Chapitre 24

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24 octobre 2020
53 jours


Assise dans mon lit, le dos contre le cadran de ce dernier, je triturais nerveusement la poupée représentant un petit loup noir, jouant avec ses oreilles, caressant avec douceur sa tête comme s'il était vivant, tout en entendant derrière la porte de ma chambre des cris de colère et des verres qui se brisaient.
« Tout ce que je te demande c'est d'être un peu plus à la maison ! ****** a besoin de toi ! Elle n'a que quatre ans et son père lui manque ! Si tu ne veux pas faire un effort pour ta femme, fais-le au moins pour ta fille ! Cria la femme que j'aimais le plus au monde.
- Je travaille ! Mais ça tu ne peux pas le comprendre puisque tu ne fous rien ! Répliqua-t-il froidement.
- Non mais je rêve ! Tu me rejettes la faute dessus alors que c'est toi qui veux que je reste à la maison ?! »

Et la dispute continua, encore et encore, comme tous les jours durant lesquels mon père revenait pour s'enfermer dans son bureau et travailler. Je ne lui en voulais pas... C'était grâce à lui qu'on vivait si bien mais... Il me manquait... Et il manquait beaucoup à ma mère.

Un coup violent contre le mur me fit sursauter tout en serrant contre mon visage ma peluche, avant de n'entendre rien d'autre que du silence. Un soupir se fit percevoir juste derrière le battant, puis la poignée s'abaissa, laissant apparaître la femme de mes rêves. Ses cheveux châtains étaient noués négligemment en un chignon, son bandeau se trouvait toujours présent sur son visage. Celui-ci était légèrement plus transparent, me laissant alors la possibilité de voir la couleur de ses yeux : d'un bleu cristallin comme les miens. Alors qu'elle se rapprochait de moi, je voulus lui offrir un grand sourire, mais seule une triste grimace se dessina sur mes lèvres, trouvant son reflet sur le visage de celle qui était ma mère.

Elle vint s'asseoir sur le bord de mon lit, retirant ses chaussons avec grâce avant de faire passer ses jambes sous ma couverture et de se rapprocher de moi, entourant délicatement mon frêle corps de ses bras. Je me blottis aussitôt contre elle, les paupières closes tandis que j'écoutais les doux battements de son cœur.
« Pourquoi papa ne m'aime pas ? Osai-je demander, la gorge serrée par la crainte de sa réponse.
- Mais pourquoi tu dis ça ? Ton père t'aime plus que tout au monde... Il est juste maladroit pour te le montrer, dit-elle en dégageant mon front des mèches rebelles.
- Mais il n'est jamais à la maison... Il ne veut jamais jouer avec moi...
- C'est parce qu'il a beaucoup de travail... Mais ne t'inquiète pas ma petite déesse, un jour ton père saura te montrer que tu es la plus précieuse personne dans sa vie, assura-t-elle en plantant un baiser sur ma joue. »

J'émergeai lentement de mon sommeil, clignant des paupières tout en observant la pièce sombre dans laquelle je me trouvais.Une chose me dérangeait à propos de ces rêves que je faisais assez régulièrement. Je n'arrêtais pas de me demander comment je pouvais rêver d'une femme que je n'avais jamais vue, puisque j'étais arrivée à Domination's scent peu après ma naissance... Il y avait même ma fiche dans le classeur des dépôts pour certifier de mon arrivée dans la boutique. Même si les visages des personnes qui étaient "mes parents" durant ces rêves étaient flous, je songeais à des choses qui ne m'étaient jamais arrivées. Était-ce qu'inconsciemment, c'était ce que je voulais comme vie lorsque j'étais enfant ? N'était-ce seulement des envies enfantines qui remontaient tardivement, ou du moins, à cause de ces changements que je ressentais depuis que Monsieur Jeon était entré dans ma vie ?

Tant de choses avaient changé, cela en devenait presque effrayant...La première chose fut un changement physique qui m'était arrivé il y avait de cela maintenant une semaine. Une matinée, je m'étais réveillée avec une étrange sensation d'humidité entre les cuisses. Ce fut quand je m'étais levée que j'avais vu l'énorme tache écarlate sur les draps de mon matelas pour ensuite paniquer, pensant que j'étais en train de faire une hémorragie. J'étais partie en courant pour dire à mon Maître que quelque chose n'allait pas chez moi et je fus plus que surprise lorsqu'il me tapota l'épaule, me disant que je devenais une femme en âge de procréer. J'avais donc appris que cet écoulement de sang, que je n'avais jamais vu de ma vie, était en réalité des menstruations et que je ne les avais pas eues lors de mon adolescence à cause de la prise de ma pilule. De ce fait, l'arrêt datant d'il y a un mois avait redonné la possibilité à mon organisme de "remettre en marche l'usine à morveux" comme il avait dit. Grâce à cette expérience de la vie, j'avais pu connaître l'existence des serviettes hygiéniques et des tampons. Ces derniers ne m'étaient d'aucune utilité, d'ailleurs, ils ne me faisaient plus mal qu'autre chose ; et Monsieur Jeon ne m'était pas d'une grande aide, disant que c'était "mon vagin, mon problème"... À Domination's scent, j'avais appris que le corps d'une femme changeait au moment de procréer, mais jamais je n'avais su que l'arrêt de la pilule apportait cette hémorragie apparemment non-dangereuse pour nous. Et bien, pour être parfaitement sincère, je regrettais de l'avoir arrêtée... C'était une horreur ces menstruations !

Le deuxième changement que j'avais ressenti, c'était la sensibilité de mes humeurs. Par exemple, la nourriture qui ne représentait qu'une nécessité vitale, était alors devenue un plaisir pour mes papilles gustatives. Je pouvais être vraiment joyeuse après avoir mangé un repas délicieux. Par contre, le côté négatif était que maintenant, pour une musique passant à la radio dont la mélodie était mélancolique, des larmes se mettaient à couler d'elles-mêmes sur mes joues et mon Maître prenait un malin plaisir à me dire que j'étais un chamallow laissé sous un soleil de canicule. Et quand je lui avais demandé pourquoi il me disait ça, il m'avait répondu que j'étais un cœur sensible en réalité, voire peut-être un peu trop.

Troisième changement... Ce sentiment étrange qui chamboulait mon organe vital dès que je posais mes prunelles cristallines sur la silhouette de mon propriétaire. Dès qu'il ouvrait la bouche pour me parler, j'étais suspendue à ses lèvres, buvant chacun de ses mots comme de l'eau de roche. Dès qu'il frôlait consciemment ou non ma peau, celle-ci se trouvait parcourue de milliers de fourmillements, brûlant sous son toucher et quémandant presque d'elle-même d'autres contacts physiques. Ce dernier changement était celui qui me dérangeait le plus, car en réalité... c'était contre les règles d'Hans Kerberton. Une Doll devait rendre désireux le Maître qu'elle servait... Cela ne devait pas être l'inverse. C'était pour cette raison que j'avais décidé d'en parler aujourd'hui avec lui, car lui seul était capable d'arranger les choses.

