18 ➵ 𝒂𝒗𝒂𝒏𝒕 - last

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𝙟𝙪𝙞𝙣 𝟮𝟬𝟭𝟴

𝙩𝙤𝙠𝙮𝙤


tw : accident de voiture (ouais c'est pas la joie ici désolée,, also c'est le dernier flashback comme bha c'est indiqué dans le titre. take care ily - calypso)



Minho avait toujours eu une relation difficile avec son père.

Ce n'était pas faute de faire des efforts, pourtant. Il en avait fait. Il lui semblait même que toute son enfance, il n'avait fait que ça : tenter de plaire à son père, de se conformer à ce qu'il attendait de lui, d'imiter les autres enfants auquel il le comparait, toujours négativement, dans l'espoir que son regard sur lui s'adoucisse et qu'il se dise enfin fier de lui. Mais les seules choses qu'il recevait étaient des critiques. « Tu n'as pas d'assez bonnes notes », « tu es trop feignant », « tu ne réussiras jamais à rien dans la vie si tu continues comme ça ». Le pire, c'est que son père ne le faisait même pas dans un souci de lui nuire ou d'être méchant, il pensait juste sincèrement que son fils n'était pas aussi parfait qu'il le voudrait et il le faisait savoir, comme si ces remarques n'auraient aucun impact et qu'il annonçait simplement qu'il passait chercher de l'essence en rentrant. Des paroles douces et gentilles, si jamais il en avait en tête, ne franchissait jamais la barrière de ses lèvres. Minho ignorait si c'était parce qu'il n'osait pas les dire ou tout simplement parce qu'il ne voyait pas l'intérêt. Il ne doutait pas que son père l'aimait, parce que c'est ce que lui répétait sa mère, mais il ne lui avait jamais vraiment témoigné de son amour clairement.

Et toute sa vie, il avait cherché à obtenir le contentement dans ses yeux, qu'il lui sourit et apprécie ses capacités à sa juste valeur. Minho avait constamment l'impression de se dépasser, de pousser ses limites, sans jamais rien recevoir en retour. Mais la plupart du temps, son père n'était même pas là pour assister à ses progrès. Il avait raté de nombreuses réunions parents-profs, de spectacles de fin d'année et de kermesses d'école. Minho se disait toujours qu'il comprenait. Que son père était le patron d'une entreprise, que ce ne devait pas être facile pour lui tous les jours, que son fils passait après le travail. Et sa mère ajoutait, en lui passant une main dans les cheveux et en le bordant pour dormir, qu'il ne fallait pas le juger sur ses absences, qu'il les aimait très fort et regrettait de ne pas pouvoir passer plus de temps avec eux.

Lee Hae-seong était un homme très occupé. Fondateur d'une entreprise qui fabriquait des pièces pour assembler les avions, il était constamment parti à l'autre bout du pays pour rencontrer un fournisseur ou discuter avec de futurs partenaires financiers. Minho avait grandi en ayant conscience de l'importance du travail qu'effectuait son père, et il avait très tôt appris à ne pas le déranger, sous peine d'être brutalement renvoyé dans sa chambre. Quand il était à la maison, dans son bureau, lui et sa mère marchaient sur la pointe des pieds pour ne pas l'embêter, et ils en avaient fait un jeu, celui qui ferait le moins de bruit possible.

Les moments qu'il passait avec son père étaient rares, des instants volés que Minho chérissait par-dessus tout. Il se revoyait, six ans à peine, entendre la porte de la maison claquer au milieu de la nuit et se lever pour aller accueillir son père. D'habitude, sa mère l'arrêtait avant qu'il n'atteigne la chambre où il s'engouffrait aussitôt. « Papa est très fatigué, tu le verras demain matin », disait-elle, et Minho retournait dans son lit, déçu. Et le lendemain, son père était déjà reparti. Souvent, il laissait malgré tout à son fils un petit cadeau, une attention qui réchauffait le cœur du petit garçon et l'aidait à tenir jusqu'à la prochaine fois où il le verrait. Mais une nuit, Minho avait échappé à la vigilance de sa mère et rejoint son père dans son bureau. Au début, il n'avait pas eu l'intention de lui parler, trop effrayé de déranger sa concentration. Mais l'homme l'avait entendu, et au lieu de lui crier dessus, il l'avait invité à s'asseoir sur ses genoux. Il lui avait montré des plans d'avions, et lui avait parlé de dizaines de choses que Minho ne comprenait pas, bien trop jeune pour assimiler des mots comme « fuselage » ou « aérodynamique ». Mais il se rappelait la chaleur qui l'avait envahi, de la fierté qu'il avait ressenti cette nuit-là, comme si son père et lui partageaient un secret. Dans ces moments-là, Minho n'avait aucun doute sur le fait que son père l'aimait. Et il gardait cette pensée en tête, se la rappelant dès qu'il était pris de doutes.

