Deuxième jour

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19 décembre 2033


   -Eudoxie, je commence à en avoir marre que chaque matin, ça soit la même rengaine.

Le mardi dix-neuf décembre, je suis arrivée en retard au café-restaurant, Les quatre merveilles, d'une quinzaine de minutes, je l'avoue mais je ne comprenais pas la raison pour laquelle William, mon patron, me prenait la tête.
À mon avis, il a dû voir à mon regard que je me posais la question car il a posé ses yeux plus intensivement dans les miens.

   -Chaque jour, à dix heures, il y a le même garçon qui vient, a-t-il ajouté. Tu as le droit d'avoir un petit ami...

   -Ce n'est pas mon petit ami, me suis-je défendue en sachant de qui il parlait.

   -Petit ami, ami avec privilèges, c'est la même chose, et ce n'est certainement pas la question, Eudoxie.

J'avais envie de lui crier au visage d'arriver tout de suite aux faits si ce n'était pas la question. Je n'ai jamais supporté sa manière de tourner autour du pot pendant des secondes et des secondes alors qu'en un pas, les choses étaient dites.
C'était probablement la raison pour laquelle je me permettais d'arriver sans cesse en retard et puis, cela me permettait de moins voir sa face de rat.

Cependant, lorsqu'il a continué en disant qu'il me virait, les choses se sont envenimées. Il n'avait aucun droit de me foutre à la porte, quelques jours avant Noël.

   -Tu me vires?, ai-je repris, prête à le confronter. Vraiment?

Il a confirmé d'un hochement de tête en plaçant des croissants sur le présentoir.

   -Et pour quelle raison, je te prie?, l'ai-je impertinemment questionné.

Il a directement cessé de faire ce qu'il entreprenait depuis déjà une bonne demi-heure et m'a défiée du regard. À cet instant, j'ai cru qu'il allait ne faire qu'une bouchée de moi mais ce n'est pas pour autant que j'ai perdu pied ou baissé la tête.

   -J'en ai pleins les reins de toi, Eudoxie. Tu arrives en retard chaque matin et repars tout le temps vingt minutes avant l'heure réglementaire en te bloquant aux toilettes. Puis, il y a ce grand blond, s'est-il dirigé vers ce sujet délicat. Tu crois que je n'entends pas les parties de jambes en l'air dans la réserve?

   -William, tu as seulement trente-sept ans et tu as déjà oublié à quel point le sexe était bon?, ai-je provoqué, un sourire au coin des lèvres.

Il est devenu livide. J'avais touché juste et ça le rendait fou de rage. Il n'était marié que depuis cinq ans et connaissait déjà une insatisfaction avec son épouse. Il n'en parlait jamais mais sa façon de voir le monde le prouvait. En tout cas, c'était ce que je lisais à travers ses yeux.

   -Je te jure, Eudoxie, barre-toi, a-t-il tenté de garder son sang froid.

   -Je veux mon salaire!

J'étais prête à camper pendant des heures dans le petit café-restaurant jusqu'à ce que mon minable patron me donne mon chèque avec ma paie du mois.
Il s'est légèrement calmé et m'a promis que je serai payée en fin de semaine et qu'on se quittait en bons termes.
Je m'en foutais d'être fâchée contre lui et c'était probablement la même chose pour lui mais il restait professionnel et par conséquent, poli.

   -Tu sais que tu fais une grave erreur, ai-je craché. Il reste six petits jours au compteur et tu t'ajoutes du travail.

   -Mais enfin, je pense à toi, ma chérie et à ton clitoris.

Il était bête, très bête et il n'y avait plus rien à dire donc j'ai fait demi-tour en lui criant que je voulais mon argent au plus vite.

Une fois hors de ce restaurant où j'ai travaillé durant trois ans, j'ai téléphoné à Yorgen. Bien sûr, il ne m'a pas répondu, étant en cours mais je lui ai laissé un message dans lequel je lui disais que je me dirigeais vers son appartement qu'il partageait avec plusieurs étudiants. Je savais que Viktor s'y trouvait et qu'il pourrait donc m'ouvrir.
Je me suis dirigée, la tête haute, vers la gare. J'ai toujours détesté prendre les transports en commun mais je n'ai jamais passé aucun permis de voiture alors disons que j'en suis obligée.

