[ 𝟏.𝟎𝟗 ] Cyclone

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— 𝙄𝙡 𝙮 𝙖 𝙪𝙣 𝙛𝙤𝙡𝙠𝙡𝙤𝙧𝙚 𝙙𝙖𝙣𝙨 𝙩𝙤𝙪𝙩𝙚𝙨 𝙡𝙚𝙨 𝙡𝙞𝙩𝙩é𝙧𝙖𝙩𝙪𝙧𝙚𝙨, dit Teresa à l'ensemble de ses élèves. Il peut s'agir d'une série de croyances et de cultes ou, comme c'est le cas dans bon nombre de civilisations, de contes et de légendes peuplés d'êtres étranges et mystérieux tels que des sorciers, des vampires, ou encore...

⠀ Elle s'interrompit.

— Des loups-garous, reprit-elle en se raclant la gorge. Voyez-vous, depuis toujours, les hommes ont cherché à trouver des explications rationnelles aux choses qu'ils ne comprenaient pas. Des choses qui les dépassaient et les effrayaient.

⠀ Une jeune fille aux cheveux frisés leva la main.

— Madame, tout le monde sait que ces créatures ne sont pas réelles, alors, pourquoi est-ce que certaines personnes persistent encore à croire qu'elles ont véritablement existé ?

— Peut-être parce que c'est le cas, répondit Teresa.

⠀ La jeune fille la regarda avec stupéfaction. L'élève assis derrière elle écarquilla les yeux, se pencha au-dessus de son cahier puis se mit à écrire avec frénésie. Des chuchotements et des cris ahuris s'élevèrent dans la salle de classe.

— Vous êtes en train de dire que les monstres existent ? demanda un jeune homme, bouche bée.

— Non, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, répliqua Teresa en tâchant de reprendre ses esprits. Ce que j'ai voulu dire, c'est que... eh bien...

⠀ La sonnerie annonçant la fin du cours retentit en la faisant sursauter.

— Ce sera tout pour aujourd'hui, dit-elle. N'oubliez pas de lire le chapitre 2 de Dracula pour l'examen de la semaine prochaine.

⠀ Lorsque tout le monde fut parti, Teresa s'écroula sur son bureau en soupirant. Depuis qu'elle avait discuté avec Derek, elle ne cessait d'éprouver la curieuse sensation que sa vie ne serait plus tout à fait la même.

⠀ Cela faisait des jours qu'elle ne dormait plus et qu'elle passait ses nuits plongée dans des ouvrages spécialisés sur les mythologies surnaturelles. Sa curiosité était devenue si dévorante que des cernes commençaient à se creuser sous ses yeux habituellement éclatants.

⠀ Affalée sur le dossier de sa chaise, elle se laissa envahir par la fatigue quand un grincement de porte suscita son attention. Elle se redressa.

— Madame Baker ? lança un élève en s'avançant jusqu'à elle. Désolé de vous déranger.

⠀ C'était un jeune garçon aux cheveux châtains.

⠀ Il tenait entre ses mains une épaisse copie de feuilles agrafées.

— Je sais que vous n'acceptez pas les devoirs rendus en retard et que vous voudrez encore moins prendre le mien, mais j'ai beaucoup travaillé dessus et j'aimerais que vous y jetiez un œil. Vous n'êtes pas obligée de le noter.

⠀ Il déposa sa copie sur le bureau de Teresa.

— Eh bien, en tant que professeure, je récompense toujours les efforts de mes élèves, même lorsque ceux-ci ne prennent pas forcément les miens en considération, dit-elle. Zac Feller, c'est bien ça ?

— Oui, répondit-il.

— Élève volontaire, mais plutôt effacé.

⠀ Zac réajusta son sac à dos sur son épaule, mal à l'aise.

— Je lirai ta copie, dit Teresa en lui adressant un sourire.

— Merci. J'espère que je connaîtrai votre avis avant la prochaine pleine lune.

— Quoi ? demanda-t-elle en écarquillant les yeux.

— Je vous ai dit de ne pas faire attention aux fautes d'orthographe. Il y en a énormément, en particulier à la page une.

— Oh, bien sûr.

— J'ai encore du mal avec mes crocs, vous savez.

⠀ Teresa fronça les sourcils.

— Q-Quoi ?

— J'ai dit que j'ai beaucoup de mal avec les mots, dit Zac. Je préfère les dire que les écrire, vous savez.

— Oui, je... je comprends tout à fait.

⠀ Il quitta la pièce et elle lâcha un énième soupir avant de décider de s'accorder quelques minutes de pause supplémentaires.

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— Est-ce que ça va ? demanda Mason à Liam tandis qu'ils marchaient tous les deux sur le parking du lycée.

— Oui, pourquoi est-ce que ça n'irait pas ?

— Je sais pas, peut-être parce que tu vas disputer ton tout premier match aujourd'hui et que l'équipe contre laquelle tu joues se trouve être ton ancienne école, ce qui signifie que tu vas probablement revoir tous les gens qui ont fait de ta vie un enfer pendant plus d'un an.

— Je vais bien, Mason.

— Tu es sûr ?

⠀ Le regard de Liam se posa sur un bus qui venait de se garer à quelques mètres d'eux. Les élèves qui y descendaient portaient tous le sigle de leur école. Devenford Prep, le lycée privé de Bay Burry, un comté avoisinant Beacon Hills.

— Oui, et je peux même te le prouver.

— Quoi ? Non, Liam, attends !

— Hey, Brett ! s'exclama Liam en se dirigeant vers un garçon qui discutait avec un groupe de personnes.

— Il ne va définitivement pas bien, soupira Mason en le suivant.

⠀ Liam se posta devant Brett qui le dépassait d'au moins dix centimètres.

— Je voulais te dire...

⠀ Il prit une profonde inspiration puis tendit la main vers lui.

— Bonne chance pour le match, reprit-il.

⠀ Brett et ses amis s'esclaffèrent. Liam baissa sa main.

— C'est mignon, Dunbar, tu veux aussi un câlin ? plaisanta Brett. C'est ce qu'on t'a appris à faire pendant ta thérapie de gestion de la colère ? Des mots gentils et tout est réglé ?

⠀ Il s'approcha de Liam et lui jeta un regard mauvais.

— On va te casser en deux jusqu'à ce qu'on puisse faire de la compote avec tes os.

⠀ Liam serra les poings. Ses jointures blanchirent et un filet de sang s'y échappa.

— Hey, comment ça va, les jeunes ? lança Stiles en faisant irruption sur le parking. Bienvenue dans notre petit lycée public où tout le monde s'entend et s'apprécie. Moi c'est Stiles. Oui, c'est vraiment mon prénom.

⠀ Il serra la main de Brett qui le dévisagea.

— C'est une ferme poignée de main que tu as là, tu es sûr que tu ne serais pas plutôt un joueur de ping-pong ? Quoi qu'il en soit, sachez que moi tous les autres membres des Cyclones avons vraiment hâte de vous revoir pour le match de ce soir. On va bien s'amuser. Pas de choses brusques entre nous, d'accord ?

⠀ L'instant d'après, il s'enfuit avec Liam avec l'aide de Scott sous les regards interrogateurs de Mason, Brett et sa bande.

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⠀ Assailli par les jets d'eau de la douche des vestiaires, Liam se débattait pour se dégager de l'emprise de Scott et de Stiles tandis qu'il tentait de les mordre avec ses crocs. Après plusieurs minutes, il cessa de riposter et son visage reprit une apparence normale.

— Je crois qu'il s'est calmé, dit Scott en fermant le robinet.

— C'est pas possible, ce gosse a la rage ! s'exclama Stiles en ébouriffant ses cheveux mouillés.

— C'était quoi ça ? demanda Scott à Liam.

— Les gens de mon ancienne école.

— Devenford Prep ? demanda Stiles. L'école où tu as été expulsé ?

⠀ Liam ne répondit pas.

— On sait que tu as démoli la voiture de ton professeur, dit Scott.

— Avec un pied-de-biche, ajouta Stiles. Tu n'aurais pas pu faire comme tout le monde et utiliser, j'en sais rien, un caillou, par exemple ?

— Pourquoi est-ce que tu as fait ça ? demanda Scott.

— Justement, c'est ça le problème, dit Liam. Ce n'était pas moi. C'était Brett. Il a démoli la voiture de notre coach et il a fait en sorte que tout le monde croit que j'étais le responsable. À cause de lui, j'ai été écarté de toute la saison et on m'a collé cette sale réputation comme quoi je serais quelqu'un d'impulsif.

— Désolé de te le dire, mais ce n'est pas juste une réputation, intervint Stiles. Tu as fracassé une chaise sur mon dos je te rappelle.

— Qu'est-ce qui s'est passé d'autre ? demanda Scott.

— Rien, répondit Liam. J'ai été viré de l'école. J'ai redoublé et j'ai déménagé ici. Je suis allé voir des psychologues pour savoir ce que j'avais. Ils m'ont dit qu'il s'agissait d'un TEI, un trouble explosif intermittent.

— Ils t'ont donné quelque chose pour te soigner ? demanda Scott. Un médicament ?

— Risperdal, dit Liam. C'est un antipsychotique, mais je ne le prends pas.

— Évidemment ! répliqua Stiles.

— Je ne crois pas que tu devrais jouer ce soir, dit Scott. Dis au coach que ta cheville te fait toujours mal.

— Pas question ! protesta Liam. Le coach compte sur moi pour ce match, je ne vais pas y renoncer. Si tu crois que j'ai oublié ce que tu m'as fait, tu te trompes. Arrête de me dire ce que je dois faire et mêle-toi de ce qui te regarde.

⠀ Il se tourna vers Stiles.

— Ça vaut pour toi aussi.

⠀ Stiles haussa les sourcils.

— Je crois que tu me dois quelque chose, dit Liam.

⠀ Stiles fouilla dans sa poche avant de lui lancer son portable.

— Merci, dit le jeune homme d'un ton sec.

⠀ Un silence s'installa, mais il fut interrompu par le bruit d'un robinet. Quelques instants plus tard, une épaisse brume se répandit dans la pièce et Malia en émergea, entièrement dénudée. Elle se posta devant les trois garçons.

— M-Malia ? s'écria Stiles, la bouche entrouverte. Qu'est-ce que-Q-Q-Qu'est-ce que tu fais là ?

— Je me douche quelquefois ici, très tôt le matin, répondit-elle en haussant les épaules.

— Tu n'es visiblement pas venue assez tôt aujourd'hui, rétorqua-t-il, effaré.

⠀ Scott plaqua sa main sur les yeux de Liam.

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𝙋𝙡𝙖𝙮𝙡𝙞𝙨𝙩

Silent Child - Jump

Opia - Falling (Wheathin Remix)

Doja Cat, The Weeknd - You Right

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— Merci encore de me déposer, papa, dit Kira en détachant sa ceinture de sécurité.

— Je ferais tout pour ma petite fille, dit Ken Yukimura après avoir coupé le moteur de sa voiture.

⠀ Kira lui sourit puis ouvrit la portière.

— Attends, ajouta-t-il. J'aimerais te parler de quelque chose. Quelque chose que tu as oublié de mentionner. Quelque chose d'important. De surprenant à vrai dire.

⠀ Kira se ravisa.

— Oh, non, soupira-t-elle. Tu es au courant, pas vrai ? Tu sais que j'ai menti à maman à propos de ma soirée entre filles avec Lydia. On n'a pas regardé de film cette nuit-là. On est allées dans une station-service et il y avait un cadavre là-bas. J'ai brisé un miroir et je suis presque sûre que je suis maudite maintenant. Je me suis aussi battue en duel avec un type qui faisait au moins trois fois ma taille et j'ai failli mourir, mais à part ça, je vais bien, je t'assure.

⠀ Mr. Yukimura la fixa avec stupéfaction.

— Je parlais du fait que tu fasses partie de l'équipe de crosse, dit-il, encore abasourdi par les révélations de sa fille.

— Oh, dit Kira, mal à l'aise. Oui, l'équipe de crosse. Vive les activités physiques.

⠀ Elle ricana nerveusement puis consulta une montre imaginaire sur son poignet.

— Il faut que j'y aille, déclara-t-elle en attrapant son sac. Je ne veux pas arriver en retard à mon cours. Mon professeur m'attend.

— C'est moi ton professeur et le cours ne commence pas avant trente minutes ! s'exclama Ken.

⠀ Mais Kira était déjà loin.

— Un cadavre ? répéta-t-il, déconcerté.

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⠀ Lydia déverrouillait son casier lorsqu'Aibee s'approcha d'elle pour l'aborder.

— Salut, dit-elle. J'ai appris ce qui est arrivé à ta fête et je suis désolée. Je n'imagine pas le choc que tu as dû éprouver. Je n'ai jamais été confrontée à la mort. J'ai vu ma mère écraser un mille-pattes une fois, mais je ne sais pas si ça compte.

⠀ Lydia la dévisagea.

— Dans tous les cas, si tu as besoin de quelqu'un à qui parler, je suis là, reprit Aibee. Sauf les samedis et les dimanches où j'ai généralement rendez-vous avec ma télé et mon canapé.

— C'est gentil, Aibee, répliqua Lydia. Ou devrais-je dire, Veronika.

⠀ L'adolescente se raidit, surprise.

— Comment est-ce que tu sais ? s'étonna-t-elle.

