Chapitre 32

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17 novembre 2020
77 jours

L'être humain était une créature fascinante. Il était doté d'un instinct de survie différent de celui des animaux, car le sien façonnait son intelligence. De plus, il était intéressant de par sa capacité à ressentir des émotions diverses telles que l'amour, la tristesse, la peur, la colère et tant d'autres encore.

Seulement, ce qui le rendait encore plus admirable, c'était qu'il possédait un vice des plus impressionnants : celui de vouloir détruire l'autre.

La noirceur de l'Homme, qu'il soit de sexe masculin ou féminin, ne se révélait jamais au grand jour. Elle était vicieuse, masquée par de la bienveillance et attirait la confiance avant de poignarder sans pitié sa victime dans le dos.

Si j'avais pu savoir tout ça avant, je n'aurais jamais connu la souffrance à l'état pur.

« Il est l'heure de vous lever Monsieur Jeon, fis-je en secouant son pied, me trouvant debout au bout de son lit. »

Le noiraud grogna en ramenant sa jambe contre lui, refusant de se réveiller. Il était actuellement six heures vingt-deux, et même si Monsieur Jeon était un homme matinal, lorsqu'il décidait de travailler chez lui au lieu de son entreprise, il arrivait qu'il souhaite dormir plus. Et cela arrivait surtout lorsqu'il se couchait tard, vraiment tard. Justement, mon propriétaire était sorti de son bureau à deux heures du matin. Comment le savais-je ? Comme nous dormions ensemble, je l'avais entendu se cogner contre le bord du lit et donc jurer de douleur, ce qui m'avait réveillée. Mais alors, s'il restait à sa maison à travailler, pourquoi étais-je en train d'essayer de le réveiller aussi tôt le matin ? Tout simplement parce que j'avais appris que Monsieur Jeon avait reçu une invitation à un gala de charité et qu'il allait rencontrer des personnes influentes, mais surtout de possibles collaborateurs. J'avais de ce fait décidé d'utiliser cette journée pour faire de lui un homme parfait. Enfin, plus qu'il ne l'était déjà.

Je voyais qu'il ne voulait pas se lever puisqu'il attrapait le bord de sa couverture pour la remonter plus haut sur son corps, presque à couvrir son visage. Malheureusement pour lui, mon emploi du temps chargé que je lui avais préparé ne lui laissait pas le temps de dormir plus longtemps.
« Monsieur Jeon ? Debout... tentai-je une nouvelle fois en secouant cette fois-ci son épaule.
- Laisse-moi tranquille... grogna-t-il dans son sommeil.
- Mais il faut vous lever, insistai-je doucement.
- Il est quelle heure ? Soupira-t-il sans pour autant soulever ses paupières.
- Six heures vingt-cinq, répondis-je en fixant son réveil sur la table de nuit. »

Un silence prit soudainement sa place dans la pièce, et si la respiration de mon propriétaire n'était pas si rapide, j'aurais pu croire qu'il venait de se rendormir. Il se retourna soudainement vers moi pour m'attraper le poignet, me tirant rapidement vers lui par la suite. Je tombais alors durement sur le dos, avant de sentir son corps passer au-dessus du mien, son souffle s'échouant sur la peau sensible de mon visage.
« Six heures vingt-cinq, répéta-t-il dans un murmure si profond qu'il n'annonçait rien de bon pour moi. Il est six heures vingt-cinq et tu me réveilles aussi tôt, alors que je t'ai dit hier que je restais à la maison pour bosser dans mon bureau aujourd'hui ? Me questionna-t-il d'un calme qui précédait la tempête proche.
- Nous... nous avons beaucoup de choses à faire aujourd'hui, bégayai-je en réponse.
- Est-ce une raison suffisante pour me réveiller alors que je n'ai dormi que quatre heures, tout au plus ? Continua-t-il tandis qu'il penchait légèrement la tête sur le côté, ses cheveux ébouriffés venant couvrir son regard sombre.
- Je pense que c'est une raison justifiable, laissai-je entendre avec un maigre sourire.
- Je ne pense pas, non. Et même, je pense que je devrais te punir, termina-t-il avec un rictus en coin alors que son pouce venait effleurer ma pommette. »

Mon cœur laissa le doute s'échapper lorsque je compris qu'il était en train de plaisanter, qu'il n'était pas réellement en colère après moi. Avec un soupçon de malice dans le regard, j'entourai rapidement sa taille de mes jambes avant de le faire basculer sur le dos, échangeant vivement nos places, le rendant stupéfait par mon action. Il ne fallait pas oublier que ma particularité en tant que favorite d'Hans Kerberton et Doll de la catégorie des précieuses, était que j'avais été éduquée avec des arts martiaux afin de pouvoir défendre mon Maître d'une quelconque attaque.
« Malheureusement, cela devra attendre parce que nous n'avons pas un créneau de libre dans votre emploi du temps pour me punir, articulai-je en me penchant en avant, mes mains venant se poser sur son torse dénudé tandis que les siennes se logeaient sur mes hanches.
- Et qu'est-ce qu'il y a de prévu dans ce fameux emploi du temps ? Demanda-t-il, ses pouces effectuant des petits cercles sur le tissu de la chemise que je portais.
- À six heures trente vous avec une séance de sport d'une heure de prévue, pour ensuite enchaîner par une douche froide de vingt minutes afin de détendre votre corps, commençai-je à dire tout en traçant des lignes invisibles sur sa peau de mon index. À huit heures, vous prendrez un petit-déjeuner que j'aurai préparé soigneusement pour vous, pas trop calorique et qui ne pèse pas sur l'estomac. Puis nous quitterons la demeure à huit heures trente pour nous rendre à Carmen & John afin de vous trouver un nouveau costume qui vous ira à ravir, continuai-je en remontant délicatement mes doigts vers ses clavicules.
- Pourquoi m'acheter un nouveau costume ? J'en ai déjà plein dans mon dressing, me coupa-t-il en arquant un sourcil.
- Tout simplement parce que vous ne pouvez pas vous présenter à une réception aussi importante dans un vêtement dans lequel on aurait déjà pu vous voir. Il faut que vous étonniez toujours vos futurs collaborateurs, pour leur donner l'impression que vous avez toujours une carte dans la manche. Maintenant, arrêtez de me couper, je n'ai pas terminé, finis-je en tapotant gentiment son buste.
- Très bien, je t'écoute, soupira-t-il en croisant les bras dessous son coussin au niveau de son crâne.
- Donc je reprends. Nous nous rendrons chez Carmen & John à huit heures trente puis, en prenant en compte votre complexité au niveau du goût vestimentaire et des touches à refaire, à neuf heures trente, nous irons au supermarché afin que je puisse remplir le frigo et préparer le repas du midi. Les courses ne devant pas prendre plus d'une heure, nous rentrerons vers dix heures et demie. Vous aurez ainsi deux heures pour travailler dans votre bureau avant de manger. Puis je vous laisserai une heure pour manger, trois pour travailler dans votre bureau à nouveau et à seize heures trente, il faudra me rejoindre dans votre chambre. Non, je ne vous dirai pas pourquoi, lançai-je rapidement en le voyant ouvrir la bouche. À dix-huit heures, vous prendrez une douche et commencerez à vous préparer pour la réception, puis à dix-neuf heures, vous devriez être prêt pour partir, terminai-je avant de dégager de son front quelques mèches noires.
- J'ai un emploi du temps de ministre, plaisanta-t-il en se redressant sur les coudes.
- Vous m'avez dit que ce gala de charité était très important pour vous, alors il faut que tout soit parfait.
- Et j'imagine qu'il ne faut pas être en retard, souligna-t-il avec un sourire en coin.
- Vous avez raison, acquiesçai-je en hochant doucement la tête.
- Ah c'est dommage du coup, parce que je crois qu'il est six heures trente-cinq, déclara-t-il sur un ton taquin. »

Mon visage pivota vivement vers la table de nuit sur laquelle se trouvait le réveil de mon Maître. Je constatai alors qu'il n'avait pas tort et que nous avions déjà commencé à avoir du retard sur notre programme. Je sautai littéralement hors du lit pour appuyer sur la télécommande afin de lever les volets et donc de plonger la chambre dans une douce lumière d'aurore, qui fit tout de même grogner mon propriétaire. Je courus jusque dans le dressing, récupérai un short propre noir et retournai dans la pièce principale pour lancer le vêtement aux pieds de l'homme qui s'était enfin assis dans son lit.
« Dépêchez-vous de le mettre ! Le pressai-je en sautillant d'impatience sur place.
- Calme-toi Crystal, on a toute la journée devant nous, souffla-t-il en se levant.
- Non, non, non, non, non... non, refusai-je en secouant la tête. Rejoignez-moi dans la salle de sport ! »