Cette idée en tête, je rejetai ma couette au bout de mon lit, sortis de ce dernier en allant ouvrir la baie vitrée, frissonnant sous l'air frais de la matinée avant de quitter ma chambre, mes pieds nus claquant délicatement sur le carrelage blanc immaculé, tandis que je me rapprochais des marches d'ivoire et que je les escaladais. J'arrivai à l'étage, me stoppant une fraction de seconde devant la porte d'une pièce complètement vide avant de repartir et d'actionner la poignée de la pièce personnelle de mon Maître. Je le trouvai aussitôt au milieu de sa chambre, torse-nu, tenant deux chemises différentes dans ses mains, hésitant sûrement entre la noire ou la grise foncée. Lorsqu'il se rendit compte de ma présence, il releva ses prunelles sombres vers moi avant de repartir dans sa contemplation des deux tissus.
« Dis-moi vite ce que tu veux parce que je n'ai pas beaucoup de temps à t'accorder, déclara-t-il en fronçant les sourcils, n'arrivant toujours pas à se décider.
- J'aurais une question à vous poser, mais j'ai peur que vous ne la trouviez bête, avouai-je en me rapprochant de lui pour attraper la chemise grise, lui laissant la noire qui lui allait mieux.
- Crystal... Il n'y a pas de questions bêtes... À part quand c'est toi qui les poses, lâcha-t-il avec un rictus en coin alors qu'il enfilait les manches de son habit. Donc, tu as deux minutes durant lesquelles je serai tout ouïe.
- Est-ce que vous pensez que les changements qui s'effectuent chez moi sont mauvais ? Osai-je lui demander tout en attachant les boutons, évitant son regard que je sentais pourtant brûler ma peau.
- Quels changements ? Parce que les chutes du Niagara rouges ça je n'y peux rien. Te voir grignoter en dehors des repas des sucreries, tu choperas le diabète et ce n'est pas mon problème, répondit-il en essayant de fermer les boutons de sa manchette.
- Je parle d'autre chose... De ma capacité à ne plus pouvoir détourner mon attention de vous, à ne plus pouvoir penser à autre chose que vous, à ce désir permanent et cette sensation étrange de bien-être quand je suis proche de vous... Pensez-vous que c'est une bonne chose ? Continuai-je en me reculant. »

Un silence pesant s'installa entre nous sans que personne ne cherche à le briser. Je fixais nerveusement mes pieds qui se tortillaient l'un sur l'autre, redoutant affreusement sa réponse, car un Maître ne devait pas voir sa Doll ressentir du désir... Je comprenais parfaitement sa stupeur et sa possible colère... Peut-être qu'il allait me ramener à Domination's scent pour une remise à zéro ou... ou pour m'abandonner là-bas.
« Regarde-moi Crystal, laissa-t-il soudainement entendre sans que cela ne sonne comme un ordre. »

Je me pinçai les lèvres tout en relevant mon visage vers lui, lui faisant face, observant ses pupilles avant de sentir mon cœur battre plus fortement dans ma poitrine. Il se rapprocha de moi, réduisant cet espace entre nous avant de venir faire glisser le dos de ses doigts de ma pommette gauche jusqu'à mon menton. Ma respiration se fit plus forte lors de mon inspiration ce qui étira soudainement les badigoinces du noiraud.
« Tu sais quoi, j'aime ça, dit-il doucement. Désire-moi encore plus, vint-il chuchoter à mon oreille. Et peut-être que tu obtiendras l'objet de ton désir, finit-il, faisant glisser ses lèvres contre le cartilage de cette dernière. »

Il approcha son faciès du mien, laissant un écart de quelques malheureux millimètres entre nos croissants de chair, son souffle s'échouant sur ces derniers, se mêlant au mien. Nous ne bougions pas et je sentais ce besoin presque douloureux de goûter à ses lèvres. Et à en voir le sourire satisfait qui habillait les siennes, il s'en délectait de me voir désireuse. Alors que j'allais prendre mon courage à deux mains pour réduire à néant cet écart entre nos deux figures, il s'écarta dans un petit rire, me faisant une pichenette sur le front avant de partir en direction de la sortie de sa chambre.
« Au fait, on a une réception ce soir, donc j'aimerais que tu ailles chercher une robe chez Carmen&John. Dis-leur qu'ils ont carte blanche ! Annonça-t-il avant de me laisser seule, emportant sur son passage une veste de blaser suspendue sur un portemanteau. »

Mon corps n'arrivait pas à assimiler ce qui venait de se passer, ne permettant pas alors à mon cerveau de saisir le temps qu'il me restait pour demander à mon Maître en quoi consistait cette réception. Quand je me réveillai de mon état de transe, le moteur de la Mercedes se faisait entendre dans l'allée du domaine. Il était parti et j'étais perdue. Je soupirai longuement, passant ma main sur mon visage avant de faire glisser mes doigts dans ma chevelure emmêlée par la nuit passée. Je quittai la chambre de mon Maître pour prendre la direction de la mienne, me douchant rapidement pour ensuite me vêtir simplement, puisque je devais aller en ville, retrouver Carmen ou John, voire les deux. Après avoir pris un taxi, je me trouvais devant le grand bâtiment extravagant de la boutique. Ma chevelure attachée en une queue de cheval haute, je vérifiai dans ma poche si j'avais bien pris mon portable ainsi que la carte bancaire de mon propriétaire qu'il avait laissée dans l'entrée. Une fois certaine que tout était en place, je m'approchai de la grande porte d'entrée, laissant des femmes libres sortir avant d'entrer par la suite, mes prunelles claires cherchant à trouver une silhouette connue.

Carmen&John était déjà bondé de monde en ce début de matinée. Des femmes observaient avec gourmandise les vêtements présentés sur les présentoirs, s'imaginant porter aussi bien ces derniers qui se trouvaient sur des mannequins ; d'autres critiquaient dans des roucoulements certains tissus ; tandis qu'une dernière catégorie attrapait presque sans réfléchir des habits avant de partir dans les cabines d'essayage. Ma recherche d'un des vendeurs devint plus poussée, tandis que je marchais entre les rayons avant de sentir quelqu'un poser sa main sur mon épaule. Je me retournai aussitôt, faisant face à un jeune homme aux traits fins féminins, un sourire doux sur ses lèvres légèrement pulpeuses.
« Crystal, fit-il avec engouement. Cela fait bien longtemps que je ne t'ai pas vue.
- Bonjour John, répondis-je en m'inclinant, heureuse au fond de moi qu'il m'ait trouvée.
- En quoi puis-je t'aider ? Me questionna-t-il en rangeant sur un cintre une robe blanche en dentelle.
- Monsieur Jeon aimerait que vous prépariez une robe pour moi.
- Des consignes particulières ? Continua-t-il à me questionner en s'avançant dans l'allée pour récupérer un autre cintre, pour le replacer sur un autre présentoir.
- Aucune, vous avez carte blanche, déclarai-je en le regardant faire tout en le suivant diligemment.
- Et c'est pour quoi spécialement ? Me posa-t-il son énième question en se tournant vers moi.
- Une réception.
- Oh je vois. Suis-moi, on va trouver ce qu'il te faut. Carmen ! Appela-t-il soudainement la jeune femme en pleine discussion avec une autre. Je vais en arrière-boutique, je te laisse gérer ! »

Sa compagne releva la tête en fronçant les sourcils, ne comprenant sûrement pas pourquoi il la laissait soudainement seule avant de poser ses yeux bruns sur moi, écarquillant ses paupières en me reconnaissant avant de me sourire grandement, me saluant de sa main soigneusement manucurée. Je répondis à son geste poliment par un hochement de tête avant de suivre John vers l'arrière-boutique, endroit où je m'étais à chaque fois retrouvée pour me vêtir pour de grandes occasions. Le brun me fit signe de monter sur la petite estrade tandis qu'il s'approchait d'un bureau, attrapant un classeur qu'il ouvrit pour en regarder quelques pages avant de revenir vers moi.
« Peux-tu te mettre en sous-vêtements s'il te plaît, je voudrais reprendre tes mensurations, annonça-t-il gentiment, un mètre ruban en main. »

