Chapitre 15 | Prise de conscience.

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Le silence était pesant. Aucun des deux ne parlait depuis avant. Ça faisait un moment qu'ils se contentaient juste de se regarder droit dans les yeux, l'un avec une expression presque furieuse, l'autre avec un air assez appréhendeur. Parfois les regards déviaient simplement ailleurs, sur le sol, surtout, pour ne pas avoir à affronter le regard d'en face. Et étonnement, ce n'était pas Matthew qui cherchait à fuir du regard, pour une fois. C'était même lui qui insistait pour fixer Stefano d'un air rempli de reproches. Oui, il lui en voulait. Et ils savaient tous les deux pourquoi.

La veille, après la terrible découverte, ils avaient réussi à rentrer chez Stefano, pour que celui-ci reprenne sérieusement ses esprits. Et une fois qu'il était totalement sûr qu'il ne ferait plus rien d'autre de stupide, Matthew était immédiatement rentré chez lui. Il ne pouvait pas rester là, il devait réfléchir, seul, et lui, se remettre de ses émotions. Arrivé chez lui, il comprit enfin et vraiment tout ce qui venait de se passer. Il avait même été pris d'un soudain sentiment de malaise, comme s'il avait la nausée. Il ne pouvait pas croire ce qu'il avait vu, ce qui venait de se passer.

Alors il n'avait évidemment pas fermé l'oeil de la nuit, puis était venue l'heure d'aller travailler, tout de même. Aider des gens arriverait peut-être à lui faire oublier qu'il avait vu un cadavre, justement. Pourtant, ce n'était pas la première fois qu'il voyait des gens morts, voire même mourir devant lui. Mais là, c'était pire que tout, c'était différent. C'était trop horrible. Et le soir même, il était quand même directement allait voir Stefano. Évidemment qu'il devait le voir. Ils devaient se parler, parce qu'il y avait beaucoup de choses à dire.

C'est comme ça qu'ils s'étaient maintenant retrouvés là, dans une ambiance presque trop calme, inquiétante. Matthew ne savait même pas par quoi commencer. Et Stefano n'osait rien dire. Étonnant, venant de lui. Il savait qu'il venait de commettre une grosse erreur, qu'il n'aurait pas dû. Il avait tout fichu en l'air. Mais il savait qu'il avait aussi eu de la chance de tomber sur lui, et qu'il ait été si calme et patient à ce moment-là. Il aurait pu paniquer, perdre le contrôle, courir le dénoncer.. Mais non, il était toujours là.

Et il le regardait actuellement avec un air assassin sur le visage, presque effrayant, venant de lui. Il n'avait jamais autant regardé quelqu'un comme ça, rien que dans ses yeux, on pouvait y voir toute la colère qui l'habitait. Ils étaient assis l'un en face de l'autre, et Stefano ne savait toujours pas ce qu'il devait faire. Il attendait juste.

-Pourquoi tu as fait ça ?

Il lui avait déjà posé cette question la veille, mais il n'avait pas eu de véritable réponse. Oui, c'était pour son art, tout ça.. Mais ce n'était pas la réponse qu'il attendait. Et ils le savaient tous les deux.

-Tu avais dit que tu arrêterais.

Provisoirement, certes, mais il aurait quand même dû arrêter. Et ne plus jamais recommencer. C'est pour ça qu'il voulait savoir pourquoi il avait recommencé. Sauf que Stefano ne semblait pas décidé à répondre. Il ne savait sûrement pas quoi répondre, justement.

-Je ne pouvais pas arrêter.

Mais il finit quand même par dire quelque chose, au bout de ce qui avait semblé être un long moment.

-Et pourquoi ?

Il était calme, trop calme. Et il posait simplement ces questions, il voulait juste savoir. Ce qui ne manqua pas d'étonner Stefano, voire de l'effrayer. Il le regardait maintenant avec incompréhension. Il demandait sérieusement ? Ils n'avaient pas déjà eu assez de discussions là-dessus ? Son art était important pour lui, il ne pouvait pas juste tout arrêter comme ça.. Pourquoi Matthew ne comprenait pas ?

Alors pour la énième fois, il comptait bien lui dire pourquoi, mais on le devanca.

-Non, c'est bon, en fait je sais.

Il avait levé sa main entre eux pour lui dire de ne pas parler, tout en fermant les yeux d'un air exaspéré. Et quand il les rouvrit, il continuait de regarder Stefano avec toute la colère qui pouvait être visible. Lui, il ne savait toujours pas comment réagir. Est-ce qu'il était intimidé ? Impossible, c'était lui qui faisait peur aux gens.

Puis Matthew se leva, déjà fatigué par toute cette conversation. Il se rapprocha d'un meuble au hasard, juste pour trouver de quoi s'appuyer sur.

-Je devais me douter que tu ne tiendrais pas.

Il regardait le vide, l'air absent, trop absorbé dans ses pensées. Et il y en avaient de quoi se perdre. Il ne savait même pas quoi penser de tout ça, en fait. Personne au monde n'aurait pu être dans cette situation, sauf lui. Il savait que Stefano n'aurait jamais réussi à arrêter son art. Il le savait. D'un côté, il ne pouvait pas faire le choqué, il s'y attendait. Mais il ne pouvait tout de même pas faire comme si de rien n'était.