Sans attendre de réponse de sa part - de toute manière il allait râler - je sortis de sa chambre et descendis deux marches par deux marches l'escalier en ivoire, pour rejoindre ma propre pièce personnelle afin d'enfiler ma tenue de sport. Je fus prête en une minute chrono et partis en direction de la salle de sport. J'arrivai la première, mais heureusement pour le noiraud, il apparut quelques secondes après moi, toujours torse-nu mais avec son short de sport, tout en passant une main dans sa chevelure de jais. Il bâilla à s'en décrocher la mâchoire et passa à côté de moi pour rejoindre le tapis de course.
« Combien de temps la séance de sport dure déjà ? Demanda-t-il en programmant la machine.
- Une heure, répondis-je en m'installant un tapis de gym au sol.
- Tu veux me crever avant même que la journée commence réellement ? Grogna-t-il en entamant sa course.
- Vous faites bien plus d'habitude, répliquai-je avec un sourire en coin qu'il ne pouvait pas voir puisqu'il me tournait le dos. De plus, faire du sport est très bon pour la santé. Cela libérera des endorphines qui alors vous permettront de passer une journée plus facilement. Et ne vous inquiétez pas, vous n'aurez pas de douleur musculaire pour ce soir, terminai-je tout en faisant ma série d'abdominaux.
- Tu penses à tout dis donc, ironisa-t-il.
- Je suis votre Doll, je m'inspire de vous, répondis-je sérieusement.
- Tu es encore loin d'avoir mon niveau, pouffa-t-il. »

Il n'avait pas tort. Personne ne pouvait être au niveau de Monsieur Jeon, l'homme le plus calculateur et stratège du pays. J'étais toujours impressionnée par sa manière de prévoir les choses avec plusieurs coups d'avance. Son intelligence semblait ne pas avoir de limites, cela en devenait inimaginable. Pendant que j'effectuais ma propre séance de sport, mon regard restait collé sur le dos saillant de mon Maître. Ses muscles se dessinaient divinement sous chacun de ses pas, de ses mouvements de bras qui accompagnaient sa course. Sa respiration restait calme, régulée parfaitement. Mon désir pour lui n'avait pas disparu, il était toujours intense, voire même plus au fil des jours. Notre relation s'améliorait de plus en plus. Il n'hésitait pas à me montrer des marques d'affection, à me donner des caresses, des baisers, à parler avec moi sur de nombreux sujets. Il prenait toujours soin de m'éduquer pour que je puisse devenir une femme libre. Le soir, il m'offrait un baiser sur le front avant de se coucher dans le lit que nous partagions, et le matin, il faisait en sorte de ne pas oublier de m'embrasser et de me souhaiter une bonne journée avant de partir à son travail.

Avant, mon cœur battait sans véritable raison, simplement pour me garder en vie. Maintenant, je pouvais dire qu'il battait pour lui.
Alors que j'avais commencé ma série de gainage, je le vis terminer son échauffement avant de prendre un tapis de gym à son tour qu'il installa face à moi. Il s'agenouilla puis entama des pompes. Son regard par moment se connecta au mien, laissant alors un sourire se dessiner automatiquement sur nos lèvres.
« Est-ce que Monsieur Kim vous accompagnera à la réception ? Le questionnai-je en prenant une pause à genoux.
- Non, il voulait passer la soirée avec Leslie, répondit-il sans s'arrêter dans son sport.
- Et Monsieur Jung ?
- Il n'a aucune raison de venir. Il n'est pas assez influent dans la société. Son père est peut-être riche parce qu'il est un bijoutier réputé, cela n'empêchera pas qu'il n'est pas à notre niveau. Du coup Hoseok n'a pas été convié.
- Et Monsieur Min ? Continuai-je en recommençant mon gainage.
- Il est en voyage d'affaires à Marseille en ce moment, soupira-t-il en prenant sa pause à son tour.
- Et Monsieur Park ?
- Jimin n'aime pas les réceptions parce que c'est trop sérieux et ça l'ennuie. De plus, il n'est pas riche. Pourquoi tu me poses toutes ces questions ? M'interrogea-t-il en arquant un sourcil.
- Ça me rassurerait de vous savoir bien accompagné... avouai-je en me redressant à nouveau. Êtes-vous encore fâché après Monsieur Park pour m'avoir parlé de vous ? Osai-je lui demander alors qu'il recommençait son sport.
- Il a été con en te racontant ça et il a de la chance que ce ne soit que toi. Je ne pardonne jamais, alors je lui laisse une chance et il n'a pas intérêt à me décevoir, dit-il froidement en me fixant de ses prunelles sombres. »

Je laissai le silence s'installer entre nous, préférant ne rien dire pour ne pas énerver mon Maître. Il disait peut-être ne "plus en vouloir" à Monsieur Park, mais je savais qu'il était rancunier. Si nous avions le malheur de commettre une erreur, il la gardait à tout jamais en mémoire et nous en faisait payer le prix subtilement, malicieusement et surtout, sadiquement. Je soupirai longuement par le nez avant de me remettre sur mes pieds et de quitter la salle de sport pour rejoindre la cuisine, afin de nous remplir deux verres d'eau fraîche. En revenant dans la pièce, je le vis en train de sécher la sueur se trouvant sur sa nuque à l'aide d'une serviette. Je me plaçai face à lui et lui tendis le récipient qu'il attrapa tout de suite et s'empressa de boire quelques gorgées après m'avoir remerciée dans un murmure. Après deux minutes de pause que nous nous accordions, il se remit sur le tapis de gym et me fit signe de venir moi aussi. Comprenant ce qu'il voulait, je réduisis l'espace entre nous pour passer dans son dos, avant de grimper dessus. Une fois mes jambes et mes bras assurés autour de son corps, il entama des squats avec mon poids en plus comme petite difficulté. Depuis quelque temps, Monsieur Jeon me demandait ceci parce que les squats normaux ne servaient plus à rien pour lui : comme il disait, c'était trop facile.
« Je peux vous poser une question ? L'interrogeai-je soudainement, recevant comme réponse de sa part, un simple "hum". Est-ce qu'il y aura Monsieur Kim et Madame Longhess à votre soirée ?
- Pourquoi tu veux savoir ça ? Grogna-t-il sous l'effort.
- Par simple curiosité, avouai-je sincèrement.
- Tu n'as pas à être curieuse à propos d'eux. Il n'y a rien d'intéressant à apprendre sur ces gens, souffla-t-il avec une tonalité d'agacement parfaitement perceptible dans la voix.
- Du coup... Vous ne savez pas s'ils viennent au gala de charité, insistai-je d'une petite voix.
- Je m'en contrefous d'eux ! Je ne connais pas leur emploi du temps et s'ils ne se pointent pas, j'en serai ravi, termina-t-il froidement. Maintenant, arrête de t'intéresser à eux, tu me fais perdre mon souffle pour rien... »

Je gardai à nouveau le silence mais un sourire se dessinait tout de même sur mes lèvres, tandis que je posais ma joue contre l'arrière de son crâne, alors qu'il continuait ses séries difficiles de squats. Je ne lui avais toujours pas parlé de ma rencontre avec « A », et après réflexion, j'avais décidé que c'était la meilleure chose à faire. Je ressentais encore de la culpabilité à lui cacher une telle chose, mais comme c'était pour le protéger, le sentiment de faire la bonne chose chassait cette déchirante infamie. J'espérais sincèrement qu'ils ne s'y trouvaient pas, puisque que je ne pouvais pas être présente avec mon Maître à cette soirée.

Nous terminâmes finalement notre séance de sport, transpirants, essoufflés, les muscles tendus et la fatigue physique qui s'infiltrait lentement dans notre corps. Il était grand temps d'aller prendre une douche, froide qui plus est !

Il était sept heures quarante, nous avions dix minutes de retard. Mais comme j'avais prévu du retard dans notre journée, cela ne m'affolait pas encore. Je me rapprochai du noiraud qui passait une serviette sur sa figure, et m'arrêtai juste devant lui, attendant qu'il pose son regard sur moi, mes bras croisés innocemment dans mon dos. Lorsque ses pupilles se posèrent sur moi, un rictus amusé étira le bord de ses lèvres. Il passa le tissu sur ses épaules avant de le laisser reposer sur sa nuque, puis ses doigts vinrent me faire une petite pichenette sur le front.
« Qu'est-ce que tu as à faire cette tête-là ? Pouffa-t-il devant ma moue.
- J'attends, dis-je simplement.
- Tu attends quoi ? Le père Noël ? Désolé de te l'apprendre mais il n'existe pas, ricana-t-il en croisant ses bras sur son torse.
- J'attends que vous veniez m'embrasser, soupirai-je. Mais bon, vous ne semblez pas disposé à le faire donc je vais me servir moi-même. »

Je ne laissais pas une fraction de seconde s'écouler et le surpris en me mettant légèrement sur la pointe des pieds afin de lier nos croissants de chair ensemble dans un bref baiser. Quand je m'écartai de lui, je le vis me fixer profondément, sans sourire cette fois. Sans que je ne puisse faire quoi que ce soit, il vint poser ses mains sur mes joues et combla une nouvelle fois l'espace entre nos bouches.


