Jour 8

Màu nền
Font chữ
Font size
Chiều cao dòng

Tout le monde le lui avait pourtant maintes fois répété : « Camille, arrête de te battre ». Mais l'adolescent l'avait également dit plusieurs fois, on ne touchait pas à son frère. Alors, à cause de toutes ces redites, Camille se retrouvait en pleine rue à éviter les coups d'un mec contre qui il ne faisait pas le poids. Lui aussi, se le soufflait souvent. Camille, arrête de te battre bordel. Mais la cruauté de la réalité l'en empêchait. L'être qu'il affrontait était déjà bien plus grand et plus costaud que lui, alors que son petit frère... C'était d'une lâcheté sans pareille. Il évita un coup, frappa, échoua, s'en prit un, son nez craqua, saigna, un crochet, sa cheville se déroba, sa tête contre le sol, et la douleur, la douleur lancinante... Le groupe ricana et, après un dernier coup dans les côtes qui lui coupa le souffle, les laissa seuls au beau milieu de la rue. Tomas se précipita sur lui, inquiet, mais déjà Camille se relevait, gardant la douleur enfouie au creux de lui pour que son frangin ne la vit pas. Un sourire, rassurant, une main dans les cheveux, et ils s'en retournaient vers chez eux.

Le robinet mal refermé de la cuisine laissait échapper un filet d'eau, chantait sa mélodie. Camille passait le tissu humide sur ses plaies extérieures, essuyant le sang qui y avait séché. En revanche, pour ses lunettes brisées au contact du bitume, il ne pouvait rien faire. Un nouveau sourire rassurant pour son petit frère, qui n'avait pipé mot depuis leur arrivée.

«  Tu dois arrêter de te battre à ma place, Camille, lâcha-t-il enfin. Victor n'est rien qu'une brute épaisse qui veut asseoir sa domination sur les plus faibles. Il n'en vaut pas la peine.

– Alors quoi ? Je devrais me contenter, quand je viens te chercher au collège et qu'il est prêt à te passer à tabac, de regarder de loin et de te ramasser pour te ramener à la maison ensuite ? Ça n'arrivera pas Tomas.

– Il n'a jamais été aussi violent avec moi qu'il l'a été avec toi tout à l'heure ! Tu n'avais pas à prendre une raclée à ma place. »

Camille fit taire son cadet d'un regard. Il en avait l'habitude, de passer pour le fils trop téméraire, fauteur et chercheur de troubles, décevoir ses parents une fois de plus ne lui posait aucun problème. Mais que quelqu'un osât poser la main sur son frère, son unique et petit frère, de cela il n'en était pas question. Une larme de rage glissa le long de sa joue. Il ne laisserait personne le terroriser, quoi que cela devait en coûter. Et lui qui n'appréciait pas fondamentalement se battre, n'y voyait aucun inconvénient s'il s'agissait de protéger celui qu'il chérissait tant. Il déposa un baiser sur le front de son frangin. Tant qu'il serait en vie, personne n'aurait le droit de lui faire du mal, de quelque manière que ce fût.

Tomas, incapable de retenir ses larmes, se souvint de tout cela ce jour-là, ce jour terrible, devant la tombe de son aîné. Un coquard marquait son œil droit. Camille avait tenu sa promesse, personne ne l'avait touché du reste de l'année. Mais même l'homme qu'il admirait le plus au monde n'était invincible. Avant de s'éloigner, il lui murmura un merci lourd d'amour et de sanglots.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen2U.Pro