13. Ils ne passeront pas

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*Note de l'auteur : Une petite musique pour l'ambiance. Bonne lecture !

Lundi 9 décembre 1968

3 heures avant le déploiement

Minuit avait sonné lorsque j'arrivais aux portes de Toundra Town. Sur ma route, je vis un nombre incalculable d'individus prendre le chemin opposé au mien. La plupart de ces gens-là portaient encore leur chemise de nuit par-dessus laquelle ils avaient mis un épais manteau pour se protéger du froid polaire, témoignant de leur départ en trombe. Les bagages dans une main, la main de leurs enfants dans l'autre, les réfugiés de Toundra Town marchaient silencieusement en direction de la banlieue Est. Le visage triste et sombre était présent sur les figures de tout le monde. L'évacuation venait de commencer.

...

De nouveau en face du bar, quelques centaines d'animaux de toutes les espèces s'y étaient rassemblés. Je regardais autour de moi. À première vue, des résistants allaient et venaient entre chaque bâtiment afin de les vider de leurs occupants. Les rues et les avenues étaient noires de monde. Les habitants continuaient sans cesse de sortir de Toundra Town tandis que nous allions rester pour les protéger. Soudain, une patte se posa sur mon épaule. Je me tournai vers mon interlocuteur qui fut Fred, le léopard. Il se tenait devant moi, au côté de son frère jumeau, Kev.

-" Ça va, Mark ?", me dirent-ils.

-" Ouais, ça va... "

Les deux léopards me sourirent, une lueur de peur se reflétant dans leurs yeux.

-" T'inquiète pas, on va les avoir, j'en suis sûr."

-" Suffit juste de garder la tête froide, même si là, je me sens complètement gelé."

Je pouvais ressentir en eux cette même peur, celle qui me tournait autour depuis un bon moment. C'était la peur de la mort, celle de ne plus jamais revoir tout ce qui nous aient chers à nos yeux. Je comprenais que Fred et Kev tentaient d'oublier cette peur par la plaisanterie.

-" Vous avez raison.", répondis-je alors avec le même sourire, " Au fait, vous n'auriez pas vu Hélène par hasard ?"

-" Non. Peut-être qu'elle est retourné dans son terrier en train de cuisiner des caro..."

-" Vous parlez de moi ?", dit une voix féminine derrière nous.

Nous nous retournâmes et vîmes la lapine se tenant face à nous, comme si elle avait toujours été là.

-" Hum... Non, rien.", dit l'un des jumeaux en détournant le regard ailleurs.

-" Crétin.", dit-elle en lui frappant l'épaule, "N'oubliez pas que je peux tout entendre avec mes..."

-" Deux antennes ?", lâcha le deuxième jumeau.

-" Ferme-la !", s'exclama-t-elle en lui faisant subir le même sort que son frère.

Nous éclatâmes alors de rire tous les quatre. Pendant un court instant, j'avais presque oublié tous les malheurs qui nous attendais. Au fond de moi, j'éprouvais de la reconnaissance envers mes trois amis d'être venus. Je respectais leurs choix, mais je comprenais aussi la douleur qu'ils devaient endurer. Un lien d'affection venait de se créer entre nous. Et pourtant, à présent, les dés étaient jetés, nous allions très bientôt devoir partir au combat.

-" ÉCARTEZ-VOUS !", cria un résistant à notre intention.

Nous aperçûmes alors une immense colonne d'ours polaire, de loups et de toutes sortes d'animaux vivant dans les milieux hivernaux arriver dans notre direction. Ils étaient tous couverts d'une grande combinaison blanche qui les recouvraient du bas des genoux jusqu'à leurs nuques afin de mieux se confondre avec le paysage enneigé de Toundra Town. Ils portaient sur leurs têtes un casque en acier recouverte d'une bâche en plastique blanche. Fusils sous les bras et sacs sur le dos, ils arrivaient vers nous tel une armée de bonhommes de neiges. Nous nous écartâmes pour les laisser passer et les observâmes.

-" Vous croyez que c'est l'armée de Kozlov ?"

-" Sûrement. Regardez. Ça doit être lui là-bas."

Effectivement, un ours polaire marchant à l'avant du cordon et coiffé d'une chapka semblait être le dirigeant de cette armée.

-" Je pense qu'on devrait y aller.", dit Hélène.

-" Allons-y.", acquiesçai-je.

Nous partîmes en direction du point de rassemblement où déjà des centaines d'individus s'y trouvaient. Après une courte attente, nous vîmes Lionheart, notre chef, monter sur une caisse afin de concentrer l'attention de tout le monde sur lui. Ceci fait, il se mit alors à parler.

