Chapitre 3

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Le néant.

Le néant.

Le néant.

Noir.

Noir.

Noir.

Vide.

Vide.

Vide.

Littéralement.

Le supplice du silence qui faisait désormais face aux deux acolytes était aussi glaçant que mystérieux.

Aucune brindille ne craquait et plus un seul écureuil ne s'aventurait autour d'eux. Seul cet éternel silence étouffait les oreilles des garçons qui envers et contre tous continuait d'avancer avec le peu de force qu'ils leur restaient.

Deux jours.

Deux longs, très longs jours qu'ils avaient passé à marcher seuls, affamés et assoiffés. Les nèfles du Japon et la petite source qu'ils avaient croisé en chemin n'avaient vraisemblablement été qu'un cadeau offert gracieusement par Mère Nature. Et les nuits qu'Akira avait passé l'avaient d'avantage épuisé que reposé à cause des terribles cauchemars qu'il y faisait.

Koshinuke.

Koshinuke.

Koshinuke.

Koshinuke.

Koshinuke.

Koshinuke.

Koshinuke.

Encore et toujours.

Cette vie mortelle.

Éternelle.

Immortelle.

Ses cris avaient de nombreuses fois réveillé en sursaut Nao qui, fidèle à lui-même avait pris le rôle de l'aventurier. C'était lui qui avait trouvé le peu de nourriture sur le chemin et c'était également lui qui avait trouvé ce rocher plat et chaud sur lequel ils avaient dormir ce qui leur avait offert un sommeil tiède.

Mais si les yeux de Nao brillaient d'optimisme et d'espoir ceux d'Akira étaient éteint.

Littéralement.

Sa vision était noire. Vide. Sombre.

Non...

Il lui fallait résister. Pour Nao, pour sa famille, pour son avenir.

Pour lui.

Ses parents les cherchaient, il en était persuadé. Autour de lui la forêt lugubre n'avait pas l'ombre d'une sortie.

« Je ne vais pas m'en sortir...

- Hein ?» fit Nao en levant sa tête du rocher qu'il observait. « Ne dit pas ça Akira ! Je vais trouver la sortie !

- Mais il n'y a aucune sortie !

- Il y en a forcément une voyons ! Par où serait-on entrés sinon ? »

Silence de nouveau. Les tremblements de fatigue de Nao se mêlaient à ceux d'Akira, terrifié.

« Je veux voir ma famille...

- Moi aussi. »

En tournant la tête vers son ami de toujours qui avait fait tant pour lui Akira put voir pour la première fois de la tristesse et une profonde confusion sur les traits de Nao. Sa gorge se nouait et son coeur fit un bond dans sa poitrine, cette fragilité était belle et inquiétante. Joliment terrifiante. Il était rare que Nao montre ses sentiments mais quand ces derniers se révélaient, une aura enfantine l'enveloppait, donc le voir avec ses yeux perdus et inquiets forçait le trait sur ses émotions mise sous clé qui contrastait grandement avec son caractère flamboyant et sa force bien cachée.

« On va trouver une solution. »

La voix d'Akira c'était modifiée à cause de la froideur de la forêt, elle était rauque et légèrement cassée, même si le jeune homme avait déjà mué sa voix était restée claire et aigüe.

Le silence reprit ses droits, encore et toujours, poussant malgré eux les garçons à se replonger dans leurs sombres pensées solitaires qui consommaient l'espoir et la force. Mais Nao retint un cri en voyant de petite ailes passer juste sous son nez, il perdit l'équilibre et fit une magnifique dégringolade dans les feuilles mortes sous le jugement considérable et inéluctable d'Akira.

« Y'avais une bête ! » S'exclamait celui qui avait le nez dans les feuilles.

« Bah oui naturellement.

- Je te jure Aki ! Y'avais un petit papillon, un gros même !

- Nao il n'y a pas âme qui vive à plusieurs kilomètres à la ronde ! Tu as eu une hallucination à cause de la faim, c'est tout ! »

Les yeux du futur fleuriste se levaient vers le ciel sous les beuglements de Nao qui tentait tant bien que mal de justifier sa chute ridicule mais aussi cette petite bête qui lui était passée sous le nez.

Ce ne fût que quelques heures plus tard, une fois la matinée touchant à sa fin que Nao revit cette créature bleue aux ocellés orange et jaune, Akira s'était d'abord moqué de son ami puis s'était agacé après que Nao ait crié une quatrième fois. Mais lorsque les yeux du jeune fleuriste virent les ailes du papillon virevoltant autour de la tête de son ami, Akira bloqua sa respiration à cause de la stupeur, ce petit papillon était le premier être vivant qu'il voyait depuis deux jours sans compter Nao.

« Wow. »

Oui, wow.

Il faut dire que cette petite créature était absolument magnifique avec ses longues ailes bleues nuit et ses ocellés orangés bordés d'arabesques jaunes, des petits pois blancs bordaient joliment l'extrémité des ailes qui devaient faire la taille d'une main humaine.