Alors qu'est-ce qu'il faisait, maintenant ? Il le grondait comme si c'était un enfant ? Il allait lui dire de ne pas recommencer ? Tout ça était ridicule, franchement, c'est ce qu'il se répétait en boucle. Et il regardait Stefano du coin de l'oeil, pendant que lui était toujours assis et semblait avoir pris un air assez agacé, maintenant. Lui non plus, il n'avait pas le droit de faire le choqué. Il l'avait encore moins.

-Pourquoi tu m'as dit d'arrêter, alors ?

Il parlait enfin, sans donner l'impression qu'il avait peur des futures réactions de Matthew. Et c'était évidemment pour faire des reproches. Toujours sur le même sujet. Alors il recevrait aussi la même réponse que d'habitude.

-Tu n'étais pas obligé d'obéir.

Il avait même envie d'ajouter, encore une fois, qu'il lui suffirait juste de le tuer pour enfin être tranquille. Mais justement, encore une fois, cette discussion ne mènerait à rien. Alors il n'allait pas l'étendre davantage. Il y avait plus important.

-Mais de toute façon, tu n'as pas réussi.. Ça n'a servi à rien.

Il aurait essayé, au moins. De changer Stefano, même si c'était une chose impossible. Il avait eu ce minuscule espoir, au fond de lui, qu'il pouvait changer et arrêter de tuer des gens définitivement. Mais il ne fallait pas trop en demander. C'est pour ça qu'ils se retrouvaient maintenant là.. Et qu'il y en avait un qui semblait complètement désespéré. Pendant que l'autre avait l'air.. en colère. Ils l'étaient tous les deux, en fait, mais pour des raisons différentes.

-Pourquoi tu voulais que j'arrête ?

Matthew tourna sa tête vers lui, le regard toujours autant assassin. Pourquoi ? Il était sérieux ? Décidément, il y avait bien un point sur lequel ils n'étaient pas du tout pareils.

-Pourquoi ? Tu tues des gens Stefano ! Tu l'as peut-être oublié à cause de ton obsession pour l'art, mais tu assassines des innocents ! Tu sais bien qu'il y a un problème.

À la fin de sa dernière phrase, il avait l'air encore un peu plus désespéré, se demandant si Stefano comprendrait un jour. Mais il n'arriverait sans doute jamais à lui faire entendre raison. Il n'était pas normal.

-Tu ne les connais même pas, pourquoi tu t'inquiètes autant pour des inconnus ?

Non, il ne l'était vraiment pas. Et cette fois, Matthew avait l'air un peu plus scandalisé.

-Tu te fiches de moi ? Je ne sais pas si ça aussi, tu es au courant, mais c'est juste normal de ne tuer personne. Je ne pouvais pas te laisser continuer, bon sang ! Je ne voulais pas que d'autres personnes meurent par ma faute.

S'il ne voulait pas qu'ils meurent, il aurait pu faire quelque chose de simple et de logique. Quelque chose d'évident, depuis le début.. Aller dénoncer Stefano. Mais même ça, c'était trop difficile. Il ne pouvait pas. Il en était incapable. Et il se sentait coupable, évidemment, alors pour au mieux faire taire ce sentiment désagréable, il avait essayé de faire en sorte que plus personne ne meure. Mais ça n'avait pas marché, et maintenant il se sentait complètement inutile et impuissant.

Stefano était trop obstiné, il n'aurait jamais pu le changer. Mais il était avant tout un psychopathe, et quelqu'un de dangereux, qui se trouvait dans la même pièce que Matthew. Si sa colère montait trop, qui sait ce qu'il pourrait faire ? Mais pourquoi était-il en colère, déjà ? Trop de questions inutiles, encore une fois. Pour le moment, il devait juste... S'énerver sur lui, sûrement, lui faire comprendre qu'il devait arrêter de tuer des gens.

-Je savais que je ne pouvais pas te faire confiance..

Il se morfondait, comme d'habitude. Mais cette remarque, Stefano n'allait pas la laisser passer comme si de rien n'était. Lui aussi, il avait des choses à dire, des questions à poser, et surtout des choses à savoir. Toujours assis sur son siège, c'était maintenant lui qui regardait Matthew l'air sombre.

-Alors, je te le redemande Matthew, pourquoi tu voulais que j'arrête ? Si tu savais que je n'allais pas réussir, à quoi tout ça a servi ?

Il avait juste perdu son temps, en somme. Tout ça pour se faire gronder comme un enfant. Ils auraient pu éviter cette situation si Matthew avait simplement fermé les yeux. Mais il n'était pas décidé à le faire, au contraire. Plus les secondes passaient, plus il se demandait si Stefano était sérieux dans ce qu'il disait.

-J'avais l'espoir que tu changes, que tu arrêtes tes crimes, que tu deviennes juste.. normal, le temps d'un instant. Je ne voulais pas continuer à vivre en me disant que je connaissais un tueur en série.

Et qu'il n'avait rien fait d'efficace pour l'arrêter. Il se détestait tellement d'être aussi faible.

-Tu sais très bien qui je suis. Tu savais aussi que ça ne servirait à rien. Alors pourquoi tu es autant étonné ?

Et lui, pourquoi était-il énervé ? Il l'était sûrement contre lui-même, aussi. Pourquoi il avait accepté ça, à la base.. Il ne devait rien à Matthew, il n'avait pas à lui obéir.

