Jour 10

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Le manoir était bien silencieux ce matin-là, alors que l'aube au-dehors pointait seulement le bout de son nez. Clark Kent ouvrit les yeux avant que ne sonnât le réveil, et l'éteignit pour éviter de réveiller inutilement la personne à côté de lui, qu'il avait entendu se coucher il y a tout juste une heure. Il voulut lui offrir un baiser sur la tempe, mais le sang séché sur celle-ci l'en dissuada, et il décida de se lever.

La routine avait quelque chose de rassurant qui contrastait avec l'aventure quasi perpétuelle qu'était sa vie. Car il allait de soi que l'homme que l'on surnommait « Superman » ne menait un train-train ordinaire. Et pourtant, étonnamment, il s'accrochait à son rituel matinal. Il s'étira en baillant, puis traversa plusieurs couloirs pour se rendre à la cuisine. Malgré la présence de leur majordome, Clark, pas habitué au luxe dans lequel vivait sa moitié, préférait préparer lui-même son petit-déjeuner. Un œuf, du bacon, des tartines et un fruit furent ce qu'il choisit ce matin-là pour démarrer cette journée pleine d'énergie. Il ne passait pas un jour sans qu'il ne prit un copieux petit-déjeuner qui le mit en forme. Un jus d'oranges pressées accompagnait toujours celui-là, quand la saison toutefois le permettait.

Pendant ce temps, l'autre dormait toujours.

Son repas avalé, le journaliste enfila une tenue adéquate, une paire d'écouteurs, et partit faire son jogging dans l'immense parc de la toute aussi immense propriété. Feeling Good, Bad Blood, Eyes of the Tiger, les styles variaient mais toutes lui donnaient l'énergie dont il avait besoin - bien qu'en réalité, ses pouvoirs lui suffisaient, mais il appréciait néanmoins se laisser envahir par la musique. Son tour se termina sur la terrasse où il s'attela à mettre ses muscles à contribution pour un renforcement musculaire intensif.

Pendant ce temps, l'autre dormait toujours.

Une douche le débarrassa ensuite des résultats de son effort physique matinal. En semaine il se rendait après cela dans les locaux du journal où il était employé pour y effectuer sa journée de travail, mais ce dimanche et comme tous les autres dimanches avant lui, il profitait de ce temps libre pour lire ou effectuer quelques recherches supplémentaires pour le boulot. Parfois, le temps était tué par une partie d'échec avec Alfred, qui pouvait les tenir en haleine pendant plusieurs heures, ou encore un saut en ville pour quelques emplettes diverses et variées.

Pendant ce temps, l'autre dormait toujours.

Il hésita un instant à aller réveiller sa moitié. Midi approchait à grands pas, mais une fois de plus, il ne le fit pas. Il savait leurs journées décalées, la sienne relativement normale et celle de son autre retardée de presque une demi-journée. Alors, il attendit comme chaque matin que l'autre se réveillât pour qu'ils déjeunassent ensemble. Le journal fut donc une fois encore son compagnon de patience. Il sourit en lisant un article sur l'incroyable Superman écrit par un certain Clark Kent, qui embrouillait les pistes vers sa réelle identité tout en le glorifiant quelques peu. Oh il n'y avait jamais de mal à dire du bien, même de soi-même.

Quatorze heure sonna, et l'autre se réveilla. La routine de l'héritier Wayne était bien plus simple : il soignait les blessures dont il ne s'était pas occupé la veille, nettoyait les autres sous la douche, s'habillait, et rejoignait Clark en maugréant contre le manque de sommeil contre lequel ses activités de Chevalier Noir n'aidaient pas. Celui-ci laissa échapper un bref rire.

« Bonjour Bruce. Tu as passé une bonne nuit ?

– On peut dire. Riddler a encore fait des siennes, trois morts parmi les civils, mais on a fini par le coincer et il est actuellement derrière les barreaux.

– Tu me reviendras sans blessures un jour ?

– Certains viennent de cette planète et ne sont que des humains Clark. C'est comme ça. Et toi ? Bonne matinée ?

– Ma foi, j'étais en train de me dire que si on interviewait Superman sur ses habitudes, elles pourraient se résumer ainsi : « je m'occupe pendant que mon mari dort encore. »

– Alors que si on interrogeait Batman, il pourrait raconter le monde qu'il sauve et les criminels qu'il arrête la nuit pendant que l'autre lopette de Superman pionce. »

Il continuèrent ainsi de se chamailler, chacun se ventant d'être un meilleur super-héros que l'autre, et que l'autre n'était qu'une sale faignasse et retire ce que tu as dit Clark sinon je te fume et voyons Bruce tu ne fais pas le poids et c'est au lit alors que ça va se régler sale Alien. Un couple de super-héros bien ordinaire en soit, avec une routine journalière bien assez simple.

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