Je m'exécutai aussitôt, déposant mes affaires sur une chaise à côté de l'estrade avant de remonter dessus, me tenant droite et prête à qu'il entoure chaque partie de mon corps pour le mesurer. Il commença par mes cuisses, en silence, plaçant délicatement le ruban autour avant de se redresser et d'observer ma taille en arquant un sourcil.
« Est-ce que tu vas bien Crystal ? Je veux dire, est-ce que tu te sens bien ? M'interrogea-t-il soudainement avant de mesurer mes hanches.
- Oui, pourquoi ? Fus-je surprise de sa question.
- Tu as pris deux centimètres de hanches, lança-t-il avant de mesurer ma poitrine. Et un et demi de poitrine. Tu as pris un peu de poids et je me demande comment une Doll peut prendre du poids, expliqua-t-il en penchant la tête légèrement sur le côté.
- Je... Je dois avouer que j'ai découvert le plaisir de manger, laissai-je entendre tout bas.
- Le plaisir ? Répéta-t-il avec un sourire en coin.
- Je... Est-ce que je suis trop grosse ? C'est ce que vous voulez me dire, parce que Monsieur Jeon ne va pas aimer ? Commençai-je à m'inquiéter.
- Quoi ? Non pas du tout ! Tu es même parfaite comme ça ! Avant tu avais l'air bien trop maigre et maintenant tu as des formes, tes joues ne sont plus aussi creuses qu'avant ! Les Dolls ont toujours l'air d'être si faibles physiquement et là, là tu as l'air bien en vie ! Tu es magnifique à voir ! Se précipita-t-il à dire en finissant par poser sa main sur ma joue.
- Je suis belle ? Lui demandai-je, n'étant pas habituée à un tel compliment.
- Bien sûr que tu l'es ! Bon, moins que Carmen mais tu restes belle, termina-t-il avec un clin d'œil, m'arrachant un petit sourire. Sincèrement Crystal, reste ainsi sur cette voie, tu te rapproches enfin de ce dont tu as le droit et tu as le droit d'être heureuse.
- Je le suis... Monsieur Jeon me rend heureuse, murmurai-je avec sincérité. »

Mes mots lui firent perdre son sourire, tandis qu'il s'écartait de moi pour se rapprocher du pendoir où étaient suspendues plus d'une vingtaine de robes de différentes couleurs et de divers tissus. Qu'avais-je dit qui puisse presque l'agacer ? Je ne fis pas de commentaire sur ce changement de comportement, mais une voix me surprit soudainement en apportant une réponse à mes interrogations intérieures :
« Jungkook ne pourra te rendre heureuse Crystal, dit soudainement Carmen en entrant dans la pièce.
- Pourquoi ?
- Malheureusement, la vie a fait de lui un être seulement capable de satisfaire ses propres besoins et un besoin de détruire les autres, avoua-t-elle en se plaçant devant moi avec une triste grimace.
- Mais, Monsieur Jeon prend soin de moi... C'est une bonne personne lorsqu'on apprend à le connaître, tentai-je de le protéger.
- Tu dis ça parce que tu es sa Doll mais tu ne le connais pas toi-même... Un jour j'avais eu espoir de voir en lui un homme différent de tous les autres, pas un homme comme j'avais pu être dans le passé, mais quelqu'un sur qui on pouvait compter pour faire changer les choses... soupira-t-elle.
- Mais du jour au lendemain, il a changé. Il était déjà manipulateur, mais il est devenu plus cruel, froid et distant, continua son compagnon qui cherchait une robe pour moi. Son intelligence fait de lui quelqu'un de dangereux et d'imprévisible. Il se sert des autres pour obtenir ce qu'il veut et il n'hésite pas à briser des âmes pour rester au-dessus de tout le monde. »

Je me pinçai les lèvres durant leurs déclarations. Je savais tout cela. Je savais qui était Monsieur Jeon et cette part sombre chez lui, je l'avais connue dès mon arrivée à son service, mais... Mais je ne voulais pas croire que si moi je changeais, il ne changeait pas avec moi... D'ailleurs, est-ce que je changeais parce qu'il prévoyait de se servir de moi pour quelque chose d'important ? Je n'avais plus aucun doute là-dessus, car en y réfléchissant... Pourquoi garder une Doll près de soi alors que l'on en avait la plus grosse haine envers les poupées éduquées ?
« Savez-vous pourquoi Monsieur Jeon déteste les Dolls ? Demandai-je après un silence de plusieurs minutes.
- Pas vraiment... Une rumeur dit qu'il serait tombé amoureux d'une Doll qui se trouvait dans les vitrines, et quand il a voulu l'acheter, elle avait déjà été vendue à un autre. Quelques jours après, elle aurait été retrouvée morte dans un caniveau et Jungkook se serait mis alors à détester Domination's scent, Hans Kerberton et les Dolls pour ceci, conta Carmen en croisant ses bras sur sa poitrine plate. Mais après, ce n'est qu'une rumeur et il en existe plus d'une centaine sur le grand Jungkook Jeon. Est-ce que tu lui as déjà demandé ?
- Oui, mais il m'a répondu qu'une Doll ne servait à rien et même durant une partie de "baise", elles n'apportaient aucun plaisir, rapportai-je laissant John enfiler un vêtement sur mon corps.
- Une réponse qui ne m'étonne pas de sa part, laissa-t-il entendre en passant dans mon dos. De toute façon Crystal, n'essaye pas de te pencher plus sur la question, ce serait une perte de temps. Tant qu'il ne veut pas qu'on sache quelque chose sur lui, personne ne le saura alors.
- Je sais... »

Alors que Carmen était repartie s'occuper de la boutique, traînant des pieds en disant qu'elle voulait rester avec nous, John revenait devant moi, attrapant doucement mon collier entre ses doigts fins pour le laisser glisser sur le tissu noir du vêtement que je portais.
« Dis-moi ce que tu en penses, m'invita-t-il à me regarder dans le miroir. »

J'acquiesçai dans un léger hochement de tête, descendant prudemment de l'estrade pour m'approcher de la surface réfléchissante, les longs voiles de ma robe sombres glissant contre mes jambes dans ma marche. Je vis alors mon reflet. Mon corps était vêtu majestueusement d'une longue robe noire en voiles fins, atteignant le sol à cause de sa longueur. Mon dos était mis à nu, dévoilant sans pudeur mes omoplates tandis que mes bras étaient couverts d'une dentelle blanche ressemblant à une pluie de fleurs de cerisier. Ma taille était cintrée, laissant ressortir mes hanches dessinées par le tissu et ma poitrine, découverte dans un décolleté plongeant, laissant ma poitrine apparaître, révélant les chairs malicieusement, la bombance de mes seins qui avaient pris en taille ces derniers jours. Ma silhouette était différente de celle que j'avais dans mes souvenirs : je ressemblais à ces femmes libres qui savaient jouer de leurs charmes, mettant en valeur leurs formes, attirant le regard des hommes, les désirs luxueux de ces derniers. Cette image de moi dans ce miroir ne me ressemblait pas. Même si elle effectuait les gestes que je faisais, ce n'était pas moi...
« Vous ne pensez pas que c'est un peu trop pour une réception ? Demandai-je incertaine.
- Bien sûr que non ! C'est exactement ce que souhaite Jungkook, s'enthousiasma-t-il en croisant ses bras sur son buste.
- Vous en êtes certain ?
- Oui. Jungkook aime qu'on ait un regard envieux à son égard, alors quoi de mieux que d'avoir une Doll qui attise les désirs, les jalousies des femmes, les pensées infidèles des hommes. Alors crois-moi, quand il te verra dans cette robe, lui-même ne pourra pas se retenir de te complimenter, finit-il avec un sourire. »

Je fixai mon reflet, laissant mes prunelles glisser sur ma silhouette encore et encore en me pinçant les lèvres. Ces pensées pudiques qui envahissaient mon esprit ne m'étaient pas du tout habituelles. Étant une poupée éduquée, la manière d'exposer notre corps ne dérangeait pas, on n'y pensait pas. Mais depuis que je me sentais changer, physiquement comme mentalement, je voyais différemment le monde, d'un œil nouveau comme si je venais de me rendre compte que dans cet univers urbain dans lequel j'avais vécu jusqu'à maintenant, je n'en connaissais même pas la moitié de ses secrets. J'étais en réalité comme un nouveau-né, goûtant de nouvelles saveurs, découvrant de nouveaux paysages, de nouvelles conceptions de la vie, de nouvelles modalités. Pourquoi avais-je été ignorante sur cela aussi longtemps ? Les enseignements de Monsieur Kerberton étaient pourtant si bien adaptés... Je ne comprenais plus rien.
« Bon... Je vais la prendre alors, annonçai-je après une profonde inspiration.
- Tu vas voir, tu vas en époustoufler plus d'un à cette réception ! S'amusa John avant de me faire signe de me changer. »

