Chapitre 9 : Résurgence

Màu nền
Font chữ
Font size
Chiều cao dòng

- Nemuri, dépêche-toi bon sang ! 

- Attend, attend !

Nous étions le soir de l'annonce du principal Nezu concernant la réouverture des internats et Nemuri m'avait attrapé à la sortie des cours pour que nous emballions nos affaires et nous installions le soir-même.

En tant qu'enseignante, elle devait être sur les lieux le plus rapidement possible pour accueillir ses élèves de terminales. Bien évidemment, je pouvais la rejoindre demain comme le ferai la plupart des élèves. Mais visiblement, ce n'était pas une option pour elle de me laisser seule dans cette maison pour la nuit, alors j'avais emballé le peu d'affaires que je possédais.

Je l'attendais actuellement à l'entrée de la maison, bras croisés et sourcils froncés, à la limite de taper du pied. Elle était décidément trop longue.

- On ne déménage pas Nemuri, tu pourras revenir chercher ce qui te manque ici ! Lui criais-je depuis le rez-de-chaussé. 

Je crus entendre un "Mes costumes !" étouffé depuis le premier étage mais j'haussais simplement les épaules et sortis charger ce qui était déjà prêt dans la voiture.

Une heure plus tard, Nemuri me déposais ma valise et moi devant un gigantesque bâtiment où la façade était surplombé d'un grand "2-A". Quand je me retournais, elle avait déjà filé dans l'allée avec sa petite voiture pour aller je ne sais où.

Chaque classe avait son propre internat, plutôt emblématique d'un lycée d'élite, me direz-vous. Mais c'était quand même impressionnant de voir autant de bâtiment les uns à la suite des autres et se dire que chacun d'entre eux était dédié à une seule classe.

Je pris une petite inspiration et m'avançais jusqu'à la grande porte. Je la poussais doucement et fus surprise de constater que la lumière était allumée dans la pièce principale, m'attendant à être la seule à m'installer ce soir. Y'avait-il déjà quelqu'un ?

- Yumeko ?

- Momo ?

- Tu n'entrais pas demain à l'internat ? Me demanda la brune.

- Non, Nemuri devait s'installer aujourd'hui et elle m'a obligé à la suivre. Et toi ?

Elle m'expliqua qu'elle était actuellement la seule dans le bâtiment et que la plupart de nos camarades de classe n'arriveraient que le lendemain après les cours de super-héros 101.

- Notre internat a été visiblement agrandit avant la rentrée des classes, remarqua Momo. Ils avaient sûrement prévu de nous y ré-intégrer, Hitoshi et toi en plus. Malheureusement, j'ai encore un problème d'envergure cette année, soupira t-elle, exaspérée.

- Un problème d'envergure ?

Nous étions passé du côté des filles pendant que nous discutions et je reconnus la porte devant laquelle nous nous étions arrêté comme la chambre de Momo puisque son nom y était inscrit. Elle soupira à ma question et ouvrit sa chambre pour me montrer ce qui n'allait pas et je fus surprise encore une fois surprise de voir un grand lit à baldaquin occuper pratiquement tout l'espace de la pièce.

- Ah oui en effet, léger problème de taille, constatais-je.

Elle me lâcha un sourire embarrassé et me conduit à la chambre vide qui m'avait été attribuée. Momo m'expliqua que l'internat avait en quelque sorte une forme de H et qu'elle avait eu le temps d'explorer la nouvelle partie. Une extension avait été construite à l'arrière du bâtiment, à hauteur du rez-de-chaussée, et était composée de deux chambres flambes en neuves.

La brune s'excusa presque du fait qu'Hitoshi et moi serions à l'écart des autres. Je la rassurais en lui expliquant que l'extension permettait en quelque sorte de relier les deux ailes du bâtiment et que tout irait bien.

Après ça, elle me laissa pour que je puisse vider ma valise et m'installer puis on se retrouva pour le dîner. L'odeur m'avait sortit de ma chambre et j'avais découvert avec joie que Momo nous avait préparer de quoi manger dans la salle commune. J'avais alors apprécié ses réels talents de cuisinière et ne m'étais jamais autant régalé depuis longtemps. 