— Disons que je gobais plus ou moins ton histoire, jusqu'à ce que tu me présentes ton garde du corps italien qui parle japonais.

— Promets-moi que tu ne diras rien à Stiles ou à mon père, mais surtout à Stiles. Il va encore faire une de ses crises où il se met à parler vite en oubliant de respirer.

— Je ne dirai rien, dit Lydia. Pour cette fois.

— Je t'adore ! s'exclama joyeusement Aibee en lui sautant dans les bras.

⠀ Lydia lui tapota le dos, prise au dépourvu.

— Ce n'est rien. Tu peux me lâcher maintenant.

— Encore une minute, ton après-shampoing sent trop bon ! Tu l'as acheté où ?

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— Et là, elle s'est réveillée et m'a hurlé dessus en disant : « Dégage de ma chambre ou je te fais gober mes legos ! », dit Stiles en marchant dans le couloir du lycée. À ce moment-là, j'ai sursauté et-

⠀ Il s'interrompit.

— Scott ? Tu m'écoutes ?

⠀ Ce dernier avait le regard fixé à l'autre bout du couloir.

— Scott ! lança Stiles afin d'attirer son attention.

— Quoi ? répondit Scott en secouant la tête.

— C'était Kira que tu regardais comme ça ?

— Non. Oui.

— Qu'est-ce qui se passe entre vous ?

— On s'est embrassés.

— Quoi ? s'exclama Stiles, surpris.

— Mais on est pas encore ensemble, ajouta Scott.

— Quoi ?

⠀ Stiles lui donna une tape derrière la tête.

— Qu'est-ce qui te prend ? s'étonna Scott.

— Qu'est-ce que tu attends pour lui proposer de sortir avec toi ?

— J'en sais rien.

⠀ Stiles le frappa à nouveau.

— Tu es un idiot, dit-il. Tu sais pourquoi ? Tu es un Alpha. Un prédateur. Tu affrontes des créatures malveillantes presque tous les jours et tu es incapable t'inviter la fille qui te plaît à un simple rendez-vous ? Tu devrais avoir honte de toi.

— Je sais, soupira Scott.

— Honnêtement, je me demande pourquoi je traîne encore avec toi. Je devrais avoir honte de moi, ajouta Stiles avant de s'en aller.

— Quoi ?

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⠀ Tandis qu'Isaac récupérait des livres à l'intérieur de son casier, Malia s'arrêta à son niveau.

— Je dois te parler, dit-elle en guettant autour d'elle.

— Tu ne peux déjà plus te passer de moi ? rétorqua-t-il d'un ton taquin.

— Ce qui s'est passé entre nous hier soir. Tu dois l'oublier.

⠀ Isaac se tourna vers elle. Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres.

— J'ai aimé t'embrassé, mais je préfère embrasser Stiles, répondit Malia sans le regarder.

— Je ne suis pas très sûr de comprendre.

⠀ Il haussa les sourcils.

— Attends une seconde, tu... tu sors avec Stiles ? demanda-t-il.

⠀ Il fut pris d'un énorme fou rire.

— Qu'est-ce qu'il y a de drôle ? cracha-t-elle en le toisant.

— Je ne pensais pas que Stiles finirait par trouver quelqu'un, ricana Isaac. Et encore moins quelqu'un dans ton genre.

— Qu'est-ce que ça veut dire ?

— Je sais pas. Je ne trouve pas que vous allez forcément bien ensemble.

⠀ Elle fronça les sourcils et serra la mâchoire.

— J'aime Stiles, dit-elle.

— Mais tu es attirée par moi, répliqua Isaac.

Malia resta interdite et se contenta de lui jeter un regard mauvais. Il se remit à rire incontrôlablement. Agacée, elle écrasa brusquement la porte du casier sur ses doigts avant de tourner les talons.

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⠀ Fraîchement sortie du lit, Melissa descendait les escaliers menant à la cuisine pour se préparer un café matinal. Ses cheveux étaient emmêlés et elle portait un ensemble de vieux vêtements qui lui servait accessoirement de pyjama. Les yeux encore mi-clos, elle bailla. Au même instant, la sonnerie de l'entrée retentit et elle alla l'ouvrir, sa tasse entre les mains.

— Gary ? s'étonna-t-elle. Qu'est-ce que tu fais ici ?

⠀ Ce dernier considéra sa tenue en souriant.

— J'en connais une qui profite bien de son jour de congé, plaisanta-t-il. Un peu trop d'ailleurs.

— Fais attention à ce que tu dis.

⠀ Gary ricana.

— Pourquoi est-ce que tu viens aussi tôt ? demanda-t-elle. Il y a un problème à l'hôpital ? Ne me dis pas que le patient d'hier a encore confondu son brancard avec une planche de surf.

— Rassure-toi, je ne suis pas venu ici pour te parler de la santé mentale de nos patients.

— Dieu merci, souffla Mme. McCall, soulagée.

— Je suis venu ici pour t'aider à te changer les idées.

— C'est-à-dire ?

— Mets ton jogging et ta meilleure paire de tennis, on va courir aujourd'hui, déclara Gary.

⠀ Sous l'effet de la surprise, Melissa lui cracha son café au visage avant de plaquer une main sur sa bouche. Il se raidit, tout aussi surpris qu'elle.

— Oh mon dieu, s'exclama-t-elle, les yeux écarquillés. Gary, vraiment, je suis désolée !

⠀ Un petit rire s'échappa de ses lèvres malgré elle.

— Je vois que tu m'obliges à employer les grands moyens, dit-il.

⠀ Aussitôt, il la souleva du sol et la déposa tel un vulgaire sac sur son épaule musclée.

— Qu'est-ce que tu fais ? s'écria-t-elle en battant des pieds. Repose-moi immédiatement ! Je n'aime pas courir ! Je préfère les balades à vélo !

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Lydia ? lança Malia. Lydia ? Tu m'entends ?

⠀ Lydia leva les yeux de son cahier puis se tourna vers Malia qui agitait une feuille sous son nez.

— Regarde ! s'exclama-t-elle en affichant un large sourire.

— 5 sur 20. C'est une forme de progrès, j'imagine.

— Tes notes sont géniales quand elles ne sont pas truffées de symboles indéchiffrables.

⠀ Soudain, Bobby Finstock s'arrêta devant la table de Malia, interrompant ainsi le cours de leur conversation.

— Profondément décevant, Malia, dit-il en lui rendant une copie. Néanmoins, je tiens à te remercier. J'ai lu ton devoir à ma grand-mère et ça l'a aidé à décoller un morceau de steak resté coincé dans son dentier depuis des années.

⠀ Il s'éloigna. Malia grogna en froissant rageusement sa copie.

— Je déteste l'économie, dit-elle. À quoi est-ce que c'est censé me servir ? J'en aurais pas besoin dans les bois !

— Tu peux passer réviser à la maison quand tu veux, suggéra Lydia.

⠀Malia lui sourit en acquiesçant. 

— Tout le monde m'écoute et que ça saute ! lança Finstock en frappant le tableau avec une règle. Aujourd'hui, nous allons parler de l'économie et ses modules de gestion. Pour être tout à fait honnête avec vous, je ne sais même pas pourquoi je dois vous enseigner ça. Entre nous, si je savais véritablement comment gérer mes économies, je ne porterais pas la même tenue depuis des semaines.

⠀ Il pouffa de rire devant les regards confus de ses élèves. Pendant ce temps, Lydia griffonnait sur son cahier comme elle en avait l'habitude. C'était sa manière de faire passer le temps. De sa main libre, elle jouait distraitement avec les mèches de ses cheveux lorsque tout à coup, l'une d'entre d'elle atterrit sur sa table, puis une autre.

⠀ Paniquée, elle lâcha subitement son stylo avant de porter une main à sa tête. Ses yeux s'écarquillèrent quand elle découvrit une épaisse touffe de cheveux dans sa paume ensanglantée.

⠀ Sa respiration s'accéléra. Elle leva la main.

— Monsieur ? demanda-t-elle. Je peux sortir un instant ?

— Tu sais, si j'étais à ta place, je sortirais aussi sauf que je ne reviendrais pas, alors, vas-y, mais si jamais tu sors et que tu ne reviens pas, je n'aimerais pas être à ta place, répondit Finstock, assis sur son bureau.

⠀ Lydia se leva et se dirigea avec précipitation dans les toilettes sous l'air interrogateur de Malia.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Alors, ça fait du bien le sport, pas vrai ? lança Gary en souriant.

— Une... une pause, gémit Melissa, à bout de souffle. Je dois... faire... une pause.

⠀ Son visage dégoulinait de transpiration et elle avait les jambes en feu.

— Quoi ? Déjà ? Ça ne fait que quinze minu-

⠀ Elle s'arrêta de marcher puis saisit violemment le débardeur de Gary.

— D'accord, d'accord, dit ce dernier. On fait une pause.

⠀ Ils allèrent s'asseoir sur un banc.

— J'ai toujours aimé les parcs, pas toi ? demanda-t-il en attrapant sa bouteille d'eau.

⠀ Melissa la lui arracha des mains avant de vider le contenu dans sa bouche.

— J'aimais les parcs aussi, dit-elle après avoir retrouvé une respiration régulière. Mais c'était avant que le chien de mon fils meurt.

— Oh, je suis vraiment désolé.

— Ne le sois pas. Je détestais ramasser ses crottes.

⠀ Elle lui redonna sa bouteille entièrement vide.

— Tu es vraiment une femme particulière, dit Gary.

— Fais attention à ce que tu dis, dit Mme. McCall en attachant ses cheveux dans une queue de cheval.

⠀ Ils se levèrent et marchèrent un peu dans les environs.

— Prête pour le deuxième round ? demanda-t-il.

— Bien sûr.

⠀ Elle s'arrêta au bord d'un trottoir.

— Taxi ! hurla-t-elle.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀ Après s'être considérée sous tous les angles, Lydia n'eut d'autre choix que de se fier à l'image que lui renvoyait son reflet dans le miroir des toilettes. Elle ne saignait pas et elle ne perdait pas ses cheveux. Au contraire, ceux-ci étaient longs et brillants comme ils l'avaient toujours été.

⠀ Depuis la mort de Carrie, elle était sujette à de multiples insomnies. Elle ferma les yeux et prit une profonde inspiration. Elle avait juste besoin de repos. Ces hallucinations n'étaient que des effets secondaires.

⠀ Elle ouvrit le robinet et se lava les mains. Quand l'eau cessa de couler, elle entendit un bruit indistinct, semblable à des sanglots. Elle tendit l'oreille. C'était une voix. Celle d'une femme. Elle semblait provenir du miroir et s'amplifiait au fur et à mesure. Lydia effleura le miroir de ses doigts. Contre toute attente, sa main entière traversa le verre. Quelques secondes plus tard, tout devint noir.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

Lentement, Lydia ouvrit les yeux. Elle était allongée dans une pièce sombre et vide aux murs blancs et ternes. Elle se releva puis marcha jusqu'à pénétrer dans un long et vaste couloir. Chacun de ses pas résonnaient tandis qu'elle avançait. Sans qu'elle ne s'en rende compte, elle venait d'entrer dans une salle tout aussi lugubre que la précédente.

Du sang maculait ses chaussures et de l'eau se répandait en abondance sur le sol. Elle leva les yeux et vit une baignoire dans laquelle une vieille femme était en train d'agoniser.

Un trou béant était visible sur son crâne dégarni et elle tenait dans sa main une épaisse touffe de cheveux. Une femme était agenouillée à ses côtés et tentait de verrouiller le robinet.

— Oh mon dieu ! s'écria-t-elle en pleurant. Qu'est-ce que tu as fait ?

⠀ Une main se posa sur l'épaule de Lydia. Elle sursauta avant de reprendre ses esprits.

— Lydia ? demanda Malia après avoir refermé le robinet qui coulait encore. Qu'est-ce qui s'est passé ?

⠀ Lydia déglutit.

— J'en ai aucune idée, dit-elle.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀ À l'issue de son dernier cours de la matinée, Liam attrapa son sac pour se rendre dans le couloir, cependant, tandis qu'il marchait, il sentit comme une étrange présence autour de lui. Discrètement, il regarda par-dessus son épaule. Aucun détail particulier ne le frappa à part la masse d'élèves qui se dirigeaient hâtivement en direction de la cafétéria. Il secoua la tête et se retourna.

⠀ Son sang se glaça dans ses veines. Une immense silhouette sombre se tenait en face de lui, immobile. Paralysé par la stupeur, il se figea en déglutissant.

⠀ Il reconnaissait parfaitement la carrure puissante et robuste du colosse vêtu de peaux et d'ossements d'animaux qu'il avait croisé par mégarde dans la forêt quelques jours auparavant. Un crâne d'ours lui faisait office de tête. Un frisson lui parcourut le dos et il serra inconsciemment les sangles de son sac.

⠀ La créature fit un pas en avant puis commença à avancer à vive allure dans sa direction. Liam recula tandis que la panique grandissait en lui.

— Comment va mon champion national ? lança Finstock en s'arrêtant devant lui. Prêt pour le grand duel de ce soir ?

⠀ Il secoua énergiquement Liam qui jetait des regards furtifs par-dessus son épaule.

⠀ Le monstre avait disparu.

— J'attends beaucoup de toi, tu sais, reprit Bobby. J'ai parié mon loyer sur toi, j'espère que tu en as pleinement conscience. Je ne te demande pas forcément de jouer mieux que tout le monde sur le terrain, mais c'est exactement ce que je te demande.

