ii. les corps ont l'art du mystère

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avant d'entrer sur scène, soren était toujours nerveux, presque prêt à reculer, renoncer et s'enfoncer dans les coulisses pour ne plus en sortir. étant de ces personnes constamment dans le doute d'elles-mêmes, il pensait toujours avoir oublié tous les pas, tous les gestes, tous les placements. parfois, il lui arrivait même de croire qu'il allait oublier son corps, danser en dehors de lui-même, comme s'il ne savait plus réellement le faire. soren, comme la plupart des danseurs, avait un tic avant de devenir une étoile, avant de connaître la scène : il retournait ses pieds et les pointait, les orteils écrasés sur le sol. dans cette position, ses orteils et sa cheville craquaient tour à tour. chez soren, c'était d'abord le pied droit et le gauche ensuite. puis, il joignait ses mains et tordait ses doigts de façon à ce qu'eux aussi laissent échapper un craquement. enfin, il fermait les yeux et inspirait grandement, comme s'il n'avait jamais respiré jusque là. le jeune homme ne pensait à rien avant la danse, se murmurait juste le déroulé du spectacle en boucle, comme un mantra, un souvenir qui ne connaissait pas l'oubli. soren ne se savait pas capable de danser sans ce rituel absurde, futile, quasiment puéril. mais, avec le temps, il parvint à aimer cette manifestation de son trac, ces obligations de son corps. elles lui assuraient qu'il était encore capable de danser et que son corps ne connaissait encore aucune impuissance.

pour azadée, une appréhension était également présente. assise dans le fauteuil noir, doux et agréable, elle repensait à cette phrase qu'elle avait écrite. elle lançait quelques regards à maé, confortablement installée à sa droite sans pour autant réaliser pleinement sa présence. si elle n'avait pas été là, la jeune femme aurait quand même déposé prudemment ses prunelles autour d'elle, comme si elle voyait des fantômes, des mirages. maé sentit la nervosité de son amoureuse, bien qu'elle était surtout due à une trop forte euphorie. elle prit sa main, enroulant leurs doigts et faisant s'entrechoquer leurs bagues respectives. azadée avait les doigts fins, timides et légers, des doigts qui n'appellaient qu'à être saisis, attrapés. de son pouce gauche, maé se mit à caresser la peau de sa petite amie, espérant ainsi la détendre et la mettre à l'aise. et en effet, en sentant les petits cercles réguliers sur le dos de sa main, azadée se calma. elle s'excusa doucement pour sa nervosité, l'exaltation de ses sens et posa sa tête sur l'épaule de maé, le visage délicatement écrasé contre la rondeur de l'os et les cheveux bruns qui tombaient en cascade.

- je suis heureuse de voir ce spectacle avec toi, la façon dont tu en parlais hier était magnifique. tu avais du soleil dans les yeux, un sourire doux et paisible et une énergie que j'aime te connaître. la façon dont tu es passionnée par la vie, par tout plein de vies, me passionne, azadée.

azadée sourit alors, le corps ému de ces mots qu'elle ne pourrait oublier. et puis, elle aimait quand maé disait son prénom, elle avait l'impression d'être complète, d'être dans l'amour seulement. elle sourit encore plus et avant qu'elle ne puisse répondre quoique ce soit ou esquisser un geste d'affection et de tendresse vers maé, les lumières firent les mortes et le noir prit possession de toute la salle. elle retint alors son souffle, renvoyant déjà les mouvements élégants et rayonnants du jeune homme au torse en fleurs et son corps gracile qui tournoyait sous les néons. azadée était toujours émerveillée par les noirs avant les spectacles et les concerts, elle vivait pour cet arrêt du temps, cette suspension même de toute une vie. mais cette fois-ci, les yeux alertes et le corps étiré dans cette attente qui voulait tout signifier, elle trouva le noir encore plus beau.

