14. Tu n'abandonneras point

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Les ténèbres entravaient mes rêves et semaient dans mon sommeil de vieux souvenirs que je souhaitaient oubliés. C'était toujours les même scènes qui tournaient en boucle, d'abord le moment de mon départ de la ferme puis celui où j'ai failli mourir...

3 ans plus tôt

En ce beau jour d'été, des étendus de végétaux s'étendaient à perte de vue autour de la ferme sous un magnifique soleil sur le point d'atteindre son zenith. Le vent me caressait doucement le visage et emportait avec lui les brindilles des arbres qui bordaient la route situé en face de la ferme. L'odeur des fleurs qui parsemaient les alentours faisaient régner en moi un sentiment de plénitude. Derrière moi, ma ferme, ma maison ainsi que ma grange occupaient un large espace dans nos champs, formant à eux trois un triangle au milieu duquel trônait un puit d'eau potable. C'était le même fabuleux spectacle que je voyais au quotidien. Mais ma femme et ma fille qui étaient à mes côtés, étaient davantage plus belles que toutes les autres choses que j'ai pu voir dans ma vie. Pour moi, elles étaient les personnes les plus chères à mon cœur au point qu'il m'était impossible de m'en séparer. Et pourtant, ce jour là, j'allais devoir partir. Loin de ma campagne, loin de ma ferme, loin d'elles. Je venais de sortir de ma maison avec ma femme, Hélène, et ma fille, Bonnie. Deux militaires m'attendaient près d'un Jeep garé au bord de la route. Je me tournais vers ma femme qui me serra dans ses bras en même tant que ma fille avant de me dire :

-" Tu vas nous manquer, Joseph..."

-" Je t'enverrai des lettres.", lui répondis-je.

-" Papa, tu reviendras quand ?", me demanda Bonnie en me tirant par la manche.

Je m'accroupissais à sa hauteur et lui répondis :

-" Je vais partir pour un très long voyage. Donc moi-même je ne sais pas quand est-ce que je reviendrai. Mais tout ce que je peux t'assurer, c'est que je le ferai le plus vite possible. D'accord ?"

Bonnie hocha la tête et me souria.

-" Tu nous écriras ?"

-" Bien sûr, je vous écrirai tous les jours. Prends bien soin de toi et de maman. À partir de maintenant, la ferme t'appartient. Tu y veilleras jusqu'à mon retour ?"

-" Oui papa ! Tu peux compter sur moi !", me répondit-elle énergiquement avant de me tendre un sifflet, "Tiens ! C'est pour toi !"

-" Ton sifflet porte-bonheur ?"

-" Oui ! Je me suis dis que tu en auras plus besoin que moi !"

-" Merci, ma chérie. Tu es si gentille.", lui répondis-je en prenant le sifflet.

Je lui souriais puis déposais un baiser sur son front avant de me relever.

-" Au revoir, chérie.", me dit Hélène.

-" Au revoir, papa !"

-" Au revoir vous deux."

À peine eus-je le temps de leur dire au revoir qu'ils disparurent tout comme le décor dans l'obscurité. Je passais d'une scène de ma vie à une autre. Cette fois-ci, j'étais à l'intérieur d'un entrepôt de stockage. Mes habits aussi avaient changés puisque j'étais vêtu d'un uniforme de l'armée. Des dizaines de caisses d'armes, d'obus et de munitions en tout genre remplissaient cette immense salle sombre. L'odeur âcre de la poudre et de la poussière me remplissaient le nez de manière étouffante. Je désirais tellement quitter cet endroit, mais je n'avais malheureusement aucun droit sur ce que je voulais faire. Les ordres sont les ordres, je ne pouvais pas désobéir sous peine de subir une lourde sanction telle que la prison. J'avais été chargé de garder cet entrepôt à l'abri des regards extérieurs mais surtout des résistants. Car au cours de ces derniers jours, des attaques contre des convois militaires et des vols d'armes à feu ont été répertoriés dans la ville de Zootopie. Ce phénomène était dû à l'élection de Crumb mais plus particulièrement à sa décision d'attacher un collier électrique autour du cou de tous les prédateurs. Par conséquent, le gouvernement a fait appel à la vigilance face aux mouvements de résistance. Mon enrôlement dans l'armée était aussi dû à cette crise. Cela devait bientôt faire quatre mois que j'ai quitté ma ferme.

