Chapitre 4

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— Je vais tuer cette imbécile, s'exclame Elasia tout en écartant mes cheveux pour mieux examiner ma légère blessure à la tête, nous allons être obligés de modifier ta coiffure pour demain !

Après le violent coup de Phoebe, je ne suis heureusement pas resté assommée très longtemps. Dès mon réveil, je suis rentrée au Palais Royal avec Wren, Alec étant resté afin de surveiller Phoebe. Elasia était complètement paniquée lorsqu'elle a vu le sang sur mes cheveux et à la réflexion, je crois qu'il aurait été plus judicieux que je me nettoie mieux avant de venir la voir. L'état dans lequel elle était fut touchant, mais je n'arrive toujours pas à la voir comme une mère s'inquiétant pour moi.

— Je n'aurais jamais dû te laisser y aller seule, répète-t-elle pour la centième fois. Et ce pauvre Alec qui s'est fait tirer dessus !

— Si cela peut vous rassurer, déclare Wren avec une pointe d'insolence dans la voix, ses adorables yeux n'ont pas été touchés.

Comme à son habitude, il est installé en travers d'un fauteuil d'un des salons du palais et évidemment, tient un verre à la main. Qu'il se tienne en face d'Elasia ou du plus commun des mortels, il garde toujours la même attitude nonchalante.

— Il faudrait faire interner cette Phoebe, assène Elasia en affichant un air mauvais. Elle n'a peut-être rien fait de gravissime aujourd'hui mais nous ne pouvons pas anticiper ses réactions.

— Sauf votre respect, lui répond Wren, la villa Nightsun est parfaitement sécurisée pour elle. Elle ne pourra pas s'échapper, si c'est cela que vous craignez.

— J'aurais dû m'en douter, ironise Elasia en jetant un regard mauvais à Wren. Cette maison est habituée à recevoir des détraqués.

J'ignore pourquoi elle se montre si agressive envers Wren mais lui semble s'en moquer royalement. C'est peut-être ça qui énerve Elasia...

— Phoebe m'a sauvée, je lance alors que tous deux me dévisagent comme si je sortais d'un service de psychiatrie. C'est moi qui aurais pris la flèche si elle ne m'avait pas tirée par le bras pour me mettre à l'abri de la fenêtre.

Elasia semble considérer ma remarque et son délicat visage se détend un peu. Elle me ressemble énormément mais elle dégage quelque chose qui laisse penser qu'elle est faite de cristal, ce qui est loin d'être mon cas. Son élégance dans chacune de ses tenues est encore plus flagrante maintenant qu'elle ne porte plus ses longs voiles.

— Elle doit avoir des moments de lucidité entre deux crises de folie, concède-t-elle. Mais si elle reste chez les Nightsun, je t'interdis de la revoir, Isaluna.

— C'est mon amie ! je rétorque avec une fougue qui ne convient pas devant une reine. Tu ne peux pas m'empêcher de la voir.

— Bien sûr que si. Je suis ta mère après tout.

Il n'y a pas de véritable menace dans sa voix mais le regard glacial qu'elle me jette me dissuade de balancer une nouvelle remarque. Pendant quelques instants, la situation m'apparaît sous un autre angle : Elasia, d'apparence calme dans son fauteuil, avec pourtant les jointures blanchies tant ses mains sont crispées sur son accoudoir, me considérant comme un bien précieux qu'il faut à tout prix protéger. Je devrais me sentir flattée ou un sentiment de ce genre qu'une personne telle qu'Elasia se soucie de ma protection, mais je crois déceler autre chose dans son attitude... Le besoin de ne pas perdre le contrôle sur moi.

— Vous n'êtes sa mère que depuis trois semaines, lui répond Wren à ma place. Elle a affronté des choses bien plus dangereuses qu'une Phoebe à moitié folle avant de vous rencontrer.

Elasia lui adresse un regard transperçant, mais Wren ne cille pas.

— Nous ne parlons pas que de Phoebe, objecte-t-elle. Il faut penser aux Malfaçons. Si elles en veulent après cette dérangée, il faut se tenir à l'écart d'elle.

— Je vous rappelle que c'est votre autre fille qui est désormais à la tête de cette meute. Nous ne parlons pas d'une simple Malfaçon.

— Je le sais parfaitement. Mais ça ne change rien.

Wren part d'un rire nerveux et Elasia le foudroie une nouvelle fois.

— Ça ne change rien ?! s'exclame Wren. Vous seriez capable de la tuer si elle s'en prenait à la princesse ?

— Ça suffit, Wren, je le coupe devant l'assombrissement d'Elasia. Nous parlerons de cela plus tard.

Je parviens à capter son regard et d'un froncement de sourcils, le dissuade de trouver une remarque cinglante. Elasia secoue vivement ses cheveux autour d'elle et retrouve un petit sourire forcé.

— Alexeï, le fils du représentant d'Astrialle, et sa soeur Caroley m'ont téléphoné tout à l'heure, me dit Elasia. Ils arrivent demain, comme prévu.

Je hoche la tête comme si j'étais hautement intéressée par cette information. Je ne trompe pas Wren qui ricane comme un idiot.

— Attendez, fait-il en cessant de rire brusquement et en se redressant sur son siège, Caroley vient à Astriad ?

— Oui, avance prudemment Elasia en guettant une réaction étrange chez Wren. Ne me dis pas que c'est l'une de tes conquêtes, vous deviez avoir sept ans la dernière fois que vous vous êtes vus.

