Girls Band (3)

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 — Ouais... mais je suis en train de servir tout le monde, je ne vais pas reposer la bouteille toutes les deux secondes !

— Tant que tu y es, j'en veux bien aussi, réclame-t-il en me lançant un verre alors qu'on est à trois mètres l'un de l'autre, heureusement, j'arrive à la rattraper, même à une main. Oh ! J'adore cette chanson ! ajoute-t-il en tapant dans les mains et en sautillant, presque à la manière d'un enfant – je critique, mais je ferais exactement la même chose si c'était une musique que j'aime.

Il fait alors une mini danse de la joie, avant d'aller vers Déborah et lui faire un baisemain, tout sourire avant de demander :

— M'accorderiez-vous cette danse ?

Je ne peux pas m'empêcher de rire, c'est quoi ces manières ?!

Je ne suis d'ailleurs pas la seule puisque Déborah rit aussi, ne semblant pas mieux comprendre que moi pourquoi il fait ça.

— Eh, Déby, ne crois pas que Warren te drague là, c'est juste un pitre, déclare Leroy en arrivant et en posant son bras sur les épaules de la fille.

— Oui, je sais, il préfère les hommes... Et de toute manière, même si ce n'était pas le cas, je ne vois pas où est le problème et encore moins pourquoi ça te regarde ? Aux dernières nouvelles, on n'est pas ensemble et ce n'est pas parce que tu as dansé avec moi que tu détiens une sorte de droit ou de contrôle sur moi. Je ne suis pas une propriété privée et je danse avec qui bon me semble, ce n'est pas un privilège réservé à des de mes proches. Alors maintenant, Leroy King, tu vas me lâcher et me laisser tranquille, merci beaucoup. Et pour répondre à ta question Warren, oui, j'adorerais danser avec toi, même si cette musique n'est pas du tout dans mon registre habituel.

J'adore cette fille, vraiment ! Elle n'est pas comme toutes les autres, elle a plus de caractère, elle ose plus, elle dit ce qu'elle pense et elle semble bien plus libre. C'en est presque perturbant.

Leroy par contre paraît apprécier beaucoup moins cette liberté de parole, vue comme il retire son bras des épaules de la fille, vexée. Mais honnêtement, je ne vais pas le plaindre, pour une fois, ça ne lui fait pas de mal de se faire remonter les bretelles par une donzelle. Une fois « libérée », Déborah entraîne mon frère hors de la cuisine et ce dernier la suit en rigolant, presque tordu de rire, semblant vraiment très amusé par la situation.

Je les suis du regard, trouvant la manière dont a dérapé la situation vraiment très comique, de base, nous étions tranquillement en train de se servir à boire et voilà que Déborah laisse en plan Leroy pour aller danser avec mon jumeau, après avoir clairement affirmé qu'elle le savait gay... Attends ! Comme elle le sait d'ailleurs ? Ça ne fait clairement pas partie des choses que Warren crie sur tous les toits et il faut clairement le connaître pour le deviner. Et voilà que Déborah affirme qu'il aime les hommes, comme si ce n'était pas un tabou et que c'était complètement normal, voire naturel, comme si c'est quelque chose qu'elle savait depuis longtemps, alors qu'ils ne se sont parlé que deux fois et qu'ils ne se connaissent que depuis quatre jours.

C'est définitivement très bizarre, je suis peut-être toujours très en retard sur les ragots, mais au point de ne pas savoir que la presse est au courant pour la sexualité de mon frère jumeau, ça m'étonnerait vraiment beaucoup. Il va falloir que je lui demande d'où elle sort ça, peut-être aussi que je lui dise de ne le répéter à personne. Mais en attendant, je ne vais pas lui parler de ça pendant qu'elle danse, en plus, la soirée n'est pas encore finie, j'aurai largement le temps de lui poser la question plus tard. Surtout qu'elle semble bien s'amuser, je n'ai pas envie d'interrompre son rire et sa légèreté.

Après quelques secondes, j'arrête de la regarder rire en dansant et je me retourne vers mes amies, pour reprendre notre « discussion » où nous l'avons laissée avant d'être dérangées par Warren puis Leroy, qui est aussi repartie maintenant, nous laissant entre filles. Dès que nous avons toutes des verres remplis, je propose à Ann et Ruth de sortir prendre un peu l'air pour pouvoir parler plus tranquillement, sans être trop dérangé.

— Les filles, j'ai une question à vous poser, comme Ruth le sait déjà, j'ai commencé à écrire une musique sur l'amitié, je pourrais même dire notre amitié, commencé-je à expliquer une fois dehors. Mais c'est plutôt une chanson sur les groupes d'amies en général, je ne veux pas faire quelque chose de précis, je veux que ça corresponde à tout le monde. Pour l'instant, je n'ai écrit que quelques paroles, mais il manque encore ma petite touche pour que ce ne soit pas complètement plat, je ne sais pas si vous voyez ce que je veux dire.

« Et tout à l'heure, j'ai pensé que je pourrais rajouter une petite dose de féminisme, mais pas du féminisme les femmes doivent régner sur le monde, non plutôt « les hommes ne doivent pas faire aux femmes ce qu'ils ne voudraient pas qu'elle leur fasse », l'égalité des sexes quoi. Mais du coup, je voulais vous en parler avant, parce que c'est un peu notre chanson, alors je ne veux pas faire de bêtise avec, surtout si vous n'êtes pas d'accord. Alors, vous en pensez quoi ?

