Cinquième jour

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22 décembre 2033




J'avais décidé de prendre congé à partir du vingt-deux décembre. À force d'entendre parler de l'astéroïde ou de l'objet non identifié s'approcher de la Terre à toutes heures de la journée, je m'étais dit que s'il fallait mourir, il était préférable de mourir après s'être amusé plutôt qu'à s'être fait chier au boulot.
Le temps de plusieurs demi-journées, j'ai décidé d'abandonner paperasse, clients et rendez-vous et privilégier mes petits plaisirs de la vie.

Le premier jour de congé, le vingt-deux décembre donc, je me suis réveillé à sept heures du matin. Le soleil ne s'était pas encore levé et il devait faire un froid de canard à l'extérieur mais j'avais une folle envie d'aller me promener dans les alentours de mon habitat.
Je me suis rapidement habillé et n'ai pas attendu longtemps avant de sortir pour me balader. Je n'ai pas rencontré grand monde vu l'heure matinale mais me suis émerveillé face à la beauté de la ville habillée d'un fin manteau de neige. Noël est ma fête favorite depuis que je suis gamin et malgré mes trente-deux ans, rien n'avait changé. Certes, je prenais moins de plaisir à confectionner le sapin car la pensée de le ranger ensuite ne me quittait jamais mais à part cela, tout était resté semblable dans mon esprit.

L'air de ce beau mois de décembre emplissait mes poumons de bien-être et mon coeur d'une joie indescriptible. J'ai donc décidé d'aller à pied jusqu'à la place de Bruxelles où se trouvaient malgré tout les meilleures décorations du pays. J'avais la chance de vivre dans la capitale car mon métier me rapportait assez que pour assumer les factures et je trouvais ça merveilleux, surtout durant les périodes de fêtes de fin d'année.

Une fois sur la place, la première chose qui m'a sautée aux yeux était bien évidemment ce compteur qui détruisait depuis cinq jours le bonheur de milliards de personnes à travers le Monde. Tout le monde était effrayé par cette fin alors l'arrivée d'un objet pareil pour le rappeler sans cesse ne faisait rien de bon.

J'avoue que le fait de voir qu'il ne restait que soixante-quatre heures et quelques minutes me refroidissait fortement pour continuer ma balade mais je n'avais pourtant aucune envie de rentrer dans mon petit appartement qui me rappelait un peu trop ma solitude.
J'ai donc pris la décision de descendre jusqu'au sous-sol où se trouvait la gare. Là-bas, je comptais prendre le métro qui me conduirait jusqu'à chez mon ami, Lothaire. Ce dernier était réveillé, sans aucun doute, car il devait carburer pour avoir terminé son roman avant le début de l'année suivante.
Je me permettais donc de me diriger vers son petit appartement sans le prévenir. Ma présence lui ferait plaisir, je le savais.

Je suis arrivé chez mon jeune ami une petite demi-heure plus tard et j'ai dû attendre quelques instants avant que la porte ne s'ouvre. Derrière celle-ci se trouvait un Lothaire habillé d'un simple jogging et d'un tee-shirt blanc.
Il avait un air fatigué qui déformait son visage de presque trentenaire. Habituellement, il est plutôt charmant mais ce matin-là, il avait l'air à côté de ses pompes.

   -Salut, Lothaire, l'ai-je salué. Je suis venu pour te dire bonjour.

Il m'a rendu ma salutation avant de me faire rentrer à l'intérieur de son petit appartement qui avait largement besoin de rangement. Néanmoins, je n'ai émis aucune réflexion, me rappelant l'état de mon habitat aussi minable que celui de mon ami.

Lothaire m'a invité à m'installer sur son divan d'un orange immonde. Je lui ai toujours dit détester ce meuble mais ce n'est pas pour autant que j'ai refusé d'y prendre confortablement place.
Il a rapidement débarrassé la table basse sur laquelle se trouvaient de nombreuses fiches qui l'aidaient probablement dans l'avancement de son bouquin ainsi que son ordinateur qui était ouvert sur une page Word.