-" Bon sang. Je peux plus me retenir. J'ai besoin de m'en griller une.", me dit l'autre soldat qui m'accompagnait pour la garde de l'entrepôt.

-" Ok, mais fais le dehors dans ce cas là.", lui dis-je.

-" Il pleut à l'extérieur, ma clope risque de s'éteindre. Je fumerai dans un coin de la pièce où il n'y a rien."

-" Qu'est-ce que tu racontes ? Tu sais bien que c'est vraiment dangereux de..."

-" Qu'est-ce que j'en ai à foutre !? Franchement, c'est pas un vendeur de carottes qui refuse en plus de toucher à une seule arme qui va m'en empêcher !"

Il avait raison à un certain point. En effet, comparé à tous les autres soldats, j'étais le seul à ne pas manipuler d'armes, car j'étais... pacifique. Pour moi, la violence ne pouvait résoudre les problèmes, au contraire, elle en engendre d'autres. J'avais aussi cette conviction en moi que le monde pourrait avancer et devenir meilleur si elle était en paix. Même si mes supérieurs se sont tués à me forcer à m'apprendre comment utiliser une arme, j'ai toujours refusé. J'ai été même à la limite de l'emprisonnement pour désobéissance. Mais je suis parvenu à éviter cette peine en prenant la décision de devenir infirmier de combat. Mes supérieurs ont finis par lâcher l'affaire. Ma formation d'infirmier allait commencer dans deux jours. J'avais tellement hâte de pouvoir enfin quitter ce poste de surveillance.

-" Bon... Allez.", dit mon coéquipier en sortant une cigarette de sa poche tout en se dirigeant vers un coin sombre de la salle," Si ça te plaît pas que je fume, t'as qu'à aller dehors."

Je détestais fumer et rien que le fait de sentir l'odeur du tabac me donnait la nausée. Je décidais donc de sortir à l'extérieur où il pleuvait des cordes. Je me mis à l'abri dans un renfoncement et attendis que l'autre soldat est fini de fumer. Mais il ne finira jamais sa cigarette. J'avais tout juste remarqué qu'un bruit sourd venait de retentir à l'intérieur que je fus violemment propulsé vers l'avant. Ma tête toucha en première le sol de béton puis mon corps suivi le mouvement. J'étais couché par terre, à plusieurs mètres de l'entrepôt qui venait d'éclater, ma tête était ensanglantée par la chute. Je pouvais sentir du sang couler de mes oreilles à cause de l'onde de choc produite par l'explosion. Mes tympans sifflaient, la douleur était telle que je ne pouvais plus bouger, contraint de rester paralysé au sol tout en observant cette scène de flammes. Une immense boule de feu jaillit alors de l'entrepôt, brûlant tout ce qui se trouvait sur son passage. Mon compagnon n'avait pas dû survivre. Ma vue se brouilla presque aussitôt, les ténèbres commencèrent à m'envelopper puis ce fut le noir complet.

...

Lundi 9 décembre 1968

2 heures avant le déploiement

-" Hopps... Hopps !", m'appela une voix grave qui me tira de mon sommeil.

-" Mmmm... Oui ?", répondis-je d'une voix bourru en levant la tête.

-" C'est l'heure, on doit y aller."

-" Compris."

