Chapitre 1

Màu nền
Font chữ
Font size
Chiều cao dòng


Bonsoir les amis !! ^-^ ♥

Bienvenue à tous et à toutes dans ce premier chapitre de Vermilion ! J'espère sincèrement qu'il vous plaira, n'hésitez pas à me faire des retours sur ce début !! ;)

On se retrouve en bas ^-^


Une très bonne lecture à tous et à toutes! ~ 


********************************


"Sers davantage. Hâte-toi Taehyung."

Je baissai la tête en guise d'obéissance, et serrai davantage le corset.

"Il faut que tout soit parfait." Murmura-t-elle, ses yeux noirs fixés sur son reflet dans le miroir.

Je m'affairai à la tâche sans sourciller, sans trembler. Plus j'étais efficace, et moins je la mettais en colère. Je l'avais compris depuis bien longtemps.

"Je t'ai préparé une tenue pour ce soir.

-Merci beaucoup madame."

Elle remit une de ses mèches noires en place. Elle avait de longs cheveux très fins et très indisciplinés. En général, elle les enfermait dans un chignon serré, ou des tresses collées.

Une fois que le corset l'étouffait presque même si c'était impossible, je reculai et baissai les mains devant moi. Mon dos fut droit, mes lèvres serrées, et ma tête légèrement inclinée vers le bas.

"Il faut que tu t'habilles. Il ne faut pas perdre de temps avec ça plus tard, on a encore beaucoup à faire."

Puis elle me lança un regard dédaigneux.

"Si seulement tu ne m'avais pas coûté aussi cher j'aurais encore des économies pour payer des gâteaux chez un pâtissier. Tu m'as endetté jusqu'aux os. Ca te fait plaisir de le savoir, n'est-ce pas ?"

Une pique. Je l'ignorai et me contentai de me courber pour m'excuser silencieusement.

Je ne comptais plus le nombre de fois que j'entendais cette phrase.

Je me demandais seulement parfois si elle ne mentait pas. Si je lui avais coûté si cher que ça.

"Va préparer le reste des biscuits à la framboise puis va t'habiller. Que je ne te vois plus les deux prochaines heures, j'en ai bien assez de ton odeur pour aujourd'hui."

Je ne me fis pas prier pour quitter la pièce. Lorsque je fermai la porte, je l'aperçus se prendre la tête dans les mains. Je détournai les yeux et clos la pièce pour ensuite me diriger au rez-de-chaussée de la modeste maison, et vérifier la cuisson des biscuits.

Je fermai le four et me lavai les mains. Je devais le faire systématiquement, à cause du dégoût que ressentait madame pour moi. Elle pensait sans cesse que les gens comme moi, de mon espèce, nous étions sales, que tout ce qui nous composait avait besoin d'être lavé toutes les heures. Heureusement pour moi, je n'étais pas obligé de prendre des douches toutes les cinq minutes. Je m'estimais heureux pour cela ; je me contentais de peu.

"Tae, psst."

Je retins un sourire en tournant la tête derrière moi.

"Jimin ? Pourquoi t'es entré ? Elle va le savoir, va-t-en ! Chuchotai-je.

-Je venais juste te souhaiter bonne chance pour ce soir."

On entendit un bruit à l'étage alors il se figea, et ferma la fenêtre ouverte par laquelle il était entré pour empêcher les courants d'air. Quand il n'y eut plus aucun bruit, Jimin se détendit, et je m'empressai d'attraper son bras pour l'emmener dans le jardin plus ou moins grand.

Il me montra sa tenue en tournant sur lui-même.

"Regarde ! J'ai eu de nouveaux vêtements ! Ce n'était pas arrivé depuis mes dix-sept ans, je suis trop content Tae !

-Jimin tu vas probablement devoir les rendre à ton maître demai-

-Non justement ! Il m'a dit que je pouvais les garder.

-Oh, je suis très content pour toi. Félicitations !" Souris-je, en lui prenant les mains.

Il eut un énorme sourire à son tour et hocha la tête rapidement.