« Répète-moi pourquoi tu m'as traîné ici pour avoir un nouveau costume ? Râla le noiraud en détachant sa ceinture.
- Parce que vous allez avoir besoin de vous démarquer ce soir, répondis-je avec un sourire.
- Je n'ai pas besoin de vêtement pour devenir l'homme le plus sexy. D'un simple regard, je peux faire mouiller les femmes et bander les hommes, répliqua-t-il en arquant malicieusement un sourcil.
- Effectivement. Vous êtes séduisant, mais cela ne suffira pas pour ce soir. Il vous faut être divin aux regards des autres, et pour cela, il faut toujours surprendre. Cependant, avec votre style vestimentaire, vous ne surprenez personne, expliquai-je en contournant le véhicule pour m'arrêter à côté de lui.
- Je rêve ou tu viens de me critiquer ouvertement ? Lança-t-il en roulant des yeux d'agacement.
- Ce n'est pas une critique mais un constat, le rectifiai-je. Vous vous habillez toujours dans les mêmes teintes : blanche, noire, grise et quand c'est votre jour de folie, vous mettez parfois du bleu marine. Et concernant vos costumes, ils ne sont que noirs. Il est temps de changer cette image sombre et d'épater vos futurs collaborateurs.
- Continue, tu commences à me convaincre, ironisa-t-il dans un soupir las.
- Vous ne faites pas d'effort pour réellement m'écouter, soufflai-je à mon tour. Est-ce que vous savez pourquoi Monsieur Kerberton vend des Dolls qui participent à 99% à son chiffre d'affaires ?
- Parce que deux trous valent mieux qu'un ? Lança-t-il avec un sourire faussement amusé.
- Non ! Enfin, vous n'avez pas vraiment tort. Cela a en effet un rapport avec le sexe, acquiesçai-je en remettant une mèche derrière mon oreille. Vous m'avez dit que le sexe était une arme puissante, seulement, elle n'est pas détenue que par les hommes.
- Je ne vois vraiment pas où tu veux en venir. Abrège, râla-t-il.
- Pour atteindre vos collaborateurs, vous avez besoin de leurs femmes, tentai-je de lui expliquer rapidement.
- Quoi ? Tu veux que je les baise ? Je ne crois pas que ton plan marche si les maris l'apprennent, répliqua-t-il malicieusement.
- Sans vouloir vous vexer, je ne comprends pas pourquoi on fait des éloges sur votre intelligence, lançai-je sérieusement. Chut, je n'ai pas terminé, le coupai-je en plaquant mon index sur ses lèvres. Je disais, amadouez leurs épouses et elles feront tout pour que leurs maris collaborent avec vous pour avoir une chance de vous revoir. Et alors, elles utiliseront le sexe pour les convaincre, car les hommes deviennent soumis aux femmes grâce au sexe.
- Il n'y a que les idiots qui se soumettent, rectifia-t-il en fronçant les sourcils.
- Ils ne s'appellent pas tous Monsieur Jeon, plaisantai-je avec un rictus en coin.
- Donc, ton plan c'est de m'acheter un nouveau costume ?
- Oui. La surprise déclenche l'envie d'en apprendre plus, donc attise la curiosité. Vous êtes toujours habillé sombrement, innovez. Donnez à ces femmes l'envie de tromper leur mari, de risquer l'emprisonnement à perpétuité ou bien la section du clitoris pour avoir osé fantasmer sur vous, terminai-je calmement.
- Tu es sûre de vouloir être une femme libre ? Ricana-t-il.
- Plus que certaine. Je n'ai qu'un seul homme en tête et c'est vous.
- Ce n'est pas pour ça que je dis ça. Tu as eu une réflexion cruelle pour les personnes de ton sexe, déclara-t-il avant de finalement entrer dans la boutique. »

Je restais figée sur place à l'entente de ses mots. Une réflexion cruelle ? Je ne comprenais pas... J'étais juste réaliste. Mais bon, j'avais encore tant de choses à apprendre, ça c'était certain. Je pris une grande inspiration pour retrouver un calme parfait, puis entrai à mon tour dans le bâtiment. Comme à son habitude, la clientèle de Carmen & John était toujours importante et diverse. Mon regard fut rapidement happé par mon Maître qui se trouvait en compagnie de la gérante. À en voir les grands gestes de bras de la jeune femme et son sourire, elle était ravie de le voir ; quant à mon propriétaire, il semblait déjà en avoir marre et cela se lisait parfaitement sur son visage blasé. J'allai tout de suite les rejoindre et sans pouvoir le prévoir, Carmen m'attrapa tout de suite dans ses bras pour me serrer fortement contre elle. Je restai les bras ballants, n'ayant pas l'habitude de répondre aux étreintes des autres.
« Ça fait un bail que je ne t'ai pas vue, ma belle Crystal ! S'enthousiasma-t-elle avant d'embrasser mes deux joues. Quelle surprise de vous voir ensemble ! Ajouta-t-elle joyeusement en me lâchant enfin. En quoi puis-je vous aider ?
- Demande-lui, c'est son idée, maugréa Jungkook en me désignant d'un mouvement de tête.
- Je t'écoute Crystal, lança mon aînée qui porta entièrement son attention sur moi.
- Il faudrait un nouveau costume à Monsieur Jeon. Mais pas noir... Une autre couleur qui surprendra tout le monde, tout en lui allant à merveille, expliquai-je en regardant du coin de l'œil le concerné dont le téléphone se mit à sonner.
- Je reviens, déclara-t-il en s'écartant de nous pour répondre à l'appel, en sortant même de la boutique.
- J'ai une superbe idée ! S'exclama la brune en frappant dans ses mains. Bah, il est parti où ? M'interrogea-t-il en papillonnant des paupières de confusion. »

Je répondis par un simple haussement des épaules, puisque je n'en savais pas plus qu'elle. Carmen se contenta de cela, retrouvant rapidement le sourire, avant de m'annoncer qu'elle partait à la recherche du costume parfait. Je me retrouvais alors toute seule, au milieu des rangées de présentoirs. Ne sachant pas quoi faire, je me contentais de patienter que l'un des deux revienne, et fort heureusement, ce fut le noiraud qui revint en premier. À en voir l'expression fermée sur son visage, l'appel qu'il venait de recevoir ne s'était pas bien passé.
« Tout va bien Monsieur Jeon ? Lui demandai-je en penchant légèrement la tête sur le côté.
- Taehyung s'est encore enfui et cette fois-ci, je ne l'avais pas prévu, grogna-t-il en rangeant son téléphone dans la poche avant de son pantalon.
- Enfui ? Répétai-je en ouvrant un peu plus les yeux. Comment ça ?
- Je leur avais dit qu'ils devaient le garder en laisse ou du moins lui mettre un collier GPS qu'il ne pourrait pas enlever, râla-t-il en passant avec rage sa main dans sa chevelure de jais. Cette fois, je ne sais pas comment il a faussé compagnie à ses gardes du corps et c'est ce qui m'agace le plus.
- Vous avez une idée d'où il pourrait se trouver ? Le questionnai-je en croisant les bras sur mon ventre.
- Quand j'avais pu prévoir qu'il s'était enfui, c'était parce que cet idiot avait marqué tout son petit plan dans son journal intime. Puis j'ai infiltré son portable donc j'avais sa localisation GPS. Et quand j'ai vu qu'il se dirigeait jusqu'à ma maison, j'ai pu prévenir ses gardes. Sauf que là, il n'a rien fait savoir et en plus, il n'a pas son foutu téléphone le con, marmonna-t-il en colère.
- Et du coup... Vous allez devoir partir à sa recherche ? Articulai-je en essayant de cacher ma déception. »

Je ne voulais pas qu'il se mette à la recherche du prince. C'était égoïste de ma part, mais je voulais passer cette journée avec lui et la disparition du jeune prince allait tout gâcher. J'évitai son regard. Je ne voulais pas voir sa réaction à ma question et surtout, à sa réponse.
« Qu'ils se démerdent, laissa-t-il entendre. Je les avais prévenus, ils ne m'ont pas écouté.
- Mais c'est le prince... N'est-il pas dangereux de le laisser seul dans un monde qui lui est inconnu ? M'inquiétai-je tout de même.
- Taehyung est un prince inconnu de son peuple. Il ne risque rien. Nous avons perdu assez de temps par sa faute, retrouvons Carmen, dit-il en passant à côté de moi. »

Je ne puis dire si le timing était parfait ou bien que tout était calculé, mais la concernée se pointa au bon moment vers nous, son éternel sourire n'ayant pas quitté ses lèvres teintées de rose et tenant dans sa main droite un costume rouge.
« Essaye ça mon joli, proposa-t-elle à mon Maître en lui tendant l'ensemble.
- Dans tes rêves. Je ne mettrai jamais de rouge, refusa-t-il froidement.
- Crystal a dit qu'il fallait surprendre et en plus, je trouve que le rouge te va à ravir ! Se précipita-t-elle à argumenter.
- Change, imposa-t-il en lui tournant le dos.
- Très bien... Je reviens, capitula-t-elle dans un soupir.
- Vous auriez pu l'essayer avant de juger que cela ne vous plaisait pas, fis-je en portant mon regard sur les vêtements présentés à côté de moi.
- Tu ne me verras jamais porter de rouge, assura-t-il sur un ton catégorique.
- Pourquoi ? Parce que c'est la couleur du sang ?
- Non. Parce que c'était la couleur préférée de ma mère, répondit-il si froidement que cela me prodigua des frissons. »