   -Alors, tu vas bien?, m'a-t-il demandé, une fois tous les deux assis.

   -Ça a déjà été mieux mais tout se passe, ai-je répondu en observant autour de moi.

Mon regard s'est perdu dans les alentours de son living et s'est posé sur un cadre dans lequel se trouvait un joli visage de quinquagénaire.
De longs cheveux bruns et ondulés encadraient son visage très beau. Ce n'était pas la première fois que je remarquais cette photo et à chaque fois, elle m'interpellait autant. Déjà le fait qu'elle ne se trouve pas dans un cadre interactif n'était pas commun mais la ressemblance avec la soeur de mon ami était bien plus troublante encore. Luce avait exactement le même visage que cette vieille femme, avec les cheveux un peu plus courts.
Pourtant, je n'avais jamais osé poser n'importe quelle question à ce sujet à mon ami, de peur d'entrer un peu trop dans son intimité. Nous étions amis, certes mais il fallait quand même mettre des barrières face à certaines choses.

   -Dis, Lothaire, c'est qui la jolie femme dans ce cadre?, l'ai-je questionné en montrant l'objet du doigt.

Ce dernier a émis un petit silence et a attrapé la tasse de café décorée de fantaisies vieillotes qui se trouvait devant lui. Il en a bu une gorgée avant de ne dire quoi que ce soit, comme pour se donner du courage.

   -C'est la soeur de ma Maman, tante Roxane, a-t-il dit. Elle est décédée il y a une dizaine d'années dans un accident de voiture.

Je n'ai plus rien dit durant quelques instants, me sentant coupable d'avoir ressassé ce genre de souvenirs dans l'esprit de mon ami. Je me suis excusé d'un regard qui se voulait bienveillant en essayant de changer de conversation le plus vite possible.

   -Ne t'inquiète pas, Alystair, m'a-t-il rassuré. Je l'ai connue et l'ai beaucoup aimée, c'est vrai mais ça fait plus de dix ans qu'elle est morte, j'ai fait mon deuil depuis lors.

Ça m'a un peu rassuré qu'il le prenne de cette manière car je sais bien que je ne suis pas toujours très délicat dans ce genre de situations et bien que ça pourrait me poser des problèmes, personne n'avait encore jamais été touché par mes paroles distraites.

   -Tu comptes faire quoi de ta journée d'aujourd'hui?, ai-je interrogé Lothaire pour détendre l'atmosphère.

   -Je vais rester en pyjama et vais carburer au café pour finaliser ce bouquin, a-t-il avoué en buvant une nouvelle gorgée.

   -Mais enfin, il ne nous reste plus que deux jours et demi. Pourquoi ne sors-tu pas, plutôt?

Je ne le comprenais pas vraiment. Certes, il avait promis à Arthur de lui présenter un travail fini avant 2034 mais maintenant qu'il savait que la Terre se verrait détruite avant, il pourrait faire un petit effort et se dévergonder durant les trois jours restants.

    -Une promesse reste une promesse, Alystair et j'ai promis de finir mon livre pour le trente-et-un, a-t-il dit en finissant sa tasse de café.

   -OK, je conçois cela mais tu accepterais quand même de venir au spectacle du vingt-quatre?, ai-je tenté.

J'ai vu une lueur d'hésitation traverser le regard de mon jeune ami.

   -Le dernier jour, a-t-il commenté.

J'ai confirmé d'un hochement de tête car il avait bien remarqué cela. Le vingt-quatre serait normalement le dernier jour de notre vie si les deux spécialistes anglais avaient vu juste en début de semaine.
J'ai été étonné qu'il dise une chose pareille car pour quelqu'un qui croyait aux dires des journaux parlés, il ne semblait absolument pas préoccupé. J'aurais préféré qu'il laisse tomber le travail et s'amuse un peu. Enfin, Lothaire n'a jamais été une personne très jouette mais ça m'étonnait quand même de sa part.

