17 ➵ 𝗻𝗼 𝗺𝗮𝗻𝗻𝗲𝗿𝘀 • 𝘀𝘂𝗽𝗲𝗿𝗺

Màu nền
Font chữ
Font size
Chiều cao dòng

↺ 𝐹𝑎𝑟𝑒𝑤𝑒𝑙𝑙𝑠 𝑎𝑟𝑒𝑛'𝑡 𝑠𝑜𝑚𝑒𝑡𝘩𝑖𝑛𝑔 𝑔𝑟𝑒𝑎𝑡,
𝐼'𝑚 𝑠𝑐𝑎𝑟𝑒𝑑 𝑜𝑓 𝑡𝘩𝑒 𝑓𝑒𝑒𝑙𝑖𝑛𝑔 𝑡𝘩𝑎𝑡 𝑤𝑒'𝑙𝑙 𝘩𝑢𝑟𝑡 𝑒𝑎𝑐𝘩 𝑜𝑡𝘩𝑒𝑟
𝑇𝘩𝑒 𝑓𝑢𝑡𝑢𝑟𝑒 𝑡𝘩𝑎𝑡 𝑐𝑜𝑚𝑒𝑠 𝑓𝑟𝑜𝑚 𝑡𝘩𝑒 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑒𝑞𝑢𝑒𝑛𝑐𝑒𝑠
𝐶𝑜𝑚𝑒𝑠 𝑤𝑖𝑡𝘩𝑜𝑢𝑡 𝑓𝑒𝑎𝑟


-Et ce devoir sera à rendre pour après les vacances. Oui, je sais, vous avez déjà des partiels, devança le professeur avant que les élèves regroupés dans la salle émettent la moindre protestation. Mais vous êtes en études supérieures maintenant, il va falloir arrêter de se reposer sur ses lauriers. Ce n'est pas grand-chose que je vous demande.

Jisung lança un regard éploré à son voisin de table, Jeno, qui lui fit un petit sourire contrit. Ni l'un ni l'autre n'étaient ravis de ce nouveau devoir à rendre, qui s'ajoutait déjà à une immense pile, sans compter leurs révisions pour lesdits partiels.

-Je crois que je ne passerais pas l'hiver, croassa Jisung à peine étaient-ils sortis de la salle.

Autour d'eux, les élèves criaient et se bousculaient, heureux d'être enfin en vacances d'hiver. Tout l'université était bouillonnante d'énergie, ce qui changeait du reste de la semaine où tout le monde avait avancé dans les couloirs d'un air apathique, une vraie bande de zombies. Subitement, le vendredi soir, tout le monde se réveillait, comme si l'idée de passer la moitié de leur temps à travailler ne semblait pas les gêner. Jisung, lui, était bien trop abattu pour penser à célébrer la fin des cours. Il visualisa les deux prochaines semaines, où il allait alterner entre son travail au restaurant et ses révisions, et il poussa un nouveau gémissement.

-J'aurais même pas le temps d'aller avec Felix voir le dernier Star Wars !

-Courage, ça va bien se passer ! l'encouragea Jeno. On aura qu'à faire celui-là ensemble, ça ira plus vite.

Jisung le regarda en haussant les sourcils.

-Nous deux ? Dans la même pièce ? Travailler efficacement ? Tu vis où, Lee Jeno ?

Le brun éclata de rire.

-C'était juste une proposition ! Mais si tu préfères écrire les dix pages de l'essai tout seul...

-Non, non, je t'en prie, reste avec moi ! supplia Jisung. Je ne vais jamais y arriver si tu ne m'aides pas.

-T'en fais pas, je vais pas te laisser tout seul. Allez viens, je te paye un chocolat chaud !

La perspective de se poser dans un petit café pour se réchauffer sembla rasséréner le blond, qui releva la tête, un sourire sur le visage. Certes, il n'allait pas passer des vacances reposantes. Mais au moins, il pouvait toujours compter sur le soutien de ses amis.

Ils sortirent du bâtiment principal, celui où ils venaient de passer trois heures à écouter un cours d'un ennui mortel sur les subtilités du solfège et comment le maîtriser à la perfection. Ça avait été une torture, surtout que le prof n'autorisait pas les ordinateurs, obligeant les élèves à s'intéresser à ce qu'il y avait devant eux, faute de pouvoir faire autre chose pour se distraire.

