Chapitre 2

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Bonsoir les amis ! ^-^

Voici le chapitre 2 de Vermilion !! J'espère sincèrement qu'il vous plaira, il se passe déjà des choses intéressantes ;)


Bonne lecture à tous et à toutes! ~ ♥


*****************************


J'étais de nouveau dans la cuisine, en train de nettoyer et de sortir quelques biscuits du four, pour en mettre d'autres que je venais tout juste de préparer. Madame avait fermé la porte d'entrée et la porte de la cuisine pour que je ne croise personne durant la préparation. Elle m'avait donné vingt minutes pour faire tout cela, et ensuite j'avais pour ordre de remonter dans ma chambre et de m'y enfermer de nouveau jusqu'à ce qu'elle ait encore besoin de moi.

Je m'appliquai comme je le pouvais malgré la limite de temps. Dehors, le jour tombait, j'entendais les rires, les voix, la légère musique. Ils avaient l'air de bien s'amuser. Je me demandais si Jimin aussi profitait un peu de la soirée, en tout cas je l'espérais. J'espérais qu'il ne m'en veuille pas de ne pas être là, mais lui autant que moi étions au courant du risque que j'encourais si je me montrais alors que le fils de madame Jeon était là.

Enfin... Pas tout-à-fait.

Je n'avais jamais vraiment eu de précision sur ce risque, justement. Tout ce que ma maîtresse m'avait toujours interdit était d'entrer en contact avec lui, de quelque façon que ce soit. Il m'était déjà arrivé de rêver du seul jour où je l'avais vu, quand j'avais sept ans, mais sous une forme monstrueuse. Je l'imaginais les yeux rouges sangs, les dents pointues et bien plus longues que celles de sa mère, des veines sortant de ses tempes et des griffes acérées. C'était ridicule, je le savais, mais mon cerveau l'avait construit ainsi.

Et, à présent, il était la personne qui me terrifiait le plus.

J'avais peur qu'il vienne la nuit, et qu'il me morde. Qu'il me fasse hurler et qu'il me vide de mon sang. C'était peut-être pour ça que madame m'empêchait de le voir.

Mais si ce n'était qu'une question de contact avec un humain...

"Bonsoir."

...Pourquoi étais-je le seul humain à devoir éviter Jungkook ?

Je sursautai violemment, et me figeai.

Je ne connaissais pas cette voix. Elle était là, juste derrière moi. Je ne l'avais même pas entendu entrer.

Lentement, inquiet, je fis volte-face, une spatule à la main et du coulis framboise sur l'autre.

J'écarquillai les yeux.

"B-Bonsoir."

Je me courbai bien bas devant l'homme que je n'avais jamais vu, mais qui me donnait une étrange sensation. Je me sentais écrasé, comme si une force invisible m'immobilisait et me tordait dans tous les sens.

"Je voulais te rencontrer. Ca ne te dérange pas ?" Sourit l'inconnu, calme.

Il croisa ses bras forts entre eux et s'appuya contre l'encadrement de la porte. J'observai ses cheveux blonds, son haut gris moulant qui laissait ressortir ses muscles, sa force de vampire. Il se tenait droit, le menton levé, le regard assuré.

"N-non, je...

-Ne panique pas. Je ne te veux aucun mal."

Son sourire s'agrandit.

"Bien au contraire, d'ailleurs."

Je décelais de la bienveillance dans sa voix. Il semblait heureux de me rencontrer. Je ne comprenais pas pourquoi. Je n'étais qu'un humain, qu'un sac de sang pour eux.

"Je n-ne... Madame n-ne veut pas que je donne mon... mon sang... A n'importe qui, je..."

Sa fossette se creusa davantage tandis qu'il souriait.

"Je ne compte pas te mordre." Répondit-il alors, tout en se redressant de l'encadrement de la porte pour s'approcher d'un pas.

Surpris et quelque peu effrayé, je reculai, et mes fesses touchèrent le plan de travail. Il devait voir à quel point j'avais peur, mais ça ne semblait pas lui importer.

"Tu es Taehyung, c'est bien ça ?"