-" Mes chers compatriotes, je vous remercie tout d'abord d'être venus aussi nombreux. Je remercie aussi Mr. Kozlov d'avoir répondu à mon appel et de nous prêter son aide. À présent, nous allons bientôt entrer en combat avec l'armée du gouvernement. Ce gouvernement, qui, par lâcheté, essaie directement de détruire nos familles et nos foyers dans le but de nous avoir en plein cœur. C'est pourquoi nous ferons barrage à leur déploiement, ici, à Toundra Town. Nous nous diviserons en groupe de 7 dont je nommerai moi-même les responsables qui eux, choisiront avec qui ils se mettront. En raison du manque d'appareil de communication, chaque chef de groupe possèdera un talkie-walkie avec lequel ils pourront directement communiquer avec moi ou les autres groupes. Une oreillette sera aussi fourni pour deux personnes, mais à défaut de sa portée trop courte, il ne sera utilisable que seulement pour communiquer avec les membres de son propre groupe. La FRTT (Force Rebelle de Toundra Town) ou les forces dirigé par notre allié, Mr. Kozlov, nous soutiendront. Vous les reconnaîtrez grâce à leurs tenues de camouflages blanches. Je vais maintenant nommer les responsables pour les groupes."

Suite à ses explications, le lion nomma des dizaines de responsables avant de reprendre :

-" Faites attention, nous ne connaissons pas la force que disposera l'armée au moment du déploiement. Préparez-vous au pire mais ne laissez pas la peur vous guider. Pensez à la raison de votre engagement, ça vous aidera. Et surtout, si jamais vous croisiez encore des civils, mettez les immédiatement à l'abri. Leurs survies et leurs protections sont aussi une priorité. À présent, je vais vous laisser le temps de vous préparer. Montrons leurs qui nous sommes et la cause pour laquelle nous nous battons. Vive la LIBERTÉ !"

Le discours du lion se termina par un tonnerre d'acclamations. Puis peu à peu, la foule se dispersa, les groupes se constituaient et des queues se formaient près du bar pour que chacun puisse recevoir son paquetage. Soudain, un loup au pelage gris accompagné d'un ours brun et d'un caribou s'approchèrent de nous. Ce loup était Alban Grey (voir chapitre 4), l'armurier de la résistance mais aussi la personne qui m'appréciait le moins.

-" Parfait. Nous sommes au complet.", dit-il sans même nous saluer.

-" Quoi ? Comment ça, au complet ?", demanda Kev d'un air incrédule.

-" C'est moi le chef de groupe. C'est donc moi qui vais décider.", nous révéla-t-il en nous montrant son talkie-walkie, "Allez chercher vos paquetages, vous quatre."

Sans protester, nous partîmes faire la queue en face du bar.

-" C'est injuste qu'on est lui comme chef de groupe.", se plaignit Fred.

-" J'aurais dû être choisit comme responsable.", rajouta Hélène.

-" Tant pis, on va devoir s'y faire.", dis-je.

Après avoir reçus nos paquetages, nous rejoignîmes le loup. Celui-ci nous distribua des armes et des munitions qu'ils venaient de récupérer, puis nous nous mîmes en route vers l'endroit où Lionheart avait chargé notre groupe de nous y rendre. Notre groupe répondait au nom de Rogue 1-3.

Sur le chemin, j'avais remarqué qu'il n'y avait personne d'autres que les résistants et nous dans les rues. C'était le silence totale. La neige avait cessé de tomber. Les bâtiments qui nous entouraient semblaient vides. Toundra Town venait d'être déserté par ses habitants. Plus tard, nous arrivâmes dans un immeuble de douze étages situé non loin de la frontière sud-ouest avec Sahara Square. C'est-à-dire, là d'où les principales forces de l'armée viendront. Le bâtiment dans lequel nous étions était vide. Nous nous séparâmes en groupe de deux au quatrième, septième et neuvième étage sur l'ordre d'Alban et investîmes rapidement les appartements. L'organisation de nos groupes s'opéra de la manière suivante : Hélène et moi étions au neuvième, les frères léopards au septième puis Karl (l'ours brun) et Erick (le caribou) au quatrième. Quant à Alban, il nous avait prévenu qu'il resterait sur le toit pour guetter l'arrivée de l'armée. Erick cassa plusieurs meubles en bois puis, aidé par les deux léopards, ils se mirent ensemble à barricader les fenêtres des trois étages où nous étions cachés en laissant une ouverture assez grande pour pouvoir regarder ce qui se passe à l'extérieur. Pendant ce temps-là, Alban, Hélène, Karl et moi descendîmes dans la rue. Une fois à l'extérieur, l'ours sortit d'un grand sac plusieurs charges explosifs ainsi que des mines. Ils nous les distribua afin que nous puissions les disséminés dans tous les coins de rues entourant notre bâtiment. Je pris quelques mines avec moi et imitai Alban en les enterrant sous la neige tout en prenant soin de laisser dépasser seulement leurs détonateurs à la surface. Quant aux charges, nous les mettions soit dans les poubelles soit accrochés sur les lampadaires qui étaient recouvertes de neige.