Jisung jouait de la guitare, mais il n'avait jamais réellement appris le solfège, la discipline lui paraissant bien trop fastidieuse pour qu'il y consacre des heures entières. En règle générale, Jisung avait du mal à accorder son attention à quelque chose pendant plus de vingt minutes, trente étant la limite maximum. Sa mère aimait plaisanter en disant qu'il avait la capacité d'attention d'un poisson rouge, mais c'était moins drôle qu'elle ne le laissait entendre. Il avait énormément eu du mal à réussir sa scolarité à cause de ça, décrochant systématiquement du cours au bout d'un certain temps et étant incapable de s'y remettre sérieusement ensuite. Faire ses devoirs tournait au calvaire parfois, quand il devait écrire des dissertations entières en l'espace d'une semaine, et qu'il ne parvenait pas à rester assis sur sa chaise assez longtemps pour que les idées viennent. Ce n'était pas de sa faute, et il essayait réellement de faire des efforts pour se concentrer, en vain. Dès que quelque chose ne l'intéressait pas, il finissait irrémédiablement par s'en détourner tôt ou tard. La musique était l'un des seuls domaines où son déficit de l'attention se calmait quelque peu. Quand il écrivait un morceau ou composait une chanson, il pouvait rester pendant des heures concentrées, en oubliant même parfois de manger ou de répondre aux messages, ce qui pouvait conduire à des situations où Felix débarquait en panique chez lui, disant qu'il avait envoyé un message à Jisung deux heures auparavant en lui demandant s'il voulait manger chinois et que l'absence de réponse connaissant l'amour du blond pour la nourriture chinoise était inquiétant.

Jisung vivait entièrement pour la musique. Dans toutes les mauvaises passes de sa vie, il avait pu s'y réfugier à corps perdu, trouvant un refuge rassurant dans les mélodies et les paroles. La musique ne décevait jamais. Il y avait toujours un morceau qui nous touchait, auquel on s'identifierait. Et il y avait quelque chose d'infiniment réconfortant dans la découverte que quelqu'un d'autre ait posé des mots sur nos sentiments, sur ces choses que nous ne parvenions pas à exprimer. Il était heureux que ses parents lui aient permis de continuer dans cette voix, qu'ils aient cru en lui et l'aient encouragé dans sa passion jusqu'au bout. Aujourd'hui, il avait parfois l'impression de vivre un rêve éveillé, alors qu'il composait et se disait que plus tard, il allait être payé pour le faire, qu'il gagnerait sa vie en se travaillant avec le sourire. Et ça, ça n'avait pas de prix.

Jeno et lui marchèrent dans la cour, longeant les préaux et les bancs désertés. Il régnait dans l'air un parfum de vacances, des notes de joie et d'impatience égrenés dans l'atmosphère. Jisung retrouvait peu à peu son naturel optimiste, la masse de devoirs et d'essais à rédiger déjà loin dans son esprit. Parfois, ne pas pouvoir rester focalisé sur une seule chose était utile.

Par réflexe, il sortit son portable alors qu'ils sortaient du campus, en direction du petit café où ils avaient l'habitude de se retrouver après les cours. Il n'avait pas de nouveaux messages, mais ce n'était pas étonnant : Minho l'avait prévenu qu'il devait aller régler des choses avec Seojun au niveau du mariage. Jisung se sentait toujours habité d'un sentiment un peu étrange quand la fiancée de Minho se rappelait à sa mémoire. Il ne pouvait s'empêcher de penser que quelque chose ne concordait pas, que les choses n'étaient pas comme elles devraient l'être, une impression diffuse mais bien présente. Mais qui était-il pour juger la vie de Minho ? Après tout, il était un adulte responsable, et il pouvait faire ses propres choix. Et ils étaient redevenu amis maintenant, alors il n'avait aucune raison d'être jaloux. Il ne l'était pas d'ailleurs. C'était juste étrange de savoir que Minho avait une fiancée. Ce qui était un sentiment normal, non ?

Il remit son portable dans sa poche, chassant de son esprit l'image de Minho qui embrassait une autre fille. Mais quand il leva ses yeux, ce fut pour se retrouver nez-à-nez avec Jeno et Jaemin qui se mangeaient littéralement le visage.

-Ewwww, fut sa réaction, alors qu'il croisait les bras, lançant un regard accusateur aux deux garçons collés l'un à l'autre. Vous êtes répugnants !

