Hors-Série : La colombe de feu

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Depuis son plus jeune âge, Shoto Todoroki n'était motivé que par un seul et unique but. Et beaucoup d'autres, exactement comme lui, nourrissaient ce même désir.

Ces enfants n'avaient qu'un rêve : Devenir des héros.

L'ère du Symbole de la Paix avait signé celle de l'avènement des super-héros dans la société. All Might était le précurseur d'une multitude de futurs héros qui embelliraient ce monde de leur éclat et de leur justice. Il était le plus grand de tous. Mais pas que. Il était également le modèle de tous ces enfants qui mourraient d'envie de devenir comme lui.

Il était une icône.

Et Shoto n'y avait pas échappé. Il avait été autant contaminé par la lumière d'All Might que tous les enfants, les citoyens et les aînés. En dépit des rêves de son père, il s'était forgé le sien en prenant le recul nécessaire pour ne pas se noyer dans les idéaux surréalistes d'Endeavor.

Il n'était pas un quelconque objet que son père pouvait utiliser. Même s'il était le seul de toute sa fratrie à maintenir l'équilibre parfait entre la glace de sa mère et les flammes de son père, Shoto ne pouvait tout simplement pas être le réceptacle des attentes de son père.

Le fait qu'Endeavor ait eu quatre enfants pour les élever, selon un certain but et en toute impunité, était un crime grave et impardonnable. Pousser sa mère à bout et la faire passer pour folle après qu'elle ait brutalement marqué le visage du garçon lorsqu'il était enfant était probablement pire que les envies malsaines de ce père impitoyable. Perdre son frère aîné, volatilisé dans la nature ou laissé pour mort, l'avait également profondément marqué. Puis, l'indifférence de son père pour ses deux autres enfants et son intérêt unique pour le bicolore creusait encore plus le trou présent depuis des années dans le cœur de l'enfant.

Alors Shoto s'était enfermé dans la haine.

Ni plus ni moins que ce sentiment terrible qui engloutissait tout d'une personne. Il avait tout gardé pour lui. Il s'était recroquevillé sur lui-même, tel l'enfant perdu qu'il était, et n'avait plus jamais laissé quelqu'un briser sa carapace de glace. Ni son père, ni ses frères et sœurs n'avaient pu détruire ce rempart qu'il s'était forgé pour survivre.

Car oui, il survivait.

Il survivait dans cet enfer qui se déchaînait en lui. L'envie de détruire son père, la culpabilité d'être né et de remettre en cause son existence, la rage d'avoir perdu sa mère et son frère... Tout cela animait toujours plus l'ouragan de ses pensées, tel de l'essence pur sur un brasier.

Il avait connu la solitude, l'acharnement, la douleur, le désespoir et la colère.

Il avait refusé cette dualité avec laquelle il était né, ne s'adonnant qu'à la glace de sa mère et symbole même de sa haine contre son paternel.

Durant des années, il avait grandit dans l'unique objectif de s'opposer à son géniteur.

Puis il était entré à Yuei.

Il avait été accepté sur recommandation à la meilleure académie de héros de tout le pays. Celle-ci formait la crème de la crème du monde héroïque. Alors y avoir sa place était une évidence pour lui.

Il avait rencontré ses camarades de classe. La seconde A. Un groupe d'adolescents tous plus timbrés les uns que les autres mais tout aussi géniales. Shoto ne le disait pas mais il appréciait vraiment ces jeunes gens qui avaient rapidement formé son cercle d'amis le plus proche.

Enfin, Midoriya avait été son sauveur. Lors du tournoi sportif annuel du lycée, Deku avait tout donné pour que Shoto abandonne sa rancœur et voit la vérité en face. Son alter n'était pas celui de son père et de sa mère. Il était le sien et rien ni personne ne pourrait affirmer le contraire.

Son pouvoir n'était pas la glace.

Son alter n'était pas Hell Flame.

Non, loin de là, et c'était exactement ce qu'Izuku s'était évertué à lui faire comprendre jusqu'à s'en briser les os. Et Shoto n'avait pas pu resté indifférent à cela.

Depuis, il avait apprit à s'accepter. Il se comprenait lui-même et avait chassé l'ombre néfaste qui planait constamment sur lui depuis des années. Il avait aussi appris à ne plus rejeter les autres et à se laisser entourer.

Iida, Midoriya, et tous les autres. Il ne le disait pas. Jamais. Mais ils étaient tous importants pour lui. Ils étaient ceux qui lui avaient à nouveau fait goûter à la lumière. Exactement comme All Might la première fois.