Il n'avait pas réalisé tout de suite que son père était toxique. Il était persuadé que tout ce qu'il faisait, il le faisait parce qu'il lui voulait du bien, parce qu'il voulait ce qu'il y avait de mieux pour lui. Minho n'avait pas assez de recul pour comprendre que ce n'était pas la meilleure méthode à adopter, et qu'un enfant n'était pas supposé pleurer le soir dans son lit pendant des heures parce que son père l'avait emmené tout en haut d'un immeuble pour lui faire passer son vertige. Il avait abandonné la danse, sa passion, parce que son père jugeait que ce n'était pas assez masculin. Il avait dû affronter nombre de fois le vide, parce que son père était persuadé que c'était en le confrontant à sa peur qu'il la surmonterait. Il avait dû choisir une faculté de management et de gestion, parce que son père ne voyait pas d'autre options que son fils pour lui succéder à la tête de son entreprise. Et Minho avait obéit, à chaque demande, à chaque ordre. Parce qu'il avait confiance en son père. Parce qu'il voulait lui plaire, parce qu'abandonner ses rêves était un faible prix à payer pour voir la fierté illuminer les yeux de Lee Hae-seong.

Il avait toujours vécu dans un environnement assez strict, qui ne laissait pas vraiment la place à la spontanéité. Contrairement à ses amis, qui se vantaient d'aller manger avec leurs parents au restaurant certains soirs, ou d'aller au cinéma sur un coup de tête, il savait qu'il n'y aurait pas de place pour de telles décisions impulsives dans son monde calculé et millimétré. Son père n'avait jamais le temps, et sa mère prétendait ne pas être fan de restaurants de rues, préférant cuisiner elle-même. Ainsi Minho avait dès son plus jeune âge commencé à se restreindre, à envier la vie des autres sans pouvoir y prendre part. Il aimait aller à l'école, parce que là-bas, il lui semblait que tout était possible. Mais une fois rentré chez lui, le soir, il retrouvait son existence morne, sans télé ni jeux vidéo comme tous ses copains possédaient. Il sortait, des fois, quand sa mère avait au préalable appelé les parents de ses camarades afin de s'assurer que leurs fils n'allaient pas dévergonder le sien. Et alors seulement là, après lui avoir prodigué mille et un conseils, elle le laissait partir, jamais très longtemps. Minho n'osait pas rester dormir chez ses amis, car il sentait bien la tristesse dans la voix de sa mère quand il abordait le sujet. « Oh... Tu vas me laisser seule, alors... Pas de problèmes, amuse-toi... ». Il ne pouvait supporter son numéro et finissait irrémédiablement par rentrer, la culpabilité lui tordant le ventre.

Qu'elle le laisser aller à l'internat n'avait pas été facile, et plusieurs fois, il avait failli abandonner le débat, se résigner à l'idée d'intégrer la fac près de chez lui. Mais il avait tenu bon, légèrement aidé par son père, qui trouvait ça bien qu'il voie un peu du pays et qui se fichait d'où il allait du moment qu'il ramène des bonnes notes à la fin de l'année. Sans son appui, même vague, il ne serait probablement jamais allé à Tokyo. Il avait vanté les avantages d'un lycée en ville, préparant son argumentaire avec soin, et résister aux yeux larmoyants de sa mère avait été l'étape la plus difficile. Il avait dû se faire violence pour ne pas céder, pour garder en tête l'idée fantasmé d'une scolarité en ville, loin de sa campagne ennuyante. Le problème de ses parents, c'est qu'ils ne l'avaient jamais vraiment poussé à vivre ses rêves, et tout seul, Minho ne se sentait pas le courage de les suivre malgré tout. Il n'était pas assez sûr de lui, pas assez confiant pour tenir tête à son père et à sa mère. Mais quand il s'était retrouvé à Tokyo, dans sa classe, au milieu de ceux qui allaient devenir ses meilleurs amis, il avait été heureux de s'être battu. D'avoir osé affirmer ce que lui désirait, pour une fois.

