Troisième jour

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20 décembre 2033





Je n'ai pas dormi de la nuit du dix-neuf au vingt. Bien que nous étions au beau milieu du mois de décembre, je mourrais de chaud.
À deux heures du matin, je me suis senti obligé de quitter mon lit et suis allé fumer une cigarette sur le petit balcon que j'avais eu la chance de bénéficier en choisissant cette chambrette.

J'étais complètement nu mais avais d'énormes bouffées de chaleur. Je ne parvenais pas à mettre les mots sur ce qu'il ne fonctionnait pas en moi mais ça ne me plaisait pas. J'avais envie de dormir, j'avais besoin de dormir. Alors comment expliquer le fait que je n'en étais pas capable?

Je suis resté statique à cet endroit jusqu'à trois heures avant de m'avouer que je ne parviendrais plus à m'endormir.
Je suis retourné m'habiller et ai rapidement quitté mon petit appartement. Je savais très bien où aller.

Je me suis dirigé, mourant de chaleur, vers la rue des acacias dans laquelle vivait une amie.
Cette dernière a toujours été insomniaque donc il y avait peu de chances qu'elle soit déjà dans les bras de Morphée.
Je n'ai pas hésité une seule seconde avant de poser mon doigt sur la sonnette du petit appartement où vivait seule Janaelle. Comme prévu, elle est venue m'ouvrir très vite et semblait inquiète de me voir seulement habillé d'un tee-shirt et d'un short de sport.

    -Mais enfin, Yorgen, tu es fou de te promener si peu habillé, m'a-t-elle réprimandé.

Ne voyant aucune réaction de ma part, elle m'a attrapé par le bras et m'a fait rentrer à l'intérieur de son petit salon. Elle m'a installé dans le divan rouge et est allée chercher un gant de toilette humide. Elle l'a posé sur mon front et m'a chuchoté quelques mots pour que je me calme.

    -Qu'est-ce qui ne va pas, Yorgen?, s'est-elle inquiétée.

J'étais incapable de répondre à cette question car moi-même je ne savais pas ce qu'il se passait.
J'ai fait de mon mieux pour calmer ma respiration mais rien n'y faisait. Je respirais si fort que des tremblements traversaient violemment mon corps musclé.

    -Tu m'inquiètes, mon pote, a dit la jeune femme, n'arrivant pas à apaiser mes tremblements.

    -Je ne sais pas ce que j'ai, Janaelle mais j'ai l'impression que mon corps brûle, ai-je avoué.

    -Écoute, tu vas aller te baigner dans de l'eau tiède.

Je n'ai pas refusé son idée et l'ai difficilement suivie jusqu'à sa petite salle de bain où seule une baignoire se trouvait.
Bien qu'une heure était passée depuis ma sortie nocturne, rien ne me calmait, j'avais même l'impression que mon mal-être s'amplifiait.

La jeune femme a fait couler de l'eau et ensuite, elle s'est approchée de moi. Elle s'est excusée mais m'a déshabillé afin que je puisse me baigner tranquillement.
Une fois complètement nu et la baignoire assez remplie, elle a tenté de me soulever pour m'y mettre. Mes membres me semblaient si lourds que j'avais du mal à les supporter et à les porter tout seul.
Une fois dans l'eau, j'ai enfin recommencé à respirer normalement.

La femme de vingt-quatre ans est restée à mes côtés et me versait calmement de l'eau sur la tête.
Sentir la fraîcheur couler le long de mon visage parvenait à remettre mes esprits en ordre.

    -Tu vas mieux?

J'ai hoché de la tête avant de m'allonger entièrement dans l'eau. Je n'ai prononcé aucun mot durant une dizaine de minutes avant d'accepter de quitter la baignoire.
Elle m'a alors aidé à me lever et m'a délicatement essuyé le corps.

    -Tu es certainement effrayé par ce qu'il se passe autour de toi, a-t-elle conclu en m'aidant à enfiler mon short.

