Chapitre 2 - Fraternité

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L'amour fraternel est un bel amour. Pourtant, cet amour a réussi à rendre deux frères fous. Le plus mature venge le plus innocent, et les deux sont morts en vain.

Après avoir traversé un petit couloir lumineux, une bouffée d'air froid me pince la peau, et mes pas font grincer de la neige.

J'ouvre mes yeux, encore aveuglés par la différence de lumière, et je me frotte les cuisses, les bras, les mains. Il neige, et je suis en pantalon fin, en gilet en coton et en chaussures de tennis.

"T'as pas... froid?"

"J'ai des habits fins. Mais, écoute, je préfère ça à manquer de brûler."

Il tourne la tête et observe les environs. "Tu vas te chopper la gangrène. Et puis, tu vas marcher une bonne demi-heure avant de pouvoir te trouver des maisonettes en bois - qui ne sont même plus réchauffées."

"T'as une autre idée, toi?"

Il pose une de ses deux feuilles sur son menton. "Non, pas vraiment."

Je marche à travers le lieu calme. Les conifères m'entourent. Je me sens seule, petite, face à cet endroit plein de silence. J'ai l'impression de pouvoir rester ici et vieillir sur place. Je sens la pression douce du froid, mais cette pression est plus ou moins agréable.

Ça me rappelle les moments que j'ai passé avec ma sœur, seule chez nous, face au froid de dehors, en plein hiver.

La sérénité ralentit mon pouls, le grand de ce blanc me méduse.

"Attention, ici aussi, on n'est pas à l'abri du danger. L'un des monstres ici a 50% de chances de vouloir t'achever."

Je fais encore quelques pas lents avant de prendre la parole. "Combien y en a-t-il, de monstres, ici?"

"Plus beaucoup. La plupart ont disparu ou sont à des endroit inaccessibles. Un monstre revenu n'est jamais trop loin de son tas de poussière, donc si Frisk a balancé ce qui reste du monstre dans un trou, au moment de la fin de la boucle, ce monstre réapparaîtra à l'endroit où est sa poussière."

La mélancolie de ce lieu rend ces propos plus calmes, mais plus lourds.

"J'ai froid, mes doigts me font mal."

"Tu devrais accélérer le pas, trottine peut-être."

J'obéis et commence à trottiner dans la neige. Je sens plus mes pieds, ce qui est un léger problème, mais au moins on peut espérer que ça m'évitera la gelure.

Petit à petit, je recommence à sentir mes pieds à au moins 5%, et j'ai un peu moins mal aux doigts. J'ai plus mal au nez à force d'inspirer par là, mais c'est mieux que rien.

J'arrive devant un espèce de petit pont.

"hey."

Je sursaute et m'arrête. Un frisson parcourt mon corps, et je sais pas si c'est un frisson de peur ou de froid. Sans doute les deux.

"les humains ne sont pas les bienvenus ici."

J'observe autour de moi, mais je ne vois pas l'homme qui pourrait me dire ça. "Ça ne m'étonne pas, j'ai entendu dire qu'un tueur en série est passé dans les parages."

Un petit homme- squelette sort enfin de l'ombre entre les arbres. "et, qu'est-ce que toi t'en aurais à foutre?"

Je l'observe, et il m'a l'air bien irrité, malgré son sourire. Il a des pupilles blanches lumineuses dans ses orbites, et un gilet bleu, plutôt épais. Ce qui attire mon attention est la grande coupure qu'il à en diagonale sur le torse, d'où du liquide rouge dégouline. Ce n'est clairement pas du sang, car le liquide est rouge vif et presque phosphorescent.

"Je sais pas trop, mais j'ai envie de vous aider. J'ai jamais été tuée moi-même, mais j'ai pas de raison de vivre, et je suis ici, autant me considérer décédée."

"ouais, cause toujours."

Il détourne son regard de moi et enfouis ses mains dans les poches de son sweat.

"Et, tu ne me... Tuera pas, si?"

"non. y'a pas utilité à ça. si toriel ne t'a pas tuée, undyne le fera. tu n'as pas fait de mal à mon frère. pas encore, de toute manière."

Je soupire, soulagée, et Flowey fait pareil.

"Tu t'appelles comment?"

