8. Mason - Pinte

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8. Mason – Pinte

— C'est la première sortie en équipe de la saison, tu ne peux pas te défiler !

On vient de finir notre dernier entraînement de la semaine et les gars ont envie d'aller fêter notre reprise dans un bar. Bouvier nous a fait faire plus de tours de piste que nécessaires et, maintenant que les tests physiques et médicaux sont passés, ils veulent relâcher la pression.

Je suis en train de retirer mes protections quand Arthur se pose à côté de moi pour tenter, vainement, de me convaincre de me joindre à eux. Je suis le seul des nouvelles recrues à ne pas m'être prononcé pour le moment.

Sortir n'est pas vraiment le problème. Il n'est même pas dix-huit heures, j'ai moi aussi envie de me détendre et je ne dirais pas non à une pinte. Non, le problème, c'est l'équipe. Je commence à connaître les gaillards. Ils ne sont pas bien différents de mes anciens coéquipiers. Ils ne vont pas se contenter d'un seul bar et certainement pas d'un seul verre. On est peut-être qu'en fin d'après-midi mais ça ne m'étonnerait pas qu'avec leurs conneries on ne rentre chez nous qu'au petit matin. Or, je pensais justement profiter du week-end pour rentrer à Megève avant que le rythme ne s'intensifie. On attaque les matchs de préparation à l'extérieur en fin de semaine prochaine et je ne pense pas que j'aurais de nouveau l'occasion de profiter de deux jours complets à la montagne avant l'ouverture de la Magnus.

— Tu ne vas quand même pas nous lâcher au bout d'une semaine seulement ? Je voyais beaucoup plus de potentiel en toi, Mason !

Chacun y va de son chambrage. Ils veulent me faire craquer pour que je les suive plus que pour se foutre réellement de moi. Les injures pleuvent, l'atmosphère dans les vestiaires est survoltée. L'ambiance est au beau fixe dans l'équipe. Il ne nous a pas fallu longtemps pour trouver nos repères et, depuis, on ne fait que tester les limites des uns et des autres.

Je m'apprête à décliner quand je croise le regard de Jules, resté silencieux depuis le début de la discussion. Il est debout, accoudé à un vestiaire, les bras croisés contre son torse et il y a juste ce qu'il faut de malice dans ses yeux pour me mettre au défi. Je soupire plus pour la forme.

— Ok ! Très bien !

Arthur me donne une tape sur l'épaule, bien content de mon retournement de veste. Les autres font encore plus de bruit tout en se changeant pour pouvoir sortir au plus vite d'ici. Jules, quant à lui, se dirige vers la douche, un sourire aux lèvres. Petit con.

On a à peine franchi le seuil du bar qu'on nous interpelle. Tu m'étonnes ! Une quinzaine de hockeyeurs pro qui se chahutent n'est pas la meilleure définition de la discrétion. La réputation des brûleurs de loups semble nous précéder. Les gars sont connus par ici et sont bien contents de répondre aux sollicitations. A Megève aussi, on m'arrêtait pour me parler du dernier match en date ou de mes stats mais c'était plus gérable. Moins de spectateurs, une ambiance plus familiale. Connaître les alentours comme ma poche était un atout non-négligeable. Je savais où aller si je ne voulais pas qu'on me dérange toute la soirée. J'adore parler de hockey, je pourrais ne faire que ça mais je ne suis pas fan de l'attention qu'on me donne.

Je me dirige avec Jules vers le comptoir tandis que les autres s'arrêtent pour répondre aux questions sur l'avant-saison et signer quelques autographes. Tout y passe, de la serviette tâchée de café au petit carnet rangé dans la poche avant du sac à dos. Mes coéquipiers dégainent leur meilleur sourire et usent de leur charme pour ne pas ternir la réputation des hockeyeurs : sympas, accessibles, charismatiques. Un groupe de jeunes filles les retient pour une séance de photo improvisée alors que Jules commande une tournée de demi pour l'équipe.

Accoudé au bar, je regarde le manège qui se joue devant mes yeux. Je me suis habitué à voir ces filles graviter autour de nous avec les années. Il y a quelque chose dans le hockey qui les attire. Comme si notre adrénaline était contagieuse, comme si le côté brutal de notre sport les excitait. Qu'on gagne ou qu'on perde, elles sont toujours là, à nous tourner autour. Elles aiment l'euphorie des victoires mais je crois qu'elles préfèrent quand on vient pour noyer notre frustration dans une pinte, les mots du coach tournant dans nos têtes. C'est dans ces moments-là qu'elles choisissent leur angle d'attaque, s'asseyant parmi nous, sur nos genoux pour les plus braves. J'ai arrêté d'essayer de comprendre pourquoi elles devenaient soudainement prédatrices. Les sportifs sont une cible facile et mes coéquipiers sont plus que ravis de jouer les proies consentantes.