Je déglutis difficilement, le corps tremblant.

"Oui. Soufflai-je.

-Bien. On aura encore l'occasion de se rencontrer à l'avenir." Me fit-il.

Je ne sus quoi répondre. Mais il ne semblait pas attendre de réponse puisque, bientôt, il se tourna et disparut de mon champ de vision.

Je pris bien trente bonnes secondes avant de reprendre mes esprits.

Bon sang, qui était-ce ?

La question me hanta de longues minutes, le temps nécessaire pour terminer mes préparations. Une fois cela fait, je déposai les biscuits chauds sur un plateau de sorte à ce qu'ils soient bien présentés, baissai la température du four pour la fin de la cuisson des autres, et m'empressai de remonter dans ma chambre. Là, je fermai la porte à clé et me rongeai les ongles en fixant ma fenêtre couverte de mes rideaux.

J'avais envie de les ouvrir. Je voulais voir si l'inconnu était encore là, ou si même il faisait partie du mariage, s'il était un invité. Je ne l'avais jamais vu auparavant, pourtant, toutes les personnes qui étaient présentes ce soir me disaient quelque chose de près ou de loin. J'en avais rencontré certains car c'était des amis de madame, d'autres car on les croisait souvent en ville quand on allait faire des courses, d'autres encore chez qui nous étions allés pour divers événements et où ma maîtresse avait voulu me prendre pour m'exposer comme un trophée.

Je fronçai les sourcils et me creusai la mémoire comme je le pus, mais non ; aucun souvenir de cet homme ne remontait à la surface. Je n'avais tout bonnement aucune idée de qui il était. Pourtant, la ville n'était pas infiniment grande. D'un bout à l'autre, il devait à peine y avoir trois heures de route en voiture. Il était rare que l'on découvre de nouvelles personnes. Ca arrivait, certes, mais pas dans ce quartier en tout cas.

Mes ongles étaient rongés par mes dents et ma patience rongée par la curiosité. Sans même m'en rendre compte, je m'étais dirigé vers ma fenêtre. Elle donnait sur le jardin.

Mes mains se posèrent sur le tissu des rideaux que je caressais lentement, les yeux dans le vide. Mon coeur battait la chamade.

Il fallait que je le fasse. Il fallait que je comprenne.

Je pris une grande inspiration.

Je rouvris les yeux et, enfin, je tirai sur les rideaux.

Et je vis tout.

Les invités assis, en train de manger. Un humain que je ne connaissais pas en train de tendre son poignet à des autres invités pour qu'ils le goûtent. Jimin, assis plus loin. Madame Jeon apportant les gâteaux. La jeune mariée souriant à un homme que je voyais de dos.

Je plissai les yeux.

Des cheveux noirs bien coiffés, le dos droit, une main dans la poche et l'autre tenant un verre d'alcool.

C'était lui. Je savais que c'était lui, même si je ne voyais pas son visage. Je ne pouvais l'expliquer.

J'étais happé par cette vision. Je pouvais voir à quel point il avait changé de carrure. Il semblait bien plus grand qu'avant, bien plus fort aussi. Il portait un costume noir classique. Tous les regards étaient secrètement braqués sur lui.

Et puis, soudain, les invités se mirent à taper des mains et à réclamer quelque chose. Intrigué, et peut-être un peu inconscient, je soulevai légèrement ma fenêtre, de deux centimètres à peine, juste pour laisser le son me parvenir.

Et j'entendis alors.

"La morsure ! la morsure ! la morsure !"

J'étais tétanisé.

Et puis je me souvins de ce livre que j'avais lu, qui faisait partie de toute une série de bouquins sur les vampires, leur vie et leurs coutumes.

Lors d'un mariage, les deux mariés se promettent de s'aimer jusqu'à ce que, selon les termes de l'ouvrage que j'avais en tête, "l'éternité ne cesse". C'était une façon de dire "jusqu'à la mort", que j'avais lue être la formule pour les humains.

Jusqu'à ce que la mort nous sépare, jusqu'à ce que l'éternité ne cesse. C'était sensiblement la même chose.