lorsque vint le noir ce soir-là, pour soren tout fut différent. ses jambes se mirent à trembler lorsqu'il alla se placer, les pieds fixement posés sur la croix indiquée au sol. il essaya de se tenir droit, de se tenir prêt mais ses yeux ne cessaient de cligner. sa respiration était lourde, pesante et rigide mais, alors qu'il songeait à faire demi-tour, à courir jusque dans les coulisses, le rideau se leva et les lumières émergèrent de leur courte latence. il lui fut alors impossible de fuir, de priver son corps des fleurs de la danse et de la scène. ce vingt-quatre avril deux-mille-vingt-et-un le noir fut différent pour soren, encore plus sombre et inquiétant qu'à l'accoutumée, que dans ses souvenirs. mais, une fois les lumières pleinement présentes au-dessus de lui et la musique comme fil conducteur, plus rien ne fut différent. son corps fit ce qu'il avait toujours fait, il plongea dans la danse comme un suicidaire se jette dans la mer, avec le même désespoir et la même envie folle d'en découdre avec la vie.
la première chorégraphie était toujours celle que préférait soren, elle était celle qui attrapait les gens, les emmenait ailleurs, les faisait voler. les premiers pas, les premières minutes étaient, pour le jeune homme, la rencontre entre la danse et lui, celle dont le monde entier pouvait être témoin.

soren n'était pas torse nu dans ce premier tableau alors azadée ressentit un doute profond et envahissant, de ceux qui ne la laissaient jamais tranquille. elle ne reconnut pas ses cheveux intensément noirs plaqués en arrière sur son crâne et encore moins sa respiration qu'il envoyait valser dans l'effort et qui résonnait plus fort encore que la musique. mais, lorsque la danse se fit plus prenante, se découvrant une intensité que personne ne soupçonnait, pas même soren, la jeune femme retrouva en elle la présence de soren. elle savait que c'était lui, non pas parce qu'il était le soliste mais parce qu'elle le sentait intimement en elle. il y avait, dans la danse de soren, ce soir-là encore plus que tous les autres, une émotion qui ne trompait pas. il ne sentit pourtant aucune différence dans ses mouvements, dans son corps ; tout était à l'identique, aussi agréable et libérateur qu'au premier jour.
azadée, dans cette plénitude du corps de soren, ne put détacher son regard de lui, même lorsque d'autres danseurs entrèrent sur scène. les gestes du jeune homme étaient hypnotisants, inoubliables. il y avait une précision folle des placements, des mouvements, tout semblait en accord avec le temps, la musique, le monde, le corps lui-même. la spectatrice ne put même s'empêcher de s'avancer sur son siège, le corps tendu dans l'exaltation et l'euphorie qui étaient les siennes. elle laissa échapper ses doigts de la main de maé et se plongea dans la contemplation des corps. il lui était précieux de regarder tous les détails, là où le pied était pointé, là où le mouvement avait été exécuté en retard, là où le visage ne savait résister à la crispation de la danse. elle fit attention à tout, vivant le moment comme si son existence pouvait prendre fin d'une seconde à l'autre. à un instant, elle sentit le regard de maé sur elle, prêt à y déposer des rayons de soleil alors elle se mit à sourire, sans détacher les yeux de la scène, des corps qui se débattaient contre eux-mêmes. et, sans comprendre pourquoi, elle eut envie de pleurer à travers son sourire. plus tard, elle se rendrait compte que la seule vue de soren en train de danser lui donnait une envie féroce de pleurer sur toute la vie qui tournoyait dans son corps.

et puis, inévitablement, vint le moment où soren dansait torse nu - c'était lui qui l'avait proposé à laure, la chorégraphe et elle avait dit oui avec de la fierté dans les yeux. laure était une femme qu'on couvrait d'éloges, et était profondément aimée de ses danseurs, faisant éclore et évoluer en chacun d'eux leur propre danse, singulière et intime. dans ses chorégraphies et ses indications, elle laissait place à l'instinct et l'écoute des autres. elle livrait alors sa troupe de quatorze danseurs - exclusivement constituée d'hommes, dans leur plus belle diversité - à des improvisations et des échanges d'idées. elle aimait dire qu'elle donnait simplement vie aux corps, aux volontés mais que tout le travail de chorégraphie résidait chez ses danseurs. elle était à l'écoute de chaque corps et laissait à chacun la liberté de danser et vivre comme il le voulait les mouvements qu'elle créait. c'était une femme aux cheveux longs, dépassant bientôt la lisière du dos, grisonnants à quelques endroits et à la voix douce comme du velours. soren savait qu'elle avait été une femme et une danseuse magnifique, ne laissant aucun spectateur indifférent. lui qui n'avait jamais rencontré une chorégraphe aussi bienveillante qu'elle se plaisait à vendre ses mérites à qui voulait bien les entendre.
soren aimait danser torse nu, il se sentait encore plus libre dans l'effort, il jouait ainsi avec l'air, avec les sensations de la réalité sur son corps frais et jeune. et puis, il y avait la sueur qui roulait sur son dos, collant à sa peau avec chaleur. après la danse, le jeune homme ne se sentait jamais sale ou transpirant, au contraire il était en proie à une vitalité qu'il lui était impossible de ressentir ailleurs. il aimait cette moiteur sur son dos et son torse, celle qui lui permettait de s'agripper au sol lors de certains mouvements, et la sensation de vide et d'épuisement qui sévissait dans tous ses muscles.

