Chapitre ∅ - Descente Aux Enfers

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Tout le monde connaît l'histoire morbidement et étrangement palpitante d'Alice au pays des merveilles.

Moi, je connais l'histoire foireuse d'un pays des morts et d'une descente à ce qui devrait être le plus proche de l'Enfer qu'on aura jamais.

"Hé oh, Mélodie, ici la Terre..!"

Je secoue ma tête. Je sens mes cheveux et mes joues suivre le mouvement de mon crâne. Le soleil tape fort, j'ai mal aux yeux. Je veux les refermer et continuer de rêvasser à mon histoire bizarre.

"Oui, quoi?" Je suis sur Terre, mais spirituellement, je baigne dans le vide.

Ben, c'est un mec cool. Tellement cool qu'il a une bande de potes, lui, pas comme moi. Moi, j'ai que lui et ma sœur. Je suis, en plus, grassouillette et aussi nulle en maths qu'en EPS, et j'ai comme habits que des jeans, t-shirts et sweats roses, ce qui fait de moi la sous-merde du lycée.

"Action ou vérité?"

Ah, palpitant. Danger de mort ou de rumeur? Bwof, les deux, ou aucun, j'arrive pas à choisir. Je veux continuer de réfléchir à mon histoire fantastique.

"Action."

Étrange, j'aurai cru que je choisirais vérité.

Ben, c'est le genre de mec cool, c'est sûr, mais il fait aussi des conneries.

Et celle qu'il va sortir, je la sens grosse comme un camion. Et le défi, je veux le relever, quoi qu'il soit, je sais pas pourquoi. Peut-être pour satisfaire mon ego assoiffé de fierté. Peut-être pour qu'on sache qui je suis.

"Tu sais," dit-il enfin, "tu devrais escalader le Mont Ebbot."

Ah, le Mont Ebbot.

La légende dit que ceux qui escaladent cette montagne n'auraient jamais l'occasion de rebrousser le chemin.

Moi, je dit bullshit.

C'est une légende. Moi, les légendes, j'y crois pas. Je crois ce que je vois, c'est pour ça que je suis athée d'ailleurs.

J'ai arrêté de croire aux histoires parce que c'est pas ça qui sauvera qui que ce soit.

Ça m'a jamais aidé en tout cas.

"Ok, j'y vais."

J'enfile ma capuche, et commence à marcher vers le Mont Ebbot. Ben me retient dans la file d'attente devant l'entrée du lycée.

"Euh, nope. Tu pars pas comme ça."

Je tire brutalement mon bras vers moi, et il lâche prise. "Je pars si je veux. Y'a que deux personnes qui en auront quoi que ce soit à foutre de toute manière, et j'y vais pas pour me jeter dans le trou."

Il me regarde, ses yeux implorant ma pitié.

"Et je veux voir ce qu'il y a là-bas qui fait autant flipper les gens."

Et sur ces mots, je me remets en route. Il n'avait plus rien à faire, et moi non plus. Il n'avait qu'à pas sortir sa connerie.

Au bout de quelques minutes, la sonnerie retentit au loin. Trop tard pour y retourner.

***

Après un moment de marche, je m'arrête. Je suis sans doute à un peu plus de cinq minutes du sommet, et j'aurai vraiment aimé pioncer en maths là. Mais rien à y faire, j'ai choisi mon destin. Mont Ebbot ça sera.

Un pas.
Deux pas.
Quatre pas.
...
Trente pas.

...

Je dois maintenant en être à environ cinq cent pas depuis que j'ai commencé à compter, et je suis au sommet.

Je me pose. La vue est magnifique d'ici.

On voit toute la vallée; mon lycée y est inclus. Je sais plus où est ma maison, mais cette vue me donne une grandeur et une sérénité que je n'ai jamais ressenti auparavant.

Sérénité qui ne dure pas, puisque maintenant, le silence des hauteurs a été remplacé par des murmures incompréhensibles venant tous du trou béant du sommet de la montagne, dans une semi-grosse, à moitié bouchée par une toile de lianes.

Je comprends pourquoi les gens flippent. Ces murmurs, on dirait qu'ils sont sortis tout droit d'un film d'horreur.

Sacré contraste avec la beauté de ce lieu.

Les murmures, ils venaient tous de gens différents, et ils étaient accompagnés par des respirations rauques et... liquides, ainsi qu'un bourdonnement lourd et épais.

Et je veux voir ce que c'est que tout ce bordel.

Qu'est-ce qui me prend? Je devrais être en maths, pas aux limites de la réalité.

Je m'approche. Je m'approche rapidement. Je m'approche dangereusement.
Un pied se pose sur la toile de lianes.
J'y mets mon poids.

Les lianes rompent, et je tombe.

***

L'impact est lourd, et à ma plus grande surprise, non mortel.
Et je n'ai aucun os de cassé. Le pire que j'aurai serait un ou deux gros bleus.

Je me redresse.