⠀ Il ricana en tapotant la joue de Liam.

— Ma situation sociale et financière dépend entièrement de toi, mais pas de pression, d'accord ?

⠀ Liam acquiesça timidement. Le coach lui fit un clin d'œil.

— T'es un bon garçon, dit-il.

⠀ Il s'éloigna.

— DUNBAR ! s'exclama-t-il tandis que sa voix résonnait dans l'enceinte du couloir. RETENEZ TOUS BIEN CE NOM CAR IL VA BIENTÔT ENTRER DANS L'HISTOIRE !

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Je suis épuisée, dit Melissa en s'écroulant sur son canapé. Et éreintée et exténuée.

— Ça fait beaucoup en même temps, ajouta Gary en refermant la porte d'entrée.

— Je suis tellement fatiguée que je n'arrive même pas à attraper ce truc, dit-elle en tendant fébrilement sa main vers la table basse.

— Tu parles de la télécommande ?

— Tu vois ? Je suis tellement fatiguée que je ne sais même plus comment ça s'appelle.

⠀ Elle soupira.

— Je suis fatiguée d'être fatiguée et ça me fatigue.

— Sérieusement, je crois que ça doit être interdit d'utiliser autant de fois le même mot dans une seule phrase, ricana Gary.

⠀ Il alla s'asseoir à ses côtés. Elle gémit en se frottant les yeux.

— Tu sais, même avec ton teint pâle et ta mine de déterré, je te trouve ravissante, dit-il.

— Fais attention à ce que tu dis, rétorqua Melissa.

— Pourquoi ? Je le pense vraiment.

⠀ Il glissa doucement sa main dans ses cheveux.

— Tu es magnifique, souffla-t-il sans la quitter des yeux.

⠀ Animée par une pulsion soudaine, Mme. McCall se jeta sur Gary en plaquant brusquement ses lèvres sur les siennes. Surpris, il tomba en arrière tandis qu'elle se plaçait à califourchon au-dessus de lui. Entre deux baisers fiévreux, elle caressa son torse dénudé.

— Tu es certaine de vouloir aller plus loin ? demanda-t-il, haletant. Je devrais peut-être prendre une douche avant.

— J'adore la transpiration, dit Melissa avant de lui voler un baiser.

⠀ Gary la fit basculer afin de se retrouver au-dessus d'elle. Elle enroula ses jambes autour de sa taille. Ils reprirent alors leur fougueuse embrassade.

— Attends, attends, attends, dit-elle.

— Quoi ? demanda-t-il en se figeant.

— On est sur le canapé. Ce n'est pas une très bonne idée.

⠀ Gary fronça les sourcils.

— Pourquoi ?

— Ça me rappelle mon ex-mari.

— Oh, je comprends, dit-il en se levant.

— Où est-ce que tu vas ? demanda Melissa en se redressant. On peut aller dans la cuisine.

⠀ Une fois dans la cuisine, ils recommencèrent à s'embrasser. Gary portait Mme. McCall entre ses bras tandis qu'elle lui glissait des baisers dans la nuque.

— Attends, dit Melissa lorsqu'elle fut sur le plan de travail.

— Quoi ? demanda Gary, essoufflé par l'excitation.

— Désolée. C'est l'évier. Ça me rappelle mon ex-mari. Il a récemment fait la plomberie.

— On va dans ta chambre ?

⠀ Mme. McCall hocha la tête.

— Excellente idée.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Comment va ma bulgare préférée ? lança Mason pendant qu'Aibee déposait son plateau-repas en face de lui.

⠀ Il reçut un morceau de pain sec en plein visage.

-— Ça c'est pour nous avoir grillé à la soirée de Lydia, dit-elle sèchement.

— Ça va pas ? s'exclama-t-il. T'as failli me crever un œil !

— Et alors ? T'as besoin que d'un seul œil pour voir.

— Ça me fait penser à un film où il y avait un monstre qui-

⠀ Un autre bout de pain lui fouetta la joue.

— Arrête avec tes films, rétorqua-t-elle. Ça n'intéresse personne.

⠀ Mason se tut, vexé. Un énième morceau de pain le heurta.

— Aïe ! s'exclama-t-il en se massant le front. C'était pourquoi cette fois ?

— J'aime bien le son que ça fait contre ton crâne, répondit-elle en haussant les épaules.

⠀ Au même moment, Liam se dirigeait vers leur table, mais s'arrêta tout à coup en remarquant la présence d'Aibee.

— Qu'est-ce qu'elle fait là ? gronda-t-il.

— Oh mon dieu ! s'écria-t-elle. Voldemort ! Derrière-toi !

⠀ Liam se retourna, affolé. Mason étouffa un rire.

— Whoah, tu es vraiment stupide, dit-elle.

— Fais gaffe, chuchota Mason. On ne doit pas prononcer son nom.

⠀ Il reçut un nouveau bout de pain dans le visage. Liam serra les dents et jeta un regard noir à Aibee.

— Tu devrais te détendre, lui dit-elle. T'as l'air vachement constipé. Ou alors, c'est juste ton expression naturelle.⠀ Mason s'esclaffa. Liam le toisa puis alla s'asseoir à une autre table plus loin.

— J'avais raison, ajouta Aibee en croquant dans une pomme. Il est constipé.

⠀ L'instant d'après, un craquement sec résonna à travers la cafétéria, obligeant la plupart des élèves à interrompre leur activité. Aibee et Mason se retournèrent en direction de la table où se trouvait Liam. Ce dernier tenait entre ses mains son plateau brisé.

⠀ Les poings serrés, il attrapa rapidement son sac avant de s'en aller sous une foule de regards interrogateurs.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Donc tu as eu une hallucination dans laquelle tu as vu une femme avec un trou dans la tête se vider de son sang dans une baignoire ? demanda Malia en peignant une toile avec ses doigts.

— Oui, répondit Lydia d'une voix légèrement agacée. Tu pourrais parler moins fort ?

— Désolée, j'essaye juste de comprendre.

— Tu peux essayer de comprendre moins fort ? J'aimerais que cette discussion ne reste qu'entre nous deux.

⠀ Elle balaya discrètement la salle de classe du regard.

— Très bien, lança le professeur Matthews, un homme brun âgé d'une trentaine d'années environ.

⠀ Il portait des lunettes et avait la chemise rentrée dans son pantalon.

— Pour débuter ce cours d'arts plastiques, j'aimerais vous donner quelques marches à suivre avant que vous ne commenciez à peindre.

⠀ Malia se redressa sur son tabouret. D'un geste rapide, elle balança sa toile maculée de peinture dans un coin de la pièce.

— Aujourd'hui, nous allons travailler en utilisant la méthode du dessin automatique. En d'autres termes, nous allons nous intéresser à l'expression de notre inconscient.

⠀ Le ventre de Malia se mit à gargouiller.

— Chut ! s'exclama-t-elle.

— Laissez parler votre intuition et votre imagination, reprit le professeur. Souvenez-vous, l'art ne possède aucune limite.

⠀ Les élèves se mirent à l'œuvre. Certains peignaient des paysages et d'autres des portraits ou encore des animaux. Malia, quant à elle, léchait sa palette de couleurs.

— Lydia ? lança-t-elle.

— Quoi ? demanda cette dernière, les yeux rivés sur sa toile.

— Je dois t'avouer un truc.

⠀ Malia s'interrompit.

— J'ai embrassé Isaac et j'ai aimé ça.

— Quoi ?

— J'ai trompé Stiles, c'est horrible, je sais.

— Vous êtes allés plus loin qu'un baiser ?

— On s'est embrassés. Plusieurs fois, mais je n'ai pas eu le temps de compter. Je n'avais pas ma calculatrice.

⠀ Lydia secoua la tête.

— Tu aimes Isaac plus que Stiles ? demanda-t-elle.

— Non, mais son corps est plus sexy, répondit Malia en se mordillant la lèvre inférieure, couverte de peinture jaune.

— Dans ce cas, ce n'est que du désir purement physique.

— Qu'est-ce que je dois faire alors ?

⠀ Lydia ne répondit pas, figée devant sa toile.

— Lydia ? demanda Malia. À ton avis, qu'est-ce que je dois faire ?

— Oh mon dieu, souffla Lydia en lâchant son pinceau au sol.

⠀ Malia fronça les sourcils puis posa les yeux sur son dessin. Celui-ci représentait une immense fresque représentant plusieurs corps agonisants entassés les uns sur les autres.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀ Pendant qu'Aibee s'étirait sur la barre de la salle de danse, elle papotait avec un groupe de filles en attendant l'arrivée de Mme. Bloom.

— Et là, je lui ai répondu : « Tu as de la morve dans le nez, jamais on pourra être ensemble » dit-elle.

— Tu es trop drôle, riche et belle, dit une fille. J'aimerais être toi.

— Tout le monde doit avoir une ambition dans la vie, même si la tienne est lamentablement irréaliste.

⠀ Vexée, la fille se renfrogna. Au même moment, un silence s'installa subitement dans la pièce lorsque Cat fit son entrée. Le groupe de filles s'éloigna tandis qu'elle s'approchait d'Aibee qui grimaça aussitôt en la voyant.

— Tu sais, Cat, je t'aime bien, mais si tu continues de t'habiller comme une serpillière, ça ne va plus être possible entre nous, dit-elle. Ma mère est une créatrice de mode. J'ai une réputation à tenir.

⠀ Cat fit la moue.

— Qu'est-ce qui cloche avec ma tenue ? demanda-t-elle.

⠀ Elle portait un long pull-over à frange violet ainsi qu'un jogging bouffant vert à pois accompagné de chaussettes montantes rouges à carreaux. Ses cheveux, comme à l'accoutumée, semblaient secs et emmêlés. Aibee la dévisagea.

— Tout, rétorqua-t-elle. Pour commencer, ton haut ne va pas du tout avec ton vernis.

⠀ Cat observa ses doigts puis fronça les sourcils.

— Je n'ai pas mis de vernis, répondit-elle.

— Oh, dit Aibee avant de reculer brusquement.

— Je voulais encore te remercier pour hier, dit la jeune rousse.

— Me remercier ? Pourquoi ?

— Pour tout. Tu m'as vraiment aidé à réaliser certaines choses dernièrement. J'apprécie ton honnêteté bien que parfois trop crue.

— Je ne sais pas comment m'y prendre pour ne pas blesser les gens, mais en même temps je ne peux pas te mentir et te dire que tu n'es pas moche aujourd'hui.

⠀ Aibee s'interrompit.

— J'ai recommencé, pas vrai ?

⠀ Au même instant, Sheila Bloom fit irruption dans la salle, vêtue d'une courte robe grise à paillettes. Elle ressemblait à une diva.

— Désolée pour le retard, les enfants, lança-t-elle en retirant ses lunettes de soleil. J'étais coincée dans un embouteillage. Les gens ont cru que j'étais Mariah Carey.

⠀ Aibee détailla sa tenue et son maquillage d'un air admiratif.

— T'es sûre que c'est ta mère ? demanda-t-elle en se penchant vers Cat.

⠀ Après s'être débarrassée de son manteau en fausse fourrure, Sheila se tourna vers ses élèves.

— Je vois que vous vous êtes bien étirés, dit-elle. Et si on s'échauffait un peu pour chasser les mauvais esprits ?

⠀ Elle pointa un jeune homme du doigt.

— Toi. Imite-moi un kangourou.

⠀ Le garçon s'exécuta.

— J'ai dit un kangourou, pas un kangourou attaqué par des fourmis. Imite-moi un chat.

⠀ Aibee fronça les sourcils.

— En quoi est-ce que c'est censé nous aider à nous échauffer ? demanda-t-elle.

— Ce ne sont pas des échauffements, elle se moque de nous, répondit Cat.

⠀ Aibee éclata de rire.

— J'adore ta mère ! s'exclama-t-elle.

— Mon garçon, je ne sais pas si tu as déjà eu un chat, mais si tu en as un, pose-toi des questions car je peux t'assurer qu'ils ne font pas le bruit que tu viens de faire, dit Mme. Bloom en massant ses oreilles. Je prierai pour toi ce soir. Quel est ton signe astrologique ?

— Lion, répondit le garçon.

— Je déteste les lions. Ils ont une mauvaise énergie.

⠀ Sheila tapa dans ses mains.

— L'exercice que je vais vous proposer va vous prouver que le hasard n'existe pas, déclara-t-elle. La consigne est simple, je veux que vous fermiez tous vos yeux et que vous marchiez tout en essayant de remplir l'espace. Quand vous ouvrirez vos yeux, la personne qui se trouvera en face de vous deviendra votre partenaire et ce jusqu'à la fin de l'année. Ni repris, ni échangé, c'est compris ?

⠀ Elle tapa à nouveau dans ses mains. Tous les élèves marchèrent à travers la salle en gardant les yeux fermés, à l'exception d'Aibee qui faisait de son mieux pour suivre les pas de Cole qu'elle regardait avec insistance.

— Maintenant, ouvrez vos yeux ! lança Sheila.

⠀ Tout le monde s'immobilisa. Cat s'arrêta en face de Cole. Il lui sourit. Paniquée, elle trébucha et tomba au sol sous une pluie de rires. Aibee, qui se trouvait derrière elle, remarqua Cole qui se trouvait désormais en face d'elle. Elle écarquilla les yeux avant de lui offrir un de ses plus beaux sourires.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Je n'arrive pas à croire que tu réussisses à soulever le double de ton poids, dit Mason en soulevant des petites haltères dans la salle de musculation. J'arrive à peine à soulever ma mère.