"on m'appelle sans."

"Je crois avoir entendu ton nom quelque part." Je prends du temps pour essayer de me rappeler quand, et- Ah oui! C'est l'autre personne qui se souvient des altérations de la boucle. "Les monstres ont des noms bizarres. Après, c'est le truc le plus normal que j'ai vu ici pour l'instant."

Un rire échappe d'entre ses dents. "je suis sûr que ça change de la surface."

Flowey se redresse. "T'y a déjà été?"

"pas en personne, mais on peut dire que je l'ai vu dans un souvenir lointain. dans plusieurs, même."

Je me demande si il parle que de sa mémoire des autres altérations de la boucle ou si il y a autre chose, aussi.

"Moi je n'y ai été qu'une fois, et je suis mort à cause de ça, alors j'ai pas trop eu l'occasion d'en voir grand chose..."

Je me frotte de nouveaux les mains, ou du moins je crois. Je vérifie si mes mains se touchent en y jetant un coup d'œil, ce qui est sans doute très mauvais signe. Elles sont roses, même, violettes...

"ah, merde, t'as froid, non? bouge pas- je te passe mon sweat."

Je regarde Sans, toujours souriant. Il veut... M'aider. Je l'observe pendant qu'il ôte son gilet bleu vif, gelée sur place, dans les deux sens du terme.

"tu vas... rester là bas?"

Je marche lentement vers lui et prend le sweat. "Merci." dis-je doucement avant d'enfiler son gilet déjà chaud. "Tu n'aura pas froid comme ça?"

"tu veux rire? j'chuis un squelette!"

Il lâche un rire en se tenant le ventre, dans son tee-shirt blanc, presque coupé en deux par un trou unique dessiné en diagonale par dessus des os divisés en plusieurs parties.

"je vais t'emmener jusqu'à un endroit où je vais tout le temps. prends ma main, je connais un 'raccourci'."

Il lève son bras à la hauteur de sa tête, et je glisse ma main entre ses doigts dépourvus de chair. En un clin d'œil, je ne suis plus au milieu d'une forêt de conifères enneigée, mais dans un petit bar, où le barman est un homme de feu.

"Tu peux pas faire confiance à tout le monde, Mélodie." murmure Flowey, après avoir allongé sa tige pour être au niveau de mon oreille.

"Lui, il est différent. Je sais à qui je ne peux pas faire confiance. Les humains ne sont pas que des tueurs, ils sont des êtres qui valorisent le pouvoir, l'argent et le sexe plus qu'autre chose, du moins pour 80% d'entre eux. Ceux qui ne sont pas comme la majorité doivent se battre, se fondre dans la masse ou ils se font écraser. Je suis dans la troisième catégorie. J'ai été manipulée, utilisée, agressée parce que je suis pas comme eux. Je sais repérer qui est de quel type."

Après ça, Flowey se tait. Sans s'assoit devant le comptoir, et je m'approche, pour m'asseoir juste à côté de lui.

"Grillby, je voudrais un verre de vodka."

L'homme de flammes tourne sa tête vers Sans, ses lunettes cachant ses yeux.

"...Tu peux pas faire ça pour toujours, Sans."

Le sourire sur le visage du squelette s'efface, et pourtant, ce sourire il l'a gardé du moment où il est sorti de l'ombre jusqu'à maintenant. Les bosses qui se trouvent là où devraient se trouver ses sourcils se baissent, plissant là où ses paupières osseuses se trouvent.

"je sais, parce qu'un jour je me foutrais en l-... laisse tomber." Il se laisse tomber sur lui-même. "et serre moi un verre, s'il te plaît."

Grillby baisse sa tête et prend un petit verre vide puis le remplis du liquide contenu dans une longue bouteille en verre transparent. Il pose ensuite le verre sur le comptoir, et le fait glisser jusqu'à Sans. Le squelette place son pouce et son indexe à deux points opposés sur le verre, et avec l'index de son autre main, fait le tour du verre.

"ah, et, euhm..." Il me regarde et plisse ses yeux, semblant chercher un mot.

"Mon prénom c'est Mélodie."

"ouais, merci. mélodie, tu voudrais quoi, toi?"

Je place mes mains sur le tabouret et tends les bras, ce qui fait monter mes épaules. "J'ai un peu faim."