Nous avions ensuite passé la soirée dans sa chambre, sur son gigantesque lit à discuter héros et épopées. Ou plutôt, je l'avais écouté parler de sa passion jusqu'à ce que la fatigue me gagne puis j'avais regagné ma chambre plus tard dans la nuit pour aller dormir. 

J'avais alors salué la jeune fille et avait filer dans ma nouvelle chambre. 

Le sang et le tintement des chaînes.

Tous ces bruits.

Les cris et les supplices.

Mes oreilles bourdonnent.

Le claquage des fouets et les hurlements.

J'ai la tête qui tourne.

Les larmes et le désespoir.

Je ne distingue rien autour de moi.

Et toujours cette odeur de putréfaction. Cette odeur putride des corps entassés qu'on ne peut déjà plus reconnaître. Brûlés pour ne pas laisser de traces. La fumée est un rappel que les flammes nous consument jusqu'aux os et ne laissent rien de nous. Alors on avance. On avance, dans la peur et la souffrance, sous les coups et les hurlements de ceux qui ne peuvent plus avancer. Si nous mourrons, nous sommes cendres. Si nous mourrons, personne ne se souviendra de nous.

Il n'y a personne pour se souvenir de toi.

Je me levais en sursaut, paniquée. Regardant furieusement autour de moi et ne reconnaissant pas mon environnement pendant quelques instants, mon premier réflexe fut de me jeter sur mon téléphone et de taper le premier numéro qui me venait en tête.

Décroche...

Soudain, j'entendis sa voix. Cette intonation fatiguée, surprise de recevoir un appel en plein milieu de la nuit. Cette voix douce et agréable. À ce jour, la seule capable de me calmer dans ces moments de panique, lorsque les abysses d'une époque de plus en plus lointaine revenaient hanter mes nuits.

- N-Nemuri ? Dis-je avec un gros trémolo dans la voix qui me surpris plus qu'autre chose.

Je l'entendis soupirer délicatement.

- Encore ces cauchemars ? Me demanda-t-elle après quelques instants.

J'acquiesçais et elle me rassura autant de temps qu'il fallait pour que je retombe dans les bras de Morphée pour cette fois-ci, un sommeil sans rêve.

Le lendemain, je m'étais rendue à pied au lycée avec Momo et notre discussion de la veille semblait nous avoir pas mal rapprochées. Elle était une personne modeste, gentille et surtout très attentionnée. Je me sentais de plus en plus à l'aise en sa compagnie.

Je n'avais jamais été incapable de discuter avec les gens autour de moi, mais j'avais bien vite appris à me protéger et à être hermétique aux relations humaines durant mon enfance. Nemuri avait été une des seules personnes à passer au-delà de la carapace de verre que j'avais bâtis. C'est pourquoi m'ouvrir à mes camarades de classe était comme un renouveau pour moi, qui avait oublié depuis longtemps la chaleur des liens humains. Et de la même manière qu'elle nous avait cuisiner le dîner de la veille, j'avais été surprise de voir un déjeuner fraîchement préparé et une Momo rayonnante qui m'attendait dans la salle commune de l'internat ce matin.

Cela m'avait réchauffé le cœur. 

Plus tard dans la journée, nous avions eu notre habituel cours de super-héros 101 mais contrairement à d'habitude où je me débrouillais pour avoir la moyenne, aujourd'hui avait été un véritable fiasco. La raison ? Je n'étais décidément pas faite pour travailler avec un Bakugo sur les nerfs et soucieux de réussir seul tout ce qu'il entreprenait. Alors que nous devions jouer les vilains pendant une prise d'otage, notre désaccord avait donné la victoire à Momo et Todoroki. Et j'avais passé toute la durée de l'évaluation à me faire hurler dessus tout un tas de trucs sans queue ni tête. Au début, je n'avais rien dit, quelque peu intimidée par le blond explosif mais j'avais bien vite déchanté à son comportement au bout d'un moment. Résultat, la victoire nous avait magnifiquement filé entre les doigts et Sero, notre otage, avait été brillamment sauvé.

Je sortis des vestiaires après une quinzaine de minutes. J'étirais mes bras douloureux tout en marchant, épuisée aussi bien mentalement que physiquement par cette journée et traçais mon chemin jusqu'à l'internat. En entrant je constatais déjà bien plus d'animation qu'hier soir. La plupart des gens de la classe s'activaient entre les chambres et la salle commune pour s'installer.

