4 - Devalières

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Le Lieutenant Thiers avait une sainte horreur des levés aux aurores,malgré cinq années passées sous les drapeaux. Il resta de précieuses minutes couché, bien après l'appel de la trompette matinale. Aussi il n'osa pas se rendre au mess et préféra se présenter tout de suite au capitaine Devalières.

En lieu et place de l'intempérant qu'il s'attendait à trouver, Thiers découvrit un officier robuste au regard fatigué mais à l'esprit clair. Après les formules de présentations officielles et quelques banalités courtoises, Rudolphe lui signifia son ordre de mission. Devalières, avachi derrière son bureau, l'écoutait avec une attention toute relative.

«Croyez-moi, Lieutenant, je ne remets pas en question le bien fondé de votre venue. Le Deuxième Bureau a raison de s'intéresser à nos « difficultés ».Cependant je doute que l'État-major prenne la mesure exacte de la menace. Je suppose que mes hommes vous ont donné un bref aperçu de la situation et que, tout comme le lieutenant Sérusy, vous ne croirez rien de cette histoire avant d'affronter vous-même la réalité. Toutefois il est hors de question qu'un seul de mes hommes sorte à nouveau de ce retranchement. Lieutenant, je suis conscient que vous nous prenez, mes hommes et moi, pour des aliénés. Je ne puis vous en tenir rigueur. Par contre, si vous vous mettez bille entête de nous obliger à sortir du Barray, vous irez rejoindre Sérusy en cellule.

— Mon Capitaine, laissez-moi à mon tour vous révéler les renseignements en ma possession. D'ici quelques jours toutes nos forces dans la région feront route vers l'Alsace. Les chars de votre batterie participeront à cette offensive. Sous votre commandement ou celui d'un autre officier, peu importe. Je suis ici avant tout pour servir la République et vous assister dans votre seul objectif : offrir l'ultime victoire à la France.

— Des mots, toujours des mots. On croirait entendre le Tigre devant la Chambre.

— Mes ordres sont clairs, mon Capitaine !

— Et moi je vous dis que personne ici ne vous aidera à sortir nos blindés et nos survivants hors du fort. Mes effectifs ont été massacrés en quelques jours. Si vous avez à l'esprit de me démettre, vous ne trouverez pas un seul homme pour vous épauler.

— Dans ce cas j'appellerai les hommes du 161ème. Et le vaguemestre de la Cour Martiale.

— Avant de vouloir me fusiller, Lieutenant, allez donc jeter un œil par vous-même au-delà de l'enceinte.

— Voici ce que je vous propose, Devalières : vous libérez sur le champ le lieutenant Sérusy. Ensuite vous autorisez mon escorte à emprunter un véhicule ; l'automitrailleuse garée dans la cour fera parfaitement l'affaire. Si je débusque votre fameux « monstre » et que je parviens à l'observer, je vous promets de rendre un rapport objectif et honnête.

— Vous voulez mon AM-White pour terrasser le Crache-Haine ?

— Pardon? Le Crache... ?

— Le Crache-Haine. Mes hommes l'ont baptisé ainsi. Vous comprendrez bien assez tôt pourquoi.

— Je me fiche de vos fantaisies surnaturelles. Acceptez-vous mes conditions ?

— Je devrais vous mette aux arrêts sur l'instant. Par sens moral. Pour vous protéger de votre propre ineptie.

— Assez joué, Devalières ! Jusqu'à preuve du contraire, vous êtes un mutin. Coopérez, et si j'estime que vos dires sont fondées, le Deuxième Bureau se montrera clément.

— Votre clémence ne nous sauvera pas.

— L'État-major saura planifier une réponse adéquate pour sortir vos hommes et vos véhicules de ce trou.

— Puisque vous le dites... »

Rudolphe attendit que Devalières distribue ses ordres avant de le planter dans son bureau décrépi. Sérusy et les deux hommes du 161ème le rejoignirent dans la cour. Il s'assura que les biffins étaient capables de conduire l'automitrailleuse et il la fit armer.

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