Don't Stop The Show (1)

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Mon réveil n'a même pas encore sonné, que je suis déjà debout, après un étrange rêve, dont je me souviens dans les moindres détails, comme si je l'avais vraiment vécut, alors qu'en temps normal je garde en mémoire seulement quelques scènes. Mais en plus, je ne le comprends pas, il semble tellement irréaliste. Honnêtement, même si c'est un rêve, pourquoi, alors que le concert du Wembley a vraiment existé et que je le connais, est-ce que je l'ai à ce point modifié ? Surtout que je connais vraiment le concert par cœur. Du moins, j'avais l'impression de le connaître par cœur, mais je commence même à en douter à force. Sans parler de ma double rencontre avec Terrie Century, c'est totalement ahurissant comme rêve.

Tenant absolument à comprendre ce qu'il s'est passé, j'allume mon ordinateur, même si je sais que ce n'est pas du tout du rêve dont je devrais me préoccuper, mais plutôt qu'aller voir mon frère et ma mère à l'hôpital. Pourtant, rester focalisée sur ce que j'ai vu cette nuit est bien plus agréable que de penser à la mort de mon père...

Une fois Internet ouvert, je recherche le nom de l'album basé sur le concert, c'est plus simple pour voir quelles chansons étaient jouées, mais le réseau bugue et affiche un show de David Bowie. Presque énervé, j'insiste en rajoutant Her Majesty à ma recherche et ce coup-ci, il ne veut pas me proposer de page Wikipédia, mais seulement les images du concert sur YouTube. M'en contentant, je clique sur le lien et avant vers le milieu de show pour vérifier quelle musique est passée après Jump. J'entends alors exactement la même version que dans mon rêve, ce qui est plus qu'étonnant. Pourtant, je suis vraiment sûre de moi, normalement je le connais par cœur, j'en suis certaine, je ne sais même pas comment j'ai pu oublier un truc pareil.

J'allais fermer la page et me préparer pour passer à l'hôpital quand je remarque dans les suggestions, une interview de Her Majesty, par rapport à une musique que je n'ai jamais entendue parler, je suppose même que ce n'est pas une des leurs, surtout vu le titre : Waltz For Debrah. Il ne contient pas vraiment mon prénom, mais c'est bien trop proche pour que je ne le remarque pas avant.

Oubliant mes plans, j'ouvre la vidéo, qui commence sur un extrait d'une musique, assez harmonieuse et dansante, presque à la manière d'une valse, d'où le titre. Et quand les premières paroles arrivent, je suis choquée d'entendre que c'est bien la voix de Terrie Century, aucun doute, c'est son timbre, les mots utilisés sont aussi ceux de la chanteuse, je reconnais sa manière d'écrire. Et assez rapidement, je suis choquée de remarquer que la chanson semble me parler, mais pas seulement, elle paraît être à propos de moi, racontant l'histoire d'une fille un peu perdue dont les yeux reflètent de la tristesse alors que son visage sourit, qui ne demande qu'une danse pour être réconfortée.

N'attendant même pas le début de l'interview, je cherche la mélodie sur Ecosia, voulant comprendre comment cette musique a pu m'échapper pendant sept ans. D'après ce que je lis, c'est une chanson de Her Majesty datant de 1987, l'un des principaux singles d'un album de nom de Dancefloor. Ce qui pourrait paraître normal si je ne connaissais pas le groupe, mais là, il y a deux problèmes, il n'y a jamais eu de disques du groupe en 87, il y en a eu deux en 86 et un en 88, mais rien entre les deux, comme si ce n'était pas assez, aucun album de Her Majesty ne s'appelle Dancefloor.

Je vais alors sur la page de l'album et tous les singles qu'il contient me sont complètement inconnus, aucun titre ne me dit quelque chose. Et les disques sortis avant et après eu aussi ne sont pas logiques, ce n'est pas With Heaven et Wembley'86, comme la chronologie le voudrait, mais Come On et Prodigious – un autre album qui m'est inconnu. Commençant à avoir de sérieux doutes sur mon équilibre mental, je passe sur la page Wikipédia de Her Majesty et dès les premières lignes, je sais que quelque chose cloche, il ne parle pas de la mort de Terrie Century, en 1986, mais de celle de Warren Century, en 1993, du SIDA.

C'est quoi ces conneries ?! Je veux bien ne pas avoir oublié une des musiques du groupe – même si la musique porte en partie mon nom et que j'ai établi la liste complète des chansons de Her Majesty pour être sûre de toutes les connaître. C'est déjà assez improbable, mais OK, pourquoi pas ? Ne pas connaître deux albums, on part sur quelque chose de carrément impossible, ce n'est pas comme si le groupe avait cent CD, non, ils n'en ont que quinze – enfin je n'en suis plus si sûre maintenant... Mais alors, croire que c'est la jumelle Century qui est morte d'un accident de voiture et non pas le jumeau, du SIDA, plusieurs années plus tard, c'est inconcevable.

Presque, l'option la plus probable, c'est que j'ai réellement voyagé dans le temps cette nuit et que j'ai modifié bêtement le passé. Ça paraît être impossible, mais c'est toujours plus probable que le fait que ma mémoire se soit entièrement altérée en une nuit.