Je suis passée par la place et ai alors remarqué l'énorme compteur qui avait pris place la veille. Il indiquait cent trente-deux heures et quarante-huit minutes. Les secondes, elles, défilaient à une vitesse folle. On aurait dit que le temps était accéléré et c'en était inquiétant.
Je ne suis pas du genre à stresser pour tout et n'importe quoi mais la mort est bien la seule chose qui me rend vulnérable. Je n'avais aucune envie d'être présente lors de la fin du Monde mais on aurait presque dit que cet espoir s'était envolé la veille.

J'ai observé cette chose nouvelle qui se trouvait, paraissait-il, dans chaque ville, et me suis très vite rendue compte que je n'étais pas la seule dans le cas. Une vieille dame pleurait en tenant la main d'un petit garçon. Elle imaginait déjà sa famille mourir, à mon avis et je comprenais parfaitement sa frayeur.
Pour ma part, il ne me restait que mon petit frère et mon père. Peut-être Yorgen aussi mais notre relation était bien trop spéciale que pour souffrir de la perte de l'autre.

Alors que j'étais perdue au milieu de toutes mes pensées, j'ai entendu une voix masculine derrière moi. L'homme marchait vite et conversait avec quelqu'un, via son téléphone portable. Je ne voulais pas écouter mais j'ai entendu la ville où je devais me rendre pour rejoindre Yorgen.

Je me suis donc empressée de remettre mes cheveux auburn en place et ai commencé à le suivre.
Il n'a aucunement senti ma présence mais dès que son téléphone était dans sa poche, j'ai gentiment tapé sur son épaule large. Il s'est tourné vers moi et m'a intensément regardée.

   -Bonjour, Monsieur, ai-je commencé.

   -Bonjour, Mademoiselle, a-t-il répondu.

   -Je ne veux pas avoir l'air impertinente mais puis-je vous demander de me conduire à Mons?, ai-je joué de mes charmes.

Il m'a souri et a accepté en disant qu'il y allait justement. Je savais que le fait d'être attirante l'avait un peu convaincu car sans mentir, il est plus facile d'arriver à ses fins avec un visage gracieux.
Il m'a demandé de le suivre, ce que j'ai donc fait, fière de l'avoir convaincu et de ne pas avoir à prendre le train.
Il m'a emmenée dans un parking et je me suis très vite rendue compte qu'il n'avait pas de problèmes d'argent. Ou du moins, c'est ce que je devinais en voyant sa voiture.

Une fois dans l'habitacle, il a démarré le moteur et a commencé à me parler.

   -Puis-je vous demander votre prénom?, m'a-t-il poliment questionnée.

   -Je m'appelle Eudoxie, et vous?

   -Joli prénom, m'a-t-il charmée de son sourire radieux. Moi, c'est Alystair.

J'ai été surprise de ce prénom. J'aurais plutôt imaginé quelque chose comme Lucas ou même Adrien, mais nullement Alystair. De plus, je n'avais jamais entendu un prénom pareil auparavant.

   -Je peux vous tutoyer?, m'a-t-il demandé, en montant sur l'autoroute.

J'ai directement accepté. Ça me semblait logique. Je n'avais que vingt-huit ans et étais plus jeune que lui.

   -Sans indiscrétion, tu vas faire quoi à Mons?

   -Je vais rendre visite à mon petit frère, ai-je menti. Il étudie les sciences à l'université depuis deux ans.

Je n'avais pas envie de lui avouer que je me tapais un garçon de presque dix ans mon cadet. Il risquerait de me prendre pour une jeune femme sans valeur, qui aimait un peu trop se faire désirer. C'était le cas mais je n'avais aucune envie qu'il le sache.

   -Et vous? Vous avez rendez-vous avec votre épouse, je présume, ai-je lancé, voulant avoir des détails sur sa vie sentimentale.

   -Malheureusement pas, a-t-il souri. Je suis célibataire. J'ai seulement un rendez-vous professionnel.