"Tu crois qu'il y aura tant de monde que ça ? Questionnai-je.

-Le mariage d'un Jeon ça ne passera jamais inaperçu, je pense en effet qu'il y aura beaucoup de monde.

-Ouais..."

Il posa une main sur mon épaule.

"Tu as peur de le croiser ?

-Je sais pas... De ce que j'ai compris après le mariage ils vont passer quelques temps ici, son père doit partir pour une mission. J'ai entendu madame Jeon en parler au téléphone avec quelqu'un.

-Une mission, encore ? Je me demande en quoi ça consiste...

-Aucune idée.

-Park ! Je le savais !" Cria ma maîtresse, la fenêtre de sa chambre ouverte et ses cheveux noirs volant au vent, alors qu'elle nous fixait.

Je me figeai avant de paniquer, tout en tentant de garder des gestes calmes.

"Va-t-en ! Allez ! Fis-je à Jimin, qui fixait ma maîtresse avec peur.

-On s-se voit ce soir Tae, désolé, je- A plus !

-Dépêche-toi ou j'appelle ta maison Jimin !" S'emporta-t-elle.

Lorsque mon ami disparu, escaladant le grillage du jardin, je m'empressai de rentrer dans la maison. Madame Jeon apparut, dévalant les escaliers. Elle était furieuse.

"Combien de fois vais-je devoir te dire que je ne veux pas le voir ici !

-Je vous prie de m'excuser, pardon, je ne le fer-

-Ton petit discours je le connais par coeur, Taehyung."

Elle s'approcha vivement de moi, et attrapa mon menton. Son visage s'approchait du mien lentement, dangereusement, jusqu'à ce que je ne les vois changer de couleur. C'était mon ultime crainte.

"Non, je- Je suis désolé... !"

Je clos les paupières et tombai à genoux sur le sol, les mains devant les yeux. Elle attrapa mes cheveux et me fit lever vivement le visage. Je fus soulagé de voir que ses pupilles étaient redevenues noires.

"Tu as plutôt intérêt à te tenir ce soir, je suis assez claire ? Si jamais tu commets une seule faute, tu le regretteras. C'est un jour très important Taehyung. Tu le sais, n'est-ce pas ?

-Oui madame, je le sais..." Murmurai-je, calmé, car j'avais compris que sa colère s'estompait.

Elle me lâcha et je me relevai pour me courber, alors qu'elle s'éclipsait de la pièce. Je posai mes mains sur le plan de travail, et relevai les yeux pour apercevoir mon reflet à travers les fenêtres fermées. Je me recoiffai rapidement et, comme je m'étais touché les cheveux, je me lavai les mains, avant de reprendre ma tâche.

Je savais que Jimin se sentait coupable, mais malgré tout, c'était plus de peur que de mal et j'étais heureux qu'il soit venu me voir avant ce soir. J'avais besoin de courage. Savoir qu'il sera présent au mariage du fils Jeon me rassurait déjà, et sa petite visite surprise m'avait redonné le sourire.

Son maître était beaucoup plus laxiste que madame Jeon, c'est pourquoi Jimin avait pu venir me voir. Cependant, le cas inverse était impossible. J'avais la formelle interdiction de quitter cette maison sans ma maîtresse. Alors je me contentai de voir Jimin lors de promenades avec madame Jeon si j'avais la chance de le croiser, ou quand on devait travailler pour le mur ou pour des travaux collectifs quelconque ; parfois, nous étions obligés de travailler pour eux. Ca arrivait un ou deux jours par semaine, il y avait des roulements, mais en général ils évitaient de nous séparer de nos maîtres et maîtresses trop longtemps.

Alors que j'étais plongé dans ma réflexion, un bruit que je ne connaissais que trop bien s'infiltra dans mes oreilles.

Le bruit de la boîte aux lettres.

Oh. Le voilà.

Je courus jusqu'à la porte d'entrée, l'ouvris à la volée, pressé comme à chaque fois que ça arrivait. Une fois devant la boîte aux lettres, qui n'avait pas de système de verrou -ici, on ne volait pas son voisin- j'attrapai l'enveloppe épaisse et marron. Je refermai la petite porte et me retrouvai bien vite dans la cuisine, arrachant le vieux papier.