Il avait vécu trois années chargées, intenses en émotions et en découvertes. Comme si avant ses seize ans, il avait vécu dans une boîte, et que soudainement tout lui était accessible. Et maintenant que tout ça touchait à sa fin, il n'était pas sûr d'être prêt à dire adieu à son indépendance et à sa liberté. Il ne voulait pas quitter ses amis, il ne voulait pas quitter Jisung, et il ne voulait pas avoir à recommencer sa vie quelque part, à redevenir sociable et à réapprendre à connaître d'autres gens. S'il avait pu figer le temps à l'instant même, peu importe le prix, il l'aurait fait sans hésiter.

Demain avait lieu l'évènement qui clôturerait trois années de scolarité au lycée Taniguchi. Le bal de promo. Ils en avaient parlé en riant avec Jisung, ce qui semblait des mois auparavant. Et aujourd'hui, ils y étaient. Minho trouvait drôle à quel point les heures de cours passaient lentement, mais tout le reste à une vitesse incroyable, à tel point qu'il se retrouvait déjà sur le point d'entrer dans les études supérieures alors qu'il avait l'impression d'être entré en seconde la veille. Il décida qu'il détestait la rapidité avec laquelle tout s'enchaînait.

Il fit la moue et reposa son téléphone, fermant les yeux quelques secondes. Il avait passé la soirée avec ses amis, et il avait hâte de les rejoindre le lendemain. Ils lui manquaient tous déjà. C'en était presque effrayant, à quel point il était dépendant d'eux. Il ne se voyait plus vivre sans leurs présences à ses côtés. Il n'était pas habitué à ressentir des émotions aussi fortes pour quelqu'un d'autre que sa famille. Il ne savait pas vraiment si c'était une bonne chose ou non. Aimer lui faisait un peu peur. S'attacher aux gens, c'était prendre le risque de les perdre. Et il n'était pas sûr de pouvoir supporter leur perte.

Minho était attentionné, aimant, gentil, bienveillant. Il aimait faire plaisir aux autres, et tant pis si son propre bonheur n'entrait pas dans l'équation. Mais il n'était pas aussi assuré qu'il prétendait l'être, et avant de s'ouvrir au reste de ses amis, ils avaient dû passer de longs mois à essayer de percer sa carapace. Minho était adorable. Mais Minho ne se négligeait pas au point d'accepter la souffrance, et il avait peur de s'attacher. Parce qu'il était persuadé qu'il en résulterait quelque chose de douloureux pour lui au bout d'un moment. Et que pour éviter de trop souffrir, il préférait s'éloigner et prétendre l'indifférence. Avec ses amis, et Jisung, il avait pour la première fois osé sortir de sa zone de confort, s'autorisant à éprouver de l'amour inconditionnel pour d'autres personnes. Et il était terrifié qu'un jour cet amour ne lui fasse mal, qu'un jour ils décident que Minho n'en valait pas la peine et partent en le laissant seul. Minho avait peur d'ennuyer ses amis, qu'ils le trouvent insupportable, qu'ils fassent semblant de le tolérer quelques fois. Il imaginait bien que c'était faux, sans quoi ils ne passeraient pas tout leur temps libre ensemble, mais c'était une pensée qui trottait dans sa tête bien plus souvent qu'il ne l'aurait aimé. 

Il avait peur de les perdre. Il avait peur de perdre Felix, Hyunjin, Chan, Jeongin, Seungmin et Changbin. Il avait peur de perdre Jisung. Il les aimait si fort qu'il ne voulait même pas imaginer un monde où ils ne seraient plus là. Il n'était pas sûr de les mériter, mais s'ils voulaient bien de lui, alors il resterait avec eux pour le restant de leurs vies.

Il aurait aimé aller chez Jisung ce soir, comme ce dernier lui avait proposé, mais son père l'avait informé de sa venue à la dernière minute et il n'avait pas eu d'autres choix que d'informer son petit ami qu'il ne pourrait pas rester dormir chez lui. Il ne voyait pas souvent son père, ne rentrant que pour les vacances, et il n'était pas contre passer un peu de temps avec lui.