-Parce que je ne m'attendais pas à voir qui tu étais vraiment, justement. Je t'ai presque vu tuer quelqu'un, comment voulais-tu que je réagisse ?

Il avait presque l'air vide quand il disait ça, comme s'il se remémorait la scène. Elle l'avait évidemment affecté.

-Tu es un meurtrier, Stefano. Je ne pouvais pas oublier ça. Je ne le pourrais jamais, d'ailleurs.

Visiblement, il n'aimait pas qu'on le traite avant tout de tueur. Il était un artiste. Et il commençait à en avoir marre que les gens ne comprennent pas qu'il devait y avoir des sacrifices pour ça. Alors il se leva soudainement, l'air presque menaçant. S'il était un meurtrier, il allait montrer qu'il pouvait être dangereux.

-Pourquoi tu es là, alors ?

L'éternelle question, qui n'aurait peut-être jamais de réponse. Mais cette fois, Matthew n'allait pas se laisser avoir, et surtout pas abattre. Lui aussi, il était énervé.

-Pour t'empêcher de commettre plus de crimes. Je ne compte toujours pas te laisser continuer.

Il était déterminé, ce qui ne manqua pas d'étonner Stefano. Même s'il échouait encore, il n'était pas prêt de le laisser continuer tranquillement.

-Pourquoi tu t'obstines autant ? Tu ne comprends pas que ça ne sert à rien ?

Il se rapprocha lentement de lui, espérant peut-être lui faire peur, lui faire comprendre quel genre de personne il était. Mais Matthew n'était pas impressionné, il ne changerait pas d'avis devant lui. Il ne pouvait pas laisser plus de gens mourir. Et tant qu'à faire, il aurait même préféré mourir lui si ça pouvait éviter toutes ces morts inutiles. Il se demandait ce qu'il avait encore à perdre, à ce stade.

-Arrête d'agir comme un enfant, il te suffit juste d'être normal.

Il savait que c'était facile à dire, mais que c'était impossible à faire.

-Toi tu dois comprendre que tu n'es pas obligé de tuer pour ton art. Mais visiblement c'est trop compliqué..

Et il savait aussi que c'était en parti à cause de son cerveau et qu'il n'y pouvait rien, mais bon. C'était Stefano qui avait décidé de tuer des gens, il était le seul responsable. Et maintenant Matthew essayait de faire de son mieux pour arrêter ça, avec ses propres méthodes.. Même si elles ne semblaient pas vraiment marcher.

En face, Stefano s'était un peu plus rapproché. Lui aussi, il le regardait comme si ce qu'il disait n'avait aucun sens.

-Je pense plutôt que c'est toi qui rends tout compliqué. Il te suffisait juste de me laisser faire ce que je voulais, sans essayer de m'arrêter.

Il n'avait pas tort, d'un côté. Mais n'importe qui de sensé, et qui n'était pas un tueur en série ne se serait pas dit qu'il fallait le laisser continuer ses meurtres tranquillement. Il ne comprenait toujours pas que tout le monde n'était pas comme lui. Et malheureusement pour lui, la personne qui voulait l'arrêter était Matthew, quelqu'un qui sauvait des gens. Il était donc bien la dernière personne à rester passive devant ça. Lui, c'était sûr qu'il allait tenter quelque chose, puisqu'il le connaissait aussi depuis des années, et qu'il n'était toujours pas mort par sa main. Autant que sa chance lui serve à quelque chose.

-Toi, tu pourrais aussi faire une chose simple, et tu serais enfin tranquille.

Ils savaient tous les deux de quoi il parlait. Mais ce n'était pas la première fois qu'ils avaient cette conversation, sûrement pas la dernière non plus. Alors ça ne servait toujours à rien de continuer à parler de ça. Sauf que ça semblait plus fort qu'eux.

Alors un silence s'installa, pendant que le ton avait commencé à monter depuis avant. Et peut-être qu'il n'allait pas redescendre. Ce silence n'était peut-être pas bon signe.

Tout allait à cent à l'heure dans le cerveau de Stefano. Il ne comprenait rien. Il ne comprenait pas pourquoi il était comme ça, mais il s'en fichait. Il ne comprenait pas pourquoi on ne pouvait pas le laisser faire son art, pourquoi on voulait l'en empêcher, pourquoi il avait obéi à Matthew alors qu'ils savaient que ça ne servirait sûrement à rien. Il ne comprenait pas ce qu'il ressentait, pourquoi Matthew était encore là, justement. Il ne savait pas ce qu'il voulait faire de lui. Pourquoi lui retournait-il autant le cerveau ? Qui était Matthew pour lui ? Pourrait-il lui faire du mal ? Est-ce qu'il devait essayer ? Est-ce qu'il en était capable ?

Est-ce que c'était ce qu'il voulait ?

Une chose simple, qu'il pouvait faire à tout moment. Il en était capable. Il pouvait le faire. C'était simple. Il l'avait déjà fait plein de fois, il suffisait de faire la même chose. À mains nues, s'il le fallait. Il le pouvait. Pourquoi ce serait différent avec Matthew ? Il n'était pas différent, au fond, non ? Il ne le comprenait pas. Il voulait l'empêcher de faire ce qu'il voulait, il devait s'en débarrasser. Il n'avait pas besoin de lui, non ? Alors pourquoi il avait l'impression qu'il n'arriverait pas à le tuer ? Encore une fois, c'était comme si deux Stefano se battaient en duel dans sa tête pour gagner. L'un était le psychopathe sans coeur, l'autre.. c'était étrange. Il ne voulait pas.. lui faire de mal ?