Je troquai rapidement et soigneusement mes habits, remettant mon haut tout en regardant le jeune brun replier délicatement la robe, l'emportant par la suite dans l'avant-boutique pour qu'on puisse y procéder au paiement. Devant le comptoir, je le regardai mettre le petit carton contenant le vêtement de soirée dans une poche qu'il me tendit par la suite, échangeant avec la carte bancaire de Monsieur Jeon que je lui donnais. La délivrance d'argent effectuée, le sac de ma tenue de ce soir entre les mains, je m'inclinai pour saluer John, me sentant soudainement prise dans une étreinte que je reconnus être celle de Carmen, qui vint par la suite me murmurer à l'oreille :
« Reviens nous voir quand tu veux, même si Jungkook ne t'envoie pas ici. Nous serons aptes à comprendre ce que tu es en train de vivre ma belle... Allez, à la prochaine ! »

Elle me libéra, tapotant gentiment mon épaule avant de me laisser partir. Je sortis donc de la boutique, les pensées en ébullition comme à chaque fois que je quittais Carmen&John.

Je pris une grande inspiration avant d'expirer tout cet air dans un long soupir. J'étais plus que perdue dans ce que je devais faire. Après avoir appelé un taxi, je fis le chemin inverse pour finalement revenir au domaine de Monsieur Jeon. J'ouvris la porte d'entrée, le sac contenant ma robe accroché au bras, je me déchaussai par la suite dans l'entrée. La maison était complètement vide, pas un seul son, et l'espace énorme qui s'étalait devant moi me montrait parfaitement que ma solitude était présente. Étant une Doll, je n'avais pas de problème à me trouver seule sans rien faire, mais depuis que je ressentais ces changements, ces moments où je me retrouvais juste avec moi-même étaient de plus en plus difficile à vivre... Un long soupir s'échappa de mes lèvres. Je voulais que Monsieur Jeon soit là... Pourquoi ne m'avait-il pas emmenée à Jeon's Industrie ? Tout en traînant légèrement des pieds, je pénétrai dans ma chambre pour déposer mon achat sur mon lit avant de me diriger vers ma salle de bain, ayant les mots de John tournant en boucle dans ma tête. Face au miroir, je soulevai mon pull avant de me pincer les lèvres. J'avais pris des hanches et les abdos que j'avais habituellement avaient commencé à se faire moins visibles.
« Tu te laisses vraiment trop aller Crystal. Il est temps que tu reprennes le sport intensif, me reprochai-je à moi-même en retirant mes vêtements. »

Je troquai ces derniers avec mes habits que j'utilisais pour des efforts physiques et partis par la suite dans la cuisine, récupérant une bouteille d'eau dans le frigo avant de me diriger vers la salle de sport se trouvant dans un cube de verre. Je posai ma boisson sur le sol avant de me diriger vers le tapis roulant pour entamer mon échauffement. Cela faisait plus d'un mois, d'après mes souvenirs, que je n'avais pas bougé mon corps ainsi, le mettant à rude épreuve. J'en avais affreusement besoin, physiquement mais aussi mentalement... On disait que le sport avait des effets thérapeutiques sur l'esprit et le mien avait besoin de se calmer pour que je réfléchisse convenablement.

Après avoir chauffé mes muscles avec un peu de courses, je commençai mes exercices habituels, ressentant assez rapidement des tensions dues aux efforts. Les gouttes de sueur dégoulinaient le long de mes tempes, traversant tranquillement mes joues jusqu'à mon menton pour terminer en une chute vertigineuse jusqu'au sol, lorsque je ne les essuyais pas du revers de la main. Bouger mon corps me laissait la possibilité de faire le vide dans mon esprit, de ne pas penser à mes tracas et j'en profitais à maximum, car il fallait l'avouer... il m'arrivait tellement de choses en si peu de temps que mon cerveau n'arrivait pas à traiter ce flot d'informations trop important et surtout, trop nouveau pour moi. Appuyée contre la barrière de soutien du tapis de course, je penchai la tête en arrière, expirant profondément l'air dans mes poumons pour en reprendre un plus pur, le plus doucement possible pour calmer les battements rapides de mon cœur.

Ma séance de sport terminée, je repris mes affaires pour laisser cette pièce parfaitement rangée. Le goulot de ma bouteille contre mes lèvres, je marchais dans le couloir dans l'intention de regagner ma chambre pour me doucher, mais je me stoppai d'un coup. C'était si triste ici. À première vue, la modernité présente dans cette demeure époustouflait n'importe qui, mais après avoir vécu presque deux mois ici, l'absence de décoration et de photographie rendait cet endroit, pourtant beau pour l'œil inconnu, maussade. Je savais que Monsieur Jeon n'aimait pas du tout qu'on sache quelle était la matière de ses goûts, ses préférences et donc qu'il préférait laissait le moins d'informations sur lui visibles mais... Je pensais sincèrement que décorer un peu plus cette maison rendrait l'atmosphère moins pesante, plus calme. Car... Même si elle était meublée, elle était fade et mélancolique pour moi.

Je secouai la tête en soupirant face à ma réflexion absurde avant de continuer mon chemin jusqu'à ma chambre.

Je tapotai la table du bout de mon stylo, essayant de comprendre les mots que je lisais dans le livre que je tenais dans mes mains. Monsieur Jeon m'avait donné de nouveaux bouquins qui d'après ses dires étaient censés être plus compliqués à comprendre, puisque les mots employés n'étaient pas des mots courants. Il n'avait pas tort. Je passais mon temps à ouvrir le dictionnaire pour en regarder la définition, définition qui en réalité ne m'aidait pas parce qu'elle contenait elle aussi des mots incompréhensibles que je devais alors chercher. Un vrai cercle vicieux. Cela faisait plus d'une heure que j'étais sur ce premier chapitre et je n'en avais lu que huit pages. De plus, je passais mon temps à me demander ce que cela voulait dire, ce qui impactait ma compréhension de l'histoire. J'étais incapable d'expliquer de quoi parlait ce livre.

J'entendis soudainement la porte d'entrée claquer. Je sautai la seconde suivante de ma chaise pour quitter la cuisine et retrouver mon Maître en train de se déchausser. Lorsqu'il se redressa, il passa sa main dans sa chevelure corbeau tout en portant son regard sur moi.
« Qu'est-ce que tu as ? Râla-t-il en retirant sa veste pour la suspendre au portemanteau.
- Avez-vous passé une bonne journée ? Demandai-je en ignorant le ton qu'il avait employé.
- Fatigante. Tu as acheté ta robe ? Changea-t-il de sujet en traversant le salon-bar pour aller se servir un verre d'alcool.
- Oui, je vous la montrerai ce soir, devançai-je sa prochaine question ce qui le fit froncer les sourcils. »

Il se tourna complètement vers moi, son verre alcoolisé en main qu'il porta par la suite à ses lèvres, avant de me détailler de la tête aux pieds.
« Si ça t'amuse, céda-t-il dans un soupir désintéressé.
- J'ai une question à vous poser Monsieur Jeon, l'interrompis-je lorsqu'il fit un pas pour s'engager dans le couloir.
- Qu'est-ce que tu veux ? Souffla-t-il d'impatience.
- Que veut dire "téméraire" ? Le questionnai-je en croisant les bras dans mon dos. »