En traversant celle-ci pour aller dans ma chambre, j'interceptais une bribe de conversation entre Mina et Toru.

- On va encore vivre tous ensemble, ça va être génial ! S'exclama l'invisible.

- Oui, on va encore passer une super année ! Oh, Yumeko ! M'interpella la rose en me voyant. L'internat c'est nouveau pour toi, alors bienvenue !

Je souriais à Mina et Toru tandis que Kirishima, Kaminari et Sero s'était approchés pour me souhaiter la bienvenue également. Je les remerciais tous et m'inclinais par politesse avant de filer à l'extension du bâtiment.

J'entrais dans ma chambre et sortis quelques cahiers et manuels. J'avais prévu d'étudier pour la soirée afin de récupérer mon retard évident sur les autres élèves. Comme je n'avais appris à lire et à écrire que récemment, certaines notions compliquées me filaient tout simplement entre les doigts sans que je ne puisse rien y comprendre. Tous ces chiffres en mathématiques, ces mots d'anglais que Present Mic s'évertuait à me faire comprendre, ces valeurs de super-héros que nous apprenions ne m'avait jamais semblé aussi difficiles que maintenant. Plus jeune, j'avais bien imaginé aller à l'école, travailler sur des devoirs en rentrant à la maison mais je n'avais jamais réfléchit à leur difficulté.

Était-ce mon retard d'une dizaine d'années sur le système scolaire qui me donnait l'impression que les études étaient un véritable mur infranchissable ?

Un échec. 

Je secouais vivement la tête et me mit au travail avec la plus grande détermination dont j'étais capable. 

Engloutie dans l'encre et les feuilles de papier, je n'avais vraiment pas vu le temps passer. Seulement, quand je levais le nez de mon cahier je vis qu'il faisait nuit noire à l'extérieur. Je m'étirais comme un chat sur ma chaise de bureau et décidais de faire une pause. Je sortis donc de ma chambre en direction de la salle commune.

Je me dirigeais vers les cuisines et sortis une bouteille du réfrigérateur ainsi qu'une collation. J'avais bien évidemment loupé le dîner et la faim se faisait cruellement ressentir.

J'avalais de grosses goulées d'eau comme si je n'avais pas bu depuis une éternité et me sentis tout à coup revigorée.

Mais soudainement, une vive douleur me compressa la poitrine et je flanchais. Je me rattrapais in extremis au plan de travail de la cuisine en empoignant mon t-shirt là où la douleur était insupportable. Mes jambes cédèrent malgré tout et je m'effondrais au sol. La douleur insoutenable brouillait mes sens et ma tête me tournait. J'essayais tant bien que mal de calmer ma respiration saccadée et retenais un hurlement de souffrance.

Que m'arrivait-il ? La déchirement dans ma poitrine était si vif que je peinais de plus en plus à respirer. 

Je crus entendre mon nom, mais à ce stade je n'étais plus sûre de rien. Alors que je pensais que j'allais m'évanouir, de puissants bras passèrent autour de mes épaules et sous mes jambes et on me souleva. La personne me déposa en position assise sur le canapé et une voix rassurante me tira de mes pensées.

- Yumeko, ouvre les yeux. J'appelle les autres.

Todoroki.

Todoroki m'avait trouvé et m'avait aidé. J'attrapais son poignet, dans un état second.

- Reste, s'il-te-plaît.

Je croisais son regard bleu-gris. Sa chevelure blanche et carmin baignait dans la lumière naturelle de la lune et je crois que c'était la première fois que je remarquais sa beauté naturelle, à couper le souffle, avec cet air à la fois mystérieux et magnifique.

Je retrouvais mon souffle. La douleur persistait mais elle semblait enfin s'apaiser. Je lâchais le poignet de mon camarade et m'appuyait sur mes genoux, dans une vague tentative de retrouver mes esprits. Todoroki s'assit à mes côtés et me tendit la bouteille d'eau que j'avais précédemment fait tomber. J'acceptais volontiers et bu à nouveau quelques gorgées.

- Que s'est-il passé ? Me questionna mon camarade.

