Chapitre 26

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26 octobre 2020
55 jours


Mes bras me faisaient souffrir. Les cartons que je portais sous la demande de mon Maître pesaient une tonne et cela faisait déjà cinq bonnes minutes que je me les trimballais sans pause. Un bruit sourd se fit entendre dans mon dos, me stoppant net dans ma marche et me faisant par la suite me retourner en direction de ce qui venait de tomber. Je vis Saphir, chargée autant que moi, essayer de se pencher en avant pour récupérer ce qui avait chuté de sa pile. Voyant que cette dernière commençait à perdre l'équilibre, je me précipitai de poser mes affaires sur le sol avant de prendre ce qu'elle avait perdu, lui évitant alors de faire plus de bêtises. Sans attendre de réaction de sa part, je déposai le carton sur ma propre pile pour ensuite les reprendre dans mes bras fatigués et recommencer à marcher.
« Crystal, c'est mon carton, l'entendis-je dire derrière moi.
- Je sais, lâchai-je en haussant difficilement des épaules.
- Tu ne peux pas m'aider, si le Maître l'apprend, commença-t-elle à me faire la remarque.
- Il nous a ordonné de lui ramener ses anciens dossiers, mais n'a pas précisé qu'on devait avoir le même nombre de cartons entre les bras, la coupai-je sans prendre la peine de me retourner. Viens, ne le faisons pas attendre plus longtemps. »

La noiraude soupira mais n'insista pas plus sur le sujet. Elle savait très bien que de nous deux, j'étais celle qui avait le plus de force, et ce, grâce à mes entraînements spéciaux. C'était donc pour cela que je portais quatre cartons et elle deux. Mais je savais que cela déplaisait à mon aînée que j'en fasse plus qu'elle. Je la comprenais... Nous étions des Dolls et devenir la meilleure d'entre toutes était un peu l'objectif de toutes nos sœurs, ainsi que de nous-mêmes.

De mon pied, je poussai une porte qui donnait sur le hall de la boutique et m'écartai sur le côté pour la laisser passer la première. Mon regard fut soudainement attiré par la silhouette de Rose, emmenant un homme tenant un bébé vers la salle de dépôt, et à entendre le raclement de gorge de la jeune fille aux prunelles océan, elle avait vu la même scène.
« Tu ne devrais pas la rejoindre pour assister au dépôt ? M'interrogea-t-elle en reprenant sa route.
- Le Maître m'a demandé d'accomplir une tâche, j'irai voir Rose après. Si je tarde trop, elle me fera un récapitulatif, répondis-je en la suivant sur ses talons.
- Fais bien ton travail et rappelle-toi de toutes les fiches Crystal. Le Maître compte sur toi pour devenir une seconde mémoire, au cas où Rose viendrait à disparaître, déclara-t-elle en m'ouvrant une porte.
- Je sais et je ne faillirai pas à ma tâche. D'ailleurs, je me souviens parfaitement de ta fiche ainsi que de la mienne. Comme moi, tu n'as pas eu de première identité avant de venir et... Dis-je en passant à côté d'elle.
- N'en dis pas plus Crystal, je n'ai ni le droit d'avoir des connaissances sur ma vie d'avant et je n'en ai pas l'envie, me coupa-t-elle sérieusement.
- Je suis désolée... murmurai-je en me rendant compte de mon erreur. »

J'étais bien trop bavarde... Pourtant j'avais déjà reçu de nombreuses punitions pour corriger mon flux de paroles incessant sur le sujet des dépôts. Heureusement que Saphir était toujours là pour me le rappeler et m'empêcher de dire un mot de plus. Elle ne me dénonçait jamais, ce qui m'étonnait toujours d'ailleurs, mais elle se chargeait elle-même de me faire la morale et j'avais l'impression que parfois, cela impactait plus mon esprit que les coups de règles sur mes paumes.
« Saphir ? L'appelai-je d'une petite voix.
- Hum ?
- Si tu avais reçu un prénom à ta naissance, tu penses que tu te serais appelée comment ? Lui demandai-je d'un coup, m'offrant un regard étonné de la part de mon amie.
- Un prénom ? Je ne sais pas... »

Elle marqua un temps d'arrêt durant lequel elle garda le silence. Puis, elle reprit la parole en même temps que sa marche.
« J'ai toujours aimé un certain prénom, confessa-t-elle après un silence de réflexion.
- Ah oui ? Et lequel ?
- Athéna. »

« Debout Crystal ! »

Je fus réveillée par le claquement brutal de ma porte de chambre contre le mur, ainsi que la voix de mon Maître qui s'élevait au niveau du seuil. Je me redressai dans un bond, ma couverture tombant au sol sous le mouvement rapide de mon corps, ma tête se mettant légèrement à tourner, sûrement surprise que je me lève aussi vite. Monsieur Jeon s'était adossé contre le cadre de la porte, attendant que je reprenne entièrement mes esprits pour me parler par la suite. D'un coup d'œil vers ma table de nuit, je pus voir qu'il était à peine six heures du matin, ce qui m'étonna.
« Vous vous êtes levé bien tôt Monsieur Jeon, déclarai-je en me mettant sur pieds.
- J'ai des choses importantes à faire et à rattraper à cause de toi, grogna-t-il en se rapprochant de ma position, venant tirer le tiroir du meuble à côté de mon lit.
- Vous cherchez quelque chose ? Demandai-je surprise de le voir faire.
- À part les boîtes que je t'ai confisquées, tu en as d'autres ? Me questionna-t-il en refermant fortement le couvercle rectangulaire.
- Vous les avez toutes prises, je n'en ai aucune, assurai-je en joignant mes mains derrière mon dos.
- Très bien... soupira-t-il. Tu te souviens d'hier maintenant ?
- Seulement de la soirée...
- Alors ne reprends plus jamais ces foutues pilules. On s'est bien compris ? Termina-t-il en penchant son visage dans ma direction. »

Mon cœur manqua un battement lors de cette soudaine proximité. Une vive chaleur s'installa sur mes pommettes pour aussi s'étaler sur la pointe de mes oreilles, puis le reste de mon corps. Ma tête me hurlait de reculer mais mon corps, lui, ne comprenait pas ce message, restant pétrifié sur place tandis que mes yeux se perdaient dans le regard brun de mon Maître. Ses doigts vinrent glisser malicieusement sur la peau de mon visage, coinçant par la suite une mèche de cheveux derrière mon oreille, me faisant frissonner sur le coup.
« Je suis rassuré, ce cachet n'a rien ruiné finalement, murmura-t-il proche de mes lèvres. »

Il se redressa la seconde suivante, me surprenant par cette étrange action de sa part. Je le regardai quitter ma chambre, ses mains plantées dans les poches avant de son pantalon. Je secouai rapidement la tête pour remettre mes idées en place avant de sortir à mon tour de ma pièce personnelle et de le suivre en direction de la porte d'entrée, le voyant attraper sur le passage une petite mallette noire qu'il amenait parfois au travail. Il laça rapidement ses chaussures avant de se redresser et de porter son regard vers moi.
« Bon, j'imagine que tu veux des instructions avant que je ne parte... Fais ce que tu veux aujourd'hui, par contre interdiction de retourner à Domination's scent et de prendre ces foutues pilules, déclara-t-il en mettant son manteau. Tu as compris ? Me demanda-t-il autoritairement en posant sa main sur la poignée, prêt à partir.
- Oui, acquiesçai-je en m'inclinant légèrement.
- Bien. À ce soir. »

Sur ces mots, il sortit définitivement de sa demeure pour rejoindre sa voiture et partir à son entreprise. Je fermai lentement le battant principal, m'adossant contre ce dernier en soupirant. Que s'était-il passé hier qui puisse avoir énervé Jungkook ? Je savais qu'il n'appréciait pas Monsieur Kerberton, même si la raison m'échappait, mais je ne comprenais pas exactement pourquoi il ne voulait pas que je l'approche et pourquoi il ne voulait plus que je prenne ces cachets.