Il sembla surpris par ma question sur un mot de vocabulaire qui m'était inconnu et après quelques secondes de silence, il s'adossa contre le mur avant de reprendre une gorgée de sa boisson.
« Pourquoi tu veux savoir ça ? Me demanda-t-il à son tour.
- J'ai lu ce mot dans le livre que vous m'avez donné à lire.
- Et c'est quoi le contexte ? Continua-t-il en arquant un sourcil.
- J'ai simplement lu "un jeune garçon téméraire" et je n'ai pas pu lire la suite, je suis restée bloquée sur ce mot. Dans le dictionnaire ils disent "audacieux, qui fait preuve d'une imprudence hardiesse et de témérité" mais... Mais je n'ai toujours pas compris... avouai-je avec une faible grimace.
- Ça signifie que c'est une personne qui choisit de faire des actions sans réfléchir, donc que tu prends des décisions parfois trop rapidement et que tu te jettes dans la bataille sans prendre en compte les risques. C'est un peu toi qui n'utilises jamais ton cerveau, termina-t-il avec un sourire en coin.
- Mais j'utilise mon cerveau, répliquai-je aussitôt.
- Si tu le dis. Allez, va te préparer, on part dans quarante minutes. »

Sans me laisser le temps de répondre quoi que ce soit, il partit pour monter les marches menant à son étage personnel, me laissant comme à son habitude seule en bas. Un soupir s'échappa de mes badigoinces et peu après, je partis dans la cuisine ramasser toutes mes affaires pour par la suite retourner dans ma chambre. Après une bonne douche, je me tins debout devant mon miroir embrumé, une serviette autour de mon corps, je passai ma main sur la surface réfléchissante pour enlever la buée et m'offrir la possibilité de voir mon reflet. D'une autre serviette, je séchai rapidement mes cheveux, les laissant par la suite glisser en désordre sur mes épaules. Je retournai dans ma chambre, récupérai ma robe étendue sur mon lit avant de revenir dans la salle d'eau pour l'enfiler délicatement, de peur de la froisser, et je terminai par regarder au final mon reflet. Je tirai mon tiroir de droite pour en sortir ma trousse à maquillage puis me confrontai à moi-même, un pinceau entre les doigts et ma palette de fards à paupière dans une main. J'avais appris à me maquiller, car toute Doll se devait de savoir se rendre belle. Mais tout de même, Saphir était bien plus douée que moi...

Après avoir visualisé à peu près ce que je voulais faire, j'attaquai mon travail facial avec précision et concentration. Je peignis doucement mes lèvres d'une teinte naturelle et légèrement brillante, avant d'uniformiser ma peau et de regarder le résultat. Satisfaisant. Je regroupai par la suite ma chevelure châtaigne que je séparai équitablement en deux, pour ensuite tresser chaque partie. Ma coiffure se termina simplement en une couronne de tresses.
« Qui a choisi cette robe ? Lança soudainement la voix de Jungkook dans mon dos, me faisant sursauter sur le coup, puisque je n'avais pas remarqué son reflet dans le miroir.
- C'est Monsieur John, répondis-je en me retournant vers lui, lui laissant la possibilité de détailler du regard ma silhouette. »

Il se rapprocha de moi, venant passer ses doigts sur la dentelle blanche sur mes bras, remontant jusqu'à mon cou pour refaire descendre sa main le long de mon décolleté, sans jamais toucher ma peau, se contentant de rester sur le tissu noir, avant de prendre mon collier qui reposait au creux de ma poitrine pour le laisser retomber par-dessus ma robe cette fois-ci. Ses gestes étaient lents et doux. Il frôlait mon épiderme, réduisant l'écart entre nos deux corps avant de faire ressentir son souffle sur le bord cartilagineux de mon oreille.
« Tu es splendide... Tu vas faire des envieuses, termina-t-il sur une pointe d'amusement. »

Il se recula d'un pas, plantant par la suite ses prunelles sombres dans leurs contraires, avant d'afficher un sourire en coin que je pouvais reconnaître entre mille : il avait quelque chose en tête me concernant.
« Puisque tu es enfin prête, on va pouvoir y aller, annonça-t-il avant de m'inviter d'un geste de main à avancer devant lui. »

Je le fixai un faible temps avant de marcher comme il m'avait incitée à le faire, récupérant au passage le châle noir sur mon lit que je plaçai aussitôt sur mes épaules, puis m'arrêtai dans l'entrée, chaussant mes pieds de mes escarpins sombres. J'attendis que Monsieur Jeon en fasse de même pour ensuite sortir de la demeure, rentrant dans sa Mercedes en silence, accrochant ma ceinture avant de reporter mon regard sur la vitre sur ma droite. Le noiraud démarra le véhicule, s'engageant par la suite sur la route toujours avec cette vitesse bien supérieure à celle autorisée.
« À cette réception, je veux que tu sois exemplaire, déclara-t-il sans même porter son attention sur moi.
- Ne vous inquiétez pas, je serai une parfaite Doll, assurai-je en pivotant mon visage dans sa direction.
- Je ne t'ai jamais dit d'être une Doll, juste d'être exemplaire, râla-t-il en tournant dans une rue.
- Je ne comprends pas ce que vous voulez réellement de moi...
- Ne me fais juste pas honte, grogna-t-il en s'arrêtant au feu rouge, portant enfin ses iris sur moi. »

Je soutins quelques secondes notre échange visuel avant de le fuir, me sentant soudainement mal à l'aise. Depuis quelque temps, je ne pouvais plus le regarder dans les yeux longtemps comme je pouvais le faire avant... Mon cœur s'emballait à chaque fois et j'avais mes joues qui devenaient brûlantes. Mes mains posées sur mes cuisses, je me mis à triturer nerveusement le tissu léger de ma robe, acquiesçant dans un murmure à ce que venait de dire mon Maître. Encore une fois, il me demandait quelque chose sans pour autant me donner d'instruction, et cela me perdait encore plus. Comment voulait-il que je ne lui fasse pas honte si je ne devais pas me comporter comme la Doll que j'étais ? Je me pinçai les lèvres, ne sachant pas comment je devais me tenir pour cette réception et plus j'y pensais, plus je sentais une boule désagréable se former au niveau de mon estomac. Le silence reprit sa place royale dans l'habitacle, seuls les bruits du moteur et de la musique de fond se faisant entendre, les deux êtres restants à fixer un point extérieur sans s'adresser la parole.

Après une vingtaine de minutes de route, le brun prit un énième tournant qui amena à une salle de réception que je connaissais, ayant déjà participé à une lorsque j'étais encore avec Monsieur Kerberton. Il gara sa Mercedes près d'autres voitures luxueuses, les pneus crissant dans les graviers blancs. Il resta là quelques secondes, les mains sur le volant en cuir, le serrant fortement, donnant même l'impression qu'ils allaient s'incruster dedans, avant qu'il n'expire fortement par le nez et qu'il se détache pour sortir du véhicule. Je l'observai dans ses moindres mouvements, inquiète de le voir si nerveux, ne comprenant pas qu'une chose puisse chasser sa confiance habituelle. Je suivis ses gestes, quittant à mon tour la voiture pour venir auprès de lui, attendant qu'il verrouille cette dernière avant que nous nous dirigions vers la grande entrée en fer noir devant nous. Nous gravîmes les petites marches en marbre beige puis Jungkook frappa à la porte. Un homme ne mit pas plus d'une seconde pour nous ouvrir, reconnaissant très rapidement l'invité de prestige qu'était mon Maître, lui souhaitant la bienvenue en l'invitant d'un élégant geste de la main d'entrer. Mes talons claquèrent sur le sol en ivoire lustré d'un blanc tacheté de noir, tandis que je suivais docilement mon propriétaire s'avancer vers un escalier tout aussi élégant et luxueux que le reste, lui-même derrière le majordome. Nous atteignîmes l'étage supérieur avant de nous arrêter devant une seconde porte, cette fois-ci en bois et peinte en noir, où derrière cette dernière pouvait se faire entendre un brouhaha de voix.
« Voici Monsieur Jeon, passez une excellente soirée, souhaita l'homme en ouvrant la porte. »

