Chapitre 36 - Alors que voudrais-tu faire ?

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Dans le chapitre précédent :

Jonas avait envoyé une lettre de menace. Il me voulait. Je le savais. Je l'avais toujours su. Maintenant qu'il savait où j'étais, il utilisait mes proches pour m'avoir. Il voulait ce que je refusais de lui donner depuis toujours.

Mon lien avec Damien. Un lien unique qui pouvait donner à quiconque le voulait, la position de celui-ci ainsi que ses pouvoirs. Parce que les purs Verndari pouvaient partager leurs pouvoirs avec des êtres humains sans difficulté. Mais jamais je ne devais lui donner cette opportunité.

Jamais jusqu'à maintenant... Sauver des loups-garous et risquer que Jonas obtienne ces pouvoirs ou laisser périr ces loups pendant que je me cachais de ce chasseur redoutable...

Le doute glissa doucement pour jouer avec mon esprit. Je devais trouver une solution et vite.

***

En attendant l'arrivée de Gabriel, Luc m'avait expliqué le déroulement de l'attaque qui avait causé la destruction de la moitié des bâtiments et la perte de Lucas et des enfants qui s'étaient retrouvés prisonniers à l'heure qu'il était. Comme je le pensais, ils avaient été attaqués par surprise un jour alors qu'ils n'avaient pas senti une quelconque odeur ennemie. Les chasseurs avaient commencé par tuer les guerriers placés aux abords du territoire. Les premiers morts.

Heureusement, l'Alpha pouvait sentir quand un de ses membres mourrait. Une manière cruelle de connaître, mais nécessaire. Je ne savais pas si les chasseurs avaient connaissance de cette information, mais grâce à cette erreur, Gabriel avait su qu'il se faisait attaquer.

Il avait ordonné de mettre en sécurité la plupart des femmes et des enfants, mais deux petits restaient introuvables. Ils s'étaient avérés qu'ils étaient dans la forêt alentour pour jouer tranquillement quand ils apprirent le danger qui rôdait. Je pouvais bien imaginer leurs paniques et surtout leurs peurs au moment de leurs captures par ces foutus chasseurs.

Quand ils étaient passés à l'attaque, une rude bataille avait fait rage entre les loups-garous et ces monstres sans pitié.

« Ils étaient invisibles, » reprit Luc plongé dans ses souvenirs. « Je n'ai jamais vu ça. Ils étaient partout et on ne pouvait pas les sentir. Gabriel... le pauvre garçon était complètement dépassé. »

Il soupira puis but une gorgée de son thé chaud. Assise dans le salon, face à ce loup-garou d'un millier d'années, j'écoutai chaque mot qui prenait vie de sa bouche.

Je repensais à Gabriel et à la détresse qu'il avait dû ressentir. C'était terrible. Il avait dû se sentir inutile face à ces chasseurs plus puissants que jamais.

« Où sont les parents de Gabriel ? » demandai-je au bout d'un silence empli de tristesse.

Luc releva la tête pour me fixer.

« Ils ne sont plus de ce monde, et cela avant même que tu sois née, ma chère enfant, » annonça-t-il en souriant faiblement.

Je hochai la tête face à cette nouvelle information que je venais d'avoir. Je me rendis compte qu'au final, je ne savais rien de Gabriel. De sa vie, de sa famille, de son passé... Une bien piètre âme-sœur je faisais. Je ne comprenais toujours pas pourquoi les Dieux m'avaient fait croiser le chemin de cet homme.

Si je n'étais pas entrée dans sa vie, j'aurais été convaincue qu'il aurait vécu librement et sans les problèmes de mon passé. Peut-être que c'était à moi de l'aider. Libérer les prisonniers, qui se trouvaient être des membres de la meute de Gabriel.

Épuisée par cette journée où j'avais dû utiliser plus de pouvoirs que d'habitude, je passais ma main sur le visage en espérant qu'il efface toute ma mauvaise humeur qui transparaissait sur mon visage, mais ce ne fut pas le cas.

« Vous avez compris que les chasseurs utilisent un parfum permettant de faire disparaître leurs odeurs, et maintenant, j'apprends qu'ils me veulent... Et en échange de quoi ? » demandai-je curieuse en rivant mon regard sur Luc puis sur Nahel.

Le frère de Raphaël gardait un air renfermé en restant debout près du fauteuil où Luc était assis. Il ne semblait pas très bavard ni jovial comme Raphael pouvait l'être. Mais ce sérieux, je le reconnaissais quand Raph m'avait parlé de Gabriel dans le restaurant. Les mêmes rides sur le front qui creusaient leurs états de concentration ne se voyaient que trop bien.

« En échange de tous les prisonniers, » déclara Luc avec une voix basse.

Ma tête se retourna vivement vers lui.

« Tous ? » demandai-je, le corps penché en avant et les sourcils froncés sous la confusion.

« Oui, tous. » La voix de Nahel était catégorique.