Après avoir prononcé des formules consenties, qui là étaient les mêmes pour les humains et pour les vampires, c'est-à-dire "oui, j'y consens" ou "oui, je le veux", on s'embrassait.

Mais un détail différait alors du mariage humain.

La morsure d'union.

Je me souvins d'un autre livre.

Deux vampires pouvaient se mordre. C'était d'ailleurs souvent dans un cadre assez intime. Mais ils ne buvaient pas vraiment le sang de l'autre, ou alors, s'ils le faisaient, c'était de la gourmandise car ça ne nourrissait pas comme le sang d'un humain. C'était pour cela que des vampires se mordaient seulement intimement. Il y avait d'ailleurs un problème de tromperie assez important chez les vampires ; que ce soit des hommes ou des femmes, tous finissaient par craquer et tromper leur partenaire pour la chaleur d'un humain, et pour son sang. Ils adoraient lier sexe et morsure.

Cependant, la morsure lors d'un mariage était intime mais surtout était nécessaire pour prouver l'union. On mordait devant les autres pour sceller davantage la promesse d'amour : les invités sont ainsi témoins, et si l'on trompait son partenaire, alors on était la risée des deux familles.

J'observai les invités frapper des mains pour encourager la morsure d'union des deux jeunes mariés. Nayung avait d'ailleurs sa robe blanche à présent, je ne savais même pas quand elle s'était changée ni quand la cérémonie s'était déroulée, mais c'était ainsi que c'était prévu, de toute manière. Moi, je restais dans ma chambre et je laissais la vie, dehors, continuer son cours sans que je n'y fasse partie.

Je serrai les doigts sur le rebord de la fenêtre en apercevant Jungkook se mettre de côté, pour que tout le monde assiste à la morsure. Je voyais la moitié gauche de son visage.

J'avais mal à l'estomac.

J'avais terriblement peur qu'il me voit. Mais je ne pouvais étrangement plus détourner les yeux de la scène.

Nayung posa les mains sur les épaules de son époux, et tendit le cou en arrière. Jungkook, quant à lui, passa ses mains derrière le dos de sa femme.

Je fronçai les sourcils.

Pourquoi avait-elle l'air impatiente ?

Elle allait hurler, n'est-ce pas ?

Je ne comprenais plus. Je voyais le fils des Jeon glisser doucement ses lèvres sur la mâchoire de la jeune femme. Mon ventre se tordit violemment. Les invités étaient bouche bée.

Qu'est-ce qu'il faisait ? Je ne comprenais pas. Je ne comprenais rien. Ca m'agaçait, pourquoi semblait-elle apprécier ses gestes ? J'avais envie de lui hurler "attention ! tu vas te faire mordre ! va-t-en !"

C'est avec effroi que je vis les dents de Jungkook se révéler, lorsqu'il ouvrit la bouche.

Oh, mon Dieu, non. Non. Elle a été si gentille avec moi. Elle ne méritait pas cela. Pourquoi est-ce que personne n'agissait ?

Je crus qu'il allait la mordre, mais il ne le fit pas encore. Ses mains masculines caressaient chastement les bras de la mariée. Il la choyait, la chérissait, l'embrassait, et j'avais mal au ventre. Ca dura un long moment pendant lequel les invités et moi-même ne bougeâmes pas d'un pouce, hypnotisés par les gestes luxurieux et sensuels du noiraud.

Et puis, de cette manière, il planta ses dents pointues dans sa gorge opaline.

Je fermai violemment les yeux, ne souhaitant pas voir ça. Mais je n'entendis rien. Ni hurlement, ni cri, ni même une plainte.

Intrigué de nouveau, je rouvris un oeil, puis l'autre, et mon visage se déforma d'incompréhension.

Nayung semblait vouloir le cacher, mais son expression trahissait son extase.

Elle avait les yeux papillonnants, les mains crispées, comme si elle ne savait plus quoi en faire. Ses lèvres étaient délicatement entrouvertes, tandis que Jungkook la serrait contre lui, tout en étant visiblement en train de prendre de petites gorgées de son sang.