Elle avait peut-être raison dans le fond, car bien que je jouais au dur, je n'avais que vingt ans et la mort n'était pas la chose que je désirais le plus.
J'ai quitté la salle de bain et suis retourné prendre place dans le divan.
Janaelle m'a suivi et s'est installée à côté de moi.

    -Je vais te faire un thé, Yorgen.

Elle m'a amené une tasse chaude que j'ai calmement bue.
Durant une petite demi-heure, nous sommes restés éveillés et avons un peu discuté. Ensuite, voyant que je commençais à somnoler et l'heure qu'il était, elle m'a emmené dans le lit de la petite chambre d'amis et m'a couvert.

Le lendemain, je me suis réveillé à neuf heures, sans aucun réveil et lorsque j'ai débarqué dans la cuisine, j'ai remarqué que Janaelle y était, en train de se faire un café.
La jeune fille fonctionnait à la caféine depuis ses dix-sept ans, pour toujours assumer ses insomnies.
Je me suis directement installé sur une chaise, autour de la table où se trouvait de quoi déjeuner et correctement commencer la journée.
Janaelle m'a préparé une tasse de café comme je les aime sans même me demander quoi que ce soit et me l'a tendue avant de prendre place à son tour.

    -Ça va bien, mon pote?, m'a-t-elle questionné en se tartinant une tranche de pain.

    -Oui, bien mieux, merci pour cet accueil nocturne.

Elle a accepté mes remerciements d'un hochement de tête en mordant dans sa tartine.

    -Yorgen, j'ai passé la nuit à essayer de te calmer...

J'ai été très étonné d'entendre cela. J'étais persuadé d'avoir passé une bonne nuit une fois dans le lit mais il semblait que j'avais mal imaginé le déroulement de la nuit.
Je lui ai alors demandé des explications, en jouant au mec détaché.

     -Vers cinq heures, alors que nous étions endormis depuis un bon moment, je me suis levée pour aller aux toilettes et en passant devant ta chambre, j'ai entendu des cris, a-t-elle commencé à conter. Tu étais en sueur et ne cessais de crier Charlotte.

    -Janaelle, je suis en dispute avec Charlotte depuis maintenant deux ans, ai-je répondu, troublé.

    -Je sais, c'est ça qui m'a étonnée aussi mais ça reste ta soeur, Yorgen et je suis sûre que cette fin du Monde t'effraie.

J'ai haussé les épaules, pas vraiment certain que cela me fasse peur. Je ne croyais pas vraiment à toutes ces niaiseries. Je savais qu'elles n'étaient là que pour manipuler les plus influençables ainsi que pour des raisons économiques.

    -Moque-toi de moi si tu en as envie mais je suis persuadée que c'est un message de ton subconscient, a déclaré Janaelle. Je sais que tu aimes jouer au dur et cacher tes sentiments mais elle te manque énormément, tu ne peux le cacher.

J'étais mal à l'aise, très mal à l'aise. J'aurais préféré ne jamais avoir cette conversation avec Janaelle, ni même avec qui que ce soit.

    -Oui, c'est bon, elle me manque et je regrette cette dispute stupide mais pas la peine de m'en parler, ai-je lancé. Je n'ai pas envie de la voir.

    -Tu as envie de la voir, m'a-t-elle contredit.

Je me suis définitivement tu et me suis fait à manger en silence. La jeune femme s'est levée et est allée chercher son portable qui chargeait sur le meuble dans lequel la vaisselle se rangeait. Elle a regardé son téléphone durant quelques secondes avant de l'amener à son oreille.
J'ai cru qu'elle essayait de joindre Gaëtan, un jeune homme avec qui elle sortait depuis presque six mois donc je me suis levé et ai voulu quitter la pièce.
Alors que je m'approchais de la porte, Janaelle m'a arrêté en m'attrapant le bras et m'a assis à nouveau autour de la table.
Mal à l'aise, j'ai commencé à feuilleter un magazine qui traînait sur la table.

