Chapitre 3

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- Tu fais...moins...le malin...maintenant...HEIN ?

Éric était à genoux sur son adversaire qu'il avait agrippé au col. Le martèlement de ses poings ponctuait ses hurlements.

- Sale petite raclure, tu pensais faire quoi ? Ça t'amuse de faire ça, hein ? Ça t'amuse ? FOUTEZ-NOUS LA PAIX !

Ses phalanges percutèrent la mâchoire de l'ennemi dans un crac ! sonore. Du sang gicla du nez qu'il venait de briser.

C'est très bien, continue. Fais pénétrer le message, qu'il se souvienne de nous.

Un sourire malsain le défigura à mesure que les coups pleuvaient. Le visage du parasite était plus violacé qu'une prune. Il devait amèrement regretter son insolence, à présent. Qu'il essaie de s'excuser ou d'implorer sa pitié, qu'il essaie seulement...

- Mais enfin, arrêtez !

- Vous allez le tuer !

- Quelle honte !

- J'appelle la police !

Des voix outragées résonnèrent autour de lui. Mais les mots qu'elles prononçaient n'atteignaient pas son cerveau, qui baignait dans une brume écarlate. Soudain, des mains lui agrippèrent les épaules.

Non ! Ne laisse pas ces vermines te toucher, elles vont te faire du mal !

Le cœur d'Éric éclata dans sa poitrine. Ses yeux flamboyants se tournèrent vers l'amas de dévots resserré autour de la querelle. Trois d'entre eux avaient posé leurs sales mains sur lui et le tiraient en arrière !

Ses lèvres se retroussèrent, dévoilant des dents plus acérées qu'un jeu de couteaux, et Éric rugit à gorge déployée. Un son métallique d'une extrême sauvagerie. Le plus féroce des lions en aurait pâli.

Des exclamations horrifiées retentirent. La foule entière eut un mouvement de recul, et les trois imprudents retirèrent leurs mains comme s'il les leur avait mordu. Haletant, il scruta l'assemblée avec fureur, un visage épouvanté après l'autre. Jusqu'à celui de Jad.

Ses yeux d'ordinaire si doux étaient écarquillés. Sa grande main était plaquée sur sa bouche, et sa poitrine demeurait inerte, comme si son souffle s'était suspendu.

Le rictus d'Éric dégoulina de son visage. Ses yeux papillotèrent, ses phalanges se déplièrent une à une. Son attention se reporta brièvement sur sa victime geignante, qu'il toisa un instant avant de se relever avec précaution. Ignorant les murmures craintifs et les reculs précipités sur son passage, il rejoignit Jad, qui ne l'avait pas lâché des yeux.

Tête baissée, il lui enserra la taille, et d'une simple pression, l'entraîna loin de la cohue sans un regard en arrière.

***

Les rues commerçantes se succédaient dans un silence de mort. Le sol pavé défilait sous les yeux d'Éric qui peinait à respirer, comme si une main invisible lui serrait la gorge. Le stress le rendait plus nauséeux que le meilleur des émétiques.

Les mains dans les poches, il risqua un coup d'œil timide vers Jad. Sa démarche était mécanique, et son regard rivé droit devant lui, aussi expressif qu'un poisson mort. Éric déglutit.

- Je...J'suis désolé..., bredouilla-t-il d'une voix étranglée.

Jad sursauta avant de se tourner vers lui, comme s'il venait de remarquer la présence d'Éric à ses côtés. Ses lèvres entrouvertes et ses yeux ronds lui donnaient un air ahuri.

- Tu...

- Désolé de t'avoir entraîné là-dedans. Je sais que t'aimes pas trop ça. Mais t'as bien vu, il allait s'en prendre à nous. Fallait que je l'en empêche, tu comprends ?

Plusieurs secondes s'écoulèrent sans qu'aucun ne décroche un mot tandis qu'Éric se balançait nerveusement d'un pied à l'autre. Ses yeux allaient et venaient entre les dalles qui tapissaient le trottoir et les magasins autour d'eux, jusqu'à se poser sur l'enseigne de la boutique de vêtements haut-de-gamme devant laquelle ils s'étaient arrêtés.