Et pourquoi n'arrivais-je pas à me rappeler de ce que j'avais fait la veille ?

Mon ancien Maître nous avait appris que notre cerveau ne retenait que les choses importantes pour notre éducation et notre nature de poupée. Pourtant, j'avais l'impression qu'un détail essentiel de cette journée m'échappait. J'avais l'impression qu'un morceau de ma mémoire, qu'il ne fallait sûrement pas que j'oublie, avait étrangement disparu et surtout de façon volontaire...

Sauf qu'il était impossible pour une personne extérieure de maîtriser notre cerveau, même pas Monsieur Kerberton...

Alors...

Quelle pièce du puzzle me manquait-il ?

Tout en me pinçant les lèvres de concentration, je traçais mon chemin vers la cuisine et remarquai que le repas qu'avait pris le brun se trouvait encore sur la table. Je le débarrassai donc, mettant la vaisselle dans le lave-vaisselle et jetant les détritus dans la poubelle. Mais je me stoppai soudainement dans mon action. Pourquoi la table avait-elle été dressée pour deux personnes ? Je portai mon regard sur la poche que je tenais dans ma main droite avant d'écarquiller les yeux en me souvenant d'une chose. Je me revoyais ici avec Monsieur Jung, en train de manger du poulet frit qu'il avait amené... Mais pourquoi était-il ici ? Ça, je ne m'en rappelais toujours pas...

Je plaçai dans le bac de déchet cette dernière, lavant par la suite mes mains tout en essayant de forcer ma mémoire à se rappeler de ce que j'avais pu faire avec Hoseok. Mais je me rendis bien vite compte que cela ne servait à rien. Si je devais m'en souvenir, cela allait se faire avec le temps. Alors que j'essuyais mes mains dans un torchon, j'entendis quelqu'un sonner à la porte. Était-ce l'ami de Monsieur Jeon qui revenait parce qu'il avait oublié quelque chose ici ? Je trottinai jusqu'à la porte d'entrée, ne voulant pas laisser patienter dehors la personne inconnue, abaissant rapidement la poignée, avant de me figer sur place lorsque je vis face à moi une femme à la chevelure noire et aux prunelles d'un vert clair.
« Madame Longhess ? Articulai-je, surprise de la voir ici.
- Crystal, je t'ai dit que tu pouvais être familière avec moi. Appelle-moi Ava, rigola-t-elle en passant à côté de moi, frottant ses chaussures sur le tapis pour ne pas salir le sol immaculé.
- Je... Bien... Fis-je sans savoir quoi dire d'autre. »

J'étais stupéfaite de la voir ici. Je ne savais pas qu'elle connaissait l'adresse de Jungkook... D'ailleurs, je pensais qu'après la réception, et surtout après avoir entendu les menaces de mon Maître, je n'allais pas la revoir de sitôt. Pourtant, elle était ici, un sourire éclatant étirant ses lèvres teintées de rouge, sa gaieté habitant tout son corps.
« Puis-je vous poser une question ? Osai-je dire.
- Bien sûr ! S'enthousiasma-t-elle d'avance.
- Pourquoi êtes-vous ici ? Si c'est pour voir Monsieur Jeon, je suis dans le regret de vous annoncer qu'il est parti plus tôt à son entreprise, déclarai-je en croisant les bras derrière mon dos.
- Oh, mais je ne suis pas venue pour lui mais pour toi ! J'ai envie de passer une partie de la journée en ta compagnie ! Répondit-elle en se rapprochant de moi pour crocheter joyeusement son bras au mien. Une tasse de thé, cela te dit ? Me proposa-t-elle avec un sourire en coin. »

La raison de sa venue était encore plus étonnante lorsqu'elle l'énonça. Elle était venue pour me rendre visite, alors que nous ne nous connaissions pas et qu'en plus, mon Maître n'était pas d'avis à ce que je sois proche d'elle. Mais sa proposition m'avait bien plus choquée. Surprenante mais aussi intrigante... J'avais l'étrange envie d'accepter. La brune attendait patiemment que je donne ma réponse sans perdre son sourire, cette lueur malicieuse toujours présente dans son regard. J'avais la possibilité de recevoir enfin des réponses à mes questionnements... Mais mon propriétaire serait furieux s'il apprenait que j'étais avec Ava Longhess... Cependant, Monsieur Jeon ne m'avait pas donné l'ordre de rester à la maison et s'il ne me demandait pas ce que j'avais fait dans la journée, ce qu'il ne faisait que très rarement, alors je n'étais pas dans l'obligation de lui dire que sa concurrente était venue à ma rencontre. C'était alors tout décidé.
« Je veux bien vous accompagner Ma... Ava, fis-je en étirant timidement mes croissants de chair.
- C'est une bonne nouvelle ça ! Habille-toi chaudement, un thé nous attend ! S'écria-t-elle en brandissant son poing victorieusement en l'air. »

J'acquiesçai dans un rapide hochement de tête, avant de lui demander poliment de m'attendre un court temps pour que je puisse troquer mon pyjama contre des vêtements de ville. Je mis quelques minutes pour me changer, chausser mes talons et prendre un manteau, ainsi que mon portable avec les clés de la maison, rentrer dans la voiture de Madame Longhess qui m'attendait derrière le volant. J'étais comme une enfant excitée de recevoir son cadeau d'anniversaire. Je voulais vraiment passer du temps avec cette étrange femme, en apprendre plus sur elle et pourquoi elle était en mauvaise relation avec mon Maître. Je savais qu'il était quelqu'un de difficile à vivre et à comprendre, mais... Je ne savais pas pourquoi il semblait détester Ava ainsi que Monsieur Namjoon Kim, alors que cela ne paraissait pas être de même dans le sens contraire. Était-ce réellement lié à la concurrence ?