Je caressai la couverture du livre de cette semaine.

Madame Jeon revint à ce moment-là, et m'envoya un regard méprisant. Elle avait abandonné depuis longtemps de savoir qui m'envoyait ces livres chaque semaine : depuis mes dix ans, je crois, je recevais un livre tous les sept jours. Chaque livre avait un sujet différent. Le tout premier que j'avais eu s'intitulait "Guide de l'écriture : apprendre à écrire en s'amusant". Dans cet endroit, les gens comme moi n'avaient pas d'école ou un quelconque autre moyen de s'instruire. En général, nos propriétaires évitaient que l'on sache trop de choses. C'est ce que j'en avais déduit avec Jimin.

Mais moi, j'étais sûr d'avoir un ange gardien. Un ange gardien qui, chaque semaine depuis mes dix ans, m'envoyait un livre pour m'apprendre quelque chose. D'ailleurs, le terme même "d'ange gardien", je l'avais appris dans un livre.

Ma maîtresse avait d'abord été furieuse. Elle avait caché les livres, les premiers, sur au moins six mois entiers. Mais un jour, elle a arrêté. Comme si quelqu'un lui avait dit de le faire. Et depuis, elle me laissait toujours lire mes livres, à condition que ce soit le soir ou le matin, quand j'étais seul dans ma chambre et qu'elle n'avait pas besoin de moi. Ça ne devait pas retarder les choses que j'avais à faire la journée.

Le mythe de l'Atlantide était le livre que j'avais reçu aujourd'hui. Je fronçai les sourcils.

L'Atlantide... C'était comme ça qu'on surnommait cet endroit, parfois. L'endroit où j'étais, l'endroit où, il y a treize ans, des milliers d'innocents comme moi avaient été enfermés. Ca aussi, je l'avais appris dans un livre récent, qui avait été écrit en 2016, soit 9 années après le début de tout ceci.

J'avais des étoiles dans les yeux. Parfois, les livres que je recevais étaient ennuyeux à mourir. Mais celui-là me donnait une folle envie de le dévorer.

Je montai rapidement les escaliers et me dirigeai dans une pièce spéciale : celle où je stockais tous mes livres. Madame Jeon m'avait d'abord forcé à les garder dans ma chambre, ce qui ne me déplaisait pas, mais au fur et à mesure des années j'en ai accumulé des centaines et des centaines. Elle avait donc décidé de débarasser une pièce de la maison ; la chambre d'ami. Elle avait jeté le lit un jour, agacée, et y avait balancé tous mes livres. Le soir-même, je me souviens les avoir soigneusement rangés lorsqu'elle avait eu le dos tourné. Elle n'entre jamais dans cette pièce, il n'y avait que moi.

Il y avait aussi des livres que je jetais, parfois, sinon ça ne rentrerait même plus dans la pièce. Mais, étrangement, madame Jeon n'avait jamais tenté d'en jeter un elle-même. C'était la seule et unique chose dont elle me laissait l'entier contrôle.

Je déposai soigneusement le nouveau livre sur une pile déjà haute, et fermai la porte avec douceur. C'était un trésor inespéré. Je ne réalisais parfois pas la chance que j'avais que madame Jeon me laisse garder tous les livres que je recevais. Je trouvais cela aussi étrange que merveilleux.

Lorsque je redescendis, elle était là, en train de préparer à son tour de la nourriture.

"Remplis la poche. Il me faut des forces pour ce soir.

-Oui, madame."

Je me courbai et me dirigeai vers le salon. J'attrapai le tube transparent, avec en bout une aiguille que je ne connaissais que trop bien. Ca ne me fit même pas mal lorsque je la plantai dans ma veine, soigneusement.

C'était un système plus civilisé, selon les règles de la ville, qu'ils se nourrissent de nous.

De notre sang.