Je n'osais pas continuer cette discussion car c'était un terrain dangereux. Pour mon plus grand soulagement, Carmen revint avec plusieurs costumes dans ses mains, de couleurs différentes et plus extravagantes les unes des autres. Je sentais que le choix allait être difficile. Alors que les grimaces de mon propriétaire s'enchaînaient, je décidai d'aller chercher par moi-même un ensemble convenable pour mon Maître, laissant ce dernier râler auprès de la gérante de la boutique. Je marchais lentement entre les rayons, ne voulant pas rater la perle rare. Je me stoppai soudainement en la trouvant. En une seconde, je la pris en main, et il m'en fallut une de plus pour faire demi-tour et repartir en direction des deux personnes toujours en plein désaccord.
« J'ai trouvé un costume qui pourrait vous plaire Monsieur Jeon, annonçai-je en levant ma trouvaille devant moi.
- Un costume blanc ? S'étonna Carmen en arquant un sourcil. Je ne vois pas comment il va surprendre tout le monde avec cette tenue, continua-t-elle dubitative.
- Monsieur Jeon ne porte que du noir. Cela lui va à merveille mais je pense que se vêtir dans une teinte opposée surprendra plus, dans le bon sens, que s'il mettait une couleur extravagante, expliquai-je en regardant la tenue immaculée. De plus, cela contrastera merveilleusement bien avec ses cheveux et ses yeux noirs, ainsi que son attitude sombre et glaciale, terminai-je en les regardant tour à tour. Qu'est-ce que vous en pensez ?
- Tout va à Jungkook, répondit-elle en haussant les épaules. Je t'avoue que je serai déçue qu'il renonce au costume vert canard que je lui avais proposé, mais, c'est à Jungkook de choisir.
- Je ne suis pas convaincu par ce que tu as avancé, soupira-t-il.
- Essayez-le puis jugez après, s'il vous plaît, insistai-je en lui passant le cintre. »

Un énième soupir s'échappa de ses lèvres, abdiquant à mon plus grand bonheur, se dirigeant d'un pas lourd et sans entrain vers les cabines d'essayage. Satisfaite du déroulement de notre journée, je pivotai légèrement sur moi-même pour observer la boutique, histoire de passer le temps jusqu'à son retour. Seulement, Carmen restait à mes côtés sans rien dire, mais mettant tout de même de l'ordre dans les vêtements.
« Comment va John ? Demandai-je en voyant qu'elle hésitait à entamer une discussion.
- Parfaitement bien ! Bon à part qu'il n'arrête pas de me demander qu'on fasse un bébé, sans parler de sa libido qui ne connaît pas la fatigue, rigola-t-elle. Enfin, les aléas de l'ovulation me dirais-tu, chuchota-t-elle la fin.
- Vous voulez un enfant ? M'étonnai-je en tournant vivement mon visage vers elle.
- On en rêverait mais c'est impossible... Dans notre mensonge, je suis la femme du couple et c'est pourtant John qui serait le seul capable de porter l'enfant. John n'arrête pas de me dire qu'il est prêt à supporter une grossesse, qu'on aura qu'à cacher comme on l'a toujours fait, mais je trouve cela trop risqué... déclara-t-elle tristement. Mais bon, parlons de toi. Est-ce que tu aimerais avoir des enfants ? M'interrogea-t-elle avec un faible sourire.
- Je ... Monsieur Jeon n'en veut pas donc je n'en veux pas non plus, murmurai-je presque en regardant les cabines d'essayage où il se trouvait.
- Tu sais... Jungkook n'est pas obligé d'être le père de l'enfant, laissa-t-elle entendre en posant sa main sur mon épaule.
- Si je dois avoir un bébé, je ne veux que lui comme père, répliquai-je avec certitude.
- Hum... Juste pour savoir, commença-t-elle montrant qu'elle allait changer de sujet. Est-ce que toi aussi tu deviens addicte au sexe lors de ta période d'ovulation ? Me questionna-t-elle sérieusement.
- Je n'en ai aucune idée. Je suis toujours vierge et en plus, je n'ai pas de cycle régulier puisque cela ne fait pas longtemps que j'ai réellement mes menstruations. Du coup, je ne sais jamais où j'en suis, avouai-je tout en remettant une mèche derrière mon oreille.
- Ah oui... C'est problématique ça. Mais tu n'as jamais couch...
- Je n'aime pas, intervint soudainement la voix du noiraud dans notre dos. »

Il se tenait là, tel un ange dans son costume blanc. Il était magnifique. Je n'avais jamais eu de vision aussi sublime que celle que j'avais maintenant. Il n'aimait pas, mais moi, j'adorais. Et j'étais sûre que Carmen pensait comme moi à en voir son regard détailler avec malice de la tête aux pieds mon Maître.
« On s'en contrefout que tu n'aimes pas. Moi je kiffe ! Viens, je vais te faire quelques retouches ! Annonça-t-elle en attrapant sa main pour le mener à l'arrière-boutique. »

Il se laissa faire, non sans râler, et me fit signe qu'il se tirait une balle en pleine tête, me faisant alors sourire.

« Je n'arrive pas à croire que tu aies réussi à m'embarquer dans un supermarché, à pousser un chariot comme tous ces ratés à côté de nous, s'agaça mon Maître dans mon dos. »

Je ne répondis pas à sa remarque. C'était déjà la sixième fois qu'il la prononçait et c'était donc inutile pour moi de relever ses mots. Il n'était pas content d'être avec moi pour m'aider à faire les courses, dommage pour lui, il devait rester avec moi.
« Est-ce que vous pouvez aller nous chercher une salade, un paquet de pommes de terre, cinq pommes et un sachet de carottes s'il vous plaît ? Lui demandai-je en lui faisant face sans pour autant détourner mon regard de ma liste de courses que j'avais rédigée pour la première fois.
- Très drôle. C'est ton job pas le mien, refusa-t-il en s'appuyant sur le bord du cadi.
- Monsieur Jeon, soupirai-je. Je ne vous ai pas demandé de m'accompagner pour que vous passiez votre temps à râler, mais parce que le planning que j'ai préparé ne nous permet pas de perdre trop de temps à faire les courses. Donc je vous laisse le choix : soit vous allez chercher ce que je vous ai demandé plus tôt, soit vous vous occupez d'aller prendre des rouleaux de papiers toilette, ainsi que des produits WC, mes serviettes hygiéniques et du liquide vaisselle. Je suis sûre que les journalistes qui nous ont vu entrer dans ce supermarché seront ravis d'avoir des photos de vous pour un nouvel article, soufflai-je en le fixant droitement dans les yeux.
- C'est bon, j'y vais... Je dois te retrouver où après ?
- J'en aurai pour un peu plus de cinq minutes. On se retrouve vers le rayon boucherie, répondis-je en zieutant rapidement ma liste.
- Très bien. Je te laisse le chariot, annonça-t-il sans me laisser le choix et partant vers les rayons qui lui étaient destinés. »

Sans attendre une seconde de plus, je partis à mon tour dans la direction de mes articles. Je pris rapidement ce dont j'avais besoin, ne voulant pas faire attendre trop longtemps le noiraud. Enfin, surtout pour le rejoindre au rayon fruit et légume parce que j'étais persuadé qu'il ne devait pas trop savoir comment faire. Au moins, la journée allait lui apprendre à faire des courses tout seul. Pour une fois que c'était moi qui lui enseignais quelque chose.

