|Autodestruction.|

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Emily était la seule personne en qui j'avais confiance. La seule personne qui pouvait m'aider, qui pouvait me comprendre. Après tout c'est elle qui m'avait sauvé. C'est elle qui m'avait aidé une première fois alors, une deuxième aurait pu fonctionner. J'ai toujours su que, depuis le jour où elle était venue me voir, elle ne risquerait plus de partir. Elle ne partirait pas d'elle-même, elle ne m'abandonnerait pas. Au moins elle, elle pourrait rester avec moi pour toujours, et continuer à m'aider quand tout allait mal. Parce que quand tout allait mal dans ma vie, elle était apparue d'un coup pour que tout aille bien. Et ça avait marché.

J'étais content, comme ça. Pendant deux ans tout ça avait duré. On s'entendait plus que bien, on savait qu'on n'était pas juste des collègues, mais des amis. Elle m'avait aidé à revivre, pour moi c'était un ange gardien. Si j'avais l'impression de retomber, elle était toujours là pour me soutenir avant que je n'atteigne le sol. Et si elle, elle allait mal, je me surprenais à essayer de l'aider. Emily m'avait fait retrouver quelques émotions que j'avais perdu il y a longtemps. Mais malheureusement, parmi elles, il y en avaient qui ne me voulaient pas seulement du bien.

Parce qu'il y avait une chose qu'elle ne pouvait pas soigner. Un point sur lequel elle ne pouvait pas m'aider. Le point sur lequel j'ai renoncé moi-même à recevoir de l'aide, et je pense que ce point, on sait lequel c'est. Je ne pouvais pas lui demander de l'aide, cette fois, sinon ça gâcherait tout. J'avais quelque chose à accomplir, de l'art à réaliser. Et je devais être seul pour faire ça, sinon mon objectif n'aurait pas pu atteindre son but. Et mon objectif si important m'avait obligé à faire quelque chose que je ne voulais pas faire. Je ne voulais pas tuer Emily, je ne voulais pas la tuer elle. J'allais être complètement perdu sans elle, mais après tout, je l'ai toujours été, même avec de l'aide.

●●●▪▪•▪▪●●●

Je ne comprends plus ce que je suis censé ressentir. Parce que depuis un moment, je ne ressens plus rien. C'est marrant pourtant, car mes émotions étaient revenues, mais elles sont reparties aussi vite qu'elles sont revenues. C'était de courte durée, au final. Rien de bien ne dure longtemps avec moi, il y a toujours quelque chose qui vient tout gâcher. Je ne sais plus ce que je dois faire, ce que je ne dois pas faire, j'obéis juste à ma conscience, encore une fois.
Et là, elle me dit de tuer la lueur d'espoir qui était apparue d'un coup dans ma vie.

Je n'ai même plus la force de lutter, j'ai abandonné toutes les forces qu'il me restait, alors, à contre-coeur, je vais devoir le faire. C'est pour une bonne cause, pourtant. Ça fait presque deux ans que je tue secrètement des femmes pour en faire mon art. Ma soudaine passion pour l'art morbide qui est apparue après avoir vu cette photo. Mais je n'y peux rien, c'est beaucoup trop beau. Alors même si la personne qui doit être sacrifiée est celle que je préférais la moins être sacrifiée, je dois le faire, ne serait-ce que pour voir cette beauté étincelante qui va à nouveau apparaître. Elle va être encore plus magnifique comme ça, il n'y a pas de quoi s'en faire.

Je ne sais même plus ce que je dis, ce doit bien être une preuve en plus que la folie s'est emparée de moi.

Emily, attends.

Elle se retourne vers moi, alors que je m'étais arrêté depuis quelques secondes. Vu son regard, elle doit sûrement se demander ce qui me prend de m'arrêter en plein milieu du chemin qu'on était en train de traverser, dans ce parc. Il n'y a personne, en plus, il est tard. Les seules choses qui nous accompagnent, ce sont les lampadaires et leur lumière. Ce seront les seuls témoins de ce qui va se passer dans ce parc.

Alors qu'elle me regarde sûrement en attendant que je parle et que moi, j'ai le regard légèrement baissé sur le sol, aucun mot n'arrive à sortir. Les gestes non plus, d'ailleurs. Je n'ose plus continuer, d'un coup, comme si j'avais peur. Mais pourquoi j'aurais peur ?
Je relève enfin la tête vers elle, alors qu'elle s'apprêtait sûrement à parler.

Il faut que tu saches que je suis désolé, et que ce n'est pas de ta faute.

Les mots sortent enfin, mais difficilement. J'ai l'impression d'avoir la gorge serrée. Et maintenant, Emily me lance un regard inquiet. Elle ne doit sûrement pas comprendre ce que je suis en train de faire. Et moi non plus je ne comprends pas, d'ailleurs.

Qu'est-ce qui se passe, Stefano ?

Elle est inquiète, ça se ressent. Mais elle ne l'est pas pour elle, elle l'est pour moi. Elle a sûrement peur que je rechute, comme d'habitude. Sauf que dans ce cas là, son instinct de survie aurait dû prendre le dessus, elle aurait avoir peur pour elle, pas pour moi.
Je t'en prie, ne me laisse pas faire ça.

D'un coup, sans donner d'explications, je sors mon couteau de derrière mon dos. En le voyant, Emily fronce les sourcils. Puis, quand l'information a eu l'air d'être montée dans son cerveau, elle écarquille les yeux. Elle ne peut sûrement pas croire tout ça, c'est normal. Elle ne peut pas croire que depuis tout ce temps je lui mentais.

