L'Amant du Fossoyeur 2/2

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Deux mois se traînèrent avant que Yann ne réapparaisse. Il arriva exactement comme la dernière fois. Erwan venait de finir une tombe fraichement creusée, où un nouveau locataire avait emménagé l'après-midi même. Il s'était assis sur le menhir couché, et, pour saluer la fin du jour, avait improvisé une petite chanson.

Pas un souffle n'avait trahis son approche. Pas un grincement n'avait annoncé sa charrette – qui, pourtant, n'était pas si discrète. Mais il était là. Il écoutait.

Et Erwan n'avait jamais été aussi heureux qu'à l'instant où il tourna la tête, et tomba sur sa silhouette noire, immobile.

Une fois encore, il l'invita chez lui, pour partager son repas. Ils parlèrent, beaucoup. Yann écouta d'abord Erwan lui faire part des derniers potins, puis, avec embarras, de ses derniers poèmes. Puis il prit la parole lui raconta des histoires, toutes différentes de la dernière fois.

Et cette fois, Erwan veilla bien à changer la bougie, pour ne plus laisser les ténèbres l'engloutir. Yann prit garde à ne pas plonger trop longtemps son regard dans le sien.

Ils se séparèrent à l'aube, le cœur emplit d'une chose qu'ils ne comprenaient pas encore, mais qui amenait sur leurs lèvres un sourire flottant et rêveur.

Yann revint un mois plus tard, exactement de la même façon. Le mois d'après, Erwan le vit trois fois. Mais il dut attendre trois mois, après ça, pour le retrouver.

À chacune de ses visites, Yann était moins pâle, moins distant, et plus souriant. Ils parlaient à bouches décousues, et se retrouvaient comme deux vieux amis, en prenant à peine le temps de se saluer avant de reprendre la conversation où elle s'était arrêtée.

Yann, qui semblait incroyablement instruit, apprit à Erwan à lire et à écrire. Il lui apporta aussi du papier et des livres vierges, ainsi que de l'encre et des plumes d'une qualité extraordinaire, que le jeune homme essaya en vain de refuser. En échange, il dédiait ses poèmes à son étrange ami de noir vêtu, qui les écoutaient la tête penchée et les yeux clos, comme s'il s'agissait des paroles les plus pures et les plus touchantes qui ne lui soient jamais parvenues.

Erwan l'emmena visiter autre chose que le cimetière. Ensemble, ils longèrent souvent la plage, et se perdirent dans la forêt. Ils errèrent entre les pierres d'un vieux dolmen – dont Yann affirma connaître l'origine – et discutèrent des fruits de saisons, au-dessus du potager du fossoyeur.

Et c'est ainsi que, des années durant, la solitude d'Erwan fut régulièrement troublé par l'inconnu à la peau pâle, et aux si merveilleuses histoires.

Alors que le temps passait, Erwan se surprenait à penser à lui, en dehors de ses visites. Et à le trouver beau. Il se surprenait à imaginer la texture de sa peau, et le toucher de ses mains. Il ne comprenait pas pourquoi son cœur battait plus fort lorsqu'il imaginait ses lèvres, et pourquoi la simple idée de sa chevelure sombre lui donnait des idées de caresses interdites.

Il se prit en train de rêver de lui, en train de s'imaginer à ses côtés, allongé, dans son lit. Sa peau était-elle chaude ou froide ? Il voulait sentir le poids de son corps contre le sien, il voulait sentir son souffle contre sa joue, il voulait...

Mais il n'avait pas le droit de vouloir ces choses-là, non, pas d'un homme à un autre. Le dimanche, à la messe, Erwan se cachait tout au fond, derrière une statue au regard torve, et se promettait de ne plus se laisser aller à de tels désirs. Puis il le revoyait, lui, il entendait sa voix, et il ne pouvait empêcher ses lèvres de sourire ou son cœur de battre, de la même façon qu'il lui était impossible de ne plus respirer et de vivre quand même.