— Moi, j'aime beaucoup l'idée... mais faut que ce soit bien écrit... hésite Ann, paraissant tout de même vraiment apprécier la proposition, ça se voit, même si elle ne le hurle pas. Enfin que ça n'arrive pas en plein milieu comme si de rien n'était...

— Peut-être aussi que ce ne soit pas la première chose qu'on voie sur la musique, limite que ça ne se remarque pas tout de suite, mais que l'on comprenne quand même le sens à la deux ou troisième écoute... complète Ruth en pensant pareil qu'Ann.

J'adore, je leur demande un avis et j'ai de bonnes idées en supplément. Bien sûr, elles ne vont pas faciliter l'écriture, mais si j'y arrive, ce serait parfait.

— Tu me connais, je vais faire les choses bien, je ne compte pas me précipiter et écrire quelque chose de décousu, il faut que ce soit top. En plus, ça ne me gêne pas s'il me faut dix ans pour que ça soit parfait, ça prendra dix ans.

— Prends dix ans, c'est bien dix ans, comme ça, j'ai le temps de faire la mélodie, rigole Ruth qui a visiblement bu un peu plus que d'habitude vue son rire et ses paroles, ça ne choque pas encore vraiment, mais là, à la fin de la soirée, elle sera complètement ivre, si elle continue comme ça. En vrai, j'adore ton idée, mais je ne te laisserai pas faire de conneries. De toute manière, vu qu'on écrit à deux, je vais aussi jeter un coup d'œil aux paroles qu'on soit bien accordées.

— Oui, logique, sinon ce n'est pas vraiment de la composition en duo. Et ne t'inquiète pas, ce n'est pas la peine que tu précises que tu vérifieras, je suis habituée, je sais comment m'y prendre pour écrire à deux, je ne compte pas te laisser de côté, sinon je ne t'en aurais même pas parlé, la rassuré-je, mais vu sa tête, je ne suis pas très douée pour rassurer les personnes, bon aussi, elle s'inquiète facilement, mais quand même.

C'est quand elle explose de rire que je comprends qu'elle faisait semblant et qu'en réalité, elle a confiance en moi. Je me joins alors à son rire contagieux et nous sommes vite rejointes par Ann, qui ne peut pas s'empêcher de rigoler à son tour. Et aucune d'entre nous n'arrive à se calmer, dès que j'arrête de rire, je repars de plus belle, rien qu'en les voyant. C'est seulement quand nous avons mal au ventre à force de rigoler que nous réussissons à stopper la crise de fou rire.

Maintenant un peu plus calmes, nous continuons de parler un moment, jusqu'à retourner à l'intérieur, principalement pour se remplir nos verres, il faut bien l'avouer. Mais quand nous entendons la musique changer pour I Can't Get No Satisfaction des Rolling Stones, nous abandonnons nos plans pour nous précipiter sur la piste de danse, moi la première, j'adore cette chanson et surtout tout ce qu'elle signifie pour moi : c'est la première musique que j'ai entendue en arrivant en Angleterre, pour moi, elle illustre à elle seule mon rêve britannique et je m'en souviendrai à jamais. Sans compter que c'est le premier vrai rock que j'ai entendu de ma vie, cette musique, c'est tout un symbole. Sans elle, je n'ai pas la moindre idée de si je serai là aujourd'hui, encore moins si je ferais partie de Her Majesty. Et vu que ce symbole est commun à mon jumeau, je ne doute pas qu'il est choisi volontairement ce vinyle.

Dès que je suis au milieu de la pièce, je me mets à danser, comme si personne ne me regardait, comme s'il n'y avait pas des dizaines de personnes autour de moi, comme si j'étais seule chez moi, juste moi dans ma bulle, les yeux fermés à danser. C'est seulement quand les dernières notes de Satisfaction résonnent que je me concentre de nouveau un peu sur la réalité, mais je ne m'arrête pas de danser pour autant, même si c'est passé des Rolling Stones aux Beatles.

Tournant sur moi-même aux rythmes de Help, je vois alors que Déborah est juste à côté de moi, encore plus proche que ne le sont Ann et Ruth, qui dansent également. Une fois de plus, au milieu de la foule, Déborah se distingue, étant d'une grâce et d'une légèreté étonnante, complètement libre et complètement à part comparée aux autres. Comme ça, elle ne paraissait rentrer dans aucun moule, sans même s'en préoccuper.

Elle est simplement là, à vibrer au rythme d'une musique qu'elle semble la seule à entendre, resplendissante d'une beauté singulière, faisant de l'ombre au monde entier, m'hypnotisant par ses mouvements fluides. Elle est magnifique... Magique. Je finis même par arrêter de bouger, uniquement pour l'observer, elle ne se rend pas compte de mon regard, n'étant qu'elle et la musique, dansant au lieu de parler, retranscrivant des émotions qui n'ont pas de nom. J'aimerais tellement m'approcher d'elle et rentrer dans son monde, le découvrir à ses côtés. Mais elle semble si inaccessible que j'en ai mal au cœur.

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