   -Je viendrai, oui, a-t-il fini par accepter mon invitation. Ma soeur y va avec Aurélien, son compagnon. Et je t'avoue que les accompagner pour aller voir ce genre de spectacle n'était pas dans mes projets mais je peux faire un effort.

   -En plus, Giovanni y sera aussi, ai-je fièrement dit cela.

Giovanni est l'un de nos amis en commun. Durant nos études universitaires, nous partagions un appartement à trois ainsi qu'avec un autre garçon et avons gardé de très bons contacts malgré nos chemins qui se sont séparés avec le temps.
Je pense que lorsque Lothaire a appris que nous serions une dernière fois rassemblés avec Giovanni et peut-être Gauthier l'a un peu motivé pour faire quelque chose lors de cette dernière soirée.

   -À part ça, quoi de neuf dans ta vie?, a-t-il changé de sujet.

   -Je suis actuellement en congé, ai-je haussé les épaules, ne sachant pas quoi dire.

   -Tu n'as toujours pas de petite amie?

   -Non, depuis que Florence et moi avons rompu, je suis célibataire. Mais bon, des fois, ça ne fait pas de mal de se retrouver seul.

Mon ami a franchement rigolé suite aux quelques mots que j'ai prononcés et m'a avoué que j'avais l'air d'être un désespéré qui n'acceptait pas le tournant qu'avait pris ma vie. Il avait tort car malgré le fait que j'avais aimé Florence pendant près de sept ans, nous nous étions séparés suite à un accord car les choses ne fonctionnaient plus entre nous. Certes, il m'arrive de regretter sa présence mais j'arrive souvent à ce que ça soit passager.

   -Et toi? Toujours pas de temps à consacrer à une jolie jeune fille?, l'ai-je questionné en me remémorant ses paroles.

   -Un écrivain dans mon genre n'aura jamais le temps, était-il convaincu.

   -Alors, je suis content pour toi que la fin du Monde soit programmée pour le vingt-quatre. Je n'ai pas envie que tu te fasses chier autant toute une vie.

Il a rigolé en affirmant que ce que je disais était ridicule. Peut-être que de son point de vue, ça l'était mais selon moi, vivre seul jusqu'à la mort doit une chose vraiment trop triste et je ne la lui souhaitais pas du tout.

   -Enfin, si, a-t-il dit avec gêne, il y a peut-être une fille qui ne me laisse pas indifférent.

Vu le sourire qui s'est posé sur son visage, il devait avoir celui de la jeune fille en question à l'esprit. Je sais que Lothaire n'est pas très démonstratif dans ses sentiments et que pour lui, aimer est une faiblesse, voire une honte. J'étais donc persuadé qu'il n'en avait encore jamais parlé à personne et qu'il crevait secrètement d'envie de pouvoir décrire sa douce à quelqu'un et expliquer la raison pour laquelle il s'en était épris.

   -Vas-y, raconte-moi, l'ai-je encouragé.

   -Ça ne te plairait pas que l'on en discute autour d'un petit-déjeuner dans un restaurant?, m'a-t-il proposé de sortir.

J'ai été très étonné qu'il accepte de quitter son appartement dans lequel il reste enfermé jour et nuit pour écrire et pour éviter de voir du monde. Ça me faisait presque chaud au coeur qu'il décide de bouger et que l'on se fasse une petite sortie à deux pour la première fois depuis très longtemps.

J'ai donc englouti en vitesse le peu de café qui me restait tandis que l'hôte de l'appartement était à la salle de bain pour enfiler des vêtements plus corrects que son jogging. Il lui a fallu deux minutes pour s'habiller d'une chemise à carreaux et d'un jeans bleu.