Et si j'ai vraiment fait un tour dans le passé, ça signifie que je peux le refaire et sauver la vie de mon père, peut-être même faire en sorte que l'accident n'ait pas lieu. Je ne sais pas encore comment je vais m'y prendre, mais je le ferai, c'est certain.

Soudain, je m'aperçois que je n'ai aucune idée de l'endroit où se trouve le carnet, normalement il est dans ma veste. Mais je ne me souviens même plus de l'avoir enlevé ni même posé quelque part. J'espère juste qu'elle soit sur le porte-manteau de l'entrée. Je sors à pas de loup de ma chambre, tentant de ne pas réveiller mes amies, il est encore assez tôt. À côté des autres, vestes, il n'y a pas la mienne, je crains presque de l'avoir oublié à l'hôpital, même si je ne sais pas comment j'aurai fait mon compte, surtout avec la pluie qu'il y avait quand je suis rentrée, mais on ne sait jamais.

La veste n'est pas là, mais heureusement le petit bloc-notes est par terre, après tout, même si j'adore mon cadeau, il n'est pas aussi précieux que le carnet, si ce dernier peut bel et bien sauver mon père. Je devrais un peu m'inquiéter pour mon cadeau d'anniversaire, mais là, actuellement, je m'en fous. Je ramasse le carnet et retourne dans ma pièce pour l'ouvrir. Je prends le stylo à l'intérieur et tente d'écrire la date du 1er juin 1998, la veille de ma naissance, je ne sais pas encore ce que je vais faire, mais je ne peux pas aller plus proche de celle de l'accident, alors il faudra bien que je trouve un truc. Mais le stylo ne veut pas écrire, abandonnant celui-ci, j'en prends un autre sur mon bureau, qui ne fonctionne pas non. Énervée, je teste tous les crayons à proximité, mais aucun ne marche, pourtant, ils écrivent sans problème sur une feuille blanche !

Je ne comprends pas tout de suite le problème et quand je tilt, je me sens bête, dans le règlement, il est dit que je peux « programmer un voyage que toutes les vingt-quatre heures ». Et dire que j'ai fait un voyage hier pour ma petite personne, maintenant, je vais devoir attendre jusqu'à quinze heures pour remplir le formulaire. Génial ! Heureusement que le concert auquel j'ai assisté a changé mes idées et que même sans le faire exprès, j'ai suffisamment modifié le passé pour le remarquer. Ce qui me permet de savoir que j'ai réellement été dans le passé et que ce n'est pas seulement un rêve.

Ne pouvant rien faire pour mon père pour l'instant, je laisse aller ma curiosité, voulant savoir à quel point j'ai modifié le passé. Je me replace devant mon ordinateur avant de lire la biographie de Her Majesty pour voir tous les changements que j'ai causés à mon groupe préféré. Je découvre alors étonnée qu'ils ont fait trois autres concerts au Wembley en 1988, dans le cadre d'une tournée qui fut leur dernière avant la mort de Warren, cinq ans plus tard, d'après ce que je comprends, la presse n'était pas au courant de sa maladie et le groupe à simplement dit qu'ils voulaient se poser après beaucoup de tournées d'affilée.

Dans cette période, ils ont créé des dizaines de singles, que je suis déçue de ne jamais avoir entendus, mais je compte bien me rattraper aujourd'hui, ça m'occupera si jamais je dois attendre des nouvelles de ma famille toute la journée à l'hôpital. Je suis presque impatiente, c'est malsain. Je ne devrais même pas me renseigner sur le groupe à l'heure actuelle, même si le CHU n'accepte pas encore les visites, à l'heure qu'il est.

Malgré ma bonne conscience, je me replonge dans l'article, qui m'apprend que les Jumeaux Century ont révélé la maladie de Warren, quelques heures seulement avant la mort de ce dernier. Et qu'après, comme lors de la mort de Terrie – qui n'a pas eu lieu du coup –, il y a eu un immense concert hommage réunissant tous les grands noms de la musique, mais contrairement à celui dont je me souviens, les bénéfices ont été offerts à une association luttant contre le SIDA et non une aide humanitaire. Après quoi, il y a eu deux autres albums, dont les titres sont proches de ce que je connais, et des concerts à but caritatif.

Il me reste encore plusieurs lignes à lire, mais je me fais interrompre par Isabelle qui toque à la porte de ma chambre.

— Hey... Hier, tu as dit que tu voulais aller à l'hôpital à sept heures et il est presque l'heure alors je m'inquiétais de ne pas te voir... affirme-t-elle, en paraissant ne pas du tout savoir comment être face à moi.

Je ne me souviens plus d'avoir dit ça hier, mais peu importe, c'était mon plan et je n'avais pas fait attention à l'heure, sans elle, j'aurais sans doute perdu quelques minutes de plus. Je la remercie avant de m'habiller vite et préparer mes affaires pour les partielles de la journée – regrettant déjà d'avoir fait des recherches au lieu de réviser. Dès que je suis prête, je récupère le carnet et passe rapidement dans la cuisine pour prendre de quoi manger en route. Isabelle me propose de m'accompagner et j'accepte, un peu de compagnies ne me fera pas de mal. Alors nous partons, toutes les deux, jusqu'à l'hôpital. Dès que nous y sommes arrivées, je vais à l'accueil demander des nouvelles de ma mère et de mon frère.