Mais comme d'habitude, c'était le psychopathe qui risquait de gagner. Après tout c'était ce qu'il était. Et il était plus fort que l'autre. Lui, il pouvait faire du mal. Peut-être qu'il devait essayer. Même s'il y avait toujours cette voix au fond de lui qui lui demandait pourquoi ? Qu'est-ce que ça lui apportait de faire ça ?

Peut-être qu'il devait juste arrêter de se poser des questions et agir. Et là, peut-être que c'était la meilleure situation possible. Ils ne se comprenaient pas, à quoi lui servait encore Matthew ? Si lui voulait tant mourir, visiblement, pourquoi attendre ?

-Tu veux que je te tue, Matthew ?

Et s'ils en finissaient maintenant, aujourd'hui ? Tous les problèmes seraient enfin réglés. Il devait arrêter de se retenir, ça ne servait à rien, il devait juste être lui-même, faire sortir le psychopathe qui était en lui. Le monstre qui attendait.

Alors en retour, après ce long silence et cette question, Matthew le regarda évidemment d'un air étonné. Il ne semblait pas comprendre. Est-ce qu'il était sérieux ? Mais il n'eut même pas le temps de répondre que Stefano se rapprocha de lui et l'aggrippa par le col de sa veste qu'il n'avait toujours pas enlevée. Il le fixa avec des yeux grands ouverts alors que lui, il lui offrait le regard le plus sérieux et menaçant qu'il n'avait jamais fait.

-Est-ce que c'est ce que tu veux vraiment ?

Oui, il était simplement menaçant, en réalité. Il n'avait aucune arme sur lui, et au fond, il n'avait même pas l'envie de le tuer. Il jouait juste aux grands méchants tueurs, entre autre. Il devait lui faire peur, lui montrer qui il était réellement. Comme ça, il risquerait d'être enfin tranquille. À part si après ça, Matthew décidait vraiment de le dénoncer.. En fait, c'était lui qui était le plus en danger, alors il devait se protéger. Ce n'était sûrement pas difficile de dissuader son ami... Il n'était pas du genre très fort mentalement, il ne pourrait jamais le dénoncer. Non ?

Sauf qu'à sa grande surprise, en retour, Matthew se dégagea de son emprise et le poussa en arrière, le regard redevenu aussi furieux qu'avant. Il était toujours en colère, peut-être même plus, maintenant. Il ne tomberait plus aussi facilement.. peut-être qu'il n'était pas si faible que ça. En tout cas, assez pour se confronter à Stefano. Il ne lui faisait pas peur, malgré ce que le tueur avait tant essayé de lui faire croire.

-Je t'ai dit d'arrêter, ce n'était pas pour rien.

Il avait l'impression de gronder son enfant, encore une fois. De lui répéter en boucle ce qu'il ne devait pas faire, en vain. Et honnêtement, il ne s'était pas attendu à ce que Stefano réagisse vraiment à sa provocation, pour une fois. Mais il avait vite compris qu'il ne faisait pas ça sérieusement et qu'il ne risquait rien, en tout cas rien de grave. Dans un autre jour, s'il était plus désespéré, il se serait peut-être laissé faire, il aurait attendu la mort, mais là, c'était différent. Il était en colère, beaucoup trop, il n'était pas non plus là pour rien. Il n'avait pas fait tout ça pour rien non, il devait lui faire comprendre qu'il n'était pas tout puissant ici, et qu'il n'avait aucun droit de tuer d'autres êtres humains. Ce n'était pas aujourd'hui qu'il ferait comme si tout allait bien.

Parce que non, tout n'allait pas bien. Rien n'allait. Et il commençait à en avoir marre. Malgré ses efforts, ses espoirs que tout change, que Stefano change, rien n'y faisait. Mais il ne voulait toujours pas croire qu'ils avaient fait tout ça pour rien. Il avait dit qu'il était encore là pour l'empêcher de commettre plus de crimes, qu'il n'abandonnerait donc pas, mais au fond, il était épuisé. Il ne savait pas si ça servait encore à quelque chose, à ce stade. En fait, il basculait constamment entre l'optimisme et le pessimisme. Un coup, il se disait que ce n'était pas grave, c'était certes énervant, mais il fallait continuer, l'autre, il se disait que c'était inutile et qu'à ce rythme et son état mental actuel, ils n'arriveraient pas à grand chose.

Alors que devait-il faire ? Il n'en avait toujours aucune fichue idée, il se laissait juste emporter par ses émotions petit à petit. Tout comme Stefano. Arrivés là, qu'est-ce qu'ils pouvaient encore faire de toute façon ? Si réfléchir n'aidait pas, est-ce qu'il ne fallait juste pas se laisser guider par ses pensées et agir ? Quitte à faire de grosses erreurs. Se laisser faire était plus facile que de lutter, après tout.

-Tu as renoncé à mourir ? Tu avais trop peur finalement ?

Alors, pour le moment, peut-être qu'ils devaient juste agir comme deux enfants et se chamailler, disant les choses les plus méchantes sous l'effet de la colère. Il n'y avait aucune autre façon de l'évacuer que de se défouler, non ? Physiquement ou verbalement, sur quelqu'un ou quelque chose.. Personne ne pouvait rester là à rien faire en attendant que ça passe. Il fallait tout libérer.