Ça m'a peut-être rassurée car je le trouvais très attirant et j'avais envie de partager une petite relation avec lui le temps de quelques heures.

   -Tu es encore à l'université aussi, je présume?, a-t-il brisé le silence après quelques minutes.

   -Oh non, je n'ai jamais fait d'études universitaires. J'ai bossé pendant trois ans au restaurant des Quatre Merveilles mais je me suis faite virer il y a une demi-heure à peine.

Je m'en foutais un peu du fait de m'être faite renvoyer. Enfin, ça me rendait malade de savoir que j'allais devoir chercher pendant plusieurs semaines un nouveau job mais travailler en tant que serveuse alors que j'avais fait des études d'hôtellerie me faisait me sentir minable. J'aurais préféré être reconnue pour ce que je valais.

   -Vous devez certainement me prendre pour une fille un peu minable qui ne fait rien de sa vie, ai-je tranché.

   -Oui, c'est probable mais malgré tout, je vous trouve très culottée d'avoir osé me demander de vous déposer alors que j'aurais pu être un homme pas net.

   -Vous auriez pu, en effet mais ça n'enlève rien à votre charme et à mon envie de passer un peu de temps en votre compagnie.

Tout le monde m'a toujours dit que j'étais une femme très directe et c'était vrai que je l'étais. Depuis que j'ai une quinzaine d'années, je suis décrite par l'adjectif franche. Ça pourrait être mal interprété mais ça m'a toujours ouvert les portes que je voulais emprunter

Il a souri en prenant à gauche. Nous avions encore une petite demi-heure de route que nous avons passée l'un à côté de l'autre et j'aurais aimé que ça dure une heure de plus, afin d'apprendre à mieux le connaître.

   -Tu es jeune mais sembles n'avoir peur de rien, a-t-il dit.

J'ai souri de toutes mes dents et ai gardé le silence durant quelques instants. J'avais une idée géniale qui se formait dans mon esprit mais ne savais pas comment la formuler.
Il fallait que je me lance, sans aucun doute mais je me devais de trouver la bonne méthode pour ne pas le choquer.

   -Puis-je être sincère avec vous?, ai-je commencé, une fois prête.

   -Tutoie-moi, ma jolie.

Ses deux derniers mots me disaient que mon projet fonctionnerait avec succès. J'ai alors un peu repris confiance en moi et me suis lancée.

   -J'ai un secret. Tu vas certainement trouver cela étrange mais je suis complètement nymphomane et tu me donnes bien envie, ai-je révélé sans hésiter.

Pendant plusieurs secondes, je suis restée muette, effrayée qu'il s'arrête et me demande de sortir de sa voiture. Ça aurait été tout à fait probable car il n'est pas habituel qu'une inconnue ose dire une chose pareille à un homme sous prétexte qu'il lui donnait envie.
Je partais du principe qu'il ne me reste que six jours à vivre et que j'étais installée à côté d'un homme très plaisant. Alors, je me suis lancée sans penser à tous ces points négatifs de cette révélation.

   -Tu ne vivras qu'une fois, ma belle.

Il n'était absolument pas contraire et avait certainement autant envie que moi. Je me suis sentie victorieuse et heureuse qu'un homme charmant dans son genre accepte qu'une fille aussi pathétique que moi puisse abuser de ses charmes.

J'ai hésité et il m'a remis en confiance en défaisant sa ceinture.
J'ai été plutôt surprise qu'il soit si entrepreneur aussi. J'ai toujours cru que les hommes avec une si belle situation étaient trop parfaits que pour coucher avec une personne dans mon genre. Les serveuses attirent peu de monde, de nos jours.

   -Je suis célibataire et on va mourir dans six jours, a-t-il simplement lancé.

J'ai alors défait sa braguette et ai rapidement fait des aller-retours avec ma main. Il semblait aimé et ça nous a fait beaucoup de bien à tous les deux.