"Dépêche-toi. Et va faire une sieste après, je ne tiens pas à ce que tu t'évanouisses ce soir devant tout le monde. Il ne manquerait plus que ça, qu'ils croient que je te maltraite, alors que tu as juste rempli la poche aujourd'hui. Ce que vous êtes faibles..."

Elle releva lentement les yeux vers moi.

"...Les humains." Cracha-t-elle.

Je détournai le regard. J'oubliai ses remarques dès lors qu'elles eurent traversé mes oreilles, et m'affairai à remplir la poche de mon sang.

Chaque maison avait ce protocole. Certains, bien sûr, aimaient plutôt mordre. Mais c'était interdit -pas dans la loi, mais dans la morale-. On considérait que mordre un humain, c'était de la cruauté. Comme la cruauté envers les animaux, de l'autre côté des murs. J'avais lu ça dans un livre. Les humains de l'autre côté faisaient beaucoup de mal aux animaux, et même si tout le monde le savait, personne ne s'en souciait, de ce que j'avais lu dans Quel avenir pour nos semblables ?, un livre que j'avais reçu dans la même boîte aux lettres, à mes quinze ans.

Un jour, j'ai aussi lu qu'une morsure pouvait être plaisante pour un humain. Je me demandais bien comment.

Ca m'était arrivé une seule et unique fois, un jour où madame avait été horriblement en colère.

J'eus un frisson en me rappelant l'horrible douleur que cela m'avait procuré, le hurlement déchirant que j'avais poussé. Elle avait fait ça à mes treize ans, lorsque j'avais tenté de me rebeller. Depuis ce jour, j'étais plus soumis que n'importe qui. Je voulais à tour prix éviter que ça n'arrive à nouveau. La douleur avait été un cauchemar éveillé que je ne voulais plus jamais revivre.

Alors comment était-ce possible qu'un humain puisse y ressentir du plaisir ? Ca n'était pas possible à mes yeux.

"C'est bon. Mets la poche au frais et va-t-en. Tu as plutôt intérêt à être endormi d'ici vingt minutes." M'ordonna-t-elle, le ton froid, comme toujours.

Je me courbai et m'éclipsai bien vite, secrètement heureux de pouvoir me réfugier dans ma chambre pour une sieste. J'avais déjà la tête qui tournait à cause du sang. Elle ne m'en demandait pas beaucoup, mais j'avais l'impression que j'étais plutôt fragile.

Une fois au chaud sous mes couvertures, je clos les paupières et le sommeil m'attrapa bien vite pour un repos sans rêves.

**

Plus que quelques minutes.

J'avais les mains moites, les dents serrées et le coeur battant.

Avec madame, nous avions tout préparé. Dans leur tradition, les enfants de leur espèce devaient toujours se marier chez leurs parents, dans un cadre restreint et familial. Je pensais jusqu'ici qu'on allait se déplacer jusque chez monsieur Jeon -que je n'avais vu que très peu de fois dans ma vie- car leur fils habitait là-bas depuis toujours. Ils avaient une maison gigantesque, qui s'apparentait à un château, même si j'exagérais un peu. Dans mes souvenirs, c'était très grand, très majestueux et luxueux.

Mais, pour une raison qui m'échappait, le mariage n'allait pas se faire là-bas, mais plutôt ici, dans le jardin de la maison de ma maîtresse. Sa maison était modeste mais son jardin plutôt grand ; c'était faisable. Mais je ne comprenais définitivement pas pourquoi tout ne se passait pas chez monsieur Jeon.

Les deux parents du futur marié s'étaient séparés lorsque j'avais été acheté, à mes sept ans. Le jour même, ils s'étaient hurlé dessus, alors que je venais à peine de poser les pieds dans cette maison. Ils disaient des choses importantes, des informations qui, probablement, m'aideraient à comprendre aujourd'hui. Mais j'avais sept ans, et j'ai tout oublié.

Au moment même où, après avoir placé d'autres chaises dans le jardin, je revins dans la maison, je m'arrêtai sur le pas de la porte, silencieux, car j'entendais madame dans la cuisine qui semblait au téléphone.