- Hé, c'est pas ton magasin préféré ? Vas-y, mon grand ! Choisis un truc qui te plaît, pour la peine je t'offre ce que tu veux !

- Quoi ? Oh, Rick, non...

Jad leva les mains paumes en avant, les joues rosies. Son habituelle réticence à accepter les cadeaux décrocha un petit rire à Éric, qui lui fourra son portefeuille dans les mains.

- Allez, fonce, je te dois bien ça ! Va te prendre quelque-chose, j'arrive tout-de-suite.

Les portes automatiques se refermèrent derrière Jad, qui lui lança un dernier coup d'œil avant de céder face à ses gestes pressants. Il disparut derrière les étalages, et le sourire d'Éric avec lui.

Aussitôt, il sortit son téléphone et le plaqua contre son oreille, les doigts tremblants.

- K-Kheïtan ?

C'est le troisième cadeau que tu lui fais ce mois-ci. Tes ressources ne sont pas illimitées, tu en es conscient.

Le démon était des plus sévères. Son hôte déglutit.

- J-je m'en fiche. C'est mon ami.

Si tu veux mon avis, il ne le restera pas très longtemps. Je te suggère de vérifier qu'il ne s'est pas sauvé par la porte de derrière.

Une goutte de sueur roula sur la tempe du garçon. Scrutant nerveusement le magasin derrière la vitrine, il finit par trouver Jad penché au-dessus d'une rangée de pantalons. Celui-ci releva la tête et lui adressa un signe de la main auquel il répondit par un sourire crispé.

Combien de temps as-tu l'intention de continuer ainsi ?

Le plus longtemps possible. Je tiens à lui.

Mais lui, penses-tu qu'il tient à toi ? Il est superficiel, tu le vois bien. Il ne t'as pas aidé, il est resté en retrait. T'a-t-il déjà rendu ne serait-ce qu'un dixième de tout ce que tu lui as donné ? As-tu déjà envisagé l'idée qu'à ses yeux, tu sois juste bon à mettre la main au porte-monnaie ?

Non, c'est faux !

Il avait crié plus fort qu'il ne l'aurait voulu. Quelques passants lui jetèrent des regards interloqués.

Calme-toi. Tu te couvres de ridicule.

Mais...il n'est pas comme ça. Je...Je veux pas le perdre.

Les lèvres pincées, Éric massa sa gorge douloureuse. La sévérité de Kheïtan laissa place à un ton plus caressant.

Il n'y a aucune raison de pleurer. Tu n'as pas besoin de lui, ni de qui que ce soit d'autre tant que tu m'as en toi. Je te protégerai mieux qu'ils n'en seront jamais capables.

Éric répondit par un bref hochement de tête, puis soupira dans une vaine tentative de calmer son angoisse.

- Je sais... Tu es indispensable, et j'ai confiance en toi.

Plus qu'en quiconque ?

...Oui.

Le démon émit un ronronnement satisfait, si puissant que la cage thoracique d'Éric en vibra. Curieusement, cela l'apaisa.

Alors fais ce que je te dis et cesse de te tourmenter. Continue à t'amuser, mais ne le pleure pas le moment venu. Il n'en vaut pas la peine.

Ses jambes se mirent à flageoler, et son teint prit peu à peu la couleur du lait fermenté à mesure que le poids qui pesait sur sa poitrine se résorbait. Le souffle court, il caressa son thorax dans lequel il ne sentait plus que les battements de son cœur. Chacun d'eux lui faisait l'effet d'un coup de poignard. D'un battement de cils, il chassa ses larmes, les traits tordus par une grimace. Malgré ses efforts, il n'arrivait toujours pas à régulariser sa respiration. À ce rythme, il n'allait pas tarder à étouffer...

Une main se posa sur son épaule, le faisant sursauter/et il sursauta.

- Rick, tu m'entends ? Ça va ?

Éric cilla plusieurs fois avant que le visage de Jad ne se dessine nettement, marqué par l'inquiétude.