Le reste du trajet s'est fait avec un peu moins de retenue. Il m'a même demandé mon numéro de téléphone une fois à destination et je l'ai rapidement pianoté dans le répertoire de son smartphone avant de le quitter. Il m'a promis de m'appeler dès que l'envie lui prendrait. Je savais à quoi il faisait référence et j'espérais sincèrement qu'il en aurait besoin avant la semaine prochaine.

En rejoignant l'endroit où se trouvait l'appartement de Yorgen, je suis passée par le centre de la ville et y ai aperçu un compteur semblable que celui de Bruxelles. Il était de la même taille, voire légèrement plus petit mais bizarrement, il semblait bien plus impressionnant.
J'ai été étonnée que Yorgen ne m'ait pas prévenue quant à cela mais je pense qu'il ne voulait pas m'effrayer et par conséquent, m'empêcher de venir.

J'ai pris sur moi et ai baissé les yeux pour continuer ma route.
Il m'a fallu une dizaine de minutes de marche pour arriver à l'endroit voulu.
Comme prévu, seul Viktor y était en train d'étudier. Il a fait une pause pour m'ouvrir et nous avons un peu discuté ensemble.
Ce dernier était plus âgé que Yorgen et était déjà en troisième année de médecine.

    -Tu vas bien, Eudoxie?, a-t-il poliment demandé en me servant un verre de jus d'orange.

J'ai confirmé et nous avons discuté un peu de tout, avant de bizarrement nous arrêter sur la nouvelle qui avait jailli aux informations la veille.
Viktor n'était pas vraiment effrayé. Il était même plutôt satisfait que la fin du Monde arrive maintenant, avant les énormes examens qu'il devrait présenter en janvier. Il ne se sentait pas prêt à l'idée d'être interrogé sur des choses aussi poussées et incompréhensibles que ce qu'il apprenait actuellement.
Je pouvais comprendre et c'était bien pour cette raison que je n'avais jamais tenté de suivre une année à l'université. Les exigences requises étaient trop poussées à mon goût.

   -Moi, ça me fait peur, ai-je révélé à la fin de son point de vue.

   -Pourtant, tu aimes dire que tu n'as rien à perdre.

  -Je n'ai rien à perdre, mais je pense que rien est déjà quelque chose.

Il a rigolé et m'a avoué être surpris par autant de philosophie de ma part. Il se foutait ouvertement de moi mais je le connaissais depuis deux ans donc j'avais déjà pu faire une thérapie pour prendre ses réflexions à la rigolade.

Je suis encore restée quelques instants avec lui dans la petite pièce de séjour avant de me réfugier dans la chambrette de Yorgen car le colocataire de ce dernier devait retourner dans ses cahiers.
Je me suis installée sur le lit de l'étudiant durant une petite demi-heure avant qu'il ne débarque. Il n'a pas vraiment été surpris de me voir, vu que je lui avais laissé un message pour le prévenir.

   -Tu ne travailles pas aujourd'hui?, a-t-il lancé.

  -Je ne travaille plus. William m'a mise dehors.

Je n'étais pas vraiment touchée par cela, ou du moins, je n'en laissais rien paraître. Je ne voulais pas qu'il croit que les choses m'atteignaient comme aux gamines de vingt ans. C'était bien pour cette raison qu'il avait décidé d'échanger quelque chose avec moi. Parce que j'étais plus âgée et par conséquent, j'avais une façon différente de voir les choses et de penser.

   -Dommage, j'aimais beaucoup m'envoyer en l'air sur le réfrigérateur, a-t-il souri.

  -C'est exactement la première chose à laquelle j'ai pensée lorsqu'il m'a dit que j'étais virée et c'est aussi pour cette raison qu'il ne veut plus me voir.

Il s'est naturellement dévêti et s'est couché à mes côtés dans le lit. J'étais venue ici pour pouvoir partager un acte sexuel avec ce jeune étudiant au physique dévastateur.
Il n'était pas du genre à refuser ce genre de choses et m'a directement déshabillée.
Durant une heure, nous nous sommes amusés tous les deux et alors que nous étions à l'apogée du plaisir, je me suis décidée à lui expliquer quelque chose.

   -Un jeune homme très charmant est venu me déposer jusqu'ici et je l'ai masturbé durant le trajet, ai-je dit en y repensant.