La brune démarra le moteur, enclenchant tout de suite une vitesse pour ensuite mettre la radio, sa voix joignant rapidement celle du chanteur du moment.
« As-tu un café préféré ma petite ? Me questionna-t-elle en indiquant qu'elle allait tourner à droite avec son clignotant.
- Non, je n'y vais jamais, avouai-je en regardant par la fenêtre.
- Parfait ! Alors je vais t'emmener à celui dont je suis habituée, planifia-t-elle dans un petit rire. »

Je ne dis pas un mot, restant silencieuse tout le reste de la route, mais bouillonnant d'impatience à l'intérieur. Pourquoi mon corps réagissait-il ainsi en sa présence ? Pourquoi me sentais-je à la fois rassurée, heureuse et intriguée ?

La quarantenaire gara le véhicule sur un parking à moitié rempli, détacha sa ceinture avant de me faire signe de faire de même, sortant par la suite de la carcasse métallique en chantonnant gaiement. Elle tapota le capot de ses longs ongles manucurés, attendant patiemment que je descende à mon tour. Je la suivis par la suite vers un petit café dont la terrasse débordait de monde. Nous rentrâmes à l'intérieur. L'odeur du bois mélangé aux parfums de thé, de caféine et de chocolat atteignit mes narines et nous nous dirigeâmes alors vers le comptoir. Le barman qui se trouvait derrière ce dernier eut un très grand sourire lorsqu'il vit la femme que j'accompagnais. Il s'inclina respectueusement avant de poser une belle tasse en porcelaine rose et blanc sur le meuble principal.
« Madame Longhess ! Cela faisait un bon moment que l'on ne vous avait pas vu ici, s'enthousiasma-t-il sincèrement.
- J'ai été très occupée récemment, mais je suis enfin libre pour prendre une bonne tasse de thé, répondit-elle dans un léger rire.
- Vous n'êtes pas venue seule à ce que je vois, ajouta-t-il en tournant son visage dans ma direction.
- J'ai voulu présenter votre café à une amie, déclara-t-elle en passant son bras autour de mes épaules. Arthur, sers-moi ton meilleur thé pour cette jolie petite, termina-t-elle en pinçant ma joue gentiment.
- Je me charge de tout Madame ! Prenez place, je vous ramène vos boissons dans peu de temps, nous invita-t-il d'un geste de la main à choisir une table. »

N'ayant pas enlevé son emprise sur mon corps, je me fis emporter dans une direction par la noiraude qui alla s'asseoir dans un coin reclus et calme, abrité du moindre regard trop curieux. Je m'exécutai une seconde après elle, ramenant mes mains sur le dessus de mes cuisses tout en gardant le silence, mes prunelles cristallines zieutant tout autour de moi.
« Crystal, parle-moi de toi, m'interloqua doucement la femme.
- Que voulez-vous savoir sur moi ? Demandai-je, ne sachant pas quoi lui raconter.
- Commençons par des choses simples. Quel âge as-tu ? Depuis combien de temps es-tu au service de Jungkook ? Dis-moi tout, je suis curieuse d'en apprendre davantage sur toi, finit-elle en penchant la tête sur le côté, un sourire peint sur ses lèvres écarlates.
- J'ai vingt ans et je suis au service de Monsieur Jeon depuis cinquante-cinq jours.
- Cinquante-cinq jours seulement ? Il a pourtant l'air de donner l'impression que tu lui appartiens depuis plus longtemps, remarqua-t-elle en haussant un sourcil mais je ne répondis rien à ces dernières paroles. Alors, quelle est ta couleur préférée ?
- Je... Je n'en ai pas. Est-ce important d'avoir une couleur préférée ? Demandai-je en posant mes mains sur la table, curieuse d'entendre sa réponse.
- Certaines personnes disent que selon la couleur que nous choisissons, cela dévoile notre caractère. Personnellement, je dirais plutôt que la couleur que nous choisissons définit le goût que nous avons de la vie. Par exemple, une personne qui aime le bleu aimerait passer une vie simple et douce comme un ciel sans nuage. Pas de problème, pas d'obstacle, juste une étendue de bonheur. De ce fait, elle ne voudra pas entrer en conflit avec les autres. Mais si une personne aime le noir, alors elle laissera la violence et la mort mener à la baguette sa vie. Elle laissera de côté le côté familial, les amis, préférant jouer aux échecs avec la vie, expliqua-t-elle en s'adossant plus confortablement dans son fauteuil, croisant les bras sur sa poitrine.
- Quelle est votre couleur préférée Ava ? L'interrogeai-je à mi-voix, complètement pendue à ses lèvres.
- J'aime le blanc, dit-elle avec un sourire en coin. Que penses-tu que cela signifie sur ma façon de vivre ma vie ?
- Je n'en ai pas la moindre idée... On ne m'a jamais appris à lire à travers les couleurs, avouai-je avant de me pincer les lèvres.
- Alors ma petite, je te laisserai méditer sur cette question, rit-elle en se penchant en avant. Lorsque tu auras une idée, viens me voir, murmura-t-elle la fin en faisant glisser une petite carte sur la table. »

Je pris cette dernière entre mes doigts, laissant parcourir mes yeux sur les lignes d'encre noire, mes lèvres articulant silencieusement ce que je lisais.

Ava Longhess.

Directrice de mode.

48 allée du Philosophe.

Lorsque je relevai la tête pour interroger ma partenaire de la journée sur cette carte, le barman arriva pour déposer deux tasses, une chacune, ainsi qu'une assiette remplie de pâtisserie.
« Une tasse d'Earl Grey pour Madame Longhess, commença-t-il à dire en plaçant le récipient rose et blanc devant elle. Et une tasse de fruits rouges pour votre amie, termina-t-il en exécutant le même geste vers moi. Bonne dégustation Mesdames. »