"Oui, je sais. Mais c'est très bien ainsi. Mon jardin n'est pas si petit, et je préfère que ça se passe ici plutôt que qui que ce soit ne fouille une pièce qu'il ne faut pas fouiller chez toi.

-...

-Ce n'était pas une pique. Tes magouilles sombres ne m'intéressent pas, plus maintenant.

-...

-Oui. Mais je sais ce que j'ai à faire. Il restera dans sa chambre et m'aidera seulement quand j'aurai besoin de lui. Je ne suis pas une imbécile, tu n'avais pas besoin de me le rappeler."

Elle parlait froidement, et je sentais de là où j'étais qu'elle tentait de contenir sa colère. Elle raccrocha après sa dernière phrase. Pas de doute ; elle venait de discuter avec son ex-mari, j'en avais la certitude.

"Tu sais que je peux te sentir, Taehyung ?"

Je me figeai.

Elle arriva dans l'entrée et croisa les bras.

"Toujours aussi curieux." Cracha-t-elle.

Alors que je voulus m'excuser, elle me devança, reprenant la parole.

"Les invités vont commencer à arriver dans cinq minutes. Pour l'instant tu peux m'aider à les servir, leur proposer à boire, à manger, ce genre de chose. Mais dès que je te le dirai, tu monteras dans ta chambre, et tu n'en sortiras que si je te le demande. Est-ce que c'est bien clair ?

-Oui, madame."

Je me courbai, et elle alla vers la cuisine. Je la suivis.

"Prends ce plateau, mets-le sur la grande table dehors où il y a le reste. On distribuera les verres directement quand ils seront là. Dépêche-toi."

J'attrapai le plateau qu'elle me tendait, et allai dans le jardin le déposer à côté de nombreux autres petits gâteaux qui me faisaient saliver. Je n'avais presque jamais le droit de manger de bonnes choses. Madame ne me laissait manger que des légumes, de la viande, des soupes, et d'autres aliments très basiques. Elle n'achetait cependant jamais de pâtisseries, de sucreries. C'était très rare, et quand elle le faisait, je devais prier dans ma chambre tous les soirs pour espérer avoir ne serait-ce qu'un petit bonbon.

Dans un livre sur les boulangeries du monde, j'avais appris que les pâtisseries françaises faisaient partie des meilleures. La France m'intéressait autant que le Japon, et l'Islande, aussi. J'avais lu dans un livre sur la géographie mondiale qu'il y avait sept continents, et que des gens affirmaient qu'il y avait cent quatre-vingt dix-sept pays dans le monde, et d'autres qu'il y en avait trois-cent vingt-quatre. Je pensais pourtant qu'il n'y avait rien derrière les frontières, quand j'étais petit. Mais je savais à présent que ce n'était pas le cas, qu'à l'extérieur, il y avait tout un monde à explorer.

Une voix me sortit soudain de mes rêveries, et je manquai de sursauter en me tournant vers la grille d'entrée.

"Viens-tu donc m'ouvrir, mon garçon ?" Me demanda une femme accompagnée de son mari et de deux enfants.

Et de leur humain.

Je me dépêchai d'aller ouvrir aux premiers invités, et me courbai bas devant l'amie de ma maîtresse.

Elle leva les yeux au ciel.

"Joohee ! Tu as encore cet humain à ton service ? Nous avons changé trois fois cette année !" Se plaignit-elle.

Je fis mine de ne rien entendre, habitué, et accueillis d'autres invités qui venaient tout juste de sortir de leurs voitures également, au loin.

Dans un laps de temps de vingt minutes, tous les invités arrivèrent, notamment la jeune promise au fils Jeon.

Lorsque cette dernière arriva, accompagnée de sa famille -et de leur humaine-, je ne pus m'empêcher de la détailler. Elle était vraiment jolie et respirait la bienveillance. Elle portait une robe bleue, accompagnée de longs gants blancs et de chaussures de la même couleur. Ses cheveux étaient délicatement relevés dans un chignon embelli de perles. Elle était maquillée somptueusement.