    -Je te sonne pour prendre de tes nouvelles, ai-je entendu.

Une petite conversation s'est formée être Janaelle et l'inconnu avant que la jeune femme ne s'approche de moi pour me tendre son portable. Il y avait quelqu'un qui voulait me parler, paraissait-il. Je n'y croyais pas du tout mais étais bien trop curieux que pour refuser.
J'ai alors pris ce qu'elle me tendait et ai prononcé un simple petit bonjour. La réponse m'a énormément surpris.

    -Yorgen? C'est toi?, s'est faite entendre une voix féminine.

   -Charlotte...

Premièrement, l'idée de raccrocher m'a effleuré l'esprit, puis je me suis rappelé qu'un compteur trônait dans la ville.
J'ai alors laissé plâner un silence de quelques secondes avant de prendre mon courage à deux mains. Je savais qu'elle n'allait pas briser le silence d'elle-même.

    -Tu vas bien?, ai-je demandé en faisant semblant de rien.

Elle n'a pas répondu à ma question qui se voulait être gentille. Ma grande soeur m'en voulait énormément par rapport à ce que j'avais fait deux ans plus tôt.
A ce moment-là, elle m'avait annoncé entretenir une relation avec mon ami, Hugues. J'ai trouvé ça minable de la part de celui-ci de se taper ma soeur et elle, je lui en voulais car ça restait mon meilleur ami qui avait six ans en moins qu'elle. C'était stupide mais j'ai très mal réagit et les ai tous les deux insultés pour cette raison donc ils ont décidé de couper les ponts avec moi.
Cela faisait presque deux ans que je ne leur avais plus adressé la parole.

Je n'avais rien à lui dire et l'ai fait comprendre à Janaelle d'un regard pourtant, elle voulait absolument que je parle.

    -Charlotte, il paraît que j'ai crié ton prénom pendant la nuit, ai-je tenté.

    -Certainement le prénom d'une de tes proies, m'a-t-elle coupé, c'est un prénom courant.

J'aurais pu réagir à sa pic et lui lancer une assanité à mon tour mais quelque me disait de ne rien faire de regrettable.

    -Tu me manques..., lui ai-je avoué.

Un silence s'est fait entendre. C'était gênant et me mettait mal à l'aise, jusqu'à ce que je commence à pauvrement pleurer comme un gamin de huit ans.

    -Je ne sors plus avec Hugues, a-t-elle fini par déclarer.

De grosses larmes coulaient le long de mes joues rouges. Je me sentais bête et coupable d'avoir gâché deux ans avec une personne si importante que ma soeur.
Janaelle a pris place à ma droite et a commencé à tendrement me caresser le dos pour me consoler et m'encourager à continuer à m'exprimer.

    -J'ai peur, Charlotte, ai-je avoué.

    -Je suis très fâchée contre toi, Yorgen mais quand ce compteur est apparu, tu es la première personne à laquelle j'ai pensée.

J'ai bêtement souri suite à ces gentilles paroles. Je savais qu'elle n'avait aucune chance de le voir mais elle me connaissait si bien qu'il y avait de nombreuses chances pour qu'elle le sente, pour qu'elle s'en doute.
Je n'ai plus rien dit pendant plusieurs minutes et Charlotte non plus donc mon amie, Janaelle, s'est permise de récupérer son téléphone pour ajouter quelques choses.

    -Ton petit frère est libre dès dix-sept heures, a-t-elle commencé en connaissant parfaitement mon horaire. Ça te dirait d'aller manger un morceau avec lui une heure plus tard?

Comme c'était exactement ce que je voulais faire, je n'ai nullement contredit la proposition faite par l'hôte et ai attendu la réponse de mon aînée. Cette dernière a rapidement accepté et a confirmé sa présence à dix-huit heures dans notre restaurant préféré.