Il s'inclina poliment tandis qu'Ava le remerciait, passant en même temps son doigt dans l'anse de la tasse, portant par la suite le rebord de cette dernière à ses lèvres, m'invitant du regard à faire de même. Je mimais alors ses mouvements, curieuse de découvrir le goût que pouvait contenir ce breuvage étrangement écarlate. À peine mes croissants de chair entrèrent en contact avec le liquide qu'une effusion de saveurs s'empara de mon palais. C'était une sensation plaisante ainsi que remplie de fraîcheur, malgré la température élevée de l'eau.
« Puis-je te poser une question Crystal ? Lança soudainement la noiraude face à moi.
- Oui bien sûr, fis-je avec peut-être un peu trop d'enthousiasme.
- Quel est ton animal préféré ? Enfin, tu n'avais pas de couleur préféré donc il est fort possible que tu n'aies aucune préférence animalière. Mais j'ai tout de même envie de te poser la question, dit-elle avec un sourire en coin.
- Je dois vous avouer que j'aime beaucoup les loups, répondis-je après une légère réflexion.
- Les loups ? Répéta-t-elle en ouvrant grandement ses yeux qui brillaient d'intérêt et d'une étrange rassurance. Pourquoi donc ?
- J'ai reçu un loup en peluche de la part de Monsieur Jeon... Je l'aime beaucoup, donc je suppose que j'aime aussi cet animal, tentai-je d'expliquer mon ressentiment.
- C'est bien étrange de sa part qu'il te fasse un présent, ça ne lui ressemble pas. Enfin ça ne peut pas être plus étonnant que le fait qu'il ait une Doll à son service. Ceci reste encore un mystère, termina-t-elle en haussant les épaules.
- Vous êtes d'un grand mystère, vous aussi Ava, articulai-je poliment.
- Comment ça ? Demanda-t-elle sans perdre cet air malicieux peint sur les traits de son visage.
- Je ne comprends pas pourquoi mon Maître ressent cette étrange colère à votre égard ainsi qu'à celui de Monsieur Kim...
- Namjoon et moi sommes des associés et notre entreprise risque de faire de l'ombre à Jeon's Industrie. Enfin, ce n'est qu'une supposition, car en vérité, personne ne comprend comment fonctionne le cerveau de Jungkook, ricana-t-elle la fin de sa phrase.
- Vous vous connaissez depuis longtemps Monsieur Kim et vous ? Demandai-je curieusement.
- Depuis dix ans. J'avais créé ma propre entreprise mais comme tu le sais, une femme brille bien moins qu'un homme, alors je recherchais activement un associé masculin pour m'aider dans mes projets. J'ai rencontré Namjoon lorsqu'il avait dix-sept ans et j'ai alors découvert un cerveau de génie, ainsi qu'un jeune homme juste et doté d'une véritable bonté. On a alors commencé à travailler ensemble, mettant d'abord son nom en avant pour faire grandir l'entreprise puis révélant le mien au grand public, faisant alors comprendre que j'avais du mérite. Depuis, nous sommes fusionnels, mentalement parlant parce que contrairement à ce que dit Jungkook, ce n'est pas mon amant mais plus comme le fils que je n'ai jamais eu, expliqua-t-elle, tournant sa cuillère lentement dans sa tasse.
- Je dois vous avouer que je ne comprends pas d'où vient cette haine de mon Maître à votre égard. Je veux dire... Il est tout à fait normal que des entreprises soient en concurrence, non ? Finis-je sur un ton interrogateur, peu certaine de ce que je disais.
- Bien sûr que c'est normal. C'est comme une bonne guerre qui pousse deux parties à faire de leur mieux pour plaire, mais... Je ne peux t'expliquer pourquoi Jungkook est ainsi, mais je peux simplement te donner un conseil. Si tu veux le comprendre, il faut apprendre son histoire, dit-elle en terminant d'une traite sa boisson.
- Mais son histoire n'est pas écrite et il ne veut pas me la raconter...
- Tu sais... Il ne faut pas tout le temps commencer par le début d'une histoire pour la comprendre et démêler les mystères. Il faut que tu arrives à attraper ce fil et que tu le retiennes, que cela soit le début, le milieu ou bien la fin. Tu as dû être témoin d'une information qui avant t'avait paru sans importance et qui pourtant représente le départ de ta quête. Trouve ce fil, raccroche-toi fortement et remonte chaque partie pour découvrir qui est réellement Jungkook Jeon, déclara-t-elle en repoussant doucement sa chaise en arrière avant de tourner son poignet en direction de son regard. Je vais finir par être en retard ! Lança-t-elle en rigolant. Cela a été d'une plaisance incroyable de prendre ce thé avec toi et j'espère qu'il t'a plu ! Je vais devoir malheureusement m'en aller ma petite... »

Sans me laisser le temps de répondre quoi que ce soit, elle me salua d'un geste de la main et attrapa son sac à main avant de partir élégamment. Sincèrement, je pensais que j'allais passer plus de temps avec Madame Longhess, mais si elle avait plus important à faire, je comprenais parfaitement qu'elle s'en aille. Je n'étais personne pour lui demander de rester avec moi parce que j'appréciais sa compagnie. C'était une femme vraiment intelligente avec une manière de penser intéressante ainsi qu'unique. J'étais curieuse d'en apprendre plus sur elle et de passer plus de temps ensemble. Mais... Allait-on se revoir ? Pourquoi cet intérêt d'ailleurs envers mon Maître ? Pourquoi semblait-elle plus le connaître que moi ? Quel lien entretenaient-ils ? Trouver un fil... Je devais faire des recherches sur Monsieur Jeon sur ce que je savais déjà sur lui... J'avais plein de mystère sans réponse à son propos, de ce fait, je ne savais pas par où commencer.

Tout en regardant le liquide rougeâtre, je faisais tourner ma cuillère dans ma tasse, parcourant ma mémoire pour trouver la moindre piste qui entamerait le commencement de mon chemin d'intrigue. Je m'arrêtai d'un coup en me rappelant d'une chose. J'étais devenue la Doll du noiraud parce qu'il n'était plus attiré par les relations sexuelles, lui étant avant un adepte du sexe et s'arrêtant tout à coup dans son habitude. Il ne fréquentait plus le Bordel des Plaisirs, sauf lors de la dernière fois où je l'ai trouvé là-bas parce que Monsieur Park l'y avait invité.

Voilà, le début sans que cela ne soit réellement le début.

Premier mystère à mon arrivée mais énième dans sa vie.

Je me levai d'un coup, finissant ma boisson devenue froide avant de me diriger vers le comptoir où se trouvait le barman en train de préparer un breuvage. En me voyant arriver et surtout en remarquant ma paume contenant les billets que je gardais toujours dans mes poches de manteau, il leva la main pour me stopper dans mon geste.
« Pas la peine de payer, Madame Longhess a déjà réglé, dit-il avec petit sourire.
- Mais...
- Ne vous inquiétez pas, elle le fait toujours pour ses nouvelles amies comme vous, ajouta-t-il gentiment.
- Comme moi ? Répétai-je sans comprendre ce qu'il voulait réellement dire.
- Oui. Des jeunes Dolls. J'ai toujours vu Madame Longhess en amener ici pour leur faire découvrir mes boissons, expliqua-t-il sans en perdre de sa bonne humeur. Et souvent, je les revois encore plus heureuses qu'elles ne l'étaient au départ. »

J'étais complètement étonnée d'apprendre qu'Ava avait côtoyé de nombreuses Dolls avant moi. Je ne ressentais aucune jalousie ou bien euphorie de savoir que je n'étais pas la seule, simplement de la surprise ainsi que de la curiosité. Était-ce alors pour cette raison que Monsieur Jeon ne l'appréciait pas ? Je me pinçai les lèvres de réflexion avant de m'incliner respectueusement, remerciant le barman pour ses services et quittai par la suite le café et son odeur délicieuse de ce qu'il pouvait offrir flottant dans l'air. Serrant mes poings soudainement, je pris la décision de commencer à entamer mes recherches sur mon Maître et je savais maintenant où se trouvait mon point de départ. Le Bordel des Plaisirs.

Je levai la main pour interpeller un taxi, donnant ensuite l'adresse d'où je voulais me rendre. Arrivée à destination, je payai le conducteur avant de me stopper face à la devanture du grand bâtiment, mon estomac serré par deux émotions : la crainte et l'excitation. Je voulais en apprendre plus sur le noiraud, pouvoir le comprendre et donc lui être plus utile. Mais, en même temps, j'avais peur que cela ne l'énerve plus qu'autre chose. Une Doll ne devait pas se mêler des affaires de son Maître, ni même se montrer d'une curiosité à son égard... C'était pour cela que Monsieur Kerberton avait instauré ces règles, pour ne pas que cela nous mette dans de mauvaises situations. Alors... Était-ce une bonne chose de vouloir chercher des indices dans le passé de Jungkook ?