Sans attendre plus longtemps, je descendais de mon hamac et enfilais une veste par-dessus ma chemise. Je regardais ensuite le reflet de mon visage dans un miroir de poche. Ma fourrure brune avait prit une teinte un peu plus sombre avec le temps. Mes yeux de couleurs noirs étaient toujours entourés de cernes à cause du manque de sommeil. Mes longues oreilles de lapin avaient de plus en plus tendance à rester bas pour la même raison. Et pour finir, j'inspectais la petite cicatrice sur mon front datant de l'explosion de l'entrepôt il y a trois ans. Au départ, l'armée m'avait déclaré comme étant mort d'un accident. Mais j'avais miraculeusement survécu. Il m'avait fallu trois mois pour m'en remettre. Après cela, j'avais été autorisé à repartir à Bunny Burrow pour revoir ma famille. Seulement, lorsque j'étais arrivé à mon ancienne ferme, personne n'y était. Selon des fermiers voisins, après l'annonce de ma mort, Hélène et Bonnie étaient parties toutes les deux pour Zootopie. Ce fut un véritable choque pour moi. Pendant trois ans, j'ai participé à toutes les missions sur le terrain, risquant ma vie pour les retrouver. Chaque fois que j'avais l'occasion de croiser un civil durant mes missions je répètais toujours les mêmes questions : "Avez-vous vus une lapine à la fourrure grise âgé d'une trentaine d'années accompagné d'une fille ? Sauriez-vous où je pourrais les trouver ?"
Mais toutes mes tentatives échouèrent. J'avais sauvé des vies durant mes recherches et j'en avais vu d'autres s'éteindre sous mes yeux. Mon espoir se dégradait au fil du temps, mais le fait de penser que je les retrouverai un jour, ne faisait que l'accroître et m'encourageait à continuer. Aujourd'hui, je devais encore partir.
Je penchais ma tête en avant et ôtais de ma nuque mon pendentif militaire ainsi que le sifflet que m'avait offert Bonnie le jour de mon départ. Je refermais ma patte sur le sifflet puis la posais sur mon front. Je fermais les yeux et prononçais ces mots :

-" Hélène, Bonnie... J'espère que vous allez bien. Où que vous soyez, même si cela me prendra des mois voir des années, je jure que je vous retrouverai. Quelque soient les obstacles, rien ne m'empêchera d'abandonner..."

-" Ne traîne pas, Joseph. On t'attend à l'extérieur.", dit un de mes collègues infirmiers.

-" Oui, j'arrive.", lui répondis-je.

Je rouvris les yeux et remis mon pendentif et mon sifflet autour de mon cou, cachés sous ma chemise, avant de partir en direction de la sortie. Je pris au passage un casque et une grande sacoche sur lesquels étaient imprimés une croix rouge. Le symbole des infirmiers. Je poussai la porte du bungalow et sortis à l'extérieur. Je m'aperçus qu'il faisait toujours nuit, je n'avais donc dormi qu'à peine quelques heures.

-" Hopps, par ici !", m'appela un officier.

Je courus avec tout mon matériel sur le dos vers un camion de transport de troupes dans lequel m'attendaient les autres soldats et l'officier. Je montais à l'intérieur du véhicule d'un bond et prenais place parmi la vingtaine d'animaux que nous étions.

-" Bien... Tout le monde est là à présent.", conclut l'immense officier buffle, "Je suis le capitaine Bogo pour ceux qui ne me connaissent pas. Je serai votre responsable durant tout le déploiement. Vous suivrez mes ordres aux doigts et à l'oeil. C'est clair ?"

-" CHEF, OUI CHEF !"

Le buffle regarda sa montre puis déclara :

-" C'est l'heure. Allons-y."

Il tapa contre la paroi du camion et demanda au chauffeur de démarrer. Un léger tremblement provenant du moteur nous secoua avant que le camion se met en route. Deux autres camions nous collaient à l'arrière et à l'avant. Quelques soldats flanqués à gauche et à droite du véhicule marchaient en suivant le rythme lent des camions. Pendant le trajet, le capitaine Bogo nous débrieffa :

-" Comme vous le savez tous, il y a un mois, des rebelles ont réussi à mettre la patte sur la télécommande qui permettait de libérer les prédateurs de leurs colliers dans notre base même. Un peu plus tôt dans la journée, notre division a reçu l'ordre de nous déployer massivement vers la banlieue Est. L'objectif de notre mission est d'encadrer la population prédateur, à présent libre de tout mouvement, située dans cette banlieue afin d'éviter tout débordement et ainsi empêcher qu'une émeute ou une révolte se produise. Vous avez compris ?"