Il aimait tout de Yann. L'inflexion de sa voix, les courbes de son corps. Mais aussi son amour des histoires, et son amusement perpétuel envers les tribulations humaines. Yann ne jugeait pas, comme tous les villageois, il ne dénigrait pas, ne condamnait pas. Il laissait vivre. Et puis il avait ce regard, lorsqu'il écoutait un poème, ce regard, lorsqu'il le regardait, lui, comme personne ne l'avait jamais regardé...

C'était interdit, c'était un pêché contre le Seigneur, et il irait droit en enfer, mais Dieu, Dieu, qu'il voulait toucher son corps !

Dix ans s'étaient écoulés, depuis leur première rencontre. Dix années où ils n'avaient cessés de se dévorer du regard, arrêtés dans la course folle de leur désir, l'un par les lois des hommes, et l'autre par d'autres lois encore, plus anciennes et plus immuables.

Et puis il y eut ce soir d'hiver, où le monde entier se trouva bouleversé, sans qu'aucun humain ne s'en aperçoive jamais.

-J'ai rencontré la Brienn, près du puits, l'autre jour, commenta distraitement Erwan en cuisinant les ingrédients rares que, comme d'habitude, Yann lui avait apporté d'un de ses mystérieux voyages.

-Celle qui n'a plus de dents ?

-Celle-là même, s'amusa le fossoyeur. Il paraît qu'elle a parlé au prêtre, et qu'il lui a fait part de ses inquiétudes quant à notre si belle paroisse : un fossoyeur sans descendance ! Imagine que je meure, il faudrait que quelqu'un du village se résigne à prendre ma tache, ingrate entre tous !

-Les humains sont bien sots, rétorqua Yann, tranquillement appuyé contre le mur, tout près de lui. Ils devraient vénérer celui qui vieille à la mémoire de leurs morts !

Erwan laissa échapper un petit rire en surveillant sa cuisson.

-Ils sont bien trop superstitieux pour ça ! Bref, ils en ont conclut que je devais me marier et avoir des enfants au plus vite, et apparemment, la Brienn a consenti, pour le bien de la communauté, à me céder en mariage la petite Anne, qui vient d'avoir seize ans. C'est sa septième, de toute façon, et personne n'en veut parce qu'elle aurait déjà, soi-disant, perdu sa virginité avec le meunier.

-J'ai un peu du mal à saisir le rapport, mais je suppose qu'il s'agit encore d'une coutume locale.

Erwan laissa échapper un nouveau rire.

-Pas très locale, comme coutume !

Yann haussa les épaules.

-Tout est relatif, dans le temps et dans l'espace.

L'autre laissa passer la remarque. Il était habitué aux réponses incompréhensibles.

-Et alors, continua Yann, tu vas l'épouser quand ?

Erwan faillit en laisser tomber sa poêle.

-Comment ça ? Demanda-t-il en se tournant vers lui.

-Eh bien, la petite Anne...

-Mais qui t'as dit que je voulais l'épouser ? Je ne la connais pas, Anne, à part que, comme tous les autres, elle se signe quand je passe et fixe méchamment mes cheveux roux. Je n'ai aucune envie de vivre avec elle.

-Mais alors, qui vas-tu épouser ? Je n'ai jamais vu personne mourir sans s'être marié, dans le coin, au moins une fois. Il doit s'agir d'une coutume très...

-JE N'ÉPOUSE PERSONNE ! s'énerva Erwan, pour la première fois de son existence.

L'idée que Yann le pousse au mariage lui était intolérable. L'idée qu'il veuille le voir dans les bras d'une femme, avec des enfants, l'idée que ça ne le dérange pas qu'il fasse l'amour à une autre, qu'il vive avec une autre, qu'il partage sa vie avec une autre...

Yann détourna le visage, mais pas assez vite pour qu'Erwan n'aperçoive pas la tristesse qui marquait ses traits, soudain redevenus aussi pâles et froids qu'au premier jour.

-Est-ce que tu... commença le fossoyeur, incertain. Est-ce que toi, tu veux me voir épouser quelqu'un ?