- Hein ? Oui, t'inquiète pas pour moi ! J'ai eu une absence, c'est tout.

Manifestement peu satisfait par le faible sourire et l'excuse abstraite qu'il lui offrait, Jad baissa la tête. Il se pencha et se releva aussitôt, le téléphone d'Éric dans la main.

- Ça devait être une sacrée absence. Tu as laissé tomber ça.

La bouche de ce dernier s'ouvrit puis se ferma sous l'effet de la surprise. Un rire gêné secoua ses épaules.

- Ah ouais, merci, bredouilla-t-il en prenant le téléphone que Jad lui tendait. Tu...Tu t'es choisi quelque-chose ?

Jad le fixa encore quelques secondes, avant de fouiller dans la poche de son manteau et d'en ressortir une paire de chaussettes grises à rayures blanches.

- Je suis désolé, je n'ai rien pu trouver à un prix plus bas.

- Jad...!

- Ne me demande pas de prendre un truc plus cher ! Elles me plaisent vraiment, je t'assure. Et puis, j'abuse déjà.

Sa frimousse timide rosie par l'embarras et la reconnaissance dont débordaient ses yeux eurent raison de l'agitation d'Éric, dont la mine anxieuse s'effaça spontanément au profit d'un sourire touché.

- Si elles te plaisent vraiment, alors...on va t'en trouver d'autres. Ça me fait plaisir.

***

Lorsque la cheminée de l'auberge pointa à l'horizon, le soleil disparaissait derrière les arbres de la forêt aux alentours. Traversant d'abord la route, puis le parking surmonté d'une grande enseigne en bois, ils atteignirent enfin l'établissement et son large sas d'entrée, sur lequel une grande affiche informait de la tenue imminente d'une soirée à thème. L'intérieur était dissimulé par d'épais rideaux à carreaux rouges et blancs, et le petit panneau "Fermé !" ne laissait aucune place à l'ambiguïté.

Sans perdre contenance, ils contournèrent le bâtiment jusqu'à l'entrée de service. La porte s'ouvrit sur une petite pièce obscure, dans laquelle Éric s'engouffra en actionnant l'interrupteur à tâtons. La lumière de l'unique ampoule pendant du plafond révéla les crochets métalliques fixés sur les murs en bois sombre.

Alors qu'il suspendait son manteau, il regarda Jad à la dérobée.

- Pour tout à l'heure ...Je suis vraiment désolé...

L'intéressé leva de grands yeux du paillasson sur lequel il essuyait ses chaussures.

- Quoi ? Oh, Rick, je t'ai dit que ce n'était rien, ne t'en fais pas pour ça...

- Je sais que t'aimes pas que je me batte. Mais au moins, tu as vu que j'arriverai toujours à te protéger.

Le fixant avec une solennité qui lui était peu commune, Éric s'élança et étreignit Jad, qui sursauta. Le temps sembla suspendu l'espace de quelques instants durant lesquels il ne desserra pas sa prise, immobile, la joue appuyée contre de solides pectoraux.

Enfin, Jad remua. Un feu d'artifices éclata dans son ventre lorsqu'il sentit son embrassade lui être rendue avec la même vigueur, si bien/à tel point que ses pieds décollèrent du sol.

- Merci, Rick, murmura-t-il en le reposant délicatement. Je...Je te sermonne souvent, mais je sais que j'ai beaucoup de chance de t'avoir.

Ses pupilles câlines étaient une caresse sur le cœur d'Éric, dont les lèvres s'étirèrent en un sourire béat. Les mains toujours posées sur sa taille, il fronça les sourcils en constatant que Jad avait toujours son manteau sur les épaules.

- Attends, tu t'en vas déjà ? Reste, ça va être une super soirée ! C'est ce soir qu'on fête l'équinoxe, on a même prévu de la musique, les gens danseront !

- Tu as l'air bien enthousiaste. Je croyais que tu détestais les influences religieuses.

- Les trucs comme ça, c'est pas pareil. Tout le monde s'en fout du côté religieux, c'est juste une excuse pour faire la fête. Allez, on a même prévu un menu spécial !

