Jour 11

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Quand on était enfant, on avait toujours peur des trolls, des croque-mitaines, des sorcières, parce que c'étaient les méchants décrits dans les livres. Mais la réalité n'était pas un livre, la réalité était bien plus effrayante qu'une sorcière au nez crochu. Ça faisait bien longtemps que George n'avait plus peur des monstres, puisqu'il avait compris trop tôt que le mal résidait là où personne n'osait l'admettre. Le garçon fixa son reflet, et poussa un grand soupir. « C'est parti. » L'envie de détourner le regard se faisait si grande, mais maintenant qu'il avait croisé le sien, il n'y avait pas de retour en arrière. Pas d'échappatoire. La nausée lui venait déjà. Et pourtant, il serra les dents et observa avec attention chaque détail de l'être qui se présentait face à lui. Les courtes boucles brunes qui tombaient sur son front comme la laine d'un mouton, son nez disgracieux couvert de taches de rousseur qui mangeaient son visage, ses lèvres, sa bouche, sa mâchoire... Il s'efforçait de tout regarder, il s'efforçait de ne pas pleurer, il s'efforçait de ne pas hurler. Ô comme il aurait voulu partir, quitter cette pièce maudite, abandonner le combat contre ses démons. Après tout, personne ne l'y obligeait, et jusqu'à présent, il se débrouillait bien pour éviter de le faire. Non. Il ne pouvait pas éternellement fuir le moindre miroir, et sentir l'angoisse monter dès qu'il devait entrer dans une pièce dont il ne connaissait pas la configuration par peur qu'il y en eût un qu'il ne pût éviter. L'on prétendait toujours que pour vaincre sa peur, il fallait la combattre de front. Alors, il continua de se regarder.

Depuis le début, il était néanmoins parvenu à éviter son regard, à ne pas plonger dans ses prunelles grises qui étaient la seule chose qu'il parvenait à apprécier. Car ce n'était pas ses iris qu'il haïssait. C'était voir à travers son regard ce qu'il y avait derrière, ce qu'il y avait en lui. Ce que nul autre ne pouvait observer. Ce qui le rongeait. Les démons, il l'avait découvert à un âge où tous vivaient encore dans l'insouciance, n'avaient pas de forme physique terrifiante. Invisibles, mais surtout tues car il ne fallait pas avouer être victime de ces monstres qui n'avaient rien à voir avec ceux des contes. George fixait ses cheveux qu'il détestait. Il se sentait incapable de descendre plus bas. Il était pourtant si proche de son but. Mais la peur et l'appréhension lui dévoraient les entrailles.

Une inspiration, son souffle se bloque, et il plonge dans son regard. Le dégoût se fait plus violent que jamais, comme une vague nauséabonde qui l'emporte et le noie. Ses mains se serrent contre le lavabo, jusqu'à en blanchir ses phalanges. Dents serrées, il met toute son énergie à fixer le miroir. À se fixer. Il ne s'observe plus, il mène une lutte silencieuse et intérieure. La peur a été remplacée par la haine. On finit toujours par détester ce qui nous effraye, ce n'est qu'un moyen illusoire de chasser la terreur de nos entrailles. Intérieurement, George hurle, lutte, supplie. Il voudrait que cela cesse. Ne plus avoir à se regarder dans le miroir. Il est prêt à abandonner...

George craqua, détourna le regard, une larme au coin de l'œil. Chamboulé, l'esprit en vrac, une forme d'apaisement tomba pourtant sur lui. Bien sûr qu'il avait échoué, ne gagnait pas du premier coup n'importe qui. Et probablement qu'il n'oserait pas retenter l'expérience avant un temps significatif. Il continuerait de détourner de les yeux, il continuerait de craindre son propre regard. Il ne cesserait d'être envahi par ses démons. Mais il avait fait mieux que de gagner. Il avait essayé. Maîtrisé, pour quelques minutes, sa terreur. Il finirait par y arriver. Il l'espérait, du moins. Ferait tout pour. Sa main se glissa dans ses cheveux, les ébouriffa. Sourire satisfaction.

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