...

Un heure nous a été nécessaire pour préparer les lieux d'un éventuel passage de l'armée. Nous venions de terminer de déposer les pièges et étions remontés dans nos étages respectifs. Je me retrouvais seul avec Hélène dans un des appartements du neuvième étage. Nous étions tous les deux adossés contre le mur près des fenêtres à l'abri du froid, attendant l'arrivée des troupes ennemis. Nous avions plaqués contre ce même​ mur les meubles les plus solides que nous avions trouvé (des lits, des placards, des bureaux, etc) afin de nous protéger des tirs si jamais le mur devait céder. Je trouvais par terre un cadre dans lequel était inséré une photo. Je la récupérais et la regardais attentivement. La photo représentait un couple de loutre serrant leurs enfants dans leurs bras en affichant des visages souriants. Cette image me fit repenser à ma famille mais aussi à l'avertissement de Lionheart au sujet des civils qui étaient restés dans leurs habitats.

-" Hélène."

-" Oui ?"

-" Tu crois qu'il reste encore des civils par ici ?"

-" On a vérifié tous les étages tout à l'heure. Il n'y a plus personne."

-" D'accord..."

Je regardais ma montre et constatais qu'il était 2h50. Donc, il restait encore exactement 10 minutes avant l'arrivée de l'armée. J'avais besoin de faire quelque chose pour occuper ses dix dernières minutes.

-" Dis. J'ai une question à te poser, mais tu risque de la trouver un peu bizarre.", dis-je.

-" Vas-y."

-" Quel est ton souhait le plus cher ?"

-" Ça pour une question... Elle est vraiment bizarre.", me dit-elle en me souriant.

-" Je t'avais prévenus."

-" Mon souhait le plus cher... Je pense que mon souhait aurait été de voir encore une fois mon défunt mari (voir chapitre 6). Que ma petite Bonnie puisse voir enfin le vrai visage de son père."

-" Bonnie ? Ta fille ne s'appelle-t-elle pas Julie ?"

-" Bonnie est le deuxième prénom de ma fille. Je l'appelais souvent comme ça pour la taquiner parce qu'elle n'aimait pas ce prénom."

-" Et ton mari. Comment s'appelait-il ?", lui demandai-je par curiosité.

-" Il s'appelait Joseph. Joseph Bunsen. Je sais ce que tu vas me dire, pourquoi je ne m'appelle pas Hélène Bunsen ? Je sais qu'en temps normal c'est la femme qui prend le nom du mari mais Joseph, lui, a choisi de faire l'inverse."

-" Il devait être alors quelqu'un de très respectueux."

-" Oui, mais pas que respectueux. Il était aussi pacifique. Il refusait de faire du mal aux autres et il n'hésitait jamais à venir en aide en cas de problème. C'est une des raisons pour laquelle je suis tombé amoureuse de lui. Et toi, Mark ? Quel est ton souhait ?"

-" Mon souhait est que cette guerre se termine vite pour que je puisse revoir ma famille au plus vite."

Alors que Hélène s'apprêtait à me répondre ses oreilles tressaillirent. Elle porta sa patte à son oreille gauche là où elle avait accroché notre unique oreillette.

-" Oui... Bien reçu.", dit-elle avant de se tourner vers moi, "C'est Alban, il a repérer des camions militaires venant dans notre direction. Il faut qu'on se prépare."

-" Ok."

Je pris mon fusil que j'avais laissé contre le mur à côté de moi et m'accroupis près d'une fenêtre qui donnait sur la rue la plus proche. Hélène saisit le détonateur d'une des charges explosives qu'on avait posé dans la rue puis nous attendîmes. Après quelques instants, un camion militaire suivit de plusieurs autres traversèrent lentement la rue en file indienne. Plusieurs soldats marchaient aux côtés des camions, suivant la même cadence que les véhicules. Hélène posa sa patte sur le levier du détonateur et attendit le signal d'Alban. La pression montait en moi au point que mes pattes tremblaient sous le poids de mon arme. Je vis les oreilles de Hélène tressaillirent une nouvelle fois, signe qu'elle venait de recevoir un message depuis son oreillette. Elle pressa alors le levier et une énorme déflagration se produisit dans la rue, soulevant des nuages de poussière et de neige. Peu de temps après, je décidais d'ouvrir le feu à mon tour.

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