J'avais les larmes aux yeux.

Mes genoux tremblaient.

Je ne comprenais plus.

Je fermai brusquement mes rideaux et me pris la tête dans les mains, là, à genoux au beau milieu de ma chambre.

J'étais soudain horriblement épuisé. Cette soirée était bien plus épuisante que je ne l'avais pensé. Je me dirigeai mollement vers mon lit. Mes pensées se dirigeaient tout droit vers un mur, je n'arrivais plus à les développer, ça me faisait mal de le faire.

J'enviais Jimin, parfois. Lui, il ne lisait pas. Il était heureux parce qu'il était ignorant. Moi, j'en savais trop.

Posséder de la connaissance m'a donné de la matière à réfléchir. Et c'était la chose la plus douloureuse que je pouvais faire. Le savoir et la conscience étaient des cadeaux empoisonnés.

J'allais mourir ici. Dans cette chambre. Dans combien de temps ? Ca, je l'ignorais. Mais ça allait arriver. C'était ainsi que mon destin avait été créé, façonné, m'avait été imposé.

J'allais mourir dans cette chambre avec mes questions sans réponses, avec ma crainte mais ma curiosité du monde extérieur, dominé par mon infériorité d'humain.

**

Je me fis réveiller par trois coups sur ma porte de madame Jeon, qui m'appelait sans se soucier de ce que j'étais en train de faire. Je baillai et posai une main sur mon front, jetant un oeil à l'horloge.

Trois heures du matin. Déjà.

Ma sieste avait été longue, et madame allait me tuer de ne pas avoir été présent ce soir.

Je descendis tout de même, replaçant mes cheveux comme je le pouvais dans l'escalier, et arrivai dans la cuisine. Il n'y avait qu'elle.

"Prends ça, il faut te nourrir. Dépêche-toi. Tu vas devoir aller dans la cave."

Oh non.

Non. Pitié.

"Madame j-je... Je suis d-désolé je me suis endormi mais pitié n-ne me-

-Je m'en fiche. Je n'ai pas envie de me mettre en colère ce soir, c'était une bonne soirée. Si je veux que tu ailles dans la cave c'est surtout parce que Jungkook et Nayung ont pris la chambre d'amis.

-La... La chambre d'amis... ? Mais et mes... Mes-

-J'ai mis tes livres dans la cave pour l'instant. Mais tu ne peux pas rester en haut, tu risquerais de croiser Jungkook dans la nuit, ou demain.

-Madame s'il vous plaît je vous promets q-que je ne sortirai pas de ma chambre, j-je..."

Elle leva soudainement des yeux écarquillés derrière moi.

Je me glaçai de stupeur en comprenant.

"Madame... Madame Jeon ? Est-ce que tout va bien ?"

Surpris, je me tournai vivement vers la jeune mariée, et mon coeur se calma.

"Nayung ! On t'a réveillée ?

-Non, je ne dormais pas vraiment. Y a-t-il un problème ?

-Non non va te coucher.

-Hey Taehyung, tu as pu manger ?" Me demanda la jeune femme.

Je la regardai avec un air surpris. Ma maîtresse eut un rire nerveux.

"Nayung ne t'occupe pas de lui ne t'en fais pas, retourne te coucher tu dois être épuisée. Jungkook, il...

-Il dort." Répondit-elle.

Elle avait des étoiles dans les yeux malgré la fatigue qui s'y reflétait. Elle vit mon regard et m'adressa un doux sourire. Mes yeux glissèrent vers son cou et je les détournai après avoir vu la morsure fraîche.

Il l'avait probablement mordue de nouveau au cours de la soirée.

"Bon, alors j'y retourne. Bonne nuit madame Jeon.

-Bonne nuit mon ange.

-Bonne nuit Taehyung." Renchérit la jeune femme.

Je bégayai des choses incompréhensibles avant de trouver enfin quelque chose de correct à répondre.

"Bonne nuit mademoiselle... Mademoiselle Jeon." Balbutiai-je, sous les yeux sévères de ma maîtresse.

Nayung disparut ensuite, et je me retrouvai seul à seul avec madame.