Mon Maître ne prit pas la peine de lui répondre, le passant simplement sans lui jeter de dernier regard. Je m'inclinai respectueusement pour le remercier de sa part, avant d'entamer ma marche derrière le noiraud qui s'avançait nonchalamment entre les corps. Ma longue robe glissait le long de mes jambes, les couvrants des regards des invités ici présents, mais laissait tout de même la possibilité d'observer mon dos nu, ma poitrine révélée malicieusement. Je me tenais droite sans détourner mon attention de mon propriétaire face à moi qui s'approcha du buffet, prenant une coupe de champagne je supposai et repartir dans une autre direction. On me proposa cette boisson, mais je refusai poliment en secouant légèrement de la tête, m'inclinant avant de rejoindre tranquillement le noiraud qui s'était arrêté dans un coin de la grande salle pour détailler de ses prunelles sombres chaque personne.
« En quoi consiste cette petite réception ? Osai-je le questionner dans un murmure.
- Un nouveau chef d'entreprise a percé dans le marché et c'est presque une tradition dans notre milieu de faire ceci, expliqua-t-il en faisant tourner le liquide dans le récipient sans pour autant le boire.
- Vous en avez fait une ?
- Bien sûr et ce soir-là, j'avais signé trois contrats qui m'ont encore plus enrichi, répondit-il, les sourcils froncés, observant la foule devant nous.
- Dans quel genre de marché est-il ? Le questionnai-je à nouveau en portant mes prunelles sur son visage. »

Ce dernier passa sa langue à l'intérieur de sa joue, tic qu'il avait lorsqu'il était énervé. Ses traits faciaux se tendirent à l'entente de ma question et je venais alors à regretter de l'avoir posée.
« Dans le cosmétique et le secteur vestimentaire, laissa-t-il entendre froidement.
- Comme... comme vous, réalisai-je alors la raison de son agacement. C'est donc un concurrent pour vous, n'est-ce pas ?
- Plus pour très longtemps, j'ai bien l'intention de lui faire comprendre qu'il n'est pas de taille contre moi...
- Qui est-ce ? Articulai-je en essayant de repérer moi-même qui pouvait être cette fameuse personne.
- Kim... commença-t-il dans un soupir.
- Jungkook ! S'exclama une soudaine voix, le coupant dans sa phrase. »

Mon instinct prit le dessus et je vins passer mon bras devant mon Maître pour le placer derrière moi, prévoyant une possible attaque de la personne qui s'approchait de nous. C'était un homme d'une grande taille mais très fin, des cheveux mi-longs noirs ramassés en une élégante queue de cheval. Ses yeux en amande d'une couleur charbon malicieux fixait mon action avec amusement. Il glissa une mèche rebelle derrière son oreille, un sourire en coin dessinant ses lèvres tandis qu'il alternait son regard entre nous deux figures.
« Et bien Jungkook, tu ne me la présentes pas ? Lâcha-t-il dans un léger rire rauque dû à sa voix grave.
- J'avais vraiment l'intention que tu ne la voies jamais Nolan, répliqua le noiraud en m'écartant pour s'approcher de l'inconnu. »

Je n'avais jamais vu Monsieur Jeon agir d'une manière aussi amicale, de voir ce sourire véritable qui ornait ses croissants de chair. Qui était cette personne pour le changer ainsi ? Ils se prirent légèrement dans leurs bras, tapotant le dos de l'autre avant d'entamer une discussion que je n'écoutais pas, essayant de découvrir par moi-même qui était ce fameux Nolan. Jungkook ne m'avait jamais parlé de lui... Je n'avais aucun indice sur lui à part que c'était un homme élégant et sûrement riche, puisque toute personne ici avait une entreprise qui marchait bien dans le commerce national.
« Pourrais-tu dire à cette ravissante jeune femme de ne pas trop me dévorer du regard, je ne voudrais pas que mon petit frère soit jaloux de moi, plaisanta Nolan. »

Mes yeux s'ouvrirent en grand en l'entendant. Il était donc le fameux grand frère aîné de deux ans de mon Maître ? Je n'avais aucune chance de le reconnaître. Même s'ils avaient la même couleur de cheveux et d'yeux, je ne trouvais pas de ressemblances entre les deux individus. Monsieur Jeon était plus petit en taille que lui mais avait une apparence plus athlétique et une posture qui imposait l'autorité et le respect. Monsieur Nolan Jeon était plus grand et mince et semblait être quelqu'un qui vivait simplement, sans grande prise de tête. Au niveau du visage, celui de Jungkook était plus sec et saillant, une arête du nez plus large que celle de son frère et des joues plus creuses. En réalité, on pourrait plus dire que mon propriétaire était l'aîné, alors que ce n'était pas le cas.
« Vous êtes réellement le grand frère de Monsieur Jeon ? »

Cette question m'échappa sans que je ne puisse la retenir, faisant retourner les deux hommes dans ma direction, l'un arquant malicieusement un sourcil, amusé par mon interrogation ; l'autre au contraire, fronçant d'agacement ces derniers. Mais avant que le cadet ne puisse prendre la parole, son frère se plaça soudainement face à moi, se penchant pour se mettre à ma hauteur.
« Nous ne nous ressemblons pas, n'est-ce pas ? Lança Nolan avec bienveillance.
- Je ... je... hésitai-je à répondre en voyant le regard noir que me jetait mon propriétaire. Oui... finis-je par avouer.
- Tu n'es pas la seule à penser ça ! Rigola-t-il soudainement en plaçant une mèche derrière mon oreille. Mais je suis bien son grand frère qu'il n'écoute jamais, termina-t-il sur un ton amusé en venant passer son bras autour des épaules du concerné.
- Crystal, laisse-nous, m'ordonna-t-il sèchement. »

J'aurais dû me taire... Je m'inclinai aussitôt et partis dans une direction au hasard, voulant leur laisser de l'espace le plus vite possible, espérant que cela apaiserait sa colère à mon égard. Alors que je marchais sans vraiment savoir où j'allais, j'entendis soudainement les notes d'un piano s'élever dans la grande salle, me faisant alors chercher l'instrument du regard. Mes pieds me guidèrent vers cette mélodie, curieuse de voir le musicien en œuvre. J'aperçus au loin ce majestueux piano à queue d'un noir ciré, proche d'une grande fenêtre à doubles battants qui donnait sur un balcon victorien. Je me penchai légèrement sur le côté pour voir le visage du musicien et me figeai d'un coup sur place en le reconnaissant. Ses paupières précédemment closes pour apprécier la musique et la vivre de l'intérieur, se soulevèrent pour par la suite poser ses prunelles vertes dans les miennes. Un sourire en coin apparut aussitôt sur ses lèvres fines.
« Mais dis donc, ne serait-ce pas la belle Crystal ? Lança Monsieur Min en levant sa main pour me saluer. Viens ! M'invita-t-il par la suite à m'approcher. »

Une seconde d'hésitation me prit avant que je ne finisse par marcher vers lui, ayant en tête de ne pas faire honte à mon Maître. Je vins me poser sur la banquette en cuir noir, juste à côté du grand PDG, ce dernier me regardant approcher avec un grand sourire sur ses lèvres, ses courts cheveux châtains parfaitement coiffés. Je ne savais pas quoi faire alors je me contentais de rester silencieusement assise à côté de lui, le dos droit, les mains posées sur mes cuisses recouvertes par ma longue robe noire.
« Sais-tu jouer du piano ? Me questionna-t-il soudainement.
- Je ... hum... oui, murmurai-je presque avant de lever mes mains pour les déposer sur les différentes notes. »

Une mélodie douce avec une pointe de mélancolie naquit sous mes doigts, lentement avant de prendre un peu plus d'ampleur et d'assurance. Mes oreilles entendirent des notes d'une autre provenance s'ajouter aux miennes et je compris que Monsieur Min venait de m'accompagner dans mon morceau improvisé. Et pourtant, il le suivait parfaitement, comprenant le rythme que j'imposais, comme s'il savait où je voulais aller. Nous nous comprenions à travers des notes presque lancées au hasard et notre musique attira un public curieux qui nous observait avec un sourire aux lèvres.
« Une Doll musicienne, tu ne finiras jamais de me surprendre Crystal, lança-t-il sans s'arrêter de jouer. D'ailleurs, tu as beaucoup changé depuis la dernière fois que nous nous sommes vus, termina-t-il avec un rictus en coin. »