Et Shoto était revenu sur le droit chemin. Son rêve n'avait pas du tout changer, mais grâce à cela, le long chemin qu'il suivait était un peu moins sinueux et plus facile à vivre.

Avec le temps, tout autant que lui avait changé, le jeune homme avait dû accepter le retour de son père dans sa vie. Celui-ci était devenu le numéro un lorsque le flambeau du Symbole de la Paix s'était éteint.

En succédant au plus puissant, Endeavor avait subit la pression d'être le plus grand. Il devait à son tour devenir le pilier de cette société de plus en plus bancale à cause des vilains qui n'hésitaient jamais à étendre leurs ténèbres.

L'homme avait pris conscience de ses erreurs.

Il reconnaissait ses crimes.

La perte de Toya, l'abandon de Natsuo et Fuyumi, l'assassinat psychologique de Rei et la manipulation de Shoto.

Tout ça, Enji Todoroki l'avait reçu comme un sacré coup de poing dans la figure. La responsabilité du numéro un n'était rien en comparaison du massacre de sa propre famille.

Alors il l'avait promit à Shoto, son fils malgré tout. Il lui avait assuré qu'il serait à la hauteur et grâce à ses efforts, métaphore enfin réelle de son nom de héros, l'adolescent avait effacé la croix qu'il avait fait sur son paternel. Au même titre que Natsuo, Fuyumi et Rei.

Les Todoroki se reconstruisaient peu à peu, lentement mais sûrement.

C'était dans cet état d'esprit plus serein que Shoto avait terminé sa première année à l'académie. Le temps était passé et les apprentis-héros mûrissaient. Le soleil s'était fait un peu plus haut dans le ciel et avait nourrit de son éclat les pétales chatoyants des cerisiers. Le printemps était arrivé et avait annoncé l'entrée en deuxième année.

Rien que la deuxième année, avait pensé Shoto.

Mais il s'était lourdement trompé. À Yuei, il devait bien se douter que rien ne se passait dans la limite du raisonnable.

Au milieu des arbres en fleurs, le jeune homme avait rencontré deux magnifiques soleils dont il n'aurait – au grand jamais – pensé qu'ils deviendraient si importants pour lui. Ces deux grands orbes dorés si intriguants étaient encadrés d'une chevelure de jais et d'un visage à la peau de porcelaine.

Une beauté rare et chimérique qui avait prit la forme d'une jeune fille.

Yumeko.

Il ne lui avait accordé aucun intérêt. Tout ce qu'il savait, c'était qu'elle était une de ses camarades et que Midnight veillait sur elle. C'était tout et rien d'autre.

La première fois qu'il lui avait parlé, sa professeur d'Art Moderne lui avait gentiment ordonné de la conduire à leur classe commune. Il n'avait pas bronché et s'était exécuté sans même savoir que cette fille allait devenir la raison des battements de son cœur.

Il était idiot.

Il le savait.

Shoto était bêtement tombé pour elle. Il avait mit du temps avant d'en prendre conscience mais au final, toutes ses pensées s'étaient concentrées sur cette brune qu'il ne connaissait ni d'Adam ni d'Eve.

Le jeune homme avait été frappé par sa détresse et son désespoir. Il n'avait jamais pensé être le seul à connaître de telles souffrances. Toutefois, la sienne n'avait pas d'équivalent. Elle était née dans la Mort et comme un véritable phénix, elle avait grandit et prit toute sa splendeur dans les cendres du feu.

Yumeko était devenue sa petite étoile.

Elle brillait d'un éclat précieux et si fragile qu'il avait peur de la briser à la moindre erreur.

Tout chez elle lui faisait perdre pied. Sa beauté, son sourire si rare et pourtant de plus en plus fréquent, son rire, ses bêtises, son innocence et sa façon de s'énerver pour son manque cruel de fondamentaux.

Aussi étrange et impossible que cela puisse paraître, Yumeko était comme un nourrisson à qui il fallait presque tout apprendre.

Cette singularité lui avait tourné la tête et tous ses principes avaient été bouleversés.

Son rêve était de devenir un grand héros.

Mais la lumière dont il avait besoin pour y parvenir avait prit le nom de Yumeko.

Elle qui avait tout perdu, elle qui se reconstruisait peu à peu, elle qui avait connu le deuil et l'accablement... Le désir étrange de combler sa tristesse avait grandit dans le cœur de l'adolescent. En voulant lui venir en aide sur les bases, il avait développé une affection sans précédent pour elle.