Alors que je m'apprêtais à me remettre en marche, une personne m'attrapa soudainement au niveau du poignet et me tourna sans brusquerie dans sa direction. J'écarquillai les yeux en me rendant compte de l'identité de la personne qui se trouvait devant moi.
« Pr... commençai-je à articuler mais il me fit rapidement signe de rien dire.
- Parlons dans un endroit plus à l'abri des regards, chuchota-t-il en me faisant signe de le suivre. »

Je me pinçai les lèvres en voyant sa silhouette s'éloigner de moi. Je ne savais pas quoi faire. Devais-je le suivre ? Ou bien retourner voir mon Maître qui risquait de m'attendre si je m'entretenais avec le nouveau venu ? Mais après quelques secondes d'hésitation, je pris la décision de le suivre. Il semblait avoir besoin de converser avec moi et j'étais curieuse de savoir de quoi il voulait me parler surtout. Je posai donc mon chariot dans un coin, où il ne dérangerait personne, et partis rejoindre l'homme qui s'était arrêté dans un rayon désert qui contenait des livres.
« Prince Taehyung, que faites-vous ici en ville ? L'interrogeai-je une fois sûre qu'aucune oreille indiscrète se trouvait autour de nous.
- Tu me surprends Crystal. Une Doll ne prend jamais l'initiative de suivre un homme sans l'accord de son Maître, ignora-t-il ma remarque. »

Il n'avait pas tout à fait tort. C'était inconscient de ma part de le suivre sans en prévenir Monsieur Jeon. Je devais faire un peu plus attention les prochaines fois, parce que je n'étais pas encore une femme libre et donc, en tant que Doll, je devais continuer à suivre les règles. Seulement, j'avais besoin de savoir pourquoi le hasard l'avait amené à nous, alors comme lui, j'allais ignorer sa remarque.
« Vous n'avez pas répondu à ma question, Prince. Je veux bien croire que le hasard fasse bien les choses mais c'est un peu trop bien justement pour que cela ne soit qu'un simple hasard. Que faites-vous ici ? Comment saviez-vous que nous nous trouvions ici ? Insistai-je tout en gardant une extrême politesse.
- Je vous ai suivis depuis Carmen & John, car je savais que j'allais trouver Jungkook là-bas, répondit-il en attrapant un livre en main. Pour répondre à ta question de pourquoi je me trouve ici, c'est parce que j'étouffais au palais, soupira-t-il en retournant le bouquin avant de le reposer sur l'étagère.
- C'est inconscient de votre part Prince... La ville est dangereuse pour vous, argumentai-je en fronçant les sourcils.
- Pas aussi dangereuse que le jeu auquel tu joues, répliqua-t-il en plantant ses prunelles brunes dans les miennes.
- Je ne joue à aucun jeu, réfutai-je confuse.
- C'est encore plus amusant si tu ne t'en rends pas compte, pouffa-t-il sarcastiquement. »

Il se recula de quelques pas, accentuant cette distance entre nous, me permettant alors de vraiment l'observer. Il n'avait pas du tout l'apparence d'un prince mais d'un parfait civil, vêtu d'un simple jean et d'un sweat gris à capuche. Ses longs cheveux bruns bouclés avaient été ramenés en une petite queue de cheval qui laissait tout de même échapper les mèches trop courtes pour être retenues par l'élastique. Ses prunelles vert d'eau ne me quittaient pas. Dans ma contemplation, je n'avais pas remarqué qu'il m'observait, malicieusement.
« J'aimerais être là lorsque tu perdras à ce jeu, lança-t-il avec un sourire en coin.
- Je ne vois pas de quoi vous parlez, fis-je sincèrement.
- Tu sais, si j'ai quitté ma cage dorée, c'est en particulier pour te voir, commença-t-il en réduisant l'écart entre nous. Je voulais voir à quel point tu es inconsciente, naïve et faussement heureuse. Je veux enregistrer cette image de toi avant que tu ne changes. Je sais beaucoup de choses même si je n'en ai pas l'air et dans ma plus grande bonté, je vais te donner un conseil. Les ennemis sont parfois plus proches de nous que nous ne le pensions, termina-t-il en venant chuchoter ces mots à mon oreille. »

Mon rythme cardiaque s'accéléra inexorablement après sa déclaration. Ce prince que je n'avais rencontré qu'une seule fois dans ma vie me mettait en garde. Sauf que, contrairement aux autres, ce n'était pas explicite et cela me demandait une grande réflexion de ma part. Je me pinçai les lèvres tout en plaquant doucement mes paumes sur son torse pour le forcer à reculer de quelques pas, afin que je puisse respirer convenablement.
« Je dois rejoindre Monsieur Jeon et vous, vous feriez mieux de rentrer chez vous, dis-je tout bas.
- Ne lui dis pas que tu m'as vu, répondit-il en plantant ses mains dans la poche avant de son sweat.
- Je crois que vous vous méprenez à mon sujet. Je suis peut-être différente des autres Dolls, j'en reste une. Je mettrai mon Maître au courant, alors si vous voulez avoir de l'avance, vous feriez mieux de partir maintenant.
- Très bien. Adieu la Crystal d'aujourd'hui et hâte de voir la prochaine. »

Il me quitta sans dire un mot de plus, me laissant seule dans ce rayon avec ma confusion et surtout mon inquiétude. Ses dernières paroles résonnaient en moi comme une menace mais aussi une nouvelle mise en garde. Je portai ma main à mon cœur qui me faisait souffrir. Pourquoi cette journée qui devait être parfaite tournait au cauchemar pour moi ? J'étais de plus en plus sensible à ce que l'on me disait et surtout, je tergiversais beaucoup plus. La peur, qui m'était méconnue durant de longues années, s'immisçait de plus en plus en moi et cela ne me plaisait pas. Je serrai fortement le tissu de mon haut dans ma main avant de prendre une grande inspiration et de partir chercher le chariot de courses, pour par la suite rejoindre mon Maître qui devait m'attendre. Je le trouvai adossé contre un mur, les bras chargés des articles qu'il devait aller prendre et lorsqu'il me remarqua, je discernai une lueur d'énervement dans son regard ténébreux.
« Tu foutais quoi ! Ça fait un quart d'heure que je poireaute ! S'écria-t-il en jetant ses affaires dans le cadi.
- Excusez-moi, j'ai été retenue par le prince, avouai-je sans hésiter.
- Ce n'est pas une raison pour... Attends, tu as vu Taehyung ?! Se rendit-il compte de ce que je venais de dire. Non, non, ne me réponds pas, me coupa-t-il quand j'allais acquiescer. J'ai dit que je ne voulais pas me préoccuper de lui, donc on l'oublie.
- Mais Monsieur Jeon...
- On l'oublie, répéta-t-il sur un ton autoritaire. Viens, on va régler avant d'être en retard sur ton planning. »

Je ne savais pas pourquoi, mais une chose était certaine : Monsieur Jeon n'était pas du tout ravi que le prince me parle.

Il était dix-sept heures. Je me trouvais assise sur le lit de mon Maître, patientant depuis une demi-heure qu'il vienne me rejoindre. Il avait du retard, donc on avait du retard sur l'emploi du temps. Avait-il oublié qu'il devait venir me retrouver dans sa chambre ? Je lui avait pourtant rappelé avant qu'il ne se remette à travailler cette après-midi...

La surprise que je lui avais préparée n'avait pas réellement d'importance, mais pour moi si, car elle pouvait nous rapprocher.

Une demi-heure s'écoula de nouveau et je commençais à perdre espoir. Je frottai nerveusement mes mains entre elles tout en regardant les minutes s'écouler sur le réveil posé sur la table de nuit. Il n'allait pas venir. Je soupirai tout en glissant une mèche de cheveux derrière mon oreille et alors que je me remettais sur mes pieds, la porte s'ouvrit soudainement sur l'homme de la maison.
« J'avais quelque chose d'urgent à terminer. Je n'avais pas oublié que tu m'attendais, dit-il simplement.
- C'est trop tard... Nous n'avons plus le temps pour ce que j'avais prévu, soufflai-je en me dirigeant vers la sortie.
- Qu'est-ce que tu avais prévu ? Me demanda-t-il en se mettant sur mon passage pour m'empêcher de partir.
- Vous avez eu une grosse séance de sport ce matin, donc j'avais l'intention de vous faire un massage intégral. Mais on n'a plus le temps, répondis-je sans cacher ma déception. »

Il arqua un sourcil puis un sourire amusé se dessina sur ses lèvres. Il passa à côté de moi tout en déboutonnant sa chemise, traçant son chemin vers son lit. Il retira son haut, le balança négligemment au sol avant de porter son regard sur moi.
« Qu'est-ce que tu attends ? Je pense qu'on a le temps pour un massage du dos au moins, lança-t-il malicieusement. »

Un faible sourire s'installa à son tour sur mes badigoinces et je finis par refermer doucement la porte pour venir par la suite me placer sur le bord du matelas, à côté de mon Maître qui venait de s'étendre sur le ventre. Je frottai mes paumes entre elles pour les réchauffer un peu et les posai ensuite sur sa peau nue. Je n'attendis pas une seconde de plus pour effectuer de grands cercles à la fois doux et appuyés au niveau de ses scapulas. Je l'entendis soupirer d'aise et mon cœur se gonfla alors de joie. Sans hésitation, j'époussetai mes pieds puis grimpai son corps pour m'asseoir sur son fessier.
« Vas-y, prends tes aises, plaisanta-t-il, sa tête avachie sur son coussin.
- Ne dites rien, sinon j'arrête, chuchotai-je à son oreille. »