Ensuite, nous avons quitté l'immeuble et je l'ai suivi jusqu'à l'endroit où il voulait que l'on aille manger. Il affirmait avoir une bonne adresse et que cette idée me plairait.
Il nous a fallu une dizaine de minutes pour arriver face à l'énorme façade sur laquelle il était inscrit Les quatre merveilles. Je n'avais encore jamais mis les pieds dans ce petit café-restaurant mais j'en avais déjà eu de bons échos. William, celui qui était le gérant et principalement en cuisine était reconnu comme étant un bon chef dans toute la capitale.

Nous nous sommes installés à une table près du joli mur violet et avons directement commencé à regarder avec concentration la carte des petits-déjeuners afin de rapidement faire un choix. Il m'a fallu quelques instants de réflexion avant de me décider à commander une crêpe au chocolat avec une boule de glace vanille. Ce n'était pas très sain et Florence, qui était devenue diététicienne entre temps, ne contredirait pas cela mais elle ne faisait plus partie de ma vie donc je m'en fichais.
Mon ami s'est contenté d'une simple assiette de viennoiseries.

   -Tu vas voir, a-t-il chuchoté, une fois la commande faite. Il y a une très jolie serveuse et c'est d'elle dont je te parlais.

Je lui ai envoyé un large sourire. Je voyais bien qu'il était très fier de m'emmener ici et de me montrer discrètement la fille qui faisait battre son coeur, comme on disait depuis la nuit des temps. J'étais très content pour lui, sans mentir.

Nous avons été servi par une jeune femme à la peau matte et aux yeux de biches bien maquillés. J'ai tout de suite imaginé que c'était la jeune fille en question, ce que j'aurais compris vu sa beauté mais Lothaire semblait dire que ce n'était absolument pas elle, qu'elle était même presque l'opposé au niveau physique de l'autre.

   -Mais quel est son prénom, à la jeune fille que tu aimes bien?, ai-je questionné mon ami après quelques minutes de silence.

Il a mordu dans son croissant en me regardant dans les yeux. Il a mastiqué calmement tandis que j'avais envie de le secouer pour qu'il me réponde plus vite. Je n'ai jamais été quelqu'un de patient et les personnes qui prennent leur temps comme le faisait Lothaire a tendance à m'énerver au plus haut point.

   -C'est un prénom étrange, accroche-toi bien, m'a-t-il prévenu avec humour.

Pour rentrer dans son jeu, j'ai agrippé l'accoudoir du petit siège dans lequel j'étais installé et me suis senti fier lorsque j'ai remarqué un petit sourire sur les lèvres du jeune homme.

   -Elle s'appelle Eudoxie.

Premièrement, j'ai trouvé ce prénom joli avant de m'étrangler avec le bout de crêpe que j'étais en train de manger. Eudoxie était un prénom si rare qu'il ne pouvait qu'avoir une seule personne à porter ce prénom à Bruxelles. Et cette personne, je l'avais rencontrée deux jours auparavant.
Au début, j'ai cru qu'il était préférable d'avouer à Lothaire que j'avais croisé cette jeune fille le dix-neuf décembre et que je l'avais conduite à Mons puis je me suis souvenu de l'épisode de la masturbation et ai donc pensé qu'il devait ne rien savoir à ce sujet.

Quand j'ai remarqué que le grand brun me regardait avec des yeux interrogatifs, j'ai fait de mon mieux pour enlever ces souvenirs de mon esprit. Il fallait que je trouve un mensonge à propos de ce qu'il venait de se passer et vite. Je n'avais pas envie de devoir couper les ponts avec lui, bien que, pour ma défense, je n'étais pas au courant lorsque ça s'est produit.

   -Quand j'étais adolescent, je suis sorti avec une fille qui s'appelait Eudoxie, ai-je inventé. Ça ne peut qu'être elle avec un prénom pareil.

   -C'est certain que ça ne court pas les rues mais bon, Alystair non plus.