Jeno se détacha de son petit ami et fit un clin d'œil à Jisung, l'air espiègle.

-Tu dis ça parce que tu es célibataire, mais t'inquiète pas, ça durera pas.

-Si c'est pour devenir niais comme vous, je préfère rester seul, rétorqua-il d'un ton dégoûté alors qu'il les poussait pour entrer dans le café.

-Tu te mens à toi-même, Sungie, ricana le brun derrière lui.

Le café était rempli d'étudiants venu chercher un peu de chaleur, les mains jointes autour de tasses fumantes, dévorant les pâtisseries maisons. L'intérieur du café était sobrement décoré, mais l'ambiance était chaleureuse grâce aux nombreuses guirlandes qui parcouraient les murs, et aux coloris brunes et rouges des bougies et des décorations de Noël accrochés un peu partout. Ce n'était pas une fête originaire du Japon, mais elle était néanmoins célébrée, même si elle avait perdu tout sens religieux. Des petits sucres d'orges et autres confiseries étaient mis à disposition des clients sur chacune des tables.

Les trois garçons choisirent leur place habituelle, qui par chance était libre, et s'installèrent, Jeno et Jaemin en face de Jisung.

-Super, je vais encore tenir la chandelle, marmonna le blond, mais il n'était pas vraiment fâché.

Au contraire, ça lui faisait plaisir de voir enfin ses deux amis être heureux ensemble, après des mois à flirter ensemble sans qu'aucun ne décide de faire le premier pas. Ça avait été une période très, très fatigante. Bon, il n'avait pas vraiment son mot à dire, vu le temps qu'il avait mis avant d'avouer à Minho ce qu'il ressentait, mais quand même. Il comprenait ce qu'avaient dû ressentir Hyunjin, Chan et tous les autres, et il se demandait comment ils avaient eu la patience d'attendre aussi longtemps sans les enfermer tous les deux dans une pièce pour qu'ils s'expliquent.

-Il est temps qu'on te trouve un copain, fit remarquer Jaemin, et pour toute réponse, Jisung lui tira la langue.

Pas très mature, mais c'était la dernière de ses préoccupations. De toute manière, personne n'était là pour le juger. Il poussa un soupir et se rassit plus confortablement sur la banquette, s'emparant de la carte des boissons. Il parcourut la liste des breuvages chauds, hésitant entre un chocolat viennois et un cappuccino, pour finalement se décider pour le premier. Il était en manque de crème chantilly, et il pouvait bien se le permettre avec tout ce qu'il avait subi aujourd'hui.

-J'arrive pas à croire qu'on ait survécu à trois heures de solfège et à quatre heures de théorie musicale, soupira Jeno comme en écho à ses pensées.

-Pauvre petit, tu veux un câlin pour te consoler ? se moqua Jaemin à côté de lui.

Ils se chamaillèrent sous le regard attendri de Jisung, jusqu'à ce qu'une serveuse fasse irruption à côté d'eux, ses longs cheveux blonds tirés en une queue de cheval haute. Le badge accroché à son uniforme indiquait qu'elle s'appelait Sana. Jisung la connaissait de vue, elle fréquentait la même fac que Felix, et était comme lui en cursus de danse. Il hocha la tête et lui sourit, sourire qu'elle lui rendit. Il ne lui avait jamais parlé, mais elle s'entendait bien avec Felix et il la mentionnait souvent. Elle en revanche ne devait pas savoir qui il était.

-Vous avez choisi ? s'enquit-elle, aimable.

Ils passèrent commande et elle remballa leur menu, leur assurant un service rapide. Jisung laissa son regard dériver sur la rue qu'il apercevait à travers la vitre. Il voyait les passants emmitouflés dans leurs manteaux, des masques sur leurs visages, la tête baissée alors qu'ils avançaient rapidement pour rejoindre leur destination, quelle qu'elle soit. Il était content d'être au chaud, qui plus est avec deux de ses amis proches. Il avait rencontré Jeno quand il était entré en fac de musique, et ce dernier lui avait immédiatement présenté Jaemin, son meilleur ami qui était au conservatoire dans le même campus. Les trois s'étaient tout de suite bien entendu, et ils étaient devenus inséparables. Jisung les avait invité plusieurs fois chez lui en même temps que Felix, Hyunjin et Jeongin, et il avait été soulagés de voir qu'ils s'appréciaient mutuellement. Ce n'était pas rare qu'ils fassent des sorties tous ensemble de temps en temps, quand les emplois du temps de chacun le permettaient.