L'étudiant s'est arrêté durant quelques instants avant de reprendre.

   -Je suis vraiment là pour atténuer des besoins.

   -Oui, mais c'est le cas pour moi aussi. Je sais très bien que tu es fou de Camélia, l'amie de ta soeur, me suis-je défendue en retenant un cri de plaisir.

   -Eudoxie, on ne va jamais faire notre vie ensemble, on le sait tous les deux très bien. Nous sommes chacun là pour assouvir le plaisir de l'autre, a-t-il dit sans s'arrêter pour autant. Le fait que j'aime Camélia ne devrait pas te déranger.

J'ai posé mes mains sur ses pectoraux et l'ai légèrement poussé pour qu'il arrête ce qu'il entreprenait. Ce n'était pas mon genre de faire ça et je n'en avais aucune envie mais il fallait que l'on ait une discussion lui et moi.

  -Yorgen, on a presque dix ans de différence et je trouve ça normal que tu sois épris d'une gamine proche de ton âge mais alors, dis-le moi et on arrête tout.

Il est certain que ne plus le voir me ferait mal et affreusement bizarre mais je ne suis pas une mauvaise personne. Je me rends bien compte que je suis un peu trop dans l'âge adulte alors que lui est seulement à l'aube de sa jeunesse.
Et même si ça faisait deux ans que je lui donnais rendez-vous pour qu'il me fasse l'amour, je l'appréciais. C'était un bon garçon et il méritait de trouver quelqu'un qui ne lui demanderait pas d'assouvir ses problèmes de nymphomane mais plutôt de l'aimer telle qu'elle est.

Du haut de ses vingt ans, il m'avait déjà confié de n'avoir jamais connu l'amour. Bien que cela finirait par un coeur brisé et des regrets, je lui souhaitais de tout mon coeur de vivre cela. C'était beau, c'était niais, ça rendait notre monde meilleur.

   -J'aime éperdument Camélia, a-t-il fini par dire.

J'ai souri et ai compris que c'était presqu'un adieu, que les choses se finissaient de cette manière et je l'acceptais sans énormément de problèmes. Mais j'avais une dernière chose à lui demander.

   -Fais-moi l'amour une dernière fois, Yorgen, lui ai-je tendrement chuchoté à l'oreille.

Il a souri à son tour et a accepté. Ça a duré dix minutes et ça a certainement été la meilleure fois depuis un bon moment.
C'était la note finale d'un échange de presque sept cent trente jours.
Quand ça a été terminé, je me suis directement levée et ai enfilé mes habits ainsi que mes chaussures.

Yorgen était resté couché sous les couvertures, nu et avait son regard posé sur mon dos.

   -Merci Eudoxie, pour ces deux ans. Tu m'as beaucoup changé, et en bien.

C'était presqu'émouvant les beaux mots qu'il me disait. Je savais que c'était sincère et que je ne lui avais pas fait que du tort.
Je me suis levée de son lit et ai posé un léger baiser au coin de sa bouche.

   -Prends soin de toi, Yorgen, ai-je conclu.

   -Six jours, Eudoxie.

Il savait que j'étais effrayée par rapport à cette nouvelle. Je n'en dormais plus et il s'amusait, depuis la veille à m'enrager à ce sujet en me le rappelant sans cesse.
J'ai souri et ai quitté sa petite chambre.

   -Merci pour tout, ont été ses dernières paroles.

Je n'ai pas dit au revoir à Viktor et ai explosé en sanglots une fois dans le couloir.
Je me sentais stupide d'avoir tout gâcher en un peu moins de trois heures. Je n'avais plus de travail, donc plus d'argent et plus de petit Yorgen qui me permettait de voir la vie en couleur. Et en plus de cela, une peur énorme me rongeait l'estomac depuis bientôt deux jours.

J'ai quitté la rue dans laquelle se trouvait le petit appartement de mon ami et ai marché, longtemps marché pour calmer mes regrets et mes larmes.
Celles-ci noyaient mon visage de presque trentenaire et je me sentais minable de me retrouver dans un état pareil.