J'aurais pu lui envoyer un doigt d'honneur comme je l'ai fait un millier de fois lorsque nous étions plus jeunes, durant nos études mais maintenant, j'ai trente-deux ans et je n'ai plus le droit ni même l'envie d'agir aussi bêtement. J'ai donc dit que je n'avais pas choisi mon prénom et essayais encore, tant bien que mal, d'ôter l'image d'Eudoxie de mon esprit. Depuis qu'il en avait parlé, je ne cessais de me remémorer le fait que je l'avais ouvertement complimentée et que je lui avais fait comprendre qu'elle ne me laissait pas indifférent.
J'avais un peu honte d'avoir agi de cette manière, surtout depuis que Lothaire m'a avoué bien l'aimer.

   -Tu as déjà fait quelques sorties avec elle?, ai-je tenté de cacher mon trouble.

   -Euh..., semblait-il désarçonné par mes paroles. Ben en fait, pour dire la vérité, je ne lui ai parlé que pour commander ou discuter des choses futiles de la vie. Je ne suis même pas sûre qu'elle se souvienne de moi.

Ce détail rendait la situation un peu plus délicate que ce que j'imaginais mais Lothaire a toujours été du genre à espérer, à rêver mais à ne jamais agir. Du moins, pas avec les jeunes femmes donc j'étais moyennement surpris malgré tout. J'aurais juste espéré que cette fois-ci, les choses soient différentes et qu'il échangeait déjà une bonne relation amicale avec la jeune femme.

   -Je sais, c'est un peu pathétique...

   -Non, Lothaire, l'ai-je repris, ce n'est pas pathétique. C'est simplement un peu décevant que tu n'aies pas encore osé foncer vers elle ou de faire je ne sais quoi d'autre. Je suis vraiment déçu, c'est vrai mais j'espère que tu vas réagir avant le vingt-quatre.

   -Je n'aime pas foncer la tête baissée, s'est-il défendu. Et puis, tu devrais la voir pour pouvoir te rendre compte qu'avec une tête pareille, elle peut avoir n'importe qui.

Je confirmais secrètement ses paroles. Eudoxie était belle et avait des traits si fins que c'était à en devenir débile d'amour.(*)
Je ne suis pas quelqu'un qui s'attache facilement aux gens, sauf à Florence avec qui ça avait été le coup de foudre, alors, pour que je dise cela de la jeune fille, c'est qu'elle était vraiment belle.

   -Ça me semble bizarre de ne pas encore l'avoir encore vue, a remarqué l'écrivain. Peut-être est-elle en congé, aujourd'hui.

Elle ne travaillait plus aux Quatre merveilles, je me souviens qu'elle me l'avait confié après que je lui ai demandé si elle était encore étudiante. J'aurais pu le révéler à Lothaire mais ça reviendrait à tout lui avouer et je n'en avais aucune envie.
J'ai donc caché cela en trouvant quelque chose à dire.

   -Je te lance un défi.

   -Lequel?, m'a-t-il curieusement demandé.

   -Tu appelles la serveuse et lui demandes quand viendra ta belle et douce pour que tu puisses lui faire l'amour dans l'arrière-boutique, ai-je lancé en riant.

   -Tu es un animal, Alystair, derrière tes airs d'homme d'affaire et puis, crois-moi qu'elle n'a absolument pas l'air de  vouloir coucher dans autre chose que dans un lit.

Si il savait, seulement. Je ne la connaissais pas vraiment mais j'étais resté à ses côtés assez longtemps que pour qu'elle me confie d'être nymphomane. J'ai donc rapidement conclu que si quiconque lui proposerait de s'envoyer en l'air sur la banquette arrière d'un taxi, elle le ferait. Avoir une relation intime dans la réserve du petit restaurant ne devait donc pas être un problème pour elle, j'en étais persuadé.

   -Demande!, me suis-je exclamé, voulant arriver à mes fins.