⠀ Liam ajouta cent kilos à sa barre. Mason écarquilla les yeux.

— C'est beaucoup de poids, dit-il, surpris.

— Je me prépare pour ce soir, répondit Liam en soulevant sa barre sans effort.

— C'est de la crosse, pas un tournoi de boxe. Tu peux juste t'échauffer en faisant quelques foulées.

— Ce n'est pas suffisant.

— Je n'ai pas l'impression que tu fais ça seulement pour le match. Il y a autre chose, n'est-ce pas ?

— Pourquoi est-ce que tu traînes avec cette fille ? demanda Liam.

⠀ Sa question prit Mason au dépourvu. Il fronça les sourcils.

— Tu veux parler d'Aibee ?

— Peu importe comment elle s'appelle, je n'aime pas vous voir ensemble.

— Pourquoi ? ricana Mason. On est amis.

— Justement. C'est bien ça le problème.

— Tu n'as pas l'air de l'apprécier.

— Tu as vu comment elle se comporte avec moi ? Elle ne fait rien pour que je l'apprécie.

— Je reconnais que ce n'est pas la personne la plus gentille du monde, mais elle est franchement sympa quand on apprend à la connaître.

— Je n'ai pas besoin d'apprendre à la connaître pour savoir que ce n'est qu'une peste pourrie gâtée qui passe son temps à critiquer les gens qu'elle croit inférieurs à elle.

— Tu la connais pas si mal en fait, dit Mason en pouffant de rire. Crois-moi, laisse faire le temps, elle pourrait peut-être te surprendre.

⠀ Liam déposa sa barre et se redressa sur le banc de musculation.

— Tu comprends pas. Cette fille a une mauvaise influence sur moi. Elle est douée pour me mettre en colère.

— Raison de plus pour apprendre à te maîtriser. Ce plateau-repas ne méritait pas ça.

⠀ Liam lâcha un soupir. Mason déposa ses haltères et s'approcha de lui.

— Écoute, je sais que tu n'es pas le gars violent et agressif que tout le monde croit que tu es. Tu es Liam Dunbar et tu es mon meilleur ami. Tu es quelqu'un de bien.

⠀ Liam se leva et ajouta trente-cinq kilos à sa barre.

— Je retire ce que je viens de dire, t'es complètement pas bien, dit Mason. Cette barre pèse cent trente-cinq kilos, tu vas te tuer.

⠀ Liam souleva sa barre avec une rapidité déconcertante. Il se redressa ensuite sous le regard stupéfait de son ami.

— Tu vois ? lança-t-il en esquissant un sourire. Je suis toujours vivant.

⠀ Mason le fixait avec admiration, la bouche grande ouverte.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Je crois qu'on devrait en parler à Scott, dit Malia en descendant les marches d'un escalier débouchant sur le hall principal.

⠀ Lydia lâcha un soupir.

— Tu as peint des gens morts. Je ne sais pas si c'est de l'art, mais ça me fiche les jetons.

⠀ Lydia se tourna vers elle puis la dévisagea.

— Quoi ? demanda Malia.

— Tu as de la peinture. Sur ton visage.

— Oh.

⠀ Malia s'essuya avec ses cheveux.

— C'est mieux maintenant ? demanda-t-elle.

⠀ Lydia ignora sa question.

— Écoute, avant d'en parler à qui que ce soit, je préfère d'abord m'assurer que tout ça n'est pas simplement lié à mon terrible et cruel manque de sommeil.

— Tu veux dire que tu vas faire appel aux esprits et parler aux murs jusqu'à ce qu'ils te répondent dans une langue étrangère ? demanda Malia.

— Les banshees ne font pas ça, rétorqua Lydia, vexée.

— Qu'est-ce qu'elles font alors ?

— Tu crois que je le sais ? Je ne peux rien déclencher en un claquement de doigt. Je ne suis pas comme vous. Je n'ai pas de griffes, mes yeux ne brillent pas et je n'ai pas de sens super développés. J'ai juste des voix dans ma tête et tu sais ce qu'elles me disent ?

— Que tu devrais prendre quelques jours de vacances ?

— Probablement, dit Lydia avant de s'en aller.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Maintenant que vous avez chacun votre partenaire, j'aimerais que vous mettiez votre créativité à l'épreuve en nous proposant une danse improvisée sur une musique aléatoire, déclara Sheila.

⠀ Certains élèves échangèrent des regards paniqués.

— Je vous rassure, ce n'est pas aussi difficile que vous le pensez. Faites preuve d'imagination. Dans le cas où vous ne savez vraiment pas quoi faire, continuez de danser, même si vous avez l'air d'une mouette blessée.

⠀ Elle balaya la salle du regard.

— Voyons voir.

⠀ Elle plissa les yeux.

— Vous deux, lança-t-elle en pointant Aibee et Cole du doigt. Je sens du potentiel. Faites-moi rêver.

⠀ Folle d'excitation, Aibee attrapa les mains de son partenaire pour l'entraîner au centre de la pièce.

— Je n'ai jamais encore dansé en duo, dit Cole.

— Chut, dit la jeune fille en posant son index sur ses lèvres.

⠀ Il haussa un sourcil.

— Ne dis plus rien et laissons nos corps s'exprimer, d'accord ?

⠀ Il hocha la tête et elle lui sourit tandis que les premières notes de musique se mirent à résonner dans la pièce. C'était une mélodie douce et rythmée. Aibee enroula ses bras autour de la nuque de Cole qui posa ses mains sur ses hanches. Ils se balancèrent de gauche à droite sans se quitter du regard. Cole saisit sa main et la fit tournoyer avant de la ramener contre lui. Avec une grande souplesse, elle se pencha en arrière tandis qu'il se penchait au-dessus d'elle. Ils se redressèrent puis s'éloignèrent.

⠀ Aibee s'adossa contre le miroir au fond de la salle. Elle effectua des mouvements sensuels avant de prendre son élan pour sauter dans les bras de son partenaire. Il la souleva tout en la faisant tourner puis la redéposa lentement au sol où elle fit un grand écart. Elle tendit ses bras vers lui afin qu'il l'aide à se relever puis elle bondit à nouveau sur lui en encerclant ses jambes autour de ses hanches.

⠀ Leurs fronts s'effleurèrent et ils se regardèrent dans les yeux. Leur respiration était irrégulière. Les cheveux d'Aibee tombèrent sur le visage de Cole. Elle fit courir ses doigts dans ses cheveux tandis que la musique entamait ses dernières notes.

⠀ Soudain, des cris s'élevèrent autour d'eux. L'instant d'après, Aibee fut projetée au sol. Cole était au-dessus d'elle. Juste derrière lui, un énorme projecteur était enfoncé dans le parquet.

— Est-ce que ça va ? demanda-t-il, inquiet.

⠀ Leurs visages n'étaient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre.

— Ça te dirait qu'on sorte un soir, tous les deux, rien que toi et moi ? demanda Aibee en égarant ses yeux sur ses lèvres.

⠀ Il fronça les sourcils.

— Tu as dû te cogner très fort, dit-il en inspectant son visage.

⠀ Il l'aida à se relever. Sheila s'approcha d'eux.

— Ça, c'est de la danse, les enfants ! s'exclama-t-elle. Vous avez fait des étincelles, littéralement.

⠀ Elle désigna le projecteur qui clignotait frénétiquement puis s'avança vers Aibee.

— Grand hibou noir, je t'aime bien, tu sais comment bouger ton popotin. Tu es destinée à un brillant avenir.

⠀ Elle tapa dans ses mains.

— Bien, maintenant, dégagez ! lança-t-elle à l'intention de ses élèves. Cette séance est terminée, on en a fini pour aujourd'hui ! Il y a quelque chose de pas très net dans l'air. Je dois exorciser cet endroit au plus vite.

⠀ Les élèves s'en allèrent. Aibee chercha Cole du regard, mais ce dernier était déjà parti. Elle soupira. Cette danse ne l'avait pas laissé indifférente et elle espérait que ce sentiment soit partagé.

— Cole et moi avons presque franchi le cap du premier baiser, dit-elle à Cat. C'est génial, non ? Quand je pense que je vais enfin devenir sa petite amie !

— Oui, c'est génial, répondit la jeune rousse.

— Je viens d'apprendre qui est ton partenaire. Je suis vraiment désolée.

— Ce n'est pas grave, Patrick est un garçon très gentil.

⠀ Elle salua un garçon brun qui l'observait sans cligner à l'autre bout de la pièce. Il se moucha dans son tee-shirt et lui sourit.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀ Allongé sur un banc de musculation, Liam continuait d'exercer sa force à l'aide d'une barre. Plus il ajoutait du poids, plus il accélérait ses mouvements. Il avait besoin de faire le vide dans son esprit et il ne comptait pas s'arrêter.

Liam.

⠀ Une voix féminine venait de lui chatouillait l'oreille. Il fronça les sourcils et tourna la tête. Il n'y avait personne d'autre à part lui.

Je t'ai manqué ?

— Quoi ? lança-t-il, confus.

Laisse-moi te rafraîchir la mémoire. Tu te rappelles de ce fameux soir sur le toit de ton lycée ?

⠀ Les doigts de Liam se crispèrent autour de la barre.

Ce fameux soir où je t'ai mordu ?

— Non, non, dit-il en secouant la tête. Ce n'est pas-

Réel ? Oh si, ça l'est.

⠀ Liam déglutit.

Je suis ici. Je suis réelle.

⠀ Terrassé par un horrible mal de crâne, il poussa un hurlement quand il aperçut le colosse qu'il avait croisé plus tôt dans le couloir se pencher au-dessus de lui.

⠀ Terrifié, il lâcha la barre qui s'écrasa brusquement contre son abdomen en compressant peu à peu ses poumons. Affolé par le manque d'oxygène, il se mit à suffoquer.

Que tu le veuilles ou non, ta place est avec moi, Liam. Avec moi et avec personne d'autre.

— Liam ! s'écria quelqu'un en accourant dans la pièce.

⠀ Le jeune homme reconnut la voix de Scott. Ce dernier saisit la lourde barre afin de le libérer.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda-t-il.

— Je vais bien, dit Liam en tentant de reprendre sa respiration.

⠀ Il leva les yeux vers le miroir en face de lui. Le reflet du  colosse l'observait.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀ Quittant l'entrée principale du lycée, Aibee s'arrêta en remarquant le garçon du bus, debout près des escaliers. Il lui fit un timide signe de la main. Elle s'approcha de lui.

— Salut, lança-t-elle. Joey, c'est ça ?

— Je m'appelle Jeff.

— C'est pas ce que j'ai dit ?

— Non.

— Oh, je suis désolée, Jason. J'espère que tu ne m'en veux pas. Il y a quelque chose que tu voulais me dire ?

⠀ Il fouilla à l'intérieur de son sac à dos et en sortit une feuille.

-— Je... je voulais te rendre le résumé du livre pour ton devoir de littérature, bafouilla-t-il.

⠀ Il donna la feuille à Aibee.

— Tu n'as plus qu'à recopier ce que j'ai écrit.

— Oh, c'est vraiment gentil, James ! Il fallait pas.

⠀ Il haussa les épaules en rougissant.

— C'est rien.

— Non, vraiment, tu n'avais pas à faire ça. Je ne veux absolument pas que tu penses que je profite de ta gentillesse.

⠀ Elle lui sourit.

— Dis-moi, tu es doué en histoire ? demanda-t-elle. Parce que j'ai un examen la semaine prochaine et je n'ai toujours pas commencé à réviser.

— Euh... eh bien-

— Je plaisante ! s'exclama Aibee.

⠀ Elle ricana et lui frappa l'épaule. Il rit et remonta maladroitement la monture de ses lunettes.

— Non sérieusement, tu pourrais m'aider ? demanda-t-elle.

— Oui... b-bien sûr, répondit-il.

— Tu sais que je t'adore toi ? Tu parles pas beaucoup, mais tu sais toujours comment employer les mots justes.

— Aibee ? lança une voix derrière eux.

⠀ Elle se retourna et vit Andrew. Il fixait Jeff.

— Jeff, dit-il.

⠀ Ce dernier baissa la tête. Aibee fronça les sourcils. Andrew reporta son attention sur elle.

— Je te cherchais.

⠀ Les yeux de la jeune fille s'illuminèrent subitement.

— Ah oui ? demanda-t-elle avec un grand sourire.

— Je me demandais si tu voulais faire un tour dans ma voiture.

— Là, maintenant, tout de suite ?

⠀ Il hocha la tête.

— Comment est-ce que je pourrais refuser ? Je déteste prendre le bus !

⠀ Andrew rit et Aibee le suivit en direction du parking.

— À bientôt, Jace ! lança-t-elle à Jeff avant de s'en aller.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Vous voulez vous occupez de notre affaire actuelle ? demanda le shérif en haussant les sourcils.

⠀ Assis devant son bureau, il dévisageait l'agent McCall.

— En ce qui me concerne, je considère que je m'en occupe déjà, dit Rafael. J'ai fait appel à des experts venus de-

— Quantico, oui, je sais, l'interrompit le shérif. Cependant, je crois que nous pouvons nous passer de ce type d'intervention. Mon équipe est déjà sur le coup et-

— Votre service est incapable de boucler une affaire. Je suis du FBI. Je peux vous apporter beaucoup grâce à mon expérience.