Une personne sortit soudainement en titubant de la bâtisse, me bousculant de son épaule sur le passage, me faisant reculer de quelques pas sur le coup. Après autant de temps passé à ses côtés, je ne savais en réalité que peu de choses de mon propriétaire... Des gens lui voulaient du mal et je ne savais pas pourquoi. Mais il n'était pas prêt à me donner les réponses que j'attendais... Alors il fallait que je les trouve moi-même.

C'était un mal pour un bien. Pour devenir la meilleure des Dolls et la plus importante à ses yeux.

Accompagnée d'un regain d'espoir, je franchis la porte d'entrée du bordel, me faufilant entre les personnes et les corps gorgés d'alcool se mouvant en rythme avec de la musique. Ce lieu était celui où, anciennement, Monsieur Jeon passait du temps. Il fallait que je trouve quelqu'un qui puisse me renseigner... Je m'approchai du bar, voyant plusieurs filles s'affairant à remplir les verres des hommes déjà ivres, à en voir leur visage rouge et leurs yeux vides. J'évitai de justesse l'un d'eux qui se retourna d'un coup, tenant un récipient dans chaque main et manquant de me les renverser dessus - puisqu'il ne faisait pas attention au monde autour de lui et que son équilibre se faisait désirer. Mes paumes posées à plat sur le comptoir, j'attendais qu'une des serveuses porte son regard sur moi. Mais avec tous leurs clients et le fond sonore bruyant, je n'avais aucune chance qu'elles me repèrent.
« Excusez-moi, fis-je lorsqu'une brunette passa devant moi. Excusez-moi, continuai-je en levant la main cette fois. Excusez-moi ! Répétai-je une énième fois plus fort. »

Voyant que, décidément, personne ne voulait me répondre, j'attrapai soudainement le bras de quelqu'un tout en restant douce tout de même. La personne pivota soudainement dans ma direction, les yeux grands ouverts de surprise avant de s'apaiser d'un coup et de me jeter un regard hautain auquel je ne fis pas attention. J'en avais largement l'habitude.
« Je te reconnais toi, t'es la Doll de Jeon, ricana-t-elle en serrant plus fortement sa queue de cheval. Qu'est-ce que tu veux encore ? Ajouta-t-elle plus froidement.
- J'ai besoin de renseignements sur Monsieur Jeon, répondis-je poliment en ignorant son comportement désagréable à mon égard.
- Quelle blague ! Tu ne veux pas devenir reine en plus ? Ironisa-t-elle, obtenant simplement un froncement de sourcils de ma part. Tu rêves ma petite, je ne te dirai rien sur lui et sur n'importe qui. Alors maintenant trace ton chemin, j'ai autre chose à faire que de m'occuper d'une Doll qui n'a rien à faire ici, termina-t-elle en pointant du doigt la sortie.
- J'ai besoin qu'on me réponde. Si vous ne pouvez pas le faire, est-ce que je peux m'adresser à quelqu'un d'autre ? Insistai-je en posant à plat mes paumes sur le comptoir.
- Mais t'es bornée la poupée ! S'énerva-t-elle en frappant de son poing à côté de ma main droite. Personne ne te répondra la Doll, personne ! Donc maintenant, casse-toi avant que je n'emploie la manière forte.
- Mais... commençai-je à dire.
- Barre-toi ! S'écria-t-elle en levant la main férocement.
- Carmin ! Intervint soudainement une voix féminine. »

Je me tournai aussitôt vers la nouvelle intervenante, sentant la fameuse Carmin se pétrifier sur place derrière moi. Je vis alors une femme à la chevelure sombre courte que je reconnaissais aussitôt. C'était Le Rossignol. Son visage avait minci et n'avait pas perdu ses cernes qu'elle avait déjà la dernière fois que nous nous étions rencontrées, la fois où j'étais venue récupérer mon Maître ici. Cette dernière me détailla de la tête aux pieds avant de faire un geste de la main en direction de sa collègue, puis à moi, m'invitant à la suivre. Je lui emboîtai tout de suite le pas, ne prenant pas la peine de regarder une dernière fois la serveuse qui m'avait agressée plus tôt. Le Rossignol semblait être quelqu'un d'influent au Bordel des Plaisirs, à en voir les personnes qui s'écartaient de son chemin, la plupart étant des hommes, alors que me concernant, on me rentrait dedans.

La femme ouvrit une porte proche d'un escalier, entrant la première avant de tenir le battant en me faisant signe de rentrer. Je me trouvais alors dans un petit bureau dont les murs étaient couverts de cadres photo représentant de nombreuses femmes. La noiraude alla s'asseoir sur un fauteuil derrière le meuble qui donnait son nom à cette pièce, passant une main fatiguée sur son front, relevant des mèches rebelles tout en soupirant longuement.
« Assieds-toi ma petite, dit-elle simplement en désignant du menton la chaise face à elle. »

Je m'exécutai, m'installant soigneusement sur le siège, gardant par la suite le dos droit et les mains posées sur mes cuisses en signe de respect.
« Que viens-tu faire ici ? Parce qu'à part embêter mes filles, je ne vois pas la raison de ta venue en ces lieux, souffla-t-elle en s'adossant plus confortablement.
- Je cherche des réponses, répondis-je simplement.
- Des réponses ? Répéta-t-elle en arquant un sourcil. Je doute que tu en trouves ici. C'est d'où tu viens que tu les trouveras, puisque c'est Hans Kerberton qui t'a élevée, finit-elle en articulant le nom de mon ancien Maître avec une grimace.
- Justement... Ce que je recherche comme réponse ne se trouve pas à Domination's scent... laissai-je entendre, commençant à douter de ma venue ici.
- Hum... Je suis curieuse de savoir quelles sont tes questions, lâcha-t-elle en appuyant son coude sur le bois et posant son menton dans le creux de sa paume. »

Aucun mot ne franchit la barrière de mes lèvres. Je ne savais pas si finalement c'était une bonne idée de venir ici, d'interroger les personnes y travaillant... Pouvais-je faire confiance à cette dame ? Pouvait-elle répondre à mes interrogations ? Le risque restait que cela porte préjudice à mon Maître ou bien même qu'elle le prévienne de ce que je faisais dans son dos et qui m'était pourtant interdit. Je portai mes prunelles cristallines dans celles brunes de la femme plus âgée que moi, cherchant à lire dans son regard pour vérifier la bonté de son âme, mais à part voir une grande fatigue ainsi qu'une peine immense, je ne voyais rien qui ne pouvait me mettre par la suite dans de gros problèmes.

