Sortie nocturne

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À dix-neuf heures trente, Sherlock Holmes et le docteur Watson était dehors, bras dessus bras dessous. Le détective sourit en songeant que les joues rouges de son ami n'étaient pas tout à fait dues au froid.

-Où allons-nous ? Demanda l'objet de ses pensées en enroulant une nouvelle fois son écharpe autour de son cou.

-Pas dans les beaux quartiers, mon cher Watson ! Wiggins m'a rapporté une activité pour le moins étrange dans Soho. Vous avez votre revolver ?

Le docteur tapota sa poche en réponse.

-Tant mieux. Qui sait comment la soirée se finira.

Ils marchèrent un instant en silence. Watson regarda autour de lui les maisons se muer lentement en vieilles baraques, les lampadaires se couvrir de suie, les chaussées perdre leurs pavés et les passants se vêtir de haillons.

-Vous savez où vous nous emmenez ? Chuchota Watson en sentant le poids des regards converger vers les intrus qu'ils représentaient.

-Ne vous en faites pas, nous sommes bientôt arrivés.

Watson dévisagea la façade qui leur faisait face.

-Une maison close, Holmes ?

-Croyez-moi, les gens qui viennent en ces lieux préfèrent largement qu'on leur attribue ce vice plutôt que l'autre.

-L'autre ?

-La tentative désespérée pour communiquer avec les défunts.

-Encore un médium ?

-Non, Watson, pas cette fois. Pas exactement. Une machine. D'après les rumeurs, la reproduction fidèle du phonographe d'Edison, qui permettrait de faire parler l'âme des morts.

Le docteur leva un sourcil sceptique.

-En effet, mon cher Watson, s'amusa Holmes. Mais je suppose que nous n'allons pas tarder à en avoir le cœur net...

Et il pénétra dans le bâtiment.

L'intérieur était décoré avec un luxe de mauvais goût. Des tapis aux couleurs criardes, des sofas recouverts de velours au rouge passé, des murs à la peinture écaillée recouverts de tableaux on ne peut plus explicite et de fausses dorures consistait le principal de l'agencement. Avec les filles, bien entendus. Watson rougit et essaya de concentrer son regard droit devant lui. Holmes, avec son habituelle désinvolture, examina la pièce et adressa même quelques sourires aux créatures peu vêtues, qui le lui rendirent avec plaisir.

Le docteur donna un coup de coude au détective, qui lui jeta un regard amusé.

-Que pouvons-nous faire pour vous, gentlemen ? Intervint une femme d'âge mur qui venait de surgir de derrière un sofa. Un fantasme particulier, peut-être ? Une fille pour deux ? Ou un garçon ?

-Rien de tout cela, corrigea Holmes en riant intérieurement de l'air gêné de son ami. Nos préoccupations ne sont pas charnelles.

Le docteur supposa que c'était une sorte de mot de passe, car le visage de la matrone changea du tout au tout.

-Je vois. Veuillez me suivre, dit-elle d'un ton las en empruntant un couloir mal éclairé.

Au bout se trouvait un petit boudoir.

-Attendez ici, dit-elle en repartant sans leur accorder un regard.

La porte claqua dans son dos.

-Holmes...

-Ne vous inquiétez pas, Watson. Cette fois c'est la bonne.

-La bonne ? Vous voulez dire...

-Vous pourrez parler à Mary, le coupa le détective.

-Mary ? Mais...

-Je sais que c'est votre but. Je vous connais assez bien, mon ami, le coupa une nouvelle fois Holmes.

-Comment pouvez-vous...

-Je ne m'en offusque pas, vous savez.

-Vous en offusquer ! s'exclama Watson. Ce serait le comble !

Il voulut s'approcher de lui, mais le détective s'écarta comme s'il voulait éviter son contact. Watson lui jeta un regard interrogateur et quelque peu blessé, auquel le détective répondit par un silencieux « faites-moi confiance ». Son ami hocha imperceptiblement la tête. Bien sûr qu'il lui ferait confiance. Comme toujours.

À cet instant, une autre porte s'ouvrit, laissant le passage à un homme de taille moyenne vêtu avec recherche. Son visage était plutôt agréable à regarder, et ses yeux avaient sans nul doute fait chavirer le cœur de plus d'une.

-Monsieur Holmes ? Docteur Watson ? Demanda le nouveau venu. Bienvenu. Vous pardonnerez l'excentricité de ces lieux, mais vous comprendrez aussi que l'invention que vous allez voir doit être confiné au plus grand secret. Je suis le docteur Wells. Suivez-moi. Ne craignez rien. Vous n'êtes pas venus jusqu'ici pour renoncer si près du but !

Les deux compères suivirent Wells en bas d'un petit escalier, dans une cave haute de plafond, où leurs pas résonnaient longtemps avant de mourir.

Au milieu se trouvait une table.

Sur cette table, posé sur une boite de taille respectable, un phonographe.

-Avant de commencer, déclara Wells, conscient que ses paroles, avec l'écho, acquéraient un air de gravité solennel, je me dois de vous poser la question. Êtes-vous certain de ce que vous désirez ? Beaucoup crient à tors et à travers qu'ils veulent communiquer avec les morts. Mais êtes-vous prêt à accepter que c'est possible ? Êtes-vous prêt à croire et à comprendre ce que vous allez entendre ce soir ? Vous pouvez encore faire demi-tour. Cette nuit changera votre perception de la réalité toute entière. Si vous restez, il vous faut accepter définitivement l'idée que vous allez peut-être réellement communiquer avec les morts.

Holmes lança un regard en coin à son ami.

-Nous sommes prêts, déclara Watson en tâtant le revolver à travers le tissu de sa poche, juste au cas-où.

L'homme hocha la tête et abaissa le levier du phonographe.

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