-" CHEF ! OUI CHEF !"

...

Une heure venait de s'écouler depuis que nous étions partis de la base. Je sentais l'atmosphère se refroidir au fur et à mesure. Nous venions d'entrer dans Toundra Town. Certains dans le camion commencèrent à s'agiter à cause du froid, probablement parce qu'ils n'avaient pas l'habitude de vivre dans ce genre de milieu.

-" Faites attention, Toundra Town est une zone à risque. Rester vigilant.", nous prévint le buffle.

Je pouvais voir depuis un trou fait sur la toile en tissu qui recouvrait l'arrière du camion, quelques bâtiments couverts de neige. Nous venions de traverser les premiers immeubles de Toundra Town que soudain, une détonation se produisit à une quinzaine de mètres devant nous. Le convoi s'arrêta subitement. Des coups de feu étaient audibles depuis notre position.

-" Qu'est-ce qui se passe, bon sang !?", demanda le buffle aux soldats qui escortaient notre camion.

Un jeune suricate arriva près du camion puis s'adressa au capitaine.

-" C'EST UNE EMBUSCADE !"

L'officier se tourna subitement vers nous et nous ordonna de descendre du véhicule. Nous nous executâmes et descendîmes tous. Mes pattes s'enfoncèrent dans la neige. Une onde glaciale parcouru alors mon corps, me donnant une immense envie de me mettre à l'abri du froid polaire.

-" ARGH !", cria le suricate en tomba par terre.

-" À COUVERT !", hurla le buffle en s'accroupissant derrière le camion.

Les ricochets des balles se firent entendre sur la couche métallique du camion et sur le sol recouvert de neige. Devant nous, un des camions étaient en feu et le reste du passage était caché par la fumée produite par l'incendie. À deux mètres de moi, je voyais le suricate ramper lentement dans ma direction sur la neige qui commençait à prendre la couleur de son sang. Sans attendre une seconde de plus, je me jetais en avant et attrapais l'une des pattes du suricate puis le tirais vers ma cachette. Une fois à l'abri, je le mis sur le dos et inspectai sa blessure. Je voyais que l'hémorragie provenait de sa poitrine, du côté du foie. Alors que je m'apprêtai à le soigner, il posa soudainement sa patte tâchée de sang sur mon bras tout en me fixant d'un air apeuré. Des larmes étaient visibles malgré l'obscurité de la nuit. Il voulait me dire quelque chose mais alors qu'il allait ouvrir sa bouche, il s'arrêta dans son mouvement. La vapeur qui en sortait à cause du froid ambiant avait cessé de sortir. Ses yeux étaient restés fixés sur les miennes. Sa patte glissa de mon bras et tomba lourdement par terre laissant une trace de sang sur ma veste. C'était trop tard. La mort l'avait emporté trop vite avant que je puisse le sauver. Ce regard qu'il avait. Ce visage imprégné de peur, je l'avais déjà vus plusieurs fois. C'était malheureusement la scène auxquels j'étais parfois obligé d'assister. Je fermais d'un geste ses yeux remplient de larmes et posais sa patte sanglante sur sa poitrine. Je glissais ma patte sur sa nuque et arrachais son pendentif sur lequel était marqué son identité. Je fis demi-tour vers l'endroit où était caché mon équipe et secouait négativement la tête en face de Bogo. Celui-ci encaissa la nouvelle d'un geste de la tête avant de se tourner vers nous.

-" Allons nous mettre à l'abri pour le moment. C'est beaucoup trop dangereux de rester ici."

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