~Chapitre 26~

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Le souffle du vent fit soulever des feuilles mortes au pied d'un vieux chêne, découvrant une noisette fendue en deux. Cette noisette attira immédiatement l'attention d'un écureuil, qui, posé sur une branche, observai le sol à la recherche de nourriture. Quand son regard se posa sur le fruit, il descendit prudemment le long du tronc, atterrit par terre dans un léger bruissement de feuilles, renifla l'air, et, étant sûr d'être en sécurité, baissa sa garde et se jeta sur la noisette. Avec ses pattes griffues, il décortiqua la carcasse minutieusement. Il était tellement concentré qu'il ne vit pas la forme grise et menaçante s'approcher de lui à pas de velours.

La seconde d'après, il se trouvait dans la gueule de Plume Brillante, inerte.

La guerrière grise ronronna de satisfaction. Elle fit volte-face, laissant une noisette à moitié décortiquée derrière elle.

Lorsqu'elle arriva à l'endroit où ils avaient construit leurs nids pour la nuit, elle trouva Flèche en train de faire sa toilette. Une bouffée d'affection pour son camarade de route lui embruma les idées et elle se surprit à les imaginer tous les deux devant l'antre du chef du Clan des Braises, prêts à l'affronter.

Elle secoua la tête vigoureusement, chassant cette image de sa tête.

Elle ne pouvait pas le laisser venir avec elle. Il n'était pas entraîné. Il ne mesurait pas le danger que représentait cette mission. Et elle devait admettre que ce que lui avait raconté Aube l'avait profondément marquée. Si c'était sa destinée, alors elle l'accepterait. En revanche, Flèche n'avait rien à voir avec tout cela. Étrangement, elle serait prète à tout afin de le protéger.

Il doit partir.

- ... si tu n'as pas faim.

Plume Brillante sursauta, se rendant compte que Flèche lui parlait pendant tout ce temps. Confuse, elle bafouilla :

- Je... comment ?

- Je te demandais si tu comptais bouger un jour, parce que ça fait des lunes que tu es plantée là avec cet écureuil dans la gueule. Et je peux toujours le manger si tu n'as pas faim, termina-t-il avec une pointe d'amusement.

- Hors de question, on partage, répliqua Plume Brillante, faussement outrée.

- Dommage...

Le chat tigré s'approcha d'elle et elle laissa tomber sa proie à ses pieds. Ils s'installèrent et commencèrent à manger.

Depuis une demi-lune déjà, ils avançaient à l'aveugle dans l'immense forêt, sans savoir exactement où aller. La saison des feuilles mortes touchait à sa fin et le froid les assaillaient chaque nuit, les poussant à se blottir l'un contre l'autre.

La nourriture se faisait plus rare, et les deux chats avaient maigri. Plume Brillante avait peur que la mauvaise saison ne les terrassent, surtout qu'elle n'avait absolument aucune idée du chemin à prendre.

Et Aube avait stoppé ses visites. Elle n'apparaissait plus, ni en rêve, ni en vision, nulle part, ce qui ne faisait qu'accroître l'inquiétude de Plume Brillante.

Elle avait tellement de questions à lui poser... Elle ne se sentait pas encore prête à faire face au Clan des Braises et souhaitait l'aide de son alliée des Étoiles. D'un côté, elle était désolée pour la femelle rousse, elle ne voulait pas que cela l'affecte autant. Néanmoins, c'est elle qui était venue la voir pour lui raconter son histoire. Elle trouvait cela injuste que la femelle rousse se soit braquée ainsi. La mission n'était pas terminée.

- Ça fait du bien de manger ! s'exclama Flèche, rassasié. Comment les chats des Clans arrivent à surmonter cette saison ?

- On y arrive, c'est tout. Le gibier est difficile à attraper, mais personne ne meure de faim. En revanche, des maladies se développent parmi les nôtres, comme le mal vert. C'est une maladie mortelle. Beaucoup trop de chats meurent à cause de ça.

Flèche parut décontenancé. Il griffa le sol de ses pattes.

- Ça a l'air horrible... Quand on vit avec des Bipèdes, on a pas ce problème. Par contre, on peut attraper d'autres maladies, ou avoir des tiques, ou...

- Nos anciens ont souvent des tiques, et c'est le travail des apprentis de les enlever, le coupa Plume Brillante. Les pauvres... J'ai connu cela malheureusement. Mais en contrepartie on a le droit aux histoires croustillantes dans anciens. Qui enlève les vôtres ?

- Un Bipède spécialisé dans la torture des chats, grommela Flèche.

Devant la mine effrayée de Plume Brillante, il reprit bien vite :

- On l'appelle le vétérinaire. Y aller est un enfer. Il y a des odeurs partout, des chats et des chiens, des miaulements de frayeur, de désespoir, de dégoût... Cela ne fait qu'accentuer mon anxiété. Lorsque je me retrouve devant le vétérinaire, il me manipule, regarde à l'intérieur de mes oreilles, me tâte le flanc, m'observe les yeux...

- Hein ?! Mais... c'est affreux ! s'exclama la chatte grise, frappée d'horreur.

- Pourtant, c'est lorsque je suis avec le vétérinaire que je me calme. Il sent mauvais mais est toujours doux. Je vois qu'il est attentif à mes émotions. Il ne veut pas me faire de mal. Je ne sais pas vraiment pourquoi il me fait des piqûres et m'examine ainsi, mais je sais que c'est pour mon bien, alors je prends sur moi et essaye de coopérer, poursuivit-il.