"Bonsoir madame Lee. Bonsoir monsieur Lee." Saluai-je la famille de la future mariée.

Enfin, la jeune fille arriva à ma hauteur, et passa la grille.

"Bonsoir, mademoiselle Lee. Lui fis-je également, le dos toujours courbé.

-Bonsoir." Me répondit-elle, la voix douce.

Je me relevai lentement, surpris, la bouche entrouverte. Elle m'accorda un sourire doux. Je clignai des yeux plusieurs fois.

C'était l'une des premières fois de ma vie que l'un d'entre eux me parlait aussi...

"Merci." Fit-elle en me voyant tenir la grille, avant de s'éloigner.

...Aussi gentiment.

Je l'observai s'en aller, encore sous le choc. mon coeur s'était réchauffé, et j'avais envie de sourire. C'était étrange. Je n'avais d'habitude jamais envie de sourire, à part quand Jimin était là.

"Psst."

Je tournai la tête.

En parlant du loup.

"Je pensais à toi. Chuchotai-je.

-Pourquoi ? Fit-il, le ton aussi bas que le mien.

-Laisse tomber.

-Fais gaffe mon maître arriv-

-Son maître est là." Renchérit une voix plus grave.

Un homme passa devant mon ami, sans me regarder, et s'éloigna immédiatement. Jimin haussa des épaules vers moi, l'expression désolée, et rejoint son maître en trottinant.

"On se voit plus tard." Me lança-t-il avant de s'en aller.

Je lui fis un rapide signe, et fermai enfin la grille.

Le jardin avait été aménagé de chaises blanches, d'un autel habillé de fleurs, de ballons de toutes sortes et de guirlandes lumineuses. Le soleil se couchait déjà. Il faisait encore très clair, mais plus pour longtemps.

J'entrai dans la maison et madame me rejoignit.

"Taehyung, va proposer des boissons, sauf à Nayung et sa famille, c'est déjà fait.

-Nayung... ? Pardon madame je ne sais pas qui-

-C'est la future mariée. Elle et sa famille ont déjà à boire, je les ai servis en premier. Occupe-toi des autres." Me coupa-t-elle, pressée et visiblement angoissée.

C'était un grand jour pour elle. Je savais qu'elle l'attendait depuis longtemps, et qu'elle voulait que tout soit parfait.

"Bien." Fis-je alors, et m'empressai de retourner dans le jardin décoré, occupé par des dizaines d'invités et d'un brouhaha ambiant.

Je me mis à proposer des boissons à chaque invité présent, sauf aux autres humains, bien entendu. Je faisais de nombreux allers-retours de l'extérieur à la cuisine, puis de la cuisine à l'extérieur. Une fois tous les invités servis, je me permis de souffler un moment, dans un coin du jardin, buvant dans une petite bouteille d'eau et croquant dans un morceau de pain.

Ah oui... Le pain.

On disait que le pain régénérait le sang. Madame Jeon m'en faisait manger tous les jours. En réalité j'aimais ça, et j'en avais pris l'habitude. Elle m'achetait toujours de la baguette de très bonne qualité alors j'adorais en manger, et j'avais le droit d'en prendre quand je le souhaitais. L'eau et le pain étaient des aliments que je retrouvais à presque tous mes repas.

Je terminai mon petit en-cas et, soudain, me rendis compte que le brouhaha cessait. Je fixai les invités un à un, confus, puis dirigeai mon regard vers deux personnes, au loin, s'approchant de la grille.

Oh, mon Dieu.

"Taehyung !" Me cria ma maîtresse, arrivant vers moi en courant, comme une furie.

Je sursautai et reculai, inquiet, mais sans réfléchir elle m'attrapa le bras et me tira à sa suite, me faisant courir vers la maison.

Intrigué, je voulus me retourner, mais elle tira violemment sur mon poignet pour m'en empêcher. Sans douceur, elle me balança dans l'entrée de la maison.

Elle avait les yeux écarquillés, la respiration courte.