ces mêmes muscles qui, ce soir-là, captivèrent azadée. elle ne pouvait détacher le regard du roulement des épaules, de la contraction des abdominaux ou des trapèzes. intérieurement, elle déposa des mots sur ce qu'elle voyait et sur les sensations que cela lui procurait. la veille, elle n'avait vu que les cicatrices du torse mais cette fois-ci, elle ne put faire autrement que de contempler le travail des muscles, la façon dont ils saillaient sous la peau luisante.
lors de l'un des tableaux finals la musique s'enflamma, s'envola et soren avec elle. il dansa, à ce moment-là, comme il ne l'avait jamais fait ; il n'avait jamais aussi bien dansé. azadée fut subjuguée par cet instant et la beauté qu'elle ressentit était décuplée par rapport à celle de la veille. dans un élan passionné, vif et spontané, elle saisit la main de maé et cette fois les larmes eurent raison d'elle. elle se mit à pleurer pour la beauté du corps de soren, qui dansait comme une étoile, prêt à tout vivre et puis pour les cicatrices sous les tétons qui devenaient des fleurs incandescentes et précieuses. elle pleurait doucement, sans bruit, presque même sans respirer, comme si le temps s'était arrêté et qu'il ne restait plus que la main de maé dans la sienne, la musique et le corps de soren sous les lumières éclatantes.

le spectacle prit bientôt fin et lors du noir qui suivait la dernière note de musique, les corps de azadée et soren se relachèrent immédiatement, comme s'ils étaient côte à côte. le jeune homme était sur scène lorsque les lumières se turent une seconde fois et il souffla un grand coup avant que le charme ne fut totalement rompu. et puis, ce fut l'ovation. toutes les lumières se rallumèrent et soren put distinguer les corps qui lui faisaient face, ceux qu'il n'avait pas été capable de regarder en dansant. il ne voyait pas de visages, juste des amas de corps entassés les uns à côté des autres mais cela lui faisait toujours le même effet : celui d'être un imposteur, de ne pas mériter cet amour que les gens envoyaient comme des fleurs jetées sur la scène. il ne vit pas azadée. mais, la jeune femme, elle, ne vit que lui. elle le regarda, ainsi présenté au milieu de la scène, de tous les autres danseurs et pourtant si à part. son torse brillait sous les lumières et chacune parcelle de son corps luisait de la sensation immense et indéfinissable qu'il ressentait d'être là, en vie.
azadée ne parvenait pas à applaudir, elle le regardait juste avec passion, intriguée parce qu'elle éprouvait et par ce que lui, là-bas sur la scène pouvait bien ressentir. elle détailla les cheveux noirs plaqués et dont des mèches rebelles avaient échappé à la laque et au gel. ils tombaient un peu plus bas que les oreilles, s'étalant docilement dans la nuque. et, sans en avoir réellement conscience, elle s'abandonna à des rêveries à propos des cheveux de soren : sans laque ils devaient onduler, se dessiner en de jolies boucles rondes et pleines. elle vit même la chevelure après la douche, luisante et éclatante, laissant doucement tomber des gouttes d'eau qui s'étalaient dans la nuque et sur le front. azadée regarda soren comme si elle le connaissait, avec la tendresse d'une affection réciproque et la chaleur d'un prénom sur un corps.