« Et Gabriel ne veut sûrement pas que je me rende, n'est-ce pas ? »

« Non, effectivement. Il te veut en sécurité comme chacun d'entre nous. »

Je craignais cette décision. La meute ne me sacrifierait jamais, c'était au-delà des lois d'une meute. La compagne d'un Alpha était sacrée, et restait une personne précieuse, que ce soit pour la meute ou pour l'Alpha.

« Les prisonniers doivent être sauvés, » déclarai-je avec force.

« Et ils le seront, » répliqua Nahel.

Je soupirai de frustration.

« Et comment allez-vous y arriver ? Vous ne savez pas où ils se cachent et avec ces constructions en cours, vous n'êtes pas en état de vous battre de nouveau. »

« C'est là que vous avez tort. Ils possèdent de la magie. Je ne sais pas comment ils l'ont obtenue, mais lors de l'attaque, un des hommes bougeait avec une vitesse prodigieuse. C'est comme cela qu'il a réussi à avoir mon frère. Nous avons plus de mille ans et jamais personne n'avait réussi cet exploit de nous capturer aussi aisément. Je connais quelques personnes usant d'une magie ancienne. Une magie qui pourrait rivaliser avec ses pouvoirs surhumains. »

Jonas. Ce ne pouvait être que lui qui pouvait encore utiliser la magie qu'il m'avait prise par la force. Il avait souillé nos pouvoirs en l'utilisant à des fins monstrueuses. Mais la magie ancienne dont parlait Luc m'intriguait.

« De quelle sorte de magie ancienne parlez-vous ? » le questionnai-je, intriguée.

« La magie des Verndari. »

Je devins blanche à l'évocation de ce nom. C'était improbable qu'un Verndari donne consciemment ses pouvoirs à un autre. C'était une pure folie. Un transfert qui ne devait avoir lieu. C'était contre nature.

« Ne t'en fais pas, il a transféré sa magie uniquement pour nous sauver, et ce, une seule fois. Je devrais le convaincre de nous aider. »

« Et où est-il ? »

« C'est bien le problème. Je ne sais pas où il se trouve, mais un jour il m'a avoué qu'il allait souvent près d'un château fort se trouvant non loin d'ici. Bien sûr, cette bâtisse est aujourd'hui en ruine, mais il pourrait s'y trouver. Nous devons essayer de chercher par là. »

Cette histoire était étrange. Je n'avais pas connaissance de ce Verdari, mais je savais qu'il allait tout de même nous aider à combattre les chasseurs. Mais je ne savais pas s'il voudrait transférer de nouveau ses pouvoirs. Luc avait bien spécifié que c'était un cas de danger imminent au moment du transfert. Le Verndari n'avait pas eu le choix que de partager son pouvoir avec Luc ou qui que ce soit, mais je ne pensais pas qu'il referait cette manœuvre maintenant.

J'étais partagée entre l'excitation de découvrir un nouveau Verndari, et apeurée de le savoir partager son pouvoir à qui le voulait.

« Vous êtes demi-Verndari, peut-être le connaissez-vous ? Il ne voulait pas qu'on parle de lui à qui que ce soit, mais vous êtes comme lui donc ça ne devrait pas poser de problèmes. »

Nahel racontait cela avec une nonchalance qui me surprit. Une colère subite m'envahit comme un volcan sur le point d'exploser une lave de mots insalubre. J'ouvris la bouche pour lui signaler de manière verbale le fond de ma pensée, mais Luc se leva avec vitesse et le gifla.

Je restai bouche bée par son geste dont l'écho sifflait encore dans mes oreilles.

Nahel regarda l'homme en colère avec de grands yeux remplis d'étonnement. Je me levai doucement et attendis que Luc parle avant de me jeter sur lui s'il tentait quoi que ce soit sur Nahel. Mais l'homme âgé tremblant d'une colère contenue, répliqua d'une voix rauque à Nahel.

« Les murs ont des oreilles. Il ne faut jamais prononcer de mots pareils. Quand une personne dit qu'il est interdit de parler de lui, on ne parle pas de lui, surtout si c'est un Verndari. »

« Je ne vois pas le problème Père, elle nous a avoué qu'elle était demi et elle ne se cache pas, » murmura-t-il bougon, mais un peu effrayé par son père.

« Il a raison, » avouai-je. « Un Verndari m'a dit qu'il n'était plus nécessaire de se cacher... »

À cause de moi, mais je gardais cette affirmation dans ma tête. Je soupirai alors que Luc vint vers moi.

« Ne sois pas si dur envers... »

Luc s'arrêta en milieu de phrase et semblait dans ses pensées. J'attendis que la communication télépathique cesse pour qu'il m'informe de ce qu'il se passait. Nahel fit un vif hochement de tête puis partit vers la sortie de la maison.

« Gabriel va bientôt arriver, » déclara Luc doucement.

Je hochai la tête tandis que mon coeur rata un battement à l'écoute de son nom.

« Comment marche le lien exactement ? C'est assez nouveau pour moi, donc je ne sais pas comment l'utiliser correctement, » demandai-je gênée, tout en marchant vers la porte d'entrée avec Luc.