— Je vous demande pardon ? rétorqua Mr. Stilinski en se redressant dans son siège. Nos enquêtes se poursuivent sans relâche. Nous avons identifié et analysé les corps à de nombreuses reprises. Il n'y a rien pour l'instant.

— Pour l'instant, shérif. Creusez encore un peu et vous trouverez sûrement quelque chose.

— Vous savez quoi ? Je comprends parfaitement votre frustration. Ça fait des mois que vous tentez de mettre la main sur une affaire parce que personne ne se porte volontaire pour vous en affecter une. Navré de vous décevoir, mais avec ou sans l'aide du FBI, je suis le seul qui commande ici. Je ne vous donnerai pas cette enquête, ni aucune autre. J'espère que c'est clair.

⠀ Rafael serra les dents.

— Quelquefois, je me demande comment font nos fils pour se supporter, lança-t-il avant de quitter le commissariat.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀ Assise sur le siège passager, Aibee ne décollait pas son attention d'Andrew. Elle semblait distraite par les courbes de son visage, tandis qu'il conduisait silencieusement sa Chevrolet Camaro rouge écarlate, vitres baissées et cheveux au vent.

— Rachel a raison, dit-il sans quitter son regard de la route. Tu danses vraiment bien.

— Merci, répondit-elle, prise au dépourvu. Et toi tu conduis vraiment bien. Mieux que Stiles en tout cas. En fait, je crois que tout le monde peut tout mieux faire que lui.

⠀ Andrew ricana.

— En parlant de Rachel, reprit Aibee. C'est vrai que vous faites une pause tous les deux ?

— En quelque sorte.

— En quelque sorte ? répéta-t-elle en riant.

— Quoi ? demanda-t-il.

— Tu es toujours aussi mystérieux ?

— J'en sais rien, tu me trouves mystérieux ?

— J'ai bien vu ce qui s'est passé toute à l'heure entre toi et Greg.

⠀ Andrew fronça les sourcils.

— Tu veux dire Jeff ?

— Peu importe.

— On étaient voisins tous les deux, dit-il en haussant les épaules. Un jour, il a déménagé et on a perdu contact.

— C'est tout ? demanda Aibee, suspicieuse. Il a juste déménagé ?

— Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que tu as du mal à y croire ?

— Je sais pas. On ne dirait pas qu'il a juste déménagé, mais que quelque chose s'est passé et qu'ensuite il a déménagé.

— On étaient proches avant. Quelque chose s'est passé et plus rien n'a été pareil entre nous.

— Alors, vous étiez amis avant ?

Andrew resta silencieux.

— Désolée. Peut-être que tu n'as pas encore remarqué, mais je pose beaucoup de questions.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Où est-ce qu'on est ? demanda Aibee en posant les pieds hors du véhicule.

— Dans la forêt, répondit Andrew en fermant sa portière.

— Ça je le sais, mais qu'est-ce qu'on fait ici ?

— Tu continues avec tes questions, rit le jeune homme.

⠀ Il lui tendit sa main et elle l'attrapa pour se mettre debout, non sans frissonner légèrement au contact de sa peau. Elle lui sourit, puis observa les environs. Ils se trouvaient à proximité d'une clairière bordée de saules pleureurs.

— Je veux te montrer quelque chose, dit-il avant d'emprunter un sentier étroit. Suis-moi, je suis sûr que tu vas aimer.

— Tu sais, je n'aime pas tellement les balades en pleine nature, dit-elle. En particulier avec ces chaussures.

⠀ Elle avançait difficilement tandis que ses escarpins s'enfonçaient de plus en plus profondément dans la terre à chacun de ses pas.

— J'ai été scoute quand j'étais plus jeune. J'étais la meilleure de mon équipe, mais c'était avant que je m'intéresse à autre chose qu'aux chansons de feu de camp et à la chasse aux lucioles.

⠀ Andrew esquissa un sourire.

— Tu ne devrais pas te sentir trop déboussolée dans ce cas.

⠀ Aibee pouffa en écartant plusieurs branches de son passage.

— Je n'ai aucune chance de me perdre ici, tu peux me croire.

⠀ Elle s'arrêta brusquement et regarda autour d'elle.

— Andrew ? lança-t-elle. Où est-ce que tu es ?

— Par ici ! s'exclama ce dernier, posté sur un immense rocher, quelques mètres plus bas.

⠀ Elle le rejoignit avec une extrême précaution. Il lui saisit les hanches pour l'aider à descendre une petite pente raide et glissante. Devant eux s'étendait un lac à perte de vue.

— Whoah, c'est vraiment magnifique, s'émerveilla l'adolescente. Je serais presque tentée de prendre une selfie, mais je ne porte pas mon meilleur gloss aujourd'hui.

— Je venais souvent ici quand j'étais gosse. Avec Rachel, on avait l'habitude de s'asseoir sur ce rocher pour écouter le bruit du courant.

— C'est romantique, dit Aibee.

— Oui, ça l'est. Mais tu veux savoir ce qui est bien plus amusant ?

⠀ Il se baissa pour ramasser un caillou qu'il lança à la surface de l'eau.

— Les ricochets, dit-elle, amusée.

⠀ Elle l'imita. Son caillou rebondit dix-huit fois au-dessus de l'eau. Andrew haussa les sourcils, surpris.

— C'est impressionnant, dit-il.

— Oh non, c'est rien, tout ce que tu as à faire c'est d'imaginer que la personne que tu détestes le plus au monde se trouve de l'autre côté de la rive. Pour ma part, j'ai pensé très fort à Mildred.

— La serveuse de la cantine ?

— Cette femme est ignoble. Elle n'arrête pas de me servir cette purée verte répugnante qui ressemble à du vomis.

— Je dois dire que tu m'étonnes. J'aurais parié que tu pensais très fort à Mandy. Entre nous, cette gamine est vraiment diabolique.

⠀ Ils éclatèrent de rire.

— Je peux te poser une question ? demanda Aibee.

— C'est assez ironique comme question, tu ne trouves pas ?

⠀ Elle sourit.

— Est-ce que je suis la première fille à part Rachel que tu emmènes ici ?

— Tu veux vraiment le savoir ?

⠀ Elle hocha la tête.

— Rachel me tuerait si elle apprenait que je t'ai emmené ici.

— Dans ce cas, pourquoi est-ce que je suis ici ?

— Parce que tu es spéciale.

⠀ Aibee haussa les sourcils et il s'interrompit.

— C'était cliché, pas vrai ? demanda-t-il.

— Très, mais si on était dans un film, ce serait probablement ma réplique préférée.

⠀ La jeune fille s'avança au bord du rocher pour tremper sa main dans l'eau.

— Je te conseille pas d'entrer là-dedans, dit Andrew.

⠀ Elle se redressa et se tourna vers lui.

— Il y a quelques années, quelqu'un s'est noyé ici. Personne ne sait comment s'est arrivé, mais depuis, Willow Lake a une mauvaise réputation. Disons que ce n'est plus qu'un bel endroit où quelque chose d'horrible a eu lieu.

— Whoah, l'atmosphère est devenue vraiment glauque tout d'un coup. Si Mason était là, ils nous auraient sûrement encore raconté des histoires morbides où les gens se font arracher la cervelle par des morts vivants assoiffés de sang.

— Je vois que tu passes beaucoup de temps avec lui.

— Oui, j'ai découvert qu'on avait des tas de points communs comme le fait qu'on aime tous les deux les garçons.

⠀ Andrew rit.

— Grimpe sur mon dos, dit-il.

— Quoi ?

— Tu me fais confiance ?

⠀ Aibee le fixa longuement puis retira ses escarpins avant de sauter sur son dos. Elle se raidit aussitôt.

— Tu me crois si je te dis que j'ai le vertige ? lança-t-elle. Tu pourrais pas rétrécir un peu ?

⠀ Le jeune homme ricana.

— Je plaisante pas, ne me laisse pas tomber, j'ai pas envie de me casser un ongle !

— Accroche-toi.

⠀ Aibee enroula ses bras autour du cou d'Andrew et il se mit alors à courir le long de la rive. D'abord paniquée, la jeune fille se laissa très rapidement prendre au jeu et ils passèrent leur après-midi à rire tous les deux à l'unisson comme deux jeunes enfants insouciants.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Saletés d'écureuils ! gronda Aibee en époussetant sa jupe sur le bord du trottoir de son quartier. Je déteste ces petites bêtes qui sautent et volent partout.

— Les écureuils ne volent pas, rétorqua Andrew, adossé contre sa voiture.

— Mais ils adorent grimper sur les arbres. Sérieusement, est-ce que j'ai l'air de ressembler à un arbre ?

⠀ Il s'approcha d'elle et elle leva les yeux vers lui. D'un geste doux, il effleura sa joue du bout de ses doigts. Elle retint sa respiration, intimidée par leur soudaine proximité.

— Tu avais une brindille dans les cheveux, dit-il.

⠀ Elle égara son regard sur ses lèvres.

— Merci, dit-elle.

— Encore désolé pour tes chaussures.

⠀ La jeune fille observa les escarpins qu'elle tenait dans sa main. Ils étaient maculés de boue.

— Ce n'est pas grave, dit-elle en haussant les épaules. Je ne comptais pas les garder de toute façon. Elles ne sont plus tendances depuis le mois dernier.

⠀ Elle tendit la paire de souliers à Andrew qui la regarda d'un air confus.

— Ce sont des Yves Saint Laurent. Donne-les à ta mère. Elle en aura sûrement plus besoin que moi.

— Merci ? dit-il. Je suppose qu'on se verra plus tard au match ?

⠀ Aibee esquissa un sourire.

— Je prendrai la meilleure place.

— Ton père viendra aussi ? demanda-t-il en regardant par dessus son épaule.

⠀ Aibee fronça les sourcils et se retourna. Debout sous l'éclairage du porche, le shérif les observait, les bras croisés contre sa poitrine.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Je pensais avoir été clair, dit Mr. Stilinski en refermant la porte d'entrée. Tu es privée de sortie. Pas d'amis, pas de fêtes, pas de téléphone, pas d'ordinateur, pas de télé et pas de virées en voiture avec des garçons.

⠀ Aibee roula les yeux.

— D'ailleurs, qui était ce garçon ?

— Il s'appelle Andrew. Il était à la fête foraine, tu te rappelles ?  Il est vraiment gentil, il fait toujours ses devoirs et il n'a pas de casier judiciaire.

⠀ Le shérif lâcha un soupir.

— Tu sais que je n'aime pas être sévère, mais si tu continues de me désobéir, je serai contraint de rallonger ta punition et nous savons tous les deux que ce n'est pas ce que tu veux alors, maintenant, tu vas monter dans ta chambre et tu ne vas pas la quitter de la nuit à part si le toit s'effondre, ce qui n'arrivera pas.

— Je t'en prie, papa, je ne peux pas rester ici ce soir, supplia Aibee. Je ne veux pas rater le match.

— Quel match ?

— Le match de crosse.

— Je ne vois pas de raison à ce que tu ailles à ce match. Ce n'est pas comme si Stiles allait jouer ce soir.

⠀ Le shérif tourna les talons sous le regard confus d'Aibee.

— Euh, papa ?

— Quoi ? rétorqua-t-il en se retournant.

— Stiles va jouer ce soir, dit-elle.

⠀ Mr. Stilinski haussa les sourcils, stupéfait.

— C'est vrai ? s'étonna-t-il.

⠀ Il s'interrompit.

— Ce soir ? Sur le terrain ? Avec le reste de l'équipe ?

⠀ Aibee hocha la tête.

— Oublie ta punition, dit le shérif en décrochant un blouson du porte-manteau. On ne peut pas rater ça.

— Je vais me préparer ! s'exclama la jeune fille avant de filer à toute vitesse dans les escaliers.

— Où sont tes chaussures ? demanda Mr. Stilinski, les sourcils froncés.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Hey, lança Scott à Kira en s'asseyant à ses côtés sur le banc disposé devant les gradins.

— Hey, répondit-elle d'une voix anxieuse.

— Prête ?

— Non. Pour être honnête, j'ai envie de m'enfuir d'ici. En courant. Le plus vite possible.

⠀ Scott rit.

— Tout va bien se passer. N'aie pas peur.

— Je n'ai pas peur, dit Kira. Je suis terrifiée. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais j'ai un mauvais pressentiment et il grandit au fil des secondes.

⠀ Scott prit sa main dans la sienne. Elle frémit immédiatement sous son toucher.

— Tu te sens mieux maintenant ? demanda-t-il.

— Un peu.

— YUKIMURA ! s'écria le coach, plus loin. VENEZ ICI !

⠀ Kira se leva brusquement. Scott attrapa son bras.

— Ça va aller ? lui demanda-t-il à nouveau.

⠀ Elle hocha la tête puis s'en alla. Scott sourit puis se baissa un instant pour refaire ses lacets. Lorsqu'il se leva, il sentit des lèvres se presser subitement contre les siennes et des mains se poser derrière sa nuque.

⠀ Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'il remarqua qu'il s'agissait de Kira. Afin d'approfondir le baiser, il posa ses mains sur ses hanches.

— Maintenant, ça va aller, souffla-t-elle après s'être détachée de lui.