son regard resta longuement figé, fixé sur le soliste, glissant sur les courbes et les cavités de son corps, de la peau. elle aurait voulu se rapprocher du corps, tout laisser tomber et se précipiter sur scène pour l'enlacer. pourtant, ce fut le corps de maé qui se rapprocha du sien, imperceptiblement mais avec affection et les deux jeunes femmes échangèrent un sourire entendu. l'ovation se termina enfin, après avoir semblé durer une éternité, une existence toute entière, et maé fit signe à léoline de la suivre, arpentant les rangées qui commençaient à se vider. celle-ci eut un temps de latence, une absence à elle-même et au reste du monde et laissa ses yeux traîner, errer même, en direction de la scène, là où le rideau ondulait encore après avoir été baissé. elle voyait encore soren, ressentait sa présence comme s'il était à côté d'elle et dut lutter contre elle-même pour rompre le charme.
finalement, elle secoua vivement la tête et rejoint maé qui l'attendait quelques mètres plus loin, déjà prête à parler de ce qu'elle venait de voir. azadée, cependant, n'en était plus à ce qu'elle avait vu et se focalisait plutôt sur ce qu'elle avait ressenti, une étincelle de beauté qui se propageait dans tout son corps. elle se sentait ébranlée, bouleversée par cette lumière en elle et il lui semblait qu'elle allait brûler de l'intérieur.

- c'était vraiment incroyable, je crois que c'est l'un des plus beaux spectacles de ma vie ! je ne sais pas toi, mais j'ai vraiment adoré le moment où ils étaient tous en rouge, il y avait vraiment quelque chose de dynamique dans ce tableau. et puis je trouve ça vraiment super qu'il n'y ait que des hommes, c'est rare dans le monde de la danse, débita maé, tout en descendant les escaliers qui menaient à la sortie.

dans son excitation elle loupa une marche et faillit tomber, ce qui attendrit et fit rire azadée. elle la suivait tout en hochant la tête et laissant échapper des oui totalement d'une voix inhabituellement suave et compacte. maé continua de s'enthousiasmer sur le spectacle qu'elles venaient de voir pendant plusieurs minutes et azadée ne parvenait pas à s'ancrer dans le moment présent, dans la conversation. elle revint à la réalité quand son amoureuse parla du soliste :

- je ne sais pas si tu as ressenti la même chose que moi mais j'ai trouvé le danseur principal vraiment très fort. il se démarquait vraiment des autres à mon sens. et puis c'est super que la compagnie soit inclusive et donne de la visibilité à un homme trans !

- oui, il dansait vraiment très bien, tout paraissait simple dans ses mouvements en fait, répondit azadée sans être pleinement sûre que maé l'entendait à travers la marée de gens qui les séparait.

elle était soulagée que sa petite amie mentionne ce danseur, le seul qui avait vraiment compté à ses yeux durant le spectacle. elle se dit que c'était le genre d'homme à faire de l'effet à tout le monde et qu'il était tellement bon danseur qu'on ne pouvait pas ne pas le contempler. une fois dehors, la jeune femme respira l'air de la nuit tombante, déchirée par quelques nuages sombres, et se sentit bien. l'art lui était un bienfait dont elle ne savait plus se passer, une joie dont rien ne pouvait plus la priver. elle pensa un instant au danseur et se dit qu'elle aussi voulait faire naître chez les autres ce qu'il avait fait éclore en elle.

depuis sa loge, soren entendait les autres danseurs se chamailler et déverser, par les mots, leur bonheur de cette deuxième représentation. il sourit en les imaginant, leurs torses nus, les visages ruisselant de l'eau qu'ils venaient de s'asperger sur le visage et le maquillage légèrement effacé, prêt à être enlevé. lui-même s'était démaquillé, dans un geste vif et impatient, s'arrachant presque la peau, et la rendant rouge pâle. puis, il s'était douché et maintenant, les cheveux mouillés et dégoulinant sur sa peau, il s'habillait. soren était plein de rituels et après quasiment chaque spectacle, chaque ovation, il s'enfermait dans son vestiaire et n'en sortait qu'une fois qu'il avait perdu une partie de lui-même, qu'il abandonnait - pour quelques heures seulement - la danse et son corps.
il ne pensait pas au spectacle qui venait de se dérouler, il n'y pensait jamais à ce moment-là. pour soren, l'auto-correction et les critiques de sa propre performance venaient le soir, lorsque, couché dans son lit, les ombres les plus obscures lui rendaient visite. il se revoyait alors, le corps fluide ou bien tordu, jugeant sans aucune objectivité ce que son corps avait bien voulu dire. il aimait qu'on lui parle de sa prestation mais lui n'en parlait jamais, il ne savait pas comment déposer des mots sur les sensations qui étaient les siennes lorsqu'il dansait. alors, il laissait les autres parler pour lui, parler de lui comme s'il ne se connaissait pas.
ce soir-là, il sortit de sa loge rapidement et alla saluer et féliciter tous les autres tour à tour. une fois le groupe réuni, ils poussèrent un cri qui pouvait s'apparenter à un cri de guerre et soren annonça qu'il devait partir tôt. il parla un instant avec pavel et aliaume, s'excusant pour son comportement dans l'après-midi et lorsqu'ils lui demandèrent pourquoi il devait déjà s'en aller, il se mit à rougir, d'un rouge timide et désuet.