-Est-ce que je le veux... répéta Yann dans un souffle, toujours sans le regarder. Non, je ne le veux pas, bien sûr...

S'en fut trop pour le jeune homme. Brisant les dernières barrières que la morale chrétienne lui avait imposé, il se saisit à deux mains du visage de Yann et l'embrassa.

Il eut à peine le temps de savourer le contact. Une immense sensation de froid s'empara de ses lèvres, avant de se répandre au reste de son corps. Il se sentit soudain extrêmement faible, comme s'il venait de perdre toute son énergie.

-ERWAN ! Eut-il le temps d'entendre avant de s'évanouir.

~

Lorsqu'il ouvrit les yeux, il sentit de suite que quelque chose n'allait pas.

Il était dans son lit. Il se sentait incroyablement las. Il tourna la tête, grognant lorsque ce simple mouvement contracta ses muscles.

Yann était là, assis à son chevet. Tout son être irradiait de tristesse, comme si sa peine était trop grande, trop immense, pour être contenue dans une enveloppe corporelle.

-Ah, tu es réveillé, constata-t-il avec un pauvre sourire.

Erwan s'assit difficilement.

-Que s'est-il passé ?

-Tu n'as toujours pas compris ? Soupira Yann. Oh, Erwan... Erwan... Tu as des cheveux gris.

Le fossoyeur eut un instant de stupeur.

-Qu'est-ce que...

-Qu'est-ce qui t'as pris, Erwan, de m'embrasser ainsi ?

-J'en avais envie, répliqua l'intéressé avec une note de défis. J'en brûlais d'envie. Dès le premier jour.

L'expression de Yann se fit encore plus douloureuse.

-Je t'aime, souffla le fossoyeur avant d'avoir pus s'en empêcher.

Il laissa passer une seconde, tentant de saisir l'énormité de ce qu'il avait dit.

-Oui, je t'aime, reprit-il enfin, d'une voix plus assurée. Je sais que c'est contre-nature, mais, Yann, je te promets que je t'aime réellement ! Je t'en pris, ne sois pas dégoûté, ou...

Yann l'arrêta d'un geste.

-Je me fiche des lois des hommes, répondit-il. Tu devrais le savoir à présent. Et rien, dans l'amour n'est contre-nature.

-Mais...

-Crois-moi, cher Erwan, je connais bien les lois de la nature, et celle-là ne rentre pas dedans.

Médusé, Erwan le regarda avec des yeux ronds.

-Alors... quoi ?

Yann se leva lentement, très lentement. Il avait revêtu sa cape de nuit, qui flottait à présent autour de lui, bien qu'il n'y ait pas le moindre souffle de vent. Son visage était encore plus pâle, et ses yeux plus noirs, qu'à l'instant. Son regard s'était fait sombre, triste, affreusement triste, et résigné.

-C'était une folie, dit-il enfin. Une incroyable folie. Depuis le début. J'étais venu chercher le vieil Yvain, pour lui faire faire le Voyage, comme d'habitude. Et je t'ai entendu. Je ne sais pas comment j'ai fait pour ne pas t'entendre jusqu'ici. La nature a sûrement conspiré pour ne pas que je te rencontre. Elle a eu raison. Dommage qu'elle ait échouée. Tu étais... Tu étais trop intense, Erwan, et il y avait chez toi quelque chose... Une candeur sans naïveté, une sorte d'amour diffus, tranquille... Et tes mots... Tes mots brillaient d'un éclat que je n'avais jamais rencontré, au cours de ma très, très, très longue carrière. Ce n'est pas tant que je n'ai pas le droit de t'aimer, Erwan. C'est que c'est vainc, voué au malheur, à l'échec. Je suis éternel. Tu n'es qu'un instant. Mais pour la première fois de mon incroyablement longue existence, j'ai compris pourquoi les humains aimaient quand même, alors qu'ils savaient qu'ils allaient souffrir, et, au final, mourir.