C'est pourquoi il se tenait à l'instant même dans une chambre d'hôtel, allongé sur un matelas moelleux pendant que son père occupait la salle de bain. Il avait déjà mangé, mais Hae-seong avait insisté pour sortir dans un bar où l'attendaient des amis à lui, et Minho avait accepté, de toute manière pas prêt de dormir tant il était impatient au lendemain. Il se demandait comment allait se dérouler cette fameuse rencontre avec les amis de son père. Ce dernier était à Tokyo pour rencontrer le patron d'une entreprise similaire à la sienne qui souhaitait partir à la retraite, dans l'espoir de racheter ses parts pour agrandir son propre business. La négociation devait se dérouler le lendemain, et Hae-seong en profitait pour revoir des amis à lui pendant son cours séjour, ainsi que son fils.

-Je suis prêt, déclara la voix veloutée de son père alors qu'il sortait de la salle de bain, propre et habillé comme un véritable homme d'affaire.

Minho lui sourit et se leva. Il n'était pas exactement ravi de l'accompagner, surtout quand il pensait au sourire de Jisung et à quel point il aimait s'endormir entre ses bras, mais il ne voyait pas souvent son père, il pouvait bien faire un effort. Et puis, il aurait toute la journée demain pour voir Jisung. Et même tout l'été. Et même toute la vie, pensa-il, même s'il n'aimait pas se projeter aussi loin dans le futur.

-Super, répondit-il, essayant d'insuffler dans sa voix l'enthousiasme qui lui manquait.

Son père ne parut pas prendre note du manque de vivacité de son fils, et continua à mettre en ordre ses affaires, jusqu'à être satisfait.

-Bon, on y va ?

Minho lui emboîta le pas, et ils quittèrent la chambre, prenant soin de la verrouiller. L'hôtel dans lequel ils étaient descendu était bien plus luxueux que tout ce à quoi Minho était habitué. Ses parents avaient beau être une clientèle régulière des restaurants gastronomiques et autres lieux où l'argent dominait, ce n'était pas du tout sa tasse de thé et il préférait de loin utiliser l'argent qu'on lui donnait pour faire plaisir à ses amis, parce qu'un sourire de leur part équivalait à n'importe quel vêtement de luxe qu'il aurait pu s'acheter.

De la moquette beige recouvrait le sol, étouffant leurs bruits de pas. Ils passèrent des dizaines de portes bleues ressemblant celle qu'il venait de refermer, les numéros défilant, 34, 35, 36, et ainsi de suite. Minho était reconnaissant à son père d'avoir choisi une chambre seulement au troisième étage. Il ne savait pas s'il l'avait fait délibérément, ou bien si ce n'était qu'un pur hasard, mais il était soulagé de toute manière. Il était toujours sujet au vertige, et ça ne semblait pas prêt de se terminer.

Ils descendirent au parking, toujours en silence, ni l'un ni l'autre ne sachant vraiment quoi dire. Minho n'avait jamais su lui parler librement comme il le faisait avec sa mère, tout avec lui paraissait inutile et dépourvu d'intérêt. Il avait peur de dire une bêtise, qu'on lui fasse une remarque, alors il préférait se taire. Il se rendit compte, un peu tristement, qu'en fait il n'avait jamais vraiment connu son père.

-Tu vas voir, la fille de Yeonji est magnifique, déclara ce dernier alors qu'ils s'installaient dans sa voiture, une Mercedes AMG que Minho n'avait encore jamais vu. Elle va faire une école de management, tout comme toi, et c'est un très bon parti. Peut-être que vous pourriez bien vous entendre ?

Minho serra les dents, la petite bulle de bonheur sur laquelle il flottait depuis son repas avec ses amis éclatant brusquement. Son père avait toujours fait mine de ne pas reconnaître l'existence de Jisung, et même si Minho ne le mentionnait pas souvent, préférant garder cette part de sa vie pour lui, il prenait très mal le fait que ses parents fassent comme s'il n'existait pas.

-Peut-être, répondit-il plus agressivement qu'il ne l'aurait voulu, partagé entre l'envie de défendre Jisung et la lassitude qui l'envahissait à l'idée de tenir tête à son père.