Je pris une profonde inspiration, liant mes doigts ensemble avant de me lancer dans les révélations de mes intentions.
« Mes questions portent sur Monsieur Jeon, avouai-je et à l'entente de mes mots, elle afficha un air grave.
- C'est surprenant de la part d'une Doll, remarqua-t-elle en se reculant dans son siège. Culottée, je dirais même.
- Pouvez-vous m'apporter des réponses ? La questionnai-je avec espoir.
- Non, répondit-elle de but en blanc.
- Hein ? Mais pourquoi donc ? Fis-je stupéfaite qu'on refuse de me parler de lui.
- Nous sommes tenues de ne rien révéler sur les affaires de nos clients, expliqua-t-elle en croisant les jambes. De ce fait, je ne peux rien te dire sur Jeon.
- Vous ne pouvez pas me dire pourquoi il ne vient plus ici ? Insistai-je mais elle secoua négativement la tête. Ni même depuis quand il ne vient plus ? Continuai-je presque dans un murmure.
- Le 23 mai 2020, répondit-elle à ma plus grande surprise. Je ne pourrai rien te dire de plus ma petite, ajouta-t-elle en se levant.
- C'est déjà beaucoup. Merci beaucoup, fis-je en me redressant à mon tour. »

Je m'inclinai poliment pour la remercier une seconde fois, sans mot et tournai les talons dans l'intention de partir. Mais mon attention fut soudainement attirée par une photo spéciale. Je m'en approchai alors, détaillant l'image d'une jeune femme à la chevelure châtaigne parsemée de mèches violettes, aux prunelles d'un bleu clair et au sourire éclatant qui étirait joyeusement ses lèvres teintées de rose pâle. Je sentis la présence du Rossignol dans mon dos mais je ne bougeais pas, trop intéressée par cette étrange fille.
« Que penses-tu de cette fille ? Demanda soudainement la plus âgée.
- Je ... Je la trouve magnifique... Elle travaille ici ? J'avoue ne pas l'avoir remarquée...
- Non... Toutes les photos qui se trouvent là représentent nos défuntes amies, murmura-t-elle en caressant du bout des doigts le verre d'un des cadres.
- Mais... Il y en a tellement... remarquai-je le cœur serré d'horreur et de peine.
- Nous ne valons pas mieux que vous les Dolls. Nos vies ne représentent rien, alors tuer l'une des nôtres n'est pas réellement un crime mais bien plus qu'un plaisir, grogna-t-elle en se détournant de ces images qui devaient sûrement lui faire remonter de mauvais souvenirs.
- Elles sont si jeunes pour la plupart... soufflai-je en regardant celle qui m'avait attirée face à son portrait.
- Elle avait vingt-et-un ans, lança-t-elle en voyant où mon regard était porté. Elle s'appelait Violet... »

Vingt-et-un ans... Juste une année de plus que moi. Je ne m'étais jamais imaginée que la vie de cocotte était aussi dure... J'avais toujours pensé qu'en ayant le statut de "femme libre", les hommes ne se comportaient pas de la même manière que pour une poupée. Mais en réalité, je venais de prendre conscience que nous n'étions pas réellement différentes, seule l'éducation différait. Je me pinçai les lèvres en observant une dernière fois Violet qui semblait pleine de vie de son vivant, puis lui tournai le dos, remerciant une dernière fois Le Rossignol et quittai son bureau, un semblant de réponse obtenu. Je me faufilai entre les corps embrumés par l'alcool, regagnant rapidement la porte de sortie pour par la suite monter dans un taxi, direction la maison de mon Maître.

Sur le trajet du retour, je n'avais fait que penser à la maigre information que l'on m'avait donnée, essayant de comprendre pourquoi depuis le 23 mai, Monsieur Jeon n'était plus revenu dans ces lieux.

Quelle pouvait être la raison ?

Arrivée à la demeure, je payai le conducteur avant de gravir les quelques marches du perron pour par la suite entrer dans le salon-bar, me déchausser et ranger mes affaires. Jungkook n'allait plus au Bordel des Plaisirs parce que quelque chose devait lui déplaire. Il ne manquait plus que de savoir ce qu'était cette chose. Mais un problème se présentait devant moi. Comment allais-je bien découvrir ce qui avait pu le repousser ? En pleine réflexion, je laissais mes pas me diriger dans le couloir qui menait à la seconde partie de l'habitat, mais je m'arrêtai d'un coup devant une porte : le bureau de mon propriétaire.

J'abaissai doucement la poignée de cette pièce, mes yeux se posant automatiquement sur l'ordinateur que laissait ici le brun. Et si je m'en servais ? D'un geste hésitant, je tirais la chaise en cuir, craignant de faire la plus grosse erreur de ma vie. Monsieur Jeon ne m'avait jamais interdit de toucher à son ordinateur mais, est-ce que cela voulait dire que j'avais tout de même le droit de le faire ? Je soulevai le dessus de l'appareil électronique, appuyant par la suite sur le bouton pour l'allumer et attendis que la page d'accueil apparaisse, le cœur battant d'excitation et de stress. Mais il s'arrêta presque en voyant qu'il fallait rentrer un mot de passe pour le déverrouiller. Un mot de passe... Mais comment allais-je faire pour le trouver ? Je soupirai longuement en passant une main lasse sur mon visage, essayant de deviner ce qu'aurait pu mettre mon Maître. Son mot de passe de portable ? Non, il y a sûrement trop de choses importantes dans son ordinateur par rapport à son portable, alors il ne prendrait pas le risque de mettre le même...
« Sa date de naissance ? Non, ce serait trop prévisible... Mais est-ce que ce sont des chiffres ? Raisonnai-je à mi-voix. »

Je n'osais pas effectuer une première tentative sans être certaine que cela soit la bonne. J'avais bien trop peur qu'en cas d'échec, cela avertisse le propriétaire de cet ordi. Était-ce son prénom ? Celui de la personne qui appréciait le plus ? Seokjin ? Jimin ? Leslie ? Ou celle qu'il détestait le plus ? Ava ? Kerberton ? Alors que mes doigts frôlaient frivolement les touches du clavier, ils se mirent tous seuls à appuyer dessus, écrivant un mot de passe sans que je ne m'en rende compte tout de suite. Instinctivement, je le validai et fus par la suite complètement surprise d'avoir découvert quelle était la barrière qu'il avait mise en place.

Athéna.

Je l'avais entendu une seule fois articuler ce nom... Pourquoi cela m'était-il revenu en tête maintenant ? Voyant l'heure défiler sur l'horloge accrochée au mur, je décidai de ne pas trop me pencher sur la question et de commencer mes recherches, avant que Monsieur Jeon ne revienne. J'ouvris une page d'un navigateur sur sa page principale et écrivis dans la barre de recherche, me souvenant parfaitement la manière de faire en me remémorant la façon de faire de mon Maître. Je marquai alors : Bordaile dé Plésir.

Heureusement que cela comprit ce que je recherchais malgré mes fautes, je ne savais pas encore bien écrire sans faire d'erreur... En me focalisant complètement sur ma lecture, je déchiffrai les nombreux résultats avant d'en voir un qui attira mon regard avec son titre.

