Chapitre 16 | Lâcher prise.

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"Il était assis sur son lit, le regard dans le vide. Il semblait tout de même avoir l'air énervé, ou du moins frustré, dégoûté. Et quand son père entra doucement, tout d'un coup, dans sa chambre, il ne leva même pas le regard vers lui. Ses yeux semblaient être cloués sur le sol, déterminés, et rien n'aurait pu les faire dévier ailleurs.

-Comment tu te sens, Matthew ?

Il ne répondit pas. Son air renfrogné ne faisant que s'accroître. Alors son père s'avança, et s'assit sur le lit, à côté de lui. Il ne le regardait toujours pas. Pourtant il n'était pas en colère contre lui. Ce n'était pas contre lui qu'il l'était.

Puis un silence s'installa. Aucun des deux ne parlait, ne savait quoi dire. L'enfant ne répondait toujours pas, et son père n'allait pas le forcer. Il savait que c'était dur. Mais comment l'aider ?

-Pourquoi c'est arrivé ?

Au bout d'un moment, il ouvrit enfin la bouche, posant une question qui se voulait accusatrice, en colère contre quelque chose en particulier. Il voulait comprendre. Et il était énervé. Il ne savait même pas pourquoi d'ailleurs.

Mais son père ne savait pas quoi répondre à son tour. Il le regarda seulement avec des yeux désolés. Que pouvait-il lui dire ? Comment était-il censé agir avec lui, avec ce qu'il venait de vivre ?

-Elle était censée guérir pourtant.

Regardant toujours devant lui, sa voix était maintenant légèrement tremblante quand il prononçait ces mots. Mais tremblante de colère. Pourquoi ça n'avait pas marché ? Pourquoi n'avait-elle pas guéri ? Que s'était-il passé ? Et encore une fois, qu'est-ce que son père aurait pu répondre ? Il n'avait pas les réponses à ces questions, il ne savait pas. Il était tout aussi perdu que lui.

-Je sais. Mais.. ce n'est de la faute de personne.

La vie était juste cruelle, et injuste. De qui cela pouvait bien être la faute ? Les médecins ? Sa propre mère ? La maladie ? Qui était responsable ? Il fallait un responsable, il y en avait toujours un.

Ou pas, et même s'il le savait, ça semblait dur à digérer pour le garçon au coeur déjà si malmené. Pourquoi la vie lui avait-elle pris sa mère ? Ce n'était pas juste. Vraiment pas. Et il était en colère. En colère parce qu'après toutes ces années, ces années à attendre, à espérer, à reprendre espoir, ça n'avait pas marché. Tous leurs efforts n'avaient servi à rien. À part semer le malheur tout autour d'eux.

-Elle ne méritait pas de mourir.

Comment pourrait-il s'en remettre ?

-Alors pourquoi c'est quand même elle qui est morte ?

Après tout, il y avait bien des gens sur cette Terre qui méritaient la mort, mais elle, elle devait bien être une des dernières personnes à la mériter. Elle était si gentille, si bienveillante, compatissante, c'était une mère si aimante, parfaite, remplie de bonnes intentions envers toute sa famille. Alors pourquoi elle ?

Matthew ne comprenait pas. Et il avait tourné sa tête vers son père, les yeux maintenant brillants, peu à peu remplis de larmes discrètes. Étaient-ce des larmes de tristesse ou de colère ? Il ne savait pas. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il était en colère, sûrement contre la Terre entière, et que même les mots les plus réconfortants ne serviraient à rien pour l'apaiser. Il avait besoin d'être seul, de réfléchir, de se calmer, de comprendre. Il ne voulait plus voir personne, pas même son père qui voulait bien faire. Il maudissait cette injustice qui venait de s'immiscer dans sa vie aussi gratuitement, sans demander.

Que faire, maintenant ? Que faire ? Elle n'était plus , et ne le serait plus jamais. Il l'avait perdue. Elle était partie, elle l'avait abandonnée. Comment pourrait-il vivre comme avant ? Même s'il était pourtant bien entouré, il avait la terrible sensation d'être seul au monde, abandonné de tous. Peut-être qu'il était un peu égoïste en pensant ça, mais venant du garçon qui venait de perdre sa mère, qui aurait pu lui en vouloir ?

Que devait-il faire, maintenant ?"

C'est vrai, que devait-il faire ?

Qu'avait-il fait ? Était-ce la meilleure solution ? Est-ce qu'il avait pris la bonne décision ? Avait-il bien agi, pour une fois ? Et est-ce que continuer à se poser tout un tas de questions dans son lit, en pleine nuit, signifiait qu'au final, il n'avait pas pris la bonne décision ?

Évidemment, il continuait toujours de penser à sa vie, à ce qui s'était passé dernièrement, à essayer de comprendre et de tout remettre en ordre, et toujours couché dans son lit, désespéré de ne pas trouver le sommeil. Un souvenir aléatoire venait de refaire surface, et il semblait ne pas être venu par hasard. Il semblait avoir un lien avec ce qui se passait actuellement dans sa vie. Comme quoi, plus de quinze ans après, sa vie était toujours au même point. Aucune évolution, toujours bloquée au même niveau.

