Léa :

J'ai prévu une surprise pour Camille. Je l'appelle, pour lui dire qu'elle peut venir.

- Mmm...

- Ça va??? Je demande soudain inquiète.

- Oui oui, je dormais...

- Bon... Tu peux venir à la maison... Ce sera plus simple.

- Ok j'arrive dans 10 minutes.

Pendant ce temps, je fais rentrer Lucas, qui vient de sonner à la porte. Lui aussi ne sais pas ce qui vas se passer. On va dans le salon, et je lui propose à boire comme le ferais tout bon hôte.

Lucas :

- Tu veux quoi à boire? me demande Léa.

- Jus d'orange, tu as?

Elle acquiesce, et part dans la cuisine. Pourquoi m'a-t-elle fait venir? Pour quelles raisons? Ok j'ai pleuré, ok il y a pleins de choses à dire... Mais est-ce pour ça? J'espère que ce n'est pas un truc super important du style, " Je t'aime" ou "Je suis en couple" ou encore "Je suis enceinte" et encore moins "Je veux me suicider". Elle ramène deux verres de jus d'orange, et commence la discussion. Je vois bien qu'elle est nerveuse. On parle de tout et de rien, ce qui est bizarre. On sonne à la porte. Elle n'a pas l'air étonnée, et pars pour ouvrir. Elle fait la bise à quelqu'un que je ne peux voir, la porte d'entrée se trouvant derrière le mur.

- Viens! J'entends dire Léa à la personne.

Et là, comble de la surprise, Camille arrive. Elle me regarde les yeux grands ouverts, tout comme sa bouche. Léa rigole, et Camille se ressaisie. Je suis choqué! Que fait-elle là ? C'est Léa qui a prévu ? Toutes les idées se mettent en place... petit à petit. Pourquoi elle avait l'air nerveuse, pourquoi on ne parlait que de choses non importantes. C'est elle qui a tout prévu. Pour que les choses importantes commencent.

- Bon... commence Léa, pendant que Camille s'assoie à l'autre bout du canapé. Je sais que ce n'est pas franchement le meilleur moment, mais il faut qu'on parle! Plus rien ne vas!

Camille et moi baissons la tête.

- Je vais vous laisser tout d'abord vous expliquer entre vous. Je vais dans ma chambre, et je reviens dans 10 minutes. Dès lors vous m'expliquerez tout ce que je DOIS savoir.

Elle se radoucie, et dit plus calmement:

- J'en peux plus de vous voir comme ça... Avec les autres on n'en peut plus. Rien n'est comme avant. On n'est jamais ensemble. Où est passée la complicité que nous avions ? Les délires, les repas partagés. Il n'y a plus rien, ou presque.

Je vois qu'elle commence à pleurer, et d'en avoir vraiment marre de nous.

- Je reviens dans 10 minutes finit-elle.

Nous somme tous les deux dans le grand salon de Léa. Je ne sais pas quoi dire, ni quoi faire... Je crois que je ne suis pas doué avec les filles... Je la regarde. Je vois la bataille qu'elle doit mener intérieurement sur son visage. Elle me fait de la peine, c'est à cause de moi qu'elle est ainsi... Sans aucun signe, elle se rapproche de moi à une vitesse surprenante, et m'embrasse avec passion, et amour. Elle reste ainsi jusqu'au moment où l'air vient à lui manquer. Elle me sert alors fort contre elle, met sa tête dans mon cou, et respire de manière saccadée.

- J'en ai marre de pleurer, commence-t-elle à dire. J'ai trop pleuré, et je ne veux plus. Tu es trop important à mes yeux, je t'aime tellement, et nous devons tout expliquer à Léa. Elle doit savoir, et elle va pouvoir nous aider...

- Nous aider? Je rétorque. Comment peut-elle nous aider face à ces personnes, face à un mec dans ta classe qui te saoule, une fille qui a mon numéro et qui ne s'en lasse pas? Dis-moi! Explique-moi comment on peut ? Si tu as une idée, je prends, mais tu as l'air à cours actuellement. Moi aussi je t'aime, mais il n'y a rien à faire! On ne peut pas ! On se doit de souffrir, de toute façon c'est le but de la vie, nous faire souffrir, pour nous montrer la simple condition de mortel que nous avons. Des victimes, voici ce que nous sommes! Nous ne sommes rien d'autre!

- Mais si ...

- Il n'y a pas de mais si! La vie n'est pas un conte de fée, tu n'es pas une princesse, et je ne suis pas le prince charmant. On n'est pas dans un roman d'amour qui finit bien! On ne peut pas Camille! On ne peut pas! Mais putain, Regarde! Regarde-toi, une fille à pleurer tout le temps! Et moi qui me dis que c'est tout le temps de ma faute!

- OK ! Calme-toi!

- Comment veux-tu que je me clame! Tu as trop de rêves dans la tête! Et tu ne penses que par eux.

J'en peux plus. Comment peut-elle croire à une belle fin d'histoire. On est condamnés! Elle se tait, et ne dit rien. Elle me regarde de ses yeux. Elle ne dit rien. Ne pleure pas. Elle me regarde et se contente d'attendre.

- Pourquoi tu ne dis rien? Pourquoi tu attends? Tu attends quoi bordel?

Elle ne répond rien. Je vois de la déception dans son regard, mais surtout du calme.

- Tu ne m'as pas écoutée. J'ai dit que j'en avais marre de pleurer. Que j'avais assez pleuré pour au moins un an voir plus. Je ne veux pas automatiquement résoudre le problème, je veux l'éviter. Si par exemple tu es malade, tu as deux possibilités: soit rester dans ta maladie, et te morfondre dessus, soit tu l'oubli, et tu passes outre ce problème. La première fois que tu croise quelqu'un, soit tu regardes directement ses défauts, soit tu décides de voir juste son bon côté. Alors que tu le veuille ou non, je vais tout raconter à Léa, pas pour qu'elle nous aide à solutionner le problème, mais pour qu'elle nous aide à le contourner. Tu n'es pas d'accord?