-Tu rentres chez toi pour les vacances, Jaemin ? s'enquit Jisung, inclinant sa tête sur le côté et délaissant son observation de la rue.

Le jeune garçon aux cheveux roses secoua négativement la tête.

-Je reste ici, j'ai trouvé un emploi dans une petite supérette. Mes parents sont déçus, mais je suis content de me faire un peu d'argent. J'ai galéré à trouve un job, je n'allais pas laisser filer celui-là !

-Hmm, c'est sûr, approuva Jisung.

Il jeta malgré lui un œil à son portable, et fut déçu de ne toujours pas voir de nouveaux messages de Minho. Il était déjà cinq heures et demie, et il n'avait pas eu de réponse depuis onze heures ce matin. Il poussa un soupir.

-Voilà vos commandes ! interrompit la douce voix de Sana, qui déposa sur leur table son chocolat viennois et les cafés des deux autres.

Ils la remercièrent et s'attaquèrent à leurs boissons. Jisung ferma les yeux en sentant le liquide brûlant lui réchauffer le corps. Il ne croyait pas qu'il existait une sensation plus agréable que celle de boire un bon chocolat chaud en plein hiver.

Ils parlèrent encore une bonne demi-heure, se racontant ce qui était arrivé dans la vie des uns et des autres récemment, commentant les nouvelles chansons de leurs groupes préférés ou faisant des remarques sur les profs qu'ils avaient en commun. Jisung avait beau être proche d'eux, il ne leur avait jamais parlé de ce qui était arrivé avec Minho. Ils n'étaient même pas au courant de son existence, puisque jusqu'à il y a deux semaines, lui-même n'avait aucune idée d'où il était ou de s'il était encore vivant. Et il ne se sentait pas encore prêt à leur en parler. Il aurait fallu aller rechercher loin dans sa mémoire des souvenirs de leur années lycées, et il n'était pas sûr de vouloir déterrer tout ça. Il était passé à autre chose maintenant. Ressasser le passé ne servait qu'à se faire du mal inutilement.

Ils se séparèrent finalement au bout de deux heures et deux cheesecakes plus tard, en se souhaitant de bonnes vacances. Jisung était de toute manière sûr qu'il allait revoir Jeno, car il était impossible qu'il fasse ses devoirs tout seul compte tenu de la quantité d'informations qu'il allait devoir rechercher et analyser. Et puis s'il n'avait pas quelqu'un à côté de lui pour lui dire de bosser, il pouvait être distrait par une chose aussi insignifiante qu'une fissure sur le mur. Ils s'assurèrent de s'envoyer des textos, puis Jisung pris le métro pour rentrer chez lui, son casque sur les oreilles, laissant la musique envahir son esprit. En ce moment, il écoutait énormément la mixtape d'un rappeur appelé RM, qui correspondait bien à l'atmosphère de la ville la nuit dans laquelle il évoluait. Il ferma doucement les yeux, bercé par le léger tremblement du métro qui filait sur les rails.

Une fois arrivé à son arrêt, il eut toutes les peines du monde à se forcer à se réveiller pour marcher jusqu'à chez lui. Il s'était levé tôt toute la semaine et s'était couché tard pour réviser, et son rythme de sommeil était complètement décalé. Le pire, c'est qu'il n'allait même pas pouvoir profiter des vacances pour se reposer, puisqu'il allait bosser tout le temps. Il bâilla, la voix douce du rappeur dans ses oreilles n'étant pas pour le sortir de sa torpeur. Il n'allait pas faire long feu ce soir, c'était sûr. Il sortit du métro et passa devant les mêmes enseignes lumineuses que d'habitude, les mêmes boutiques fermées, les mêmes supérettes minuscules et les mêmes affiches publicitaires aux couleurs éclatantes. Quand, enfin, il arriva devant son immeuble, la dernière chanson de l'album s'acheva. Il ôta son casque et le fourra dans son sac, montant les étages en silence.

