Kill Me (3)

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 En rentrant chez moi, je m'en veux un peu, ça fait une semaine que j'habite ici et je n'ai encore défait aucun carton, j'en ai juste ouvert deux, et clairement, aujourd'hui, je n'ai pas avancé du tout, alors que c'était l'objectif de la journée de base... Pour me donner bonne conscience plus qu'autre chose, j'allume mon vieux poste de radio, mets le son à fond et commence à ranger les cartons. Mais je suis totalement inefficace puisque je « danse » plus sur la musique que je ne déballe mes affaires.

Bon, je ne pense pas qu'on puisse appeler les mouvements que je fais de la danse, je suis certaine que je ferais crier n'importe quel danseur s'il me voyait. Mais je m'en fiche, je me défoule et je m'amuse, c'est tout ce qui compte. De toute manière, je ne sais pas tenir en place, alors même si je m'énerve et que je suis insupportable, je ne peux définitivement pas faire une chose à la fois.

Soudain, je m'arrête, pas parce que je suis fatiguée, mais parce que juste après Imagine, le nouvel hymne du pacifisme, écrit par John Lennon, il y a Kill Me, une de nos musiques, non seulement, ça me fait toujours étrange d'entendre nos chansons sur la BBC, mais aussi parce qu'elle tombe pile au bon moment pour avoir un nouveau sens. Pendant quelques minutes, ce n'est plus la chanson provocatrice de King, mais plutôt un reflet de mon désespoir à mon propre égard. J'ai beau penser que ce n'est pas une catastrophe de ne pas être vraiment concentrée sur le rangement de mes affaires, j'ai à peine défait deux cartons en plus d'une heure, c'est quand même un peu désespérant... il faut bien l'avouer.

Je n'ai même pas fini ma prise de conscience, que Warren se gare devant chez lui. Je n'avais même pas remarqué qu'il n'était pas là, à croire que j'étais complètement dans la lune en arrivant. L'espionnant de l'une des manières les moins discrètes qu'il existe, je regarde mon jumeau sortir des cartons de champagne ou de bière du coffre de sa voiture. Me demandant ce qu'il fait, je sors pour lui demander directement.

— J'ai fini de tout ranger, alors je vais faire une petite fête entre amis pour célébrer ma nouvelle maison, il me reste plus qu'à prévenir tout le monde, annonce-t-il fièrement.

J'aurais dû le deviner, ça fait des années que Warren veut faire une grande fête chez lui, mais aux Kiribati, nous n'avions pas vraiment d'amis et à Londres, c'était un peu juste dans une quinze mètres carrés. J'aurais même dû être étonnée qu'il n'ait pas organisé sa soirée le jour de notre emménagement. Surtout que là, il est tranquille niveau du voisinage, nous sommes les seules pour l'instant dans le village et moi, je ne vais pas causer de problème, je compte m'éclater durant sa « petite » fête. Je vois déjà la chose, il y aura une cinquantaine de personnes, Warren ne va tout de même pas faire de demi-mesure.

— Tu veux la faire quand ? l'interrogé-je juste pour savoir quand je dois me préparer.

— Samedi... Et me dis rien par rapport à mon organisation, tu es encore pire que moi, je suis sûr que tu n'as même pas encore rangé tes affaires depuis qu'on est arrivés.

Comment il a deviné ? Ce n'est pas comme si mes valises étaient restées plus d'un mois dans le « salon » de notre appartement quand nous sommes arrivés en Angleterre... Bon OK, il pouvait donc un peu deviner facilement... je suis un peu désespérante... Pour ma défense, je déteste ranger, ce n'est donc pas de la désorganisation, c'est de la flemme couplé à un talent incroyable pour se dérober face aux tâches ingrates.

— Je ne comptais rien dire, affirmé-je sans même mentir, ça ne m'avait même pas traversé l'esprit malgré le fait qu'il prépare que maintenant une fête qui aura lieu dans deux jours.

— D'ailleurs, tu pourras inviter Ann et Déborah si tu veux, moi je n'ai pas leur numéro et elles sont vraiment sympas. C'est même dommage que je n'aie pas encore de piano à la maison, sinon je pourrais entendre Déborah jouer, je veux voir quel niveau elle a, si ça tombe, elle pourrait remplacer monsieur Hadcock pendant les concerts à l'étranger, puisqu'il ne veut pas quitter le pays... Enfin après, je ne sais pas si vous vous entendez suffisamment bien pour ça et elle habite en Côte d'Ivoire, alors ça peut être compliqué... réfléchit-il à voix haute.