"22 mai 2020, nouveau meurtre au Bordel des Plaisirs"

Cela correspondait parfaitement au jour avant que Jungkook n'y retourne plus. Je cliquai sur le lien, tapant du pied d'impatience pour voir la page et ce qu'elle renfermait comme informations, voyant le peu de temps qu'il me restait.

"Flash info. Une nouvelle victime a été découverte au Bordel des Plaisirs. Une jeune prostituée de vingt-et-un ans, surnommée Violet, a été retrouvée pendue par la fenêtre, ce matin à huit heures.

Le responsable de ce meurtre, David Rongard aurait avoué qu'elle n'avait pas accepté de s'occuper de lui alors qu'il avait payé pour une nuit à ses côtés. Un acte alors justifié et non-punissable par la loi, selon la loi rappelée par le juge, Violet étant responsable d'un important délit : refus de donner son corps à un homme.

Violet serait alors morte aux alentours de vingt heures, le 21 mai 2020. Chose étonnante, selon les médecins, elle serait aussi enceinte de trois mois.

L'affaire a tout de suite été classée sans suite et aucune poursuite en justice ne sera prononcée. Le Bordel des Plaisirs accepte de prendre toute responsabilité des actes de Violet et remboursera l'achat de Monsieur Rongard avec un versement de mille-cinq-cents euros en compensation."

Je m'étais figée sur place. Est-ce que cela avait réellement un rapport avec Monsieur Jeon ? En réalité, mon hypothèse devenait plus claire et cela me peinait soudainement. Si c'était vrai, j'étais triste pour lui...

Alors que j'éteignais son ordinateur, j'entendis tout à coup la porte d'entrée, me faisant me précipiter pour cacher tout ce qui pouvait trahir ma présence en ces lieux. Rapidement, je sortis du bureau, refermant doucement le battant avant de revenir vers mon propriétaire qui se déchaussait dans l'entrée. En le voyant, mon cœur se serrait de peine, mais je devais me forcer à ne pas montrer une quelconque émotion.
« Vous êtes rentré plus tôt que d'habitude, lâchai-je en m'approchant de lui, le débarrassant de son manteau pour le ranger moi-même.
- J'ai terminé plus tôt que prévu ce que j'avais à faire, répondit-il simplement en se dirigeant vers la cuisine. Le repas n'est pas prêt ? Me questionna-t-il aussitôt en fronçant les sourcils.
- Je suis désolée... Je n'ai pas eu le temps de le préparer... Je viens de rentrer... expliquai-je en évitant son regard.
- Tu as fait quoi de la journée ? Demanda-t-il sur un ton sévère.
- Je... Je suis allée boire un thé en ville...
- Un thé ? Répéta-t-il comme s'il n'avait pas bien compris.
- J'ai entendu beaucoup de femmes en parler et j'étais curieuse du goût que cela pouvait avoir, avouai-je sans que ce ne soit un mensonge, j'omettais simplement de parler d'Ava.
- Et on t'a laissé entrer dans un café ? Lança-t-il dans un rire surpris.
- Oui. »

Il ne dit rien de plus et partit vers le réfrigérateur, ouvrant ce dernier, cherchant sûrement ce qui allait servir pour faire notre dîner. Je m'avançai vers lui, le voyant mettre des aliments sur le plan de travail et je commençai tout de suite à les couper en comprenant ce qu'il voulait préparer. Pour la première fois depuis que j'étais à son service, nous faisions un repas à deux, chacun ayant sa tâche, sans se parler. Et pourtant ce calme était à la fois plaisant et reposant. Je le sentais par moments me fixer quelques secondes, mais je ne disais rien. Enfin, jusqu'à ce que je pense à la discussion que j'avais eu avec Madame Longhess et alors une question traversa la barrière de mes lèvres.
« Monsieur Jeon ? Quelle est votre couleur préférée ? Demandai-je en relevant la tête vers lui.
- Pourquoi cette question ? Soupira-t-il sans m'adresser un regard.
- Je ne sais pas... Je voulais juste savoir, mais vous n'êtes pas obligé de répondre, dis-je précipitamment pour ne pas l'énerver.
- Le bleu, finit-il par articuler.
- Le bleu ? Répétai-je en ouvrant de grands yeux. Je vous voyais plutôt aimer le noir, terminai-je en mettant la table.
- Je n'aime le noir que pour le côté vestimentaire mais sinon, je préfère le bleu. Mais pas n'importe quel bleu, c'est un bleu à la fois profond et clair, un bleu si cristallin qu'on pourrait croire qu'il puisse se confondre avec la pureté du blanc, mais qui laisse aussi voir les imperfections du noir, expliqua-t-il en s'adossant contre le plan de travail.
- Je ne vous savais pas aussi poète lorsque vous parlez de couleurs, lançai-je avec un petit sourire.
- Je suis plus surprenant que tu ne peux penser, ricana-t-il avec un rictus en coin. »

La nourriture fut enfin prête et nous nous mîmes à table, mangeant pour la première fois en discutant. J'écoutais sérieusement Jungkook me parler de sa journée et de ses prises de tête avec ses employés. Mais surtout, je le regardais sourire lorsqu'il parlait de comment il s'amusait à faire perdre patience à son ami Seokjin. Cachait-il sa peine ? Pourquoi avait-il toujours l'air fort et incapable de ressentir la moindre faiblesse ? Je devais savoir. Je devais percer à jour ses secrets petit à petit.
« Qui est Violet pour vous ? L'interrogeai-je soudainement sans prendre de pincette. »

Sa fourchette tomba dans un bruit strident dans son assiette, me faisant grincer des dents de désagrément. Il pivota tout de suite vers moi, le visage sombre et les yeux remplis d'une grande froideur.
« Où as-tu entendu ce nom ? Grogna-t-il sur un ton glacial.
- J'ai fait des recherches sur vous, avouai-je en soutenant notre échange visuel.
- Tu as osé faire des recherches sur moi ?! S'écria-t-il en frappant du poing la table.
- Je ne sais rien de vous ! Cela va faire presque deux mois que l'on vit ensemble et finalement, vous êtes encore un inconnu pour moi ! Je veux vous connaître, je veux pouvoir vous être utile mais si je ne sais rien sur vous, c'est impossible ! Alors parlez-moi, dites-moi qui est Violet. Si sa mort est la cause de votre éloignement du Bordel des Plaisirs. Si David Rongard est une cause de colère chez vous... Déballai-je en me levant d'un coup.
- Ne prononce plus le nom de cet homme ! Hurla-t-il dans un élan de rage, balançant un verre sur le mur derrière moi. »

Je ne sursautai même pas, restant de marbre, ne bronchant pas aux éclats venant écorcher mes bras et mes pieds nus. Mais concernant Jungkook, il se calma d'un coup en voyant ce qu'il venait de faire, ses yeux s'ouvrant grandement de stupeur, ses lèvres tremblant faiblement, désorienté. Il tenta un pas dans ma direction mais je levai la main pour l'arrêter.
« Vous êtes pieds nus, vous risquez de vous faire mal. Je m'en occupe, déclarai-je en lui faisant signe de reculer. »

Il s'exécuta avant de froncer les sourcils et de quitter la cuisine pour partir dans sa chambre, à entendre ses pas dans l'escalier. Un léger soupir s'échappa de mes lèvres tandis que je m'accroupissais pour récupérer les morceaux de verre. Je rangeai par la suite toute la pièce, débarrassai la table puis allai dans ma propre chambre pour désinfecter mes blessures superficielles. Une fois sûre que ma vue n'allait pas le déranger, je fis le chemin inverse et montai à l'étage pour le rejoindre. Je frappai doucement à sa porte et attendis une réponse de sa part, malheureusement, rien ne vint.

