Chapitre 111 : Le Couloir Sombre de l'Hôpital

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 Je me réveillais plusieurs heures plus tard, la tête brûlante de douleur.

On avait visiblement prit la peine de me raccompagner jusqu'à ma chambre où je trouvais un Yoichi dormant à poings fermés. La lune était haute dans le ciel et ses rayons d'argent transperçaient les fenêtres de l'hôpital d'un éclat froid.

Shoto avait usé d'un somnifère pour m'endormir et personne ne l'avait empêché.

C'était impardonnable.

Je massais doucement mes tempes avant de me lever avec précaution. Ce n'était pas le moment d'y penser. Je devais me concentrer pour ne pas faire un malaise en bougeant rapidement. Mes doigts s'agrippèrent au linge de lit lorsque mon pied toucha le sol pour la première fois depuis deux semaines.

Le plus difficile était de tenir debout.

C'était comme si toutes mes forces m'avaient quitté.

Je sortis de la chambre en me soutenant à chaque surface sur mon chemin. La seule chose qui comptait pour moi à présent était de trouver le guichet d'accueil. Si je m'y rendais, quelqu'un m'indiquerait forcément où trouver ma mère.

J'atteignis la porte tant bien que mal avant de m'engouffrer dans le couloir. Pas un chat à l'horizon. Les patients dormaient sans doute paisiblement et je supposais que les médecins de garde était dans une office un peu plus loin, là où quelques brins de lumières s'échappaient.

Personne ne passa dans les couloirs pour m'arrêter et je pus trouver l'accueil.

- Bonsoir, croassais-je.

L'infirmier m'observa aussitôt sous ses lunettes d'un regard désapprobateur. Il sembla aussitôt me reconnaître.

- Je peux faire quelque chose pour vous, Mademoiselle Kayama ? Vous êtes censée restée alitée encore un bon moment si je ne m'abuse.

- Avez-vous une patiente répondant au nom de Nemuri Kayama ? Balayais-je immédiatement.

Son expression vira de l'ennui à l'anxiété en une fraction de seconde. Il évita aussitôt mon regard et déglutit péniblement. Mon cœur dégringola dans ma poitrine à cette réaction qui en disait bien plus qu'on ne pouvait le voir.

Les signes ne trompaient pas. Quelque de grave était arrivé. Des gouttes de sueur s'étaient déjà formé sous sa frange bien coiffée. Devant son silence, je perdis patience et plaquais mes deux mains sur le comptoir. J'ignorais la douleur que cela provoqua à mes paumes brûlées. Il sursauta.

- Où est ma mère ?!

Il se jeta presque sur le téléphone à sa gauche.

- Je pense que vous devriez voir un médecin pour contrôler votre processus de guérison, mademoiselle.

- Essayez de me renvoyer dans ma chambre et je maudirais vos enfants et générations à venir. À l'heure actuelle, j'en ai un peu rien à faire de mes blessures comme vous pouvez le voir. Répondez à ma question. Midnight est-elle hospitalisée ici ?

Il y eut un instant de flottement. L'infirmier hésitait. Il était probablement partagé entre me dire la vérité ou appeler du renfort pour me renvoyer fissa dans ma chambre. Cependant, entre Shoto qui m'avait consciemment assommée à coups de somnifères et le dilemme de cet homme, ma patience atteignit un point de rupture.

- Répondez à ma question maintenant, insistais-je.

- Nous avons effectivement une patiente de ce nom mais je ne peux rien vous dire, ni vous conduire à elle, car je n'en ai tout simplement pas l'autorisation.

- Alors appelez votre supérieur. Dites que la fille de Midnight est à l'accueil et attend de la voir.

Il soupira mais s'exécuta. Je pensais que si Toga avait pris mon apparence elle aurait facilement pu obtenir ce qu'elle voulait de cet infirmier. L'homme composa alors un numéro qui répondit après la troisième sonnerie. La voix à l'autre bout du combiné était inaudible mais lorsque l'infirmier exposa son problème, on lui demanda mon identité. Peu de temps après, j'obtins enfin l'autorisation de voir ma mère.

- Apparemment, la famille a maintenant le droit de la voir. Vous devez cependant comprendre que je ne peux vous laissez y aller seule. Un médecin arrive sous peu, merci de patienter.