« Gabriel ne t'a pas aidé ? »

« Eh bien, il m'a marqué sans me demander mon avis, donc je me suis un peu énervée. Puis je lui ai dit ce que j'étais et j'ai atterri ici... Donc il n'a pas vraiment eu le temps, » dis-je coupable.

« Bien. Il suffit de penser à lui. Le lien est toujours ouvert entre vous, mais avec la distance, il s'amenuise. Étant des loups-garous, nous pouvons lui parler à n'importe quelle distance, mais le lien agit différemment avec les humains. À une certaine distance, le lien est comme dormant tout en étant présent. Ne t'en fais pas, dès qu'il reviendra, tu sentiras le lien se rouvrir. »

Je le remerciai pour ses explications. J'étais stressée, parce que je ne savais pas comment me comporter devant mon âme-soeur après toutes les révélations que j'avais balancées. J'avais vu sa détresse quand je m'étais enfuie avec mes pouvoirs. Cette image restait dans ma mémoire comme une preuve que je n'étais pas faite pour lui. J'étais tellement différente et pourtant mon coeur voulait rester avec lui. Pour toujours.

Alignés devant le manoir en construction, une partie des loups-garous guettaient l'arrivée de leur Alpha en fixant les arbres nous entourant. Je fis de même, et on m'obligea, malgré mes protestations, à rester devant eux. En avant du groupe, comme la vraie femme d'un Alpha. Je devais parler de cet aspect de mon nouveau rôle qui ne me plaisait pas. J'étais devenue une princesse à chouchouter, ce que je détestais.

Je leur fis le plaisir de rester droite devant une centaine de loups-garous. Je me laissai aller et ouvris mon ouïe malgré les pouvoirs que j'avais beaucoup trop utilisés en une journée.

Je reconnus plusieurs pas, sûrement ceux de Gabriel et des autres membres de la meute.

« Ils sont combien à venir jusqu'ici ? » demandai-je, les yeux fermés pour me concentrer.

« Gabriel et cinq autres membres. Pourquoi ? » questionna Luc comme s'il sentait mon inquiétude.

« Il y a trop de monde, et ils sont tout autour de nous, » avouai-je calmement.

« Les chasseurs, » évoqua Luc dans un soupir inaudible.

« Pourquoi êtes-vous restés ici ? Les chasseurs connaissent cet endroit, alors pourquoi réparer les dégâts alors que vous pouvez partir ? » demandai-je en le regardant droit dans les yeux.

Luc soupira et hésita à me dire la vérité. Il regardait Nahel dans les yeux en prétextant que je n'étais pas présente. Puis, il me répondit avec un nouveau soupir.

« Gabriel voulait qu'on reste là, et que l'on combatte si les chasseurs attaquaient de nouveau. »

« Pourquoi ? »

« Parce que c'est la génération de ses parents qui a construit de leur main ce manoir. Étant des amis d'enfance de ses parents, j'ai aussi posé des pierres à ce magnifique édifice, » avoua Luc en regardant le bâtiment avec mélancolie. « Il ne veut pas perdre la seule chose qui lui rappelle ses parents. »

Je hochai la tête avec tristesse, mais comprenant son envie de garder ce manoir en état coûte que coûte. Mais pendant ce temps, les chasseurs savaient qu'on était là. Il devait même savoir qu'une nouvelle arrivée était présente sur les lieux.

Je vis certaines personnes se déployer sous les ordres directifs de Nahel. Il postait des guerriers à tout autour de nous puis chacun avançait droit devant lui vers la forêt. Je ne savais pas si c'était une bonne idée.

« Attendez ! Vous ne pouvez pas les sentir, vous allez vous faire tuer comme ça, » affirmai-je.

Ils se stoppèrent tous et attendirent de nouveaux ordres en se tournant vers Nahel. Ils ne savaient plus qui écouter. J'étais la compagne de leur Alpha, donc ils devaient m'obéir, mais ils ne me connaissaient pas assez pour suivre mes directives à la lettre. Je ne leur en voulais pas.

« Nahel, ils ne peuvent pas les affronter sans les sentir. Ce serait trop dangereux. Vous les loups-garous, vous vous fiez beaucoup à votre odorat et votre ouïe, mais les chasseurs sont entraînés à ne pas faire de bruit quand ils marchent, et sont maintenant inodores, » tentai-je de raisonner le frère sérieux de Raphaël.

« Alors que voudrais-tu faire ? » demanda-t-il avec un soupir.

« Me battre. »

J'avançai à toute vitesse vers l'un des chasseurs que je sentais. Je me postai juste derrière lui et ne pris pas le temps de lui parler. Je sortis ma dague d'une main, tirai ses cheveux en arrière une autre, et laissai la lame couper rapidement sa gorge.

Sa bouche n'avait pas le temps d'émettre un son, et je laissai son corps tomber à terre. Je ne regardai déjà plus son cadavre quand je partis vers le bruit tambourinant des battements de coeur d'un autre chasseur.

Tuer. Un acte que je n'avais pas fait depuis quelque temps, mais que mon corps semble connaître depuis toujours.



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