"Monte dans ta chambre ! Tout de suite !" Me hurla-t-elle presque, tout en se retournant plusieurs fois pour s'assurer de je ne sais quoi.

Je me relevai avec peine et, effrayé, courus dans les escaliers, le souffle court.

"Je t'interdis de descendre ! Enferme-toi !" Cria-t-elle encore, alors que je fermai rapidement la porte de ma chambre et tournai le verrou.

J'avalai difficilement ma salive en reculant doucement, sans lâcher ma porte des yeux, puis j'allai vers ma fenêtre et fermai les rideaux à la hâte.

Un jour, j'ai lu dans un livre qu'on pouvait inventer n'importe quoi à un enfant ; si on le lui répétait durant toute sa vie il y croirait sans hésiter.

Madame Jeon me répétait depuis mes sept ans la même règle, sans m'en dire plus. Alors je le voyais comme une légende, comme un monstre qui allait me dévorer si j'avais le malheur de croiser son regard.

Les mains tremblantes, j'attrapai un livre qui traînait dans ma chambre et que j'avais déjà lu et relu, pour le lire encore. Je voulais me changer les idées, calmer les battements effrénés de mon cœur, car la nausée montait et que je frôlais la crise d'angoisse.

Ca va aller. Tant qu'il ne te voit pas tout ira bien.

Je lisai les lignes sans les lire. Je n'arrivais pas à me calmer, définitivement pas. Je savais que si madame avait réagi de cette manière, ça ne signifiait qu'une seule chose...

"Ca va aller. Ca va aller." Me répétai-je en boucle.


...Jungkook était arrivé.


Je m'étais imaginé tant de choses durant toutes ces années, tant de scénarios possibles.

Et si je le croisais réellement ? Qu'est-ce qui se passerait ? Madame Jeon n'a jamais voulu me le dire. Elle ne faisait que me faire répéter cette règle en boucle depuis treize ans.

Jungkook était déjà venu ici. Il venait très rarement, mais quand ça arrivait, madame réagissait comme elle venait de le faire. Parfois je ne sortais pas de ma chambre pendant un jour entier, le temps pour le fils de madame de venir, dormir ici, et repartir. Ca arrivait une fois tous les deux ans.

Il n'y a eu qu'une seule fois, dans ma vie, où je l'avais vu.

Il y a treize ans, lors de la vente.

Je me souviens de la douleur des cordes à mes poignets, de la manière dont on m'appuyait sur la tête pour la maintenir vers le bas tandis que plein d'adultes s'étaient trouvés devant moi et devant d'autres personnes, des enfants ou des adultes attachés comme moi. Il y avait eu des gros nombres criés.

Et j'avais eu le malheur de relever les yeux.

Mon regard n'en avait croisé qu'un.

Le sien.

Je m'étais senti happé. C'était l'un des souvenirs le plus clair qui me restait à l'esprit, j'en rêvais souvent, il me hantait depuis tout ce temps. Ce regard noir. Je crois qu'il avait déjà dix-sept ou dix-huit ans à cette époque.

Mais leur espèce vieillissait terriblement lentement. Ils prenaient de l'âge et vieillissaient comme les humains, mais pour eux, le temps était multiplié par trois.

Je me souviens de son visage. Il était déjà très dur, très mature. Maintenant ça devait être encore pire. C'était le seul qui ne parlait pas, le jour de la vente. Et j'avais eu une drôle de sensation. Pourtant, notre échange n'avait duré que quelques secondes à peine puisque, bien vite, sa mère s'était interposée entre nous deux, inquiète, et avait crié au vendeur :

"Lui ! Je le prends, peu importe son prix !"

Je suis certain à ce jour qu'elle a fait ça pour être sûre de pouvoir me cacher de son fils. C'est pourquoi elle m'enferme à chaque fois qu'il est dans les parages. Elle n'a pas assez confiance aux autres pour me faire éviter Jungkook, alors elle le fait elle-même. Ce qui expliquerait d'ailleurs qu'elle se soit, ce jour-là, séparée de son mari, et que ce dernier soit parti avec le fils Jeon vivre loin d'ici.