-Qui... Qui es-tu ? Souffla le fossoyeur.

-Tu me le demandes enfin ! Mais au fond, je crois que tu l'as toujours su. Tu l'as su au moment où la bougie s'est éteinte, le premier soir, et que la nuit a révélé mon vrai visage. Tu l'as su lorsque tu as vu ma charrette grinçante repartir, avec mon passager. Tu l'as su, mais tu n'as pas voulu te l'avouer.

-Non... balbutia Erwan.

-Tu l'as su, lorsque tu m'as embrassé, et que des années de ta vie sont parties en fumée.

-Non...

-Oh, Erwan... Tu connais mon nom, mon véritable nom.

Tout en parlant, il s'était agenouillé près du lit, et tenait les mains tremblantes du jeune homme dans les siennes, en se concentrant pour ne pas lui causer de dommage.

-L'Ankou, murmura en tremblant le fossoyeur. L'Ankou.

Et il plongea son regard dans celui de celui qui avait volé son cœur.

Il y vit une existence éternelle, et l'application de forces incroyablement anciennes. Il vit des civilisations se faire et se défaire, il vit des citées entières partir en fumée, disparaître, à jamais oubliées. Il vit des femmes hurler de douleur, et des hommes pleurer leur perte. Il vit des enfants immobiles, et des vieillards sans le souffle. Il vit le Temps avancer, implacable, inéluctable.

Il vit la véritable nature de l'Ankou.

Il comprit alors ce qu'il n'avait jamais comprit. Il comprit qu'il venait d'embrasser la Mort.

Avec un hurlement de frayeur, il dégagea ses mains et se terra au coin de son lit, tremblant.

L'Ankou se releva doucement.

-Au-revoir, Erwan, dit-il avec une douceur infinie. Nous nous reverrons un jour. Dans longtemps, j'espère. Le plus longtemps possible. Je ne t'oublierai jamais. Et pour quelqu'un d'éternel, c'est une bien lourde promesse. Au-revoir.

Et au moment où il se détourna pour sortir de la pièce, Erwan vit, il en était sûr, une larme briller au coin de ses paupières.

Son cœur se mit soudain à battre fort, incroyablement fort, contre la peau de sa poitrine. Sa gorge se serra, jusqu'à l'empêcher de respirer.

Est-ce qu'il allait vivre le reste de sa vie complètement seul, sous la vindicte des villageois, qui le forcerait à prendre une femme ou finirait par le lyncher ? À quoi bon ? Les dix dernières années de sa vie avaient été les plus belles, et, paradoxe ultime, il les avait passé avec la Mort.

Erwan sauta de son lit. Il n'était pas idiot, il savait à quoi il renonçait, il savait les dangers qu'il encourrait, et qu'il risquait de tout perdre. Qu'il allait tout perdre. Volontairement. Mais le jeu en valait la chandelle.

Il ouvrit la porte à la volée, et couru jusqu'à l'entrée du cimetière.

Yann – l'Ankou – lui tournait le dos. Il ne voyait que sa cape noire, qui se détachait sur la forme de la charrette.

Il parcourut les derniers mètres avec l'énergie du désespoir, et agrippa l'épaule de Yann.

L'Ankou se retourna. Erwan se mordit l'intérieur de la joue pour ne pas hurler.

Ce n'était plus Yann. C'était une figure squelettique, un crâne grimaçant où dansait un regard sombres, reconnaissable entre mille.

-Ça ne sert à rien d'attendre tranquillement que mon heure soit venue, déclara Erwan, aussi bravement qu'il le pouvait. Je ne pourrais jamais aimer quelqu'un d'autre que toi, de toute façon. Autant partir maintenant.

Il lui saisit les épaules, et, pour la deuxième fois de la journée, l'embrassa.

Il s'était crispé, s'attendant à sentir sous ses lèvres la texture dure du crâne, mais sa bouche en rencontra une autre. L'Ankou avait repris l'apparence de Yann.