-Tu ne voulais pas mourir en te disant que tu n'as commis que des échecs ? Que tu n'as pas réussi à me changer ?

Il fallait surtout provoquer la personne en face, voir ce qui lui ferait le plus mal. Mais pourquoi ? À quoi ça lui servira ? Il agissait sans s'en rendre compte, ce n'était plus lui qui contrôlait. Personne ne contrôlait plus rien sous l'effet de cette émotion dévastatrice. Et elle régnait dans cette pièce, l'ambiance était tellement lourde, on avait l'impression que quelque chose de terrible allait se produire.

-Dis-moi, Matthew, qu'est-ce que tu espérais en faisant ça ? Tu ne peux pas me changer, tu le sais très bien, tu ferais mieux d'abandonner.

Il lui avait déjà dit ce qu'il espérait, ce qu'il avait attendu, et depuis avant ils ne faisaient que se dire que tout ça ne servait à rien, mais il continuait de lui répéter ces choses en boucle, pour voir comment il allait réagir. Peut-être qu'à force, il arriverait à le faire partir, à enlever toute envie à Matthew de continuer à le voir. Il partirait, et il serait enfin tranquille, seul. Il pourrait continuer son art sans problèmes, sans obstacles sur sa route. Mais.. est-ce que c'était ce qu'il voulait ? Se retrouver seul, vivre comme avant, sans personne pour le déranger. Qu'est-ce qu'il cherchait réellement, en fait ?

Pour l'instant, rien d'intelligent et de réfléchi, en tout cas. Mais en retour, il n'y avait pas vraiment de réaction de la part de Matthew. Il se contentait d'être calme, silencieux, avec un air pire que sombre sur le visage. On sentait que s'il regardait quelqu'un droit dans les yeux, ce serait pour l'égorger ensuite.

-Pourquoi tu insistes alors que tu sais que c'est impossible ? Tu ne veux pas admettre le fait que tu es trop faible pour m'en empêcher ?

Rapide, c'était trop rapide pour que Stefano puisse anticiper, mais aussitôt sa phrase finie, il se prit sûrement la plus grosse gifle de sa vie. Matthew n'avait pas réfléchi, il avait agi sous le coup des émotions. Depuis avant, il contenait sa colère à l'intérieur, pensant qu'elle finirait par passer, mais là, les mots de Stefano avaient été l'élément déclencheur. Il venait d'exploser, mais il ne pensait pas que ce serait de cette façon. Il ne pensait pas qu'il était capable tout court de lever la main sur lui un jour. Malgré tout, ça défoulait bien, et puis il l'avait mérité. Il en méritait beaucoup plus.

Il y avait trop de colère en lui, et elle était dirigée contre Stefano, alors pour ce qui allait être la première fois de sa vie, il allait sérieusement s'énerver contre lui, au point d'en venir aux mains. Il n'aurait jamais pensé non plus qu'il pouvait un jour être aussi remonté contre lui. Mais de toute façon, depuis qu'il avait appris que c'était bien lui le tueur, ça faisait longtemps qu'il gardait tout ça enfoui en lui, tout devait sortir. C'était depuis ce moment que sa colère, contre son cher ami et lui-même s'était réveillée. Il n'en pouvait plus. D'ailleurs Stefano, lui, avait l'air complètement abasourdi. Il n'avait sûrement pas compris ce qui s'était passé, et il s'y était encore moins attendu. Et oui, Matthew avait perdu son calme, il découvrait une nouvelle facette de lui, celui qu'il ne fallait pas mettre en colère.

-Tu ne comprends vraiment rien ! Tu sais très bien pourquoi je voulais que tu arrêtes ! C'est parce que je ne suis pas comme toi ! Personne n'est comme toi, personne ne tue d'autres gens ici ! Tu as juste un problème que moi je ne peux pas régler alors que je pensais que j'en étais capable !

Peut-être qu'ils n'avaient rien en commun finalement.

-Je pensais que tu pourrais arrêter, que tu pourrais changer avec mon aide ! Je te faisais confiance ! Je pensais vraiment qu'il y avait quelque chose à sauver...

Peut-être qu'il aurait dû abandonner. Ou peut-être qu'il était trop gentil avec lui.

-Mais depuis le début, je suis trop idiot pour faire les bons choix.. Je ne devrais pas laisser un tueur en série en liberté comme ça.. En sachant qu'il continuera à tuer des gens...

Il avait eu espoir, jusqu'au bout. Mais maintenant c'était l'inverse, il désespérait. Même si sa colère n'était toujours pas partie, bien au contraire.

-Sauf que le vrai coupable, c'est toi !

Il le pointa maintenant du doigt, pendant que Stefano ne disait rien, il l'écoutait et le regardait juste avec un air vide, mais pas rassurant pour autant.

-C'est toi le fautif ! C'est toi le meurtrier ici ! Tu n'as pas le droit de te plaindre qu'on veuille t'arrêter dans tes agissements ! Mais tu ne peux rien comprendre parce que tu n'es pas comme les autres !

Il s'approcha de lui pendant qu'il parlait, pouvant encore mieux le viser maintenant. Sauf que Stefano n'avait pas l'air d'apprécier. Il n'allait pas se laisser faire lui non plus. C'est pour ça qu'à nouveau, il l'aggrippa par sa veste, cette fois avec les deux mains, histoire d'avoir le plus d'emprise possible sur lui. Et son regard ne plaisantait pas du tout.

