Chapitre 28 : Se trouver des alliés

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Je me réveillai en sursaut en entendant une porte s'ouvrir.

Il me fallut quelques secondes pour me rappeler comment j'étais arrivé sur le sol, à serrer Milo contre moi pour dormir chez mon professeur de mathématiques.

— Sarah, tu m'avais dit qu'ils avaient passé la nuit ici, pas que tu les avait fait dormir par terre ! s'exclama justement celui-ci.

— Ah non, ça, ce n'est pas de ma faute, rit-elle en nous apercevant.

— Longue histoire, marmonnai-je en me redressant, les yeux encore à moitié clos.

J'essayai de faire lever Milo, en vain. Il était encore plus mal réveillé que moi et je n'arrivais pas à le secouer suffisamment fort pour le convaincre. Ce ne fut pas le cas de Raphaël et sa compagne qui, eux, étaient bien plus forts que moi.

Après avoir été plus agité qu'une bouteille d'Orangina un beau jour d'été, il daigna enfin nous saluer d'une voix ensommeillée.

— C'était encore une fois immature, illogique et enfantin, mais tu n'avais qu'à te lever normalement, comme ton petit ami.

Je lui lançai un regard furieux - furieusement gêné, plutôt.

— Mais il n'est que sept heures du matin, se plaignit le Wildstone en jetant un bref coup d'œil à son téléphone.

Était-il sérieux ? Nous avions littéralement dormir chez notre enseignant, et il trouvait le moyen de faire des reproches à son compagnon !

— Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt - il est déjà tard. Et je te rappelle que tu es censé être au lycée.

— Est-ce que tu as toujours réponse à tout ?

En plus, il le tutoyait ! Mais bon sang, il tenait vraiment à le mettre en colère ?!

Raphaël marqua un léger temps d'arrêt, également surpris par cette constatation.

— On peut dire ça, répondit-il finalement. Je suis avocat.

Milo écarquilla les yeux en se redressant d'un bond, soudainement bien réveillé, puis réfléchit quelques secondes en souriant malicieusement.

— Tu penses à ce que je pense ?

— Probablement pas, fis-je, perdu.

— Raphaël - je me permets de te tutoyer -, tu es avocat ! Et Sarah est policière ! Et monsieur Nëja a un véritable moteur de recherche à la place du cerveau, ce génie !

— En effet... ?

Les deux autres adultes nous avaient rejoint, surpris par le soudain enthousiasme du brun.

— Donc, vous allez pouvoir nous aider !

— Mais, Milo, ce sont littéralement les compagnons de notre professeur de mathématiques, on ne peut pas juste...

— Noah, ils nous ont repêchés dans une attraction et hébergés pour la nuit, alors je crois que la notion de vie privée et vie professionnelle est déjà tellement morte qu'on ne pourrait même plus la ressusciter en invoquant Satan, Hadès et Anubis à la fois avec des bougies et un Logan offert en sacrifice.

J'éclatai de rire en même temps que Sarah et monsieur Nëja.

— Vous aider à quoi ? demanda l'avocat, perplexe.

— Nous aider à mettre le demi-frère de ma sœur en prison !

— Comment ça ?

— L'affaire d'Ylan Wildstone, reprit-il beaucoup plus sérieusement. C'est un violeur et un meurtrier. Il n'a rien à faire en liberté.

— Ylan Wildstone ? répéta Sarah. Mais il a été innocenté car un HC...

Son regard se posa alors sur moi. Je baissai la tête.

— Je vois.

Un long silence plana dans la pièce.

— Je rouvrirai l'enquête si vous êtes en mesure de donner à la justice une preuve concrète de la culpabilité d'Ylan, déclara-t-elle.

Je sentis plus que je ne le vis les trois autres personnes présentes me regarder.

Je suis cette preuve, dis-je lentement en essayant de ne pas laisser ma voix trembler. Je suis le seul témoin oculaire de cette soirée.

— Et tu serais prêt à témoigner, au minimum à faire une déposition ? Elle peut être faite par oral, écrit, même par dessin si besoin.

Les battements de mon cœur s'accélérèrent et mes mains se mirent à trembler. Je souhaitais sincèrement faire enfermer l'enfoiré m'ayant arraché un être proche. Mais la question n'était pas là. Je devais savoir si j'en étais capable.

Et je n'en avais absolument aucune idée.

Les secondes s'écoulaient sans un bruit. Tous devaient me prendre pour un idiot, à mettre autant de temps à répondre. Ils ne comprendraient sûrement jamais quelles terribles pensées agitaient mon esprit dès que la joie de vivre de Milo ne suffisait plus à m'apaiser, ils ne comprendraient jamais quelle terreur m'insufflaient fréquemment mes cauchemars, lorsque je me réveillais en sursaut au beau milieu de la nuit. Ils ne comprendraient jamais à quel point il m'était difficile d'accorder ma confiance et à quel point il m'avait été douloureux de perdre Annaëlle.

J'étais seul dans mon esprit, et personne ne pouvait le comprendre.

Sauf si je leur expliquais. Ils ne pouvaient pas comprendre sauf si je leur expliquais.

En avais-je envie ? Peut-être bien.

— Oui.

Voilà, je l'avais dit. Je m'étais condamné à parler pour en condamner un autre.

— Je vous aiderai, décréta soudainement Raphaël en se levant. Sarah, préviens tes supérieurs dans la journée, le plus tôt sera le mieux. Je vais commencer à faire des recherches de mon côté. Liam, tu m'aideras avec les statistiques, les éléments concrets sont souvent un bon point auprès du jury.