Il ouvrit la porte et fut surpris de voir que les lumières étaient éteintes. C'était idiot ; Minho était parti depuis presque une semaine, il allait être temps qu'il s'habitue à être seul chez lui. Mais après avoir vécu une semaine au contact de quelqu'un d'autre, même si ce n'était qu'une brève période, c'était dur de reprendre ses repères. L'appartement paraissait vide, comme si l'on y avait soustrait quelque chose qui avait été là depuis le départ, caché, comme quand on pose un verre sur une balance et qu'on l'enlève et que le chiffre s'affiche en négatif. C'était exactement ça, la vie dans cet appartement était passé dans le négatif. La pièce était la même, le canapé était le même, mais en même temps ce ne n'étaient plus les mêmes. Il y avait, l'espace d'une semaine, un espace parallèle qui s'était créé, et cet espace avait beau prendre place ici, il n'avait rien en commun avec l'appartement froid dans lequel Jisung entrait à présent. Il avait beau poser les yeux partout, rien ne témoignait des journées que Minho avait passé ici. Il pourrait presque croire que rien n'était arrivé. Qu'il n'avait vu passer qu'un fantôme, qu'il avait dansé avec un fantôme au milieu de son salon, qu'il s'est endormi sur le canapé seul en croyant tenir Minho dans ses bras. Ça n'aurait pas été la première fois qu'il aurait cru voir le brun à ses côtés. Son cœur se serra à cette pensée, et il frissonna, jetant un regard douloureux aux murs qui l'entouraient comme s'ils pouvaient lui offrir une preuve qu'il n'avait pas rêvé, que la dernière semaine était bien réelle.

Mais la seule chose qui rompit le silence fut le bruit de Soonie qui miaula en se frottant à lui. Un sourire s'étira immédiatement sur ses lèvres alors qu'il se pencha pour caresser le chat. Pas de doute, cette petite boule de poile était bien là et le faisait savoir. Il était allergique aux poils de chat, mais les médicaments suffisaient à l'empêcher de passer son temps à éternuer. Puis il ne regrettait pas une seule seconde d'avoir adopté le chaton blessé, même s'il était obligé de lui interdire l'accès à sa chambre pour ne pas trop souffrir de ses allergies s'il se roulait dans ses draps. Après s'être assuré qu'aucun chat n'avait été porté disparu dans le quartier, il l'avait ramené, à moitié parce qu'il avait pitié de lui, et à moitié parce qu'il lui rappelait Minho et que ce dernier lui avait fait promettre de veiller sur lui. Au final, il aimait bien. Ça faisait une présence dans l'appartement, offrait un sentiment de confort plutôt agréable.

-Tu veux savoir comment s'est passé ma journée ? murmura Jisung, un sourire attendri aux lèvres. Mais oui tu es mignonne ! Attends, je vais te remettre à manger.

Il posa son sac et son manteau, alluma les lumières et se dirigea à la salle de bains pour se laver les mains, suivit par Soonie.

-Oui oui, je te remets des croquettes, dit-il distraitement, occupé à se frotter les mains pour être sûr d'éliminer toute la saleté qui s'était accumulée durant la journée.

Une fois terminé, il remplit le bol du chat, qui s'empressa d'avaler goulûment la nourriture qu'on lui présentait, et ouvrit son réfrigérateur pour se trouver un repas. Il grimaça devant l'absence d'aliments comestibles. Il allait falloir qu'il retourne faire des courses, mais il n'avait pas le courage à l'instant même. Il hésita quelques instants, pesant le pour et le contre, puis finit par s'abandonner à la flemme et à faire chauffer de l'eau pour faire des nouilles instantanées.

-Ne me juge pas, je suis fatigué, informa-il Soonie, qui ne lui accorda pas un seul regard, visiblement peu intéressée par les habitudes alimentaires de son maître.

Pour se donner bonne conscience, Jisung choisit des pâtes aux légumes, et il versa le sachet dans l'eau bouillante, fredonnant un air qu'il avait en tête depuis quelques temps déjà. Il n'arrivait pas à mettre le doigt sur le titre, mais la mélodie l'obsédait, un chant doux, un peu nostalgique. D'habitude, il envoyait un message vocal à Jeongin pour lui demander ce que c'était, le plus jeune étant un véritable jukebox vivant, mais là, il préférait garder la musique pour lui seul. C'est comme si elle avait une signification toute particulière pour lui, et que s'il ne s'en rappelait pas par lui-même, il ne serait pas digne des souvenirs associés à cette chanson. C'était idiot, mais Jisung faisait confiance à ses impressions en général, et actuellement il n'avait pas envie que quelqu'un d'autre lui dise ce qu'était cette musique, comme si elle n'était réservée qu'à lui.

