider à passer à travers cette culpabilité.

La mention d'Eleanor efface le sourire qui étirait les lèvres rouges de Colombe. Elle recule d'un pas, les épaules soudain tendues.

— Ouais. Bien sûr. Tu connais mon adresse, viens demain à treize heures.

— J'ai cours, lui rappelé-je en la regardant s'éloigner encore plus de la voiture.

— Et alors ? Sèche.

Elle fait volte-face et me coule un regard par-dessus son épaule :

— À demain. 

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