— Tu es trop sérieux, Mase. Lâche un peu la grappe. Profite !

Je hoche la tête avant de tremper mes lèvres dans le verre qu'il me tend. Il ne comprend pas ce que j'ai quitté pour être ici. Je ne peux pas me détourner de mon objectif. Il faut que ça marche pour moi, ici. Je n'ai plus le choix, maintenant que je suis descendu en ville. Je ne peux plus faire semblant, je ne peux plus remettre à plus tard garder mes rêves pour moi et me dire qu'un jour j'y arriverai. Je dois penser au présent tout ce que j'ai toujours conjugué au futur. Je suis arrivé aux étoiles, et je dois garder ma direction pour atteindre la lune. C'est maintenant que je dois bâtir ma carrière, démontrer que je suis indispensable pour l'équipe. Je ne suis pas venu pour une seule saison, ni pour la passer sur un banc et certainement pas pour être transféré en fin de saison pour une équipe moins importante.

— Tu dois être Mason Brun ?

Je me retourne vers le barman, étonné qu'il connaisse mon nom. La surprise doit se lire sur mon visage parce qu'il sourit en coin tout en finissant de préparer nos pintes. Je ne sais pas bien comment on va être capable, à deux, de ramener tous ces verres jusqu'à la table au fond vers laquelle les autres se dirigent comme si elle leur avait été réservée.

— Megève, c'est ça ?

Je me contente de hocher la tête alors que le rictus de Jules ne cesse de s'agrandir. Il sait très bien que parler de moi n'est pas mon fort. Pourtant, c'est comme s'il pouvait prédire chacune de mes réactions. Même pas une semaine qu'on se connaît et je suis déjà un livre ouvert pour lui.

— C'est une belle équipe. Les montagnes ne te manquent pas trop ?

Tous les jours.

Plusieurs fois par jour.

Je n'approfondis pas, préférant la réponse qui en dit le moins possible.

— Ce n'est pas comme si j'avais choisi Brest. Au moins, on voit les sommets d'ici.

Je ne développe pas, réticent à me confier à un mec que je ne connais pas. Il a certes un bon capital sympathie, un peu plus vieux que nous, mais ça n'a aucune influence sur mon caractère. Il doit sentir ma méfiance car il enchaine sur un autre sujet.

— Excuse-moi, je te pose plein de questions alors que je ne me suis même pas présenté. Gabriel Faure, mais tu peux m'appeler Gab ! Et avant que tu te ne poses la question, j'ai le même nom de famille que le morveux à côté de toi parce que c'est mon petit frère !

Maintenant qu'il le dit, ça semble évident. Si Jules n'avait pas teint ses cheveux en blond platine, je l'aurais sans doute remarqué plus vite. Ils ont la même carrure, les mêmes yeux bleu azur, la même fossette sur la joue. Ils partagent pas mal de traits de famille. Si Jules est plus petit, plus jeune et plus stock du fait de son statut d'athlète de haut niveau, il ressemble quand même beaucoup à son frère. Je savais qu'il venait des environs. Il a commencé sa carrière juniore chez les BDL, c'est ce qui lui a permis d'évoluer et de porter la lettre A sur son maillot, comme capitaine adjoint. Ça ne m'étonnerait pas qu'un jour il porte le C. Je ne savais pas que sa famille vivait à Grenoble, cependant.

— Je suis propriétaire de ce bar et ces vauriens en profitent un peu trop, espérant que je leur offre des pintes gratuites ! Bande de petits ingrats !

— Arrête, tu es bien trop content que ton bar soit devenu notre repère. On t'apporte un flux de clientèle qui ne tarit jamais et qui te permet de payer tes salariés, alors ne te plains pas trop !

Je souris à leurs chamailleries fraternelles avant d'entendre nos noms crier de l'autre côté de la salle. Ils sont tous assis et attendent qu'on vienne les servir. Ingrats est vraiment le mot qui les décrit le mieux.

— Allez, rejoignons-les avant qu'ils ne s'excitent encore plus en nous attendant ! 

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