Une fois son repas prêt, il s'affala dans le canapé et alluma la télé, jetant des coups d'œil de temps à autre à Soonie, qui avait pris place à côté de lui et semblait prête à faire un petit somme. Il sentait lui-même ses paupières se fermer, et réprima un bâillement. Décidément, ces jours-ci, il était apparemment incapable de tenir jusqu'à minuit, ne serait-ce que vingt-trois heures. 

La télé diffusait un vieil animé, où un équipage de pirates parcourait les mers à la recherche d'un trésor mythique. Il se rappelait vaguement avoir regardé quelques épisodes quand il était plus jeune, mais il n'avait jamais continué, découragé par le nombre d'épisodes. Changbin et Felix, eux, avaient adoré, et avaient été complètement hystériques quand le manga avait touché à sa fin quelques années auparavant. En tout cas, l'épisode devait prendre place au tout début de l'intrigue. Jisung avait beau ne pas connaître l'histoire, il devait reconnaître que les personnages étaient attachants. Peut-être qu'il devrait s'y mettre. Enfin, pas pendant ces vacances-là, étant donné la montagne de choses qu'il devait faire. Mais plus tard, pourquoi pas.

Il était plongé dans un combat entre un épéiste aux cheveux verts et un homme qui ressemblait vaguement à un vampire quand les premières notes de sa sonnerie de téléphone retentirent. Il quitta lentement le canapé pour fouiller son sac à la recherche dudit téléphone, se cognant au passage dans la table basse. Il jura, la douleur envahissant son genou, et s'empara de l'appareil. Quand il vit l'identité de la personne qui l'appelait, il faillit s'étouffer avec ses nouilles. Il décrocha immédiatement, approchant le portable de son oreille tout en baissant le son de la télé.

-Minho ?

Au bout du fil, il entendit une respiration hachée, et quelque chose qui ressemblait à un sanglot. Il sentit son cœur se serrer douloureusement, et demanda d'une voix qui ressortait beaucoup plus inquiète qu'il ne l'avait prévu, oubliant son genou endolori et son repas :

-Minho, ça va ?

Il n'y eut pas de réponse pendant quelques secondes, seulement le bruit sourd d'un souffle haletant, avant que la voix tremblante du jeune homme ne lui parvienne enfin, formant des mots que Jisung eut tout d'abord du mal à comprendre tant ils étaient entrecoupés de ce qui ressemblait à des pleurs :

-Je suis parti, Jisung, je sais pas quoi faire, je suis parti, mon dieu qu'est-ce que je vais faire, je vais me faire tuer, je ne peux pas partir comme ça, je suis désolée, je ne savais pas qui appeler, je...

Sa voix s'étrangla, et il renifla doucement, incapable de continuer. Jisung n'avait aucune idée de ce qui s'était passé pour que Minho soit dans un tel état, mais il lui semblait que son cœur venait de tomber comme une pierre. Il fut pris d'un besoin urgent de prendre le plus âgé dans ses bras et de lui assurer que tout irait bien, qu'il allait s'en sortir.

-Minho, respire, ça va aller, balbutia-il, complètement pris au dépourvu par les gémissements de détresse qu'il laissa échapper à l'autre bout du fil. Qu'est-ce qui s'est passé ?

-Je ne ... Je ne sais pas quoi faire, Jisung...

Il n'était tellement pas habitué à voir Minho se montrer si vulnérable, si effrayé, qu'il fut pris lui aussi d'une peur incontrôlée. Il avait dû se passer quelque chose d'horrible pour qu'il l'appelle comme ça, en larmes. Minho ne pleurait pas souvent. Et en l'espace de deux semaines, c'était la deuxième fois que Jisung était témoin de sa tristesse. Il décida bien vite qu'il préférait quand Minho était heureux. Il ne pouvait pas supporter de le sentir en souffrance.

-Minho, dis-moi ce qui se passe, urgea-il, le désespoir perçant dans sa voix.

