Jour 12

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L'homme se morfond. L'homme n'est pas un homme. L'homme qui n'est pas un homme se morfond. Il attend, il maussade, il s'ennuie, il s'impatience. Cœur serré, lèvres pincées, et l'esprit, vide de tout, vide, vide de volonté, vide de vie. L'hiver est la seule saison où nous pouvons nous aimer. Il s'en souvient, elle le lui a dit. La phrase se promène dans sa tête, plus glaciale qu'elle ne était quand elle l'a prononcée. L'hiver est la seule saison où nous pouvons nous aimer. Qui ? Qui a dit ça ? Son frère, son bon dieu de frère, son roi, son ennemi, son parjure. Zeus a dit ça. L'hiver est la seule saison où vous pouvez vous aimer. Pourquoi ? Pourquoi fallait-il qu'il prenne le parti de cette folle, de la Possessive, sa sœur, sa belle-mère ? Une larme. Non, pas une larme. Le roi des enfers ne pleure pas. Un flocon de neige alors ? Ici, tout était possible, mais en haut, les fleurs bourgeonnaient pour le narguer. Une goutte de pluie. Oui sûrement ça. Une goute de pluie. Non, bien une larme. Le roi des enfers pleure parfois. Aujourd'hui, une larme. Un souffle. Douloureux été qui n'en veut finir. Haïssable été qui garde captive sa belle sa douce sa charmante épouse. Sa Perséphone. Un frisson. Il a froid. Aujourd'hui déjà quatre longs moins, et autant en attente. Aujourd'hui, le supplice n'en est qu'à sa moitié. Aujourd'hui il
grogne
hurle
maudit
supplie
pleure.
Le roi des enfers ne pleure pas.

Aujourd'hui, la déesse se morfond. Aujourd'hui, la chaleur sur sa peau ne lui fait rien. Aujourd'hui, elle voudrait être ailleurs. Elle voudrait retrouver sa voix son parfum ses caresses ses baisers. Se perdre dans son étreinte et tout oublier. Fuir cet été trop fleuri, trop chaud, trop parfait, retrouver la sombre froideur des enfers, retrouver son chez-elle. Elle aime sa mère, comme on aime une mère, mais comme on aime une mère on la quitte, et Perséphone voudrait pouvoir la quitter. Partir. S'envoler. Mais la reine des enfers ne l'est que quatre mois par ans, parce qu'elle n'a pas eu le choix, parce que Demeter l'a supplié, parce que Zeus l'a ordonné. Elle ne les déteste pas, mais elle leur en veut, et elle s'en veut de devoir s'y plier. Une larme. Non, pas une larme. Pas sa larme. Celle de son mari alors ? Non. Le roi des enfers ne pleure pas. Ou peut-être, peut-être aujourd'hui pleure-t-il ? Elle aurait voulu que ce soit un flocon de neige. Elle aurait voulu qu'il annonce l'hiver. Cet hiver qui est la seule saison où ils peuvent s'aimer. Une rose, à côté d'elle, pétales éphémères, crie sa beauté, crie l'été. Et elle, elle voudrait
grogner
hurler
maudire
supplier
pleurer.
Mais elle n'est pas seule, et ils ne le comprendraient pas.

Hadès a fui, fui dans son lit, prêt à affronter ses cauchemars pour ne plus subir cette journée. Sommeil tourmenté, le non-repos de l'âme. Nuit mécanique. Demain, demain ira mieux. Non. Demain sera moins pire qu'aujourd'hui. Et dans quatre mois, Perséphone enfin à ses côtés.

Perséphone a fui, le vent ami fouette son visage, elle vole, loin, si loin... Elle ne s'arrête pas, ne s'arrêtera plus. Au diable les arrangements. Ironie cinglante. Elle ne veut plus vivre selon les autres, soient-ils roi des dieux. Elle ne se laissera plus guider. Elle ne peut vivre que quatre mois par ans.

Hadès a trouvé refuge dans son sommeil. Un corps trouve refuge contre le sien. Son bras, son bras réflexe, geste mécanique, entoure l'intrus aimé. Demain, demain ira mieux. Demain et tous les jours d'après.

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