Il choisit la deuxième option, préférant ne pas faire de vagues. Pourquoi instaurer un malaise entre eux, alors qu'ils s'entendaient plutôt bien en ce moment ? Après tout, sa relation avec Jisung ne regardait que lui. Et tant pis s'il n'était pas riche ou célèbre, tant qu'il faisait battre le cœur de Minho un peu plus vite.

-Tu peux mettre le GPS s'il te plaît ? demanda son père, qui était déjà passé à autre chose. Je ne suis pas sûr de la route à prendre.

Il donna l'adresse, et Minho s'exécuta. Ils arrivèrent rapidement au bar en question, un lounge privatisé dont s'échappait de la musique suave, aux battements lents et réguliers. Minho comprit très vite qu'il n'allait pas passer la soirée la plus excitante de sa vie, pas plus qu'il n'allait avoir l'occasion de parler avec son père. L'atmosphère de la salle était calme, les lumières tamisées, les adultes éparpillés en petit groupes, certains assis dans de longs sofas, d'autres debout ou appuyés au comptoir, tous un verre de champagne à la main. Hae-seong prit deux coupes sur le plateau d'un serveur et en tendit une à son fils, qui refusa.

-Je ne bois pas d'alcool, s'excusa Minho.

Son père haussa les épaules et reposa l'un des verres, avant de boire quelques gorgées du sien. Il ne fallut pas plus de trente secondes avant que quelqu'un ne vienne lui parler, un homme aux cheveux blancs et au visage un peu ridé, qui paraissait tout sauf sympathique aux yeux de Minho.

-Taegi ! Ça fait longtemps ! Tu as déjà rencontré mon fils, Minho ?

-Je n'ai pas eu ce plaisir. Enchanté, Minho. Alors, c'est toi le prochain patron de l'Aerial ?

-Il faut croire, commenta son père d'un air appréciateur, en couvant son fils d'un regard fier.

Minho sourit, mais le cœur n'y était pas. Il n'avait pas envie de rester là et de servir à son père comme un objet de luxe qu'on exposerait à la vue de tous. Heureusement, son père et le dénommé Taegi entrèrent en grande conversation, oubliant totalement l'existence du jeune homme. Il parcourut la salle du regard, avisa une place au bout d'un canapé et s'y réfugia, tenant son portable bien serré dans sa main.

˗ˏˋ de : minho – envoyé à 21h38

[help]

[je suis entouré de gens et mon père m'a lâché]

[je m'ennuie déjà]

˗ˏˋ de : sungie  – reçu à 21h41

[sympa]

[tu es où ?]

˗ˏˋ de : minho – envoyé à 21h42

[je sais pas, un genre de bar privé super sélectif avec des gens qui ont l'air riche]

[avec tout le monde soit en costume, soit en robe de soirée moulante]

˗ˏˋ de : sungie  – reçu à 21h46

[j'espère que toi aussi tu as mis une robe moulante pour te fondre dans la masse]

˗ˏˋ de : minho – envoyé à 21h47

[bien sûr oui, mon père aurait adoré]

[non, j'ai la même chemise que tout à l'heure]

˗ˏˋ de : sungie  – reçu à 21h49

[tu dois y rester jusqu'à quand ?]

˗ˏˋ de : minho – envoyé à 21h51

[je sais pas, jusqu'à ce que mon père décide qu'il veut partir. Ce qui risque de prendre beaucoup de temps, vu comment il commence à enfiler les verres d'alcool. je sais pas comment on va rentrer]

˗ˏˋ de : sungie  – reçu à 21h52

[t'as qu'à boire toi aussi]

[noie ton désespoir]

˗ˏˋ de : minho – envoyé à 21h52

[dans le jus de pomme ? je suis pas sûr que ce soit très efficace]

Jisung répondu avec un emoji qui rigolait, et Minho se détendit un petit peu. Au moins, il avait une distraction au milieu de tous ces adultes qui parlaient de choses qu'il ne comprenait pas. Il commença à traîner sur les réseaux sociaux, tout en parlant à Jisung. La nuit sembla malgré tout s'étirer, interminable, jusqu'à ce que finalement Hae-seong vienne chercher Minho à côté des toilettes où il s'était réfugié et lui fit signe qu'ils allaient partir. Minho envoya rapidement un emoji de chat avec des cœurs dans les yeux, un sourire aux lèvres en visualisant l'expression dégoûtée de Jisung quand il le verrait, et mis son portable dans sa poche pour suivre son père. Il était plus d'une heure du matin, il commençait à sentir la fatigue lui alourdir les paupières.