Plume Brillante restait silencieuse.

- Le plus drôle, c'était quand mes Bipèdes voulaient me faire rentrer dans la cage pour me transporter plus facilement, mais sans m'alarmer. Dès qu'ils me voyaient ils se lançaient des regards d'alerte, ils me caressaient plus que d'habitude et me parlaient plus gentiment. Choses qui ne leur correspondaient pas du tout, alors je savais très bien que quelque-chose n'allait pas. Mais c'est seulement quand ils m'attiraient avec de la nourriture et qu'ils m'attrapaient pour me mettre dans la cage que j'arrivais à identifier le lieu où nous allions, enchaîna le chat tigré, mi-amusé mi-exaspéré.

- Et tu trouves ça « drôle » ? grommela la guerrière, amère.

Le chat blanc et gris considéra un instant son amie, étonné de son mépris. Il décida de ne pas en tenir compte.

- Oui, c'était amusant de les voir manigancer des plans juste pour m'attraper. Le simple fait de savoir que je leur causais du fil à retordre était plaisant.

Plume Brillante haussa les épaules.

- Eh bien, je suis bien contente d'avoir évité tout ça, répliqua-t-elle, mettant ainsi fin à la conversation.

Elle s'étira et commença à s'en aller.

- Attends ! s'exclama Flèche, surpris. Où vas-tu ?

- Nous n'allons pas rester ici toute la nuit, si ? Nous devons avancer, répondit-elle sans même se retourner.

Toujours étonné de la froideur soudaine de sa partenaire, Flèche la suivit sans dire un mot. Il préférait garder ses réflexions pour lui-même, de peur de l'agacer encore plus.

Tandis qu'ils marchaient côte à côte, sans piper mot, semblant à la fois si proches et si éloignés, un bruit de roulement se fit entendre, comme un cri étouffé venant du plus profond des entrailles de la forêt.

Ils échangèrent un regard anxieux et continuèrent leur marche.

Plus ils avançaient, plus le bruit devenait fort. Ils décidèrent de s'y diriger, tout de même prudents.

Ils arrivèrent bientôt à la source du grondement : entre une multitudes de rochers et d'arbres serpentait un torrent. Un torrent menaçant et déchaîné. L'eau glissait à une vitesse effrayante et venait s'écraser sur les quelques rochers qui apparaissaient à la surface.

Face à cette vue, Plume Brillante recula, frappée d'un très mauvais pressentiment. Des frissons lui parcourent l'échine. Si par malheur elle tombait, elle serait engloutie.

Mais Flèche, d'un avis différent, s'élança.

- De l'eau, enfin ! Un peu plus et je mourrais de soif.

Horrifiée, Plume Brillante le vit s'approcher du cours d'eau.

- Flèche ! Reviens ici ! Siffla Plume Brillante, mais ce dernier ne l'écoutait pas.

Au bord de la rive, il observa un instant son reflet puis se pencha et commença à laper l'eau énergiquement. Celle-ci grondait toujours, furieuse et le courant était si puissant qu'elle arracha un morceau instable de la rive. Le bout de terre passa sous le nez de Flèche, qui, surpris, releva immédiatement la tête. Mais sous la stupeur, sa patte dérapa et il vacilla, tentant de recouvrer son équilibre, en vain.

Et c'est sous le regard épouvanté de la guerrière grise qu'il tomba dans l'eau.

Les muscles de cette dernière se figèrent devant le spectacle qui venait de se dérouler sous ses yeux. Puis elle entendit avec horreur le cri de désespoir de son ami tandis qu'il se faisait emporter par le courant. Elle se força à bouger ses pattes et bien vite, se retrouva à courir le long de la rive. Elle courait plus vite qu'elle n'avait jamais couru, tentant d'apercevoir la tête blanche de Flèche. Les ronces arrachaient des touffes de son pelage, ses coussinets s'écorchaient sur les pierres qui jonchaient la rive.

Tandis qu'elle s'élançait, elle tendit l'oreille. Elle n'entendait plus rien, juste le grondement acharné du torrent enragé. Ses yeux parcouraient la surface de l'eau à toute vitesse, mais elle ne vit rien. Épouvantée, elle se mit à l'appeler :

- Flèche ! Cria-t-elle. Flèche, où es-tu ? Flèche, s'il te plaît, réponds !

Sans réfléchir, elle se jeta à l'eau. Le courant la frappa de plein fouet et son cœur s'emballa un instant. Elle se mit à agiter ses pattes désespéramment, cherchant un moyen de se maintenir à la surface.

Tout à coup, elle eut une idée. Elle respira un grand coup, envoya une silencieuse prière au Clan des Étoiles, et plongea. Elle laissa le courant la transporter, en essayant d'éviter les pierres dont la surface pointait hors de l'eau. Elle ouvrit grand les yeux et se mit à la recherche d'un pelage blanc et gris.

Ses yeux la brûlaient mais elle se força à les garder ouverts. Elle remontait souvent à la surface pour reprendre de l'air, se battant contre le courant toujours puissant, puis replongeait.

Mais elle ne le trouva pas. Elle rassembla alors toute son énergie et sa force pour se diriger vers la rive. Elle y eut beaucoup de difficulté, mais parvint à planter ses griffes dans la terre et de se hisser de toutes ses forces sur la berge.

Elle s'écroula d'épuisement mais ne se releva pas. Elle resta là, à fixer le sol trempé, de ses yeux écarquillés d'horreur.

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