Chapitre 9 - Rendez-vous avec la lune

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Publié le 6 février 2022 à 10h59.

― Et toi, c'est quoi tes passions ?

Une fois encore, sa question me surprend. Alexandre a le don pour me poser des questions personnelles quand je m'y attends le moins. Mais il a raison, il nous reste encore beaucoup de sujets à aborder, mine de rien.

Nous sommes installés, une fois encore, dans la pièce-musique, surnommée très originalement la Musica, par mon ami. Je suis assis dans un petit fauteuil à côté d'une guitare, et Alexandre se trouve sur le tabouret du piano, évidemment. Tandis que nous parlons, ses doigts parcourent de temps en temps le piano et jouent une musique d'ambiance assez agréable. 

― Toi, tu connais déjà ma passion, continue-t-il. La musique. Mais moi, je ne connais pas la tienne. 

― En fait si, je réponds. Ma passion, c'est l'espace. Le monde de l'infiniment grand, l'astrophysique, la physique quantique, le transhumanisme et donc par extension la cryogénisation et la quête des exoplanètes...

Il me regarde avec de grands yeux.

― Je n'ai absolument rien compris, finit-il par dire en rigolant.

J'éclate de rire à mon tour.

― En fait, je suis passionné par l'espace. Par la recherche d'une solution au fait que la terre va devenir, dans un futur relativement proche, inhabitable. Ce qui m'intéresse, c'est les recherches de vie extra-terrestre, c'est les avancées scientifiques permettant à l'humanité de se préparer à la fin du monde connu et de rechercher une autre planète habitable dans l'univers. C'est le développement d'intelligences artificielles capables de nous aider à atteindre nos objectifs. Ce qui m'intéresse, c'est la croissance et l'expansion de l'humanité, en fait.

Alexandre hoche la tête et dit :

― Je vois. Ç'a l'air très intéressant, et je suis impressionné par tout ce que tu as l'air de savoir sur le sujet ! Seulement, moi, je ne suis pas d'accord. Je trouve égoïste que l'être humain, après avoir détruit la Terre, veuille détruire d'autres planètes. Je ne sais pas si ces projets sont plutôt utopiques ou très réalistes, mais je trouve que nous devrions laisser la nature contrôler. Les dinosaures ont eu leur ère, une météorite y a mis fin. Maintenant c'est au tour de l'humanité, et personnellement je dis que nous devrions la laisser s'éteindre. Qui sait, la race qui viendra après nous sera peut-être bien meilleure.

― C'est vrai, ce serait beaucoup mieux pour l'univers, mais ça voudrait dire renoncer à la vie. Tu voudrais tout laisser tomber juste parce que c'est notre destin ? 

― Oui, répond-il, si c'est ce qui doit arriver alors ça arrivera.

― Mais ce serait aussi contre nos ambitions et surtout celles des plus grands de ce monde. L'Homme est un conquérant. C'est lui le maître, et non la nature.

― Justement, c'est ça le problème selon moi, intervient mon ami. Nous avons réduit la nature en esclavage, et c'est ça qui se retourne contre nous. Au lieu de chercher une planète B dans l'univers, nous pourrions simplement ressusciter la nôtre. Si nous n'avions pas continué à l'exploiter sans se soucier des conséquences dans le seul but de créer encore et toujours plus de profit, nous n'en serions pas là. Maintenant, il est trop tard et nous devons assumer nos erreurs.

Je réfléchis à ses propos et hoche la tête.

― Tu as sans doute raison, je n'avais jamais réfléchi d'une telle façon. Ceci dit, cela ne m'empêche en aucun cas de m'intéresser à l'Univers. Je ne serai peut-être jamais un pionnier de la conquête spatiale, mais je peux tout de même étudier l'espace afin de comprendre le monde qui m'entoure.

― Absolument, acquiesce Alexandre. Et je suis sûr que tu feras un fantastique astrophysicien. 

Le rouge me monte aux joues.

― Merci, c'est gentil, je l'espère en tout cas.

Il sourit et se remet à jouer. Je reconnais Over the rainbow, une magnifique chanson parlant de rêves et d'arcs-en-ciel. 

Une fois encore, quand il se met à chanter, le décor autour de nous disparaît. Il n'y a plus que lui. Je suis fasciné par la façon qu'il a de prononcer parfaitement et de chanter justement chaque mot. Une telle vivacité émane de lui qu'il est difficile de détacher ses yeux du spectacle.

Ses doigts semblent survoler le clavier, le caresser et produisent une mélodie digne d'une harpe. C'est un véritable arc-en-ciel musical.

Il clôture sa chanson par une envolée de notes d'un même accord qu'il laisse raisonner quelques secondes. Quand le silence s'installe, je ne résiste pas à l'envie d'applaudir. 

― Merci, rougit-il, mais ce n'était pas grand chose. C'est une chanson que j'aime beaucoup, et comme je trouvais que les paroles étaient très appropriées à notre conversation...

― Tu as eu raison, c'était très beau. 

Je gigote sur mon siège, gêné.

― Je suis embêté, car je ne pourrais pas reproduire le centième de ce que tu viens de faire, je lui confie. J'aimerais pouvoir te montrer quelque chose d'aussi beau à mon tour.

Il rit et secoue la tête :

― Tu n'en as pas besoin, chacun a ses qualités. Toi, tu es très cultivé, très intelligent, tu as une conversation captivante et enrichissante et rien que ça c'est déjà très impressionnant. Tu as un avis et une réflexion très approfondie sur de nombreux sujets et j'adore débattre avec toi.

― Merci, ça me touche ce que tu me dis. Mais... je viens de repenser à quelque chose que je pourrais quand même te montrer.

Il hausse un sourcil.

― Tu m'intrigues, dit-il. Quelle est cette chose ? 

Je souris malicieusement et lui fais signe de me suivre. 

― Tu as du mal à comprendre ma passion pour la conquête spatiale, alors je vais te montrer un côté de l'espace qui te parlera plus. 

Il m'écoute attentivement et ne dit rien, attendant la suite.

― L'espace a aussi un côté sentimental. L'autre jour, tu as parlé des étoiles. Tu m'as dit que tu les regardais souvent en pensant à ta mère, qu'elles sont tes confidentes car elles ne répéteront rien à personne. Que c'est comme si ta mère était avec toi.

― Oui, j'ai dit ça.

― Eh bien moi, je te propose de faire ça à deux. On prend deux couvertures, des jumelles et on va s'installer sur le balcon pour regarder les étoiles. Ce sera pareil, mais à deux. 

― C'est bien, approuve-t-il sceptiquement, mais c'est un peu du plagiat de ce que je t'ai raconté, non ? En quoi est-ce une nouveauté ?

 ― La différence, outre le fait que nous sommes deux, est que nous ne nous adresserons pas aux étoiles, mais à la lune. La différence est que la lune semble plus proche de nous. On pourrait lui raconter ce qu'on a sur le cœur, raconter nos plus grands rêves, confier nos plus grandes peurs.

― L'idée est très belle, mais en réalité ça reviendrait au même que de se raconter tout l'un à l'autre, soulève mon ami.

― Non, car nous pourrions le faire même quand nous ne sommes pas ensemble. La lune est tout le temps là, elle ne bouge pas, elle ne nous fera jamais défaut. Et avec elle, nous n'aurons pas honte de nous confier, elle peut tout entendre.

Il approuve d'un hochement de tête.

― Ça me va, répond-il. C'est une idée très chouette. On a le cœur tellement plus léger après s'être confié...

― Alors à partir d'aujourd'hui, chaque soir, au crépuscule, nous avons rendez-vous avec la lune. 

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