- uriel, la personne avec qui je suis parti hier soir, m'attend. iel a voulu revenir me voir ce soir, expliqua-t-il, ce qui le condamna aux regards curieux et aux sourires en coin de ses amis.

ceux-ci le laissèrent quand même partir sans lui poser de questions et il souffla de soulagement lorsqu'il sentit l'air et la douceur de la nuit s'abattre sur son visage. le jeune artiste ne semblait pas avoir conscience de l'impact qu'avait sa présence sur la scène, son corps et toutes les possibilités de beauté qui en découlaient. ce soir-là, personne n'aurait pu deviner qu'il venait d'éclairer des vies et de faire rêver des personnes qui avaient tout perdu. il ne se rendait pas non plus compte de l'effet qu'il avait eu sur azadée, c'était presque comme si elle n'avait jamais existé.
il sortit par un accès spécifiquement réservé aux artistes et uriel n'était pas là. il ne s'étonna pas de s'en trouver soulagé mais se dirigea tout de même vers l'entrée principale de la salle afin de voir si iel s'y trouvait. les bruits de la vie parisienne le rassurèrent et, paradoxalement, il se sentit comblé de ce vide qu'il ne ressentait qu'en dansant. il était fatigué et n'avait aucune envie si ce n'était se jeter sur son lit et s'imprégner de l'odeur de lavande de ses draps. il ne voulait pas dormir, juste s'allonger, de la musique dans les oreilles et éprouver ce vide qui se faisait incandescent en lui comme un soupçon de bonheur.

uriel l'attendait bel et bien, les mains dans les poches de son pantalon à carreaux, une mèche de cheveux bleus lui tombant dans les yeux et un joli maquillage avec des strass perlait son visage. iel se perdit dans un sourire lorsque soren entra dans son champ de vision et il se sentit obligé de lui en adresser un en retour, comme s'il lui était redevable. iel le félicita, lui dit que c'était encore mieux que la veille, qu'il était resplendissant et qu'iel pourrait le regarder danser tous les jours.

- merci uriel, je suis vraiment content que tu apprécies ce qu'on fait, lui répondit-il et il læ laissa faire lorsqu'il lui embrassa la joue, appuyant fermement ses petites lèvres timides - mais qui se voulaient entreprenantes - sur sa peau.

iels décidèrent de se balader un peu, d'aller marcher sur les quais de seine avant de se rendre chez soren. aucun.e des deux ne prit la main de l'autre et personne ne pouvait voir qu'uriel ne voulait que ça alors que soren, lui, le redoutait plus que tout. en passant devant le bar où iels s'étaient rencontré.es la veille, le jeune homme sentit un regard fixement posé sur lui. cela ne lui arrivait jamais, il ne savait remarquer quand les autres étaient perdus dans une contemplation de sa personne, comme s'il ne parvenait pas à s'y faire. pourtant, azadée, assise en terrasse - exactement à la même table que lui le soir précédent - l'observait, le dévisageait même, avec un manque de pudeur qui la fit elle-même frissonner. et le moment arriva, il arriva comme toutes choses arrivent, sans bruit, sans émotion, inévitablement. les regards connurent leur première collision et durant une infime seconde soren et azadée surent tout l'un de l'autre. elle sourit en voyant les cheveux noir de jais mouillés, bouclant joliment et se déversant au hasard sur le front lisse et dans la nuque musclée. il sourit en voyant son sourire et observa à la vitesse d'un éclair la rondeur de ses joues rosées, l'éclat pétillant dans les yeux gris et la douceur des traits. puis, elle détourna le regard après avoir été apostrophée par maé et il profita de cette paralysie pour se laisser tirer par uriel.
mais malgré tout, sans rien faire ni décider, soren et azadée se rencontrèrent, se virent pour la première fois le vingt-quatre avril deux-mille-vingt-et-un, au soir.

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