- J'aurais adoré, répondit Jad avec un rictus gêné. Mais je suis attendu ce soir.

- Où ça ? À l'Aigle noir ?

La rougeur qui se diffusa sous la barbe naissante du fuyard lui tint lieu de réponse. Le sourire d'Éric se fit espiègle.

- Ah, mais que veux-tu ? On est sollicité quand on pilonne comme un dieu, susurra-t-il en laissant son index courir le long de sa hanche, le regard trop suggestif pour être sérieux.

Le sourcil de Jad se haussa, avant que celui-ci n'assène une tape complice sur sa cuisse.

- Modère tes ardeurs comme un gentil garçon, ou je vais être obligé de te punir, souffla-t-il, son ton menaçant trahi par le frémissement qui agitait ses commissures. Oh, bonsoir monsieur Arcand !

Un homme venait tout juste d'apparaître dans l'encadrement de la deuxième porte, qu'il dépassait d'une bonne dizaine de centimètres. Par-dessus sa stature écrasante, il avait revêtu une chemise à carreaux rouges et noirs et un jean usé. Sa crinière hirsute tombait sur de larges épaules, assortie à une barbe épaisse constellée de mèches grises. Deux prunelles noisette les étudiaient sous une paire de sourcils broussailleux.

Jad se tourna vers Éric qui s'était matérialisé à deux mètres de lui, plus raide qu'un piquet. Le regard de son employeur se posa sur lui, et il dût lutter de toutes ses forces pour ne pas déglutir.

- On ouvre dans moins d'une heure, il faut que tu m'aides à tout installer, l'intima-t-il de sa voix puissante en pointant sa montre du doigt.

L'intéressé opina d'un geste hâtif. L'attention de l'homme se reporta sur Jad auquel il adressa un signe de tête, avant de tourner les talons. Les muscles d'Éric se relâchèrent.

- Tu penses lui dire bientôt ? lui souffla Jad, soucieux.

- Non ! rétorqua-t-il plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu. J'en sais rien, je...je dois encore y réfléchir. Quand je sentirai que ça risque rien.

Pas de sitôt, en somme.

E-en tous cas, si ta soirée se termine plus tôt que prévu, passe nous voir ! Je devrais pouvoir te mettre une assiette de côté.

- C'est gentil, mais il faudra déjà que je range mes nouvelles chaussettes. J'ai un stock annuel, maintenant, rit Jad en tapotant ses poches rebondies. Passe une bonne soirée, Rick.

- Je te dirais bien la même chose, mais avec le programme que t'as, ça fait aucun doute/j'en doute pas une seconde.

Échangeant un rire et une dernière accolade, tous deux se regardèrent encore quelques secondes avant que Jad ne referme la porte derrière lui, laissant Éric seul. Celui-ci prit une grande inspiration, le cœur serré.

Tu as eu de la chance. S'il était arrivé une seconde plus tôt, tu serais déjà dehors et sans emploi.

Ses poings et sa mâchoire se crispèrent.

- Je sais...

Et tu continues ? Quand vas-tu intégrer l'idée qu'il te chassera quand il saura ce que tu es ? À moins que tu ne sois déjà préparé à voir la haine et le dégoût dans ses yeux.

C'est bon, la ferme !

Éric plaqua aussitôt sa main sur sa bouche, les yeux écarquillés. Mais il était trop tard. Sa tête était pleine d'un silence pesant.

- Excuse-moi...je voulais pas...

Dis-moi, petit être ingrat... Qui a toujours été présent à tes côtés ?

T-toi...

Qui t'a empêché de finir éventré au bout d'une ruelle ? De te prendre une balle dans la tête pendant un braquage ?

Toi...

Qui t'a toujours protégé contre tous ceux qui voulaient te massacrer ?

C'est...C'est toi...

Plus fort !

C'est toi ! s'étrangla-t-il, les yeux humides.