"tu manges de la viande?"

"Moui, mais c'est pas ma tasse de thé."

"t'aime les frites?"

"Ouais."

Sans regarde Grillby, qui prépare une assiette et la remplit des petites baguettes dorées que tout le monde adore. 'fin, plutôt la majorité. Et pour une fois, j'en fais partie.

L'assiette glisse jusqu'à moi. Je pique une frite parmi le tas, et la met dans ma bouche. Cette frite, elle est parfaitement salée, et parfaitement croustillante...

Et Sans se décide enfin à boire son verre. Il prend le récipient doucement, boit lentement, et repose le verre rapidement mais point brusquement. Il laisse ensuite son dos le laisser tomber, et sa tête pend de son cou, baissée.

"j'en ai marre..."

Je prend soin d'essuyer mes doigts gras avec une serviette puis pose ma main sur son épaule. Ses yeux s'ouvrent en grand, et il tourne sa tête vers la mienne. L'espace d'une seconde, il me regarde, comme si il allait pleurer, mais il pousse ma main et tourne sa tête juste après.

"laisse moi. j'ai pas besoin de ta pitié."

"Je te donne pas ma pitié, je te donne mon aide."

"je n'en ai pas besoin non plus."

D'habitude, les gens qui veulent se foutre en l'air ont besoin d'aide, et de beaucoup. Ceux qui se confient à l'alcool plus qu'aux gens ont besoin d'aide. Et lui, on dirait bien que c'est l'une de ces personnes.

Je prend une autre frite. Je veux pas trop la manger, pour le coup. Mais j'ai faim. Et ces frites, elles sont chaudes. Je fourre une frite dans ma bouche, puis une autre.

"Tu devrais l'aider, ça fait un moment qu'il est comme ça."

"Flowey, ta gueule."

Sans se tourne vers moi, essuyant sa pommette avec sa main, et Grillby dirige son regard vers moi.

"Je sais que tu sais encore moins que moi ce qu'il faut faire. Et je sais qu'il faut que je t'aide."

"je veux pas de ton aide."

"Mais tu en a besoin! Tu me donne ton gilet, puis tu dis que tu veux te foutre en l'air, et insistes pour avoir un verre de vodka."

"hé bien tant pis! c'est pas comme si tu me connais, et c'est pas comme si mon frère était revenu pour me donner une raison de vivre."

"Je n'en ai pas non plus, de raison de vivre. Mais regarde où j'en suis. Je suis perdue, et alors? Je fais de mon mieux pour rester, pour au moins avoir le temps de la trouver, cette raison de vivre. Ça prend du temps de trouver ce genre de chose. Mon pote Ben il ne l'a pas encore trouvé, cette raison. Ma sœur non plus, elle ne l'a pas trouvé. Ben, tout ce qu'il sait, c'est qu'il aime les bagnoles, et ma frangine elle aime le silence et le chocolat chaud."

Je prends une inspiration, et une goutte coule du coin de l'orbite de Sans.

"Moi, je suis encore plus loin derrière qu'eux, parce que tout le monde me déteste. Ma sœur elle est belle, Ben il est populaire. Moi, je suis pas comme ça, en plus, je suis dyscalculique, j'aime pas le rap, je n'ai jamais aimé les blagues de bite et je suis jamais tombée amoureuse, et je veux pas être au dessus de tout le monde. Si y'a quelqu'un qui devrait vouloir se foutre en l'air, ça serait moi. Mais regarde moi. Je veux servir à quelque chose, qui n'est pas la meilleure raison de rester en vie, certes, mais c'en est une. Tu as des gens qui veulent que tu vive. Si tu nous donnerait le temps de mieux nous connaître, je serais l'une de ces personnes."

Il relâche ses épaules crispées, et regarde son verre vide avant de rediriger son regard vers moi. Les extrémités extérieures de ses sourcils penchant vers le bas, et un sourire revient enfin sur son visage.

"j'y penserai."

Il se pousse par dessus le tabouret, et je fais de même.

"on peut aller chez moi, pour euh..." Il se frotte l'arrière de sa tête. "...en parler."

"D'accord."

Il prend ma main et nous transporte, sans doute chez lui.

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