Le brun pris de longues inspirations et sembla quelque peu se calmer. Il poussa un long soupir, et commença à expliquer d'une voix un peu plus claire :

-Je suis parti de chez moi... J'ai... J'ai dit à Seojun qu'il était impossible qu'on se marie, et je suis parti. Je n'ai même pas pris mes affaires, je-je me suis juste enfui le plus loin possible et je ne sais pas quoi faire, il faut que je rentre mais je ne suis pas sûr de le vouloir, mais ma mère va me tuer si je pars comme ça...

Jisung s'installa dans le canapé, les sourcils froncés. Parti ? Pourquoi Minho était-il parti ? Il posa la question, hésitant.

-Je... Je ne sais pas, répondit piteusement Minho. C'est juste que... Aujourd'hui, on allait voir les traiteurs pour le mariage, et je me suis juste dit... je suis incapable d'être la personne avec qui Seojun sera heureuse. Je suis incapable de rester avec elle et de lui donner la vie qu'elle attend. Je veux pas...

Il avait sorti la dernière phrase d'une voix si faible qu'on aurait dit un enfant. Au fond, Jisung s'aperçut que ce n'était pas tout à fait faux. Minho était comme un enfant perdu, pris dans un enchevêtrement de mauvaises décisions qu'il n'osait pas changer. Jisung n'avait pas la moindre idée de sa situation familiale, mais il était sûr d'une chose : Minho n'aimait pas sa vie actuelle. Et il avait trop peur pour se l'avouer et pour oser changer. Le brun renifla à nouveau, et étouffa un hoquet.

-Chuuut, chut, ça va aller, ça va aller... Respire, tout va bien se passer. Minho, tu sais que tu as le choix, pas vrai ? Tu ne vas pas vivre toute ta vie en écoutant ce que les autres te disent de faire.

Il y eut un silence, puis il entendit un rire amer, ponctué de sanglots.

-Et s'ils savent ce qui est le mieux pour moi ? Je suis incapable de faire les bons choix. Je finis toujours par tout faire foirer de toute façon.

Jisung sentit son cœur se contracter à l'écoute des paroles du brun.

-Ce n'est pas vrai, le contredit-il doucement. Personne ne réussit tout du premier coup. Tu ne peux pas avoir tout bon à chaque fois. Ce n'est pas pour ça que tes choix ne sont pas valides.

-Tu parles. Je ferais mieux de rentrer chez moi, de rester avec Seojun. Je ne peux pas les abandonner. Elles ont besoin de moi ici et-

-Minho, ce que je vais te dire va paraître très cliché, mais c'est vrai. On a qu'une seule vie. Ce serait dommage que tu la passes à faire quelque chose qui en te plaît pas, tout ça parce que tu ne veux pas décevoir les autres. L'altruisme a ses limites. Je suis sûre que Seojun n'a pas envie que tu restes avec elle par dépit. Si tu es parti, c'est que tu avais envie de le faire. Ne recommence pas à te rabaisser, Minho... Tu mérites d'avoir une vie où tu es heureux.

En prononçant ses mots, Jisung se sentit tout d'un coup lui-même hésitant. Il était en train de conseiller Minho, mais que savait-il de sa situation ? Absolument rien. Mais il ne voulait plus entendre le brun pleurer.

-Est-ce que je mérite vraiment ? murmura-il, si bas que le blond l'entendit à peine.

-Évidemment !

Jisung avait presque crié.

-Minho, je ne sais pas où tu es, mais ne reste pas tout seul s'il te plaît. Il fait nuit, je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose.

-Je ne veux pas rentrer chez moi, Sungie, je ne veux pas rentrer et voir la déception dans les yeux de ma mère, je suis incapable d'y retourner, sinon je ne repartirais plus.

Entendre son surnom dans la bouche de Minho sonnait étrange, mais il aimait bien. En revanche, le reste de la phrase l'inquiéta encore plus qu'il ne l'était déjà.

-C'est idiot, je ne sais même pas pourquoi je t'ai appelé, rit le brun en n'entendant aucune réponse, mais aucune once de joie n'était présente. Je dois sûrement te déranger à l'heure qu'il est.

-Non, non, tu ne me déranges jamais, répondit Jisung avec empressement. C'est juste... Je ne sais pas quoi te dire, Minho. Tu as le choix de faire ce que tu veux de ta vie.

-Je sais. Et je sais ce que je veux. Mais je ne veux blesser personne. Seojun... Seojun compte sur moi. Je ne peux pas la laisser tomber comme ça.