Erwan sentit le froid s'insinuer au plus profond de son être. Yann voulu se dégager, mais il avait perdu le contrôle du baiser, qu'Erwan prolongea encore, et encore.

Il se sentit lourd, de plus en plus lourd. Son corps était insupportable à porter. S'il ne s'était pas accroché si fort à Yann, il se serait écroulé.

Et puis, soudain, il sentit quelque chose se briser, quelque part, et fut incroyablement léger. Le froid disparu. Et les bras de Yann l'enlacèrent enfin.

-Tu pleures ? Balbutia Erwan en séparant enfin ses lèvres des siennes.

La Mort laissa échapper un sanglot.

-Qu'est-ce que tu as fait, Erwan ? Qu'est-ce que tu as fait...

Le fossoyeur baissa les yeux. À ses pieds gisait le corps d'un très, très vieil homme. Au début, il crut qu'il s'agissait de son père. Puis il comprit.

-Ah, commenta-t-il simplement. Au moins, j'aurais évité les rhumatismes.

L'autre le regarda comme s'il était complètement fou.

-Oh, ça va, ronchonna le plus très jeune homme. On ne peut plus vraiment revenir en arrière. Dis-moi, comment ça se passe, avec ta charrette ?

-Ma charrette ? Répéta l'Ankou, légèrement dépassé par les évènements. Eh bien... Je viens récupérer l'âme des morts, et je les mène jusqu'à l'Au-delà.

-Et si je restais dans ta charrette ? Si je n'en descendais plus ? Si je n'allais pas là-bas ?

-Théoriquement, répondit la Mort en souriant, je devrais te botter les fesses pour te faire descendre, puisque c'est précisément mon métier. Mais...

-Mais ?

Le sourire de la Mort s'agrandit, et ses yeux pétillèrent d'une joie qu'Erwan ne lui avait jamais vu.

-Mais tu as de fort jolie fesses, mon cher fossoyeur, et je ne pourrais décidément pas les botter. Si tu t'obstines, je devrais donc me coltiner ton âme à mes côtés. Pour toute l'éternité.

-Tu pourrais t'en accommoder ?

-Je m'en accommoderai, souffla l'Ankou en prenant avec une infinie douceur son visage entre ses mains. Je serai bien bête de ne pas accepter quelqu'un qui a renoncé à la fois à la vie et au Paradis pour rester avec moi.

-Bien ! Déclara Erwan en se libérant de son étreinte pour grimper dans la charrette. Quand-est-ce qu'on commence ? On va se mettre en retard !

-Théoriquement, répliqua l'Ankou en grimpant à ses côtés, je ne peux pas être en retard, puisque je peux allonger le temps. Sinon, comment voudrais-tu que je récolte toutes les âmes du monde en une nuit seulement ?

-Détail technique, mon cher.

Et, pour la première fois depuis l'aube de l'humanité, on entendit la Mort exploser de rire.

~

Le lendemain matin, les villageois retrouvèrent un corps rabougris, devant le cimetière. Du fossoyeur, nulle trace. Épouvantés, ils enterrèrent le corps en dehors des terres chrétiennes, et quémandèrent à un exorciseur de purifier la demeure du fossoyeur roux, avant de brûler toutes ses affaires. Non que l'intéressé s'en soucie, désormais.

De nos jours, on n'entend plus sur la lande la charrette grinçante de l'Ankou. À l'ère de la science, où l'électricité éclaire les rues, les vieilles charrettes n'effraient plus personnes. Ce n'est pas pour autant que la Mort a cessé son interminable travail, bien entendu. D'ailleurs, si vous tendez l'oreille, par jour de grand vent, vous pourrez peut-être entendre quelqu'un réciter des poèmes d'une voix chaude et chantante. Et peut-être même qu'en vous concentrant bien, vous apercevrez deux silhouettes côte-à-côte, deux damnés pour l'éternité, parfaitement heureux de leur sort.

Mais dans ce cas-là, ne vous attardez pas trop, des fois que, jaloux, la Mort décide d'avancer votre heure...

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