« Il est super beau ! » s'extasiait Nao en observant le papillon, fasciné par la couleur et la forme des ailes qui semblaient l'hypnotiser.

Puis se fut au tour d'Akira de se laisser envoûter par les mouvements lents et réguliers des ailes du papillon, puis doucement, presque tendrement, l'obscurité se fit autour des deux amis, trop hypnotisés pour y prêter attention. Le sommeil les gagnait peu à peu et bientôt leurs têtes devinrent bien lourdes et leurs yeux furent pris de légers picotements. C'est ainsi que Fatigue et Magie plongèrent les deux adolescents dans un profond sommeil réparateur, laissant le tourbillon de couleurs des ailes du papillon chatoyer dans leurs mémoires.

**

Le réveil fut doux, et l'odeur qui flottait dans l'air aussi.

Lorsque Akira ouvrit un oeil, ses épaules se crispèrent immédiatement. Il se trouvait sur les chemins des cerisiers non loin de son établissement scolaire, à ses côtes se tenait Nao, tout aussi déboussolé et perdu que lui. Mais le plus étrange était que le papillon qui se dressait face à eux, perché sur une fleur qui semblait vouloir toucher le ciel. Une amarante somptueuse servait de perchoir à l'insecte bleu qui semblait cacher mille et un mystère.

« On est de retour à Tokyo ?

- Je ne pense pas, on a pas put apparaître là bas comme par magie ! »

Nouvelle oeillade entre les deux garçons.

Mais lorsque Akira fit un pas vers la fleur pour la regarder de plus près, une douce lumière accompagnée d'une chaleur agréable vint caresser le visage des deux amis, elle émanait du papillon et n'était ni trop aveuglante, ni trop brûlante. Doucement mais sûrement, une silhouette humaine se dessina, puis une seconde et bientôt, la totalité des élèves de sa classe étaient face à lui, tous en uniforme et avec un sourire froid sur le visage. Un murmure à peine audible effleura les oreilles d'Akira mais il ne comprit pas, puis un nouveau son vint chatouiller l'ouïe du garçon et bientôt le murmure se mua en cri et le visage du futur fleuriste vira au blanc.

Koshinuke.

Koshinuke.

Koshinuke.

Koshinuke.

Encore, et encore.

Nao avait beau insulter copieusement les silhouette fantomatique, elles hurlaient inlassablement cette insulte qui brisait un peu plus le coeur d'Akira à chaque seconde.

Puis un cri. Un hurlement même.

Un rugissement où pointait un grand nombre de sentiments.

Haine, colère, tristesse, lassitude, désespoir.

Ce son primitif sortait de la gorge d'Akira qui, les larmes aux yeux, regardait la foule à présent silencieuse.

« Stop ! Stop ! Stop, stop, stop, stop ! »

Ses points étaient serrés et son dos droit, sûr de lui mais tellement tremblant à la fois, son regard incertain ne lâchait pas les silhouettes fantomatiques de ses camarades de classe désormais plus transparentes.

« C'est un début.» fit une voix féminine et pleine d'échos qui venait d'absolument touts les côtés.

« Qui est là ? » hurlait Nao en adoptant une position combative ridicule.

Mais aucune réponse ne lui parvint, à la place il vit ses camarades opaques briller puis se dissoudre dans l'air, comme un souvenir que l'on oublie. Puis se fut de nouveau le papillon si spécial qui agitait presque moqueusement ses ailes dans les airs, ayant fait son apparition sur son perchoir qui, cette fois, s'apparentait à une amarantes mauve et inhabituellement odorante.

« Je te jure Akira je vais écraser cette maudite bête !

- Non attend ! » cria le futur fleuriste en attrapant la veste de son ami, toujours choqué par sa réaction de tout à l'heure.

Une force mystérieuse l'avait poussé à se rebeller contre ces mots, ces regards qui lui faisaient habituellement courber l'échine, cette impression de force et de légitimité était bienfaitrice, presque libératrice.

Une force qui sonnait comme une douce mélodie dont le petit papillon semblait être le chef d'orchestre, un hymne de bonheur et de quiétude.

Nao regardait Akira avec un mélange de surprise et de bienveillance, puis d'étranges souvenirs pourtant si bien enfouis en lui revinrent à l'esprit; comme la fois où, alcoolisé, il était tombé dans un escalier et que son ami lui avait sauvé la vie en le mettant un position latéral de sécurité. Ou bien la fois où Akira avait trouvé les mots justes pour que Nao rentre chez lui après une dispute avec ses parents. Il y avait aussi les secrets les plus intimes des deux amis, leur première fois qu'ils avaient fait ensemble, par peur de tomber sur une personne mauvaise. Ce dernier souvenir n'avait pas été une source de gêne mais un acte naturel et libérateur sans ambiguïté.