-Qu'est-ce que tu fais encore là si tu ne peux pas comprendre ?

Sauf qu'en retour, Matthew aussi l'attrapa par ses vêtements, lui montrant qu'il n'était pas le seul à ne pas plaisanter. Si Stefano voulait jouer à ce jeu, lui aussi allait participer. Il ne lui faisait pas peur. Il ne lui ferait jamais peur.

-Qu'est-ce que tu attends pour me tuer maintenant ? Pour te débarrasser de moi et pouvoir continuer comme avant tes activités ? Je ne suis qu'une nuisance après tout. Ou bien c'est toi qui es trop faible pour le faire ?

L'emprise de Stefano se serra davantage, montrant qu'il serrait de plus en plus les poings sous l'effet de la colère. C'étaient les mots de Matthew qui l'énervaient à ce point. Il n'y avait rien d'autre. Mais à présent, il n'était plus en mesure de contrôler. Ce n'était plus lui qui avait le contrôle de son propre corps. Mais pour autant, il ne pouvait pas le tuer.

-Lâche-moi si tu n'es pas capable de me tuer là tout de suite.

Il continuait de le provoquer, de le tester jusqu'au bout, de forcer autant qu'il pouvait pour qu'il passe enfin à l'action, pour qu'il voit s'il était vraiment capable de le tuer lui. D'un côté, il devait définitivement tester l'idée qu'il ne risquait rien à ses côtés. Aussi risquée soit-elle.

Alors presque immédiatement après, c'est lui qui le lâcha pour le pousser de toutes ses forces sur le plan de travail à côté. Il s'attendait à ce qu'il relâche au moins légèrement son emprise après ça, alors il en avait profité. Et il l'avait fait car il savait que Stefano n'allait rien faire, il n'avait juste pas voulu attendre. Ce qui, du coup, donna l'impression au tueur qu'il n'était en effet pas capable de le tuer lui. Il devait le plus possible heurter son ego, ce qui semblait être la meilleure tactique contre un psychopathe. Quitte à l'énerver...

-De toute façon je n'ai plus rien à faire là..

Sans qu'il ne s'en rende compte, il semblait avoir envie de pleurer depuis avant. Ses yeux s'étaient légèrement remplis de larmes, mais c'étaient des larmes de colère. Il en était arrivé au point où il voulait pleurer de rage et de tristesse mêlés. Alors ça ne servait plus à rien de rester. Ça ne servait plus à rien d'essayer de parler avec lui. Qu'est-ce qu'il faisait encore là à parler avec un psychopathe de toute façon ? Il ne voulait plus le voir. Et lui, il était resté de côté, collé dos au meuble à le regarder avec un air un peu plus calmé qu'avant, mais toujours énervé.

Alors Matthew commença à avancer, quand il entendit presque instantanément du mouvement derrière lui. Il eut à peine le temps de se retourner qu'il vit Stefano se jeter sur lui, perdant donc l'équilibre sous l'effet de la surprise. Ils tombèrent tous les deux au sol, l'un évidemment au dessus de l'autre, toujours avec les mêmes expressions sur le visage. Une étonnée, l'autre en colère.. Elles échangeaient juste de personne entre-temps.

Matthew ne savait pas s'il avait fait exprès de carrément se jeter sur lui pour qu'ils tombent, mais dans tous les cas, ça ne l'aurait même pas étonné. Stefano était sûrement capable de tout, et sa colère n'était tellement pas redescendue que lui, il n'en avait pas fini. Ça ne pouvait pas se finir comme ça, il ne partirait pas aussi facilement. Il devait lui prouver qu'il n'était pas un tueur pour rien, il était fort, lui. Il était fort, assez pour ôter la vie à quelqu'un.

-Qu'est-ce que tu fais-

Il n'avait même pas le temps de finir sa phrase, d'au moins le traiter de grand malade, car il était trop concentré sur le fait de se débattre, de le repousser. Stefano avait attrapé ses épaules, pour l'empêcher le plus possible de faire de mouvements. Mais pourquoi faisait-il ça ? Qu'est-ce qu'il essayait d'accomplir ?

-Tu ne sais rien, tu ne connais encore rien de ma vie. Ne parle pas comme si tu pouvais savoir tout ce que je peux faire.

Il avait un air si sérieux et sinistre qu'il en était limite effrayant. C'est là que Matthew se rendit réellement compte de qui Stefano était vraiment. Il voyait en effet le tueur, le psychopathe sans scrupule et remords, capable de tuer n'importe qui à cause de ses pulsions dévastatrices. Même lui n'était pas vraiment à l'abri à ses côtés, il ne fallait pas oublier qu'il risquait encore la mort à tout instant. Est-ce que cet instant-là en faisait partie..?

Et pourquoi Stefano disait tout ça ? Qu'est-ce qu'il voulait prouver ? Est-ce qu'il essayait de se protéger ? D'à tout prix se persuader qu'il était menaçant, que tout le monde avait peur de lui, même Matthew ? Que personne n'arriverait jamais à le cerner complètement, même Matthew ? Est-ce qu'au fond, ce n'était pas lui qui avait peur ? Avait-il peur d'être faible ? Avait-il peur de Matthew ?

