À la demoiselle partie en Australie,

On m'a redonné les lettres que je t'avais envoyé.

Ton enterrement est demain. C'est assez étrange de dire ça comme ça. Ça fait un moment que je n'ai pas écrit. Me retrouver une nouvelle fois face à cette feuille de papier me fout une pression monstre, sans que je sache vraiment pourquoi.

Désolée, je préviens d'avance : cette lettre, comme les autres, sera décousue.

Une autre chose étrange que j'ai remarqué après mon état végétatif de plusieurs jours : ton avion s'est... écrasé un 4. Et j'ai écrit 9 lettres en tout.
En japonais, 4 peut se prononcer comme le mot "Mort", et 9 comme le mot "souffrance".
Étrange, n'est-ce-pas ? Pour les lettres je te jure que je n'ai pas fait exprès.

Du coup, j'ai demandé à mettre toutes ces lettres dans ton caveau. Peut-être que tu les liras d'en haut ? Quoique tu étais athée. Bref, peut-être que tu arriveras à les lire d'une manière ou d'une autre. Du moins c'est ce que j'espère. Ce serait bête qu'elles ne soient jamais lues, quand même.

Tu sais, malgré tous tes défauts, tu as été quelqu'un de génial. Tu m'as aidée à surmonter des choses dont tu n'es même pas consciente, tu m'as fait rire, tu m'as énervée, tu m'as rendue triste parfois, comme là. Mais plus que ça tu as été une amie formidable, en dépit de tout ce que j'ai pu dire. C'est pourtant triste de pouvoir te l'avouer seulement maintenant. Et... je sais... que tu ne liras peut-être jamais cette fichue lettre. Alors ça me tue de te laisser partir sans le savoir.

C'est toujours quand on perd quelque chose qu'on se rend compte de sa valeur.
Ceci dit, j'aurais préféré réalisé ça avec mon sweet préféré plutôt que toi. Mais que veux-tu...

Pierre Kiroul, notre vaillant soldat sera toujours avec nous, promis.

Mais toi... comment était-tu avant que tout se termine ? Quand j'y pense, j'ai peur, je tremble, je fais des crises... la nuit, j'en fais des cauchemars. Je meurs, meurs, encore et encore. Je suis toi, je te vois. Je suis omnisciente et je vois tout à travers tes yeux à la fois. Et je vois la Mort, jusqu'à ce que le Soleil se lève. Le matin, je suis si fatiguée que je n'arrive même plus à pleurer.

J'irais en Australie. Un jour.

Je mettrais des fleurs pour toi là-bas, en vérité, je suis sûre que c'est là que tu voudrais être. Ton âme ne peut reposer au fond d'un océan pourri, tu irais de l'avant. Tu aurais rejoint cet endroit que tu voulais visiter. Alors j'irais, je déposerais des fleurs pour toi. Je ne sais pas si j'irais mieux, une fois là-bas. Je verrais bien.

J'aimerais continuer cette lettre à l'infini, pouvoir avoir l'impression de te parler toujours plus... Mais je sais que je vais devoir la terminer. Cette feuille n'est pas interminable, comme les suivantes que je pourrais prendre pour continuer d'écrire. Quoi, d'ailleurs ? À quel point tu me manques ? À quel point tu me manqueras ? À quel point tu manqueras à la Terre ? Franchement, je pense que tu le sais déjà.

J'ai énormément pensé à tout ce qui est réincarnation, tout ça. Tu me dirais : "c'est des conneries". Pourtant, je trouve ça tellement triste... Pourquoi des gens comme toi n'auraient pas le droit de pouvoir revivre, de pouvoir faire profiter de tout ce qu'ils avaient à offrir...? C'est dégueulasse. Je ne comprends toujours pas.

Après ça, qu'on ne me dise pas que Dieu existe vraiment. Sans rire, pourquoi laisserait-il faire ça ? Je veux bien qu'il en veuille aux humains, c'est la seule raison pour qu'il nous fasse autant de sales coups, mais depuis le temps qu'on existe, la dette n'est pas effacée ? Faut croire qu'il est rancunier. Et dans ce cas, peut-être que les gens qui sont En-haut voulaient profiter de ta présence. J'en sais rien, en fait.

La fin approche, l'enterrement aussi.

Si effectivement tu peux lire ces lettres un jour, qu'elles te rejoignent En-Haut, je n'ai plus qu'une seule chose à dire :

À la demoiselle partie en Australie, et ailleurs,

Prépare-toi à recevoir beaucoup de lettres.
Des inutiles, des drôles, des déprimantes mais pas que.
Parce qu'il faut bien que je m'occupe puisque tu n'es plus là.

Mes dernières salutations distinguées,

Moi-même, qui ne t'oubliera jamais.

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Voilà, c'est la fin !
Merci à ceux qui m'ont suivie dans cette courte aventure. C'était vraiment une petite histoire inventée sur le coup, pas vraiment très réfléchie, mais je suis contente qu'elle ait pu (peut-être) fait voyager certains.

Dites à ceux que vous aimez que... vous les aimez quoi. On ne sait jamais.

J'ai d'autres projets pour la suite, en espérant qu'ils vous plaisent, si vous êtes toujours là :)

N'hésitez pas à commenter, même si c'est pour le dernier chapitre, même si vous étiez un lecteur-fantôme... j'y répondrais avec plaisir :)

Merci encore,
Alcania ~