Ce qui m'indique clairement que si je ne rentre pas bientôt, il va passer en mode pipelette et je vais manger à vingt-deux heures. Pas parce qu'il est inintéressant, justement c'est le contraire, quand il commence à parler, tu as envie de l'écouter. Je ne sais même pas comment il fait pour avoir toujours de nouvelles choses à dire, alors que quand même, j'ai grandi avec lui, je devrais déjà connaître par cœur ce qu'il raconte, mais non, même pas.

Fuyant avant d'être perdue, je rentre chez moi après avoir promis d'inviter quelques amies. Puis je me prépare à manger et je passe à « table » en m'installant devant la télévision sur le canapé, mais je ne regarde pas vraiment les informations, je suis plutôt en train de divaguer dans mes pensées. Et au moment où je m'y attends le moins, en plein repas, j'ai de l'inspiration pour une musique, c'est bien la première fois depuis longtemps. Ce n'est pour l'instant qu'un simple titre : Girl Band – venant tout simplement d'une phrase à la télé – mais c'est déjà énorme pour moi qui n'aie rien écrit depuis plusieurs mois.

Et lentement, des paroles, qui ne sont encore que des suites de termes décousus, me viennent. Alors que ce n'est pas la partie que je crée le plus, normalement c'est mon jumeau qui s'occupe des mots. Ne voulant pas laisser les idées s'échapper, je pose mon assiette sur un carton et tente de trouver mon carnet de chanson dans tout ce bazar. Je m'en veux déjà de ne pas l'avoir sorti en arrivant ou même de ne pas l'avoir mis à un endroit stratégique et intelligent comme la boîte de livres.

Tandis que je cherche, une « histoire » commence à se former dans ma tête, une histoire d'amitié, s'inspirant de celle que j'ai avec Ann et Ruth. Pour l'instant, il manque encore mon grain de « folie », mais je suis sûre que je vais finir par le trouver pour rendre la future chanson originale. Et je n'ai pas encore de mélodie à l'esprit, mais je vais trouver, il faut juste quelque chose de rythmer... Sauf que je ne suis pas forcément douée pour faire quelque chose de rythmé quand je n'ai pas l'idée en premier, avant même d'avoir les paroles.

Mais je suis bête ! Ruth tout à l'heure était en train de composer quand nous sommes arrivées. Et quoi de mieux pour parler d'amitié que d'écrire une musique avec l'une de ses meilleures amies ? En plus, elle, elle est très douée pour les trucs de rythme, c'est presque sa marque de fabrique.

Fière de mon illumination, j'arrête la recherche de mon carnet et prends une simple page de magazine, je la collerai dans mon bloc-notes quand je le retrouverai. Puis j'appelle Ruth parée à lui exposer mes idées, quitte à négocier plusieurs minutes pour entendre sa mélodie avant que mon amie soit prête à la montrer, tant pis, de toute manière, j'ai toute la soirée.

— Allô ? Ruth ? C'est Terrie, je t'appelle parce que tout à l'heure, j'ai vu que tu étais en train d'écrire une musique quand on est arrivées...

— Je ne... non, pas du tout... mente-t-elle, comme toujours horriblement mal.

— Je l'ai vu Ruth.

— Elle n'est pas du tout prête... affirme-t-elle après plusieurs secondes d'hésitation, avouant bien plus vite que ce que j'aurais cru. Ce n'est qu'une ébauche et elle n'ira jamais avec le reste de Why Not Jazz ?

— Ne t'en fait pas, je ne t'appelais pas pour ça, c'était pour savoir si je pourrais voir ce que tu as déjà commencé... essayé-je avant de me faire interrompre par mon amie paniquée.

— Hors de question ! Je t'ai dit qu'elle n'est pas prête, ce n'est rien pour l'instant !

— Laisse-moi finir s'il te plaît. C'est parce que j'ai une idée de paroles, ça parle d'amitié et je pense que ce serait une bonne chose de faire une chanson coécrite.

Elle ne dit rien, laissant le silence assez longtemps pour que je commence à avoir peur qu'elle ait abandonné son fixe sans raccrocher.

— Tu es toujours là ?

— Oui... Je ne sais pas, faudrait que tu me montres ce que tu as déjà fait et je verrais si ça collerait avec ce que j'ai démarré, de toute manière, je n'ai pas d'idée de paroles pour aller avec.

Je n'aurais jamais parié que ce serait aussi simple, j'ai presque envie de sauter de joie, cette musique va vraiment être trop bien.

— Je peux venir te voir demain matin ? vérifié-je ne voulant pas lui laisser le temps de changer d'avis.

— Si tu veux, vient vers dix heures, je devrais être réveillée.

Comment finir une journée sur la meilleure touche possible ! Cette musique va être exceptionnelle !

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