-Tu es sûr que tu peux conduire ? s'inquiéta-il.

Hae-seong balaya l'air de la main, accordant peu d'importance à la question.

-J'ai déjà conduit avec plus que ça dans le sang. Tu ne vas pas douter de ton papa, quand même ?

Minho commençait à sentir l'anxiété monter en lui, mais quel autre choix avait-il ? Il n'allait pas rester ici, seul, et son père serait impossible à convaincre. Il n'avait jamais pris aucune leçon de conduite, et était incapable de prendre le volant. Il soupira et monta à la place passager, attachant sa ceinture et vérifiant du coin de l'œil que son père faisait de même. Ce dernier enclencha la marche avant pour sortir du parking, et en voyant qu'il slalomait plutôt bien entre les poteaux, Minho se détendit. Il laissa son regard dériver par la fenêtre, observant le ciel entre deux immeubles. Il aimait la nuit. Il avait toujours aimé la nuit. Son père roulait normalement, sans montrer aucun signe d'ivresse, alors il commença à se laisser aller, tout doucement, emporté par le sommeil.

Ce fut un horrible grincement qui le réveilla brutalement, puis un « putain ! » paniqué, et le son de deux métaux qui s'entrechoquent durement. Il ouvrit les yeux d'un coup, le cœur battant la chamade, complètement paniqué. Avant qu'il n'ait eu le temps de comprendre ce qui se passait, il se retrouva violemment projeté en avant, seulement retenu par sa ceinture de sécurité. Il frôla le tableau de bord, manquait de se cogner sérieusement la tête, puis retomba sur son siège tout aussi brusquement, cette fois se faisant mal au dos et à la nuque. Un cri retentit, soudain très loin, comme s'il lui parvenait à travers de l'eau. La douleur l'envahit d'un coup, aigue et écrasante, et il ne fut plus capable de raisonner. Il n'arrivait pas à voir ce qui se passait, parce qu'une lumière l'aveuglait, était-il en voiture, où était son père, qu'était-il arrivé ? Il était incapable de penser, il avait tellement mal au crâne, il grimaça douloureusement et porta sa main à son front pour se stabiliser. Il entendait des voix comme distantes, et il avait tellement mal, et il ne comprenait pas ce qui se passait, il était en voiture, mais la voiture était arrêté, et pourquoi y avait-il une lumière en face de lui ?

Son père. Il tourna la tête, paniqué, vers sa droite, et laissa échapper un gémissement quand il aperçut la forme de son père, une silhouette noire, immobile et pliée en deux, la tête contre le volant. Il n'osait pas le toucher, n'osait pas parler, comme s'il y avait une chance que sans agir, le temps se rembobine, qu'ils reviennent à l'instant précédant l'accident, qu'il y ait encore une chance de sauver son père. Qu'est-ce qu'il allait faire, il fallait qu'il fasse quelque chose ! Il fallait appeler les secours, oui, les secours, eux pourraient peut-être l'aider. Il mis la main dans sa poche, mais son téléphone n'avait pas survécu au choc, il était éclaté à terre, le verre explosé, inutilisable. Minho gémit de plus belle, la tête lourde, le dos en feu, désorienté. Il fallait que quelqu'un les aide.

-Excusez-moi ? Monsieur, monsieur vous allez bien ?

Il voulut ouvrir la bouche pour répondre, appeler à l'aide, crier sa présence, mais tout ce qui sortit fut un sanglot, et son mal de crâne devint si fort qu'il crut qu'il allait mourir. Son cœur fit un bond à cette pensée, et la panique l'envahit instantanément, il ne pouvait pas mourir, il ne pouvait pas mourir maintenant, il ne pouvait pas laisser Jisung. Je ne peux pas laisser Jisung tout seul. Puis la douleur eut raison de lui, et il plongea dans les ténèbres, s'abandonnant au néant libérateur de l'inconscience.

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