— Pas du tout. Mais Darwin l'a rencontrée lors de son voyage en Europe, il n'y a pas si longtemps. Caroley avait beaucoup apprécié sa présence à Astrialle...

— Voilà qui risque de ne pas plaire à Karlie, lance Elasia d'un ton léger en attrapant un muffin qu'un serveur lui approche sur un plateau.

Je me tourne vivement vers Wren, paniquée. La relation entre Karlie et Darwin a pris une tournure plus romantique, depuis quelque temps. Sauf qu'ils doivent se montrer discrets, comme toute relation entre Obscur et Lumineux est interdite. Si Elasia est au courant pour eux, ils risquent gros.

— Tu sais pour Karlie et Darwin ? je lui demande avec précaution.

— J'ai dernièrement réclamé une enquête au sujet de Darwin. Certains des objets qu'il vend dans sa boutique ont été déclarés comme suspects. Mes envoyés ont remarqué que Karlie le retrouvait en bas de son arbre assez souvent. Et Donnatella m'avait parlé du faible qu'il avait pour la jeune ministre.

Je n'ai jamais trop su ce que Darwin vend dans sa boutique, mais selon moi, il devrait faire plus attention. Ce n'est pas que sa tête qu'il joue, mais aussi celle de Karlie.

— Tu ne vas rien leur faire ? j'ose la questionner, apeurée.

— Ce ne sont que des déductions d'enquêteurs, badine Elasia en dégustant son muffin. Et la discussion que nous tenons actuellement est dans un cadre personnel. Mais si leur relation se montre... disons trop évidente, je serais obligée d'intervenir.

Elle prend le sujet avec légèreté mais je ne peux réprimer un frisson. Je ne supporterais pas qu'il arrive quelque chose à Karlie et Darwin parce qu'ils sont des Obscurs et des Lumineux qui s'aiment.

— J'imagine qu'ils seront à l'intronisation de demain ? demande Elasia. Je peux simplement leur conseiller de ne pas y aller ensemble. Éviter les apparitions publiques, ce n'est pas grand-chose.

Ni Wren ni moi n'ajoutons quoi que ce soit. Mieux vaut ne pas trop pousser le sujet. Elasia s'affiche peut-être comme indifférente mais je ne sais pas encore si elle se montre gentille juste pour me garder auprès d'elle ou si c'est vraiment son tempérament. Elle était loin d'être aussi douce lorsqu'elle collaborait avec nous pour stopper Alma. Et plus après tout, les affaires de Darwin et Karlie ne sont pas les nôtres.

— Comptes-tu attendre que des cheveux blancs me poussent sur la tête avant d'enfin me poser la question qui te brûle les lèvres ? demande Elasia à Wren après quelques gâteaux supplémentaires. J'imagine que tu n'es pas venu ici rien que pour accompagner Isaluna.

Je ne sais pas pourquoi, mais son intonation me ramène au bal d'automne. Et qui dit bal d'automne dit le baiser passionné que Wren et moi avons échangé devant tout le monde... et tout particulièrement devant Elasia. Elle ne m'en a jamais reparlé mais il est impossible qu'elle l'ait oublié, même si j'étais déguisée et que je n'étais pas encore présentée comme sa fille. D'ailleurs, je n'ai pas non plus reparlé de ce moment avec Wren...

— Vous seriez vraiment prête à me livrer la vérité sur moi ? s'étonne Wren, septique.

Il a posé son verre et toute son attention est braquée vers Elasia.

— Je n'en sais pas non plus des montagnes, tempère ma "mère". Mais je suppose que ça te suffira. En revanche, je ne suis pas certaine que ce soit vraiment ce que tu as envie d'entendre...

— Et pourquoi ça ?

— Très honnêtement, Wren, qu'espères-tu ? Une appartenance royale ? Des parents prodigieux ?

— Je n'espère rien du tout. Et je ne veux pas d'appartenance royale.

Il joue les désinvoltes mais la tension dans sa voix est palpable, de même que ses mains crispées sur son jean en témoignent. Son visage est de marbre mais ses yeux se sont vaguement posés sur moi à la mention du mot "royale". Parce qu'il n'y a pas besoin de mille arbres généalogiques pour comprendre que si Wren est de sang royal, il a forcément un lien de parenté avec moi et... cela compliquerait les choses, disons.

— Ça tombe bien ce n'est pas le cas, déclare Elasia d'une voix qui est néanmoins loin d'être rassurante. Inutile de te rappeler qu'il n'y a que des Lumineux dans la famille royale d'Astriad.

Pas faux. Je sens quelque chose se détendre en moi, ne m'étant pas rendu compte que j'avais bloqué ma respiration.

— Luna, me dit Elasia de la voix douce qu'elle me réserve, je crois que Wren apprécierait que tu n'assistes pas au reste de la conversation.

— Je n'ai jamais dit ça ! s'exclame-t-il. Restes, si tu veux.

Elasia lui adresse un drôle de regard puis me fait signe de partir. Je m'exécute, sachant très bien que je n'aurais pas aimé que quelqu'un soit là quand j'ai appris la vérité sur mes origines. Puis ce moment n'appartient qu'à Wren. Il a attendu toute sa vie pour savoir pourquoi il est un Obscur dans une famille de Lumineux et si c'est vraiment aujourd'hui qu'il va tout découvrir, je ne peux pas lui enlever ça. Je lui adresse un dernier sourire avant de refermer la porte du salon.

Note de l'auteure :

Voilà pour ce chapitre un peu plus court que d'habitude mais le prochain arrive bientôt ! 😘❤️

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