Il a hésité une quarantaine de secondes avant que je ne l'entendre appeler la jeune serveuse d'une voix claire et masculine. Cette dernière a débarqué après avoir pris la commande d'une autre table et nous a souris, comme pour dire qu'elle était toute ouïe à nos requêtes.

   -Excusez-moi mais Eudoxie, est-elle en congé?, a-t-il prononcé avec son air pincé. 

Je ne m'en suis pas moqué car j'utilise exactement le même air que lui quand je discute avec des inconnus ou quand je suis au travail.

   -Non, elle ne travaille plus ici depuis quelques jours déjà, s'est-elle excusée avant de s'éloigner de nous.

J'ai remarqué qu'un air déçu s'est alors posé sur le visage de mon ami. Lui qui espérait me montrer à quel point elle était belle, il se sentait un peu pris de court par la tournure des événements. Je ne le lui ai pas dit mais elle était belle, c'est vrai.

Nous avons terminé nos assiettes en silence avant de quitter le restaurant. Lothaire était incapable de cacher sa déception et ça commençait réellement à peser sur l'ambiance. Je comprenais qu'il n'avait pas accueilli cette nouvelle les bras ouverts mais sa gueule d'enterrement me prenait la tête.
Je n'avais pas envie de lui faire de reproches ou de me disputer donc j'ai menti en disant que j'avais malgré tout un rendez-vous vraiment super important pour mon travail. J'avais prévu le coup en cas de question en disant que nous avions convenu une date bien avant que je ne décide de prendre congé donc ça n'avait pas pu être annulé.

Il m'a cru et m'a serré la main en m'assurant qu'il serait présent au spectacle du vingt-quatre.
Ensuite, nos chemins se sont séparés et je suis rentré chez moi.

Durant tout le trajet du retour, je n'ai cessé de repenser à la révélation de mon ami de vingt-sept ans ainsi qu'au trajet que j'avais partagé avec la jolie Eudoxie quelques jours plus tôt. J'essayais de me sentir coupable mais mon esprit me rappelait sans cesse que je n'étais au courant de rien et qu'en plus de cela, je n'avais rien fait de mal. J'aurais pu la repousser, certes mais je n'ai posé à aucun moment mes mains sur elle.

Une fois chez moi, j'ai allumé la télévision et suis tombé sur les informations de midi car, oui, j'étais restée bien trois heures et demi là-bas.
C'était encore la même journaliste qui présentait. Elle se prénommait Janaelle et était presqu'aussi belle que Florence ou qu'Eudoxie. De beaux cheveux bruns bouclés entouraient son visage métisse et ses grands yeux foncés donnaient envie de s'y perdre.

Elle était déjà en train de parler de la guerre qui éclatait en Russie avec la Chine et nous faisait un bilan des morts et des bombes qui y ont explosées. Les chiffres donnés étaient exorbitants. C'était réellement catastrophique. En y pensant, cette fin du Monde ne ferait pas que du mal car cette guerre finirait par tout détruire sur son passage, du continent américain jusqu'au continent africain qui n'avaient rien à voir avec ce conflit. Enfin, nous, les européens non plus mais pendant un très long moment, une partie de la Russie faisait partie de l'Europe avant qu'un contrat ne soit signé pour changer cette tendance. Cela n'a été qu'une somme d'emmerdes qui s'est transformée en guerre civile entre ces deux nations très puissantes.

Je me suis levé pour aller me faire une tasse de café tandis qu'elle nous rabâchait les oreilles avec cela depuis des lustres. Je pensais pouvoir m'en sortir mais exactement à l'instant où je posais le pied dans la cuisine, j'ai entendu parler de la fin du Monde.
Je suis donc très rapidement retourné dans le divan et ai entendu dire que personne ne savait encore ce qu'était exactement la chose qui s'approchait de la Terre.
J'étais un peu déçu car si je devais mourir autant en connaître la raison en détails.