"C'est bon. Va dans ta chambre. N'y ressors sous aucun prétexte.

-Merci ! Merci madame, merci." Répétai-je, rassuré.

Je haissais la cave. J'avais dû y aller plusieurs fois plus jeune, les premières fois où Jungkook était venu. Mais petit-à-petit, madame avait vu à quel point ça me terrifiait, et je ne sais pas si c'était pour cette raison mais elle avait plutôt installé un verrou à la porte de ma chambre au lieu de me forcer à aller dans la cave.

"Ils vont rester ici quelques nuits, avant de repartir chez le père de Jungkook. Tu comprends ce que ça signifie, n'est-ce pas ?"

Je vais devoir rester dans ma chambre pendant des jours.

"Allez Taehyung, dépêche-toi."

Je posai mon verre dans la vaisselle, saluai ma maîtresse et montai discrètement les escaliers. Une fois devant ma porte, je me stoppai, la main sur la poignée, et fixai une autre porte.

Celle où les deux amants dormaient.

Mon regard ne pouvait se décrocher de la porte durant quelques instants.

Je n'arrivais pas à réaliser que lui et moi n'étions séparés que de quelques murs. Murs qu'il pouvait d'ailleurs détruire à sa guise, ça n'était sûrement pas ça qui allait l'arrêter.

Je secouai la tête et entrai enfin dans ma chambre, puis la verrouillai.

Ce soir-là, j'eus du mal à m'endormir. Je fixai le plafond et je ne revis que son visage, que j'avais vu de profil tout-à-l'heure. Je ne revis que l'expression de plénitude sur le visage de Nayung. Je ne revis que ces cheveux noirs, cette peau pâle, ces dents blanches et aiguisées.

Mais je ne rêvais pas.

**

Madame avait glissé quelques livres sous la porte de ma chambre. Je savais qu'elle faisait ça parce qu'elle se sentait coupable, parfois, de ce qu'elle me faisait vivre. Mais ce qu'elle ne savait pas, c'est que je n'avais aucune haine pour elle. Ni aucun amour. Quand je l'observai, je me sentais vide. Je ne ressentais aucune émotion particulière à part la peur. La peur avait dominé le reste, et maintenant je ne la voyais que comme un tableau de règles à suivre, de choses à faire. Plus j'en cochais, plus elle en rajoutait.

Je lisais aujourd'hui le livre sur le mythe de l'Atlantide.

Au cours de la journée, madame m'avait donné un petit-déjeuner et un repas. Je ne faisais rien d'autre que de lire. J'avais entendu Nayung et Jungkook discuter, sans trop distinguer ce qu'ils se disaient.

"Taehyung, ouvre-moi." Me fit madame.

Je me levai de mon lit et me dirigeai vers la porte. Je l'ouvris et elle se décala immédiatement.

"Ils sont partis pour l'instant. Va te laver, mange et sors un peu dans le jardin. Dépêche-toi, ce sera ta seule possibilité de prendre l'air aujourd'hui."

Je la regardai, surpris. Depuis hier, elle était très clémente. C'était assez étrange, mais je n'allais pas m'en plaindre ; je m'empressai de me courber et de sortir de ma chambre.

Je pris soin de faire ma toilette, j'abusais même un peu de l'eau chaude, je le méritais bien. Après cela, je mangeai ce qui restait d'hier soir, et enfin je sortis et pris place sur une chaise, au coin du jardin, un bout de pain à la main.

Tout avait déjà été nettoyé. J'étais rassuré ; j'avais peur que madame ne me le fasse faire seul. Je clos les paupières et pris une grande inspiration.

"Tae ! Enfin !"

Je rouvris les yeux.

"Jimin ?!

-Purée ça fait trois fois que je viens aujourd'hui, je me demandais quand elle allait te laisser sortir de ta tanière !"

Tout sourire, je me levai et me dirigeai vers lui ; il était derrière la grille du jardin.

"C'est gentil d'être venu. Lui fis-je, content de le voir.

