9. Mason - Jeu d'alcool

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9. Mason – Jeu d'alcool

Comme prévu, les gars ne s'arrêtent pas à une seule tournée, bien au contraire. Au lieu de refreiner leurs commandes, ils en demandent encore plus à un Gabriel qui fait semblant d'être blasé par notre chahut. Il nous surveille du coin de l'œil depuis le début de la soirée alors qu'une de ses serveuses fait des allers-retours entre nous et son comptoir. Je vois pourtant son rictus s'agrandir par moment, quand l'un d'entre nous fait une blague vaseuse ou quand on se chamaille. Il n'est pas mécontent qu'on soit là.

Il ne me faut pas longtemps pour comprendre pourquoi ce bar est si important pour l'équipe. Les bières sont bonnes, la musique pas mauvaise et personne n'est venu nous déranger. Si on nous a posé des questions quand on est entré dans le bar, on nous a depuis laissé tranquille, et ce n'est pas parce que la table à laquelle on est assis est un peu en retrait. Je vois les œillades, j'entends les chuchotements autour de nous, on nous reconnaît, mais c'est comme si une bulle s'était créée autour de l'équipe. Ce n'est pas pour me déplaire.

Une semaine que je suis ici, une semaine que je me sens plus tendu qu'autre chose. Je force sur mes muscles, je respire un air moins pur et je n'arrive toujours pas à me faire à tout ce béton autour de moi. Les tests physiques n'ont pas amélioré la situation. Scruté, je voulais donner le meilleur de moi-même pour ne pas leur faire regretter leur décision de me prendre dans l'équipe. J'en ai sans doute trop fait. Alors, si je peux ne pas répondre aux questions d'inconnus, ne pas poser pour des photos, forçant un sourire, ça m'arrange. Surtout avec l'alcool qui coule dans mes veines. Je ne suis pas hors limite mais je peux sentir la vague de chaleur qui m'envahit et qui ralentit mes mouvements et mes pensées.

Mon programme pour demain part peu à peu en fumée. On est maintenant en comité réduit, certains de l'équipe sont partis il y a une heure déjà pour rejoindre femme et enfants. J'aurais dû les suivre, profiter de leur départ pour m'éclipser, mais à chaque fois que j'ai essayé, un gars de l'équipe m'a retenu. Je sais très bien que je pourrais juste me lever et sortir du bar mais plus les verres se vident et plus je choisis de ne pas écouter la petite voix moralisatrice à l'arrière de mon crâne. Jules a raison, je peux me laisser aller. Un peu. Tant pis si je n'arrive qu'à midi, en haut. Je me promets d'être plus attentif quand la saison aura officiellement commencé. Tout ce que je dois faire pour l'instant c'est m'assurer de ne pas faire de conneries qui pourraient me faire suspendre ou me blesser de manière idiote. Je ne tiens vraiment pas à finir ma saison avant qu'elle n'ait réellement commencé. Heureusement que je suis encore en pleine possession de mes moyens, ce ne sont pas quelques bières qui vont me mettre à terre.

— Assez parlé ! Il est temps de passer aux choses sérieuses !

Nicolas pose un plateau rempli de shooter au milieu de la table. Je me demandais ce qu'il était allé faire au comptoir pendant que les autres débattaient sur les erreurs de la saison dernière, condamnant ou innocentant les personnes autour de la table. Son sourire ne me disait rien qui vaille alors qu'il se penchait au-dessus du bar pour demander quelque chose à Gabriel. Notre défenseur prend la bouteille des mains de la serveuse qui l'a suivi avant de déverser le liquide dans les verres. L'ambiance, bon enfant, monte d'un cran. Mes coéquipiers tapent sur la table pour l'encourager avant qu'il ne réclame le silence.

— Les règles sont simples. Vous avez chacun cinq shooter. Je lance un « j'ai jamais » et si vous l'avez déjà fait, vous buvez. Le premier qui arrive à court de shots perd et a un gage ; Bonus : si vous racontez l'anecdote qui vous a fait perdre, on vous ressert un shot. Si vous mentez, vous êtes directement désigné perdant. Des réfractaires ?

Les règles sont simples, en effet. Mais je sais que c'est plus que ça, c'est un jeu de stratégie, et de bluff, surtout quand on se retrouve parmi des hockeyeurs rodés. C'est toujours mieux qu'un jeu de hasard. Je n'ai jamais été très bon pour devenir les couleurs des cartes. Il n'y en a peut-être que deux mais j'ai tendance à toujours dire la mauvaise. Dire le contraire de ce que je pense ne semble pas marcher non plus.

— Bien ! Je commence alors ! Je n'ai jamais joué à Megève.

Ok, il veut jouer à ça. C'était un coup bas mais je bois le premier shot avant de raconter ce que c'était de jouer en haut. Je ne développe pas, ne voyant pas l'intérêt d'y mettre plus de sentiments que nécessaires mais réussis à regagner un verre. Balle au centre. Lucas à sa droite poursuit avec une nouvelle affirmation.