Durant plusieurs minutes, Janaelle a parlé des différentes observations émises principalement par les deux anglais qui avaient découvert cette anomalie ainsi que par des dizaines d'autres scientifiques. Je n'ai pas appris grand chose de nouveau vu que personne ne parvenait à mettre les mots exacts sur la situation.

J'ai fini par éteindre la télévision car ça m'énervait d'entendre toujours les mêmes choses. C'était stupide et désagréable.

Une fois le silence complet dans mon grand appartement, une idée m'est venue à l'esprit.
J'ai attrapé mon portable en m'excusant mentalement à Lothaire.
Une voix féminine et interrogative a répondu dans la minute.

   -Allô Eudoxie, c'est moi, Alystair, le type de la voiture, me suis-je présenté de manière complète pour qu'elle se souvienne correctement de moi.

   -Oui, je me souviens bien, a-t-elle déclaré. Je me demandais quand tu me contacterais.

J'ai été étonné qu'elle espère que je la rappelle. Je pensais qu'elle avait profité d'être dans un endroit confiné avec moi pour faire son affaire et puis c'était tout. Jamais je n'aurais pensé qu'elle m'avait laissé son numéro pour que je lui téléphone, j'avais plutôt imaginé que c'était une technique polie.

   -Ça te dirait de venir chez moi?, l'ai-je invitée.

Elle a accepté ma proposition et je lui ai donné mon adresse. Elle est arrivée chez moi une grosse demi-heure plus tard habillée d'une jolie robe en laine.
Je l'ai accueillie et elle m'a embrassé les lèvres avant de rentrer dans l'appartement.
Je n'avais pas prévu qu'elle serait aussi entreprenante mais je lui ai rendu son baiser avec plaisir.
Je voyais à son regard qu'elle attendait le moment de se déshabiller.

Je n'y ai pas fait attention, bien que ça ne m'aurait pas fait de mal non plus mais je suis un ami loyal, malgré tout.

   -Dis, Eudoxie, je sais que tu travaillais aux Quatre merveilles...

   -Oui, m'a-t-elle coupé pour confirmer.

   -Tu connais donc certainement un jeune homme du nom de Lothaire qui en est le client depuis un moment.

Elle a réfléchi durant quelques instants avant que ses sourcils ne se détendent, signe d'avoir trouvé de qui je parlais.

   -Oui, il est déjà venu plusieurs fois quand j'y étais serveuse, il est même très charmant mais il va avoir un enfant, non?, m'a-t-elle curieusement questionné.

Au début, je ne comprenais pas la raison pour laquelle elle croyait une chose pareille. Lothaire est célibataire depuis si longtemps qu'il était impossible qu'il se promène avec une femme enceinte. Puis, je me suis rendue compte de qui elle parlait.

   -Ha, c'est Luce, sa soeur. Elle est en cloque depuis sept ou huit mois, ai-je fini par trouver de qui elle parlait. Ils sont assez fusionnels.

Elle a réagi d'une simple onomatopée. Elle ne devait pas être très intéressée par ce que je lui racontais donc j'ai changé de sujet en l'invitant au spectacle du vingt-quatre. Je comptais y aller avec Lothaire et je savais que ça lui ferait plaisir de passer la soirée, la dernière soirée en compagnie de cette jolie jeune femme.

Nous avons fini la journée l'un contre l'autre d'abord dans mon lit, ensuite dans ma cuisine et pour finir dans le divan car je pouvais être loyal, il y avait quand même des désirs que l'on ne peut contrôler.
Et pour une fois, je ne pensais pas à Florence.

🔶A L Y S T A I R🔶

______
J'ai eu énormément de mal à écrire ce chapitre donc j'ai pris plus de temps.
Les deux autres arriveront plus rapidement.
J'espère qu'il vous a malgré tout plu.
Sou-bi

(*) JacKeycye parce que j'aime trop cette phrase alors je te la pique.

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