Un jour, j'ai parlé au temps,

Il m'a demandé un sujet impressionnant,

Ne sachant que dire,

J'ai dû réfléchir,

J'ai envie de parler d'un sujet dont je serais roi,

Mais avant tout d'un sujet qui ne se soumettrais pas à moi,

Je veux le voir comme un long chemin inconnu, sans début ni fin,

Enchainant un pas et un autre pas, sans but ni faim,

Je pourrais aussi piocher une carte, qui me guidera

Laisser au hasard, l'embarras du choix

Emprunter ce sujet, sans savoir ce que ce valet valait,

Mais avant de parler,

J'avais appris à écouter,

Mon oreille curieuse,

Avait de quoi être heureuse,

Avec toutes les paroles que je lui offrais à entendre,

Même si avec la fatigue, elle avait tendance à se tendre,

J'appris à mes dépends,

A quel point les gens aimaient parler d'argent,

Un sujet devenu monnaie courante,

Ou plutôt monnaie lassante,

Quand on me pose la question,

Sur mes biens, mes possessions,

Je leur réponds que ma fortune n'est pas comme la leur,

Ce sont mes mots, ma richesse, mon bonheur,

Mes compagnons de voyages,

Mon livre pour seul bagage,

Le temps m'a observé,

Longuement, d'un air posé,

Comme s'il se doutait,

Que mon sujet, je l'avais,

Parler des mots,

Loin d'être sot,

Pourquoi leur donner cette importance ?

Peut-être bien par ce que je leur donne un sens,

Peut-être par ce que mes mots sont tous ce que j'ai ?

Je repense à ceux qui veulent donner sens à la monnaie...

Le temps, lui, n'observe que ses horloges,

Les couvrant d'éloges,

Mais oubliant l'essentiel,

Peut-il se résumer qu'à ses tour d'aiguilles, frêles ?

A-t-il oublier la rivière et la flèche ?

Tout comme ses vanteurs d'argents,

Ont-ils laissé dans l'oubli quelques talents ?

Des forces bien plus précieuses que leurs billets,

Leurs pièces, leurs monnaies.

Mais puis-je les pointer du doigts sans me sentir visé ?

A ne voir que mes mots à manier,

Sans prêter attention aux alentours,

Comme coincé dans une haute tour.

J'ai parlé au temps,

Je lui donné sens aux mots,

Il m'a donné sens au reste.