Alors c'était toi..? Depuis le début ?

Pourquoi est-ce qu'elle ne fuit pas ? Pourquoi elle ne s'en va pas en courant, pour être loin de moi ? Pourquoi ne veut-elle pas survivre ? Elle veut sûrement d'abord comprendre tout ça, ce qui encore une fois, est normal. Ça tombe bien, moi aussi j'ai besoin de comprendre. Mais j'aurais aimé qu'on n'ait pas eu besoin de s'expliquer, de se comprendre. Tout ça est à cause de moi, je ne peux pas me plaindre et espérer une autre fin.

Je n'ose pas répondre, je tremble seulement. Pourquoi avec elle, c'est différent des autres ? C'est la seule pour laquelle je suis désolé, et pour qui j'épprouve des remords en avance. Mais je ne devrais pas en ressentir, pourtant.

Tu aurais dû me le dire. J'aurais peut-être pu t'aider.

Elle a dit ces phrases en se rapprochant de moi. Mais pourquoi elle se rapproche ? Et pourquoi elle pense ça ? Elle n'aurait pas pu m'aider, personne ne le peut. Même moi je ne peux rien faire. Je n'arrive tellement à rien faire que depuis avant je n'ai pas bougé, je ne lui ai toujours pas répondu. Je suis si faible.
Peut-être qu'Emily sait ce que je ressens, peut-être qu'elle me comprend finalement, parce qu'elle n'a pas l'air de m'en vouloir. Elle est juste.. déçue. Et elle a l'air d'avoir de la peine, aussi. Après tout, elle sait ce que j'ai vécu pendant trois ans, et c'est peut-être ça qui a commencé à me faire délirer.

Personne ne peut m'aider, Emily. Tout est de ma faute et-

À une distance assez proche de moi, elle plaque ses mains sur mes joues, de sorte à avoir mon visage bien en sa possession. Elle me regarde avec un regard bienveillant. Un regard bienveillant. Bienveillant.
Et elle me sourit tristement, tout comme lui le faisait. Pourtant, elle porte sa robe bleue fétiche, tout comme elle portait sa robe bleue.
D'un seul coup, toutes ces ressemblances me frappent, telles des claques encore plus fortes que celles qu'Emily a si gentiment assénées à mes joues. Je ne peux pas ignorer ces ressemblances, je ne peux plus.

Alors qu'elle remarque sûrement que je commence de plus en plus à avoir le souffle irrégulier, Emily se remet à parler, peut-être pour me rassurer. Mais je n'ai pas besoin d'être rassuré.

Ce n'est pas de ta faute, Stefano. Tu n'y es pour rien, tu n'es qu'une victime en plus de la cruauté des Hommes.

Et elle, elle allait être une victime en plus de ma cruauté.

Elle avait raison, après tout. Pourquoi je me lamentais ? Ce n'est pas de ma faute si mon père est mort, si ma mère a décidé d'ignorer tout ça. Ce n'était pas ma faute. Ni quand je me suis retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment. Mais maintenant c'est de ma faute car à cause de celles des autres, je suis devenu pire qu'eux.
Emily... Si seulement je ne t'avais pas rencontré. Tu aurais dû me laisser me noyer.

Car maintenant que j'ai retrouvé une part de confiance en moi, je ne ressens plus aucune peur, plus aucun doute.

Tu vas tomber avec moi.

Et sans aucune once d'émotion dans ma voix, en regardant Emily dans les yeux, soutenant son regard, je lui ai enfoncé mon couteau dans la gorge. En la tuant, je savais que j'allais perdre ce qui me restait de ma raison de vivre, je savais que je m'étais définitivement condamné, que je serais perdu à jamais et que plus personne ne me retrouverait. En voulant m'aider pour la première fois, Emily aura mené à sa propre perte. Et moi, en faisant ce geste, j'allais aussi mener à ma propre autodestruction. Mais au moins, je n'allais pas tomber seul pour une fois, j'allais entraîner quelqu'un dans ma chute. On tombera tous les deux. Et quelque part au fond de moi, c'était réconfortant.

Quand j'ai vu son sang gicler de tous les côtés, comme d'habitude, et quand je l'ai senti atterrir sur moi, j'ai ressenti une immense satisfaction. Elle était devenue magnifique comme ça, encore plus qu'avant. Et grâce à elle, j'étais soulagé, comme libéré de quelque chose, rien n'était de ma faute. Je n'avais plus à m'inquiéter. Mais j'ai comme eu l'impression que cette affirmation était fausse, et que malgré tout, Emily me suivrait toute ma vie, même après sa mort. J'étais soulagé mais aussi inquiet. J'appréhendais beaucoup la suite, étrangement, et je n'avais pas eu l'entière impression d'être libéré de mes démons.

Lorsque j'ai enfin osé planter ce couteau dans la gorge d'Emily, elle qui m'avait aidé jusqu'à la fin, une haine qui m'était familière m'avait à nouveau parcouru. Envers qui était-elle destinée, déjà ? Comme si ce que je venais de faire était une provocation, mais envers qui ? Et pourquoi est-ce qu'elle revenait d'un coup ? J'ai alors pensé à ma mère, et je me suis dit qu'elle devait être très déçue, elle qui voulait tant que je sois un bon garçon.

"Et c'est tout ce que tu mérites."

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