D'un côté, il n'avait pas tort, car lui, il savait se montrer très déterminé et ne semblait plus pouvoir être effrayé par quoi que ce soit.

-Pourquoi tu fais tout ça ? C'est inutile, tu le sais très bien.

Pendant qu'il essayait de le raisonner pour la énième fois, il essayait aussi au passage de se libérer au moins un peu de son emprise. Il tenta de le repousser en posant son avant-bras sur son torse, mais Stefano ne semblait pas prêt à bouger.

-Tu ne peux pas m'empêcher de faire ce que je veux le plus. Tu ne peux pas me priver de mon art. Tu n'as pas le droit de vouloir me transformer en quelqu'un d'autre.

Visiblement, il tenait trop à son indépendance pour ça. Il était qui il était, malheureusement, et il ne changerait jamais. Parce qu'il ne pouvait pas, et que surtout, il ne voulait pas. Personne ne pouvait le contrôler, lui dire quoi faire, l'empêcher de tuer des gens parce que c'était mal, à ce qui paraît. Il faisait tout ça pour son art, bon sang, pourquoi les gens ne pouvaient-ils pas comprendre ? Il n'y avait rien de compliqué.

-Tu es vraiment incorrigible...

Matthew avait arrêté de lutter, aussi physiquement que mentalement. Il avait arrêté de vouloir comprendre, de réfléchir. Il avait voulu tout arrêter. Il était fatigué de ces querelles inutiles qui ne menaient à rien. Il allait arrêter d'essayer de parler avec Stefano, une bonne fois pour toutes. À la place, il laissa les larmes danser dans ses yeux sûrement déjà rougis, pour le regarder d'un air rempli de haine.

-Toi, tu n'as pas le droit d'être en colère..

Même si le désespoir s'entendait tout de même dans sa voix.

-Tu ne peux pas me blâmer, tu es le seul responsable, Stefano. Il serait temps que tu comprennes que c'est toi le problème.

Il en avait tellement marre.

-Tu avais dit que tu arrêterais..

Il répétait cette phrase, encore tellement dégoûté que ses efforts n'aient servi à rien. Et c'est ça qui l'avait le plus marqué. C'était peut-être ridicule, mais il ne le digérait pas. Il voulait que Stefano sache à quel point il avait été blessé, déçu par lui. Il voulait qu'il se rende compte qu'il pouvait vraiment semer le malheur autour de lui, même s'il s'en fichait sûrement. Ça ne servait à rien, et pourtant..

-Et moi je t'ai cru..

Il avait vraiment pensé qu'il avait réussi, qu'il pouvait le changer, qu'il pouvait tout régler aussi facilement. Il pensait qu'ils pouvaient y arriver. Il avait naïvement pensé qu'il avait réussi. Alors maintenant, il ne savait plus quoi faire.

De son côté, Stefano semblait s'être calmé. Il avait enfin réussi à dompter cette colère injustifiée. C'est vrai, il n'avait pas le droit d'être en colère. Ce n'était pas lui la victime ici, et il le savait. Il ne comprenait juste pas les autres, il n'était pas comme eux. Ce qui l'énervait, c'était justement ça. De ne pas comprendre. Il était surtout énervé contre lui-même, parce qu'il n'arrivait pas à tuer Matthew. Il se trouvait faible, oui, mais il ne pouvait pas l'avouer. Pas lui, il était un psychopathe après tout.

Pourquoi avec lui, c'était différent ?

Doucement, son visage s'adoucit, peut-être en voyant le regard si triste de Matthew, et l'emprise sur ses épaules se desserra. Il ne savait pas quoi dire. Peut-être qu'il venait de se rendre compte de son erreur, encore une fois. Alors sa pauvre victime en profita justement pour rassembler toutes ses forces et le pousser sur le côté, se libérant enfin. Stefano retomba sur son dos dans un grognement, mais il savait qu'il le méritait. Il n'allait rien dire, de toute façon il n'y avait plus rien à dire.

L'ambiance semblait elle aussi s'être calmée dans cette pièce, après toutes ces tensions. Ils restèrent là un moment à ne rien dire, couchés sur le sol à regarder le plafond. Ils essayaient sûrement de se remettre de leurs émotions, s'ils en avaient encore.. Ils étaient fatigués, en fait.

-Tu as raison.

Au bout d'un moment, c'est Matthew qui cassa le silence. Avec en plus une phrase qui ne manqua pas d'intriguer Stefano, au point où il tourna sa tête vers lui l'air étonné.

-J'abandonne.

Inutile de préciser que ça étonna encore plus Stefano. Qu'est-ce qu'il disait ?

-Ça ne va plus du tout, franchement, continua-t-il dans un rire. Même si ce rire semblait plus désespéré qu'autre chose.

Stefano ne comprenait pas ce qu'il racontait. Puis Matthew tourna à son tour sa tête vers lui, toujours autant l'air las.

-On ne peut pas continuer comme ça. On ne se comprend pas, hein..? demanda-t-il à moitié toujours dans un faible rire. Pourtant ça ne le faisait pas rire.

Cette situation devenait juste de pire en pire. Tellement qu'il commençait à la trouver ridicule. Franchement, c'était n'importe quoi, qu'est-ce qui allait se passer la prochaine fois ? Ils devaient tout arrêter avant que ça ne dégénère plus que ça.