J'abaissai tout de même la poignée, entrant dans la pièce plongée dans le noir. Je plissai les yeux pour habituer ma vision à l'obscurité et découvris alors la silhouette de mon Maître, assis sur le bord de son lit, la tête plongée dans ses mains et ses coudes posés sur le dessus de ses cuisses. Je vins me positionner devant lui, m'abaissant jusqu'à ce que mes genoux touchent le sol et fis glisser doucement mes doigts sur le dessus de ses mains, mais il n'y réagissait pas.
« Je suis désolée Monsieur Jeon... Je n'aurais pas dû vous parler de ça... C'était inadmissible de ma part... Je suis votre Doll et j'ai violé votre vie privée, je devrais être punie... murmurai-je en baissant la tête. »

Le silence reprit sa place jusqu'à ce que je perçoive faiblement un reniflement. Je me redressai d'un coup, surprise et incertaine d'avoir bien entendu. Mais la vérité me blessa au plus profond de mon cœur. Le grand Jungkook Jeon pleurait. Mais avant que je ne puisse faire le moindre geste, il prit la parole.
« Je t'ai dit Crystal qu'il ne fallait jamais aimer quelqu'un, car on finit toujours par être blessé... Je l'aimais... Je l'aimais, je voulais tout lui donner et elle allait tout m'offrir... Mais on me l'a enlevé et je l'ai perdu à jamais, dit-il la voix tremblante.
- J'ai appris qu'elle était enceinte... Ce ... C'était... bedrouillai-je sans arriver à trouver mes mots.
- C'était le mien, mon enfant... soupira-t-il profondément. Je les ai perdus tous les deux, du jour au lendemain et pourtant j'avais tout planifié pour les protéger, déclara-t-il en se redressant tandis que je venais m'asseoir à côté de lui. Le jour même, quand Violet m'a annoncé sa grossesse, j'avais prévu de la faire sortir du Bordel des Plaisirs en l'achetant, mais... Mais ce connard l'a tuée, sans pitié, termina-t-il en serrant fortement les poings.
- Qu'est-il arrivé à cet homme ? Demandai-je en posant mes mains sur les siennes.
- Je l'ai retrouvé et je lui ai fait vivre la pire des morts possibles. Je me souviens encore de ses cris, de ses pleurs et de ses supplications. Mais rien ne pouvait m'arrêter. J'avais enfin le droit au bonheur et il me l'avait arraché.
- C'est pour cela que vous ne voulez plus vous attacher aux autres ? Demandai-je avant de me pincer les lèvres.
- J'ai toujours fait en sorte de ne pas m'attacher à qui que ce soit. Vous n'êtes que des pions pour moi, mais... Mais Violet avait fait exception, jusqu'à me prouver que j'avais raison. Maintenant, plus rien ni personne ne pourra me sortir de ma façon de penser. Je devrais remercier David, car grâce à lui je sais me faire craindre et je règne en maître, finit-il froidement.
- Ce que vous avez vécu est terrible, mais je ne pense pas que vous devriez vous écarter de l'affection des autres, dis-je en caressant le dos de sa main de mon pouce.
- Aimer quelqu'un c'est peu de bonheur pour beaucoup de souffrance. Et quand cette personne disparaît, cela vous détruit. Je suis bien seul. Je suis sans pitié et sans peur d'être blessé et tu devrais faire pareil, argumenta-t-il en plantant son regard dans le mien, des restes de larmes brillant encore dedans.
- Vous avez sûrement vécu de terribles choses en plus de celle-ci mais pourtant, je ne peux comprendre votre façon de penser. Dans les livres que vous m'avez fait lire, l'amour, l'amitié ont toujours été une force pour le personnage et... commençai-je à dire.
- Ce ne sont que des fictions, me coupa-t-il froidement en retirant ses mains des miennes.
- Mais moi je veux y croire. Je veux croire qu'aimer quelqu'un n'est pas un danger mais une force, insistai-je.
- N'aime personne Crystal, car on finira toujours par te décevoir, me prévint-il une énième fois.
- Alors vous me demandez de ne pas vous aimer ?
- C'est exactement ce que je te demande. Ne m'aime pas. Je dois être la dernière personne sur la liste et s'il faut que tu me détestes, alors fais-le, dit-il en approchant son visage du mien. C'est le meilleur moyen pour s'endurcir, pour survivre dans ce monde...
- Mais je ne veux pas vous détester. Je suis votre Doll... Je veux vous aimer...
- C'est dangereux pour toi, soupira-t-il. Surtout douloureux parce que moi je ne t'aimerai pas. Jamais.
- Je le sais et j'en suis parfaitement consciente... Laissez-moi vous aimer... s'il vous plaît, finis-je en déposant mes mains sur ses joues. »

Il fixa quelques secondes mes prunelles cristallines avant de dévier sur mes lèvres et de laisser échapper un souffle des siennes. Peu de temps après, il vint placer ses croissants de chair sur les miennes, se penchant plus vers moi afin de faire tomber mon corps en arrière et placer le sien au-dessus du mien.

Tant qu'il melaisserait la possibilité de découvrir ce qu'était le bonheur d'aimerquelqu'un, ce monde cruel ne me paraissait pas si difficile à vivre. 


~ Domination's scent - Éclosion ~

 

Hello everybody ! 

Comment allez-vous ? J'espère que vous profitez bien de vos vacances car malheureusement, ces dernières se terminent bientôt... 

Je suis curieuse de savoir quel est votre parcours d'étude donc n'hésitez pas à me le dire ! 

Bon parlons de ce chapitre ! Et bien, il est chargé en informations et indices. Il est fort possible que vous n'ayez pas tout remarqué et c'est normal, pas d'inquiétude, vous comprendrez tout de même l'histoire haha ! 

- Alors, qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? Cela vous donne des idées pour la suite ? 

- Que pensez-vous d'Ava ? Avez-vous un bon avis sur elle ou bien des méfiances ? 

- Que pensez-vous du comportement de Crystal dans ce chapitre ? Du rêve qu'elle a pu faire ? De sa volonté de faire des recherches sur Jungkook ? 

- Que pensez-vous de Jungkook ? De ce qu'il a vécu ? Est-ce de la manipulation ou une vérité ? 

Je suis curieuse de savoir toute votre pensée ! 

Merci énormément pour votre soutien, vos retours et surtout votre patience ! Vous êtes toujours là alors que je mets bien trop de temps à poster un chapitre ... Merci beaucoup ! 

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