Il leva les mains en l'air comme il put, signe qu'il allait garder le silence et je repris mon massage. Ce moment que nous passions ensemble était intime et puissant. Mes doigts se faisaient experts. Ils appuyaient délicatement sur les muscles et forçaient aux endroits tendus pour justement détendre. Mais la plupart du temps, ils glissaient sur sa peau, comme des plumes dorlotées par le vent.
« Que faut-il faire pour devenir une femme libre ? Demandai-je en venant lui faire un massage crânien.
- Je ne sais pas trop. Je n'ai jamais eu à le faire et je n'ai personne dans mon entourage qui l'a fait, soupira-t-il en croisant ses bras sous son oreiller. Tout ce que je sais, c'est qu'il faut remplir un certain dossier et l'envoyer à l'administration du royaume. Sauf que je ne sais pas ce que contient ce dossier et ce qui suit derrière, continua-t-il. Hans ne vous a rien dit ?
- Vous savez, je ne pense pas que cela soit à son avantage de nous apprendre à ne plus être considérées comme des Dolls, répondis-je en me penchant en avant pour embrasser sa nuque. »

Je le sentis se redresser, alors je me sortis du bas de son dos pour m'asseoir sur le lit tout en l'observant me faire face. Il vint porter sa main à ma joue, qu'il caressa par la suite avec douceur de son pouce.
« Quand tu deviendras une femme libre, il n'y aura plus rien qui puisse te retenir ici avec moi, murmura-t-il sans arrêter ses douceurs sur ma peau. »

Je plantai mes prunelles cristallines dans ses opposées. Ma main gauche vint se poser sur le dos de celle de mon Maître qui se trouvait sur ma joue, tandis que l'autre remontait son bras, traversait sa mâchoire pour s'arrêter sur sa joue à son tour. Je voulais que dans mon regard, il ne voit que l'amour que je lui portais. J'ouvris la bouche mais la refermai aussitôt, cherchant les mots parfaits pour ma déclaration. Je me penchai alors en avant et vint embrasser la commissure de ses lèvres, avant de les frôler de les miennes.
« Il restera toujours quelque chose qui me retiendra auprès de vous. Mon envie de vivre à vos côtés, susurrai-je intimement. »

Nous nous fixâmes longuement dans les yeux, comme pour vérifier la véracité de mes mots, puis il vint déposer ses croissants de chair sur les miens. Son autre main libre glissa sur mon cou pour rejoindre l'autre côté de mon visage. Le baiser était tout d'abord simple, mais bien rapidement, il s'intensifia, laissant nos langues se retrouver, nos dents taquiner nos lèvres inférieures et nos souffles se chevaucher. Il libéra une de mes pommettes pour venir placer sa paume au milieu de mon dos tandis qu'il rapprochait son corps du mien, pour nous faire pencher en douceur et nous installer sur la couverture. Son buste au-dessus du mien, son bassin calé entre mes cuisses, il fit dériver sa bouche sur ma mâchoire avant de venir déposer des baisers fiévreux au niveau de mes clavicules. Quant à moi, mes doigts se perdaient dans sa chevelure noire. Les siens vinrent crocheter le bas de mon pull, le soulevant légèrement pour me faire passer un message. Comprenant ce qu'il désirait, je me redressai en levant les bras en l'air, séparant nos badigoinces l'espace d'un instant, le temps qu'il retire mon haut. Sans attendre une seconde de plus, il vint se jeter sur ma poitrine encore recouverte de mon soutien-gorge. Un soupir de plaisir s'échappa de mes lèvres lorsqu'il fit passer sa langue entre mes seins. Il s'écarta à nouveau de moi pour positionner son visage face au mien, ses prunelles luisant de luxure et ses pommettes subtilement teintées de rose.
« Crystal... Je veux le faire, murmura-t-il en venant coincer une mèche de cheveux derrière mon oreille.
- V-vraiment ? Bégayai-je surprise.
- Oui, vraiment, assura-t-il en venant embrasser ma gorge. »

Reprise d'assaut par la sensation de bien-être, je tournai la tête vers la gauche en fermant à demi mes yeux. Mais une chose me fit me redresser d'un coup : le réveil qui affichait dix-huit heures douze.
« Non non non, on ne peut pas ! M'écris-je soudainement en le repoussant plus fortement que voulu.
- Mais qu'est-ce que tu as ? Me questionna-t-il en fronçant les sourcils.
- On est en retard, vous devez vous préparer, expliquai-je ma réaction.
- Je n'y crois pas. Tu n'as pas arrêté de me demander qu'on couche ensemble et maintenant tu me rejettes quand je suis enfin d'accord ? Lâcha-t-il en se laissant tomber sur le dos.
- Croyez-moi, j'en ai envie. J'en ai réellement envie mais je ne veux pas que vous soyez en retard... Soupirai-je. Je vous promets qu'à votre retour, mon corps sera tout à vous, ajoutai-je en me penchant par-dessus lui.
- Tout à moi ? Répéta-t-il en arquant un sourcil avec un sourire en coin.
- Tout à vous, assurai-je en venant faire glisser mon pouce sur ses lèvres.
- Viens avec moi à cette soirée, lâcha-t-il d'un coup en changeant de sujet.
- C-comment ? Vous voulez que je vienne ? Mais... Mais je ne suis qu'une Doll et ... peinai-je à m'exprimer à cause de la surprise.
- Je ne veux qu'une seule personne pour m'accompagner. Je ne veux que toi à mes côtés ce soir et je m'en contrefous de ce qu'ils pourront penser. Ils ne pourront que me jalouser d'avoir une Doll comme toi, une précieuse et surtout la favorite de Kerberton, déclara-t-il en se redressant sur ses coudes. Alors, tu veux bien m'accompagner ? Me demanda-t-il en me regardant droit dans les yeux.
- Oui. Oui je veux bien, acquiesçai-je avec un faible sourire.
- Alors va te préparer. Mets la robe qui tu as mise lors de la réception organisée par Kim, elle t'allait parfaitement. Fais-toi belle, on a une entrée fracassante à préparer, termina-t-il en embrassant vivement ma joue avant de se lever du lit en même temps que moi. »

Je hochai la tête et quittai sa chambre en trottinant. Je pris une douche rapide, me séchai et enfilai aussi vite des sous-vêtements noirs avant de fouiller mon armoire pour récupérer la robe qu'il demandait. Je passai ma serviette dans mes cheveux humides pour en retirer un maximum l'eau qui se trouvait encore dedans, puis les laissai sécher seuls pendant que je mettais l'habit principal. Parfaitement vêtue, ma chevelure coiffée en ma couronne de tresses de la dernière fois, mon maquillage fait, j'étais en train de m'inspecter une ultime fois pour être certaine que j'étais parfaite. Je vis soudainement le reflet de mon Maître à côté de moi. Le costard blanc qu'il portait était la touche divine qui lui suffisait. Lorsqu'il comprit que je le regardais à travers le miroir, un sourire étira sa bouche et il s'adossa contre le cadre de la porte en me faisant signe de me retourner.
« Il manque quelque chose, laissa-t-il entendre pensivement.
- Qu'est-ce qu'il manque ? Si je dois rajouter quelque chose, ça ne peut être que du rouge à lèvre, répondis-je en réfléchissant.
- C'est ça, du rouge à lèvre. Tu en as un rouge ? Me demanda-t-il en s'approchant du meuble de ma salle de bain où se trouvait ma trousse à maquillage. »

À l'entente de ma question, je portais ma main à mon collier posé contre mon buste et sentis mon cœur se serrer douloureusement.
« Un rouge à lèvre rouge ? Je croyais que vous ne vouliez plus de cette couleur... Osai-je dire faiblement.
- Je n'ai jamais dit que je n'aimais pas cette couleur, juste que je n'en porterai jamais, rectifia-t-il en tenant entre ses doigts ce qu'il cherchait.
- Laissez-moi faire, dis-je doucement en tendant la main.
- Non, j'ai envie de te le mettre, refusa-t-il en posant la sienne sur ma joue pour empêcher mon visage de bouger. »

Stupéfaite par sa demande, je ne fis aucun mouvement, mes iris scotchés au faciès du noiraud face à moi. Ses pupilles fixaient avec attention mes croissants de chair, tandis que délicatement, il appliquait le rouge à lèvres dessus. Il prenait son temps, sûrement pour ne pas prendre le risque de dépasser, et lorsqu'il termina, il se recula de deux pas pour voir le résultat.
« Je pense m'être pas mal débrouillé, plaisanta-t-il en refermant le maquillage tandis que je me tournai pour vérifier mon reflet dans le miroir.
- Vous l'avez parfaitement mis, acquiesçai-je en lui refaisant face.
- Je crois que je mérite un baiser pour me féliciter, lâcha-t-il en se penchant vers moi.
- Vous allez avoir du rouge à lèvres si vous faites ça, refusai-je gentiment en posant mon index sur ses lèvres. Souvenez-vous, ce soir je serai toute à vous, susurrai-je mes derniers mots.
- J'ai alors déjà hâte que cette soirée se termine. Tu es ravissante en passant. Je vais séduire ces dames et tu attireras les regards des hommes, termina-t-il avec un sourire en coin avant de quitter ma salle de bain. »

Son compliment me plut au plus haut point, faisant battre mon cœur d'extase. Cette soirée allait être notre soirée.