-Tu es un tueur en série, et moi je suis incapable de te dénoncer. Alors.. Pour éviter d'empirer les choses, je pense qu'on devrait arrêter de se parler.

Ah oui, solution radicale quand même, se dit Stefano. Lui, il avait écarquillé les yeux. Comment ça ?

-Ne fais pas comme si c'était étonnant. Je ne peux pas continuer à parler à un tueur comme ça... Ce serait plus facile pour tout le monde de juste.. rester chacun dans son coin. On devrait s'oublier l'un l'autre.

Il était au courant que ce n'était pas si facile que ça ? Lui, peut-être qu'il pouvait mais.. Étonnement, c'était pour Stefano que ça avait l'air d'être plus compliqué.

-Comment veux-tu qu'on y arrive, au juste ?

Il le regardait avec incompréhension, pour lui ça n'avait aucun sens.

-Ce n'est pas ce que tu voulais ? Je te laisse enfin tranquille, et tu peux continuer à vivre comme avant. Et puis moi, j'arrêterai de réfléchir..

Oui, ça lui paraissait être une bonne idée. Tout rentrerait dans l'ordre. Et même si ce n'était pas le bon, au moins, il arrêterait de se compliquer la vie. Il en avait marre de réfléchir. Peut-être qu'au fond, ou c'était même sûr, il allait avoir du mal, il ne pourrait pas oublier Stefano aussi facilement, mais c'était le mieux à faire. Il ne pouvait pas avoir un psychopathe dans sa vie.

-Alors voilà, j'arrête tout.

Puis il se redressa, le regard toujours autant vide. Il avait dit qu'il ne lâcherait pas l'affaire avec Stefano, mais en fait, il n'en pouvait plus. Il avait vite changé d'avis. Ça ne servait à rien alors autant arrêter de lutter. Ce n'était plus son problème maintenant. Sérieusement, ils s'étaient limite battus à cause de toute cette histoire, c'était du grand, grand n'importe quoi. Ils ne pouvaient pas faire comme si tout allait bien cette fois.

-Tu es sérieux, Matt' ?

Alors qu'il se levait petit à petit et qu'il remettait bien en place sa pauvre veste, Stefano commença à se redresser à son tour, se demandant s'il était vraiment sérieux. Il voulait l'oublier ? Ne plus lui parler ? Il voulait qu'ils vivent chacun de leur côté, après toutes ces années ? C'était impossible. Il devait lui parler, le voir, il ne savait pas pourquoi, mais il avait besoin de sa présence.

Mais en réponse, il reçut un regard en coin de la part de Matthew, qui semblait maintenant le regarder comme s'il n'était personne. Même d'ici, il pouvait voir à quel point il avait l'air fatigué. Il n'allait pas bien dormir cette nuit. Et sûrement tous les jours suivants.

-Ne fais pas non plus comme si ça te faisait quelque chose. Je ne te dérangerai plus. Sois content.

Honnêtement, il ne pensait pas avoir une si grande importance que ça aux yeux de Stefano. Il ne savait pas ce qu'il était pour lui, mais il ne devait pas non plus se faire trop d'idées, sous peine d'être déçu. Et il l'était déjà assez. Alors pour le bien de tout le monde, il allait maintenant partir pour de bon. D'ailleurs, il avait déjà commencé à marcher vers la sortie, pendant qu'au fond, Stefano ne savait pas comment réagir et semblait paniquer intérieurement.

-Matt', attends-

-Profite bien de ta nouvelle vie.

Il n'avait même pas le temps de trouver ses mots, de dire quelque chose, que Matthew le coupa déjà pour lui faire comprendre qu'il ne changerait pas d'avis. Il le regarda simplement de côté, encore une fois, avant d'ouvrir la porte et de partir, définitivement.

Stefano ne comprenait pas ce qui venait de se passer, il avait à peine pu lever sa main et la tendre vers lui qu'il était déjà parti. Il se disait qu'il avait l'air ridicule, planté là, assis, essayant d'attraper il ne savait quoi dans le vide, et surtout, l'air complètement choqué. Qu'est-ce qui venait de se passer ? Il avait fait fuir Matthew ? Enfin, ce n'était pas étonnant, vu tout ce qu'il avait fait.. Il méritait d'être seul. Il savait qu'il était horrible, mais pourtant, il n'arrivait pas à ressentir la moindre culpabilité. Peut-être que ça le dérangeait un peu, au fond, qu'il soit parti.. Il n'allait pas mentir, et il ne pouvait pas le cacher à lui-même, mais il voulait continuer à vivre aux côtés de Matthew. Il ne savait toujours pas pourquoi, par contre.

Là, pour l'instant, tout ce qu'il savait c'était qu'il avait bien merdé, et que ce n'était pas la première fois. Il était allé trop loin, il ne savait pas comment on pourrait lui pardonner un jour. Et pourquoi il avait besoin de ça, déjà ? Il s'en fichait, normalement. Normalement.. Alors.. Qu'est-ce qu'il allait faire maintenant ?

Matthew s'était rendu compte que tout ça n'était pas normal, et il n'avait pas perdu de temps pour s'en aller. Alors... Qu'est-ce que Stefano allait faire ? Il y avait déjà un tourbillon de pensées dans sa tête, et il se rendit compte qu'il ne savait pas du tout quoi faire. Il était complètement perdu.

Oui, il était définitivement perdu sans son repère.

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