Surprise par sa déclaration, je perdis le fil du rythme, touchant malencontreusement une note qui sonna fausse, me faisant grimacer aussitôt. Avais-je vraiment changé au point que d'autres puissent le remarquer ? Savoir cela me rendait mal à l'aise et même m'effrayait. Si j'avais changé à ce point, Monsieur Kerberton serait furieux, car cela ne voulait dire qu'une chose... J'étais défectueuse.
« Ne laisse pas ces pensées te ronger, ce n'est pas bon, entendis-je l'homme aux prunelles couleur nature.
- Je ne vois pas de quoi vous parler, osai-je dire en baissant la tête.
- Ce n'est pas grave, tu vas très vite comprendre ce que je veux dire. En tout cas, Jungkook sait ce qu'il fait, dit-il en se tournant vers moi, ignorant ces paires d'yeux posés sur nous.
- Que voulez-vous dire ? Que savez-vous sur Monsieur Jeon ? Demandai-je en fronçant légèrement les sourcils.
- Justement, j'en sais très peu sur lui. Mais je sais que ta présence à ses côtés n'est pas anodine. N'as-tu pas remarqué de changements de sa part à ton égard ? Continua-t-il sur un ton amusé.
- Je...
- Tu comprendras lorsque tu sauras qui tu es vraiment. Jungkook ne se sert que des personnes qui lui apporteront plus gros plus tard, ricana-t-il en replaçant correctement les pans de son blazer. »

Savoir qui j'étais vraiment ? Je n'étais que Crystal, la Doll de Monsieur Jeon, je ne comprenais pas où il voulait en venir. Je savais que mon Maître se servait de moi, je n'avais jamais eu de doute dessus, mais je ne voyais pas ce que je pouvais lui apporter... Une idée traversa mon esprit, me faisant pivoter entièrement vers l'homme d'affaires qui ne semblait pas avoir perdu son sourire.
« Je sais ce que vous cherchez à faire, déclarai-je en me levant d'un coup. Vous voulez vous servir de moi pour obtenir des informations sur Monsieur Jeon, mais vous vous êtes trompé sur mon compte. Je suis une Doll, un être plus fidèle que l'espèce humaine, alors jamais vous n'obtiendrez quelque chose venant de moi. Je ne trahirai pas Monsieur Jeon, assurai-je en serrant les poings.
- Il est incroyable... Il t'a rendue complètement dépendante de lui pour se protéger des autres. Il m'épate sincèrement, rigola-t-il en se mettant debout lui aussi. Allez, je te propose un marché. Dis-moi quelle est la plus grande faiblesse de Jungkook et moi je te dirai quelles sont tes origines, laissa-t-il entendre en tendant sa main vers moi.
- Vous... vous connaissez mes origines ? C'est impossible, tout est dans le cahier de Domination's scent et personne ne peut y avoir accès, répliquai-je déboussolée tout de même parce qu'il venait de me proposer.
- J'ai mes sources et crois-moi, je sais tout un jour ou l'autre, expliqua-t-il en arquant malicieusement un sourcil. Alors, deal ? »

Pourquoi mon cœur se serrait-il aussi douloureusement dans ma poitrine ? Pourquoi sa proposition qui revenait à signer avec le Diable m'intéressait ? Pourquoi avais-je soudainement envie de savoir qui j'étais ? Mon rythme cardiaque accéléra considérablement dans ma poitrine tandis que j'observais cette main tendue dans ma direction, comme Eve fixant ce fruit défendu... Je voulais la prendre, savoir, avoir des réponses à mes soudaines questions. Alors que j'étais prête à conclure ce pacte interdit, une paire de mains attrapa soudainement mon bras me tirant en arrière.
« Mais qui est ce magnifique bijou que je vois ! S'exclama une voix féminine. Je vous la vole Monsieur Min, j'ai envie de découvrir cette nouvelle amie ! »

Je pivotai légèrement vers l'inconnue, me trouvant face à face avec une femme aux cheveux de jais coupés dans un court carré plongeant, des prunelles d'un vert époustouflant et des lèvres teintées de rouges, me souriant gentiment.
« Mais bien sûr Madame Longhess, s'inclina-t-il respectueusement, me jetant un dernier regard amusé avant de partir.
- Quel est ton joli prénom ma belle ! S'enthousiasma-t-elle en se tournant vers moi. »

J'étais muette. Devant moi se tenait Ava Longhess... La véritable Ava Longhess... J'étais époustouflée par sa beauté, je comprenais parfaitement pourquoi on disait qu'elle était la plus belle femme du pays. Je sentais les gens autour de nous nous dévisager, murmurant des choses à notre propos mais je n'y faisais pas attention, mon attention était complètement happée par la première femme ayant sa propre entreprise.
« Et bien, je crois que je vais devoir deviner par moi-même, plaisanta-t-elle avant d'afficher un air surpris. Oh, mais tu es une Doll... Alors à voir ton collier tu t'appelles... Crystal ? Hésita-t-elle avec un doux sourire.
- Heu... oui, oui ! Me précipitai-je à acquiescer. »

J'étais nerveuse par sa présence près de moi et cela ne m'était jamais arrivé avant. Mon organe vital battait la chamade dans ma cage thoracique.
« Je te trouve magnifique Crystal ! Me complimenta-t-elle en me regardant sur toutes les coutures ma robe.
- Merci, vous êtes bien plus belle Madame Longhess.
- Pas de Madame Longhess, ça me vieillit ! Appelle-moi Ava, dit-elle en poussant amicalement mon épaule.
- Je... je ne peux pas...
- Pourquoi ? Parce que tu es une Doll ? On s'en fout ! Je veux que tu m'appelles Ava, insista-t-elle avec un grand sourire. D'ailleurs ! J'ai entendu que les Dolls savaient lire dans le regard des gens, est-ce vrai ? »

Sa bonne humeur et son enthousiasme me faisaient perdre mes mots. Je n'avais jamais vu quelqu'un d'aussi à l'aise à côté de moi... Habituellement, notre présence était plutôt gênante pour les autres, mais apparemment, ce n'était pas le cas pour Ava Longhess. Elle parlait comme un enfant surexcité, et cette bonne humeur de sa part me rassurait un peu. Pour répondre à sa question, j'acquiesçai dans un léger hochement de tête ce qui eut pour conséquence de faire grandir son sourire.
« Alors, dis-moi à quoi pense cette femme-là ! Me pointa-t-elle du doigt la fameuse personne. »

Je portai mes prunelles cristallines en direction de la dame en robe rouge qui discutait avec un couple, son mari ou compagnon sur sa gauche, buvant dans une coupe de champagne. Je me concentrai sur ses yeux, ses gestes, ses tics faciaux et je compris tout de suite ce qu'elle pensait en ce moment-même.
« Elle est jalouse de la personne en face d'elle. Elle trouve que son mari est plus beau que le sien et elle envie la robe de l'autre. Elle pense que sa vie n'est pas aussi bien et elle aimerait être comme celle avec qui elle converse, répondis-je au bout d'une bonne minute d'observation.
- Comment as-tu compris cela ? Me questionna-t-elle avec sérieux sans pour autant perdre son sourire.
- Elle observe beaucoup la robe de l'autre femme, la regardant de haut en bas avant de se pincer les lèvres, ce qui prouve qu'elle est envieuse de sa robe. Ensuite pour son compagnon, elle alterne beaucoup son regard entre les deux hommes et quand elle regarde le sien, elle affiche une lueur de peine et d'énervement. La tension de ses muscles trahit son malaise et ses mains qui tirent sur le tissu de sa robe démontrent de sa jalousie, expliquai-je sans lâcher du regard la concernée.
- C'est épatant ! Fais cet homme-là ! S'amusa-t-elle. »