Tout ceci n'était qu'une de mes nombreuses théories. J'avais tant de questions sans réponses, tant de rêves de ce jour-là, de ce regard, de cette aura, de ce garçon.

Maintenant il devait avoir vingt-et-un ou vingt-deux ans, en âge humain.

Je soupirai et me pris la tête dans les mains. Je me demandais si ça allait finir comme cela, je me demandais si j'allais mourir ici, entre les murs blancs de cette chambre, aux côtés de madame Jeon, caché de tous, avec pour dernier repas un verre d'eau et un foutu morceau de pain.

Une larme roula le long de ma joue. Je l'essuyai, les yeux perdus dans le vide.

C'est à ce moment-là qu'on toqua à la porte.

"Taehyung. C'est moi, ouvre." Me fit madame.

Je me levai, veillant à bien essuyer mes joues, et déverrouillai la porte. Madame entra, ferma derrière elle, et s'approcha de moi.

"Je vais avoir besoin de ton aide pour le service.

-Oui madame." Soufflai-je.

Elle s'approcha davantage de moi. Je savais qu'elle avait compris que j'avais peur, que j'avais pleuré. Son visage se durcit.

"Tu connais la règle, n'est-ce pas, Taehyung ?

-O-oui..."

Lentement, ses longs doigts fins vinrent saisir ma mâchoire, avec fermeté. Je levai les yeux vers elle, tremblant, la panique me grignotant les entrailles, tandis que ses yeux changeaient de couleur.

"Alors répète-là." Fit-elle, la voix autoritaire.

Je déglutis, les lèvres entrouvertes. Son visage s'approcha davantage du mien.

"Je... Je dois...

-Tu dois ?"

Encore.

"Je dois toujours... Même... Même au prix...

-Même au prix de quoi, Taehyung ?"

Ses doigts se serrèrent sur ma peau.

"Même au prix de ma v-vie..."

Elle ne me lâcha jamais des yeux.

"Éviter...

-Éviter ?

-Éviter... Je dois é-éviter..."

Elle s'arrêta quand elle fut assez proche de moi pour m'écraser de son regard, de son aura et de sa supériorité de vampire.










"Je d-dois toujours, même au prix de ma propre vie, éviter Jungkook."













********************************


Hehe, voilà pour le premier chapitre !! Alors alors ? Qu'en avez-vous pensé ? ^-^

Naturellement, n'oubliez pas que c'est le premier chapitre donc c'est beaucoup d'introduction et d'informations. Mais vous me connaissez maintenant, vous savez que l'action et les péripéties ne vont pas tarder à arriver... ;) 

Bon, ce n'est plus un secret pour personne à présent : Vermilion racontera l'histoire de Taehyung, enfermé depuis ses 7 ans dans une ville prise par des vampires ! Il est trop tôt pour les théories, mais croyez-moi, vous allez en avoir très vite!! ^-^


Merci à tous et à toutes pour cet accueil incroyable. Je ne m'attendais pas à autant!! Je vois que vous êtes très hypés pour beaucoup et impatients de savoir ce que je vous réserve, j'en suis profondément touchée. Et petite nouveauté par rapport à mes autres fictions : on sera dans la tête de Taehyung ! ^^


Je n'en dis pas plus, le prochain chapitre arrivera vendredi qui arrive ou vendredi d'après, tout dépend de comment j'avance (j'ai beaucoup de choses à faire en ce moment) et de si j'ai le temps de poster vendredi. Mais à partir de vendredi prochain en tout cas je serai régulière au maximum, donc il y aura un chapitre chaque vendredi, je ferai tout pour m'y tenir !!


Gros gros bisous les amis, mes chers lecteurs et lectrices, merci d'être là pour cette nouvelle aventure, merci de me soutenir dans mes projets. Tout ce que je peux vous dire c'est : laissez-vous porter et envoûter par Vermilion... Et par Jungkook ;) A bientôt!! ♥♥

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen2U.Pro