C'est en regardant Akira que Nao eu une soudaine impression de changement. Son ami semblait plus détendu, l'air affable habituellement peint sur son visage avait été remplacé par une expression calme, détendu.

Apaisé.

Au fond de lui Nao savait qu'auparavant jamais Akira n'aurait eu le courage de tenir tête ne serait-ce qu'à une enfant de quatre ans en plein caprice. Un mélange de fierté vint étreindre le cœur de Nao, la douceur candide du visage de son ami n'avait pas disparu mais cohabitait avec un mélange de cent sensations qui s'apparentait à présent à de la stupeur. Car le papillon était toujours là, et qu'ils se trouvaient toujours sur le chemin de l'école.

« Nao je... » fit Akira en tremblant.

« J'ai vu Aki, j'ai vu. »

Soudainement la voix se fit de nouveau entendre, sourde mais assourdissante. Douce et ferme. La voix féminine fit sursauter les deux amis.

« L'heure est venue, jeunes gens. » fit cette fameuse femme, toujours introuvable.

« De quoi ?! A fin du monde, la mort ? On est mort c'est ça ?!

- Oui, c'est ça. »

Le choque fut tel qu'Akira oubliait de respirer durant un instant.

« La vérité mes enfants, c'est que vous n'avez jamais vécu. Vous étiez trop enchaînés par ce que l'on voulait que vous soyez plutôt que se que vous vouliez être. Vous avez toujours vécu la vie de votre reflet dans le miroir, jamais vos rêves les plus fous n'ont pu dicter vos envies ou vos choix. Je pense donc que nous pourrons parler de naissance. »

La lumière fût dans la tête des deux amis, tout était clair comme de l'eau de roche.

Jamais.

Jamais.

Jamais.

Mais ne jamais dire jamais. Hein ?

« Je veux vivre. » soufflait Akira du bout des lèvres. « Je veux voir mes petits frères et sœurs grandir, je veux être là pour mes parents. Je veux me réveiller, je pense avoir compris. »

« Tu est sûr de ça ? » fit la voix avec une légère surprise en écho.

« Oui, je veux réessayer de comprendre ce jeu qu'est la vie. » affirma le jeune garçon, en pleine processus d'affranchissement.

« Et toi, que décides-tu ? »

Nao hésita un instant avant de sourire.

« Je vais suivre Aki, et reprendre ma vie. » dit-il solennellement. Son regard sur Akira avait changé et était passé d'amical à émerveillé.

Comment avait-il put changer autant ?

Ça, c'était un secret entre le papillon et lui.

La lueur mystérieuse revint envelopper les deux amis et le papillon se modifia pour prendre la silhouette d'une jeune femme sans traits et sans habits. Sa voix raisonna ainsi une dernière fois, chargée de mille promesses et d'une espérance d'adieux.

Ainsi, le passé mit le présent au service du futur.

Et Akira et Nao basculèrent à nouveau dans un sommeil comateux.

**

Lorsqu'Akira ouvrit de nouveau les yeux il se trouvait dans une chambre toute blanche avec un néon aveuglant au-dessus de lui. Ses yeux se plissèrent et il inspira profondément par les narines, sentant l'odeur de javel et de désinfectant. Ses yeux tombèrent sur son bras infesté de perfusion. Sa tête lui tournait. Et en basculant sa tête vers la gauche il put voir le visage fatigué d'un Nao qui venait d'émerger.

Le bruit de la porte se fit entendre et en tournant les yeux, Akira vit une femme en blouse blanche et un petit sourire rassurant sur les lèvres.

«Nao Watanabe, Akira Takahashi. »

Oui ?

« Je suis le docteur Takemichi du service pédiatrique, nous avons dû vous entuber donc n'essayez pas de trop parler. Je vais vous expliquer ce que vous faites ici. »

C'est ainsi que la doctoresse se mit à expliquer aux garçons qu'ils avaient été retrouvés à moitié morts de faim et de soif au bout de cinq jours dans une forêt à plusieurs kilomètres de la maison qu'avaient loué les parents d'Akira, ces derniers étant d'ailleurs en route. Opération, coma artificiel, les garçons sortaient de quelques jours d'hospitalisation en soins intensifs et se trouvaient désormais en salle de réveil. Lorsque la femme en blanc leur révélait qui avait été psychologiquement inséparable, Akira eut un fin sourire.

Oui, Nao et lui étaient inséparables et ceux depuis leur rencontre, depuis qu'il avait sauvé Nao en le mettant en position latéral de sécurité quand celui-ci était alcoolisé, ou bien quand il avait convaincu son ami un peu trop sanguin de rentrer chez lui après une dispute familiale, évitant un fugue. Mais le souvenir le plus intense était...

« Akira ! » la voix de Madame Takahashi avait balayé les souvenirs de son fils comme de la poussière, folle d'inquiétude.

Tout allait pour le mieux à présent, et tandis que sa mère lui prenait la main Akira regardait Nao dans les yeux avec un beau sourire.

Fin.

Fin

Fin.

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