— Ils vont bien tous les deux, votre mère est encore sous sédatif, elle devrait se réveiller dans la matinée et votre frère est réveillé, si vous voulez le voir, il est dans la chambre 713, au septième étage, m'annonce l'infirmière, qui est la même qu'hier soir, elle ne paraît même pas étonnée de me recroiser.

Je ne peux même pas définir le soulagement que j'éprouve, même sans y penser, j'avais créé des scénarios catastrophes dans la tête, où l'un de mes deux proches faisait une rechute durant la nuit, mais apparemment, j'avais tort de m'inquiéter. Je la remercie avant de prévenir Isabelle que je vais voir mon frère, si jamais elle veut venir avec moi, mais elle affirme qu'elle préfère me laisser seul à seul avec Arthur, ce qui m'arrange presque.

Sans plus attendre, je prends l'ascenseur jusqu'au septième étage, là-bas, je tente de me repérer dans le labyrinthe de couloirs, je finis par trouver la chambre de mon frère, mais sans vraiment avoir de l'aide, j'ai l'impression que les panneaux d'indication ne sont pas correctement disposés. Devant la porte, j'hésite, ne sachant pas trop s'il va m'entendre si je toque, j'essaye tout de même, ça ne coûte rien et quand je comprends que je n'ai pas de réponse, je rentre. À l'intérieur, la pièce ressemble beaucoup à celle que j'ai occupée hier, même mur citron, même odeur d'antiseptique, mais cette fois, elle est envahie de matériel médical inconnu à mes yeux. Mon pauvre frère semble être relié de partout, il a même sa jambe cassée de maintenue en l'air en plus d'être emprisonnée dans un plâtre.

Quant à lui, Arthur paraît s'ennuyer énormément, allongé sur son lit, à regarder l'extérieur, il met même quelques secondes à remarquer que je suis rentrée dans la pièce. Mais au moment où il me voit, son visage s'illumine, malgré les traces de larmes – qui dans un sens me rassure, ça signifie sans doute que je n'aurais pas à lui annoncer le décès de notre père.

— Je crois que c'est foutu pour le Batumi, affirme-t-il en tentant clairement de faire de l'humour pour détendre l'atmosphère déjà lourde entre nous.

Je mets quelques secondes à comprendre ce qu'il raconte et c'est seulement quand il indique sa jambe que je réagis qu'il parle du championnat international de danse auquel nous devons participer au mois de juillet, je ne vois même pas comment il a pu penser à ça. Mais peut-être s'est-il réveillé longtemps avant qu'une infirmière lui annonce la mort de papa.

En attendant, sa remarque me fait presque sourire, pas seulement parce qu'elle est incongrue, mais aussi parce qu'elle me rappelle des dizaines de bons moments avec mon père.

— Mais on le fera une autre année, pour papa, arrivé-je à dire, tandis que les larmes reviennent de plus belles.

J'entraîne alors mon frère dans mon deuil. Je m'assieds sur le bord de son lit et le prends dans mes bras, tentant de le réconforter, même si j'en ai tout autant besoin que lui. Nous restons là, enlacés, à pleurer à l'unisson un certain temps, avant que Arthur ne murmure :

— Ça va aller, on est tous les deux, papa a rejoint Ralph... et maman ira mieux, ajoute-t-il dans un sanglot qu'il n'arrivait plus à retenir.

Il paraît plus essayer de se rassurer lui-même que moi, parlant même de notre grand-père. J'ai presque envie de lui de lui dire que papa a bel et bien rejoint Ralph, que j'ai vu ce dernier avancer vers notre père, qu'ils sont ensemble dans un magnifique lieu verdoyant. Mais je ne le fais pas, par peur d'être prise pour une folle, je me prends déjà moi-même pour une folle, ne comprenant pas comment j'ai pu deviner en avance la mort de mon père et rêver de le voir au paradis. Ce n'est même pas une expérience de mort imminente, il faut être passé à côté de la mort pour que ce soit le cas d'après la plupart des livres et des films, alors que moi, je n'ai même pas une égratignure.

Je finis par être obligée d'abandonner mon frère pour aller au rattrapage, mais je lui promets de revenir le voir au plus vite.

Après ça, la journée passe calmement. Je fais mes examens en mode zombie. Je suis avec mon frère le reste du temps. Je vais voir ma mère encore inconsciente. Je remplis un formulaire dans le carnet pour aller à la maison de mes parents, la veille de ma naissance. J'ai même monté un plan en béton armé pour sauver mon père en évitant l'accident. Tout ça sans vider toutes les larmes de mon corps – pourtant, Dieu sait que j'ai pleuré aujourd'hui. Maintenant, j'attends patiemment de m'endormir pour enfin mettre mon plan à exécution.

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