-Je m'inquiétais. On t'a pas vu de la soirée hier, la vache elle plaisante pas quand elle dit qu'elle veut pas que tu croises Jungkook...

-Mmh. Alors, comment c'était ?

-Bah... Un mariage arrangé, quoi. Mais j'ai l'impression qu'ils s'entendent bien.

-Ouais, moi aussi.

-T'étais pas là." Me fit-il sans comprendre.

Je pointai la fenêtre du bout de mon doigt. Il leva les yeux vers cette dernière.

"Attends, tu regardais à la fenêtre ? Me demanda-t-il.

-Pas tout, juste le moment où...

-Où il l'a mordue ?"

Je fronçai les sourcils.

"Comment tu sais ?

-Je viens de comprendre, maintenant." Fit-il, comme s'il se souvenait de quelque chose.

Je penchai la tête sur le côté.

"Hier, après qu'il ait mordu sa femme, Jungkook a regardé vers ta fenêtre."

Je me figeai.

Oh, mon Dieu.

"Quoi, attends, tu plaisantes ?

-Mais non Tae ! Il ne s'est pas complètement retourné mais je me souviens m'être demandé pourquoi il avait regardé précisément vers cet endroit."

Jimin vit que je paniquais intérieurement, alors il posa une main sur mon épaule à travers la grille.

"Hé, du calme, si ça se trouve c'est un hasard. Et puis si tu ne l'as pas vu te regarder c'est qu'il ne t'a pas vu non plus. Peut-être qu'il t'a juste vu fermer les rideaux et qu'il a été attiré par le mouvement-

-Mais justement, Jimin, je- Je ne voulais pas qu'il sache que j'ai vu ça !" M'emportai-je, inquiet.

Il me toisa sans comprendre.

"Mais c'est pas si grave...

-Je... Je ne veux pas qu'il sache quoi que ce soit de mon existence, je..."

Je me pris la tête dans les mains, le coeur battant.

C'était faux. Je ne voulais pas qu'il ignore tout de mon existence, pas forcément, mais j'avais l'impression que j'allais imploser à la seule idée qu'il puisse savoir que j'étais vraiment là, dans cette chambre.

J'étais vraiment un imbécile. Forcément qu'il le savait. Nayung elle-même avait dû lui parler de moi et lui poser des questions.

Mon ventre se tordit de curiosité. C'était vrai, après tout. Sa jeune épouse lui avait probablement demandé pourquoi je restais enfermé. Je me surpris à avoir envie de savoir ce qu'il pourrait bien répondre à cela.

Est-ce que lui savait pourquoi je n'avais pas le droit de le voir ?

"Il faut que je te laisse Jimin, je dois retourner m'enfermer dans ma chambre avant qu'ils ne reviennent.

-Oh, Tae, je...

-T'inquiète, j'ai l'habitude. Merci d'être passé.

-Je reviendrai bientôt, c'est promis. Courage."

Il me prit les mains.

"Taehyung, je serai toujours là pour toi."

Je lui adressai un sourire triste, qu'il me rendit.

"Merci Jimin. Prends soin de toi." Lui soufflai-je.

Il me fit un salut militaire et je ris doucement, puis il s'éclipsa. Je pris une dernière bouffée d'air et, avant de rentrer, jetai un oeil à ma fenêtre.

Bordel, on pouvait très bien voir depuis le jardin ce qui se passait dans ma chambre. Je n'étais qu'un idiot.

La boule au ventre, je terminai la journée dans ma chambre, après avoir pris davantage de livres que je n'avais pas encore découvert dans la cave, là où madame les avait mis puisque la chambre d'amis était occupée pour l'instant.

Je me réinstallai au sol, sur la moquette de ma chambre, et rouvris mon ouvrage sur l'Atlantide.

**

Il était tard lorsque les deux amants sont rentrés. J'avais entendu la porte, puis des échos de voix. A présent, je pouvais sentir l'odeur de nourriture qui émanait jusqu'à l'étage. Ils devaient être en train de dîner.

Je soupirai et pris place sur le bord intérieur de ma fenêtre. J'adorais m'asseoir ici et contempler les étoiles, la nuit.