Il n'aurait jamais pensé ressentir ça et pourtant, Yumeko lui avait fait découvrir la chaleur des battements de cœur amoureux.

- Todoroki ?

Les pensées de l'adolescent furent rapidement coupées. Il secoua la tête pour se ressaisir et la releva, uniquement pour rencontrer ces deux prunelles brillantes qu'il aimait tant. Ses cheveux d'un noir puissant tombaient en cascade sur ses épaules et elle le regardait d'un air perplexe, se demandant sûrement à quoi il pensait depuis un moment.

- Quelque chose te préoccupe ?

Il l'observa de haut en bas, se rappelant sans cesse de cette petite Yumeko qui avait bien changé en à peine quelques mois. Il remarquait parfaitement tous les efforts qu'elle faisait pour s'améliorer et dépasser ses limites. Elle en sortait toujours plus forte et cela se voyait rien qu'à sa carrure et son regard plus confiant.

Shoto passa ses bras autour d'elle, l'enveloppant de ce réconfort dont ils avaient tous les deux besoin. Le garçon sentit la brune se crisper, surprise par cette soudaine étreinte.

- Non, ne t'en fais pas, souffla-t-il.

Elle se décontracta lentement puis doucement, ses bras vinrent entourer la taille du garçon. Son visage se logea dans le creux de son cou et Shoto raffermit sa prise autour d'elle.

- Tu es sûr de ça ? S'inquiéta la jeune fille après de longues secondes de silence.

Shoto se recula et observa ses traits fins et parfaits à ses yeux. Délicatement, il lui embrassa la joue droite, puis sa jumelle, avant de lui voler des baisers papillons sur tout le visage. Sur son petit nez, ses pommettes, son menton, son front et même ses tempes.

Cela amusa la jeune fille et un rire léger de sa part caressa les oreilles du jeune homme.

- Qu-Qu'est-ce qu'il t'arrives ? Pouffa-t-elle.

- Rien, je t'assure, s'amusa le garçon en passant ses mains sous sa mâchoire.

Elle lâcha un souffle calme et tranquille.

- Tu n'es pas aussi tactile d'habitude.

Il haussa un sourcil en la regardant droit dans les yeux.

- Vraiment ?

Elle gloussa à nouveau.

- Oui, étant donné qu'aucun de nous deux n'est habitué à ça.

Shoto déposa son front contre le sien et un petit soupir dégonfla lentement sa cage thoracique, se mélangeant aux expirations de Yumeko.

Il était complètement hypnotisé par cette jeune fille. Elle lui paraissait semblable à un mirage : éphémère et terriblement envoûtante. Pour rien au monde il ne la laisserait lui filer entre les doigts.

Parce que de cette enfant perdue et innocente était née une véritable colombe de feu que seul Shoto pouvait atteindre.

- Pourtant, ce serait bien... Tu sais, hésita-t-il, que toi et moi on s'habitue à l'autre...

Elle pencha la tête sur le côté et fronça les sourcils, signe qu'elle ne comprenait pas.

- C'est-à-dire ? Trancha-t-elle avec franchise.

Shoto soupira et la regarda encore quelques instants.

Mais en croisant ses prunelles, son cerveau céda et plus aucune pensée cohérente ne lui vint à l'esprit.

- Comme ça, peut-être ?

Il se rapprocha et fondit sur ses lèvres avec tendresse.

Il ne souhaitait qu'une chose : Lui montrer ce qu'il ressentait pour elle. L'embrasement des joues de sa belle lui confirma qu'elle était tout à fait réceptive et le garçon en profita pour approfondir leur baiser.

Yumeko tressaillit et Todoroki mouva ses lèvres contre les siennes, indifférent à la brûlure malgré tout plaisante que cette colombe lui procurait.

Après quelques instants, il brisa leur échange et serra l'ébène contre lui. Elle enfouit sa tête contre son torse et ses mains agrippèrent inconsciemment le pull du garçon dans son dos.

- Tu veux que je dise quoi à ça moi, hein ?

Cette fois-ci, ce fut à son tour de lâcher un petit rire.

- Tu n'as pas besoin de répondre, cela me suffit.

La main de l'adolescent caressa doucement le dos de la jeune fille.

Elle acquiesça silencieusement, trop timide pour formuler ne serait-ce qu'une phrase correcte à cet instant précis. Todoroki n'avait rien contre ses silences. Après tout, ils étaient habituels entre eux depuis longtemps maintenant.

Il profitait simplement de l'avoir contre lui sans personne pour les déranger.

Parce que oui, il était attaché à elle.

Et ce sentiment dominait tous les autres. 

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