Je le remerciais d'un signe de tête.

Une dizaine de minutes plus tard, un homme vêtu de blanc et à l'air joyeux nous rejoignit. Deux petites cornes noirs ornaient son front et ses lèvres étaient relevées par deux grandes incisives. Il m'adressa un grand sourire avant de me saluer.

- Yumeko Kayama, c'est cela ? Ça ira pour marcher ou préférez-vous que je prépare un fauteuil roulant ?

- Ça ira, merci.

Il ne pipa mot et m'invita à le suivre. On traversa de nombreux services et mon cœur se serrait un peu plus à chaque instant. Le chemin pour rejoindre ma mère parut durer une éternité. Lorsque l'agent m'indiqua enfin que nous étions arrivés, je faillis m'effondrer en constatant que nous étions dans le pôle réanimation de l'hôpital. Il nous fit traverser deux couloirs de chambres avant de s'arrêter sur le pas d'une porte.

Son nom était inscrit sur le flanc de celle-ci.

- Vous êtes certaine de vouloir entrer ?

J'effleurais la poignée des doigts, terrifiée par ce que j'allais trouver. Le médecin aux airs d'ogre tout droit sortis d'un conte posa une main rassurante sur mon épaule avant de m'encourager à entrer. Je poussais alors la porte, le coeur battant.

J'avais vu des choses terribles en si peu de temps d'existence. Que ce soit mon enfance à Kamaryuu, l'esclavage d'enfants ou encore la crémation de mon propre frère, rien de tout cela n'aurait pu me préparer à ce qui allait suivre. Je pensais que rien n'aurait pu me choquer après ça. Mais je m'étais sans aucun trompée.

L'héroïne Midnight avait pris une place telle dans ma vie que mon coeur se brisa en la voyant à demi-morte sur ce lit d'hôpital.

Les machines la maintenaient visiblement en vie. Son corps était criblés de contusions et son visage était complètement déformé. Un masque à oxygène l'aidait à respirer. Je me jetais à son chevet, de grosses larmes dévalant mes joues.

- Maman !

Le bip du moniteur résonnait faiblement dans cette chambre étouffante et obscure. Il y avait un pouls, aussi faible soit-il, mais il y en avait un.

Nemuri était en vie.

- Maman ! Hurlais-je entre sanglots.

- Mademoiselle Kayama, nous avons fait de notre mieux pour votre mère.

Le médecin était sur le pas de la porte, les mains dans les poches et son air joyeux soudain effacé. Il m'adressa un regard de remords mais je ne le vis pas, noyée dans mes larmes.

- Que lui est-il arrivé ?

- De ce que j'ai entendu, elle a fièrement combattu durant la bataille des héros. Toutefois, un groupe de vilains l'ont apparemment prise au piège et s'en sont pris à elle. Ce sont vos camarades de classe qui l'ont trouvé avant qu'elle ne poussa son dernier souffle.

Je ne parvins pas à arrêter mes pleurs. Ma tendre mère avait elle aussi été victime des sales plans de Shigaraki. Comme tout le monde dans cet hôpital. Des émotions contradictoires déferlaient comme un torrent en moi. De la peur, de la tristesse et de l'inquiétude.

- Elle a été vaillante, continua le médecin. Nous l'avons soignée à temps mais elle ne s'est toujours pas réveillée. Pas une seule fois depuis la bataille. Vous devez savoir, mademoiselle Kayama, que...

- Ne le dites pas, je vous en supplie, ne prononcez pas ces mots.

Il se tut.

Une haine immense me brûla les intestins. Je pleurais de rage et de regret. Je n'avais pas été là pour elle. Je m'étais jetée à l'aveugle dans les flammes pour sauver mon partenaire. A aucun moment, je n'avais pensé à elle. J'aurais pu mourir et elle aurait perdu sa fille. Mais la situation était complètement inversée et j'en restais ahurie.

- Votre mère ne se réveillera probablement pas, termina le médecin.

Ces mots sonnèrent comme un coup de massue. Mes poumons comprimaient ma cage thoracique. Mes respirations étaient de plus en plus difficiles. J'agrippais ma tunique et griffais presque ma poitrine dans ce mouvement de désespoir.

Je n'avais pas été là pour elle.