Elle me présenta du doigt un homme en pleine discussion avec un autre, un verre d'alcool lui aussi en mains. J'étudiai de nouveau ses gestes, sa posture, son regard et il me fallut moins de temps pour le comprendre.
« Il en a marre de cette réception. Tout ce qu'il voulait c'était pouvoir avoir une relation sexuelle à en voir la lueur lubrique dans ses yeux. Maintenant, il veut juste rentrer chez lui.
- Et lui ! Souhaita-t-elle tout de suite que je recommence. »

Je tournai la tête vers la personne qu'elle voulait que j'observe et je sentis mon cœur se serrer d'un coup lorsque je reconnus Monsieur Jeon toujours en pleine discussion avec son frère, ayant été rejoints par Monsieur Min.
« Je ne sais pas... dis-je sans pour autant que cela soit un mensonge. »

J'étais sincère. Ce n'était pas l'envie qui manquait, mais je n'avais jamais réussi à lire dans le regard de mon Maître. Et pourtant, cela m'aurait grandement servi pour devenir une meilleure Doll. Ma réponse sembla la décevoir à entendre son soupir accompagné d'une petite moue.
« Pourquoi tu ne peux pas ? Demanda-t-elle en arquant un sourcil.
- C'est mon Maître et je n'ai jamais réussi... avouai-je sans savoir pourquoi je lui racontais ça.
- Oh, Jeon est ton Maître ? Lui qui déteste les Dolls c'est étonnant, rigola-t-elle. Veux-tu que je te dise moi ce que je vois dans son regard ?
- Vous êtes capable de lire dans son regard ? M'étonnai-je en me tournant un peu trop précipitamment vers elle.
- Bien sûr ! Alors, ce que je vois c'est de la colère. Une très grosse colère adressée à une personne qui n'est pas proche de lui. L'envie de mettre toutes personnes à genoux et ... oh... De l'inquiétude à ton égard, finit-elle lorsqu'elle le vit porter son attention sur nous. »

Je me tins soudainement droite en voyant le noiraud abandonner les deux hommes pour se rapprocher de nous dans une démarche énervée. De l'inquiétude pour moi ? Je ne voyais pas ça en ce moment. Là, tout ce que je pouvais dire, c'était qu'il était furieux contre moi...
« Jungkook ! Le salua-t-elle d'un grand geste de la main.
- Encore là à me faire chier Ava, grogna-t-il en m'attrapant brutalement par le bras pour me placer derrière lui.
- Et bien, je vois que tu as appris la politesse depuis la dernière fois que l'on s'est vu, ironisa-t-elle. Sache mon petit, que j'ai trouvé un nouveau mannequin dans mon entreprise, dit-elle en me désignant d'un mouvement de tête avec un grand sourire.
- Ne t'approche pas de Crystal, lança-t-il froidement.
- Franchement Jungkook, il est temps que tu grandisses, soupira-t-elle en roulant des yeux.
- Et c'est celle qui a presque cinquante ans et qui se comporte comme une gamine qui ose me dire ça ? Ricana-t-il en croisant les bras sur son torse.
- Quarante-trois ans ! S'exclama-t-elle en posant une main au niveau du cœur. Et c'est en se comportant comme une jeune que l'on reste jeune même à l'extérieur, finit-elle avec un sourire en coin. Tu devrais faire pareil, tu commences à avoir des rides, l'attaqua-t-elle à son tour.
- Pas intéressé, parce que moi l'argent que je gagne c'est avec mes propres efforts, pas en me tapant un homme plus jeune que moi. Alors la cougar, où est ta source de revenu ? Parce que cette réception est pour lui, mais il ne prend même pas la peine de se ramener, termina-t-il sombrement.
- Dis ce que tu veux tant que ça t'amuse. Sache juste qu'il ne devrait pas tarder. Il avait quelque chose à faire pour ruiner ton entreprise, finit-elle aussi froidement. »

L'ambiance était électrique entre les deux. Je ne savais pas où me mettre. Je me devais de protéger mon Maître contre toutes les attaques verbales de Madame Longhess, mais je m'en sentais incapable... Quelque chose d'invisible me retenait. Alors que je me forçais à ouvrir la bouche pour calmer ces deux personnes qui se tuaient presque du regard, la porte de la grande salle s'ouvrit soudainement sur un homme d'une grande taille, fin tout en ayant une carrure athlétique, surtout au niveau des épaules, une chevelure soigneusement coiffée en une mèche frontale sur le côté. Habillé dans un costard bleu marine, il rentrait dans la pièce, un sourire poli sur ses lèvres, révélant des fossettes saillantes. Il repéra Ava et s'approcha tout de suite vers elle avant de se rendre compte qu'elle n'était pas seule, voyant que mon Maître se trouvait là. Ses prunelles grises se posèrent soudainement sur moi et un grand sourire se dessina sur ses lèvres. Mes muscles se détendirent soudainement sans aucune raison, comme si cela avait eu pour effet de m'apaiser d'un coup par un simple rictus de sa part.
« C'est toi Namjoon Kim ? Intervint le noiraud avec sa froideur légendaire.
- C'est bien moi, tu es Jungkook Jeon n'est-ce pas ? Répondit-il calmement en tendant sa main. »

Mon propriétaire observa sa main avec dédain sans la prendre, montrant amplement sa défiance face à cet inconnu que personnellement, j'observais grandement. Je sentis un regard sur moi et tournai la tête pour rencontrer le regard vert d'Ava, un air malicieux peint sur son visage tandis qu'elle venait croiser son bras autour de celui du jeune homme.
« Jungkook, je te présente mon associé, lança-t-elle joyeusement. Tu sais on serait ravis de travailler avec toi, continua-t-elle tandis que son acolyte acquiesçait silencieusement.
- Dans vos rêves. Je vais vous écraser comme les insectes que vous êtes, refusa-t-il avec conviction.
- Si cela te fait plaisir de croire que tu resteras tout en haut du podium, haussa des épaules Namjoon. Mais sache que ce n'est pas avec ta manière de voir les choses que tu vas réussir à garder ta place.
- C'est une menace Namjoon Kim ? Grinça-t-il des dents en le confrontant de sa taille plus petite de quelques centimètres que celle de son interlocuteur.
- Aucunement, c'est une mise en garde. L'ennemi ce n'est pas moi, c'est toi-même Jungkook Jeon. À croire que tu manipules tout le monde à ta guise, tu t'entoures des mauvaises personnes qui pourront te mener à ta perte, finit-il, ses prunelles se déposant sur moi. »

Une sueur froide dégoulina le long de mon dos en entendant ses mots que je sentais comme adressés à moi...

Sous-entendait-il que j'étais l'ennemie de Monsieur Jeon ?


~ Domination's scent - Éclosion ~ 


Hello tout le monde ! 

Vous allez bien ? Ça n'a pas été trop compliqué de lire ce long chapitre ? En tout cas, j'espère qu'il ne vous a pas ennuyé, ni déçu !

Un grand chapitre contenant de grands indices bien visibles et des petits indices plus difficiles à découvrir. 

Nous avons le retour de John et Carmen, de Yoongi et l'apparition (enfin) de Namjoon et d'Ava Longhess ! 

Je ne vais pas trop m'attarder sur cette fin de chapitre ! 

Je veux juste vous dire qu'il sera sûrement compliqué d'écrire dans les temps le prochain chapitre, je termine mes partiels le 4 mai et j'enchaîne tout de suite le 5 avec mon job étudiant. 

Mais bon, je ferai tout pour tout de même pouvoir vous offrir un chapitre pour le mois de juin ! 

Passez une bonne soirée, reposez-vous bien et je vous dis à bientôt. 

Merci beaucoup aussi de lire cette histoire, c'est encore incroyable pour moi de voir qu'elle puisse plaire ! 

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