Elle l'avait abandonné, hein. C'est ce qu'il avait pensé au début, pendant un petit moment. Mais rapidement, il avait réalisé, et savait surtout depuis le début que ce n'était pas le cas. Elle n'avait jamais voulu partir, il le savait. Mais ç'avait fait mal. Il avait eu la sensation de se retrouver seul, et ça, c'était effrayant. La sensation de tomber dans un gouffre sans fin maintenant qu'une personne à qui on tenait avait disparu, et ne reviendrait plus jamais. L'horrible peur de se demander ce que sa vie allait être maintenant, à quoi elle allait ressembler. Serait-elle la même qu'avant ? Non, bien sûr que non.

Et les efforts ? Tous les efforts faits ? Comme d'habitude, ils n'avaient servi à rien. À quoi bon essayer alors ? Se battre pour survivre, dans une tentative désespérée, une peur incontrôlable de la mort ? Ou bien l'empêcher, cette mort, car dans le cas de Matthew, il avait eu une chance de l'arrêter. Il l'avait toujours, d'ailleurs, alors pourquoi ne l'utilisait-il pas ? Il le savait, en vérité, bien sûr qu'il le savait.

Et il se plaignait, se plaignait que comme avant, tout n'ait servi à rien, il s'était pleint de s'être fait abandonner, et maintenant, c'était lui qui abandonnait les autres. Encore. Comme c'était ironique. D'abord sa famille, il y a bien des années, et maintenant...

Maintenant, dans cette situation, ce qui était encore plus ironique, c'était qu'il avait abandonné celui dont il craignait l'effet inverse, justement. Abandonner avant d'être abandonné, c'était une autre façon de se défendre. Et il connaissait bien cette sensation, très bien, alors pourquoi l'infligeait-il aux autres ? Il savait à quel point elle pouvait détruire les gens, leur donner l'impression d'être perdus à tout jamais, de se demander ce qu'ils avaient fait de mal pour mériter ça. Il connaissait tout ça, il connaissait cette sensation horrible.

Alors il se demandait, est-ce que Stefano ressentait la même chose ? Maintenant qu'il était seul, est-ce qu'il ressentait tout ce que lui avait pu ressentir pendant d'interminables jours ? Comprenait-il cette sensation, cette peur ? Regrettait-il, dans son coin ? Sûrement pas, mais le reste, peut-être que si. Du moins, il savait qu'il avait mérité d'être seul, mais pas sûr qu'il le vive bien pour autant. Il avait été habitué pendant trop longtemps à la présence de Matthew, et encore une fois, c'était de sa faute. C'était lui qui avait choisi ça, il n'avait que lui à blâmer. Et voilà où tout ça l'avait mené...

Voilà où tout ça les avaient tous les deux menés. Et est-ce que la situation s'arrangeait de cette manière ? Son auteur en avait des doutes. Il ne pensait pas que ça puisse tout régler, qu'il arrêterait de penser à lui, que lui se rende compte de qui il était et qu'il change soudainement. Ce n'était pas aussi simple. La vie n'était pas si facile. Mais quand, au bout d'un moment, l'âme devient trop fatiguée, elle arrête de lutter. Elle ne se bat plus, car elle n'en a plus l'énergie, plus l'envie. Puisque les efforts n'ont servi à rien, à quoi bon ?

Et c'est ce qui arrivait à Matthew. La fatigue avait fini par gagner, et maintenant, comme d'habitude, il ne savait plus quoi faire. Tellement plus qu'il avait tout abandonné, tout arrêté. Ça, c'était plus facile. Il n'avait même plus la force de réfléchir, il restait juste là, couché sur le dos, regardant le plafond d'un oeil vide, ayant arrêté depuis longtemps de croire que l'espoir existait encore. Ça faisait longtemps que l'espoir lui-même lui en faisaient de faux. Que devait-il faire ? Que devait-il faire ? Il n'en avait toujours pas la réponse.

Et peut-être qu'elle était simple, malgré tout, peut-être qu'elle était juste devant ses yeux depuis tout ce temps, peut-être qu'elle était évidente. Peut-être que c'était lui qui réfléchissait trop, comme à l'ordinaire. Alors que la réponse se manifestait seulement en un seul mot simple.

Rien.

Voilà ce qu'il devait faire, rien. Et aussi attendre, ce qu'il savait faire de mieux. Peut-être continuer à espérer, après tout, ces derniers temps, ç'avait légèrement marché. Mais qu'est-ce qu'il attendait ? Ça, par contre, il ne savait toujours pas.

Il avait décidé de mettre son cerveau en veille, pour une fois. Et arrêter, ou du moins essayer de moins réfléchir qu'avant, moins longtemps, semblait avoir marché à l'apaiser un peu, au moins un peu. Il lui semblait qu'il avait moins mal à la tête. Et même s'il ne dormait pas mieux, ne juste rien faire, ne penser à rien, avait un effet bénéfique, presque libérateur. Qu'est-ce qu'il se sentait bien, une fois qu'il avait tout lâché.

Mais une autre question lui revenait quand même, sans cesse. Même s'il avait décidé d'abandonner Stefano et de faire sa vie de son côté, sans plus se soucier de rien, combien de temps est-ce que ça allait durer ?

Quand est-ce que ça allait revenir ?

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