Janaelle a raccroché deux minutes plus tard et m'a conseillé d'aller me préparer pour ne pas arriver en retard à mon appartement. En effet, j'avais rendez-vous avec un soixantenaire, prénommé Sulivan. Ce dernier m'aidait dans mes cours de droits. C'était un très bon avocat depuis plusieurs années déjà et étant un ami à mon grand-père, il avait proposé son aide dès ma première année universitaire.

Je suis monté dans la salle de bain et me suis rapidement rafraîchi pour être à l'heure et présentable devant l'homme serviable du nom de Sulivan Albenez.

Il ne m'a pas fallu longtemps avant de me sentir à nouveau propre et de pouvoir rentrer chez moi à pied.
Viktor et Zacharia, mes deux colocataires s'y trouvaient déjà. Le premier étudiait dans le divan alors que le second était enfermé dans sa chambrette avec sa petite amie.

Lorsque j'ai débarqué en short, Viktor était très étonné et rassuré par la même occasion. Il s'est plaint de m'avoir chercher dans le courant dans la nuit car, d'après ses dires, ma porte était restée ouverte et personne ne s'y trouvait. J'étais presque flatté qu'il se soit inquiété.

    -Sulivan va bientôt arriver pour m'aider, ai-je prévenu mon camarade pour qu'il pense à débarrasser ses affaires.

Il l'a directement fait sans se sentir insulté. Ça faisait déjà deux ans que je partageais cet appartement avec lui et que certains mercredis, on venait m'aider dans mes cours de droits alors ce ne lui posait plus vraiment de problème.
Alors que je nous faisais un café avant que le vieil homme ne débarque, des cris de plaisir nous parvenaient à partir de la chambre de Zacharia.

    -Depuis hier, ça n'arrête pas, m'a expliqué mon ami. On dirait que la fin du Monde leur donne envie d'enfanter.

Je lui ai dit que c'était très mauvais de sa part de dire une chose pareille mais ce n'est pas pour autant que je n'ai pas rigolé. Son humour a toujours laissé à désirer mais j'en ai malgré tout toujours été très friand.

    -Elle me semble quand même un peu étrange, ai-je avoué.

   -Qui ça? Hélène, sa copine?

J'ai affirmé et ai expliqué toutes les fois où elle s'est promenée peu habillée alors que j'étais le seul présent ici.

    -En plus, elle a proposé une centaine de fois de coucher avec Eudoxie.

    -En parlant d'Eudoxie, c'est terminé avec elle?, m'a questionné Viktor.

Ce dernier savait très bien le genre de relation que j'entretenais avec cette jeune femme et la trouvait très sympathique malgré tout.
La veille, il avait dû l'entendre violemment quitter l'appartement et se posait donc la question de savoir ce qu'il s'était passé.

    -Oui, nous avons eu une conversation à propos de nos huit ans d'écart et de Camélia. Elle a décidé de tout arrêter là pour ne pas se sentir coupable de gâcher une future relation avec l'adolescente.

Mon ami ne connaissait pas cette dernière personnellement donc il ne pouvait pas la juger mais il était incapable de cacher sa déception quant à Eudoxie. Cette dernière passait presque deux fois par semaine depuis deux ans et à chaque fois, Viktor discutait une quinzaine de minutes avec elle.

    -Emmène Camélia ici demain, m'a-t-il proposé. Je suis impatient de la rencontrer et je suis persuadé que c'est aussi le cas pour Zach.

J'ai opiné alors que la sonnette retentissait à l'intérieur du petit salon. Sulivan se trouvait en bas et attendait que je vienne lui ouvrir. Viktor l'avait deviné donc il est rentré dans sa chambre en me souhaitant bonne chance. Je l'ai remercié d'un sourire avant de descendre pour ouvrir la porte.

Le vieil homme se trouvait, comme je l'avais deviné, devant la petite porte d'entrée de l'immeuble et attendait sagement en remettant son long manteau classe droit. Du haut de ses soixante-quatre ans, il était encore en forme et ne cessait de s'habiller avec des costumes qui lui donnaient une prestance impressionnante.