⠀ Scott la regarda, décontenancé, la bouche entrouverte et les sourcils haussés. Elle lui sourit avant de s'éloigner en courant.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Il y a beaucoup de monde ici, fit remarquer le shérif en gravissant les marches des gradins.

⠀ Il tenait entre ses mains un grand paquet de pop-corns.

— Oui, et tous ces gens me voient avec toi, dit Aibee, derrière lui. Tu aurais pu faire un effort et porter une tenue qui ne te donne pas l'air d'avoir presque cinquante ans.

— J'ai presque cinquante ans, répondit-il.

— Ne le dis pas trop fort, il y a des choses qu'il vaut mieux garder pour soi.

— Comme le fait que tu ne m'aies toujours pas dit où ce garçon t'a emmené avec sa voiture ?

— Par exemple.

— Tu sais, à ton âge, je peux comprendre que tu commences à traîner avec des garçons, mais-

— Pitié, ne me dis pas qu'on est sur le point d'avoir ce genre de discussion ici. Autant m'étouffer avec du pop-corn.

— Ce que je veux dire, reprit Mr. Stilinski, c'est que tu devrais concentrer ton attention sur des choses beaucoup plus utiles. Comme l'école ou le tri sélectif.

— Je trie déjà mes vêtements par ordre de marque et de couleur, dit Aibee. En revanche, toi tu devrais penser à ne plus mettre de vêtements ordinaires et délavés. Si je travaillais pour la police de la mode, tu serais déjà en prison.

⠀ Elle s'interrompit.

— Tu dois me comprendre, je suis populaire, je dois faire attention à mon apparence.

— Moi aussi je suis populaire, dit le shérif.

⠀ Elle le fixa, peu convaincue.

— Bonsoir, monsieur, dit Rachel en s'approchant d'eux. Je ne m'attendais pas à vous voir ici. C'est un véritable honneur.

⠀ Mr. Stilinski se tourna vers sa fille d'un air fier.

— Salut, Rachel, Aibee. Tu es venue seule ?

— Non, avec Andrew, répondit-elle en souriant. Je suis venue l'encourager.

— Nous sommes venus encourager le numéro 24, ajouta Mr. Stilinski. C'est mon fils et apparemment, il joue. Ce soir. Sur le terrain. Avec le reste de l'équipe.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Vous vouliez me voir, coach ? demanda Kira.

— QU'EST-CE QUE C'ÉTAIT QUE ÇA ? beugla Finstock. VOUS N'ÊTES PAS AUTORISÉS À EMBRASSER DES GENS SUR LE TERRAIN ! C'EST POUR ÇA QUE VOUS PORTEZ DES CASQUES !

⠀ Kira baissa la tête.

— Désolée, coach.

— Ne sois pas désolé ! Sois un homme !

⠀ Elle fronça les sourcils.

— Je suis une fille, dit-elle.

— C'est ça ! répliqua le coach. Et moi je suis le président des États-Unis d'Amérique !

⠀ Il consulta la feuille qu'il tenait entre ses mains.

— C'est ton premier match, c'est ça ?

— Oui, coach.

— Je sens d'ici ton indéniable volonté de vaincre, dit-il. Tu es sans aucun doute doté d'un très fort potentiel.

— Vraiment ? s'étonna Kira, stupéfaite.

— Absolument. Tu es l'élément qui manquait à notre équipe et je compte sur toi ce soir.

⠀ Un grand sourire s'étira sur le visage de la jeune fille.

— Pour distribuer des serviettes et des bouteilles d'eau à l'ensemble de tes camarades, ajouta Finstock. N'oublie pas, l'important dans le jeu n'est pas de jouer, mais de savoir quand on ne doit pas jouer.

⠀ Kira soupira et regagna le banc tandis que le reste de l'équipe commençait à s'échauffer sur le terrain.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀ Venue assister au match, Melissa tentait tant bien que mal de se frayer un chemin parmi la foule de personnes présentes dans les tribunes. Cependant, bousculée par toute cette agitation, elle heurta accidentellement quelqu'un.

— Désolée, s'excusa-elle.

⠀ Elle s'immobilisa en remarquant la personne à laquelle elle venait de s'adresser.

— Rafael ? s'étonna-t-elle.

⠀ Ce dernier se tenait près de la dernière rangée de places disponibles.

— Bonsoir, Melissa, dit-il, tout aussi étonné qu'elle.

— Qu'est-ce que tu fais ici ?

— Je suis venu voir Scott.

⠀ Elle parut grandement surprise.

— Oh, j'espère qu'il te verra aussi, dit-elle. Dans le pire des cas, tu passeras inaperçu à ses yeux, exactement comme tu l'as été pendant ces dix dernières années.

⠀ Vexé, Rafael se renfrogna, tandis qu'elle se contentait de lui sourire avec une hypocrisie non dissimulée. Elle passa devant lui pour aller s'asseoir. Il se racla la gorge et s'assit à côté d'elle. L'ambiance était tendue.

— J'ai ramené des pop-corns, lança gaiement Gary en les rejoignant.

⠀ Il s'installa près de Melissa qui se trouvait désormais entre les deux hommes.

— Merci, dit-elle avant de lui arracher rageusement le paquet des mains.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀ Assise au premier rang des gradins, Malia observait le déroulement des échauffements des joueurs sur le terrain. Son attention était particulièrement tournée vers Stiles qui venait de s'écrouler dans l'herbe après avoir effectué une série de pompes.

— Dis-moi honnêtement ce qui te plaît chez lui, dit quelqu'un à côté d'elle.

⠀ La jeune fille tourna la tête et vit Isaac. Elle serra la mâchoire.

— C'est quoi ton problème ? demanda-t-elle sèchement.

⠀ Il ricana.

— Je crois qu'il n'y a qu'un seul problème et il vient de toi.

⠀ Malia fronça les sourcils.

— Tu ne sais pas ce que tu veux, dit Isaac. Si tu tenais vraiment à Stiles, tu ne m'aurais jamais laissé t'embrasser.

— Ça n'arrivera plus, rétorqua-t-elle en lui jetant un regard mauvais.

— Tu en es sûre ?

⠀ Il esquissa un sourire en coin.

— Écoute, je ne t'aime pas, d'accord ? Je suis juste physiquement attirée par toi, ce qui est complètement différent. Je suis avec Stiles et on est heureux ensemble.

— Tu sais que tu pouvais me dire tout ça sans sortir tes griffes ? répliqua Isaac.

— C'est pas vrai ! s'exclama Malia en remarquant l'état de ses mains qu'elle glissa dans les poches de sa veste. C'est à cause de toi ! Tu m'as énervé et maintenant je suis frustrée !

⠀ Elle lâcha un soupir.

— Sexuellement ? demanda Isaac en arquant un sourcil.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀ Courant sur le terrain, Liam s'échauffait en attendant le coup de sifflet du coach. Au fond de lui, il se sentait prêt à affronter les Vultures, l'équipe de Devenford Prep, mais il y avait cette autre part de lui qui ne cessait de lui rappeler que le pire était encore possible.

⠀ Quelqu'un lui fit un croche-pied et il trébucha violemment sur le gazon.

— Désolé.

⠀ Il reconnut la voix de Brett et leva les yeux vers lui. Celui-ci avait la main tendue dans sa direction. Liam le regarda avec hésitation pendant quelques instants avant d'accepter finalement son aide. Lorsqu'il fut debout, Brett resserra sa poigne, ce qui lui arracha une grimace.

— Je ne suis pas venu ici pour la compétition, Dunbar, dit-il d'un ton menaçant. Je vais montrer à tout le monde ici ce soir que tu n'es rien de plus qu'un pauvre raté. Je vais te mettre une raclée et je peux te promettre que tu vas t'en souvenir toute ta vie.

⠀ Liam le fusilla du regard. Il sentait son sang bouillir dans ses veines.

— Si tu pensais sortir de l'enfer en venant t'installer à Beacon Hills, tu t'es trompé.

⠀ Un sifflement aigu résonna puis la voix impatiente du coach s'éleva dans les airs. Brett relâcha Liam puis alla rejoindre son équipe.

— RAPPROCHEZ-VOUS, BANDE DE DEMEURÉS ! s'écria Finstock à l'intention de ses joueurs.

⠀ Ils formèrent tous un cercle autour de lui.

— J'espère que vos parents ne sont pas venus vous regarder ce soir parce que l'affrontement risque d'être si brutal qu'ils risquent de ne pas vous reconnaître ! s'exclama-t-il. L'équipe de Devenford Prep est réputée pour être l'une des équipes de crosse les plus redoutables des environs. Ils sont forts, ils sont rapides et ils ont des superbes coupes de cheveux ! Ne vous laissez pas intimider !

⠀ Tout à coup, il attrapa le bras de Liam et l'attira contre lui.

— Viens par ici, p'tit gars ! Je compte sur vous pour prendre soin de notre ami Dunbar. Brisez-lui le moins d'os possible. Nous avons besoin de lui en un seul morceau.

⠀ Il se pencha vers le jeune homme.

— Je te fais confiance, champion, lui souffla-t-il à l'oreille. N'oublie pas ce que je t'ai dit.

⠀ Liam hocha la tête en déglutissant. Le coach lui frappa l'épaule, puis fit signe aux joueurs de s'avancer sur le terrain pour le début du match.

— McCall ? lança-t-il.

⠀ Scott se tourna vers lui.

— Oui, coach ?

— Prouve-moi que tu as encore l'âme d'un bon capitaine.

⠀ Scott acquiesça et mit son casque. Stiles l'imita. Finstock le dévisagea.

— Stilinski ? Tu ne joues pas ce soir !

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀ Seule dans le hangar à bateaux situé derrière le manoir de sa grand-mère, Lydia contemplait les reflets de la lune qui dansaient à la surface du lac. Elle avait toujours adoré venir à cet endroit, spécialement la nuit car il lui semblait que l'eau se confondait avec le ciel et qu'elle pouvait y apercevoir les étoiles.

⠀ Cet endroit semblait toujours calme et paisible et la jeune fille se sentait bercée par un sentiment de sérénité qui lui faisait oublier pendant l'espace de quelques instants toutes ses préoccupations.

⠀ Un grincement sourd à quelques mètres derrière elle l'extirpa cependant de ses pensées. Avec prudence, elle saisit discrètement une rame en bois posée à l'intérieur d'une barque et se retourna brusquement en la brandissant devant elle pour se défendre.

⠀ Un cri la fit sursauter et elle écarquilla les yeux en reconnaissant sa mère. Cette dernière était terrifiée.

— Oh mon dieu, maman ! s'exclama Lydia. Qu'est-ce que tu fais ici ?

⠀ Mme. Martin la regarda d'un air ahuri. Elle porta une main à sa poitrine et tenta de reprendre un souffle normal.

— Toi qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-elle.

⠀ Lydia roula les yeux et déposa la rame contre un mur.

— Rien du tout, répondit-elle.

— On ne devrait pas rester là. C'est une scène de crime.

⠀ Lydia ignora sa remarque.

— Comment est-ce que tu as su que j'étais ici ?

— Je l'ai su parce que je te connais, chérie, répondit Natalie. Tu viens toujours te réfugier ici lorsque tu m'en veux.

— Je ne t'en veux pas.

⠀ Elle s'interrompit.

— Bon d'accord, peut-être un petit peu.

⠀ Mme. Martin soupira.

— Est-ce que c'est à cause de ce stupide tourne-disque ? demanda-t-elle.

— Il n'a rien de stupide ! rétorqua Lydia d'un ton sec. Il appartenait à grand-mère !

⠀ Un silence pesant suivit ses paroles.

— Je sais que vous n'avez jamais été très proches toutes les deux, mais elle a toujours veillé sur moi quand j'en avais besoin, reprit-elle. Je ne peux pas faire comme toi et prétendre qu'elle n'a jamais existé. Ce tourne-disque est peut-être stupide comme tu dis, mais c'est la dernière chose qu'il me reste d'elle.

⠀ Des larmes perlaient au coin de ses yeux comme à chaque fois que le souvenir de sa grand-mère lui revenait en mémoire. Le visage de Natalie semblait lui aussi marqué par l'émotion, mais celle-ci demeurait indéchiffrable.

— Pas exactement, souffla-t-elle.

⠀ Lydia fronça les sourcils.

— Quoi ?

— J'ai essayé, dit Mme. Martin. J'ai essayé de ne rien te dire, mais c'est devenu trop dur.

⠀ Elle passa une main dans ses cheveux. Lydia fit un pas vers elle.

— De quoi est-ce que tu parles, maman ?

⠀ Natalie lâcha un soupir.

— Tu as dix-huit ans maintenant. Je suppose que c'est le moment.

⠀ Lydia la fixa d'un air inquiet.

— Maman, tu me fais peur, dit-elle.

⠀ Mme. Martin se dirigea vers une étagère et récupéra un pot à fleurs. Elle le tendit à Lydia qui la dévisagea.

— Ce sont des engrais, fit-elle remarquer.

— Non, chérie, rétorqua Natalie. Ce sont les cendres de ta grand-mère.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀ Assise dans les gradins, Aibee avait les yeux rivés sur les joueurs rassemblés sur le terrain, cependant, l'un d'entre eux l'intriguait particulièrement.

— C'est qui le garçon torse nu ? demanda-t-elle, piquée par la curiosité.

— Brett Talbot, répondit Rachel, assisse à côté d'elle. Le capitaine de l'équipe adverse.