Un jour, j'avais reçu un livre qui expliquait les différents genres littéraires, les différentes histoires possibles dans la littérature. Je l'avais beaucoup aimé, il m'avait appris énormément sur la lecture. La plupart du temps je recevais des livres qui expliquaient des choses, mais il était rare que je reçoive une vraie histoire, comme un roman ou un recueil de poèmes.

Ce soir, en observant la lune et les étoiles, je me rappelai d'un conte que j'avais lu il y a deux ans. J'adorais les contes. Et tout particulièrement ceux de dragons, de princesses et de princes. C'était naïf mais infiniment doux.

Si j'étais dans un de ces contes, j'aurais voulu avoir la place du prince. Mais ma situation était toute autre : j'étais la princesse enfermée en haut de la tour, et surveillée par un dragon.

J'eus un léger sourire à cette pensée.

Cependant, dans les contes, la princesse se faisait sauver par le prince.

Moi, j'étais seul. Mon prince n'existait pas. Pourtant, j'avais bien besoin d'être sauvé, n'est-ce pas ?

Les livres m'avaient fait prendre conscience de ma situation. Je me demandais parfois si j'aurais voulu être sauvé si je ne m'étais pas rendu compte que, derrière les frontières, il y avait d'autres humains comme moi qui vivaient en liberté, qui n'avaient pas de maître ni de maîtresse. Comment aurais-je pu le savoir sans toute cette lecture ? Sans ces centaines et ces centaines de livres ? J'eus un frisson en m'imaginant être à jamais coincé dans un mensonge.

Jimin, lui, était au courant parce que je lui en parlais. Mais j'avais la sensation qu'il ne retenait rien, ou plutôt qu'il ne voulait pas retenir ce que je lui apprenais.

Jimin était physiquement libre, et moi je l'étais mentalement.

Il pouvait sortir, j'étais enfermé. Mais il ne pouvait pas réfléchir, chose que moi je pouvais faire. Malheureusement.

Je me levai du bord de ma fenêtre et m'approchai de ma porte. J'entendais des voix se rapprocher.

Les jeunes mariés devaient être en train de se coucher ; je le savais car j'entendais des pas se diriger à présent vers la chambre d'amis.

Je voulus aller à mon tour dans mon lit mais je fronçai les sourcils.

J'avais l'impression de n'avoir entendu qu'une seule personne prendre le chemin de la chambre d'amis. Les pas avaient été trop peu nombreux pour que les deux amants ne se soient en même temps dirigés dans la même direction.

Je collai mon oreille à la porte, intrigué, et soudain, tous mes membres se glaçèrent d'effroi.

Oh, mon Dieu.

Lentement, je décollai mon oreille du bois de la porte, au ralenti, bloquant ma propre respiration...

... car j'en entendais une autre.

Là, tout près.

Mes doigts se mirent à trembler. Je n'osais même pas reculer, j'étais tétanisé.

Il... Il y avait quelqu'un, j'en étais sûr, juste là, juste derrière ma porte.

"M-madame... ?" Tentai-je, la voix prête à craquer.

Mais je n'eus aucune réponse, seulement cette même respiration calme. Et si je l'entendais malgré ma porte fermée, cela ne voulait dire qu'une seule chose.










Quelqu'un était actuellement à quelques centimètres de la porte de ma chambre.











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Hehe, alors, ce deuxième chapitre ? ^-^


On est encore dans de la mise en place évidemment, mais vous avez déjà eu droit à un peu de Jungkook. Dans le chapitre 3 ce sera peut-être également le cas... ;)


Je vous dis un ENORME MERCI pour les déjà presque 10K de vues !! Sincèrement c'est dingue !! Merci du fond du coeur, je vois que ce début vous plaît et vraiment ça me rassure (c'est pas tous les jours que je commence des nouvelles histoires haha!!) et surtout ça me rend très très heureuse! Merci les amis, vraiment ♥



Je vous dis à vendredi prochain pour la suite, prenez grand soin de vous, et un très bon week-end à tous et à toutes ! Gros gros bisous !! ^-^ ♥♥

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