Il est entré et durant une bonne heure, il a tenté de répondre aux différentes questions que je me posais à propos de mes cours.
Une fois que j'avais tout compris, il s'est levé du minable banc que nous avons en tant qu'étudiants et je lui ai tendu les vingt euros qu'il demandait et méritait amplement. Il les a pris, les a rangés dans sa veste avant de se tourner vers moi.

    -Je ne sais pas ce que tu en penses de cette fin du Monde mais à ta place, j'étudierais quand même car il y a de fortes chances que ça soit un joli canular, s'est-il exprimé.

Je l'ai rassuré en disant que cela faisait partie de mes projets pour cette fin d'année et me suis bien tenu de lui parler de mon insomnie que j'avais faite la nuit même à cause de ce compteur à deux balles.
Nous avons discuté quelques petites minutes avant qu'il ne me salue et quitte la ville estudiantine.

Une fois de nouveau seul, je me suis fait à manger et étais impatient d'aller voir Charlotte. Je redoutais cela par la même occasion mais c'était largement mélangé avec de l'excitation.
Très vite, Zacharia et sa petite amie ont quitté la chambre. Ils sont venus me rejoindre dans la place principale et mon ami s'est rendu compte que je ne tenais pas en place.

   -C'est les cent six heures restantes qui te stressent?, s'est-il moqué en prenant place sur le banc.

Je lui ai envoyé un doigt d'honneur. Il avait certainement été mis au courant quant à ma sortie de cette nuit et faisait cela uniquement dans le but de se bidonner.
Ce n'était pas méchant mais je préférais éviter tout sujet de conversation en rapport avec ce compteur et la fin du monde.

   -Je suis allé chez Janaelle et elle a déduit que j'avais besoin de voir Charlotte, ai-je commencé. J'ai donc un rendez-vous avec elle ce soir.

   -C'est génial cela, s'est exclamée Hélène, connaissant toute l'histoire entre ma soeur et moi.

J'ai confirmé et ai décidé de partir courir malgré la température très basse. J'avais besoin de me défouler et de prendre l'air pour éviter de penser trop longtemps et de m'inquiéter quant à la soirée que j'allais passer. Et surtout, j'avais envie de m'éloigner de Hélène qui me rappelait un peu trop Eudoxie.

Une fois dehors, j'ai peut-être regretté mon choix car il faisait un peu moins de zéro degré et je le ressentais comme si mes os se glaçaient.

Vers dix-sept heures, j'étais prêt depuis un bon petit moment et n'en pouvais plus de patienter si longuement. J'étais persuadé que mon aînée allait se moquer de moi en voyant l'état dans lequel je me trouvais mais j'espérais ne pas être le seul à stresser autant.

Je suis arrivé devant le restaurant mexicain à l'heure prévue et ai dû attendre plusieurs minutes avant de voir Charlotte arriver. Au début, j'ai imaginé qu'elle me posait un lapin donc j'ai sorti une cigarette qui traînait dans ma veste et me la suis allumée pour me calmer.

Alors que j'écrasais la clope au sol, j'ai remarqué une tête blonde que je connaissais très bien s'approcher de moi. Elle avait les yeux baissés et ne semblait pas excessivement à l'aise.
Une fois à un mètre de moi, je me suis figé et ai retenu ma respiration durant plusieurs secondes.

    -Charlotte, ai-je chuchoté, effrayé par sa réaction.

Elle n'a pas réagi durant vingt secondes avant de m'attraper et me serrer contre son petit torse. Elle ne m'a pas lâché avant deux minutes. J'ai senti son petit corps convulser et ai directement deviné qu'elle était en train de verser des larmes.

    -Putain, Yorgen, tu es un énorme con mais ne me lâche plus, a-t-elle brisé le silence.

C'étaient les premières paroles qu'elle disait depuis deux ans en face à face et ça faisait vraiment bizarre, ça sonnait presque faux. Je n'avais plus entendu sa voix depuis si longtemps, sans compter au téléphone ce matin même.
Je lui ai attrapé la main et nous sommes rentrés de cette manière dans le petit restaurant.