⠀ La jeune fille comprit pourquoi il lui semblait aussi familier. Brett était le garçon qu'elle avait rencontré à la fête et qui lui avait lancé le défi de danser sur la table sans ses vêtements. Elle dissimula son étonnement. Elle ne pensait pas le revoir.

— Liam le déteste, dit Rachel. Enfin, c'est ce que Mason m'a raconté.

— Quelqu'un a dit mon nom ? lança ce dernier en s'arrêtant à leur rangée. Désolé pour le retard, j'étais occupé à télécharger des nouveaux films.

⠀ Il remarqua la présence du shérif et se raidit.

— De manière toute à fait légale, bien sûr, ajouta-t-il en se raclant la gorge.

⠀ Il prit rapidement place à côté de Rachel. Aibee rit et secoua la tête avant de reporter son attention sur le terrain. Au même instant, elle croisa le regard d'Andrew. Il lui fit un clin d'œil auquel elle répondit par un sourire, mais elle se ressaisit bien vite lorsqu'elle vit Rachel souffler un baiser à l'intention du jeune homme. Contrariée, elle avala une grosse poignée de pop-corns.

— Je comprends ta déception, poussin, dit Mr. Stilinski. Je crois que Stiles ne va pas jouer ce soir.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Scott joue vraiment bien, commenta Rafael, impressionné.

⠀ Melissa hocha la tête.

— Notre fils est doué, dit-elle.

Mr. McCall sourit.

— Il a toujours voulu accomplir de grandes choses, dit-il. Il ne faisait jamais rien comme les petits garçons de son âge, tu te souviens ?

— Oui, il volait mes collants et se prenait pour un super-héros, ricana Melissa.

— On a dû verrouiller la fenêtre de sa chambre à plusieurs reprises parce qu'il essayait d'imiter Batman.

⠀ Ils rirent.

— Et maintenant, il est le capitaine de son équipe, ajouta Rafael. Je suis fier de lui.

⠀ Heureux, il glissa sa main dans le paquet de pop-corns de Melissa. Elle lui frappa violemment les doigts.

— Tu peux être fier de lui sans toucher mes pop-corns, cracha-t-elle.

⠀ Gary se servit à son tour puis se pencha vers Melissa pour l'embrasser sous le regard stupéfait de Rafael.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀ Encouragés par les acclamations de la foule en délire, les joueurs s'affrontaient sans relâche sur le terrain. Les deux équipes étaient si déterminées que chaque minutes qui s'écoulaient ne faisaient que renforcer davantage leur soif de victoire.

⠀ Pour Liam, ce match représentait un enjeu de taille. En le remportant, il pourrait prouver à tout le monde ainsi qu'à lui-même qu'il était bien plus qu'un adolescent qui lançait des balles pour canaliser sa frustration.

— Il n'est pas trop tard pour rentrer chez toi, Dunbar, lança Brett, en position de défense.

⠀ Il sourit à Liam qui le défia du regard.

— Je parie que ta mère t'a préparé une bonne petite soupe pour te remonter le moral après la défaite, continua-t-il. Elle va probablement te chanter une petite berceuse avant que tu ailles dormir.

⠀ Quelques joueurs se mirent à ricaner. Liam serra le manche de sa crosse puis fonça sur Brett qui le poussa violemment en arrière. Il tomba alors au sol et se fit subtiliser la balle qui atterrit dans les filets du but, gardé par Andrew.

⠀ Les supporters de Devenford Prep poussèrent des hurlements en agitant des maillots vert et blanc aux couleurs de leur équipe. Au même moment, l'arbitre fit retentir son sifflet qui annonçait le début de la mi-temps.

— Je vois que certains d'entre vous ont bu du Red Bull ce soir ! s'exclama Finstock avec enthousiasme. Restez concentrés ! Nous sommes en tête, mais le jeu n'est pas encore terminé ! McCall, ne change rien ! Dunbar ?

— Oui, coach ? lança le jeune homme en se massant l'épaule.

— Tu attends quoi pour marquer un but ? Que je perde mes cheveux ? Active-toi un peu, tu auras le temps de te reposer quand tu seras mort !

⠀ Liam acquiesça avant d'aller s'isoler dans les vestiaires. Il ouvrit le robinet et poussa un long soupir en se rafraîchissant le visage. Il se regarda ensuite dans le miroir. Ses cheveux étaient en bataille et son maillot semblait abîmé à cause de ses chutes répétées, seulement, un tout autre détail frappa son attention. Derrière lui se tenait la silhouette d'une femme, tapie dans la pénombre.

⠀ Il se retourna en sursautant.

— Bonsoir, Liam, dit Kate tandis qu'un sourire en coin se dessinait sur ses lèvres. Je suis sûre que tu ne pensais pas qu'on se reverrait.

⠀ Le jeune homme frémit à la vue de ses canines pointues. Ses yeux verts brillaient vivement à travers la demi-obscurité.

— Est-ce que je suis assez réelle pour toi maintenant ? demanda-t-elle en faisant un pas vers lui.

⠀ Il recula avec méfiance.

— Détends-toi, ricana-t-elle. Je ne vais pas te mordre.

⠀ Liam lui jeta un regard noir.

— Oh, désolée. Ça te rappelle de mauvais souvenirs ?

⠀ Elle sourit puis l'observa des pieds à la tête.

— Tu as beaucoup changé depuis la dernière fois, dit-elle en attardant son regard sur ses biceps saillants. J'espère être la seule à l'avoir remarqué. Les gens comme nous se doivent de rester discrets.

⠀ Liam serra la mâchoire.

— Je ne suis pas comme vous, rétorqua-t-il sèchement.

— Tu n'as pas foncièrement tort, plaisanta Kate. Nous ne sommes pas vraiment de la même espèce, mais que tu l'acceptes ou non, je t'ai crée, Liam.

— Qu'est-ce-que vous voulez de moi ?

— Ce n'est pas la bonne question. La bonne question est : Qu'est-ce toi tu veux ?

⠀ Liam fronça les sourcils, confus par sa réponse.

— Scott McCall est en train de détruire tes chances d'être le vrai gagnant de ce soir. Tu comptes réellement le laisser faire ?

⠀ Il serra les poings. Ses jointures blanchirent.

-— Ne réfléchis pas autant, reprit Kate.

⠀ Elle se pencha vers lui.

— Fais ce que tu as vraiment envie de faire, ajouta-t-elle avant de lui sourire. Mets-toi en colère.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Une bouteille d'eau et une serviette ? demanda Kira, assise sur le banc tandis que Scott s'approchait d'elle.

— Euh, merci ? dit-il en acceptant sa proposition. Je suis désolé que tu ne puisses pas jouer ce soir.

— Ce n'est pas grave, répondit-elle en haussant les épaules.

— Tu plaisantes ? s'indigna Stiles, à côté d'elle. C'est grave ! On a le droit de participer nous aussi ! J'en ai marre de rester ici, je commence à avoir des crampes à des endroits de mon corps que je ne connaissais pas et mon dos-

⠀ Il fut interrompu par l'arrivée de Liam.

— Une bouteille d'eau et une serviette ? lui demanda Kira.

⠀ Liam lui arracha la bouteille et la serviette des mains puis bouscula Scott avant de s'éloigner sous le regard surpris des trois amis.

— C'est juste moi ou il a vraiment l'air irrité ce soir ? lança Stiles d'un air suspicieux.

— Non, je dirais que c'est plus que ça, dit Scott. Il est en colère.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Pourquoi est-ce que grand-mère voulait conserver ses cendres dans un pot à fleurs ? demanda Lydia, troublée.

— Ta grand-mère avait des idées assez farfelues, répondit Mme. Martin.

⠀ Lydia poussa un soupir.

— C'est ce que tu dis toujours pour ne pas dire qu'elle était folle.

— Elle a été transférée à Eichen House, rétorqua Natalie.

— Mais elle allait bien, jusqu'à ce qu'elle meure. Toute seule dans sa cellule.

⠀ La jeune fille retint de nouveaux sanglots.

— C'était le jour de son anniversaire et je n'ai même pas pu la voir, souffla-t-elle en observant tristement ce qui restait désormais de sa grand-mère. Qu'est-ce que je suis censée faire avec ça ?

⠀ Mme. Martin haussa les épaules.

— C'était son souhait de te les donner, répondit-elle. Elle a dit que tu comprendrais.

⠀ Lydia reporta son attention sur le pot à fleurs puis ferma les yeux. Soudain, elle plongea sa main à l'intérieur, sous le regard effaré de sa mère.

— Qu'est-ce que tu fais ? s'exclama cette dernière avec une grimace de dégoût sur le visage.

⠀ La jeune fille ouvrit les yeux.

— Maman, ce ne sont pas les cendres de grand-mère, dit-elle.

— Comment ça ? répliqua Natalie, confuse. Bien sûr que si.

— Non.

⠀ Lydia jeta une poignée de cendres au sol. Aussitôt, une fine traînée de poudre noire se dessina.

— C'est du sorbier.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Tout le monde en place, allez ! s'écria le coach en frappant dans ses mains tandis que ses joueurs reprenaient la direction du terrain. Vous n'avez plus droit à l'erreur à partir de maintenant ! Écrasez-moi tous ces imbéciles et montrez-leur qui domine ici !

⠀ Scott se posta devant lui.

— Coach, je peux vous parler un instant ?

⠀ Finstock le dévisagea.

— Tu crois que c'est le moment de discuter, McCall ? Ramène tes fesses sur le terrain !

— Coach, vous devez m'écouter, dit Scott. C'est à propos de Liam.

— Qui est Liam ? rétorqua Finstock en grimaçant.

— Le co-capitaine de l'équipe ?

— Oh, oui, j'adore ce gosse, dit le coach en souriant. Il est comme une nouvelle version alternative de moi avec du talent et de l'ambition.

— Je ne pense pas qu'il devrait jouer ce soir. Il s'est foulé la cheville la semaine dernière. Il lui faut encore du temps pour se rétablir.

⠀ Finstock éclata de rire.

— Qui es-tu ? Son médecin ? Il m'a dit que ça allait.

— Il y a des risques qu'il se blesse, insista Scott.

— Et il y a des risques que tu regrettes cette discussion si tu ne ramènes pas immédiatement tes fesses sur le terrain ! s'exclama le coach.

⠀ Il attrapa son sifflet et siffla bruyamment dans l'oreille de Scott.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Tu ne peux plus faire marche arrière, Dunbar, lança Brett en attendant le signal de l'arbitre. Tu es prêt à perdre et à décevoir toute ton équipe ?

⠀ Une balle se trouvait entre eux.

— La ferme, cracha Liam en soutenant son regard. Le jeu n'est pas encore terminé.

⠀ Brett esquissa un sourire.

— Alors, finissons-en, dit-il.

⠀ L'arbitre annonça la reprise du match. Liam s'empara de la balle et courut à grandes enjambées en direction du camp adverse.

— Fonce, Liam ! hurla Mason en applaudissant.

— Whoah, il est vraiment rapide, s'étonna Rachel.

— C'est grâce à moi. Je lui ai dit d'imaginer qu'il était poursuivi par un chien enragé.

— Sérieusement ? répliqua Aibee en sirotant sa canette de soda. Je cours plus vite en période de soldes.

⠀ Après plusieurs esquives, Liam lança la balle et marqua un but deux fois d'affilée sous les cris déchaînés de ses admirateurs. Fou de joie, le coach sauta sur place puis attrapa Danny, assis sur le banc afin de lui planter un baiser sur le front.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Le numéro 9 est un loup-garou, pas vrai ? demanda Isaac qui ne lâchait pas Liam du regard.

— Scott la mordu, dit Malia.

⠀ Il se tourna vers elle et haussa un sourcil, surpris.

— Je pensais que Scott était incapable de faire ce genre de choses.

⠀ Elle haussa les épaules.

— Parfois, tu te retrouves à faire des choses que tu ne pensais pas faire parce que tu y es obligé.

— Des choses comme les maths ? dit Isaac.

⠀ Elle acquiesça en souriant.

— Des choses comme les maths.

⠀ Peu après, ce fut au tour de Scott de montrer l'étendue de ses performances. Il marqua trois buts sans jamais se faire subtiliser la balle. Kira semblait hypnotisée par ses mouvements et Aibee ne cessait de crier pour l'encourager, ce qui déconcertait légèrement le shérif.

⠀ Après quinze minutes de match, le tableau numérique géant qui surplombait le terrain comptabilisait un total de neuf points pour les Cyclones, l'équipe de Beacon Hills High School et huit points pour celle de Devenford Prep.

⠀ Liam s'apprêtait à marquer son troisième but de la soirée, lorsque tout à coup, Brett lui rentra dedans en le propulsant au sol. L'arbitre siffla. Furieux, Liam retira son casque.

— Pourquoi est-ce que tu as fait ça ? rugit-il.

— Je te l'ai dit, rétorqua Brett. Je ne suis pas là pour être sympa avec toi.

⠀ Liam se releva.

— Tout va bien ? demanda l'arbitre en s'approchant d'eux.

— Tout va très bien, dit Brett avant de s'éloigner.

⠀ Liam remit son casque avant de prendre une profonde inspiration.

Fais ce que tu as vraiment envie de faire.

⠀ Il serra les poings.

Mets-toi en colère.

⠀ Au coup de sifflet, le jeune homme s'élança en direction de Brett qui détenait la balle. Il tenta de la lui prendre, mais Brett le poussa avec son épaule avant d'envoyer celle-ci dans les filets. Les deux équipes étaient désormais à égalité. Le coach commença à se ronger les ongles avec anxiété.