— Je ne l'ai jamais fait en plein air.

Je ne suis pas le seul à boire cette fois-ci. Aaron et Matt s'empressent de narrer leurs aventures et se voient remplir leur verre de nouveau. Pas aussi enclin à leur raconter cette anecdote, je perds un point et deviens ainsi une cible plus facile à atteindre. Je le vois dans leurs sourires entendus. C'est aussi comme ça qu'une équipe se fait. Hors piste. Il y a des réflexes qu'on doit prendre. Des attitudes, des comportements qu'on doit adopter sur la glace qui sont incompatibles avec une mauvaise entente. Il faut qu'on puisse se comprendre en un regard. Le non-verbal est souvent plus important que le verbal. Il faut être capable de se faire confiance, de développer notre propre langage codé.

Malgré leurs tentatives, j'arrive pourtant à garder intact mes quatre verres restants les trois tours suivants mais je connais leur détermination. Ils savent travailler en équipe. On place une cible sur un joueur et on fait en sorte de le faire tomber pour entraîner les autres. Bien vite, ils arrivent à mieux ajuster leurs affirmations. Il ne leur faut pas beaucoup d'informations sur moi pour arriver à leurs fins et ils savent très bien que je ne suis pas le plus grand bavard de ce groupe. Si l'alcool me désinhibe, il ne facilite pas la confession pour autant. Je ne vais pas leur raconter ma vie juste par fierté, pour ne pas perdre à un stupide jeu. Ils s'allient pour me faire perdre et, bien que je sois malin, je ne peux lutter contre une équipe entière. Je ne regagne qu'un seul verre avant que le coup final ne soit porté.

— Je n'ai jamais regretté d'avoir rejoint une équipe plus haute dans le classement.

Je devrais mentir, ne pas leur donner ce point mais je comprends vite que le bluff ne fonctionnera pas. Je suis peut-être plus transparent que ce que j'aurais voulu. Je bois mon dernier verre, le pose d'un coup sec sur la table avant de demander mon gage, éludant les détails qu'ils attendent de moi. Je vois dans le regard malicieux d'Arthur que ça ne va pas me plaire. J'essaie de trouver un renfort en Jules mais il décline toute responsabilité, laissant les autres décider de mon destin. Arthur regarde sa montre avant de relever la tête vers moi.

— La patinoire n'est pas encore fermée. Profitons-en !

Les gars se lèvent, excités par l'idée du gage dont on ne me donne bien évidemment aucun détail. Aller sur la glace maintenant est bien plus qu'une mauvaise idée mais ce n'est ni la première ni la dernière fois que je me retrouverais sur une piste après quelques verres. Les shots de vodka me sont montés directement au crâne mais je tiens encore debout et si c'est le cas, je peux encore patiner.

La patinoire n'est qu'à quelques minutes à pied et, il a raison, elle est encore ouverte. Je prends les devants, n'étant pas le genre à me défiler. Ils veulent savoir s'ils peuvent compter sur moi si je tiens parole, et je ne compte pas les décevoir. Gabriel nous fait payer avant notre sortie. L'air frais me remet les idées en place, me donnant l'impression d'être un peu plus sobre que la minute d'avant. Je vois mal ce qu'ils peuvent me demander comme gage, sur la glace, sans me mettre en danger.

La sécurité ne nous pose pas de problème. Arriver en équipe est un atout et ça ne doit pas être la première fois que les gars arrivent tard à la patinoire. Il y a de toute façon des caméras un peu partout. On ne peut pas non plus faire n'importe quoi. On sait tous qu'on risque notre place ici et on n'est pas assez stupides pour la mettre en jeu. Je ne suis pas assez stupide, en tout cas.

Les gars ne perdent pas leur temps pour mettre l'équipement complet et je comprends qu'on ne va pas faire du hockey de haut niveau. Ils se contentent de passer un jogging et de mettre leurs deuxièmes paires de patins qui restent aux vestiaires, au cas où. J'en fais de même, ne sachant pas vraiment à quelle sauce je vais être mangé. Ils gardent le suspens jusqu'à ce qu'on soit tous au milieu de la piste.

— On va voir si tu es aussi bon en patinage artistique qu'en hockey.

J'adresse un regard noir à Arthur. Je sais très bien d'où vient cette idée. « Oh, c'est bon, c'est l'affaire de quelques pirouettes. Tu patines, tu tournes sur toi-même et tu récoltes une médaille. » A priori, il n'est pas le genre à oublier ce qu'on lui raconte. Je ne vais quand même pas me ridiculiser sur la glace en... dansant ? Il y a des limites à la connerie... Pourtant, sans doute un peu trop fier, je m'entends lui déclarer que le pari est tenu.

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