Je le regardais, légèrement désemparée. Je ne comprenais pas ce qui avait bien pu se passer. J'ouvris ma veste de jogging et remarquais au-dessus de mon débardeur que mon tatouage était illuminé de rouge. C'était à peine perceptible. Je l'effleurais du bout des doigts et grimaçais quand une autre vague de douleur me traversa, mais cette fois-ci plus légère. Une main fraîche se posa sur mon front humide et, l'air ailleurs, je laissais aller ma tête contre celle-ci pendant un moment. La fraîcheur de celle-ci était reposante.

- Je crois que je fais un rejet, finis-je par lui admettre.

- Un rejet ?

Je tournais la tête sur le côté, le regard fuyard, et Todoroki retira sa main. C'était évident qu'il allait me poser la question. Il m'avait vu dans un état de détresse sans précédent et j'avais eu la chance qu'il soit là pour me venir en aide. Sa présence et la fraîcheur de sa main m'avait soulagé et j'avais pu reprendre mes esprits. Je lui avais même demandé de ne pas appeler les autres pour ne pas avoir à me justifier de mon état. Je n'avais jamais vécu ça avant, certes, mais j'avais déjà une idée sur ce qui avait bien pu m'arriver.

Après tout, j'avais déjà vu des situations similaires.

- Yumeko, je ne sais pas ce qu'il se passe avec ton alter et tu n'as peut-être pas envie d'en parler. Seulement, en te voyant dans cet état je ne peux pas me permettre de te laisser. Si tu as une quelconque idée sur ce qui vient de se passer, il faut que tu en parles.

- Désolée Todoroki, m'excusais-je. La seule chose que je peux te dire, c'est que cet alter est une erreur.

Son regard pesant me donnait simplement envie de m'enterrer six pieds sous terre et de ne jamais remonter. C'était évident qu'il ne se contenterait pas d'une réponse aussi évasive mais c'était bien trop compliqué à expliquer et je ne pouvais tout simplement pas le faire. Remarquant sans aucun doute mon malaise, je le remerciais intérieurement de ne pas insister. Il détourna simplement le regard avant de me demander ce que je faisais ici à une heure pareille.

- Je prenais une pause dans mon travail, répondis-je naturellement.

- Tu travailles à cette heure-ci ?

Je levais la tête et plantais mon regard sur le plafond, l'air absent.

- Et bien comme je ne comprend rien aux cours et que j'ai déjà une année de retard sur vous tous, je n'ai pas le choix que de rattraper tout ça en fin de journée.

- C'est pour ça que tu as souvent le nez dans tes cahiers ? Demanda t-il, plus détendu.

J'acquiesçais simplement en haussant les épaules. Je remarquais que je n'avais absolument plus mal et en était bien soulagée.

Après quelques instants, je décidais de lui retourner la question.

- Et toi, pourquoi es-tu toujours debout ?

- Je n'arrivais juste pas à dormir.

Le silence avait regagner la pièce depuis quelques minutes lorsque le bicolore se redressa soudainement. Il se tourna vers moi, comme si une révélation venait de traverser son esprit. Il prit son menton entre ses doigts et semblait réfléchir intensément à quelque chose.

- Tu devrais aller dormir, finit-il par dire. Après ce qui vient de se passer, je te conseille d'aller te reposer.

Je le fixais, surprise. En quelques secondes il avait à la fois eu l'idée du siècle et s'était aussitôt calmé. Je balayais cette pensée de mon esprit, ce à quoi mon camarade pensait ne me regardait absolument pas.

Et quand bien même je n'avais pas sommeil, son conseil était bon à prendre. J'hochais la tête et me levais du canapé. Je m'inclinais par politesse et partit en direction de ma chambre. Seulement, avant de quitter la pièce commune je me retournais vers mon camarade.

- Merci, Todoroki. Passe une bonne nuit.

- Bonne nuit, Yumeko.

Sa voix se fondit dans un souffle et je le quittais.

______________________________

Bonjour tout le monde !
J'espère que les quelques ellipses temporelles de ce chapitre ne vous ont pas trop dérangé, mais elles sont nécessaires au développement de Yumeko, qui peu à peu dans ce chapitre, se retrouve entre les réminiscences d'une époque lointaine et les événements de sa vie actuelle qui elle, continue son cour ! 

Merci à toi, lecteur.rice si tu es arrivé.e jusqu'ici dans ma fanfiction :)

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen2U.Pro