Alors, ça y est. Je suis plantée devant la grande cour de ma nouvelle habitation, valise aux pieds, pleine à craquer. Quelques gouttes de pluies perlent sur ma chevelure brune et glissent lentement sur mes joues de porcelaine.

La bâtisse et son entourage sont vraiment sublimes. Une grande fontaine de pierre déchirée par le temps se trouve au beau milieu d'un sentier pavé et entouré d'herbes hautes et fertiles. Au bout du chemin, un grand manoir affiche sa majesté. Du lierre court sur sa surface blanche et lisse, et de vieux volets de bois noirs luttent contre le vent automnal. Un nuage noirâtre et effrayant s'approche à grande allure du sommet du toit d'ardoises, donnant un aspect atypique au lieu. 

La tempête approche.

- Tempérance, dépêche toi, s'il te plait. Je n'ai pas envie que le salon se transforme en marécage dès le premier jour.

Je souffle et empoigne ma valise. Traînant des pieds, je regarde autour de moi d'un œil attentif. Il faut vraiment que l'on passe la tondeuse avant la fin de la semaine : avec l'humidité, les herbes seront bientôt plus grandes que moi. J'entends la lourde porte de bois claquer. En soupirant, j'accélère le pas et franchis les quelques marches grises qui me séparent du seuil couvert.

-Bon, tu rentres, oui ou non ? On va pas y passer la nuit.

La voix grave de mon frère m'extirpe de mes pensées. Cheveux châtains en bataille et yeux verts amusés, il me sourit narquoisement. C'est un si bel homme. Mais en ce moment même, ce détail me passe au dessus de la tête et je le bouscule pour rentrer.

Une grande lumière blanche m'aveugle tout d'abord, puis ma vision s'adapte après quelques papillonnements de paupières. Ma mère a prit le soin d'installer tout le mobilier avant notre arrivée, et il fallait bien avouer que tout s'accordait parfaitement avec l'esprit du lieu. Boiseries, pierres et argenteries, tout était absolument magnifique. Magnifique, mais trop pour moi. Je rêvais de confort subtile et de naturel, pas de mégalomanie.

Soufflant une énième fois, je prends l'escalier et arrive sur un grand palier au plancher pâle. Une petite lettre est postée devant l'une des portes, et je tend la main pour l'attraper.

<< Tempérance. >>

Cela doit être ma chambre, très certainement. Quelle originalité ! Je tourne la poignée sans mystère, et découvre une pièce ayant été exactement reproduite de la même manière que la précédente. Je laisse échapper un soupir et lâche ma valise dans un coin de la pièce avant de m'affaler sur mon vieux lit grinçant.

Une nouvelle vie commençait, à l'allure identique que la précédente, mais, je l'espère, moins éprouvante.

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05 octobre 2014.

Suite prévue pour le 07 octobre 2015.

En attente d'avis constructifs.

Clémence gcn.