TYPE :
Aventure

RÉSUMÉ :
Chelsea, dès sa naissance, est contrainte à se cacher pour survivre. Mais ses frères et sœurs, encore à l'état de minuscules œufs, eux, se voient jetés dans le fin fond de la cuve blanche des humains. Après, la mort de sa mère, écrasée sous une pantoufle, la seule pensée de la jeune bestiole est donc de sauver le restant de sa famille, et affronter les mystères de la cuve blanche coûte que coûte pour les sauver. Et c'est ainsi que la petite araignée brune se lança dans un long périple.

***

La première chose qu'elle vit en sortant de son oeuf, fut l'horrible spectacle de la mort de sa mère : tétanisée par la peur, celle-ci ne bougea plus et l'humain en profita pour l'écraser avec sa pantoufle sur le parquet flottant gris. Chelsea, prise d'un élan d'effroi et d'adrénaline en voyant l'horreur, couru aussi vite qu'elle le pu vers la cachette la plus proche. Dans sa course, elle tomba nez à nez avec une commode et profita pour se glisser derrière, en se faufilant contre le mur légèrement poussiéreux.

Discrète, elle sortit sa tête pour observer la suite de la scène. Ses petites pattes tremblotantes la maintenaient faiblement sur le papier peint écru. Elle se confondait avec les faces latérale et arrière du meuble en bois de la même couleur qu'elle. Tapie dans l'ombre, elle vit une femelle humaine accourir derrière le mâle humain qui venait d'assassiner sa mère. Celle-ci tenait une serviette en papier rose dans sa main. L'humain s'en empara et s'approcha dangereusement du nid où se trouvait ses frères et soeurs qui n'étaient pas encore nés. D'un coup sec, il attrapa le nid avec la serviette avant de sortir de la pièce, sous le regard affolé de sa congénère.

Chelsea aurait voulu crier, mais elle n'avait pas de cordes vocales. Elle prit son courage à huit pattes.

Déterminée à sauver sa famille, elle se mit à courir sur le sol, en longeant les murs, tout en évitant les coups d'œil furtifs de l'humaine apeurée. Apeurée ? Mais de quoi ? Elle n'avait pas le temps de réfléchir à cette question. Elle n'avait qu'une idée en tête, retrouver les œufs. Enfin, elle franchit la porte, tout en restant aux aguets. Le couloir qui s'étendait à sa vue était peint d'un brun aux reflets dorés. Parfait pour se camoufler. Elle continua sa route sur le plafond.

Enfin, guidée par la douce lumière émanant du seuil d'une des portes du couloir, Chelsea s'y glissa sans plus tarder : elle entendait un claquement, signe que l'humain qui tenait sa fratrie en otage était là. Mais à peine eut-elle le temps d'entrer que la serviette rose contenant les oeufs sombra dans une cuve blanche. L'humain appuya sur un mécanisme et un bruit sourd comme le tonerre après l'éclair grondant dans la nuit s'échappa de la cuve. Chelsea commença à paniquer sérieusement.

Mais qu'y avait-il là dedans ? Où étaient passés ses chers frères et sœurs ? Elle n'allait pas tarder à le découvrir.

La rage l'envahit. Ses pattes courtes et charnues se mirent à galoper vers la prison blanchâtre. Mais l'humain se retourna au moment et la vit s'avancer jusqu'à lui. Une face dégoûtée se dressait maintenant devant elle indiquant donc à la jeune bestiole de changer de direction au risque d'y perdre de la vie. La petite arachnide ravala sa haine qui laissa place à la peur. Elle s'aida de ses multiples yeux pour analyser toutes les possibles échappatoires. Malheureusement sa vue était très mauvaise et elle n'en vit qu'une au final.

Dans un élan héroïque, elle esquiva les pieds menaçants de l'humain qui tentaient de la réduire en bouillie. Elle se cacha alors près d'un vieux pèse-personne, sous un meuble qui était creux sur le dessus avec un petit robinet le surplombant. L'humaine rappliqua dans la seconde qui suivit :

"Ça y est chéri ? Tu nous en a enfin débarrassé ?

- Je viens d'en voir une dernière petite passer, mais elle s'est planqué je ne sais où. Je crois qu'elle est là-dessous.

La femelle se mit à couiner en gesticulant. Chelsea se demandait si c'était une parade sexuelle humaine.

- Retrouve-la vite ! Tu sais que je ne supporte pas ces bestioles ! Geint-elle.

- Ne t'inquiète pas, je m'en charge, comme toujours."

Sur ces mots, le mâle posa doucement ses lèvres sur la joue de sa dulcinée, puis reprit une face ferme en fixant le dessous du meuble avec le lavabo. Chelsea comprit soudain que ce n'était pas une quelconque parade d'accouplement : ils venaient de signer son arrêt de mort. Une petite poussière qui chatouillait son visage la sortit de cette réflexion évidente et elle finit par se reconcentrer sur sa mission. Elle devait impérativement sauver les siens.

Mais elle revint rapidement à la raison. Elle ne pourra pas les sauver maintenant. Pas tant que le mâle d'1m80 continuait de la guetter. Chelsea commençait à se figer, son petit cœur battait à une vitesse folle. Elle ne voulait pas mourir maintenant. Elle savait très bien que si elle restait là, près de cette balance sale, un destin funèbre l'attendait. Elle ferma ses yeux un court instant pour se calmer. Mais un bruit alarma l'araignée : l'humain se baissa, tête au sol et lorsque Chelsea rouvrit les yeux, leurs regards se croisèrent.

L'arachnide terrorisée recula avec difficulté tant ses membres étaient tendus. L'humain se tordit pour attraper son chausson. Il mit sa main à l'intérieur en guise de gant. Son bras se déploya sous le meuble et Chelsea prit ses pattes à son thorax.

*BAM*

"Chérie ? C'est bon ! Je l'ai eu !

L'humain regardait la semelle de sa pantoufle avec fierté. Une petite tâche noire. L'humaine la fixa elle aussi. Elle sauta sur son bien-aimé.

- T'es le meilleur mon amour !"

***

Chelsea est-elle morte ? La tâche sur le chausson est-elle une simple saleté qui trainait là ? C'est à vous d'en décider...