⠀ Andrew récupéra la balle. Scott l'intercepta, mais Liam, animé par la vengeance, le bouscula pour le déstabiliser. Il saisit alors la balle et fit tomber quelques uns de ses coéquipiers sur son passage. Il filait plus vite que le vent, regardant droit devant lui. Rien d'autre n'avait d'importance. Il marqua un but. Toutefois, ce ne fut qu'à l'intervention de l'arbitre qu'il réalisa son geste.

⠀ Il venait de faire gagner l'équipe adverse.

⠀ Un long silence régna dans les tribunes. Le coach se tira les cheveux, bouche bée. Scott, Stiles, Kira et le reste de l'équipe écarquillèrent les yeux. Mason entrouvrit sa bouche, pleine de pop-corns et Rachel plaqua une main sur la sienne tandis qu'Aibee s'esclaffait à gorge déployée.

— CRÉTIN ! s'exclama Finstock en brisant une crosse avec son genou. MAIS COMMENT EST-CE QU'ON PEUT ÊTRE AUSSI CRÉTIN ?

⠀ Les supporters de Devenford Prep ne tardèrent pas à exprimer leur contentement. Liam, quant à lui, sentait un étrange sentiment s'emparer de lui. La honte.

⠀ Hué par la foule, il se sentait bête et ridicule. Le rire de Brett résonna dans ses oreilles et il perdit le contrôle. Sans réfléchir, il retira son casque et bondit sur lui dans une rage aveuglée en le martelant de coups tous plus violents les uns que les autres. L'arbitre tenta de calmer la situation, en vain.

— Liam, arrête ! intervint Scott en essayant de les séparer.

⠀ Surpris, le shérif se pencha vers Aibee.

— Tu crois que je dois intervenir ? demanda-t-il.

— MAIS ARRÊTEZ-LE ! hurla le coach, désemparé. CE N'EST PAS DU RUGBY !

⠀ L'adolescent s'acharna de plus belle.

— Je te l'avais dit, Dunbar, ricana Brett en révélant ses dents rougies par le sang qui s'écoulait de son nez. Tu es faible. Ta colère te rend faible. Tu as trouvé une équipe qui te convient finalement. Tu es un cyclone. Tu bousilles tout ce que tu touches.

⠀ Liam lui asséna de nouveaux coups de poings dans le visage avant de sortir ses griffes. Paniqué, Scott empoigna brusquement Brett par les épaules pour l'éloigner de Liam qu'il évacua immédiatement du terrain.

⠀ Le verdict était sans appel. Brett cracha au sol en souriant fièrement.

⠀ Devenford Prep venait de remporter le match.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀ De retour chez elle, Lydia s'enferma dans sa chambre. Elle était épuisée et désirait rester seule quelques instants afin de faire le vide dans son esprit. Elle se laissa tomber sur son lit en lâchant un soupir las. Ses yeux s'égarèrent sur le plafond blanc et elle tâcha alors de ne penser à rien d'autre.

⠀ Alors que ses pensées commençaient à vagabonder, des visages apparurent soudain au-dessus d'elle. Ils se mouvaient avec lenteur tels des présences fantomatiques et chuchotaient simultanément avant de pousser de longues plaintes étouffées.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Maman ? lança une petite fille assise sur la banquette arrière d'une voiture, une peluche sur les genoux. On est bientôt arrivées ?

— Oui, ma chérie, répondit une femme au volant. On est presque arrivées.

— Il n'y a pas assez de temps, ajouta la fillette.

— On aura assez de temps. C'est son anniversaire aujourd'hui alors on restera plus longtemps.

— Mais elle n'aura pas assez de temps, maman.

Confuse, la femme préféra reporter son attention sur la route. Quelques minutes plus tard, elle gara son véhicule dans un grand parking. Son portable sonna au même instant.

— Allô ? dit-elle une fois qu'elle eut décroché. Oui, c'est bien moi.

Ses doigts se crispèrent soudain sur le téléphone.

— Q-Quoi ? balbutia-t-elle, en état de choc. Quand est-ce que c'est arrivé ?

— Maman ? lança la petite fille d'un ton empli de curiosité.

La femme raccrocha. Son teint était devenu blême.

— Reste dans la voiture, Lydia, ordonna-t-elle avant de se précipiter en direction de l'entrée d'Eichen House.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— C'était un bon match, dit Aibee en souriant tandis que les tribunes se vidaient au fur et à mesure.

⠀ Mason, Rachel et Mr. Stilinski la dévisagèrent.

— On a perdu, Aibee, dit Mason, déçu.

— Je sais, mais c'est ça qui est drôle, non ? répliqua-t-elle en se tordant de rire.

— Puisque ça te fait tellement rire, pourquoi est-ce que tu n'irais pas jeter nos résidus alimentaires à la poubelle ? lança le shérif en lui tendant des gobelets et des paquets de pop-corns vides.

⠀ Aibee fronça les sourcils.

— Résidus alimentaires ? Pourquoi est-ce que tu utilises des mots scientifiques tout d'un coup ?

⠀ L'adolescente se dirigea à contrecœur vers une poubelle située derrière les gradins. Elle grimaça aussitôt à la vue du couvercle. Elle ne voulait surtout pas gâcher sa manucure.

⠀ Quelqu'un ouvrit la poubelle à sa place.

— Merci, dit-elle en jetant les déchets à l'intérieur.

⠀ Elle leva les yeux et vit Brett.

— De rien, répondit-il en affichant un sourire en coin. On t'a déjà dit que tu étais vraiment magnifique ? Je m'appelle Brett.

⠀ De toute évidence, il ne l'avait pas reconnue.

— Et je ne suis pas intéressée, désolée, rétorqua-t-elle, agacée par ses avances.

— Ne sois pas comme ça, je suis sûr qu'on pourrait apprendre à se connaître. Je dois t'avouer que j'ai un certain faible pour les brunes.

— Vraiment ?

⠀ Aibee haussa les sourcils, surprise par son toupet. Lors de la fête, il avait avoué être particulièrement attiré par les blondes sans savoir qu'elle portait en réalité une perruque.

— Écoute, tu as peut-être remporté le match, mais il en faut beaucoup plus pour m'impressionner, déclara la jeune fille. Et puis, entre nous, toucher une poubelle est tout sauf séduisant.

⠀ Elle tourna les talons sans lui jeter le moindre regard.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Lâche-moi ! hurla Liam en tentant de se libérer de Scott.

— Tu dois te calmer, Liam ! lança ce dernier en l'entraînant dans un coin de la forêt. Maintenant !

⠀ L'adolescent respirait bruyamment en poussant de nombreux grognements. Ses iris jaunes brillaient dans la nuit.

— Me calmer ? rugit-il en propulsant Scott au sol.

⠀ Il bondit sur lui.

— C'est ta faute ! Tout est de ta faute ! Tu as ruiné ma vie ! Tu as fait de moi un monstre !

⠀ Scott tenta tant bien que mal de parer ses coups, mais il savait qu'il les méritaient d'une certaine manière.

— Non, Liam, tu n'es pas un monstre.

— Est-ce que tu m'as regardé ? s'exclama le jeune homme, fou de rage. J'ai des griffes qui poussent sur mes doigts, des crocs qui apparaissent à la place de mes dents et des poils sur le visage !

— Mais ça ne te rend pas moins humain pour autant. Je peux t'apprendre.

— C'est des conneries ! Tu racontes que des conneries !

⠀ Le jeune loup leva sa main griffue, prêt à porter un coup fatal à Scott, mais celui-ci lui asséna un puissant coup de pied qui l'envoya valser contre un tronc d'arbre quelques mètres plus loin. Il resta immobile durant un long instant. Scott se redressa, inquiet.

— Liam ?

⠀ Celui-ci toussa avant de se relever en gémissant. Ses yeux ne brillaient plus et il avait retrouvé son apparence humaine.

— Pourquoi ? demanda-t-il. Pourquoi moi ?

⠀ Scott fit quelques pas vers lui.

— On m'a dit que j'allais mordre quelqu'un, dit-il. Un innocent. Je ne l'ai pas fait parce que je le voulais. Je l'ai fait parce que c'était censé arriver.

⠀ Il s'interrompit.

— Je suis désolé.

⠀ Liam sanglota silencieusement. Il baissa la tête, refusant de montrer sa faiblesse.

— Brett a raison, dit-il. Je suis un raté. J'ai été viré de mon ancien lycée à cause de lui, mais au fond, je le méritais. Je suis un bon à rien. Tout ce que je sais faire c'est taper sur des choses lorsque je suis en colère. Ce qui est arrivé ce soir en est la preuve. Tu dis que je ne suis pas un monstre, mais j'allais te tuer et je mentirais si je disais que je n'en avais pas envie.

⠀ Il renifla.

— Mon père, ma mère... ils ne peuvent pas me voir comme ça, reprit-il. Je ne pourrais pas supporter qu'ils me regardent comme tout le monde me regarde.

⠀ Scott posa une main sur son dos.

— Tu peux me détester, mais s'il y a une chose que tu ne dois pas faire c'est refuser mon aide.

⠀ Liam se dégagea de lui.

— Si tu voulais vraiment me rendre service, tu aurais dû me laisser tomber du toit cette nuit-là.

⠀ Il s'en alla et Scott lâcha un soupir. Bâtir une relation avec son Bêta n'allait pas être facile, mais il n'avait pas l'intention d'abandonner.

⠀ Il était sur le point de rebrousser chemin lorsqu'il distingua une silhouette debout à quelques mètres de lui.

⠀ C'était Kate. Un sourire satisfait gravé sur le visage.

⠀ Perturbé, Scott secoua la tête, mais cette dernière avait disparu.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

⠀ Assise devant un bureau, Teresa corrigeait une montagne de copies dans une salle de classe vide éclairée par la faible lueur de la lune. Alors qu'elle finissait de rédiger une correction, l'encre de son stylo s'épuisa et elle poussa une plainte avant de se laisser tomber contre le dossier de sa chaise inconfortable. Elle regarda l'heure sur sa montre. Vingt-deux heures trente.

⠀ Il n'y avait aucun bruit dans les environs. Le match de crosse s'était achevé une heure plus tôt et à part elle, il n'y avait plus personne dans les parages. Pas même un concierge.

⠀ En rangeant ses affaires, une copie glissa de son sac. Elle se baissa pour la ramasser. Son regard s'arrêta sur la page de garde.

ᴢᴀᴄ ꜰᴇʟʟᴇʀ

ʟᴀ ʟʏᴄᴀɴᴛʜʀᴏᴘɪᴇ

⠀ Le sang de Teresa se glaça dans ses veines. Elle tourna la première page avec appréhension, retenant inconsciemment sa respiration. Une citation attira son attention.

« L'homme qu'on ne connaît pas n'est pas un homme, c'est un loup. » — Plaute.

⠀ Un bruit sourd résonna dans le couloir. Teresa quitta la salle pour aller guetter les environs. Alors qu'elle gravissait les escaliers qui menaient au premier étage, un courant d'air frais souffla dans ses cheveux et elle se retourna en direction d'une fenêtre ouverte.

⠀ Elle fronça les sourcils et la referma. En passant devant la porte des toilettes destinées aux élèves, elle remarqua de la lumière en provenance de la partie réservée aux garçons.

— Qui est là ? demanda-t-elle.

⠀ Elle n'eut d'autre réponse qu'un troublant silence.

— Vous n'avez pas le droit d'être ici, dit-elle. Est-ce que vous m'entendez ?

⠀ Elle frappa contre la porte.

— Pénétrer par effraction dans un établissement public ou privé est sévèrement puni par la loi ! s'exclama-elle d'un ton plus autoritaire.

⠀ La porte s'ouvrit brusquement, comme si elle n'avait jamais été complètement fermée. En entrant, Teresa lâcha un juron en croyant avoir trébuché sur une flaque d'eau, mais un sentiment d'effroi s'empara aussitôt d'elle quand elle réalisa qu'elle venait de glisser sur une flaque de sang.

⠀ Elle écarquilla les yeux en identifiant le corps inanimé de Zac Feller gisant sur le sol collant et poissant.

━ ✧° ☾⋆⁺ ━

— Je t'avais dit de rester dans la voiture ! s'exclama Natalie Martin, furieuse. Lydia ! Je t'avais dit de rester dans la voiture !

La fillette pénétra dans une salle de bain sinistre. Elle vit une baignoire dans laquelle était allongée une vieille femme.

Lorraine Martin. Sa grand-mère.

Elle portait une robe de chambre et avait un trou béant sur le haut du crâne. Au dessus-d'elle, l'eau d'un robinet coulait à flots sans s'arrêter, tout comme les saignements de sa blessure.

— Oh mon dieu ! s'écria Mme. Martin, agenouillée à ses côtés. Qu'est-ce que tu as fait ? Qu'est-ce que tu as fait ?

Un homme affublé d'une large blouse blanche tenta de la calmer, mais elle se mit à hurler, submergée par le désarroi et l'incompréhension.

Le regard de la vieille femme était vitreux et tourné vers le plafond. Cependant, de manière presque irréelle, elle se redressa lentement et se tourna vers sa petite-fille.

— Ils arrivent, Lydia, murmura-t-elle. Ils arrivent.

⠀ Paniquée, Lydia ouvrit les yeux en haletant.

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