Je me suis rapidement dirigée vers la gare afin de quitter cette ville et rentrer chez moi pour me reposer et me calmer.
Peut-être que ce compteur était une bonne chose et permettrait d'atténuer mes souffrances plus rapidement.

Une fois chez moi, j'ai remis mon pyjama et suis retournée dans mon lit. Je n'avais plus aucune envie de sortir. Tant pis pour les six petits jours qui restaient, je miserai tout sur les cinq suivants.
Je me suis endormie en même pas dix minutes mais me suis faite réveillée tout aussi vite par mon portable qui était resté au rez-de-chaussée. Premièrement, je n'avais aucune envie de répondre mais après quatre appels, j'ai bien dû quitter mon lit pour aller décrocher.

Lorsque je me suis rendue compte que c'était mon père qui essayait de me joindre, je n'ai eu aucune envie de répondre. Ce dernier allait sans aucun doute me reprocher encore une énième chose comme il savait très bien le faire.

   -Allô?, ai-je entendu sa voix vieillie. Je viens d'apprendre que tu ne travaillais plus pour William.

Avant même que je ne lui réponde, j'ai levé les yeux au ciel. Quand j'étais petite, j'échangeais une très bonne relation avec lui mais plus je vieillis et plus il me prend la tête.
Il ne cessait de me téléphoner pour me reprocher toutes les erreurs que je faisais dans ma vie. Je savais que je ne faisais pas toujours des choix très judicieux mais il n'avait pas besoin de me faire la leçon sans cesse.

   -Papa, je ne sais pas comment tu es au courant mais pas la peine de me faire la morale, ai-je directement mis les choses au clair.

   -William, lui-même m'a prévenu, a-t-il continué sans prendre ma demande en compte. Il m'a parlé de ton comportement provocateur que tu as avec ce jeune garçon.

William était pire que ce que je ne le pensais. Je savais qu'il était du genre à critiquer tout qui était possible mais de là à tenir au courant mon père quant à mes relations sexuelles, ça allait un peu loin.

   -Ça ne s'est produit qu'une seule fois, me suis-je défendue, mal à l'aise de parler de cela avec lui. Et ça ne se reproduira plus.

   -Eudoxie, tu as attendu de ne plus avoir de boulot pour te rendre compte qu'il fallait arrêter ces conneries. Franchement, félicitations.

Une folle envie de raccrocher m'ait parvenue mais je ne l'ai pas fait, préférant éviter d'amplifier les problèmes actuels.

   -Je te promets, Eudoxie Haslemere, que tu as intérêt à trouver un job avant février, a-t-il agressivement prononcé.

En plus de devenir une personne ignoble, il ne pensait plus que tout était mensonge.
Il est vrai que j'avais pensé au fait de chercher quelque chose de nouveau aussi mais je me suis très vite rappelée que ce n'était plus nécessaire.

   -Papa, on mourra tous dans six jours donc je n'aurais pas ce problème-là, ai-je révélé.

   -Mais qu'est-ce que tu es irréfléchie, ma fille. Ce n'est pas vrai, c'est uniquement une façon de faire des meilleurs chiffres d'affaires dans les restaurants et pour que les abrutis dans ton genre se pressent d'acheter des choses inutiles dont ils n'auront jamais besoin.

J'ai eu envie de lui dire d'aller se faire voir et que c'était un pauvre type mais c'était mon père et malgré tout, j'y croyais à cette fin inattendue et n'avais aucune envie de mourir en de mauvais termes avec lui.

   -Bon, Papa, je vais me reposer, je viendrai vous voir, Louis et toi, demain.

Ça a été mes dernières paroles avant de raccrocher sans même attendre sa réponse. Je suis retournée dans ma chambre et ai fait de mon mieux pour enlever de mon esprit l'image du grand compteur qui devait maintenant indiquer cent vingt-sept heures.

🔶 E U D O X I E🔶

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J'ai essayé de ne pas rentrer dans la vulgarité mais j'avais envie de montrer un contraste.
Merci de me lire!♡
NB-Haslemere= nom de famille de Carl.

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