« Vous êtes séduisant Monsieur Jeon, minauda une femme que je ne connaissais pas et qui avait son bras crocheté à son mari.
- Merci, répondit simplement mon Maître. »

Depuis que nous étions arrivés au gala, dans une grande villa très moderne, nous avions reçu énormément de compliments sur nos apparences. Jungkook attirait les regards et cela ne pouvait que me ravir. Les hommes venaient à sa rencontre pour discuter affaires, les femmes le dévoraient de leurs prunelles luxurieuses. On chuchotait sur sa beauté et son charisme. Quant à moi, on a souvent douté sur mon apparence de Doll et pourtant, je me comportais parfaitement comme telle parce que mon Maître me l'avait précédemment demandé avant d'entrer dans la demeure. On avait fait des louanges sur ma robe, sur mes iris d'une clarté presque inimaginable. On avait essayé de s'entretenir avec moi mais comme je devais être une parfaite poupée éduquée, je ne devais pas me séparer de mon propriétaire. Ce dernier m'appela justement, me prévenant qu'on allait rencontrer quelqu'un d'autre.

Nous allâmes voir un homme seul, d'une très grande taille, sûrement âgé d'une trentaine d'années, à la chevelure aussi sombre que celle de mon Maître mais aux prunelles bleues. Lorsqu'il nous vit arriver, il s'excusa auprès du couple avec lequel il discutait et s'approcha de nous.
« Jungkook Jeon, c'est un réel plaisir de vous rencontrer, s'exclama-t-il en lui tendant la main.
- Damien Graham, le plaisir est partagé. Je vous remercie pour votre invitation, prononça-t-il d'une voix calme en lui serrant la main.
- Qui est donc cette ravissante jeune femme qui vous accompagne ? Demanda-t-il en portant son attention sur moi avant d'écarquiller les yeux. Non... Est-ce réellement Crystal ? La favorite d'Hans Kerberton ? Fit-il surpris.
- C'est bien elle, affirma le directeur de Jeon's Industrie en passant son bras autour de mes épaules.
- Mais comment avez-vous pu l'acheter ? Hans a toujours refusé de la vendre, continua-t-il stupéfait.
- Un ami l'a achetée pour m'en faire cadeau, répondit-il presque avec arrogance. Veuillez m'excuser. Je pense que vous avez d'autres personnes à saluer et j'en ai de même, ajouta-t-il en se détournant de l'homme pour m'entraîner dans une autre direction. »

Damien Graham. Maintenant que je le voyais, son nom ne m'était pas inconnu. Je l'avais souvent vu à Domination's scent pour acheter des Dolls, que des gammes florissantes et si ma mémoire était bonne, il en avait déjà commandé quatorze. Seulement, en regardant autour de moi, je n'en voyais que cinq. Jacinthe. Lavande. Aster. Tulipe. Narcisse. Toutes portaient un masque sur leur visage avec un voile sur le bas de ce dernier, qui ne laissait voir que leurs iris. Elles étaient aussi vêtues d'une longue robe de la couleur de leur fleur, à manches longues et avec un col roulé. J'avais beau tourner mon regard dans toutes les directions, je ne voyais pas les autres.
Alors que mon Maître était encore en pleine conversation avec des inconnus, mon attention fut happée par une autre Doll qui passa à côté de moi avant de disparaître derrière l'angle d'un mur. Mon cœur s'était arrêté l'espace d'une seconde lorsque j'avais croisé ses yeux d'un bleu océan, que j'avais vu ses cheveux longs noirs s'échapper de ma vision.
« Monsieur Jeon, l'appelai-je aussitôt dans un murmure en posant ma main sur son bras pour capter son regard.
- Quoi ? Fit-il en fronçant les sourcils.
- J-j'ai reconnu une vieille connaissance... Est-ce que je peux aller la voir s'il vous plaît ? Demandai-je sur un ton suppliant, pressée de retrouver la personne.
- Vas-y mais dépêche-toi de revenir, m'accorda-t-il avant de recommencer à discuter. »

Je quittai alors précipitamment le noiraud pour partir dans la direction qu'avait prise la poupée. J'arrivai alors dans un grand couloir éclairé par de larges baies vitrées. J'aperçus la silhouette de la Doll qui portait une robe bleu foncé, de la même coupe que les autres, ses talons claquant et résonnant entre les murs. Je me mis alors à trottiner dans l'intention de la rattraper avant qu'elle ne m'échappe à nouveau. Mon rythme cardiaque rapide faisait pulser mon sang dans mes oreilles. Je devais en avoir le cœur net.
« Saphir ! Criai-je tout à coup. »

La jeune femme se figea sur place, puis lentement, elle jeta un coup d'œil par-dessus son épaule avant de se tourner complètement vers moi. Un sentiment de joie s'installa dans ma poitrine en croisant véritablement son regard que je ne pouvais pas oublier. Je me jetai dans ses bras, entourant rapidement sa nuque de mes bras avant de cacher mon visage dans son cou et elle fit de même.
« Saphir, répétai-je, la gorge serrée par l'émotion.
- Pas ici. Les murs ont des oreilles mais aussi des yeux, chuchota-t-elle en s'écartant de moi. »

Elle attrapa ma main et me dirigea dans une pièce que je reconnus être une pièce garde-manger. Elle referma délicatement la porte derrière nous pour ensuite se placer face à moi. Je ne pouvais voir que ses yeux puisque son masque couvrait le reste, le voile sa bouche.
« Tu m'as tellement manqué Saphir, dis-je en triturant nerveusement mes doigts.
- Tu m'as manqué aussi Crystal, fit-elle à son tour en me reprenant dans ses bras.
- J'ai essayé de te revoir à Domination's scent mais on m'avait dit que tu avais été achetée... J'ai cru t'avoir perdue à jamais, articulai-je en l'enserrant un peu plus. »

Elle garda le silence après mes dernières paroles et me lâcha même. Elle resta proche de moi, ses mains venant se poser sur mes joues pour en observer tous les traits de mon visage.
« Tu as tellement changé Crystal... Je suis heureuse de te voir ainsi, murmura-t-elle en retirant ses paumes de mon faciès.
- Pourquoi tu n'enlèves pas ton masque ? Demandai-je en fronçant les sourcils.
- Je n'en ai pas le droit.
- Il n'y a que nous deux ici. Personne ne le saura...
- Crystal... soupira-t-elle.
- Si ce qui t'inquiète c'est que je le rapporte à ton Maître, je ne le ferai pas. Je te le promets, insistai-je avec douceur. »

Elle souffla longuement par le nez puis porta ses mains à l'arrière de son crâne pour décrocher son masque. Lorsqu'elle l'enleva, je vis son visage qui n'avait pas changé en quelques mois. Elle était toujours magnifique, son teint toujours aussi éclatant et plein de vie, ses lèvres aussi pulpeuses. Mais alors que j'allais prendre la parole pour lui demander ce qui lui était arrivé depuis qu'on s'était quittée, des larmes vinrent glisser soudainement sur ses joues. Prise par surprise, j'écarquillai les yeux et vins encadrer son visage de mes paumes, sans trop savoir quoi faire.
« Saphir ? Saphir qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi pleures-tu ? M'inquiétai-je en cherchant à capter son regard mais elle fuyait le mien.
- Ce n'est rien... Juste... Juste de la fatigue, assura-t-elle en attrapant doucement mes poignets.
- On a été éduquées pour ne pas souffrir de la fatigue. On ne pleurerait pas pour ça, en fait on ne pleure pas du tout. Qu'est-ce que tu me caches ? S'enquis-je avec insistance.
- Je ne peux rien te dire Crystal. Non, je n'ai pas envie de te le dire. Ce sont mes problèmes pas les tiens, répliqua-t-elle en retrouvant son air autoritaire de grande sœur.
- Saphir... On a toujours été deux. Tu peux tout me dire...
- Tu te souviens ? Me questionna-t-elle avec un mélange de surprise et d'espoir.
- Si tu parles des discussions qu'on avait malgré le fait qu'on n'avait pas le droit, alors oui, je me souviens. J'ai... j'ai comme des... des rêves qui retracent mon passé à Domination's scent, avouai-je en m'adossant contre le mur.
- Des rêves ? Répéta-t-elle en arquant un sourcil.
- Oui. Au départ je pensais que ce n'était que des inventions de mon cerveau mais c'était bien trop réaliste pour moi. J'ai beaucoup rêvé de nous, de nos moments dans notre chambre. Comment ai-je pu oublier ça ? Ce n'était... ce n'était pas important pour moi de m'en souvenir ? M'interrogeai-je, ne comprenant pas toute la signification de ce que je vivais.
- Crystal. Pourquoi es-tu ici ? Me demanda-t-elle sérieusement.
- Monsieur Jeon voulait que je l'accompagne, répondis-je dans un soupir.
- Tu n'aurais pas dû venir. Vraiment.
- Pourquoi ? Ce n'est qu'un simple gala de charité, fis-je confuse.
- Tu te souviens de qui est Damien Graham ? Souffla-t-elle en passant sa main dans ses cheveux.
- Oui. C'est ton Maître et il est souvent passé à la boutique. Mais qu'est-ce qu'il y a à propos de lui ? M'impatientai-je en me redressant.
- Il est souvent venu à la boutique pas pour acheter des florissantes mais parce qu'il ne désirait qu'une seule Doll. La favorite d'Hans Kerberton, donc toi, expliqua-t-elle en croisant les bras sur son ventre.
- Je sais mais je ne vois pas où tu veux en venir... »