Exactement ! Moi ! Pas ton subalterne lâche(, ta mère morte) ou ton simulacre de père, MOI ! Alors retiens bien ce que je te dis : avise-toi de me manquer de respect encore une fois, et au prochain dévot qui se met en tête de t'exterminer, tu pourras toujours hurler, tu n'auras que ton pathétique petit corps gras pour te défendre. Est-ce clair ?

Ou-oui... J'te demande pardon... S'il-te-plaît, me laisse pas...

Tête basse, le souffle coupé, le garçon essuya les larmes qui avaient coulé sur ses joues d'un revers de main. Il était tremblant, et son dos s'était arqué sous les cris qui résonnaient encore dans son crâne.

Bien, je te pardonne. Que ça ne se reproduise plus.

M-merci, bredouilla-t-il entre deux reniflements.

Maintenant, ressaisis-toi et va gagner de quoi nous nourrir. Montre-toi utile, ne me fais pas regretter ma mansuétude.

***

Les dernières décorations étaient en place. Chaque table en bois était tapissée de pommes de pin et de pétales orangées, son centre occupé par un bouquet de pampas ou une couronne de brindilles. Des citrouilles de tailles inégales étaient dispersées aux quatre coins de la salle, et des guirlandes de feuilles mortes colorées serpentaient le long des poutres de la charpente.

Après avoir disposé la dernière lumière, Éric recula, satisfait et apaisé par les vieux souvenirs que ce décor faisait rejaillir en lui.

De lourds bruits de pas retentirent depuis le couloir, et son patron entra, affublé d'un tablier de cuisine usé. Une délicieuse odeur de fromage fondu flottait dans son sillage, chatouillant les narines d'Éric dont le ventre criait famine depuis son altercation. Le gérant se planta face à lui, mains sur les hanches, et un nœud se forma dans la gorge du jeune homme qui releva la tête avec appréhension.

Le regard qu'il croisa était plein de tendresse. Un torrent d'apaisement balaya ses dernières craintes.

- Salut, P'pa ! s'exclama-t-il en enserrant le cou du concerné qui s'était penché dans ce but, avant de plaquer une bise sur sa joue râpeuse. T'en dis quoi ?

- J'en dis que c'est du bon boulot, comme toujours, répondit-il d'un ton appréciateur en pressant son épaule.

Le torse d'Éric se bomba, gonflé de fierté. Son sourire s'étira d'une oreille à l'autre avant de vaciller : son père le regardait maintenant d'un air préoccupé.

- Fils... Je t'ai entendu crier tout à l'heure.

Son souffle se suspendit brutalement, si bien qu'il dut se retenir de porter sa main à sa gorge. Kheïthan s'éveilla, et l'image d'une paume s'abattant sur lui émergea dans son esprit.

- Ça s'est mal passé avec Jad ? Vous vous êtes disputés ?

Éric cligna des yeux, un rire incrédule au bord des lèvres.

- Oh, ouais, on a eu un petit ennui sur le trajet. Mais on s'est vite arrangés, il va peut-être revenir tout à l'heure. Tout va bien !

- Dans ce cas, je te laisse accrocher ça.

Baissant les yeux sur la décoration qu'il lui tendait avec une expression réjouie, Éric sentit la sienne s'effacer. La bouche tordue, il appréhenda l'arbre de vie en saule verni large comme une assiette, avant de le prendre du bout des doigts. La lumière des guirlandes faisait scintiller les gemmes multicolores dispersées sur les branches et le cordon doré par lequel il devait être suspendu. La vue du serpent sculpté autour du tronc lui donnait envie de le piétiner. Combien de fois n'avait-il pas songé à la jeter en douce dans la chaudière ?

- J'y r'tourne, grogna le chef en se redressant. N'oublie pas de déverrouiller la porte d'entrée, c'coup-ci.

- La... ? C'est arrivé qu'une fois !

Un rire tonitruant retentit depuis la cuisine, lui décrochant un rictus amusé qui disparut très vite. Il observa la décoration, un goût amer dans la bouche.

N'oublie pas. Ça arrivera un jour.

Je sais... Mais d'ici là, je veux profiter. Ça va être une super soirée.

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