J'avais été prête à me sacrifier pour Shoto alors qu'elle l'avait fait pour sauver un pays entier.

J'avais honte.

Honte de ne pas avoir pu faire quelque chose pour ma mère.

Je l'avais crue invincible. Intouchable. Inatteignable. Personne ne pouvait vouloir du mal de cette femme. Elle était la gentillesse et la bienveillance incarnée. Mais j'avais été dupée. Elle avait aussi participé à cette guerre et elle en avait subit les conséquences.

- Prenez le temps qu'il vous faut, appelez-moi en cas de besoin, je serais dans le bureau en face.

Ses pas s'éloignèrent et la porte ne laissa qu'un filet de lumière venant du couloir. Je pleurais et pleurais encore, incapable de contrôler mes sentiments.

J'en voulais à la terre entière.

A Shigaraki, Dabi, Toga, au Front de Libération du Paranormal, à Shoto pour avoir tenter de me le
cacher, mais surtout à moi-même.

Quelle héroïne laissait tomber sa mère ? Elle avait dû être si inquiète durant la bataille.

Ma mère.

Je pleurais au bord de son lit durant de longues heures, maudissant le monde, et lui implorait de se réveiller. L'idée de la perdre ne s'était pas envolée, quand bien même elle était en vie devant moi. L'équipe médicale n'envisageait pas de réveil. Alors quoi ? Nemuri était condamnée à rester ainsi pour le restant de ces jours ? Il était impossible pour moi de former ces pensées correctement.

Une autre personne entra et des bras délicats m'enlacèrent.

Il me fallut peu de temps pour reconnaître cet individu que j'appréciais tant.

- Je suis désolé.

Mes pleurs redoublèrent alors que je m'écroulais dans son étreinte.

- Tu ne pouvais pas me cacher ça, tu n'en avais pas le droit.

- Pardonne-moi, ma fée.

Il glissa ses doigts fins dans ma chevelure et me caressa doucement la tête. Je frappais faiblement son torse en lâchant un sanglot guttural.

- Tu n'avais pas le droit !

- Je savais que tu m'en voudrais, mais j'espérais que tu prendrais le temps de soigner tes blessures avant de voir la professeure Midnight. Ça me faisait peur de te voir dans cet état, ça m'étais insupportable à imaginer.

- Shoto... Tu sais ce que le médecin m'a dit ? Il pense qu'elle ne se réveillera jamais ! Comment est-ce possible ? J'ai enfin une famille ! J'ai vu mes frères mourir ! Perdre ma mère est impossible !

Une grande tristesse traversa son regard. Je ne pouvais pas lui en vouloir de m'avoir forcé à prendre des somnifères. Il avait voulu me protéger un peu longtemps de ce moment. Il savait pertinemment que c'était inévitable mais il avait préféré que je guérisse avant d'affronter la terrible vérité.

Il avait voulu me protéger jusqu'au dernier moment.

Shoto m'embrassa le front et je m'enfouissais un peu plus contre lui. Tout m'échappait. Je ne contrôlais plus rien. L'entaille dans mon coeur était plus profonde que toutes les blessures sur mon corps. Rien ne pouvait faire plus mal que ça et il le savait.

Il ne me quitta pas un seul instant. Mon partenaire resta à mes côtés jusqu'à ce que mes pleurs tarissent et ne transforment en hoquets de douleur. Il me tapota le dos, murmura dans mon oreille de tendre mots et resta.

Il resta toute la nuit.

Toute cette nuit de cauchemars qu'on passa au chevet de ma mère mourante. 



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Qui y aurait cru ?

Un nouvel épisode de CRIMSON est sorti ? 

Je viens juste de l'écrire et de le poster, comme ça, à chaud. Parce que les 5 000 notifications loupées ces derniers mois de vos votes, commentaires et messages m'ont soudainement redonné la motivation nécessaire. 

Le chapitre est peut-être bancal, vous êtes peut-être tous partis, mais c'est vous qui avez redonné le courage à ma plume de réecrire. 

Et c'est si précieux. 

Je n'ai rien d'autre à dire que merci, merci à ceux qui ne le savent peut-être pas mais qui m'ont aidé en postant un message il y a des mois ou seulement quelques jours de ça. 

J'écris déjà la suite. 

Belle soirée <3

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