L'air est humide et lourd, et quelque chose crépite sous mes pieds. Je regarde, et je vois des plantes mortes, et pas qu'un petit tas. On dirait les énormes tas de feuilles des films hollywoodiens d'automne.

Mais ce ne sont pas des feuilles, ce sont des boutons d'or. Ou, c'était, plutôt.

Je regarde autour de moi. De grands piliers de calcaire blanc se dressent fragilement, soutenant encore ce qu'ils peuvent. Le trou du sommet est très haut au dessus de ma tête, un point de lumière unique dans cette obscurité, et je suis sans doute de nouveau au niveau de la mer.

Et de la végétation morte ou terne envahit le lieu comme un parasite ou une infection.

Visiblement, personne ne prend soin de cet endroit.

Après, je ne m'attends pas à ce qu'il y ait encore grand monde. D'après ce qu'on dit, les monstres et les humains se sont battus il y a maintes siècles, même peut-être il y a un millénaire. Ils peuvent être morts en ce temps, ou leur civilisation en ruines.

En tout cas, je sais qu'ici, il n'y aurait rien en bon état.

Est-ce qu'il y avait un peuple, pour commencer, ou est-ce encore une autre histoire?

J'ai l'impression que j'ai pas encore tout vu.

...

Un petit chemin mène à un arc de passage large, fait avec des piliers magenta vif, ce qui m'impressionne. Y a-t-il vraiment un minéral de cette couleur si inhabituelle?

J'aurai tout vu aujourd'hui.

Je marche. Mes pas résonnent dans un écho humide jusqu'à la porte. Je passe à travers, et je trouve une petite tâche de verdure vive parmi la mort et la moisissure. Au centre de cette petite tâche se trouve une unique fleur jaune, bien vivante. Et elle a l'air de bouger toute seule.

J'aurai tout vu aujourd'hui.

Je suis peut-être dans un rêve.

Je regarde au dessus de moi, et pourtant, tout est bien là. Je regarde mes mains et elles sont bien présentes. Je me pince, et un 'aïe' échappe d'entre mes lèvres, mais malgré ça je ne me réveille pas.

Et puis, mon 'aïe' a alerté la fleur.

La plante se retourne, me montrant un visage horrifié. Il esaye de sortir des mots de sa bouche, mais rien n'y fait, il n'arrive pas à parler.

À vrai dire, je tire sans doute la même tête que lui.

"Qu-qui-?"

Il a une voix étrangement haut perché, dit donc. Ça ferait mal aux oreilles. Mais c'est pas ça, le cadet de mes soucis pour l'instant.

"Et toi, t'es quoi?" Je le dis d'un ton agressif, sans le vouloir.

Pourquoi suis-je ici, aux limites de la réalité?

"U-f-fleur. F-F-Flowey." Il me répond en se forçant un sourire nerveux sur les lèvres, où qu'elles soient.

"Enchanté, Flowey." J'hésite un petit moment avant de continuer. Les questions se basculent dans ma tête et je sais plus si je veux rester ici et découvrir ce que cette montagne me réserve ou si je veux rentrer au lycée et dormir en cours de maths. Le lycée me semble comme un souvenir lointain. Maintenant, je suis ici, mais je sais pas où c'est, ici. Est-ce que j'ai voyagé dans une autre dimension? Est-ce que je suis morte?

"Moi, c'est Mélodie." Je lui réponds d'une toute petite voix.

Il soupire, son souffle tremblant, comme si il allait éclater en sanglots d'un moment à l'autre. Il regarde à droite, à gauche, derrière lui, puis se tourne de nouveaux vers moi. "T'as fait la plus grosse connerie de ta vie, euh, Mélodie."

Je hoche la tête. Merci, je suis au courant. Je pourrais peut-être bien rester ici jusqu'à la fin de mes jours lamentables.

"Tu vas te faire tuer par ce qui reste des monstres morts."

Je sens ma respiration s'arrêter toute seule.

C'est la fin?

"F-Frisk a tué presque tout le monde. Les rares qui ont survécu ont disparu ou se sont foutus en l'air. Mais à cause d'une anomalie, une bonne partie de ceux qui ont donné l'âme sont revenus, et ils veulent tous la peau de quiconque tombant ici, sans exception."

...

"Je sais pas comment je fais, mais j'arrive toujours à me faire balancer dans les pires tas de merde sur Terre."

"Là, t'es tombée à ta fin. T'as signé ton acte de mort, tu t'es suicidée à l'avance. Je peux t'aider à t'en sortir plus longtemps, mais je ne pourrai rien faire pour te garder vivante."

C'est la fin.

Je suis venue au bout du monde, et en voici les conséquences.

Tout le monde connaît l'histoire morbidement et étrangement palpitante d'Alice au pays des merveilles.

Et là, voici l'histoire foireuse d'un pays des morts et d'une descente à ce qui devrait être le plus proche de l'Enfer qu'on aura jamais.

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