Elle ouvrit la bouche pour me répondre mais la porte s'ouvrit soudainement sur une Doll que je n'avais pas remarquée. Iris, une jeune poupée qui devait avoir eu récemment dix-huit ans.
« Saphir ? Le Maître t'attend, la prévint-elle en gardant fermement la poignée du battant dans sa main. »

Ne faisant pas attention à mon aînée, je me concentrai sur ma cadette pour observer ses moindres faits et gestes. Je ne pouvais voir son visage, comme toutes les autres poupées, juste ses iris bruns qui brillaient d'une lueur qui me surprit. En voyant ceci, je fis parcourir mes yeux sur son bras et je découvris qu'elle était en train de trembler discrètement.
« J'arrive tout de suite Iris, déclara Saphir, me coupant alors dans mon observation. »

La jeune fille acquiesça d'un hochement de tête avant de refermer la porte, nous laissant de nouveau seules. La noiraude soupira longuement en passant sa main dans sa chevelure, mais moi, j'avais encore en tête ce que je venais de voir.
« Saphir... Qu'est-ce qu'il se passe ici ? La questionnai-je le cœur battant.
- Rien.
- Ne me mens pas ! Elle tremblait ! Iris semblait complètement effrayée ! M'écriai-je agacée qu'elle ne me dise pas la vérité.
- Crystal, je dois y aller. »

Elle ne me laissa pas le temps de dire quoi que ce soit. Elle vint prendre mon visage en coupe avant de plaquer ses lèvres sur les miennes. Tout d'abord surprise par son geste, je me laissai aller à ce baiser qui était étrangement rempli de passion. Je le ressentais à la pression appliquée sur mes croissants de chair. Elle s'écarta une fois, embrassa à nouveau ma bouche puis s'écarta définitivement de moi avant de remettre son masque sur sa figure. Sans prononcer un mot, elle se dirigea vers la sortie et je la suivis aussitôt.

Nous rejoignîmes la salle de réception. Mais à peine mis-je un pied dans la grande pièce qu'une personne m'attrapa par le bras. Je me retournai vivement tandis que ma sœur ralentissait sa marche, et je constatai que c'était Jungkook.
« Tu foutais quoi bordel ? Tu ne comprends pas quoi dans reviens vite ? S'agaça-t-il tout bas pour ne pas qu'on nous entende. »

Je le vis froncer les sourcils lorsque ses prunelles glissèrent sur ma bouche. Tout à coup, il porta son attention sur Saphir et avant qu'elle ne puisse esquisser le moindre mouvement, il attrapa son bras et souleva son voile pour dévoiler ses lèvres dont le rouge à lèvres rouges avait légèrement coulé. Il la lâcha par la suite et elle en profita pour s'échapper loin de nous. Quant à lui, le regard qu'il posa sur moi se fit bien plus sévère.
« Tu l'as embrassée, dit-il simplement.
- Oui, répondis-je sincèrement.
- Pourquoi ?
- Nous partagions une chambre depuis que je suis à Domination's scent et nous nous embrassions pour nous entraîner. Depuis c'est devenu une habitude. Je vous promets Monsieur Jeon qu'il n'y a pas de sentiments, tenus-je à ajouter en voyant l'expression de son visage se faire plus grave.
- Je ne veux plus que tu le fasses. Cela peut peut-être exciter plus d'un de voir deux femmes s'embrasser mais ce n'est pas mon cas. Tes lèvres ne sont qu'à moi, termina-t-il froidement.
- Je ne le ferai plus, promis-je avec un pincement au cœur.
- B...
- Monsieur Jeon, je vous retrouve enfin, intervint soudainement une voix. »

Nous nous retournâmes en même temps vers notre interlocuteur qui se trouvait être Damien Graham, un verre de whisky en main et un grand sourire sur ses badigoinces. Mon Maître retrouva son sourire complètement faux qu'il avait lorsqu'il parlait de sujets de travail. Il se tenait droit et fier, et son attitude me poussa inconsciemment à en faire de même en me tenant à côté de lui.
« Pardonnez-moi, j'étais à sa recherche. Je lui avais demandé d'aller me chercher un verre mais quelqu'un lui a arraché des mains, mentit-il avec facilité. »

Je me retins de froncer les sourcils, ne comprenant pas pourquoi il avait inventé cette histoire. Je n'y fis pas plus attention, préférant écouter leur discussion d'une oreille distraite tout en cherchant Saphir parmi la foule. Je n'appréciais pas le fait qu'on soit de nouveau séparées alors qu'on venait tout juste de se retrouver...
« J'ai entendu dire que vous étiez assez dur en affaires, discernai-je la voix de mon Maître.
- Il faut avouer que je suis difficilement satisfait par ce qu'on peut me proposer. Je ne veux que le meilleur, je ne veux que ce qui est de la qualité d'une pierre précieuse, répondit l'autre dans un rire léger.
- Je pense avoir ce qui pourrait vous intéresser mais avant tout, j'aimerais avoir une certitude que vous voudriez bien signer un contrat avec moi, insista-t-il en fouillant la poche intérieure de son costume blanc. »

Il fallait avouer que je ne comprenais pas réellement de quoi ils étaient en train de discuter et je m'en fichais un peu. Pourtant quelque chose me dérangeait tout de même : les regards incessants de Monsieur Graham. J'entendis les deux hommes rire soudainement. Damien faire la réflexion que mon Maître prévoyait toujours tout, ce dernier répondre qu'il avait passé l'après-midi dessus pour que tout soit parfait. Ce fut à ce moment que je vis mon propriétaire tendre un contrat à son futur collaborateur qui n'attendit pas une seconde pour le lire dans son intégralité avant de le signer avec un énorme sourire et un dernier regard jeté sur ma personne. Il lui rendit sa feuille et ils se serrèrent la main. Suite à cela, Jungkook rangea soigneusement le papier qui se trouvait initialement dans sa poche avant de remettre correctement les pans de son costume.
« Ce fut un réel plaisir de faire affaire avec vous. Il commence à se faire tard, je pense donc rentrer, annonça mon Maître poliment. Je vous enverrai d'ici demain une copie de notre contrat.
- Le plaisir est partagé. Merci pour l'offre qui fut des plus alléchantes. Rentrez bien chez vous, répondit l'autre en se rapprochant de moi étrangement. »

Le directeur de Jeon's Industrie commença à tourner des talons et je m'apprêtais à le suivre quand soudain, il leva ma main pour m'arrêter dans mon élan.
« Monsieur Jeon ? Fis-je avec incompréhension.
- Tu ne rentres pas avec moi Crystal. Tu resteras ici avec ton nouveau Maître, Monsieur Graham, déclara-t-il en me fixant calmement dans les yeux. »

Quelque chose se brisa en moi tandis que des frissons se propageaient le long de ma colonne vertébrale. Non. Ce n'était pas possible. Il... Il m'avait échangée contre ce contrat ? Ne voulant pas le croire, je secouai négativement la tête tout en souhaitant faire un pas vers lui, mais Damien me retint par le bras. Dans un sursaut, je tirai sur ce dernier pour me libérer, voyant avec panique que Monsieur Jeon était en train de s'en aller sans moi.
« Monsieur Jeon ! Criai-je, attirant alors tous les regards sur moi. Monsieur Jeon ne partez pas sans moi !
- Crystal. Il n'est plus ton Maître, c'est moi maintenant, articula l'homme qui me retenait toujours.
- Je vous en supplie ! Continuai-je en le voyant s'approcher de la porte d'entrée. Monsieur Jeon ne m'abandonnez pas ! Ne m'abandonnez pas... »

Il venait de disparaître. La porte s'était refermée derrière lui. Les larmes coulaient sur mes joues, ruinant mon maquillage qui était parfait. Les sanglots secouaient douloureusement mon corps et ce fut encore plus douloureux lorsque j'entendis mon nouveau Maître prononcer ces mots :
« Ne t'inquiète pas Crystal, je prendrai bien soin de toi puisque je t'ai enfin à moi. »

Bien le bonjour tout le monde ! 

Comment allez-vous ? J'espère que vous profitez à fond de vos vacances ! 

Bon, parlons de ce chapitre. Ça va ? Vous vous en remettez ? Il y a énormément d'information et en plus de sa longueur, il est d'une importance capitale ! 

- Qu'avez-vous pensez de ce chapitre ? De Crystal ? De Taehyung ? De Carmen ? De Jungkook surtout ? 

Je vous souhaite une bonne fin journée et à très bientôt pour la suite ! 

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