-Parfois on doit faire des choix qui blessent les autres pour être heureux. Ce n'est pas facile, mais il faut les faire. On ne peut pas indéfiniment faire plaisir aux autres. Il faut parfois être sa propre priorité.

Minho renifla, et émit un « hmm » dubitatif.

-Minho, qu'est-ce que tu veux vraiment ?

Il y eut un silence, puis il répondit quelque chose si bas que Jisung ne comprit pas.

-De quoi ?

-Je veux être avec toi, répéta Minho un peu plus fort, visiblement pas assuré. Et avec Felix. Et Hyunjin. Et tous les autres. Je veux revenir avec vous, et aller à la fac aussi... Je veux juste ne plus être tout seul.

Jisung sentit une larme rouler sur sa joue, touché par la vulnérabilité de Minho. À l'instant même, il n'avait qu'une seule envie, serrer le brun contre lui jusqu'à ce qu'il aille mieux.

-Alors viens, déclara-il seulement, la voix à peine audible.

-Mais Seojun et ma mère...

-Minho, ce sont des grandes filles, elles peuvent se débrouiller sans toi. Je suis sûr que si tu leur expliques les choses calmement, elles comprendront.

-Peut-être... Mais je n'ai pas envie qu'elles m'en veuillent...

-Si elles t'aiment, elles n'essayeront pas de te retenir. Si elles le font, c'est qu'elles ne te méritent pas.

-Ma mère... Elle va être brisée si je pars...

Jisung n'osa pas demander ce qui était arrivé à son père. Il devinait que ce n'était pas sans rapport avec les cinq ans où Minho avait disparu de la circulation.

-Jisung, je suis... Je suis arrivé à la gare. Mais j'ai juste l'impression de faire une énorme bêtise...

Le blond se redressa, tous ses sens en alerte.

-À la gare ?

-Je... Oui, je suis à la gare... Il y a un train à minuit ce soir pour Tokyo. Sungie, je ne sais pas quoi faire, je ne veux pas les blesser, mais je ne veux pas rester là non plus, je ne veux pas vivre toute ma vie ici...

-Minho, si tu es sûr de toi, va jusqu'au bout de tes choix.

-C'est bien ça le problème. Je ne suis pas sûr de moi. J'ai l'impression qu'encore une fois, je fous tout en l'air.

-Il n'y a rien qui ne puisse être réparé. Regarde-nous, on s'est réconcilié, tu vois. C'est peut-être une décision un peu précipitée, mais si tu veux prendre ce train, prends le, okay? Et je t'attendrais à l'arrivée. Et même si tu veux rester, je serais toujours là si tu as besoin de parler. Tu n'es pas seul, d'accord ? Quoi que tu choisisses, je respecterais ton choix, Minho, et je serais là.

-Tu vas... Tu vas vraiment m'attendre à la gare si je viens ce soir ?

-Évidemment. Je ne vais pas te laisser dans cet état, Minho, tu es mon ami, tu comptes pour moi. Si tu veux prendre ce train, je serais là. Et sinon, je serais là aussi. La décision n'appartient qu'à toi.

Seule sa respiration, maintenant apaisée, se fit entendre pendant quelques secondes. Puis Minho finit par prendre une longue inspiration, visiblement dans le but de se calmer. Jisung lui-même était un véritable paquet de nerfs, stressé par le choix qu'allait faire le brun. Quand, enfin, il répondit, il crut qu'il allait s'évanouir de soulagement.

-Je crois que je ... Je crois que je vais prendre le train. Je vais dire à ma mère que j'ai besoin de temps. Elle ne pourra rien faire de toute façon, pas vrai ? Je vais prendre le train, répéta-il une nouvelle fois d'une voix plus assurée.

Jisung hocha la tête, incapable de mettre des mots sur ce qu'il ressentait. De la joie. Du soulagement. De l'impatience. Minho revenait. Minho allait revenir.

-Je serais là à l'arrivée, promis-il. Et je reste avec toi jusqu'à ce que le train arrive.

Il n'avait plus du tout envie de dormir.

***
j'ai grave l'impression d'écrire de la merde 😭 genre que c'est out of character etc (meme si en soit on peut pas vraiment parler de out of character quand bha on connaît pas la personne vraiment et que c'est juste un personnage ...)
enfin bon me jugez pas la suite sera mieux j'espère,, j'suis désolée de faire des trucs nuls voilà oops
-calypso

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen2U.Pro