    -Bonsoir, nous a accueillis un jeune serveur. Le jeune couple a-t-il réservé une table?

J'ai été très mal à l'aise face aux paroles du jeune homme et mes joues ont rougi tandis que ma soeur aînée s'est mise à rire.
Le garçon, qui ne comprenait pas la raison pour laquelle nous réagissons pareillement a dû se sentir bête et s'est donc empressé de nous placer à une table pour éviter d'amplifier le malaise.

Lorsque nous étions enfin installés, je n'ai pu m'empêcher de correctement l'observer sous tous les angles. Je la trouvais très jolie et me rendais compte de ses vingt-six ans.
La jeune femme aux cheveux blonds n'osait pas me regarder dans les yeux, par contre. Elle était certainement perturbée de m'avoir en face d'elle après tout ce temps de silence.

   -Cesse un peu de me regarder de cette manière, Yorgen, l'ai-je entendu sèchement dire.

J'avais peur qu'une dispute naisse suite à cela donc je lui ai obéit et ai regardé mes pieds. J'ai réussi à discrètement prendre mon portable pendant qu'elle faisait son choix et ai prévenu Janaelle quant à la catastrophe qu'était déjà ce dîner. Ce dernière m'a répondu dans la minute et m'a dit d'arrêter de râler et de profiter de l'instant. Elle m'a rappelé qu'il ne restait plus qu'une centaine d'heures pour me faire pardonner de toutes mes tords et c'était certainement le genre de phrase qu'il fallait pour me motiver.

    -Je sais que tu m'en veux énormément, Charlotte et que les choses ne seront certainement plus jamais pareilles mais j'ai envie de passer une bonne soirée alors mets ta rancune de côté durant quelques heures, je te prie, ai-je déclaré après avoir choisi mon plat.

   -Oui, tu as raison, a-t-elle bizarrement avoué ses erreurs.

Je trouvais sa façon d'accepter ce que je disais aussi rapidement un peu étrange. Charlotte est une fille et par conséquent, pas du genre à assumer toutes les erreurs qu'elle fait. Et encore moins à la vitesse éclaire.
Néanmoins, j'ai pris sur moi pour ne faire aucune remarque, souhaitant réellement passer une belle soirée.

    -Pourquoi tu n'es plus avec Hugues?, ai-je curieusement questionné ma soeur après qu'on ait commandé.

    -Ce garçon était aussi peu fidèle que toi et aimait trop sa liberté.

Je n'aimais pas sa façon de m'inclure dans ce genre de justification en me lançant des petites pics.

    -Je t'avais prévenue quant aux six ans d'écart. Il n'en avait que dix-huit quand tu t'es mise avec...

    -Ça va, pas la peine de me faire la morale car je te rappelle que toi aussi, tu as six ans en moins que moi, s'est-elle défendue.

    -Si tu es venue uniquement pour me faire des reproches, dis-le moi et je me barre.

Elle s'est rapidement excusée et durant quelques minutes, nous avons mangé calmement sans prononcer un seul mot. Cette situation me mettait mal à l'aise à cause des sept cent jours que j'ai passés sans elle.

Une fois hors du restaurant, dans lequel j'avais payé le repas, je me suis senti de nouveau mal. Je savais que nos chemins se séparaient là et qu'il y avait de nombreuses chances que je ne la voie plus avant la fin du monde.
Elle m'a regardé dans les yeux avant de me sauter dans les bras et de pleurer toutes les larmes de son corps contre mon torse. J'ai pris sur moi pour ne verser aucune larme mais une fois éloigné de Charlotte, j'aurais été incapable de retenir mon chagrin.

🔶Y O R G E N🔶

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Je suis vraiment désolée d'avoir tant de retard mais je fais de longs chapitres et j'ai été malade pendant deux jours...
Merci de votre compréhension.
Joyeux Noël en retard!♡

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