Milo m'attrapa tendrement la main. Je relevai la tête vers lui. Un grand sourire étirait ses lèvres. Il semblait... fier ?

***

Après un copieux petit-déjeuner préparé par monsieur Nëja, j'avais tenu à lui présenter mes excuses :

— Je suis désolé de vous avoir gâché votre jour de congé. Ce n'était vraiment pas mon intention. Je...

— Ne t'en fais pas, Noah, me rassura-t-il sincèrement - ou du moins, je l'espérai. Nous n'avions rien prévu pour aujourd'hui. Tu n'as pas à t'en vouloir. Et puis, même si ce n'est pas officiel, j'adore aider Raphaël et Sarah à relever des indices bien cachés. Il a presque une capacité d'observation semblable à la mienne, mais mon côté "prof de maths" perfectionniste m'avantage un peu plus.

— Vous auriez dû être profiler, de toute façon.

Il parut surpris, mais flatté.

— Je suppose que c'est un compliment, alors, merci.

— C'en était un, mais c'était aussi un reproche. Vous me faites souvent peur quand vous réfléchissez trop et analysez tout.

Il éclata de rire.

— On me le reproche souvent, en effet ! Mais ça fait parti de ma personnalité. J'aime essayer de comprendre le monde qui m'entoure, relier chaque détail isolé pour reconstituer une histoire qui ne devrait pas m'être connue. J'aime avoir le contrôle sur ce que je sais et ce que j'ignore. C'est ma façon de m'adapter aux humeurs imprévisibles des autres, je suppose.

— Je préfère largement les mathématiques aux réflexions que je dois moi-même initier, répondis-je. Appliquer des formules. Suivre des protocoles. Remplacer des valeurs par d'autres pour comprendre une situation. Il n'y a pas besoin de croire, de suggérer ou de se questionner : on sait ou on ne sait pas. Ça me paraît plus simple.

— Je comprends ce que tu veux dire, fit-il après un bref silence. J'ai longuement eu le même avis que toi. J'ai changé d'avis à force de lire des romans d'enquêtes policières et de voir des séries portant sur le même sujet. C'est rapidement devenu une passion et une habitude de tout analyser. Si je ne comprends pas un cas, je visualise tous les éléments que je possède côte à côte et je les réorganise mentalement de sorte à former une suite logique, une véritable frise chronologique et une reconstitution de la scène ayant mené à ma situation. Et enfin, je peux me reconcentrer sur ce qui m'entoure.

— Et dire qu'il refuse toujours de passer un test de QI, s'amusa Sarah en passant derrière lui, ébouriffant ses cheveux au passage. J'aimerais bien savoir, pourtant.

— Je n'y aurais aucun intérêt, donc je ne compte pas perdre de temps avec de telles futilités.

— Je crois que vous mentez, monsieur, déclarai-je avec hésitation.

Sa compagne se figea en même temps que lui, surprise. Cela attira l'attention de Raphaël qui, toujours aussi neutre que d'habitude, les rejoignit.

— Pourquoi donc ?

Il me fallut quelques secondes pour oser reprendre la parole, angoissé à l'idée de m'être trompé face à l'étonnant trio.

— Pendant toute notre conversation, vous agitiez votre main droite sans trop vous en rendre compte pour appuyer vos propos. Vous étiez sincère. Quand Sarah a changé de sujet, vous êtes devenu nerveux et vous avez simplement gardé les bras le long du corps. Puis lors de sa seconde phrase, vous avez presque fermé votre poing.

— Tu vois que quand tu veux tu peux ! s'exclama-t-il avec un grand sourire.

Mon cœur battait fort. Je voulais entendre une confirmation concrète de sa part.

— Et en plus, tu as raison.

Sarah lâcha un long "quoiiiiiiiiiiii" offusqué en se retournant vers lui et Raphaël haussa les sourcils, silencieusement surpris.

— Quand ? Combien ? demanda ce dernier, abandonnant carrément l'idée de faire des phrases complètes.

— Il y a un mois ou deux, et... 167.

— 167 ?! répéta Milo, estomaqué. Bon sang, c'est impressionnant.

— Pourquoi tu ne nous l'avais pas dit ?

— Je ne sais pas trop, fit-il, gêné.

— Bref, ce n'est pas de ça dont je voulais parler, reprit Raphaël. Je me suis un peu renseigné. Ylan est violent et de nombreuses plaintes ont déjà été proférées à son encontre et classées sans suite grâce à l'avocat de la famille.

Ses yeux brillaient de malice et un bref sourire éclaira son visage.

— Notre victoire au tribunal n'en sera que plus belle, déclara-t-il, confiant. 

❀❀❀

Salutations, team HNC !

(unique membre de la team Chouchou, pas la peine de remettre un commentaire, je ne t'oublie pas XD)

Que pensez-vous de ce chapitre ?

C'est parti, comme annoncé dans le précédent, on entre dans l'arc final ! Vengeance, rapprochements, confiance et vraie confiance sont au programme 🙃

Il y a des choses que je meurs d'envie d'écrire, donc je m'y mets dès maintenant ! (écrire, pas mourir XD, je viens d'éclater de rire en remarquant que ma phrase pouvait être mal interprétée)

Plus sérieusement, j'espère que vous apprécierez les chapitres à venir autant que j'apprécie les imaginer.

Bonne journée ! ^^

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